Les oiseaux et l'agrochimie
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/05/2021
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L'article date de 2018. Je le poste ici parce que ça me permettra de voir ce qu'il en sera dans dix ans. Ce blog me sert aussi d'archives.
Le CNRS et le Muséum démontrent une corrélation entre disparition des oiseaux et agriculture intensive
https://www.actu-environnement.com/ae/news/disparition-oiseaux-etudes-CNRS-Museum-catastrope-ecologique-30881.php4
Deux nouvelles études scientifiques révèlent une diminution d'un tiers des populations d'oiseaux vivant en milieu agricole depuis les années 1990. Cette diminution apparaît directement corrélée aux pratiques agricoles intensives.
Biodiversité | 20 mars 2018 | Laurent Radisson | Actu-Environnement.com
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Les chiffres révélés en ce premier jour du printemps par le Muséum d'histoire naturelle et le CNRS ont de quoi faire frémir. "Les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse. En moyenne, leurs populations se sont réduites d'un tiers en quinze ans", révèlent les organismes de recherche à travers deux études.
La première a été menée à l'échelle nationale grâce à un programme de sciences participatives porté par le Muséum. Elle met en évidence les pertes les plus importantes parmi les espèces spécialistes des milieux agricoles comme l'alouette des champs, la fauvette grisette ou le bruant ortolan. Loin d'être enrayé, le déclin s'est même accéléré ces deux dernières années.
La deuxième étude a été menée à une échelle locale par le CNRS dans une zone atelier située dans les Deux-Sèvres. "En 23 ans, toutes les espèces d'oiseaux de plaine ont vu leurs populations fondre : l'alouette perd plus d'un individu sur trois (-35%) ; avec huit individus disparus sur dix, les perdrix sont presque décimées", révèle le CNRS.
Effondrement des populations d'insectes
Ces deux études mettent clairement en évidence la corrélation entre ces baisses de population d'oiseaux et les pratiques agricoles intensives, même si elles ne démontrent pas scientifiquement le lien de causalité. En effet, alors que des espèces généralistes adaptables comme le pigeon ramier, le merle noir, la mésange charbonnière ou le pinson des arbres ne déclinent pas à l'échelle nationale, leur population diminue aussi lorsqu'elles fréquentent les milieux agricoles, explique Benoît Fontaine, co-responsable du programme de sciences participatives au Muséum.
Les deux organismes de recherche mettent en avant plusieurs facteurs liés à l'intensification des pratiques agricoles, plus particulièrement depuis 2008-2008 : fin des jachères imposées par la politique agricole commune, flambée des cours du blé, sur-amendement au nitrate, généralisation des insecticides néonicotinoïdes.
Si les causes semblent multifactorielles, le rôle des pesticides semble prépondérant. Une étude scientifique, révélée en février dernier par l'Office de la chasse et de la faune sauvage, a démontré l'intoxication directe des oiseaux via la consommation de graines traitées par les néonicotinoïdes. Mais la menace est aussi indirecte avec l'effondrement des populations d'insectes comme l'a montré en octobre dernier l'étude allemande révélant que plus de 75% des insectes avaient disparu outre-Rhin depuis 1989.
Printemps silencieux dans les plaines céréalières
"Les scientifiques savent que la biodiversité s'effondre, mais nous avons été frappés par l'accélération du phénomène", explique Benoît Fontaine. Or, les oiseaux sont en bout de chaîne et traduisent ce qui se passe dans les différentes composantes de la biodiversité, ajoute le chercheur. "On atteint un niveau proche de la catastrophe écologique", alertent les deux organismes de recherche qui annoncent dès cette année un "printemps silencieux" dans de nombreuses régions de plaines céréalières, en référence à l'ouvrage de la biologiste américaine Rachel Carson paru en 1962.
"Si cette situation n'est pas encore irréversible, il devient urgent de travailler avec tous les acteurs du monde agricole pour accélérer les changements de pratiques ; et d'abord avec les agriculteurs qui possèdent aujourd'hui les clés pour infléchir la tendance", alertent les organismes de recherche à l'attention des politiques. Et ce, d'autant plus, que les agriculteurs seront les premières victimes de la disparition des pollinisateurs et de la micro-faune présente dans les sols. Or, pour l'instant, les changements de pratiques agricoles restent anecdotiques, estime M. Fontaine.
Ce deuxième article date de ce mois.
Néonicotinoïdes : la LPO réclame la réparation du préjudice écologique aux agrochimistes
Biodiversité | 21 mai 2021 | Laurent Radisson | Actu-Environnement.com
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La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a assigné en justice, ce vendredi 21 mai, les principaux producteurs et importateurs d'imidaclopride, la substance néonicotinoïde la plus commercialisée en France, annonce l'association dans un communiqué.
Soutenue par le collectif Intérêt à agir, elle demande au tribunal judiciaire de Lyon la réparation du préjudice écologique causé par cette substance persistante, systémique et neurotoxique, ainsi qu'une expertise en vue de déterminer l'étendue des dommages et les mesures de réparation à mettre à la charge de ses producteurs (Bayer et Nufarm) et importateurs (Fertichem, Gritche, Agri Canigou, Saga). L'association demande également l'arrêt immédiat de la commercialisation des produits contenant cette substance. Cette demande fait suite à l'adoption de la loi du 14 décembre 2020 qui a réautorisé ces produits de manière dérogatoire dans les cultures de betteraves.
« Les néonicotinoïdes symbolisent un modèle agricole productiviste qui a conduit nos paysans dans une impasse économique et fait disparaître les oiseaux de nos campagnes. La dernière victime en date est la Pie-grièche à poitrine rose, qui ne s'est plus reproduite en France cette année. Les responsables de ce désastre doivent rendre des comptes », tonne Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO.
L'association s'appuie sur plusieurs études scientifiques qui montrent un effondrement des populations d'insectes à partir des années 1990 concomitant avec celui de différentes espèces d'oiseaux insectivores fréquentant les milieux agricoles comme le Bruant jaune, le Pipit farlouse ou le Tarier des prés. « Aujourd'hui, c'est au minimum 25 % de ces populations qui ont disparu », estime la LPO. Pour l'association, ces études établissent le lien de causalité entre ces dommages environnementaux et les néonicotinoïdes dans la mesure où ces produits ont été introduits à la même époque et qu'une corrélation spatiale peut également être établie entre leur commercialisation massive et le déclin des oiseaux en zones rurales. Reste maintenant à voir si le tribunal de Lyon reconnaît ce lien de causalité.
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