"Réensauvager la planète"
- Par Thierry LEDRU
- Le 04/01/2020
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L'expression "résensauvager" me pose problème parce qu'il existe dans le mot "sauvage" une connotation de violence, de barbarie, de dévastation. "Des hordes barbares..."
Pour que le grand public adhère à l'idée de rétablissement de l'espace naturel, cette notion de "sauvagerie" est à éviter.
Je pense que le terme de "renaturalisation" serait plus adapté au regard du peu d'espace encore vierge. La nature n'est pas "sauvage". Ce terme ne prend forme qu'au regard du positionnement de l'humain qui se considère comme supérieur à cet état naturel.
L'homme est dénaturé et l'espace qu'il occupe l'est devenu également. C'est lui qui se comporte en hordes sauvages. La nature ne contient aucune violence, même dans la mise à mort d'un herbivore par une meute de prédateurs. Il s'agit d'un équilibre. C'est l'homme qui y a vu de la violence car cette interprétation lui permettait de se cacher à l'ui-même ses propres exactions. Des exactions barbares.
Le loup qui est condamné parce qu'il a égorgé des brebis et l'humain qui se réjouit de trouver des poissons sur les étals. Combien d'animaux morts pour les repas quotidiens ? Personne ne voit l'étendue du massacre dans les océans. Des milliards d'animaux. Des milliards...
Qui est violent, qui est sauvage ?
Il ne s'agit pas de "résensauvager" la nature mais d'en extraire l'humain et donc de la "désauvager" de la présence des tueurs. Mais il est impossible d'extraire cette humanité, à moins d'une extinction majeure.
C'est là que se posera un jour, inévitablement, le problème crucial de la démographie...
L'humanité peut-elle continuer à croître ? Du point de vue de la biodiversité, la réponse est négative. Mais qui est prêt à entendre cette réponse ?
Ne pas donner vie reviendra un jour à permettre aux vivants de continuer à exister. Il conviendra dès lors que ce don de vie soit quantifié, légiféré, contrôlé...
Toutes les tentatives de réhabilitation de la nature sont vouées à l'échec sans un changement radical de positionnement de l'homme envers la nature. Il faut arrêter les illusions. La présence humaine a un impact planétaire et les "réserves naturelles" en souffrent également dès lors que le réchauffement climatique n'a pas de frontières ni de zones délimitées. Ce qui se passe en Australie actuellement impacte d'ailleurs la nature de la Nouvelle Zélande...
Vouloir établir des zones préservées est un leurre, aussi réjouissant soit-il, dès lors que l'humanité impacte désormais l'ensemble de la planète.
Comment mettre fin à une épidémie en propageant des microbes ?... C'est absurde, totalement absurde.
Croire que ces zones renaturalisées serait à l'abri est une utopie. Elles peuvent par contre contribuer à limiter les effets délétères de l'humanité mais l'idée est illusoire si elle n'est pas nourrie par une évolution des comportements, par un choix déterminé et volontaire de décroissance.
S'imaginer "guérisseur de la planète" sans jamais chercher à inverser les phénomènes comportementaux et psychologiques qui ont contribué à la détruire, c'est un mensonge, juste un mensonge...
SAUVAGE :
- Se dit d'une espèce animale non domestique, vivant en liberté dans la nature : Le sanglier est un animal sauvage.
- Se dit d'un sujet non apprivoisé d'une espèce domestique.
- Se dit d'un animal difficile à apprivoiser : Le merle passe pour très sauvage.
- Se dit d'une espèce végétale qui pousse librement dans la nature : De la menthe sauvage.
- Se dit d'un lieu qui est resté vierge, n'a pas été transformé par l'homme : Une région sauvage et d'accès difficile.
- Qui a lieu au contact de la nature : Retrouver pour quelque temps la vie sauvage.
- Qui s'organise en général spontanément en dehors des lois et règlements : Crèche sauvage. Faire du camping sauvage.
- Se dit d'une action violente, impitoyable, brutale : Une répression sauvage.
Pourquoi il faut réensauvager la planète
Face au recul des espaces naturels, certains défenseurs de l'environnement rêvent de rendre à la planète son caractère sauvage. Une solution contre la disparition des espèces animales et végétales. Mais aussi une piste à suivre pour atténuer les effets du dérèglement climatique.
Le « réensauvagement » réside dans la réintroduction de grands mammifères disparus ou menacés, comme le bison.
Diana Buzoianu/Solent New/Sipa
Par Kévin Badeau
Publié le 2 déc. 2019 à 14h30
Mis à jour le 3 déc. 2019 à 11h59
Les signaux de détresse lancés par notre planète sont à s'en crever les tympans. Les côtes s'érodent à cause de la montée des eaux. Les océans s'acidifient. Les émissions de gaz à effet de serre dérèglent le climat. Un climat, au chevet duquel la communauté internationale se rend depuis lundi, dans le cadre de la COP 25 organisée à Madrid. La liste des S.O.S. est encore longue et réclame une ouïe très fine pour entendre celui des zones sauvages, dont la surface se réduit comme peau de chagrin.
Entre 1993 et 2009, 3,3 millions de kilomètres carrés - soit la surface de l'Inde - ont perdu leur caractère sauvage, selon une étude publiée l'année dernière dans la revue scientifique « Nature » par des chercheurs de l'université du Queensland (Australie). Les espaces sauvages ne représentent plus que 23 % de la surface terrestre (hors Antarctique). C'était 85 %, il y a un siècle. En cause : l'étalement urbain, la déforestation, l'exploitation agricole et les premiers effets du réchauffement climatique.
Les conséquences sont dévastatrices pour la faune et la flore. Des scientifiques estiment qu'une sixième extinction massive des espèces animales et végétales est en cours. Selon François Sarrazin, professeur en écologie de la conservation à Sorbonne-université, « la pression exercée par l'humain sur les habitats, notamment des animaux, est la principale cause de perte de biodiversité dans le monde ». Pour résoudre cette crise de la biodiversité, certains défenseurs de l'environnement rêvent alors de « réensauvager » le monde.
Réintroduction d'animaux
Le « réensauvagement » réside dans la réintroduction de grands mammifères disparus ou menacés, comme l'ours ou le bison. Avec leur retour dans la nature, un nouvel écosystème plus riche et plus résilient pourrait se reconstituer.
Le « rewilding », comme l'appellent les Anglo-Saxons, « a émergé ces vingt dernières années comme un nouveau paradigme de la conservation de la nature », explique un spécialiste dans un documentaire diffusé sur Arte mi-2019, consacré au sujet. Tout aurait démarré en Amérique du Nord, dans les années 1990, chez les partisans de l'écologie profonde. Ce n'est peut-être pas un hasard si les Etats-Unis sont devenus le cas le plus emblématique avec la réintroduction du loup gris dans le parc national de Yellowstone en 1995.
Depuis, l'idée a fait son chemin. Dans son livre « Half-Earth : Our Planet's Fight for Life » (2016), le naturaliste et biologiste américain Edward O. Wilson propose de consacrer 50 % des surfaces terrestres à la biodiversité. En Europe, où très peu de parcelles ont échappé à la main de l'homme, le réensauvagement gagne aussi du terrain. Mais à pas de loup. « Le Vieux Continent a une vision très 'jardinée' de son environnement, explique l'écologue François Sarrazin. Les mentalités évoluent doucement et le 'rewilding' n'est plus un horizon inatteignable. »
L'ONG Rewilding Europe, fondée en 2011 aux Pays-Bas, est l'une des plus à la pointe. Elle soutient huit projets pilotes de réensauvagement ou de conservation des espèces. Dans les Carpates du Sud, par exemple, elle collabore avec WWF Roumanie pour réintroduire le bison européen, disparu il y a environ 200 ans de l'état sauvage. Transportés depuis des zoos, les premiers bovidés ont été relâchés en 2014. D'autres réintroductions ont suivi. Début décembre 2019, compte tenu des naissances et des décès, le nombre total de bisonss'établit à 60. L'ONG espère créer une population de 500 ruminants d'ici à 2025.
Libre évolution
En France, les réintroductions d'animaux sont plus délicates. Elles suscitent bien souvent l'opposition farouche du monde pastoral qui dénonce les attaques de brebis par l'ours et le loup. Mais le sujet avance sous l'impulsion, là encore, de la société civile. L'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas)vient de signer pour 2,35 millions d'euros l'acquisition d'un ancien terrain de chasse privé à Léoncel, dans la Drôme. Cette zone de 490 hectares sera intégralement rendue à la nature. C'est l'autre facette du réensavaugement, qui consiste à libérer des espaces autrefois pilotés par l'humain, pour y laisser la faune et flore évoluer librement.
L'Aspas n'est pas à son premier coup d'essai. Dans les 130 hectares qu'elle possède depuis 2012 dans la réserve du Grand Barry (Drôme), les bénévoles ont observé le retour du chamois, du blaireau, de l'aigle royal… et même le passage du loup. « Quand on soustrait toutes les activités humaines dérangeantes, comme la chasse, l'exploitation forestière et l'agriculture, les animaux reviennent », apprécie Madlin Rubin, directrice de l'association. Seules les promenades y sont autorisées pour ne pas mettre la nature sous cloche. Moins de 1 % du territoire bénéficie de ce niveau de protection en France, garant du caractère vraiment sauvage. Une goutte d'eau.
Réchauffement climatique
Mais les gouttes d'eau se revèlent parfois bien utiles, en particulier pour contrer les effets du réchauffement climatique. Avec la hausse des températures, les feux de forêt se multiplient sur la planète. Une étude publiée en octobre 2018 par des chercheurs de l'université de Tasmanie (Australie) observe que le déclin récent des grands herbivores pourrait amplifier ce phénomène.
Faut-il les réintroduire ? Le Portugal s'y est mis. Dans la vallée de Côa, où les incendies sont fréquents, chevaux sauvages et taureaux ont été réintroduits sur d'anciennes terres agricoles recouvertes de jeunes forêts monotones ou de garrigues denses, inflammables à la moindre étincelle l'été. Ces animaux agissent comme un pare-feu en dévorant la végétation.
D'autres scientifiques, comme le révèle un article publié dans « L'Obs » il y a un an, imaginent la réimplantation de plus grands herbivores, comme l'éléphant et l'hippopotame. Dans le Grand Nord, élans et bisons permettraient de lutter contre le dégel des territoires arctiques. En broutant la végétation, ils empêcheraient les sols de monter en température et de libérer le méthane qu'ils contiennent, un puissant gaz à effet de serre. « Nous menons une guerre contre la nature, a l'habitude de dire l'astrophysicien Hubert Reeves. Si nous la gagnons, nous sommes perdus. » Et si elle gagne, sommes-nous sauvés ?
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L'Amazonie, trésor en péril
Les images ont fait le tour du monde. Cet été, l'Amazonie, la plus grande forêt tropicale du monde, a été touchée par d'importants incendies. Le « poumon de la Terre », situé au carrefour de neuf pays, dont le Brésil, est l'un des plus grands « puits de CO2 » de la planète et un important producteur d'oxygène. Il est aussi un trésor de la biodiversité, en grand danger.
La forêt amazonienne, couvrant plus de cinq millions de kilomètres carrés, abriterait de 50 à 70 % de la biodiversité mondiale. Environ un quart des espèces animales et végétales y ont élu domicile, dont 2,5 millions d'espèces d'insectes, 30.000 espèces de plantes, 2.500 de poissons, 500 de mammifères et 550 espèces de reptiles, d'après l'Organisation du traité de coopération amazonienne (Otca).
Cette forêt, dont une partie est inscrite sur la liste du patrimoine mondiale de l'Unesco, n'est pas seulement régulièrement en proie aux incendies. Elle est aussi menacée par la déforestation, en raison de l'agriculture, de l'élevage et des activités minières. Selon les chiffres de l'ONG WWF, près de 20 % de la forêt amazonienne a disparu en cinquante ans. Le phénomène s'accélère depuis l'investiture du climatosceptique Jair Bolsonaro à la tête du Brésil. Selon l'Institut national de recherche spatiale (INPE), 7.853 kilomètres carrés ont été déboisés entre janvier et septembre de cette année, contre 4.075 kilomètres carrés sur la même période en 2018, soit une augmentation de 93 %.
Kévin Badeau
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