L'enseignement des Kogis

Kogis sierra 1

Voici les 10 valeurs primordiales des indiens kogis aux "petits frères" du monde moderne...

Paroles kogis, ce qu'ils nous apprennent.


1) Une mémoire collective:
Ils se racontent leur histoire et ne l'écrivent pas. Ils discutent longuement et prennent des décisions pour le futur en fonction de leurs expériences passées.
Citation Kogis :
"Nous devons apprendre à écouter les anciens, à les respecter comme nous respectons nos enfants, nos épouses. Pour cela, il faut être humble, apprendre à aimer. Les Kogis doivent se respecter et s'aimer: comme ils respectent et aiment la nature." M.M Dingula.

2) Une forte convivialité:
Les Kogis parlent beaucoup, pour mieux se comprendre, éviter les conflits... Ainsi, leurs relations sociales sont fortes et harmonieuses.
Citation : " Nous sommes frères, nous sommes égaux entre frères, les jeunes et les anciens. Lorsque nous mangeons, nous ne mangeons pas chacun dans son coin comme les petits frères, c'est trop triste d'être seul. Quand il n'y a pas beaucoup à manger, on partage ce qu'il y a. Il faut toujours essayer d'aider l'autre, l'accompagner pour qu'il soit bien." Conchacala.

3) Une finalité d'équilibre:
Pour les Kogis, l'équilibre est partout : équilibre de soi, de soi avec les autres et de soi avec le monde et la nature.
Citation : " Les petis frères ne savent pas ce qui signifie l'idée de justice, d'équilibre. Ils font des trous, ils causent des dégâts partout, ils coupent des arbres, sans savoir, sans comprendre, ils sont aveugles, ils ne voient pas et n'entendent pas, alors les problèmes arrivent." M.M Dingula

4) Un temps cyclique:
Pour les Kogis, le temps est cyclique. Chaque année, les étapes fondamentales de la vie sont marquées pas un rituel, une cérémonie.
Citation : "Au début, nous sommes petits enfants, peu à peu, nous devenons grands, puis nous finissons par revenir vers là Mère (la Terre) pour mourir..." M.M Dingula

5) L'appartenance à un lieu:
Les Kogis, et tous les peuples racines appartiennent à un lieu et portent cet endroit dans leur coeur.
Citation : " Pour nous, ce n'est pas simplement un territoire, c'est le coeur du monde, de la vie, c'est comme un corps vivant.." MM.Dingula

6) Des lois fondés sur le vivant:
Les Kogis vivent en relation permanente avec la nature et le vivant. Leurs lois sociales et politiques sont basées sur l'observation de la nature.
Citation :
"Nous devons écouter les voix de la nature. Si on écoute pas, chacun va de son côtés et sans direction, cela ne peut pas aller. Pour nous, la nature est comme vos livres, tout y est écrit. Essayer de comprendre que la mère terre, c'est la justice, l'équilibre." MM.Baro

7) Une association des contraires:
Pour les Kogis, il n'y a pas de bien et de mal dans la vie. Mais il y a des principes opposés : le jour et la nuit, le féminin et le masculin, le haut et le bas..

8) Un pouvoir canalisé:
Chez les Kogis, il n'y a pas de "chef" ( c'est pareil dans tous les peuples racines ). Les décisions sont prises tous ensemble, après avoir longuement parlé dans la "Nuhé".
Citation : "Dans la Nuhé, on peut pas se disputer, on vient pour discuter de choses importantes..." MM.Dingula

9) Une parole partagée en permanence:
C'est la première chose qui frappe quand on arrive chez les Kogis : chacun demande qu'on lui répéte notre histoire. La culture orale inspire bien leurs activités quotidiennes que leurs rituels sacrés.

10) Une prédominance de l'invisible:
Chez les Kogis, c'est "Aluna", la pensée ou l'énergie qui a crée le "vivant". Certains enfants sont sélectionnés pour être "Mamu"; leur éducation vise à rentrer en relation avec l'esprit de chaque chose. Lorsque leur enseignement prend fin, le Mamu qui a accompagné son élève prononce alors la phrase rituelle :

"Tu as appris à voir à travers les montagnes, à travers le coeur des hommes, tu as appris à regarder au-delà des apparences, maintenant tu es un mamu." MM.Dingula

Que peut-on apprendre des peuples-racines : le cas des indiens Kogis de Colombie ?

vendredi 1er août 2014, par René Barbier

En ce mois d’août 2014, France-Info consacre une série d’émissions le samedi à la culture des indiens Kogis avec la parole d’Éric Julien qui leur a consacré sa vie. J’ai participé à un ouvrage sous la direction d’Éric il y a quelques années. La vision du monde de ce peuple traqué par les trafiquants et les milices demeure pour moi une petite lumière dans la grande obscurité de notre monde affairiste. (RB)

Les Kogis apparaissent comme l’une des 6000 sociétés dites « racines » qui représentent des millions de personnes à travers 70 pays. Les « peuples-racines », comme les nomme Eric Julien [1] , peuvent-ils signifier quelque chose , au delà d’une simple curiosité exotique, pour les citadins modernistes que nous sommes devenus ? Avons-nous encore assez d’ouverture pour ne plus penser que, comme le voulait Hegel, nos civilisations occidentales sont l’acmé du développement phénoménologique de l’Esprit à travers l’Histoire, tandis que les civilisations chinoises ou égyptiennes, sans parler des peuples « primitifs », sont à l’arrière-garde du progrès civilisationnel ? En tant que pédagogue, chercheur en sciences de l’éducation, enseignant à l’université, comme je voudrais encore rencontrer un jeune adolescent de 10 ans comme Casimiro, ce jeune Kogi à qui Eric demande « que veut dire ton rêve de devenir Kogi » ? et qui répond simplement « Je veux savoir bien cultiver la terre, construire une maison, connaître les lois de nos ancêtres, celle de la nature pour parler avec elle, pour la protéger. Je voudrais avoir une famille et savoir la protéger » (Jullien, 2004, p.309). La même demande à un jeune adolescent de nos régions du monde se terminerait vraisemblablement par « je veux devenir comme Zidane » ou « un grand avocat, un grand chirurgien », « un grand chanteur de rap » etc, suivant le milieu social de l’interlocuteur… J’ai été stupéfait de constater, lors des dialogues avec mes étudiants chinois de doctorat, que très peu connaissaient le fondement philosophique de leur culture. Ils le découvrent avec mes interpellations et mon ouverture sur le Taoïsme, le Confucianisme et le Bouddhisme Chan. En Chine, je me souviens de cette conversation avec l’étudiant qui m’accompagnait gentiment et qui, me disait-il, entre deux soirées de karaoké, dans un restaurant « branché » de Pékin, apprenait le français pour aller au Canada (Québec) faire des études où il pourrait gagner beaucoup d’argent (parler français lui donnerait quelques points supplémentaires pour être accepté). Malheureusement pour lui, les mêmes études aux Etats-Unis, son rêve, étaient trop chères. J’ai l’habitude d’enseigner que nous devons absolument maintenir une dialogique entre un pôle d’enracinement et un pôle de surgissement dans notre existence individuelle et collective.

Nous sommes des êtres de surgissement, d’imagination, de fantasmes, de désirs, toujours encadrés par l’imaginaire social du moment. Le nôtre est constitué par la mondialisation libérale animée par l’argent-roi et le pouvoir matériel et symbolique qu’il procure. Tout le monde sait, aujourd’hui, que son « développement durable » n’est qu’une illusion reflétant, en la dissimulant, une triste réalité : la destructivité progressive des ressources naturelles de notre terre. Halte à la croissance ! vœu pieux jamais réalisé, même d’une manière minimaliste. Seuls quelques irréductibles, autour de Pierre Rabhi [2] et son projet de décroissance volontaire, tentent encore de présenter, avec les écologistes, une économie politique réellement « durable ». Le surgissement de l’être humain et des sociétés implique qu’un sol ferme a pu être trouvé antérieurement. Le « bond » qui est de l’ordre de l’instant et du spontané, ne serait s’accomplir sans un appui sur une terre solide. En sciences, l’imagination créatrice ne se réalise que dans une « philosophie du non » chère à Gaston Bachelard, mais en venant contredire la science dominante. « L’élan de la tige » dont parle le poète russe Iossip Brodski suppose d’abord la tige enracinée dans un territoire qui la nourrit et avec laquelle elle forme une unité dynamique. La civilisation a détruit les « dodos », ces pigeons géants des iles de l’Océan indien (Ile Maurice) du XVe siècle. On a constaté alors, progressivement, la déforestation de la région, parce que ces dodos ne digéraient pas complètement les graines des arbres et les régurgitaient dans d’autres endroits, permettant la repousse de nouveaux arbustes [3] . Dans le domaine culturel, il y a mille et un territoires d’enracinement des peuples humains et plus largement du vivant, mais un seul les concerne tous : la « Terre-patrie » dont parlent Edgar Morin et Anne-Brigitte Kern [4] , dont les éléments fondamentaux (terre, eau, feu, air, auxquels les Chinois ajouteraient le bois et le métal, en supprimant l’air) sont indispensables à la vie. Le surgissement est le propre de « la puissance d’exister » comme dit Michel Onfray [5] . Il est puissance imaginaire, refus de tous les enfermements, ouverture sur un ailleurs, revendication de l’existant sur l’être. On tant que tel, il oublie tout, il veut tout à l’instant même, il se développe dans l’absolu du désir et de l’énergie, dans une sorte de « dépense », de « part maudite », de gaspillage systématique, que Georges Bataille a bien identifiée [6] . Il conduit à des « défis » indispensables au développement de la vie. Mais, en Occident, devenu tout puissant, tout en étant encerclé par les règles de l’économie de marché, le surgissement s’ouvre, finalement, sur un règne réifié du non-sens, sur la marchandisation des rapports humains. C’est le temps de l’ « individu sans appartenance » (Gérard Mendel) [7] et de « la fatigue d’être soi » (F.Ehrenberg) [8] face à la disparition des grandes figures symboliques balisant notre existence collective (Dieu, la science, le Progrès, L’Histoire etc). Le surgissement appelle l’enracinement pour devenir humain. La transversalité et son « écoute sensible » [9] constitue cette dialogique qui réalise l’équilibre nécessaire, le « juste milieu » des anciens Chinois. Elle emprunte aux cultures des sociétés-racines pour désengluer le surgissement individuel vers l’universel et relativise l’immobilité toujours possible de la tradition des sociétés holistes pour lesquelles le groupe avale l’identité individuelle. La sagesse éducative des Kogis nous importe parce qu’elle met l’accent surl’enracinement et les dangers de son ignorance. Les Kogis savent très bien que notre humanité est en danger parce que notre terre donne des signes de mort. Comment le savent-ils ? Par une éducation qui, pour n’avoir rien de « scolaire » et de « livresque », est d’une rare qualité existentielle et d’une exigence inimaginable. Elle s’appuie sur des « mentors », des chamans appelés « mamus » dont la connaissance est profondément reliée à la nature. L’éducation d’un jeune mamu est rigoureuse. Comme n’importe quel enfant Kogi, elle commence avant la naissance, lors de la fécondation et de la gestation. La mère doit contrôler ses énergies, notamment négatives, prendre conscience de ses émotions pour ne pas perturber l’embryon. Jusqu’à l’âge de quatre ans, l’éducation de l’enfant se réfère à l’exemple des adultes ou des enfants plus âgés. Pendant cette période, l’enfant n’est pas puni car la punition pourrait altérer les bonnes influences sur la mémoire acquise pendant la phase embryonnaire. Mais dès quatre ans, l’enfant devient responsable et s’engage dans la vie communautaire en fonction de son âge et de ses capacités. C’est l’adulte ou l’enfant plus âgé qui est tenu pour responsable des comportements déviants du petit enfant. En effet, la pensée des Kogis affirme que pendant cette période, Aluna (l’âme, l’énergie vitale) de l’enfant n’a pas encore atteint le stade du Seiwa (la conscience), sa façon d’être au monde en relation avec les autres et le monde. Cette conscience va résulter des sollicitations du milieu humain et naturel tout le long de la vie, dans un processus non linéaire mais circulaire (du père vers l’enfant et de l’enfant vers le père par exemple). « Véritables guides spirituels, les mamus représentent les autorités traditionnelles de la communauté kogi. Ils sont à la fois médecins, architectes, agronomes, biologistes, astronomes, philosophes etc. » (E.Julien, 2004, p.254). L’éducation « mamu » se doit d’accompagner l’enfant puis l’adulte sur « le chemin des neuf mondes » pour comprendre les mystères de la vie au contact de la nature [10] . Dès les premières semaines qui suivent la conception, la mère de famille choisie pour donner naissance à un petit mamu respecte un régime alimentaire draconien, sans sel ni viande d’animaux domestiques. Elle consomme des légumes riches en protéines, exclusivement choisis en préparés par des mamus. Elle passe de longues heures en méditation et dans des dialogues avec des mamus. Elle parle de ses émotions, de ses angoisses, des événements de la journée, de ses rêves et cauchemars, que les mamus vont interpréter pour l’aider à modifier ce qui pourrait perturber la mémoire de son enfant, même à l’état embryonnaire. L’accouchement de la mère est accompagné par le mamu qui conservera le cordon ombilical et le placenta pour effectuer des rituels précis. Pendant les premiers mois de l’allaitement l’enfant reste près de sa mère et de son mamu « professeur ». Dès que l’enfant peut manger une nourriture différente du lait maternel, c’est la mamu qui prépare les repas et les sert dans des récipients en terre cuite, composés de viandes d’animaux exclusivement chassés dans la Sierra, d’insectes, d’écrevisses, de plantes naturelles sans sel etc.. Entre un an et demi et trois ans, son éducation est attribuée à son mamu Son existence va être sévère. Il devra rester seul dans une sorte de temple végétal appelée « nuhé » qui deviendra son « université » . Il ne pourra sortir que la nuit pour ses besoins élémentaires. Il demeurera dans la nuit, parfois pendant…dix-huit ans ! Toute son éducation est symbolique et s’effectue en méditation et en pensée sous l’évaluation de son maître spirituel. « Il ne connaîtra pas la mer, mais il connaîtra son esprit…il ne connaîtra pas les arbres, les pierres, les sommets, le soleil et les planètes, mais il en connaîtra les esprits. Il se mettra en relation avec eux pour apprendre de chacun l’interrelation entre tous et toutes choses…C’est quand il aura réussi à connaître tous ces esprits, qu’il aura pu entrer en relation avec eux, qu’il sera autorisé à retrouver la vie matérielle et la lumière. Son enseignement prendra fin lorsque sera prononcée la phrase rituelle : « Tu as appris à voir à travers les montagnes, à travers le cœur des hommes, maintenant tu es un mamu » » (Julien, 2004, pp 255-256). On est frappé par l’analogie entre l’éducation de l’enfant mamu et le petit « tulku » du bouddhisme tibétain. Dans les deux cas, nous pouvons repérer l’insistance sur l’éducation avant la naissance et dès la prime-enfance, le désaissement de la mère et des parents à partir d’un certain âge, l’éducation précise et rigoureuse par un maître spirituel, l’isolement relatif de l’enfant et son passage par des rituels. Mais il me semble que l’éducation de l’enfant mamu est encore plus contraignante que celle de l’enfant tulku au Tibet, même dans son aspect le plus traditionnel (René Barbier) [11] . A remarquer que l’éducation des fillesest particulière et, sans doute, peu acceptable dans nos sociétés modernes, au moins dans sa forme figée traditionnelle. La vision du monde des Kogis distingue bien le pôle féminin et le pôle masculin pour les faire dialoguer ensemble d’une manière complémentaire et opposée. La fille doit apprendre à tisser, notamment les mochilas (sorte de sac à dimension symbolique) et prendre une part active à la vie quotidienne. Elle est enseignée par les anciennes qui lui racontent leurs journées, selon la tradition, en rapport avec la famille et les enfants. Elles lui apprennent surtout à penser les choses de la vie. Le groupe des femmes est souvent un groupe de résonance, d’échoïsation de pensée, pour toute activité importante à réaliser pour le groupe. A l’issue de son éducation le Kogi devenu « mamu » est capable de « pouvoirs » étonnants. Il communique avec la nature, dans sa diversité, aussi bien végétale qu’animale. Il est capable de voir comment construire une maison (une nuhée), à quel endroit, selon quelle circonstance. Il connaît les endroits pour chasser, ou pêcher. Il sait tisser une « carte » en végétal qui indique, non seulement, les lieux précis, mais dessine également tous les endroits rituels, les événements, l’histoire même de la société Kogi. Il sait guérir par des rituels magico-religieux. Il est la référence de ce peuple-racine. Le sens du groupe est essentiel. Le manu en est l’animateur sans en être pour autant le « chef » suivant l’acception moderne. Eric Julien nous décrit la construction collective d’un pont fabriqué avec des éléments naturels (Julien, 2004, page 132 et ss). C’est impressionnant de solidarité, de respect de l’autre et de la nature, de travail de pensée a priori. Il y a une logique interne, dans cette culture, entre Aluna (l’âme), le Seiwa (la conscience), l’intérêt du groupe, l’efficacité de l’action, le respect de la nature, l’équilibre de toute chose, la canalisation de l’énergie par le biais des rituels souvent dansés, dont les éléments sont des plumes, des coquillages, des pierres, des flûtes, des tambours. L’assomption du « pouvoir » chez les Kogis est également d’un intérêt majeur pour notre modernité. Si l’autorité morale d’un mamu est reconnue, comme la valeur des « anciens » d’ailleurs, il n’y a pas de « chefs » au sens où nous l’entendons dans nos sociétés plus ou moins militarisées. C’est la parole qui prime. Une parole collective qui force chacun dans ses retranchements pour aboutir à une action réellement responsable parce que collective. L’acte est toujours précédée de la pensée. La discussion collective dans laquelle chaque mot prononcé exclut tout bavardage insignifiant, est de règle. Autant dire que le silence dégage une valeur d’approfondissement et de gravité impressionnante. Rien d’étonnant, ensuite, de voir que la tâche entreprise est réalisée avec une efficacité remarquable. On pourrait résumer le sens de l’éducation dans la société Kogi comme un processus visant à faire découvrir, par l’expérience intime, et la mimesis, la logique interne suivante, exprimant la vision du monde de ce peuple-racine :

Que m’enseigne ce sens de l’éducation des Kogis ? Sans doute faut-il d’abord commencer par soi-même ? Je suis un parisien de plusieurs générations, un citadin qui aime sa ville, son quartier populaire. L’univers mental et culturel des Kogis me semble très éloigné et, cependant, très proche. Depuis mon enfance, je suis un être mytho-poétique. J’ai toujours eu besoin de nature, de poésie, de chaleur humaine. J’aime la musique et l’art qui prolongent le mystère d’exister. À Paris, je me contente simplement de la verdure des parcs proches de mon domicile et du sens de l’amitié dans les actions pour la vie menées en commun. Les Kogis me rappellent que si nos sociétés modernes deviennent de plus en plus des villes enchevêtrées, nous devons toujours préserver un espace de nature pour survivre. Plus encore, ils sont sur terre pour nous dire de faire attention à sa destruction systématique par nos réalisations vaniteuses et mercantiles car, la destruction de la terre, c’est à la fois leur propre fin et la nôtre également. Plus que jamais, les Kogis me confortent dans la philosophie tragique et ouverte d’un Edgar Morin qui, dans son livre La Terre-patrie nous parle d’une sorte de spiritualité laïque en émergence. Une conscience lucide de faire partie d’un exception cosmique inimaginable – notre Terre, perdue dans l’espace, livrée à notre seule action collective responsable, pour le meilleur et pour le pire. Les Kogis nous prouvent que nous avons besoin de la différence, de l’altérité pour nous comprendre. Ils nous rappellent à l’ordre quand notre sens de l’ordre devient un désordre établi pour l’ensemble du monde. Ils sont le miroir dans lequel notre image prend feu dans le miroitement de son insignifiance. Accepterons-nous de nous voir autrement, parce que nous aurons construit ensemble un autre visage d’être humain, plus solidaire et plus conscient de la nature et des vivants qu’elle a fait naître ?

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