Le sénateur socialiste de Seine-Saint-Denis Claude Dilain est mort mardi matin à l’âge de 66 ans, Clichy-sous-bois perdant son ancien maire, en place lors des émeutes de 2005, défenseur inlassable des banlieues populaires.
M. Dilain, père de cinq enfants, est mort «des suites d’un accident cardio-vasculaire» dans un hôpital parisien, a précisé Olivier Klein, qui lui avait succédé à la mairie de Clichy-sous-Bois.
Un «hommage républicain» doit lui être rendu dans les jours qui viennent dans cette commune de Seine-Saint-Denis, a ajouté l’édile.
De nombreux hommes politiques ont rendu hommage à M. Dilain, jusqu’au sommet de l’État, François Hollande saluant dans un communiqué son «combat exemplaire pour les droits des habitants des quartiers».
Dans un communiqué distinct, le Premier ministre Manuel Valls rend hommage à un «élu exemplaire, qui aura marqué sa ville de Clichy-sous-Bois, la Seine-Saint-Denis et la République».
Pédiatre dans cette banlieue pauvre du nord-est de Paris de 1978 à 2013, Claude Dilain se décrivait comme un porte-voix des habitants des quartiers populaires, rôle qu’il a définitivement endossé lors des émeutes urbaines en 2005.
La mort par électrocution de deux adolescents à Clichy-sous-Bois, dans un transformateur où ils s’étaient réfugiés après une course-poursuite avec des policiers, avait été le déclencheur de plusieurs semaines d’émeutes dans les banlieues.
Hasard du calendrier, le procès des deux policiers poursuivis pour ces faits, doit se tenir du 16 au 20 mars devant le tribunal correctionnel de Rennes où il a été dépaysé.
A l’époque, les médias du monde entier avaient porté leur attention sur Clichy-sous-Bois, devenu le symbole des maux de la banlieue, et M. Dilain était apparu en première ligne.
Il n’avait depuis jamais cessé d’interpeller les pouvoirs publics sur la détresse des quartiers populaires, oubliés des politiques publiques.
En 2010, dans une tribune au Monde, Claude Dilain relatait une visite organisée pour une délégation de parlementaires dans sa ville, confrontés ainsi à la misère à seulement 15 km de Paris.
L’occasion de dire sa «honte d’être le représentant impuissant de la République française», et de faire passer un message qu’il jugeait «essentiel» : que «la politique de la ville, si elle n’est pas défendue au plus haut de l’État (...) ne peut résoudre les problèmes des banlieues les plus difficiles».
Homme de terrain, ayant grandi à la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), M. Dilain avait fait son entrée au Sénat en 2011, où il était membre de la commission des affaires sociales.
Il avait continué d’y pourfendre les inégalités territoriales, s’illustrant notamment dans la lutte contre les copropriétés dégradées. A la chambre haute, M. Dilain avait été l’un des rapporteurs de la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (Alur).
Il avait aussi été à l’initiative en 2012 d’un appel contre le cumul des mandats électifs, ayant lui-même démissionné de son mandat de maire en arrivant au Sénat.
Claude Dilain était également président du conseil d’administration de l’Agence nationale de l’habitat.