Enseignement existentiel.

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Fin de journée d’école. Les parents récupèrent les enfants.

Bien souvent, la question qui survient est la suivante :

« Alors, qu’est-ce que tu as appris aujourd’hui ? »

Ou

« Alors, qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ? »

Je vois dans ces deux questions récurrentes la mise en évidence que l’école n’est perçue qu’à travers sa dimension cognitive, intellectuelle. Il s’agit pour les parents d’identifier ce que l’entonnoir de l’école a déversé dans la tête de leurs enfants.

Cette habitude se transmet de génération en génération.

Mes parents m’ont posé ces questions. J’en ai fait de même avec mes enfants…

Et c’est finalement non seulement très réducteur mais également trompeur car si l’école n’est qu’un entonnoir à connaissances, c’est qu’elle a oublié de s’intéresser au contenant… Si l’école ne prend en considération que le contenu qu’elle propose, c’est éminemment insuffisant.

Lorsque je cherche à transporter de l’eau, je m’intéresse en premier lieu au contenant qui peut servir à ce transport. Je ne prendrai pas une bouteille percée, ni une bouteille cabossée qui risque d’éclater, ni une bouteille trop grande, ni une bouteille trop petite…Je vais me concentrer sur la qualité du contenant avant de verser le contenu…

L’école, à mes yeux, n’a toujours pas compris qu’elle travaille à l’envers et ces deux sempiternelles questions que les enfants entendent durant leur scolarité en est le reflet.

Ne rien attendre des instances hiérarchiques. Elles ne comprennent rien à rien. Et c’est normal puisqu’elles fonctionnent toujours avec le paradigme ancien de l’école et qu’elles s’obstinent à le rafistoler, à le détricoter, à le rénover, à le rebâtir, à le renforcer, à le changer en surface, à se battre autour pour imposer les nouvelles Réformes… Depuis le temps que ça dure….

« Alors, qu’est-ce que tu as appris sur toi aujourd’hui ?

Ou

« Alors, qu’est-ce que tu as été aujourd’hui ? »

Voilà, les deux questions qui ouvriraient la dimension existentielle et c’est totalement différent.

La priorité n’est pas le contenu mais le contenant.

Comment le contenant s’est-il analysé, observé, critiqué, aimé, compris, durant le déversement des connaissances par l’entonnoir scolaire ?

Comment le contenant s’est-il comporté, qu’a-t-il été, humainement parlant ?

Le fait de renvoyer l’enfant à lui-même par le biais de l’apprentissage cognitif instaure, peu à peu dans son esprit cette priorité essentielle de l’individu et non celle des données intellectuelles.

Un enfant dans la cour de l’école s’en prend à un autre enfant et lui fait mal.

Il ne s’agit pas de le réprimander en lui disant :

« Tu as vu ce que tu as fait ?

« Pourquoi tu lui as fait ça ?

Toutes ces questions habituelles sont orientées vers l’acte alors qu’elles devraient principalement être tournées vers l’individu, l’enfant, sa conscience.

« Tu as vu ce que tu as été ?

- Pourquoi as-tu été comme ça ?

- Comment tu te vois, qu'est-ce que tu ressens maintenant ?

- Qu'est-ce qui s'est passé en toi ?"

Le nécessaire rappel de l’individu à lui-même, non pas en se focalisant sur les faits mais sur l’être.

Lorsqu’un enfant me disait :

« Ma règle s’est cassée »…. je lui répondais que je trouvais étonnant que sa règle ait décidé de se casser.

Et de là, je l’amenais à reformuler sa phrase jusqu’à ce que l’observation entière de la situation l’amène à exprimer SA responsabilité.

Dans chaque situation de classe, la priorité, c’est l’être.

« Qu’est-ce que je suis ?

Avant

« Qu’est-ce que je fais ? »

La conséquence de ce fonctionnement, c’est que l’enfant, jour après jour, année après année, va construire un regard de plus en plus affiné sur son être, non pas dans une dimension intellectuelle mais bien dans la dimension existentielle.

L’avantage de ce fonctionnement, c’est qu’il apporte à la dimension intellectuelle un énorme intérêt, plus élevé encore que la connaissance elle-même qu’elle contient : « Je m’apprends en apprenant. »

La finalité, au regard de la dimension cognitive, c’est d’amener l’enfant à éprouver de l’intérêt même pour les matières qu’il n’apprécie pas ou peu, puisque sa propre observation dans l’apprentissage le conduit à s’enseigner lui-même, à se connaître, à se corriger, à se renforcer.

 

« Pourquoi est-ce que je n’aime pas les mathématiques ?

-Pourquoi est-ce que j’ai toujours peur de me tromper ?

-Pourquoi est-ce que je préfère tricher que d’avoir faux ?

-Pourquoi est-ce que je ne suis pas plus volontaire pour apprendre ma leçon ?

-Pourquoi est-ce que cette fois, je suis resté calme pendant l'évaluation ? »

Ces questions sont innombrables et s’adaptent à chaque évènement, du plus simple au plus complexe.

 

« Alors, qu’est-ce que tu as appris sur toi aujourd’hui ? »

Lorsque des parents accueilleront leur enfant au retour d’école avec cette question, c’est que la société elle-même, sera en cours de transformation…

Le contenant avant le contenu….

« Tu as eu des notes aujourd’hui ? »

On est toujours dans « l’Avoir »

« Tu as été content de toi aujourd’hui ?

L’Être avant l’Avoir.

L’individu avant les faits.

 

 

C'est dans le cadre de la méditation que cette observation doit être amenée. Une observation silencieuse et intime.

"Qu'est-ce que je suis ?" 

Ne pas avoir peur de poser la question.

Les inviter à fermer les yeux puis à "se voir".

Puis, les inviter à s'enlacer. Sans effusion de joie. Calmement, avec tendresse, avec amour.

Puis leur demander de saisir l'émotion de paix qui est en eux, de l'imaginer comme un refuge, un abri, une source. 

Les laisser tranquille pendant un moment.

Le reste leur appartient. 

 

 

 

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