Terrorisme.
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/08/2017
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Dans l'écriture de "Là-Haut", le roman précédent, j'avais décidé de travailler sur la reconstruction d'un homme, victime d'un attentat.
La femme de Jean est morte et il est amputé d'une jambe. Le retour à la montagne engendrera le retour à l'amour.
Une fin heureuse.
Après l'écriture de l'histoire "Les héros sont tous morts", j'ai décidé de prolonger le récit avec une suite. "Tous, sauf elle."
Puis deux. "Jéricho".
Je travaille donc à écrire.
Je compile des dizaines de documents.
La menace terroriste est toujours sur le devant de la scène. Mais elle prend une ampleur monumentale.
Et voilà, que de nouveau, l'actualité rejoint la fiction. Avec la même violence insupportable, les mêmes douleurs, les mêmes questions...
Et, pour moi, une interrogation tourne en boucle : Qu'en est-il de notre droit à nous défendre ?
Loin de moi l'idée de critiquer les forces de police qui agissent sur le terrain. C'est envers la hiérarchie politique que je m'interroge grandement.
De nombreux écrivains, sociologues, historiens, philosophes, ont travaillé, réfléchi, commenté, analysé le rôle de la peur et son "intérêt" pour des dirigeants. J'ai lu, lu, lu encore et encore et visionné de nombreux documents.
Je n'ai absolument AUCUNE confiance dans les instances gouvernementales. Quelles que soient leurs étiquettes.
Non, je ne suis pas un "complotiste" paranoïaque, déglingué, drogué et je ne suis pas non plus avide et impatient de voir s'effondrer le château de cartes.
Je cherche juste à comprendre ce qui doit l'être.
Il est inutile d'énumérer les souffrances immenses dont nous sommes les témoins.
Je rejette par contre totalement l'idée que nous sommes impuissants et que nous n'ayons que le droit de prier pour les morts, d'allumer des bougies, d'éteindre la tour Eiffel...
Ceux qui ont survécu mais souffriront pour le reste de leurs jours que pensent-ils aujourd'hui de la sécurité des populations ?
Que deviennent ces hommes, ces femmes et ces enfants, une fois que la ferveur empathique est retombée ?
Est-ce donc si inéluctable, devons-nous apprendre à vivre avec cette peur en bravant les fous et en affirmant que rien ne pourra nous priver de nos libertés ?
Ce sont des paroles. La réalité est totalement différente quand le mal a frappé.
Je suis très heureux de vivre dans une vallée perdue et j'évite autant que possible les zones urbaines. Il est bien moins dangereux finalement d'aller grimper sur un sommet que d'aller dans une gare, un musée ou une rue commerçante.
Doit-on l'accepter en espérant que les forces policières parviendront à éviter le pire ?
On voit bien que c'est impossible.
Alors ?
Que fait-on ?
Prenons le cas d'un enfant. Que pense-t-il du fait que son père ne puisse le sauver autrement qu'en prenant la fuite et en espérant qu'un homme armé dans un uniforme viendra les protéger ? Son père doit-il lui répondre qu'il n'a pas le droit de se défendre ?
Mais puisque les gouvernants disent que "nous sommes en guerre", comment l'enfant peut-il comprendre que son père n'a pas le droit de le sauver ?...
Je sais, aujourd'hui que si j'ai la possibilité un jour de tuer un terroriste avec le poignard qui ne me quitte jamais, je le ferai.
Je ne l'implorerai pas.
"TOUS, SAUF ELLE."
« Un pays n’est pas en guerre, c’est juste un territoire sur une carte, un concept, une entité vide. C’est le peuple qui est en guerre, c’est lui qui en souffre dans sa chair et si le peuple est menacé il est de son droit naturel de pouvoir et même de devoir se défendre. Le peuple français est victime des agissements secrets et intéressés des gouvernements successifs et c’est lui qui en subit directement les conséquences. Aucune personnalité politique n’a été abattue par les terroristes mais combien de civils, ici en France, à Londres, en Belgique, en Espagne ? Dès lors, il est absurde que le peuple compte uniquement sur ces différents gouvernements et les forces occultes qui s’y trouvent pour assurer sa sécurité. Lorsque Roland Bafius armait Al Nosra, opposé à Bachar el Assad, il armait par la même occasion les terroristes qui aujourd’hui tuent sur le sol européen. Lorsque le gouvernement français vend des armes aux pays arabes, il contribue à mettre le peuple français en danger car ces pays se haïssent les uns les autres à travers des factions religieuses qui s’opposent et elles nous en font payer le prix. Puisque Samuel Balls a dit que « la France est en guerre et que les générations futures devront apprendre à vivre avec le risque terroriste », j’ai décidé de prendre une arme et de m’en servir. Si je n’avais pas tué ces deux terroristes, combien auraient-ils tué de personnes avant que les forces de l’ordre n’arrivent et les abattent ? Vous voulez me reprocher d’avoir sauvé ces gens ? Il a fallu huit minutes aux militaires pour intervenir. C’est très long huit minutes quand il s’agit de sauver votre vie. Souvenez-vous de cet homme qui avait réussi à s'accrocher à la cabine du camion sur la promenade des Anglais à Nice, le camion qui a fauché plusieurs dizaines de personnes. S’il avait eu une arme à feu, c’était fini. Combien de personnes sauvées ? Qui aurait été en droit de le lui reprocher ? Allez donc demander aux familles qui ont perdu un proche ce qu’elles en pensent ? Nous sommes en guerre, c’est très clair, personne ici ne l’a voulu, nous sommes les victimes potentielles des agissements des politiciens et des financiers. Je ne veux pas mourir, donc je me défends. Les gens qui devraient être entendus par la justice, ça n’est pas moi mais les hommes qui ont déclenché ce chaos. Allez chercher tous ces politiciens, tous les vendeurs d’armes, tous les financiers, tous les magnats du pétrole. Organisez un tribunal populaire et non la mascarade habituelle de votre justice corrompue. Et si vous ne le faites pas, alors taisez-vous et laissez le peuple se défendre.»
Attentats en Europe : "De plus en plus de projets d'attaque passent à travers les mailles du filet"
On compte une quinzaine d'attentats en Europe depuis le début de l'année, contre une dizaine seulement en 2015 et 2016. Comment expliquer ce phénomène ? Yves Trotignon, ancien analyste de la DGSE et spécialiste du jihadisme, a répondu aux questions de franceinfo.
Propos recueillis parPierre GodonFrance Télévisions
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La Catalogne, une région au cœur des réseaux jihadistes
L'Espagne meurtrie. Deux attentats ont frappé la Catalogne (Espagne), jeudi 17 août. L'un à Barcelone, qui a fait 14 morts et une centaine de blessés selon un bilan provisoire, l'autre à Cambrils où six personnes ont été blessées. Deux attaques qui s'ajoutent à la longue liste des attentats commis en Europe depuis 2015. Avec le sentiment d'une accélération depuis le début de l'année, où l'on compte une quinzaine d'attaques meurtrières (notamment Londres, Manchester ou Stockholm). Comment expliquer ce phénomène ? Éléments de réponse avec Yves Trotignon, ancien analyste de la DGSE et spécialiste du jihadisme.
>> Attentats en Catalogne : suivez l'évolution de l'enquête dans notre direct
franceinfo : Y a-t-il réellement une multiplication du nombre d'attentats depuis le début de l'année 2017 ?
Yves Trotignon : Il y a un effet d'accumulation, qui donne au citoyen le sentiment que ça ne s'arrête jamais. Pour se faire une idée plus juste de la menace terroriste, il faut compter le nombre d'attentats qui ont eu lieu et ceux qui ont été déjoués. A ce titre, on sait qu'il y a eu une quinzaine d'attentats déjoués en France en 2016, et sept depuis le début de cette année. En Angleterre, le gouvernement a communiqué le chiffre d'une demi-douzaine de tentatives déjouées au moment de l'attentat de Manchester. Le phénomène auquel on assiste, c'est qu'il y a de plus en plus de projets d'attaque qui passent à travers les mailles du filet. Mais ces attentats sont pour l'instant moins meurtriers qu'en 2015 ou 2016.
Les cibles de ces attentats se diversifient : Cambrils est par exemple une ville beaucoup plus petite que Barcelone…
Le fait que les terroristes se soient attaqué aussi à Cambrils, qui n'est pas une ville connue en dehors de l'Espagne, envoie le message que tout le monde est concerné. Comme lors de l'attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray, en juillet 2016 en France. Le but des terroristes, c'est que tous les Européens craignent qu'ils puissent frapper chez eux, et pas que dans les grandes métropoles.
Ce déchaînement constaté en Europe est-il lié aux défaites militaires de l'Etat islamique en Irak et en Syrie ?
On ne peut pas nier un sentiment de vengeance. L'Etat islamique perd militairement, donc il attaque en Europe. Il ne faut pas oublier que les attentats permettent de recruter de nouveaux membres. Ce qui se passe dans l'ancien territoire de l'EI, avec les exactions des milices chiites de la coalition à Mossoul ou à Raqqa, pousse aussi certains à se dire que ce sont les jihadistes qui avaient raison.
Mais ce serait réducteur d'expliquer uniquement ainsi l'accroissement des attentats. Sinon, en poussant le raisonnement, cela voudrait dire qu'en leur laissant le territoire qu'ils revendiquent, ils devraient arrêter les attentats – ce qui ne se produira pas. Et cette défaite militaire ne sonnera pas le glas de l'EI. Sur le terrain, les chefs de l'organisation ont commencé à entrer dans la clandestinité. Ils l'avaient déjà fait en 2007-2008 quand ils avaient été battus une première fois par la coalition menée par les Etats-Unis.
On observe aussi que de plus en plus d'attentats se font à l'aide d'une fourgonnette. Ce mode opératoire plus simple a-t-il poussé des sympathisants jihadistes à passer à l'acte ?
L'Etat islamique incite régulièrement ses sympathisants à frapper n'importe où. Ils ont ainsi encouragé le fait de mettre le feu à des forêts pendant l'été, à saboter des transports en commun ou, récemment, à provoquer des déraillements. Il existe toute une littérature jihadiste qui aide les aspirants terroristes à passer à l'acte. Dans un numéro du magazine d'Al-Qaïda, on trouvait un dossier avec des conseils sur la bonne camionnette à louer pour faire un maximum de dégâts en fonçant sur une foule. Le magazine de l'EI avait de son côté publié un dossier sur les voitures piégées, qui expliquait comment procéder avec les bonbonnes de gaz…
Autant de synthèses extrêmement habiles qu'on appelle le terrorisme "open source". Le plus incroyable, c'est que ces magazines proposent des retours d'expérience. Celui d'Al-Qaïda commente les actions terroristes de l'EI en soulignant les bons et les mauvais points. On assiste à une forme d’émulation entre groupes rivaux, qui s’affrontent mais reconnaissent qu’ils ont des ennemis communs.
Cela renforce-t-il le côté "amateur" du terrorisme actuel ?
Il existe, schématiquement, deux types de personnes susceptibles de passer à l'acte. D'un côté, l'amateur éclairé, qui va puiser sur internet les ressources pour commettre son attentat de proximité. De l'autre, le noyau dur de l'Etat islamique en Irak ou en Syrie, qui revient au bercail après avoir survécu à la guerre. Ceux-là sont les plus dangereux, les plus radicaux et surtout les plus convaincus par le projet politique de l'EI. Ce sont les plus susceptibles de mener un attentat à l'explosif, coordonné, comme à Paris le 13 novembre.
Interpol fait circuler une liste de 173 jihadistes susceptibles de commettre des attentats d'envergure à leur retour en Europe – et ils sont en train de devenir. Ce sont deux menaces distinctes, mais qui se complètent. Un attentat sophistiqué de l'EI a ainsi été déjoué en Australie en juillet : l'organisation faisait parvenir à une cellule sur place des pièces détachées et des consignes pour fabriquer une bombe artisanale.
On risque donc d'assister à de plus en plus d'attentats en Europe dans les années à venir ?
C'est une tendance lourde depuis 2013-2014 et l'attentat du musée juif de Bruxelles. Après, il faut faire une distinction entre ce que perçoit le grand public et ce que perçoivent les spécialistes. L'homme qui a attaqué des militaires à Orly en mars n'était pas jihadiste ; idem pour celui qui a foncé dans une pizzeria en Seine-et-Marne, mi-août. D'un point de vue judiciaire, il n'est pas poursuivi pour tentative d'attentat. Et pourtant, cela renforce le sentiment de peur du grand public.
C'est pour ça qu'on a toujours les militaires de l'opération Sentinelle dans les rues, alors que nombre de spécialistes estiment que ça ne sert à rien et qu'ils constituent plus des cibles qu'autre chose. Le consensus général au sein des chercheurs était qu'on en avait pour une ou deux générations à vivre avec la menace terroriste. Le chiffre a été revu à la hausse récemment, et certains observateurs craignent que ce ne soit un des phénomènes du siècle.
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