Réchauffement et précipitations

 

Vu les commentaires ironiques, voire agressifs, qui fusent sur les réseaux sociaux à propos du réchauffement climatique, il est bon de rappeler quelques lois de la physique.

"Plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau. Une relation explicitée par la formule de Clausius-Clapeyron qui donne la pression de vapeur saturante en fonction de la température."

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Formule_de_Clausius-Clapeyron (un lien vers l'explication mathématiques, attention, c'est du très haut niveau ^^ )

 

La France a connu un printemps météorologique plus que maussade, qui pourrait paraître incompatible avec certaines idées reçues sur le réchauffement climatique. Mais, en réalité, les derniers mois sont plutôt une illustration de ce phénomène.

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Des passants dans une rue de Caen (Calvados) en janvier 2024.

Des passants dans une rue de Caen (Calvados) en janvier 2024. | MARTIN ROCHE / ARCHIVES OUEST-FRANCE

Ouest-France Maxime MAINGUET. Modifié le 21/05/2024 à 16h09 Publié le 21/05/2024 à 15h39

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Marqué par des pluies importantes, des inondations récurrentes et des épisodes de froid parfois marqués, la météo qu’a connu la France lors de ce printemps météorologique 2024 a pu paraître en contradiction avec la tendance lourde du réchauffement climatique. Mais, en réalité, « mauvais temps » et réchauffement sont loin d’être contradictoires.


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Un printemps qui compte parmi les plus chauds

D’abord, parce que, malgré le ressenti que tout un chacun a pu en avoir, il a fait, en ce printemps 2024, plutôt chaud en France. « Tous les premiers mois de l’année ont connu des températures au-dessus des normales », rappelle Yann Amice, météorologue chez Weather & Co. « Sur le mois de mai, on sera sur un mois de mai classique, mais, maintenant, c’est ça qui nous paraît anormal ! ».

Autrement dit, nous nous sommes habitués aux températures élevées. À tel point qu’on en oublierait presque que le printemps 2024 a été l’un des plus chauds jamais enregistrés en France. Selon les données relayées par Infoclimat, site qui fait référence en matière de partage de données climatiques, la période 1er mars - 20 mai est, avec une température moyenne de 12,41 °C, la 7e plus chaude depuis les années 1930.

Des pluies intensifiées par le réchauffement climatique

En réalité, les pluies qui sont tombées en grande quantité sur la plupart des régions françaises ces dernières semaines ne sont pas incompatibles avec le réchauffement climatique. Au contraire, celui-ci est même susceptible de les avoir intensifiées.

Pourquoi ? Parce que, comme l’explique la loi physique connue sous le nom de « formule de Clausius-Clapeyron », « plus l’air est chaud, plus il peut contenir d’eau sous forme de vapeur », résume Yann Amice. Selon la formule, une atmosphère plus chaude de 1 °C peut ainsi contenir 7 % d’humidité en plus. Humidité qui est ensuite vouée à retomber sur terres, sous forme de précipitations, dont les quantités sont augmentées d’autant.

Pensez-vous que les questions environnementales sont suffisamment abordées par les candidats aux élections européennes ?

 « Il est désormais établi de plus en plus clairement que le changement climatique occasionne une augmentation de l’intensité des précipitations extrêmes », confirme Météo France.

 

L’intensification rapide des pluies d’orage avec le réchauffement global

 

par 12 mars 2021, 16 h 35 min

orage

Crédits : Piqsels.

De nouveaux travaux témoignent d’une hausse rapide de l’intensité des pluies orageuses avec le réchauffement climatique. Les résultats ont récemment été publiés dans la revue Nature reviews earth & environment.

Plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau. Une relation explicitée par la formule de Clausius-Clapeyron qui donne la pression de vapeur saturante en fonction de la température. De plus, puisque le lien entre les deux variables suit une fonction exponentielle, la capacité de stockage en vapeur d’eau augmente rapidement avec la température.

Suite au réchauffement climatique en cours, l’atmosphère emmagasine ainsi de plus en plus d’eau sous forme gazeuse. Une augmentation qui se chiffre à environ 7 % par degré. Avec un air plus fortement chargé en eau, le potentiel précipitant est donc mécaniquement augmenté. En particulier en ce qui concerne les évènements les plus intenses comme les orages.

pluies

Tendance dans le contenu atmosphérique en eau précipitable entre 1988 et 2020. Seuls les océans sont présentés sur cette figure. Notez l’humidification globale de l’air. Crédits : REMSS.

L’intensité des pluies orageuses en hausse rapide

Des chercheurs de l’Université de Newcastle (Angleterre) ont récemment étudié l’évolution de ces extrêmes – source de nombreux dommages environnementaux, sociétaux et humains. Pour ce faire, ils ont comparé les séries observationnelles aux modélisations numériques ainsi qu’aux études de processus afin de proposer une synthèse exhaustive. Les scientifiques ont considéré à la fois les phénomènes de courte durée – entre 1 et 3 heures – et ceux s’étalant sur plus de 1 jour afin d’avoir une base de comparaison.

Les résultats montrent qu’en moyenne, les précipitations se renforcent à un taux cohérent avec la relation de Clausius-Clapeyron. Toutefois, dans certaines zones géographiques, elles se renforcent beaucoup plus rapidement. Le pourtour méditerranéen est par exemple très affecté. Cette réaction exacerbée concerne exclusivement l’échelle infra journalière, typique des pluies d’orage. Elle atteint des valeurs jusqu’à 2 fois supérieures à ce qui pourrait être attribué à la hausse de l’humidité atmosphérique. Des processus dynamiques liés aux mouvements de l’air dans les nuages d’orage doivent donc entrer en jeu.

orage éclair

La hausse des températures affecte tout particulièrement les pluies orageuses. Crédits : Pexels.

Le besoin urgent de mesures d’adaptation

« Nous savons que le changement climatique nous apporte des étés plus chauds et plus secs et des hivers plus chauds et plus humides. Mais, dans le passé, nous avons eu du mal à saisir le détail des événements de pluies extrêmes, car ceux-ci peuvent être très localisés et se produire en quelques heures, voire quelques minutes », développe Hayley J. Fowler, auteur principal de l’étude. « Ce nouveau travail montre que l’augmentation de l’intensité est plus importante pour les événements courts et intenses, ce qui signifie que les crues éclair localisées seront probablement une caractéristique plus marquée de notre climat futur ».

En résumé, la hausse des températures affecte les extrêmes de courte durée selon deux modes. D’un côté, la taille du réservoir atmosphérique en vapeur d’eau est augmentée. Il s’agit là d’une réponse thermodynamique directe au réchauffement – cohérente avec la relation de Clausius-Clapeyron. De l’autre, l’efficacité de la vidange est majorée. Autrement dit, la convection atmosphérique est plus rapide et ramène avec plus de brutalité l’eau vers la surface. « Ces résultats appellent à des mesures d’adaptation au changement climatique urgentes pour gérer les risques d’inondations croissants », avertit à ce titre le papier.

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