Le survivalisme selon "Legendat"

J'ai peut-être déjà posté cet article mais tant pis. C'est le meilleur travail que je connaisse dans le domaine.

Tout y est. Et il est important, je pense, de faire sortir ce mode de vie de la sphère complotiste et déglinguée, telle que les medias veulent la présenter.

Il est temps également de comprendre que si les gouvernements font la chasse aux survivalistes, c'est avant tout parce qu'il s'agit d'une mouvance dans laquelle la décroissance occupe une place prépondérante.

Et la décroissance, les gouvernements ne veulent surtout pas en entendre parler. 

Le survivalisme en France : la réponse à une société en perte de valeurs

 

Publié par  | Publié le 19/04/2017 | Mis à jour le 10/12/2019 |  | 50  |     

Le survivalisme en France : la réponse à une société en perte de valeurs

Sommaire de l'article [Afficher]

Le survivalisme et la préparation survivaliste sont de plus en plus au cœur de l’actualité en France. Si beaucoup considèrent les survivalistes comme des originaux, ce mode de vie visant à être indépendant et autonome réunit de plus en plus d’adeptes en France et dans le monde.

Survie : Fait de survivre à un événement négatif, de continuer à vivre : Un malade en survie. Continuité de la vie dans un contexte dégradé.

Survivalisme : Mode de vie visant l’autonomie et la résilience dans le but d’éviter de subir des situations de survie.

01. Société moderne et survivalisme : le paradoxe de l’évolution

01.1 L’effet domino

Notre société moderne repose sur une longue chaîne d’interdépendances : chaque maillon de la structure socio-économique dépend d’un autre maillon pour fonctionner correctement. Industrie, transports, services publics, fret, entreprises privées, tous ces secteurs semblent distincts et pourtant l’un de ne saurait fonctionner sans les autres. Chacun, à un moment ou à un autre de sa vie, a fait l’expérience d’une perturbation de ce système en France : paralysies des transports, catastrophes naturelles ou industrielles, pénuries de pétrole, accidents nucléaires, effondrements économique, pannes de courant, grèves, conflits armés, émeutes, etc. Dans une société où chaque jour amène son lot de nouvelles menaces, les rangs des citoyens cherchant à se protéger se grossissent de jour en jour.

Les facteurs potentiels de dérèglement sont nombreux. Le dysfonctionnement isolé d’un organe est courant et communément considéré comme un incident tolérable (cf. cas AZF). Mais une défaillance simultanée et durable de plusieurs systèmes vitaux pourrait déclencher une réaction en chaîne capable de provoquer l’effondrement complet de notre société. Que ceux qui pensent que c’est impossible en France ouvrent leurs livres d’Histoire…

Certains balayent cette éventualité d’un revers de la main en s’appuyant sur la probabilité « statistiquement faible » d’un tel bouleversement. D’autres choisissent de la prendre en compte et créent leurs propres maillons pour minimiser leur dépendance au système. Ils limitent ainsi l’impact qu’aurait une rupture complète de la chaîne principale sur leurs vies.

La démarche survivaliste qui vise à maintenir une normalité relative le temps que les systèmes principaux soient rétablis pourrait, si elle se démocratisait en France, participer à la création d’une société plus réfléchie. Avec une population plus réactive et résiliente, la France serait capable de s’adapter aux contraintes exceptionnelles et de basculer sur un mode de fonctionnement alternatif entièrement opérationnel lorsque les circonstances l’exigent.

01.2 Le survivalisme a mauvaise presse en France

Apprendre à maintenir son habitation en bonne condition structurelle et sanitaire, stocker et produire de quoi s’hydrater, se nourrir et se chauffer, générer sa propre énergie pour s’éclairer, connaitre les gestes qui sauvent et être capable de se défendre lorsque c’est nécessaire semble tomber sous le sens. Et pourtant, la communauté survivaliste et la notion même de survivalisme ont mauvaise presse, en particulier en France où le sujet est souvent tourné en ridicule.

Qualité inhérente à l’espèce humaine, la capacité de survie est pourtant devenue une notion étrangère au citoyen moderne, au point de s’être transformée en une curiosité spectaculaire qu’on met en scène dans des téléréalités comme la célèbre « Man vs. Wild » où le sensationnel Bear Grylls, en caricature d’aventurier, grimpe aux arbres, se jette dans des rivières glacées, mange des plâtrées d’insectes et boit son urine.

L’audience est toute trouvée : la survie et la nature sont deux notions bien méconnues de l’homme 2.0 piégé dans sa jungle de béton. Les techniques de survie n’ont d’ailleurs jamais été adaptées à nos modes de vies urbains : la grande majorité des guides parus à ce jour se propose de nous apprendre à subsister dans la nature, ce qui est d’une pertinence relative quand on habite en ville. L’objet de la préparation survivaliste sera de vous donner les moyens de vous maintenir autant que possible dans votre logement urbain et donc ne pas avoir à appliquer leur contenu, ou du moins le plus tard possible.

Souvent abordé sous le prisme de la pathologie mentale et du sensationnalisme voyeuriste par les médias français, le terme survivalisme appelle irrémédiablement l’image d’un paranoïaque qui s’enferme dans son bunker avec armes et provisions pour échapper à la fin des temps.

survivalisme durant la guerre froide : illustration d'un bunker survivaliste de 1962

Brochure commerciale d’un promoteur de bunkers personnels, Etats-Unis, années 1960.

01.3 Qui sont les survivalistes ?

Cette vision réductrice de l’état d’esprit survivaliste occulte les raisons profondes de son apparition et de sa démocratisation, tout comme l’étendue des savoirs qu’il regroupe. Compétences techniques, organisation, cohésion, cultures, soins médicaux, maniement des armes, psychologie, chimie, mécanique, stratégie, tactique, la liste des qualités et connaissances des membres de la communauté survivaliste est longue. Et pour cause : l’accumulation de savoirs utiles est la meilleure façon de se préparer aux risques qu’impliquent les situations dégradées.

Il n’y a pas de doute, le survivalisme fascine. Critiqué pour sa logique perçue comme catastrophiste, ultra-individualiste et prédatoire, le mouvement survivaliste a pris ses racines aux États-Unis dans les années 1950, entre autres en réponse à la menace d’un conflit nucléaire avec l’URSS.

À la fin de la Guerre du Vietnam (1955-1975), des dizaines de milliers de soldats vétérans rentrent aux États-Unis. Ce retour marquera le début du survivalisme moderne : certains d’entre eux, marqués par l’expérience du combat et de la guerre, se retirent de la vie collective avec la société américaine qui traverse alors une révolution culturelle libertaire. Certains de ces soldats partent alors dans les régions isolées du centre des États-Unis pour s’y installer en quasi autarcie. Isolés du reste de la population américaine, ils vivent simplement tout en se préparant à l’éventualité d’une catastrophe ou d’une guerre sur le sol américain et posent les bases du survivalisme en mettant au point guides et techniques que nous connaissons aujourd’hui.

Devant la décadence d’une société qu’ils ne reconnaissent ni ne comprennent plus, ils se vouent à vivre en préservant et en étant prêts à défendre les valeurs authentiques de liberté, de propriété et de souveraineté sur leurs terres inspirées par leur foi et la constitution des États-Unis. Cette vie rudimentaire orientée sur des valeurs simples et axée sur la survie leur a valu le surnom de survivalistes.

Le survivalisme a évolué depuis la fin de la guerre froide et la multiplication des catastrophes industrielles et naturelles, des guerres, des attaques terroristes et des tensions socio-culturelles au cours des XX et XXIème siècles l’ont démocratisé sous les notions de prepping ou néo survivalisme, considérées comme des approches plus durables, plus collectives, plus sereines et plus politiquement correctes de la survie. Il n’en a néanmoins pas perdu de vue ses fondamentaux.

Survivre implique de continuer à vivre quand tout est réuni pour entraîner la déchéance, la mort, ou les deux. Les communautés humaines font face à ces risques depuis la nuit des temps, la notion de préparation préventive n’a donc rien de nouveau. Pendant longtemps la communauté survivaliste s’est principalement préparée à un effondrement soudain et brutal de la continuité civilisationnelle et sociale. Elle a petit à petit élargi le spectre des scénarios envisagés pour s’adapter aux enjeux et contraintes d’un monde moderne qui sombre lentement et donne d’une main pour reprendre de l’autre.

Ainsi, loin des clichés du reclus associable qui astique son arme toute la journée dans l’attente que l’humanité retourne à ses plus bas instincts, le survivaliste passe le plus clair de son temps à travailler (comme tout le monde) et à assimiler des connaissances pour accroître son autonomie : jardinage, couture, bricolage, premiers soins, la liste est longue.

Aujourd’hui en France, les survivalistes sont aussi nombreux qu’invisibles. Nous sommes vos voisins, vos amis, vos policiers, vos médecins ou vos garçons de café. Nous ne sommes ni des fous ni des dangers. Nous ne sommes pas un contre-pouvoir. Nous ne souhaitons pas la guerre ni la chute de l’État. Bien au contraire : nous construisons, dans le calme et dans la discrétion, la transmission de nos valeurs et les remparts de notre société au cas où elle viendrait à s’effondrer.

01.4 Se préparer à mieux vivre

De la panne d’essence au milieu de nulle part à la guerre civile en passant par la catastrophe naturelle, une foule d’événements extraordinaires plus ou moins déstabilisants et graves peuvent survenir. Le citoyen survivaliste ne se concentre d’ailleurs pas nécessairement sur les risques d’une catastrophe majeure. Savoir comment éviter et minimiser les problèmes et dangers de la vie quotidienne et comment réagir à des désastres aux conséquences temporaires est même sa préoccupation principale.

Si le survivalisme est souvent perçu comme un mode de vie réservé aux illuminés ou aux fous furieux, la réalité est bien différente. Au cours d’une vie, tout un tas de coups durs surviennent : perte d’emploi, problèmes de santé, perte d’un proches, catastrophe naturelle… dans les moments où l’argent vient à manquer ou quand plus rien ne semble avoir de sens, avoir un stock de denrées alimentaires et de l’argent de côté est un « luxe » qu’on apprécie.

Les scénarios plus graves sont bien sûr aussi un sujet de préoccupation pour le survivaliste, mais leur nature extrêmement imprévisible et destructrice les rend très complexe à anticiper. Une personne seule ou accompagnée de sa famille ne peut rien faire pour anticiper une catastrophe nucléaire ou une guerre, et à l’heure où les discours alarmistes se multiplient en France il est bon de garder les pieds sur terre. La préparation à l’imprévu ne doit pas se transformer en une peur irrationnelle du lendemain ni en angoisse de tous les instants.

Un certain nombre d’auteurs et de commerçants on fait de la peur un fonds de commerce très lucratif et distillent leur message angoissant par le biais de livres, de vidéos et de billets de blogs. Si injecter un peu de réalité dans l’esprit de son prochain n’est en soi pas une mauvaise chose, il faut savoir rester terre à terre.

On a plus de chance de se faire renverser en traversant la rue que d’être victime d’une attaque bactériologique,

il est plus probable de perdre son emploi que de voir son lieu de travail détruit par un bombardement,

le risque de perdre un proche de la maladie est plus élevé celui de le voir tomber lors d’une attaque terroriste,

il est plus vraisemblable de subir les conséquences d’une inondation que celles d’une guerre civile. etc…

Si cette dernière hypothèse apparaît souvent comme la moins probable, elle est néanmoins possible et nombreux sont les événements à nous l’avoir rappelé ces dernières années. Ce n’est pas un hasard si on entend de plus en plus parler de survie urbaine, de survivalisme et de résilience… Les divers sites de sécurité civile ont toujours préconisé de garder chez soi de quoi tenir au minimum 1 mois et le gouvernement allemand a récemment incité sa population à constituer des stocks de vivres et d’eau en cas d’attentat ou de catastrophe.

Si vous lisez ceci c’est que vous prenez conscience que le contexte général actuel et notre mode de vie moderne –la dépendance à tout- nous rendent vulnérable. Vous voulez vous donner les moyens de protéger votre famille du mieux que vous le pouvez en cas de situation de crise et c’est normal. Pour chacun et plus encore pour le survivaliste, l’idée de voir ses proches manquer, souffrir ou mourir est inacceptable. S’imaginer incapacité et ne plus pouvoir leur être utile ou les défendre l’est tout autant. On ne survit pas pour soi, on survit pour que les siens survivent. Et pour cela, il faut se préparer.

Quoi qu’il en soit, nul ne peut se préparer à toutes les éventualités ni vivre dans l’isolement total, quel que soit son niveau de préparation. Personne ne choisit la date ni les circonstances de sa mort et nous ne pouvons qu’essayer d’en retarder l’heure. Les éventualités de vivre un cataclysme majeur sont restreintes. Il est donc plus constructif et accessible de se concentrer sur des scénarios plus plausibles et de mettre en place des plans d’actions répondant à des troubles limités en gravité et en durée : le plan d’évacuation et le sac d’évacuation d’urgence, qui peut s’avérer utile en cas de travaux dans l’appartement comme en cas de guerre civile, en est un bon exemple.

01.5 Ville et campagne, deux environnements pour une même dépendance

Le milieu urbain évoque communément une forte densité de population et le nombre élevé de logements et services qui lui sont dédiés : barres d’immeubles, parkings, usines, bureaux, hôtels de police, casernes de pompiers, ateliers, hôpitaux, crèches, commerces, écoles, etc.  A l’école, on nous apprend très tôt à différencier la ville et la campagne, comme si ces deux univers se côtoyaient sans  se rencontrer. La réalité est bien différente et dès lors qu’il s’agit d’être confronté à une situation de crise, les enjeux des habitants de grandes villes de France comme Paris, Lyon ou Marseille ne sont pas très éloignés de ceux de communes bien plus modestes.

On peut alors élargir les critères de la vie en milieu urbain à toute personne qui vit dans un logement qui donne sur une route fréquentée ou qui en est proche, qui a une proximité directe de voisinage (maisons proches ou mitoyennes, vie en appartement dans un immeuble), qui est dépendante des réseaux publics pour l’eau, le gaz et l’électricité et des commerces pour s’alimenter.

On s’aperçoit ainsi que la plus grande part de la population française est confrontée à des problématiques de résilience et de survie urbaine. La densité de population et la proximité des bâtiments sont les facteurs les plus inquiétants à considérer dans le cadre d‘un effondrement de la normalité dans une ville. La haute concentration d’individus dans un secteur aux ressources limitées ou épuisées ne peut rien amener de bon et le survivalisme urbain fait de plus en plus d’adeptes. Il est extrêmement difficile de se figurer la barbarie des comportements induits par le manque. On a beau se l’imaginer, on ne connait pas le manque d’hygiène total, ni la soif, ni la faim, la vraie, celle qui rend fou au point de piller ou de tuer son voisin pour se nourrir.

01.6 Le siège de Sarajevo : une population forcée au survivalisme urbain

Les survivants des guerres de Yougoslavie et en particulier ceux du siège de Sarajevo (Bosnie) auraient beaucoup à dire sur le sujet. Pris au piège par le siège le plus long et le plus meurtrier de l’histoire de la guerre moderne (5 avril 1992 – 29 février 1996, près de 11500 morts), la population a vécu en vase clos pendant 4 ans. A la merci du manque de tout, pris pour cibles par les snipers et les bombardements incessants de l’artillerie serbe, les assiégés ont vu tomber près de 500 000 obus sur leur ville. Entre pertes humaines dramatiques et ravages matériels, le cauchemar fut total. Ce qui est particulièrement marquant avec ce siège et ce qui en fait un cas d’école, c’est la situation de Sarajevo avant que la situation ne bascule. Avant la guerre, cette capitale dynamique de 500 000 âmes connaissait une forte période de croissance et de développement et était un modèle de mixité ethnique et religieuse.

Les habitants vivaient en paix et jouissaient de l’animation de la cité qui proposait douceur de vie et services modernes : hôpitaux, cinémas, restaurants, etc. Entouré de ce confort et de ces signes tangibles de civilisation, la population n’a pas voulu croire à la guerre qui frayait son chemin jusqu’à elle. Ces gens vivaient dans un pays civilisé où ils étaient égaux. Nationalités, religions et origines ethniques différentes se mélangeaient pour créer une nation vantée comme forte et prospère, égalitaire, fraternelle… du moins jusqu’à ce que l’équilibre des forces change et qu’il en soit décidé autrement. Et lorsque les obus ont commencé à pleuvoir autour de la ville, il était trop tard. Incrédules, les Sarajéviens ont imaginé que leur gouvernement allait faire quelque chose, que l’aide internationale allait solutionner le conflit et que la situation allait revenir à la normale rapidement. Mais rien ne s’est produit. Et personne n’était préparé à vivre l’un des épisodes les plus tragiques de l’histoire européenne du XXe siècle.

01.7 L’expérience est un peigne pour les chauves

La morale est que nos sociétés structurées nous offrent une facilité d’accès à du matériel utile et un confort de vie dont il ne faut pas se priver tant qu’il nous est donné d’en profiter. Plus le niveau de civilisation est élevé, plus la chute est rude. Survivalisme rime nécessairement avec anticipation. Nul ne sait de quoi demain est fait et la satisfaction des besoins médicaux doit être une priorité, en particulier en France où leur accès est aisé et bien remboursé. Ce n’est pas une fois privé d’accès aux soins qu’il faut se dire qu’on aurait dû faire soigner cette mauvaise dent, cette douleur à l’abdomen ou se faire prescrire des lunettes à notre vue…

En dépit de ce confort, nombreux sont ceux qui fantasment un effondrement socio-économique en France qui les placerait en position dominante ou leur donnerait un rôle, une mission claire qu’ils comprennent et approuvent. Ceux-là sont les victimes inconscientes d’une société d’hyper-croissance et d’uniformisation de masse qui les empêche de trouver leur place : personne ne veut être un mauvais investissement. Personne ne veut être pris pour moins que ce qu’il ne vaut. Personne ne veut être la preuve que la vie ne vaut finalement vraiment rien. Alors tout le monde avance dans les pas de celui qui le précède. L’individualisme est total et rend la dépendance collective et massive, le naufrage est universel.

La consommation n’est pas un mode de vie ni une fin en soi et nos générations en prennent conscience dans la frustration et la douleur, ce qui n’est pas sans engendrer une certaine forme de violence.

02. Un regard survivaliste sur les restes du monde

Au-delà de l’accumulation de connaissances et de matériel, le survivalisme s’appuie sur la compréhension du monde qui l’entoure. Ceux d’entre vous qui ont lu 1984 de George Orwell se souviennent certainement de ce slogan: « LA GUERRE, C’EST LA PAIX. LA LIBERTE, C’EST L’ESCLAVAGE. L’IGNORANCE, C’EST LA FORCE.»

Ce slogan du régime politique fictif (ANGSOC) de 1984 de George Orwell illustre parfaitement la stratégie de contrôle mise en place par nos gouvernements et la contradiction permanente dans laquelle nous vivons. La double pensée orwellienne qui consiste en l’acceptation simultanée de deux concepts contradictoires  se retrouve par exemple dans le concept de guerre « préventive » moderne (Irak, Afghanistan, Lybie, Syrie, etc.) utilisé par les États-Unis et l’OTAN.

02.1 « La guerre, c’est la paix »

Éliminer un adversaire potentiel avant qu’il n’ait une chance de pouvoir se défendre honorablement dans le cadre d’un éventuel conflit est interdit par le droit international, mais le concept de guerre préventive existe pour contourner cette interdiction : appuyés par le flot continu d’informations orientées des médias, les gouvernements nous emmènent faire la guerre pour ne pas faire la guerre.

Ce système de pensée se retrouve aussi dans les discours politiques : le meilleur exemple récent en est l’élocution du Président de la République Française qui au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 annonçait gravement « la France est en guerre » devant le Parlement et la France entière et déclenchait l’état d’urgence… sans qu’aucune mesure cohérente ne soit mise en place par la suite : du jamais vu au pays de la pensée cartésienne.

La population française, à qui on a annoncé la guerre suite à des attaques d’une barbarie extrême qui ont fait 130 morts, plus de 400 blessés et détruit des milliers de vies, a donc continué à vivre comme en temps de paix. Si certains analystes politiques voient dans cette déclaration présidentielle une énième maladresse de communication, on peut en faire une lecture différente. La répétition de cette déclaration et les invitations lâches du Premier ministre à « s’habituer à vivre avec le terrorisme » pourraient laisser penser qu’on cherche à nous habituer à vivre en paix dans un état de guerre permanent. Aveu d’impuissance ou manipulation ?

Le résultat est le même pour le citoyen. De tous  temps, la propagande mensongère a été la composante majeure des systèmes politiques sans principes. Tous les systèmes tentent de convaincre leurs électeurs que le système est bon, juste et noble, digne d’être défendu et perpétué… Mais en France, y croit-on encore ?

02.2 « Et je soufflerai sur ta maison… »

L’objectif des terroristes est de perturber notre mode de vie et de nous faire vivre dans la peur constante d’une attaque. Les réponses hasardeuses apportées par les politiciens, loin de créer de la réassurance, appuient malgré eux cet agenda : déploiement inutile de militaires et de policiers patrouillant en tenue de combat dans les rues, propositions de lois visant à restreindre l’accès aux armes à feu à la population, édition de consignes à respecter en cas d’attaque… l’intégration de l’islam en France (comme ailleurs) est un échec et la guerre se mène désormais à la fois contre un ennemi intérieur et extérieur.

Toutes ces mesures soulignent la soumission et l’impuissance de notre nation devant l’ennemi et influent négativement sur le quotidien du citoyen sans le protéger pour autant. Et rares sont ceux à opposer le bon sens à ces dispositions. Les militaires sont formés à la guerre conventionnelle et ne sont ni organisés ni équipés pour s’engager rapidement et efficacement dans des situations où civils et terroristes sont mélangés.

Nos policiers, qui sont d’ailleurs souvent adeptes du survivalisme, souffrent d’un manque de personnel, de formation et d’un équipement désuet dont le remplacement est sans cesse repoussé par manque de budget… En dépit des millions dépensés par le gouvernement dans des projets inutiles ou moins urgents. On l’a bien vu lors des attaques du 13 novembre 2015, les terroristes ont pris leur temps avec leurs victimes, en particulier au Bataclan.

02.3 Le jeu de quilles de l’ennemi : strike sur un peuple français désarmé

Tels des renards dans un poulailler, ils ont joué avec nos frères, nos femmes, nos adolescents avant de les mettre à mort. Ils ont pris leur temps car ils savaient qu’il n’y avait aucune chance qu’ils rencontrent la moindre résistance armée de la part de leurs otages. Et devant la volonté des citoyens de s’armer pour se protéger, la leçon que tirent les politiciens est : il faut interdire les armes à feu à la population. A ce titre, le cercle des tireurs sportif et le mouvement survivaliste sont surveillés de près.

L’explosion du survivalisme en France est directement liée à la montée de l’insécurité et à la fréquence de plus en plus élevée des attaques terroristes. Les bombes ont été délaissées pour des attaques barbares à l’arme automatique, à la machette, à la hache, au couteau ou au camion-bélier… La capitale n’est plus la cible unique et chacun se sait désormais la victime potentielle d’un « déséquilibré« . Survivalisme et défense sont directement lié et sous l’impulsion de l’Union Européenne, les lois sur le contrôle des armes légales se durcissent. L’interdiction pure et simple de détenir une arme finira par tomber, ce n’est plus qu’une question de temps. Il ne faudrait pas que le peuple Français aie l’idée de se défendre… la puissance de l’État ne doit pas être remise en cause (on ne peut mettre fin à la tyrannie sans recours à la force…) et le spectre de la guerre civile ne doit pas être agité.

Pourtant, l’ensemble des tueries de masse procède du même mode opératoire bien connu : un ou plusieurs assaillants lourdement armés pénètrent dans une enceinte abritant des civils désarmés et les massacrent. Le concept de gun-free zones inventé par les américains pour créer des zones de sûreté est en réalité le meilleur moyen de créer des pièges mortels pour les civils.

Il en va de même à l’échelle d’un pays. Incriminer préventivement les citoyens et chercher à les priver de leur doit à posséder légalement les armes à feu qui leur permettraient de se défendre est une hérésie sans nom. Désarmer un peuple revient à nier son droit à l’autodétermination et à l’offrir en sacrifice au premier assaillant venu. Le survivaliste et le tireur sportif, qui souvent sont une seule et même personne, ne savent cela que trop bien.

La seule réponse apportée par la population aux massacres du 13 novembre aura été le dépôt de bougies, de fleurs et de peluches devant les lieux où ils furent commis, symptôme d’une population infantilisée qui ne juge et ressent les événements que par le prisme façonné par les médias et les discours du pouvoir en place, qui la dispensent d’exercer son jugement et de prendre en main son destin. La guerre de la désinformation fait rage, les mêmes images et les mêmes discours tournent en boucle sur les chaines télévisées et l’effet de sidération fait son œuvre. « Vous n’aurez pas ma haine ».

Dépendant et désarmé, le citoyen devient un sujet à la merci des décisions de la classe politique qui règne en maitre. La guerre est là, invisible mais prête à s’abattre et à déchaîner toute sa barbarie dans le monde fleuri et vulnérable des gentils, peuplé de peluches, de dessins d’enfants et de bougies ; la violence en suspens a alors un effet de pétrification sur le peuple impuissant et l’enferme dans la psychose. Ceux qui contrôlent les médias, et donc les esprits des citoyens, ont un pouvoir dont n’auraient pas osé rêver les rois et les dictateurs. La population, couche par couche, perd progressivement toute capacité de discernement. Or le discernement est la capacité à reconnaître la différence entre croyance et réalité démontrable. Aujourd’hui, tout n’est plus que croyances martelées… Le survivalisme et sa philosophie visent à contrecarrer cela.

02.4 « La liberté, c’est l’esclavage »

Ce slogan pourrait malheureusement être gravé sur les devantures de la plupart des entreprises. Aussi paradoxale que cette affirmation puisse paraitre, elle est à la base de la structuration de notre société moderne. De l’ouvrier au ministre, tous les êtres humains sont esclaves de l’argent et du profit : ils doivent travailler pour vivre et s’acquitter de taxes et d’impôts souvent abusifs pour faire partie de la société, certains plus que d’autres, certains profitant des autres. Néanmoins, beaucoup s’imaginent être libres.

Si vous avez un doute, cessez de payer lesdits impôts et vous comprendrez rapidement que la liberté s’achète. Le système financier nous oblige à pointer chaque jour de 9h à 18h et peu nombreux sont ceux qui peuvent se targuer de faire un travail à la fois bien payé, créatif, stimulant et utile à la société. Bien souvent, la seule motivation pour aller travailler est la paye à la fin du mois, qui bien sûr ne suffit pas à combler les besoins et ce n’est pas un hasard. D’un côté, le smicard vit un survivalisme économique forcené : vivre avec rien ou presque est un vrai combat quotidien, personne ne peut le nier.

Travailler plus pour gagner plus… pour payer toujours plus

Le schéma est le même dans toutes les entreprises : les équipes dirigeantes sont payées 5 à 10 fois plus que les petites mains (ouvriers, agents de maitrise, cadres) car en maintenant la plus grande part de la population dans la précarité on l’enferme dans sa condition et on la fait se concentrer sur ses problèmes matériels : comment payer les impôts, économiser pour changer de voiture, mettre de côté pour les vacances des enfants ou pour la retraite, s’offrir tel bien ou tel service… d’ailleurs nombreux sont ceux qui s’intéressent d’abord au survivalisme par nécessité matérielle.

Avec de telles préoccupations, l’envie d’envoyer paître son patron ou de prendre du temps pour se lancer en politique disparait aussi vite qu’un SMIC en période de Noël. La pauvreté, la maladie et la guerre sont profitables mais rien n’arrive à la cheville de l’esclavage salarié quand il s’agit de contrôler la population tout en la mettant au service du capital.

L’argent est devenu la religion planétaire, partout dans le monde on trouve ses fidèles. Des êtres qui vivent une vie d’esclave, piégés dans des cages de verre et de béton le jour, hypnotisés devant des écrans la nuit. Dépendants de tout, ils assemblent leurs chaînes minutieusement dans des jobs qui ne sont d’aucune utilité à leur prochain. Obéissants et soumis à l’autorité ils sont les suppôts d’un mal exponentiel et les plus dociles d’entre eux sont glorifiés par la société comme ambitieux. De bons soldats bien sous tous rapports, prêts à piller, trahir et tuer avec la bénédiction de la Machine qui joue de leurs frustrations. Se soumettre au système est leur victoire la plus étincelante ; en être exclu est leur pire cauchemar.

02.5 « L’ignorance, c’est la force »

Ces quelques mots reflètent bien l’absence d’écoute et de partage du savoir entre les élites auto-proclamées et le simple citoyen, le manque de transparence et l’immobilisme des gouvernements ainsi que la confiscation du pouvoir au peuple en dépit des discours, des postures et du cirque démocratique. On le sait et on le constate chaque jour dans le monde entier, un système politique fera n’importe quoi pour préserver son pouvoir, y compris envoyer sa nation à la casse. En Chine, on dit qu’un sot juge les gens sur leurs paroles, et qu’un homme sage les juge sur leurs actes et leur accomplissement… Avec une classe politique qui n’accomplit rien, nous en somme réduits à choisir nos présidents en fonction de leur degré de corruption. Et tout cela semble banal en France, berceau de la démocratie…

Nos jeunes sont désormais programmés dès le plus jeune âge pour exécuter des tâches binaires, leur raison d’être est de générer plus de zéros sur un serveur bancaire car leur survie en dépend : personne ne leur a appris l’indépendance ni montré qu’une autre voie est possible. La liberté  passe aujourd’hui au travers d’une vie professionnelle dévorante et d’un casque de réalité virtuelle ; l’expérience n’est plus acquise mais simulée et personne ne questionne les programmeurs. C’est une véritable guerre de destruction intellectuelle qui est menée et la conquête se fait par la saturation des esprits.

survivaliste préparation guerre virtuelle

Déconnexion totale de la réalité pour un abrutissement maximal

Le constat est clair : nos vies s’articulent autour de centres d’intérêt, d’actions et de matériels qui s’éloignent et nous éloignent chaque jour un peu plus de nos besoins réels. Les séries nous abreuvent d’histoires extraordinaires abordant d’ailleurs souvent la question du survivalisme (The Walking Dead, Jericho, The leftovers, The 100, etc.) pendant que nous sommes vautrés dans nos canapés. Il suffit d’allumer sa télévision ou de s’attarder sur les publicités placardées dans les couloirs du métro parisien pour prendre conscience que la priorité de l’humanité est devenue de s’échapper du réel. Qu’il s’agisse de consoles de jeux, de chaînes câblées proposant des milliers d’heures de séries à visionner ou de casques de réalité virtuelle invitant à l’évasion numérique, la tendance générale s’inscrit dans la fuite de la réalité. Nous sommes entrés dans l’ère du divertissement.

Diversion : Manœuvre ou procédé visant à attirer l’adversaire vers une zone ou un point différent de celui sur lequel on compte attaquer : opérer une diversion. Événement, action qui amène quelqu’un à détourner son attention d’une tâche, d’un souci : Une agréable diversion à son ennui.

Cet éloignement de la vie et l’ultra dépendance au système qui en découle résultent d’une certaine atteinte de la civilisation telle qu’elle nous est présentée par la société de consommation. Ce que nous appelons survivalisme était tout simplement la vie pour les générations qui nous ont précédées. Le survivalisme d’aujourd’hui ferait sans doute sourire nos ancêtres. Dans notre monde moderne, un être civilisé est un être qui ne se soucie pas de pouvoir satisfaire lui-même ses besoins physiologiques, il se consacre au travail et au divertissement. Chacun de ses actes génère des profits pour la Machine et c’est la Machine qui pourvoit à ses besoins vitaux.

02.6 L’esclavage moderne

Chacun doit pouvoir se dédier entièrement à travailler, à consommer et à se divertir pour combler les temps morts entre ces deux activités. Ces derniers se font d’ailleurs de plus en plus rares : le divertissement devient lui-même une source inépuisable de consommation : télévision à la demande (payante bien sûr), électroménager connecté avec fonction de commande automatique, jeux avec achats intégrés, etc. La consommation s’insinue partout et tout le temps, omnipotente, omnisciente, vorace.

Telle l’oie que l’on gave, l’humain devient une machine à consommation perpétuelle. Une personne qui se soucie de sa capacité à vivre sans l’appui des miracles et du harcèlement constant de la société de consommation  (c’est-à-dire, qui met en doute sa pertinence, ses intentions, ses valeurs et sa pérennité, un survivaliste par exemple) est considérée comme réactionnaire -voire dangereuse-, mise au ban par les gens « normaux » et lapidée par les médias.

Mais quelle est donc cette norme à laquelle on veut nous faire adhérer à tout prix ? Accepter la cheptelisation de l’humanité, la privatisation des gains et la socialisation des pertes, la décadence de la société et la destruction des valeurs, la négation du bon sens et de l’équilibre naturel et l’usure de l’humain jusqu’à la corde, voilà ce qu’est devenue la normalité (lire accès à la consommation, progrès et cohésion sociale). Le survivalisme, au-delà des considérations de sécurité physique et matérielle, vise aussi à préserver l’esprit. Et plus le temps passe, plus il devient urgent de se prémunir contre les déviances que provoque la société « moderne ».

02.7 Le survivalisme pour reprendre le contrôle

Devenir survivaliste et résilient, c’est travailler sur soi pour y échapper et créer sa propre réalité pour vivre en accord avec ses valeurs. Gagner son autonomie, c’est se donner les moyens d’être plus confiant en l’avenir et s’offrir une paix de l’esprit pour avancer le plus sereinement possible dans un monde instable et incertain. Un pied dedans, un pied dehors : il faut profiter de la croisière mais être prêt à sauter dans un canot de sauvetage si le navire sombre. Et comme à bord du Titanic, il n’y en a pas assez pour tous les passagers.

Le constat est terrible : on ne peut pas changer le monde. Mais on peut changer son monde. Prendre le contrôle de sa vie et de son environnement pour le simplifier et le sécuriser est à la portée de chacun et pour cela il suffit d’ouvrir les yeux. La résilience c’est aussi, en partie, sortir de l’enfance. L’homme est une créature d’habitudes en quête constante de réassurance ; le réflexe enfantin de se cacher dans les jambes de ses parents se transpose à l’âge adulte par le réflexe de faire appel à la protection de la société, même si elle en est incapable. Le survivaliste apprend à rejeter ce réflexe et à ne s’appuyer que sur lui-même.

La vulnérabilité entraine la peur et pour beaucoup la peur appelle le déni. Peut-être avez-vous déjà fait part de votre préoccupation à des collègues ou à des proches et essuyé des regards fuyants ? C’est frustrant mais tout à fait normal. Le commun des mortels fait tout pour oublier qu’il l’est ; ne vous avisez surtout pas de lui rappeler. La vie s’en chargera.

Si vous lisez cet article c’est que vous savez que quelque chose ne tourne pas rond et que vous voulez agir. Votre instinct de conservation s’est réveillé car vous sentez que le système se trouve déjà dans une situation critique et qu’il pourrait brutalement tout entrainer dans sa chute. Vous l’avez écouté et c’est très bien, soyez-en fier. Le mouvement survivaliste s’appuie sur l’espoir et le courage, signe le désir de renouer avec la vie et le refus de se soumettre un esclavagisme pervers.

Le survivalisme est la forme la plus avancée d’engagement et de désobéissance civile. Et par-dessus tout, c’est un chemin qui mène à la vie dans sa nature la plus authentique. En minimisant notre dépendance, nous regagnons notre indépendance, notre liberté et surtout notre humanité.

Si les quelques ondes négatives attachées au terme « survivalisme » vous dérangent, sachez que ce n’est qu’un mot. Les valeurs et notions qu’il abrite sont, elles, universelles et positives.

03. De l’ultra-consumérisme au survivalisme en France : les raisons du changement

L’objectif du survivalisme est d’apprendre comment se passer au maximum des systèmes de support et de la respiration artificielle qu’ils représentent. Le but profond est de (re)conquérir son humanité et de s’ancrer dans le réel.

03.1 La place du survivalisme dans une société déséquilibrée

Maslow a théorisé qu’en tant qu’êtres humains, nous avons différents besoins à combler pour nous épanouir dans notre condition et pour tendre à la civilisation. Ces besoins sont hiérarchisés (à tort dans un contexte de développement personnel mais à raison dans un contexte de survivalisme) en 5 strates pyramidales et complémentaires qui entrent dans 3 sphères de besoins à la fois différents et indissociables : besoins physiologiques, besoins psychologiques et enfin, besoins sociologiques.

survivalisme pyramide de maslow

Notre mode de fonctionnement moderne nous permet de nous concentrer sur nos besoins psychosociologiques. Si c’est en soi la marque d’une société stable au quotidien, cela a pour effet pervers de nous rendre égocentriques et de nous divertir de ce qui devrait toujours être au centre de nos préoccupations : garantir la satisfaction pérenne de nos besoins vitaux et ceux de nos proches. Le survivalisme n’est pas une occupation farfelue ni un centre d’intérêt : c’est un mode de vie à part entière.

Une étude mondiale récente TNS-SOFRES a démontré qu’en France les 16-34 ans passent plus de 24 heures par semaine à consulter les réseaux sociaux. Cela représente plus de 3h30 par jour, auquel nous pouvons ajouter 1h30 de télévision soit en moyenne 5 heures de divertissement audiovisuel quotidien et ces chiffres ne sont pas très éloignés chez leurs aînés. A titre de comparaison, environ 2h30 par semaine sont consacrées aux courses alimentaires, et 3h30 au tâches domestiques (source INSEE).

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Reprenons notre pyramide de Maslow et agrégeons-y les composantes de notre monde contemporain pour voir de quoi la société nous abreuve pour pourvoir à nos besoins.

survivalisme pyramide de maslow survivaliste en France

La complexité de notre monde modifie notre rapport au réel. La mondialisation de l’économie devenue toute puissante, la démission et la corruption du politique, la pluralité et l’immédiateté de l’information et des échanges nous plongent dans un enchevêtrement cauchemardesque. Bâillonnée par l’absence d’institutions représentatives, débordée par l’information, les sources de divertissement, la technologie et les changements brutaux, la population se noie dans un sentiment d’impuissance face à un monde dont la géométrie varie trop souvent pour qu’elle puisse en appréhender durablement les contours.

La société en montre d’ailleurs chaque jour un peu plus les symptômes et le fantasme d’une vie plus authentique et plus sensée pointe de plus en plus en opposition à cette modernité dévorante. En France, ce besoin d’authenticité est en train de prendre une telle ampleur qu’il se transforme lentement mais sûrement en une force d’implosion qui revêt différent noms : survivalisme, décroissance, écologie… derrière ces appellations se cache le cri d’une humanité qui se perd dans une société où elle ne s’épanouit plus.

03.2 Le masque technologique et l’obsession du Moi

Cette force d’implosion, l’industrie du divertissement s’affaire à la contenir en cultivant l’individualisme, en particulier chez les plus jeunes. Les émissions de télé-réalité, la musique (plus spécifiquement le rap français et sa culture ethnocentrique mi-violente mi-victimaire qui glorifie l’égocentrisme, la violence et la drogue, fait l’apologie de l’oisiveté dans des complaintes geignardes et encourage à objétiser la femme qui est, en fonction de son lien de parenté et de l’humeur du jour, une sainte ou une chienne), les jeux vidéo et les réseaux sociaux jouent un rôle prédominant dans cet égocentrisme exacerbé, encouragé par des filtres de distorsion positive : l’apparition du self-marketing catalysé par des plateformes comme Facebook encourage la création d’un Moi fantasmé et la focalisation des individus sur l’image qu’ils renvoient à la société.

L’essentiel est abandonné au profit des apparences, l’utilisateur devient à son tour une marchandise prête à tout pour se vendre, un produit au polymorphisme mercantile qui s’assujettit de son propre chef à la pensée dominante. Le glissement du réel vers le fictif est insidieux mais patent ; l’âne se fantasme en licorne magnifique, ses œillères ont été remplacées par des écrans et la carotte par une reconnaissance et un sentiment d’accomplissement illusoires.

Le monde fournit désormais des palliatifs à tout. Au-delà du divertissement, ce sont aujourd’hui des mécanismes de compensations et de remplacement qui sont introduits au peuple pour l’anesthésier. Or on constate bien que loin de créer la complétude par le lien social, ces instruments sont des vecteurs de frustration, d’insatisfaction et d’isolement, un paradis artificiel aux relents de purgatoire. La négation de la réalité et de son poids est devenue l’échappatoire providentielle de notre société infantilisée et débilitée, aux antipodes du survivalisme, incapable d’affronter la froide brutalité de la vie et l’essence fragile de l’humanité.

03.3 Les caïds du bac à sable virtuel

Si beaucoup y voient la marque du progrès au travers de la raréfaction de la violence, nul n’a encore le recul pour juger des conséquences de cet écosystème de diversion palliative sur les plus jeunes, bercés dans une illusion de toute puissance et de sécurité absolue par l’absence de confrontation avec la réalité. Violence esthétisée, rapports sexuels idéalisés aux performances athlétiques, information sans réflexion, consommation sans effort…

Tout comme l’enfant qui s’invente un monde magique pour se protéger de la complexité du monde des adultes, le citoyen moderne se réfugie dans un abri fantasmagorique fait de divertissements. Dans les jeux vidéo, les séries, les jouets, la consommation, il  retrouve un sentiment auquel le monde l’a déshabitué : la satisfaction immédiate, le bonheur, la joie béate, l’absence d’incompréhensions, de douleurs, d’humiliations, de pleurs, de pensées.

Pour construire son identité incertaine à cause d’une société en perte de valeurs, l’humain est poussé à perdre le contact avec le réel pour aller se construire dans une réalité fantasmée. L’expression IRL (In Real Life, littéralement dans la vraie vie, employée en opposition à In-game, dans le jeu) utilisée par les adeptes du virtuel vient consacrer l’idée qu’il existe bien désormais 2 plans d’existence distincts et simultanés : la réalité et la réalité virtuelle, la dernière venant s’interposer entre l’homme et le monde tel un filtre à la magnification illusoire.

03.4 Instantanéité et jouissance immédiate

Il est plus simple de se laisser bercer par la télévision que de se retrouver seul avec soi-même. Plus gratifiant de connaître la gloire dans les jeux vidéo que d’assumer ses échecs.

Plus rassurant de passer des heures à juger la vie des autres sur les réseaux sociaux que de prendre la sienne en main. Moins fatiguant de commander son diner aux services de livraison à domicile que de faire les courses et le préparer.

Plus amusant de jouer avec un drone que de trouver le moyen de payer ses factures. Plus facile de rassasier sa libido en surfant sur des sites pornos que de se confronter au sexe opposé. Plus rapide de choisir son partenaire dans une liste que de vaincre sa timidité et faire confiance à la vie pour nous mener à la bonne personne. Plus facile de s’en remettre à la supposée protection de L’État que de se donner les moyens de l’assurer soi-même.

03.5 Le survivalisme comme repère

Il est urgent d’apprendre à se déconnecter au maximum de cet écosystème nocif et de la respiration artificielle qu’il représente afin de (re)conquérir son humanité et de s’ancrer dans le réel.

Le survivalisme vient s’interposer entre l’humain et une la société où l’endorphine règne en maître : la gratification doit être instantanée, sans effort et sans réflexion. Or, la vie est lente, inconfortable, frustrante, compliquée, douloureuse, brutale et injuste. Le survivalisme, c’est du bon sens et une bonne dose de prévoyance.

Il n’est pas question de se priver totalement de la technologie ni de renoncer à se faire plaisir en achetant le nouvel écran plat dont on a envie. Pas question de demander à sa moitié de limiter ses achats plaisir ou de s’offrir des oranges à Noël pour économiser.

Il est question d’aiguiser son raisonnement et de rationaliser son temps et ses dépenses pour s’aménager un temps de réflexion et se créer un « budget résilience » qui permettra l’achat immédiat de stocks alimentaires et de matériels utiles en prévision de circonstances extraordinaires.

Soyez responsables. Reprenez le contrôle de votre vie. Préparez-vous.

Légendat

 

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