Le courage d'abandonner

Le bonheur 1

 

Bien sûr que cette phrase me parle, bien sûr qu'elle résonne et me stimule...Mais j'y ai longuement pensé la nuit dernière et il y a quelques nuances à apporter...

Quand j'ai commencé la compétition de vélo, je passais les lignes d'arrivée une fois que le podium était démonté et que tout le monde était rentré....Il m'a fallu trois ans pour gagner ma première course.

Quand je suis arrivé pour la première fois à Chamonix, je n'avais escaladé que des falaises de cinquante mètres de haut en Bretagne...Et l'été de mes 17 ans, j'étais au sommet du Mont-Blanc et les années suivantes, j'ai sorti quelques belles et longues voies dans les Aiguilles de Chamonix. 

J'ai commencé à écrire l'été de mes 16 ans et j'ai été édité la première fois l'année de mes 42 ans....

Je n'aime pas l'idée de l'abandon.

Et j'ai pourtant abandonné ma classe et mon métier.

Je fais une différence entre l'expression : "ne jamais abandonner" et l'expression "ne jamais s'abandonner"...

Et la différence est de taille. 

Je peux m'engager fortement, avec conviction et énergie dans un "défi" qui me "grandira" mais certains défis peuvent aussi se révéler redoutablement destructeurs, sans en avoir l'air.

Je lis souvent sur les forums enseignants des collègues dire à ceux et celles qui n'en peuvent plus : "Courage!!"

Personnellement, je trouve cela contradictoire et passablement destructeur en fait car cela signifie que la personne doit s'efforcer de tenir, c'est son job, c'est comme ça....

Le courage, à mes yeux, consiste bien davantage à ne pas s'abandonner et par conséquent à abandonner ce qui va à l'encontre de soi.  C'est un courage d'opposition et non de participation ou de prolongation. 

Toute la problèmatique tient dans le regard que l'on se porte au regard de cet "abandon". Pourquoi est-il culpabilisant ? Pourquoi est-il si douloureux ? Plusieurs forces opposées sont en jeu. Une force sociale, principalement culpabilisante et une force existentielle mais qui bien souvent n'a pas été développée. Nous sommes biens plus éduqués à la soumission passive parce qu'elle entretient ce fameux lien social qu'à la rébellion lorsque les forces en présence viennent s'opposer à nos convictions.

 

Il m'est arrivé en montagne de faire demi-tour lorsque je me sentais trop en danger. L'idée du sommet et du bonheur du défi accompli passait au second plan. Une certaine "intuition" qui se faisait entendre... 

C'est elle que je veux écouter, c'est elle que je veux laisser s'étendre, qu'elle soit "le juge de paix" des conflits. 

Le courage d'abandonner et d'en accepter les conséquences n'est pas de tout repos.

J'ai dû rencontrer 18 personnes depuis ma rupture avec l'Education Nationale. Qu'on ne vienne pas me dire qu'il s'agit d'une voie de facilité.....Et ça n'est pas fini...L'analyse de soi est constante pour pouvoir exprimer au mieux ce qui nourrit cette rupture. Et l'impact sur la vie sociale est réel. 

Dès lors qu'on ne participe plus à un mouvement social, on devient "associal". 

Pour ma part, au lycée, on m'appelait déjà "Maverick", c'est le nom donné aux veaux qui quittent le troupeau dès qu'ils sont sevrés et qui choisissent de vivre en solitaire....

 

 

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