Les minimalistes
- Par Thierry LEDRU
- Le 09/02/2020
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Beaucoup ne verront en eux que des "traîne-misère", des marginaux, des associaux.
De notre côté, c'est vers ce mode de vie que nous tendons de plus en plus.
Je suis devenu un vrai "récupérateur professionnel" dans les bennes à déchets du secteur. Tout ce que je ramène trouve une utilité. Je suis en passe de fabriquer un séchoir solaire pour la préservation des fruits et légumes en plus de ceux qui sont conservés dans les "bocaux lacto-fermentés". J'ai trouvé une plaque noire en métal et les vitres dans une benne d'un magasin de jardinerie. Je fais le tour des bennes les dimanches ou le soir après la fermeture des magasins. Certains patrons me laissent fouiller, ils me connaissent, ils connaissent mes idées et lorsque j'ai vraiment besoin de quelque chose à acheter, c'est vers eux que je vais : donnant-donnant.
J'ai fabriqué avec des palettes démontées une serre sur roulettes pour les semis. Les vitres viennent de la déchetterie du secteur. J'ai récupéré 22 panneaux métalliques qui servaient d'étagères-présentoirs. Tous jetés...Des panneaux coupe-vent d'une pergola, des roulettes pour mettre sous la serre à semis, des tuyaux pour réparer les gouttières de la maison, des briquettes pour les tours à plantes grasses, j'ai démonté des dizaines de palettes, je récupère les pointes quand elles sont encore droites, toutes les planches sont entreposées pour les meubles, étagères, décoration et celles qui ne sont pas en état servent pour la cheminée. Même mes habits viennent parfois des bennes à ordures : j'ai trouvé une veste ultra chaude des employés de la DDE, avec les chaussures de sécurité, pile ma pointure. La veste est tachée, uniquement ça. En parfait état, tout autant que les chaussures.
C'est hallucinant tout ce que les gens jettent, sans même se demander ce qui pourrait encore servir.
Le principe des déchetteries est absurde. Il devrait s'agir d'espace de récupération et de distribution. Cela coûterait d'ailleurs bien moins cher à la collectivité.
"On ne jette plus, on fait tourner".
A Pontcharra s'est ouvert une "recyclerie". Les gens peuvent y déposer les objets dont ils veulent se débarrasser au lieu de les jeter. L'endroit emploie des personnes en réinsertion. L'ambiance est sympathique, très bien rangé, on y trouve des vêtements, des meubles, de la vaisselle, des livres à 1 euro, des disques, de l'électroménager, des outils, de la décoration, tout le nécessaire pour la vie quotidienne...Tout à des prix insignifiants mais le volume des ventes suffit à péréniser le système.
Ces quatre jeunes de la vidéo vivent en marge du système marchand. Ils ne s'y opposent pas en manifestant et en cassant les vitrines des magasins : ils n'y vont tout simplement pas...
Le révolutionnaire n'est pas dans la lutte directe. Il s'éloigne simplement de ce qui ne lui convient pas.
ACTUALITÉ
Ils sont devenus minimalistes : comment vit-on sans frigo, électricité ni eau courante ?
Par Laurent NEVEU
Vivre sans eau courante, sans électricité, sans équipement électroménager, c’est bien joli. Mais comment se doucher ou conserver de la nourriture ? Dans une ferme près de Vire (Calvados), quatre amis ayant adopté un mode de vie minimaliste nous expliquent les alternatives qu’ils ont mises en place pour assurer leurs besoins de base, en impactant le moins possible leur environnement.
Comment cuire ou chauffer quand on n’a pas de cuisinière ?
Antoine, Corentin, Baptiste et Guillaume, alias « les Bilous », ex-étudiants ingénieurs devenus maraîchers bio ont adopté un mode de vie minimaliste depuis deux ans, dans une ferme de Saint-Germain-de-Tallevende (Calvados).
Lire : « Depuis deux ans, on vit avec le minimum, sans se tuer à la tâche, dans notre ferme normande »
Ils y disposent d’un four à pain (photo ci-dessus) qu’ils ont modelé avec l’argile de leur sol. « On le fait fonctionner une fois par semaine, pour du pain, puis des plats chauds et enfin pour sécher des choses avec la chaleur résiduelle. »
Il y a aussi plusieurs mini-réchauds à même le sol, sous un appentis près de leur habitation, également en terre et alimenté par du bois. Sans oublier le gros poêle à bois de la pièce de vie qui permet de chauffer les liquides.
Comment conserver quand on n’a pas de réfrigérateur ?
Avec une cave, creusée dans le terrain. Les jeunes maraîchers y stockent patates, conserves lacto-fermentées (processus de conservation avec de l’eau salée, semblable à celui de la choucroute), sauces pimentées et caisses remplies de bocaux de compotes.
Pour d’autres denrées supportant la température ambiante, les Bilous recourent à des étagères suspendues ou à des coffres en métal « pour les protéger des rongeurs ». Avec ce mode de vie, évidemment, pas question de garder du steak haché à disposition : ça tombe bien, la mini-communauté mange peu de viande.
Comment se nourrir en hiver quand rien ne pousse ?
Les apprentis fermiers ne sont pas des extrémistes de l’autosuffisance. Ils achètent certains produits qu’ils ne peuvent pas faire pousser. Mais l’hiver, ils privilégient des alternatives issues de traditions anciennes : comme les conserves : « On mange beaucoup de compotes ! » Ou les châtaignes séchées, très riches en nutriments. Antoine cherche même un mode de préparation pour les glands, encore plus nourrissants.
Comment se laver sans eau courante ?
Déjà, ces garçons se lavent moins souvent, comme de plus en plus de scientifiques le conseillent. Et ils recourent alors à l’eau du ruisseau voisin : « L’été, quand on pelletait de la terre, on s’y plongeait sans souci ! »
Bon, faut pas être frileux non plus, car on parle d’un cours d’eau en Normandie, pas en Guadeloupe ! L’hiver, c’est toilette avec de l’eau chauffée sur le poêle.
Comment rester en bonne santé ?
Ces conditions de vie rudimentaires peuvent favoriser le développement de maladies, pourraient penser certains. Après deux ans d’expérience, le constat est plutôt inverse, observe Antoine : « On travaille beaucoup dehors, sans stress, on bouge pas mal et on a une alimentation saine. Je ne suis tombé malade qu’une seule fois ! »
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