Nobel de médecine : l'autophagie

J'ai présenté brièvement le principe de l'autophagie dans le cas du jeûne et c'est très bien que ça soit mis sous les feux des projecteurs.

 

L'autophagie dans le jeûne (1)

L'autophagie dans le jeûne (2)


 

Nobel de médecine : qu'est-ce que l'autophagie ?

 

INTERVIEW. Patrick Auberger explique pourquoi les travaux de Yoshinori Ohsumi vont révolutionner le traitement des cancers et des maladies neurodégénératives.

 

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Modifié le  - Publié le  | Le Point.fr

Le Japonais Yoshinori Ohsumi est le Prix Nobel de médecine 2016 pour ses travaux sur l'autophagie.

Le Japonais Yoshinori Ohsumi est le Prix Nobel de médecine 2016 pour ses travaux sur l'autophagie. © Junko Ozaki/AP/SIPA

 

L'autophagie est un mot peu connu du grand public. Pour les scientifiques du monde entier, en revanche, ce vocable est source d'intérêt croissant depuis des années. Car, comme l'a souligné le jury Nobel, « les mutations des gènes de l'autophagie peuvent provoquer des maladies et le processus autophagique est impliqué dans plusieurs affections comme le cancer et les maladies neurologiques ». Explications avec Patrick Auberger, directeur de recherche Inserm, qui dirige le C3M à Nice (Centre méditerranéen de médecine moléculaire) et travaille notamment sur le cancer et les maladies métaboliques.

Le Point.fr : L'attribution du prix Nobel de médecine 2016 à Yoshinori Ohsumi vous a-t-elle surprise ?

Patrick Auberger : Pas du tout. Yoshinori Ohsumi fait partie des chercheurs les plus reconnus dans le domaine de l'autophagie. L'intérêt pour ce processus cellulaire ne cesse de croître dans le monde depuis quelques années. Sa compréhension va permettre des avancées spectaculaires dans plusieurs domaines des pathologies humains, dont le cancer et les maladies neurodégénératives. Yoshinori Ohsumi a découvert de nombreuses protéines qui participent à ce processus, les protéines ATG. Il a montré que l'autophagie se passait en plusieurs étapes avec des formations de complexes protéiques qu'il a bien caractérisés. Il a été un contributeur extrêmement important dans le domaine.

Peut-on comparer l'autophagie à l'apoptose, dont on parle beaucoup depuis un certain temps ?

Non, même si ces deux processus de dégradation coopèrent très souvent dans une cellule. L'apoptose, c'est la mort cellulaire programmée, un peu comme la chute des feuilles en automne. Autophagie, ça veut dire se digérer soi-même. Ce mécanisme est aussi programmé, mais il est très différent. L'autophagie est activée par exemple par un jeûne, donc un stress nutritionnel. Il se forme alors dans la cellule des membranes et des vésicules dans lesquelles les protéines seront dégradées. Le matériel cellulaire va être « intelligemment » dégradé et restitué sous la forme d'acides aminés, de lipides, de sucres, pour permettre à la cellule d'enclencher un certain nombre de processus et donc de survivre dans des conditions difficiles. C'est pareil lors d'une chimiothérapie anticancéreuse. En d'autres termes, avec ce mécanisme, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

 La question est de savoir quand il faut favoriser l'autophagie ou au contraire l’inhiber 

Ces travaux vont-ils aider à mieux soigner certaines maladies ?

Oui, mais il ne faut pas oublier que l'autophagie peut avoir à la fois un rôle bénéfique ou un rôle délétère. Toute la question est de savoir quand il faut la favoriser ou au contraire l'inhiber, à quel moment et pour quel type de pathologie. Par exemple, en cas de cancer, il est utile de la bloquer. Plusieurs essais cliniques sont en cours avec des inhibiteurs de l'autophagie en complément de chimiothérapies classiques. Idem pour lutter contre les rejets de greffes d'organes. En revanche, dans les maladies neurodégénératives, il y a formation d'agrégats protéiques qui sont éliminés par autophagie, et là, ce processus est peut-être bénéfique. Il faut l'activer. Reste maintenant à bien connaître les éventuels effets secondaires de ces actions sur les mécanismes d'autophagie.

 

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