Le cerveau des animaux.
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/04/2012
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Et un jour, les scientifiques découvriront que le cerveau n'est pas le centre unique de décision. Mais, là, il leur faudra encore faire des milliers d'expériences, là où les Peuples Premiers le savent par observation, humilité et amour.
Les abeilles aussi savent manipuler des concepts
Publié le 24/04/2012 à 18:55
Des chercheurs français viennent de démontrer que ces insectes
étaient capables de jongler avec des idées abstraites pour trouver de
quoi se nourrir.
Une abeille entraînée à trouver un distributeur d'eau sucrée en fonction des notions "au-dessus de, en dessous de" et "différence" (image initialement verticale). © A. Avarguès-Weber / CRCA
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Manipuler des concepts n'est pas le propre de l'homme, ni de quelques rares primates ! Les travaux de l'équipe de Martin Giurfa, du Centre de recherches sur la cognition animale à l'université Toulouse III-Paul-Sabatier (CNRS), viennent de le démontrer. Les abeilles, pour qui ce chercheur se passionne depuis longtemps, sont capables d'en faire autant. Elles saisissent des idées abstraites comme "différent", "égal", " au-dessus de" ou "à côté de" et sont en mesure d'utiliser ces données pour établir une stratégie gagnante afin de débusquer de la nourriture.
Pour en arriver à cette conclusion, les scientifiques ont entraîné des abeilles à entrer dans une enceinte dans laquelle ils avaient installé un distributeur d'amère quinine entre deux images différentes, positionnées côte à côte, et un distributeur de solution sucrée entre deux autres figures différentes, installées l'une sous l'autre. Selon leurs travaux, publiés dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), après une trentaine d'essais, les insectes se sont dirigés droit vers les images placées l'une sous l'autre près desquelles était délivré l'appétissant breuvage. Qu'importe si les images avaient été changées, leur position l'une par rapport à l'autre leur suffisait à se faire une idée. En revanche, lorsque les chercheurs ont placé deux images identiques l'une au-dessous de l'autre, les abeilles ont semblé désappointées, preuve qu'elles ne s'étaient pas contentées d'utiliser le concept "l'une au-dessous de l'autre" pour se repérer. Elles avaient aussi enregistré que les deux figures devaient être "différentes" et non "égales" !
Un tout petit cerveau...
"Nous savions déjà que ces petits insectes étaient capables d'apprentissage et de mémorisation pour des choses très simples, du type "telle couleur = sucre" ou "telle odeur = sucre", mais là, il s'agit de règles générales abstraites qui s'appliquent même à des objets que les abeilles ne connaissent pas", souligne le professeur Martin Giurfa, enthousiaste. "Le plus fascinant, c'est qu'elles puissent non seulement utiliser un concept, mais aussi en combiner deux pour prendre leur décision." Ces conclusions étonnantes remettent en cause plusieurs théories. D'une part, les scientifiques pensaient jusqu'ici que seuls des cerveaux de taille importante avec un cortex bien développé, comme ceux des mammifères, pouvaient permettre l'élaboration d'un savoir conceptuel. Or le cerveau des abeilles est plutôt du genre "miniature". "Celui-ci mesure à peine un millimètre cube", précise le chercheur. D'autre part, on associait systématiquement manipulation de concept et langage. Or, jusqu'à preuve du contraire, les abeilles ne parlent pas...
Forte de ces résultats, l'équipe du Centre de recherches sur la cognition animale de Toulouse espère maintenant pouvoir identifier les réseaux de neurones responsables de l'apprentissage de tels concepts. "Même si nous ne sommes pas certains d'y parvenir, cela semble chose possible sur un cerveau d'abeille qui compte approximativement 950 000 neurones, en tout cas plus que sur un encéphale humain à 100 milliards de neurones", explique Martin Giurfa. Les chercheurs travaillent donc actuellement à des outils d'imagerie permettant d'étudier, au neurone près, ce qui se passe dans la tête de ces abeilles savantes...
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