Les rats taupiers et les prédateurs

Des subventions pour pallier aux frais occasionnés par les divers rongeurs. 

C'est une vision court-termiste. Comme d'habitude.

La biodiversité a une raison d'être et si l'humain passe outre, il en paye inévitablement les frais.

 

Les rats taupiers font déjà de gros dégâts dans les prairies du Mézenc

 

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Publié le 21/02/2020 à 17h12

Les rats taupiers font déjà de gros dégâts dans les prairies du Mézenc

Christian Munier donne des formations aux agriculteurs pour lutter contre cette espèce de rongeur. Photo Vincent Jolfre © Vincent JOLFRE     

 

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Le rat taupier dévore les prairies du Mézenc et va obliger certains agriculteurs à sursemer pour s’assurer du fourrage. Ces derniers ont fait part de leur inquiétude au préfet, mercredi après-midi.

L’ennemi juré des agriculteurs du plateau du Mézenc est de retour. Ou plutôt, il n’a jamais quitté le sous-sol des prairies depuis cet été. Et cela en raison de la douceur des températures ces dernières semaines. Le rat taupier ou campagnol terrestre - appelez-le comme vous le voudrez - ravage tellement de parcelles à Saint-Front et ses alentours que les exploitants risquent de ne pas avoir de récolte de fourrage cet été.

Les rats taupiers font déjà de gros dégâts dans les prairies du Mézenc. Photo Vincent Jolfre

Cette problématique a été au cœur des discussions entre chambre d’agriculture, agriculteurs du plateau et le préfet, Nicolas de Maistre, mercredi après-midi. Car ces petits rongeurs qui cavalent dans les sous-terrains du Mézenc en se nourrissant des racines sont une des sources d’épuisement des paysans. Ces derniers prévoient d’ailleurs de sur-semer de l’avoine et du ray-grass sur leurs parcelles dès avril pour s’assurer d’un minimum de fourrage cet été. Des plants vivaces pour avoir un minimum de récolte durant l’été.

Le préfet Nicolas de Maistre (deuxième en partant de la gauche) a écouté les agriculteurs pendant près d’une heure et demie. 

« Cela ne va pas détruire nos prairies car c’est du sur-semis. Après la récolte elles vont se régénérer ».

L’ASSEMBLÉE

En plus du coût des semences, les agriculteurs vont devoir faire appel à des entreprises pour sur-semer. Car ils n’ont pas le matériel. Pour combler en partie les 150 € à 200 € par hectare qui vont s’appliquer, les exploitants soutenus par la chambre d’agriculture ont demandé une subvention au Département à hauteur de 50 % pour chaque agriculteur (soit une demande totale d’environ 30.000 à 40.000 € selon la chambre d’agriculture).
La situation nourrit le ras-le-bol des exploitants. À l’image de Grégory Devidal, agriculteur bio à Chaudeyrolles.

Cela fait trois ans que je dois acheter 20.000 € de bouffe ! Économiquement, on se demande si on ne va pas repasser en conventionné. 

Franck Chazallon, agriculteur de Saint-Front, que nous avions rencontré cet été, a lancé un « cri d’alarme » au préfet, après des mois à chasser le rat taupier. Photo d’archives Vincent Jolfre
 

Revenir à cette agriculture lui permettrait notamment de faire appel à des personnes formées à la lutte chimique contre le rat taupier. Une des solutions à court terme pour venir à bout du campagnol terrestre. Solution qui toucherait de facto les autres espèces vivant sur le plateau du Mézenc.
Si le court terme préoccupe les agriculteurs, la rencontre avec le préfet mercredi a aussi permis d’aborder les solutions dans le temps. Tous les acteurs se sont montrés unanimes :

Il faut lutter collectivement.

Comment ? Avec l’installation de haies pour favoriser la vie des rapaces - notamment du milan royal mangeur de rats taupiers -, ou encore l’enrochement pour attirer les hermines, elles aussi mangeuses du rongeur. Des solutions durables aux conséquences sur le long terme pas toujours du goût des agriculteurs.

« Oui, nous allons vous aider, mais nous voulons une vision sur le long terme. Pour que je puisse porter votre message, la biodiversité doit être au cœur des réflexions ».

NICOLAS DE MAISTRE (Préfet de Haute-Loire)

Le président de la chambre d’agriculture, Yannick Fialip, a, lui, proposé à chaque agriculteur de débourser « 10 à 20 € chaque année par hectare » en terme de prévention. Et notamment pour limiter les proliférations de taupes, autre ennemi des agriculteurs. « La taupe prépare des autoroutes souterraines pour les rats taupiers », note Christian Munier, agriculteur à la retraite et vice-président de la Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles en Haute-Loire (FDGDON43).
La lutte contre les taupes et les rats taupiers semble être trop tardive pour cette année. Reste aux agriculteurs du plateau à espérer que leurs sur-semis seront épargnés.

« Sursemer est indispensable »

Le porte-parole de la Confédération paysanne de Haute-Loire, David Chamard, va dans le sens du sursemage envisagé par les agriculteurs du plateau du Mézenc et demande une aide supplémentaire des pouvoirs publics.

Quel est votre regard sur la possibilité de sursemer dans les prairies touchées par les rats taupiers ?


C’est indispensable. Aujourd’hui, il faut réimplanter les prairies pulullées. La part de parcelles touchées est énorme. Cela va avoir un coût important pour les éleveurs.
Nous aimerions davantage d’aide des pouvoirs publics. Une subvention à hauteur de 50 % du Département cela serait déjà bien, mais pourquoi pas 100 %, si l’on actionne d’autres leviers ? Cela serait un message fort des pouvoirs publics s’ils venaient à aider intégralement les agriculteurs de cette zone.


La lutte contre ces rongeurs est au cœur des discussions, quelles sont les solutions selon vous ?

Sur le long terme, il faut maintenir la biodiversité. Sur le plateau, il faut conserver des renards, en arrêtant de les tirer, des hermines et des rapaces. L’entretien des haies est aussi primordial. On a vu par le passé que la solution de la chimie n’a pas eu le résultat escompté sur le long terme. Il faut trouver un équilibre dans le système. »

En chiffres

400

C’est, environ, le nombre d’hectares de prairies touchés par la prolifération des rats taupiers sur le plateau du Mézenc.

1.000

C’est le nombre maximum de campagnols terrestres qui peuvent vivre dans un hectare.

 

 

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