Suzanne Citron, historienne, lettre à Mr Peillon.
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/10/2012
- 3 commentaires
Suzanne Citron
Suzanne Citron
Nom de naissance | Suzanne Grumbach |
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Naissance | 1922 Ars-sur-Moselle |
Activité principale | historienne et écrivain française |
Ascendants | David Lévi Alvarès |
Conjoint | Pierre Citron [1] |
Suzanne Citron, née Suzanne Grumbach (née en 1922) est une historienne et écrivain française.
Biographie
Ses deux grand-pères sont le général Paul Grumbach et le président de la Cour d'Appel de Paris, Eugène Dreyfus. Elle étudie au lycée Molière, à Paris. Pendant l'Occupation, Suzanne Grumbach est arrêtée à Lyon le 25 juin 1944. Elle a vécu les dernières semaines du camp de Drancy. Elle est cousine germaine d'Antoine Grumbach.
Elle est agrégée d’Histoire et docteur de 3e cycle en Histoire contemporaine. Elle a exercé plus de vingt ans comme professeur de lycée, puis onze ans à l’université de Villetaneuse (Paris XIII). Sa thèse de doctorat étudie L’Origine des sociétés de spécialistes et le corporatisme dans l’enseignement secondaire de 1902 à 1914. Elle a milité dans les mouvements pédagogiques des années 1960-70 pour la rénovation des contenus de l’enseignement et publié de nombreux articles dans diverses revues d’enseignants sur les problèmes de l’enseignement secondaire. Elle publie ponctuellement des « points de vue » depuis plus de trente ans dans Le Monde et depuis dix ans dans Libération.
Elle a été maire adjointe PS à Domont (Val-d'Oise) de 1977 à 1983. Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence.
Bibliographie
- 1971 : L'École bloquée, Bordas,
- 1984 : Enseigner l’histoire aujourd’hui. La mémoire perdue et retrouvée, Éd. ouvrières.
- 1989 : Le Mythe national. L'Histoire de France en question -. Les Éditions Ouvrières.
- 1989 : Le Bicentenaire et ces îles que l'on dit françaises. Syllepse.
- 1992 : L’Histoire de France autrement, 2e éd. 1995 Les Éditions de l’Atelier.
- 1996 : L’Histoire des hommes Syros jeunesse, nouvelle éd. mise à jour en 1999.
- 2003 : Mes lignes de démarcation - croyances, utopies, engagements, Syllepse.
La morale laïque à l’école, une discipline de plus ?
http://www.liberation.fr/societe/2012/09/11/la-morale-laique-a-l-ecole-une-discipline-de-plus_845561
Cher Vincent Peillon,
Votre proposition de réinventer une morale laïque à l’école suscite - en critiques ou en adhésions - un incontestable écho médiatique. Mais comment situer cette démarche dans le dispositif scolaire concret et en quoi participerait-elle à la révolution intellectuelle que vous appelez de vos vœux dans votre dernier ouvrage (1) ?
Paradoxalement cette annonce isolée ne s’inscrit pas explicitement dans le projet de refondation de l’école, le grand chantier du quinquennat. Elle omet de mentionner l’échec d’un système scolaire qui déverse chaque année dans un no man’s land sociétal des milliers de jeunes décrocheurs et déscolarisés dépourvus de repères et de toute assurance pour construire un avenir autre que le chômage ou d’incertains petits boulots.
Cette morale laïque qui, selon vos propos, «inculquerait aux élèves des notions de morale universelle, fondées sur les idées d’humanité et de raison», et qui les ferait réfléchir sur le sens de l’existence humaine est-elle recevable dans le fonctionnement d’une énorme machine à trier une élite par la réussite des uns et l’échec des autres ?
Parmi les causes d’échec de la scolarité obligatoire, il en est une sur laquelle j’attire votre attention, parce que, paradoxalement, son poids pourtant décisif est rarement mis en exergue : la conception de programmes exclusivement disciplinaires, dont les fondements historiques et épistémologiques remontent au XIXe siècle. La IIIe République en juxtaposant un enseignement du peuple (le primaire) et un enseignement pour l’élite (le secondaire) a maintenu l’héritage culturel et organisationnel des lycées napoléoniens. L’enseignement secondaire - le «tout puissant empire du milieu» disait Lucien Febvre - a été généralisé par le collège dans les années 1960-1980 sans être repensé ni dans sa structure ni dans ses contenus. Et les modalités de conception et de rédaction de programmes uniformes, imposés de façon centralisée n’ont pas été remises en question dans leurs logiques académiques abstraites, éloignées de la réalité des terrains.
L’écart entre des contenus cloisonnés, émiettés, matérialisés par une succession d’heures de classe sans lien les unes avec les autres se traduit pour nombre d’élèves par le sentiment que ces apprentissages juxtaposés sont dépourvus de sens, d’où l’ennui et le désinvestissement. Cela se produit d’autant plus quand l’arrière-plan familial ne prépare pas à l’absorption et à la légitimation de cette culture scolaire. Et même pour ceux qui ont ce privilège, le système, tel qu’il fonctionne actuellement, détourne trop souvent l’enjeu culturel porté par les enseignants au profit de la réussite sociale et du souci d’accéder aux «bonnes» filières socialement rentables.
Pour que le système éducatif retrouve l’humanité et la raison de votre morale laïque, il faudrait d’abord que ses objectifs soient formulés par rapport aux sujets vivants auquel il est destiné : le développement de leurs capacités individuelles, créatives, cognitives, esthétiques, de leur jugement éthique, de leur épanouissement personnel, corporel. Les disciplines cesseraient d’être fétichisées en tant que telles pour devenir des savoirs pertinents, des outils explicatifs du monde et du patrimoine de l’humanité. Les élèves découvriraient comment devenir acteurs de leur propre rapport avec ce monde et avec les autres.
Il s’agirait là d’une révolution culturelle qui ne saurait s’accomplir en un jour. Elle ne concerne pas seulement la France, mais notre pays se singularise par sa centralisation excessive, ses programmes beaucoup plus normatifs que la plupart des curricula des autres pays européens. S’y ajoute en outre une tradition culturelle de survalorisation des capacités d’abstraction au détriment des aptitudes manuelles, l’enjeu de la promotion sociale «républicaine» étant, depuis les années 1880, de passer des métiers «sales» aux métiers propres. D’où la survalorisation des filières générales au détriment des enseignements professionnels et techniques, comme l’a rappelé justement Hugo Desnoyer à propos des métiers de bouche (Libération 6 septembre).
Monsieur le Ministre, une morale laïque pour l’école d’aujourd’hui ne saurait donc se présenter comme une nouvelle «discipline» s’ajoutant aux autres. Elle exige au contraire, pour être pertinente, une révolution dans la manière de penser non seulement les contenus scolaires mais la République elle-même et la façon dont elle conçoit la dignité sociale et respecte tous les talents.
(1) «La Révolution française n’est pas terminée», Seuil 2008.
Dernier ouvrage paru : «le Mythe national, l’histoire de France revisitée», éd. de l’Atelier, 2008.
Oh, combien j'adhère à cette lettre. Merci Madame.
Commentaires
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- 1. Thierry LEDRU Le 24/03/2017
Désolé de vous décevoir mais il s'agit de mon blog et je n'ai fait que reprendre une lettre écrite par Madame Citron parce qu'elle allait tout à fait dans le sens de ce que je pense de l'enseignement. -
- 2. perreau michelle Le 24/03/2017
Bonjour Madame Citron,
je pense avoir été votre élève en 1965 au Lycée mixte d'Enghien les Bains.
Vous êtes inoubliable.
Merci.
Donnez-moi de vos nouvelles !
Moi aussi , je suis devenue professeur.
Michelle Perreau
perreaumichelle@yahoo.fr -
- 3. perreau michelle Le 24/03/2017
Bonjour Madame,
je pense avoir été votre élève en 1965 au Lycée mixte d'Enghien les Bains ?
Vous êtes inoubliable...merci.
Michelle PerreauPARK CALLE
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