"RéLovution"
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/12/2013
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La méthode d'éveil est d'amener dans notre vécu cette nature qui est déjà présente. Que ce soit la méditation ou toute autre pratique, rien de nouveau n'adviendra car cela signifierait sinon que nous captons dans l'environnement un état inconnu en nous, comme si la pluie pouvait se glisser en nous, comme si nous n'avions pas de matière, comme si la lumière du soleil devenait une possession.
La méditation ne fabrique rien. Elle n'insère pas dans l'individu une donnée extérieure. Elle permet de prendre conscience de ce qui est là. Il s'agit en fait d'une épuration, de l'arrachement à notre conscience de tous les états parasites, de tous les voiles opaques qui contiennent une lumière déjà présente en nous. La nature de tous les êtres est exactement la même et cette nature est au-delà de la pensée. C'est là que se situe l'ouverture. Une ouverture sur ce qui est déjà là. Un état qui dissout l'intention, la volonté, l'imaginaire. Il n'y a rien à imaginer, rien à attendre, à vouloir, à espérer.
Penser à la méditation, c'est ne pas méditer. Tout le problème est là. Se donner un objectif mentalisé ramène l'individu à son mental et par conséquent à ses attachements.
L'attachement à la dissolution des attachements ne peut pas être un état d'éveil.
Toute la difficulté vient du fait que notre éducation, les enseignements reçus, l'accession à la connaissance, contribuent tous ensemble à créer une habitude : un travail, quelqu'il soit, attribue à l'individu une possession nouvelle. Il doit y avoir un résultat tangible, mesurable, identifiable, transmissible, ce travail doit même, si possible, octroyer un pouvoir, une distinction au regard du groupe humain. L'école enseigne pour que l'individu gravisse les échelons de la connaissance...
La méditation enseigne à perdre ce qui a été accumulé puisque ce qui est accumulé contribue finalement à la perdition de l'individu. La connaissance intègre le connaissant mais l'accession à la connaissance ne favorise pas instantanément la connaissance interne du connaissant. Ils sont nombreux ces diplômés qui ne savent rien d'eux-mêmes, sinon, l'image associée au statut de connaissant qu'ils ont acquis. Tout cela n'est pas une connaissance de soi. Tout le problème est là.
La connaissance détachée du connaissant est une accumulation de données temporelles. Toutes les connaissances viennent du passé et sont transmises à l'individu. Mais sans l'exploration du connaissant, dans l'instant, toute accumulation de connaissances n'est qu'un fardeau dont on se charge. Bien entendu, l'agrégé de philosophie considèrera qu'il a un très haut niveau de connaissances et c'est exact pour ce qui est de son domaine. Mais s'il s'identifie à cette connaissance, il ne sait plus rien de lui...
C'est bien là que se situe le problème de notre enseignement en France. Nous amenons les enfants à croire que leurs connaissances leur donnent forme.
C'est terrifiant d'imaginer l'ampleur de ce mensonge...
Terrifiant aussi pour moi de penser que j'y participe...
Il est indispensable de changer de voie. Et les réformes ne servent à rien. C'est une "RéLovution" dont nous avons besoin.
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