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  • Sous-marin en plongée

    Le discours des gens me sidère. C'est un déni de conscience qui représente une menace considérable.

    C'est le "jusqu'ici, tout va bien, j'arrive encore à trouver des lieux épargnés."

    Le Moi souverain et l'absence totale de considération envers les autres, envers la nature, envers la Terre et l'ensemble du vivant. L'impression de voir des individus s'agitant dans une poche d'air, une poche d'air qui diminue en fonction de cette agitation, ils prennent ce dont ils ont besoin, juste attachés à leurs désirs, indifférents des effets de cette frénésie consommatrice.

    Nous sommes tous dans ce sous-marin où la quantité d'oxygène diminue, jour après jour. Et nous plongeons toujours au plus profond. Je pourrais m'amuser en pensant à ceux qui sont allés en Norvège pour être au frais, la Norvège qui connaît actuellement des pluies diluviennes. Même chose en Slovénie, plus grande catastrophe naturelle en trente ans.

    Mais bon, pour que tous ces gens réalisent que le réchauffement de la planète induit des phénomènes météorologiques comprenant des inondations, des tornades, des orages dévastateurs et probablement des chutes de neige phénoménales et des températures épisodiquement basses, il faudra du temps, beaucoup de temps.

    Et pendant ce temps, le sous-marin continue à descendre.

     

     

    LONDRES (Reuters) - Attirés par des températures plus clémentes, les touristes et les voyagistes vont, à l'avenir, privilégier les destinations du nord de l'Europe après un été qui a été marqué par des canicules et des feux de forêt dans le sud du Vieux continent.

    La région méditerranéenne reste la plus prisée des touristes en Europe, mais les réservations vers les pays comme le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas, la Norvège ou encore la Suède sont en hausse par rapport à 2022, selon des données publiées par Mastercard, entreprise américaine de paiement.

    Des vols moins chers et une dévaluation de certaines monnaies en Scandinavie participent à cette nouvelle attractivité, mais le changement climatique est aussi une des raisons avancées mercredi par TUI, le plus grand voyagiste au monde.

    L'entreprise pourrait voir sa saison estivale commencer plus tôt au printemps et terminer à l'automne, a expliqué Sebastien Ebel, président du directoire de TUI. Et l'offre vers les pays nordiques, les Pays-Bas, la Pologne et la Belgique pourrait aussi s'étoffer.

    "Nous irons en Grèce jusqu'en novembre et peut-être qu'on devrait laisser cette destination ouverte jusqu'à la fin de l'année, après même Noël", a-t-il ajouté lors d'un entretien téléphonique avec des journalistes.

    "Cela laisse plus d'opportunités pour la croissance", a-t-il indiqué.

    Le voyagiste vient juste d'annoncer qu'il pourrait faire face à une ardoise de 25 millions d'euros à cause des incendies à Rhodes en Grèce qui ont forcé le rapatriement de milliers de touristes européens.

    En Norvège, les voyagistes voient une augmentation de la demande, comme à l'île de Vesteraalen, dans le nord du pays. L'office de tourisme a indiqué que des touristes étaient venus d'Europe centrale et du Sud pour échapper à la canicule.

    Conséquence, des vols directs vers le nord de la Norvège ont été créés.

    Fabio Scaglione et Diego Bruno faisaient partie d'un groupe de touristes venu d'Italie qui a visité la semaine dernière Stockholm.

    "L'an dernier, nous sommes allés dans le sud de l'Espagne et il faisait très chaud. Cette année, nous avons décidé d'aller dans un lieu plus frais", affirme l'un d'eux.

    Heather Storgaard, une touriste écossaise, va passer une partie de ses vacances d'été au Danemark et dans le nord de l'Allemagne. Les températures élevées l'ont tenue éloignée du sud de l'Europe ces cinq dernières années.

    "Avant, j'ai été en France, en Italie, des destinations estivales normales mais j'ai commencé à me sentir mal", affirme-t-elle.

    "Même l'Allemagne et la Suisse se situent trop au sud, j'y étais l'année dernière et il faisait déjà trop chaud", avance la touriste écossaise.

    Margit Wissenbach, une Allemande vivant au Danemark, a visité la Suède cette année avec l'intention de partir randonner et de visiter des villes comme Göteborg.

    Souvent amenée à se rendre en Italie pour son travail, elle affirme préférer le nord pour les vacances : "Je préfère marcher sous la pluie que dans un four".

    (Reportage par Joanna Plucinska, Marie Mannes et Rachel More; version française Zhifan Liu, édité par Kate Entringer)

  • Pourquoi écrire ?

     

     

    Coeurouvertwhite 1« Si tu n’es pas toi-même, qui pourrait l’être à ta place. » C’est de Henry David Thoreau, précisa-t-elle. Et je ne veux pas me détacher de ça. C’est pour ça que j’écris. Je pense que seule cette démarche permet d’extraire de soi l’essentiel. Les pensées sont insuffisantes, elles sont trop volages. Si vous cherchez à les développer avec vos semblables, elles se perdront en cours de route parce qu’elles opteront pour la confrontation ou l'adhésion ou même la séduction et cette intention, conflictuelle ou imitative, vous arrachera à vous-mêmes. Les arborescences créées par les échanges verbaux vous éloigneront irrémédiablement de la révélation que contenait le message initial, celui qui est au cœur de l’individu. Rien ne peut se faire hors de la solitude existentielle. Les mots écrits seront des balises, des scalpels, les outils de l’autopsie. Lorsque j’écris, ce sont les mots qui créent le courant de l’exploration, ils se renforcent les uns les autres. Il ne s’agit plus seulement de pensées mais de sculptures. Tout reste gravé et la contemplation des architectures déclenche immanquablement le désir de reprendre le burin et de tailler encore et encore dans la masse. Sans ces écrits, les pensées se sont évanouies depuis bien longtemps déjà et il faut tout reprendre au début. L’apathie spirituelle de l’humain est entretenue par cette dictature de la parole, un flot éternel qui ne supporte aucun barrage. L’écrit individuel, l’autopsie solitaire, le dépeçage des pensées et l’élimination systématique des bavardages immatures, voilà ce qui m’importe et nourrit la fièvre bienheureuse de mes plongées intérieures.

  • L'émerveillement

    "Notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. Grâce à lui je sortirai du plus sombre des labyrinthes". Christiane SINGER

     

     

    Le plus sombre des labyrinthes. La période actuelle n'a pas, pour moi, la géométrie d'un labyrinthe car dans un labyrinthe, il existe une issue et donc une délivrance. Il n'y a pas d'issue à la voie dans laquelle l'humanité s'est engagée. Il n'y a aura pas de délivrance mais une sanction. Il s'agira par contre d'une délivrance pour la nature, pour la planète, pour la vie ou tout du moins, pour ce qui n'aura pas disparu. Je m'érige contre les individus qui se contentent de dire que la Terre vivra très bien sans le poids écrasant de l'humanité car c'est ignorer les milliards d'animaux et de plantes qui auront disparu, non pas naturellement, mais qui auront été éliminés. Cette "délivrance" ne surviendra qu'au terme d'une hécatombe. Elle est déjà en cours. Il est clair par contre que la période qui suivra la fin de l'hégémonie humaine sera profitable à la nature. Car c'est vers cette fin que nous allons. C'est pour moi une certitude. Il ne manque que le délai. Les raisons de ce déclin majeur et irréversible sont si nombreuses qu'il ne reste qu'à tenter d'identifier celle qui sera la plus "efficace". Pour ma part, c'est le déréglement climatique car c'est celui qui englobe l'ensemble de la planète. Les autres motifs ne seront que des conséquences.

    Que vient faire l'émerveillement dans ce scénario ? Il est ce qui me permet de vivre sans que la conscience du désastre en cours ne devienne mortifère.

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    L'ÉMERVEILLEMENT AU CŒUR DE LA SAGESSE.

     

     12 Jui 2019

    https://www.devansens.com/index.php?option=com_k2&view=item&id=142:l-emerveillement-au-coeur-de-la-sagesse

    L'émerveillement exprime un étonnement qui jaillit en l'être humain face à ce qui dépasse son entendement. La capacité de s'émerveiller possède le parfum de la candeur et la profondeur de la sagesse. Elle intensifie notre état de présence, allège notre cœur et revigore notre intelligence.

    L’émerveillement, cet éblouissement fait d'étonnement et d'admiration, défini un certain regard porté sur le monde plus que le caractère plus ou moins merveilleux de l'objet regardé. Les photographes par exemple savent bien qu'une très légère variation de l'angle de l'objectif peut suffire pour que l'objet le plus banal se transmue en merveille. Nul besoin, pour rentrer dans l'émerveillement, de contempler quelque chose de grandiose ou d'admirable. Cet état peut jaillir subitement de la contemplation des choses les plus simples en apparence, car la réalité a toujours le pouvoir de surprendre.

    On peut dire que la philosophie commence précisément avec la capacité de s'émerveiller considérée comme l'expérience fondatrice de la pensée. Selon Socrate, la philosophie n'a d'autre origine que la capacité de s'émerveiller. Et Aristote enseignait que "ce fut l'émerveillement qui poussa les premiers penseurs aux spéculations philosophiques".

    Progressivement, toutefois, l'émerveillement a été considéré comme une étape "primitive" du déploiement de la pensée. Pour certains philosophes comme Cicéron, Horace et plus Descartes, celui qui veut connaître le monde doit se discipliner et cesser de s'émerveiller au risque de ne jamais accéder à la vérité. Au XVIIIème siècle, l'esprit critique et la raison scientifique s'érigent en valeurs absolues en Occident, tandis que l'émerveillement est considéré comme un trait peu évolué de la pensée, propre à l'enfance ou aux peuples "arriérés".

    Au tournant du XIXème siècle, en rupture avec la visions scientifique, les romantiques réenchantent le monde et font de ce dernier une source d'étonnement plus que d'analyse. Pour eux, loin de nier la raison, l'émerveillement la dépasse dans l'intuition poétique. Dans la contemplation émerveillée des choses simples, l'essence pure de tous les savoirs, capable d'inonder de délice le cœur de l'Homme.

    Certains êtres semblent accéder plus aisément à la saisie poétique du monde que d'autres. Comme le rappelle l'écrivain et aventurier Sylvain Tesson "dans la plus aride des steppes, les contemplateurs trouveront toujours à s'émerveiller". L'émerveillement serait-il alors un ravissement spontané qui jaillit subitement et qui ne peut pas se commander, ou bien pouvons-nous contrôler, voire libérer, notre capacité à nous émerveiller ? Certes, les poètes et certains génies saisissent la beauté de chaque instant, sans raison, comme une grâce. C'est ce qu'illustre très bien le haïku, forme poétique japonaise traditionnelle où le poète paraît se contenter de voir le monde apparaître, en exprimant et célébrant l'évanescence des choses. Une lande enneigée en hiver, le bond d'une grenouille dans une mare, le soupir du vent nocturne, un corbeau qui s'envole en croassant, il n'en faut pas plus pour être au cœur de la création, de son mystère et de sa parfaite harmonie.

    L'émerveillement ne se provoque donc pas, mais il peut être convoqué par une certaine disponibilité mentale. Il est possible de choisir de s'ouvrir à tout ce qui entre dans notre champ de vision, soit un objet sublime et somptueux soit un détail trivial et modeste. Le fait de cultiver l'admiration au quotidien nous donne ainsi accès à un émerveillement adulte plus profond et fécond que la naïveté première de l’enfance. Cette "naïveté seconde" retrouve l'innocence sur un mode plus élevé, purifié. Ni fuite hors des conditions de vie routinières ni rêverie niaise où s'abriter peureusement de la réalité, l'émerveillement mature nous rendrait capables d'établir une relation plus vibrante et plus intense. 

  • Dissonance pétrolière

    Rien de bon ne viendra du monde politique et donc, au-dessus, des financiers. Nous continuerons dans la même voie, aussi longtemps que ça sera possible et lorsque ça tournera mal, vraiment mal, ça sera trop tard. Et ceux, parmi nous, qui n'auront pas voulu "faire d'efforts", je leur souhaite bien du plaisir. 

     


    Selon un sondage YouGov du printemps, 65% des Britanniques se disent inquiets des conséquences du changement climatique, mais ils s'opposent majoritairement à la plupart des mesures qui leur demanderaient un effort personnel.

    cours du petroleLondres: Le gouvernement britannique a promis lundi des "centaines" de nouvelles licences d'exploration et d'exploitation pétrolières et gazières, en mer du Nord, mais cet assouplissement de l'approche du Premier ministre Rishi Sunak face au réchauffement climatique a été condamné par les associations écologistes.Cette annonce intervient en plein questionnement, au sein de la majorité conservatrice mais aussi dans l'opposition travailliste, de certaines politiques vertes en raison de leur coût pour les Britanniques, durement frappés par l'inflation.

    Avec cette annonce, Rishi Sunak, qui s'est présenté pendant le week-end en défenseur des automobilistes victimes des politiques vertes, s'oppose aussi frontalement aux travaillistes. Le Labour, largement donné en tête des prochaines élections législatives en 2024, veut mettre fin à l'octroi de nouvelles licences d'exploration pétrolière et gazière en mer du Nord.

    "Nous avons tous été témoins de la manière dont (le président russe Vladimir) Poutine a instrumentalisé l'énergie, perturbant les approvisionnements et faisant caler la croissance dans des pays du monde entier", a déclaré le chef du gouvernement conservateur dans un communiqué.

    "Il est plus que jamais vital que nous renforcions notre sécurité énergétique et capitalisions sur cette indépendance pour procurer de l'énergie plus abordable et propre aux foyers et entreprises britanniques", a ajouté Rishi Sunak.

    Le Premier ministre a assuré que même quand le Royaume-Uni aura atteint son objectif de neutralité carbone en 2050, un quart de ses besoins en énergie proviendra du pétrole et du gaz.

    Greenpeace a dénoncé un "stratagème politique cynique pour semer la division", dont "le climat est un dégât collatéral". "Alors qu'incendies et inondations dévastent habitations et vies à travers le monde, le gouvernement de Rishi Sunak a décidé de reculer sur des politiques clé sur le climat", a dénoncé Philip Evans, responsable climat chez Greenpeace Royaume-Uni.

     

    ⤵ PREMIÈRES LICENCES À L'AUTOMNE

    Les politiques vertes semblent sur la sellette au Royaume-Uni, notamment depuis la défaite surprise du Labour face aux conservateurs dans une élection locale de l'ouest de Londres.

    Ce résultat a été mis sur le compte de la défiance des électeurs face à l'extension prévue fin août d'une taxe sur les véhicules polluants à l'ensemble du Grand Londres voulue par le maire travailliste Sadiq Khan.

    Sous forte pression d'une frange de la majorité, le gouvernement a laissé entendre que certains objectifs environnementaux pourraient être assouplis, notamment sur les normes énergétiques des logements.

    Le soutien à l'exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord va permettre de maintenir plus de 200.000 emplois, assure Downing Street.

    Les premières nouvelles licences doivent être délivrées à l'automne.

    Le gouvernement a dévoilé en outre deux premiers sites de capture et de stockage de CO2 en mer du Nord, secteur susceptible de soutenir jusqu'à 50.000 emplois, selon Downing Street. Mais certains écologistes accusent cette technologie de pouvoir servir d'excuse à la poursuite de l'exploitation des énergies fossiles.

    Un "vernis vert", a dénoncé Friends of the Earth. Si cette technologie fonctionnait un jour, ce dont cette association doute à court terme, elle ne capterait pas "toute la pollution climatique causée par la combustion des énergies fossiles" ou les émissions lors de leur extraction.

    Impliqué dans l'un d'eux, le groupe 
    Shell a salué un "projet central" parmi les projets pour "décarboner les opérations en mer du Nord".


     

    ⤵ "APATHIE" SUR LE CLIMAT

    "Nous ferons la transition vers la neutralité carbone", a affirmé Rishi Sunak sur les ondes de la BBC en Ecosse. "Mais nous le ferons d'une manière proportionnée et pragmatique qui n'ajoute pas nécessairement au fardeau ou aux prix des factures des familles."

    Selon un sondage YouGov du printemps, 65% des Britanniques se disent inquiets des conséquences du changement climatique, mais ils s'opposent majoritairement à la plupart des mesures qui leur demanderaient un effort personnel.

    Le Royaume-Uni subit les effets du réchauffement. Un rapport des services météorologiques a averti récemment que les températures record de l'été 2022, où les 40 Grad ont été dépassés, paraîtraient "fraîches" d'ici à la fin du siècle.

    Fin juin, le secrétaire d'Etat chargé du climat au ministère des Affaires étrangères, Zac Goldsmith - proche de l'ex-Premier ministre Boris Johnson -, a quitté le gouvernement, reprochant notamment à Rishi Sunak de ne pas s'intéresser à l'environnement et dénonçant "l'apathie" de l'exécutif sur le climat.

  • De l'importance d'une mare

    Les libellules sont rapidement arrivées sur les plantes aquatiques de notre mare et c'est un émerveillement.

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    Mares, mares, mares !

     

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mardi-27-juin-2023-5364000

     

    Mardi 27 juin 2023LECTURE

    ÉCOUTER (50 MIN)

    Plus de 50 % des zones humides ont disparu en 30 ans dont les mares ©Getty - Tim Bieber

    Les plus écoutésde France Inter1

     

    Provenant du podcastLa Terre au carré

    CONTACTER L'ÉMISSION

    Les mares sont des trésors de biodiversité et des puits de carbone cruciaux pour lutter contre le changement climatique. Mais plus de 50% des zones humides ont disparu en 30 ans... Comment protéger, restaurer et recréer ces milieux souvent ignorés et pourtant source d’une précieuse richesse ?

    Les mares sont des trésors de biodiversité trop souvent ignorées. Véritable hot spot, elles abritent un cortège d'espèces protégées et menacées. Avec un écosystème spécifique, les mares ont la particularité que les rayons du soleil atteignent le fond, contrairement aux autres zones humides comme les lacs, ce qui lui confère un écosystème particulier et unique. Elles sont souvent temporaires, et leur niveau fluctue tout au long de l'année.

    Les mares sont également des puits de carbones très performant, et de puissantes alliées face au changement climatique. Leur rôle, autant pour la biodiversité que le climat, est donc crucial.

    Mais aujourd'hui, plus de 50% des zones humides ont disparu ou ont été asséchées dans le monde. Victimes d'une mauvaise réputation bien souvent injustifiée, les mares sont également la proie de l'artificialisation des sols pour l'urbanisation et l'agriculture, sans compter les pollutions visibles et invisibles. Nous avons grignoté, détruit nombre des milieux naturels propices à l'apparition des mares, ces "accidents naturels"... Comment les protéger, les restaurer, et les recréer ? Comment une mare fonctionne-t-elle ? Quelle est sa faune et sa flore ? Quels outils concrets existent-ils pour créer sa mare ? Quelle est la législation ? Comment faire concrètement ?

    Par définition, une mare a une surface de moins de 5 000 mètres carrés et une profondeur maximum de deux mètres. Toute une flore s'y développe en lien avec le rayonnement du soleil, qui va pouvoir percer les strates de l'eau jusqu'au sol et permettre à la végétation de se développer.

    Une mauvaise réputation

    Pour le grand public, la mare traîne souvent une mauvaise réputation. Elle attire les moustiques et est responsable de mauvaise odeur. Il y a une méconnaissance de ces petits milieux qui ont une grande richesse de biodiversité et qui apportent plein de services écosystémiques et de services rendus à l'homme. Elle apporte, par exemple, des solutions de lutte contre le changement climatique puisque ce sont de bons puits de carbone. Il y a donc une nécessité à les réhabiliter : « C’est important pour à la fois la biodiversité, la lutte contre le changement climatique, mais aussi pour les êtres humains. On pense souvent que c'est utile aux amphibiens, mais c'est aussi utile à nous. » comme le rappelle Marguerite Nielen, étudiante en alternance. Pour elle, tout a démarré d'un projet étudiant en licence professionnelle : « Je me suis passionnée pour ces milieux qui sont très riches, alors qu’ils sont menacés puisque plus de 50 % ont disparu. »

    Une formation autour de la mare

    Éric Demerger est formateur pour la conception des mares : « Depuis le début des années 2000, il y a une très forte demande autour de cette formation. Les candidats sont pour la plupart des agents de collectivités, ou des gens qui souhaitent se reclasser professionnellement, et qui ont des projets de vie centrés sur l'environnement. »

    À lire aussi : Les libellules n'ont plus d'habitat : un millier d'espèces sont menacées de disparition

    Le cycle de vie d’une marre

    La mare a des cycles périodiques : les périodes de reproduction commencent en février et en mars et se prolongent sur les mois qui suivent. Il est donc très important de ne pas intervenir sur les mares entre février et septembre parce qu'on pourrait perturber la reproduction des animaux, mais aussi des plantes. Mais si l’homme n’intervient pas, elle finit par se combler naturellement, de la même manière qu'une prairie devient petit à petit une forêt si on ne fauche pas. Il est aussi important de laisser le niveau de la mare descendre pour qu'on obtienne une zone de battant, c'est-à-dire une zone humide sur le côté, mais qui est hors eau dans certaines parties.

    Le problème de la sécheresse

    Avec les épisodes de sécheresse de plus en plus longs et les températures qui augmentent, cela pose des problèmes sur la biodiversité des mares, comme l’explique Fanny Mallard : « Dans le cadre de notre programme, nous sommes en contact avec les différents acteurs des mares en France et notamment dans le département du Var où on nous a signalés que cela fait deux ans que les mares ne suivent plus en eau, il y a une problématique de sécheresse en lien avec le changement climatique. Si elle s'assèche en pleine reproduction et en plein pendant que les espèces réalisent leur cycle biologique, il va y avoir des pertes d'individus. »

    Les bénéfices d’une mare

    Fanny Mallard travaille sur la thématique du changement climatique et de l'intégration de la protection des milieux naturels : « On se rend compte que les mares sont des bons puits de carbone. On va avoir à peu près, une tonne de carbone par an qui est assimilé sur une mare d'à peu près 500 mètres carrés. Un autre point : les mares sont des îlots de fraîcheur. On peut être entre -0,5 à -4 degrés par rapport à la fraîcheur qui est dégagée de la zone humide. »

    Créer un écosystème complet

    Il est important d'avoir une mare en bon état de conservation, comme le rappelle Margueritte Nieler : « Si on a une mare qui fonctionne bien avec toute la chaîne alimentaire derrière, comme les moustiques à la fois sur la phase adulte, mais aussi en phase larvaire, cela permet de réguler et d'avoir un écosystème fonctionnel. Les moustiques ne pulluleront pas, car ils attirent, par exemple, les oiseaux. 

  • LES HEROS SONT TOUS MORTS : commentaire

     

    Les heros sont tous morts

    Je viens de découvrir un commentaire qui date de 2022 sur "Les héros sont tous morts". Il faudrait que je crée une "alerte" ^^

    "LesLivresDeCedrick

    LesLivresDeCe...

    25 avril 2022

    La chance se retourne parfois contre vous. C'est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit de la découverte d'une très grosse somme d'argent. Un million quatre cent mille euros pour être précis. Que feriez-vous si vous trouviez cette somme ? le premier à découvrir la malette pleine de billets ne se pose pas longtemps la question et passe à l'action. Lui, comme les autres, pense qu'il aura le temps plus tard pour réfléchir...

    Tout au long de son roman, l'auteur met en scène une sorte de course de relais. A ceci près que les "athlètes" sont tous concurrents entre eux. On assiste au passage de témoin funeste entre les différents héros d'un court instant. Leur chance tourne vite et laisse place à celle du héros suivant... au prix de leur vie.

    J'ai vraiment aimé cette course de fond(s). La lecture est rythmée et pleine de surprises. le lecteur, tout comme les différents personnages, n'a pas le temps de s'ennuyer ou de faire une pause. On court tous ensemble dans une fuite en avant.

    Ce roman de près de 200 pages est dense, de grande qualité et avec un scénario vraiment original. Je vous conseille donc chaleureusement "Les héros sont tous morts".

    https://www.babelio.com/.../Ledru-Les-Heros-sont.../1093110#!

  • Texte de Fred Vargas

     

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    Texte écrit par Fred Vargas et lu par Charlotte Gainsbourg à l’inauguration de la COP24, en décembre 2018

     

    Posted on 9 novembre 2019 by  • Posté dans Pensées d'auteursVARGAS Fred • Tagué  • Poster un commentaire

    « Nous y voilà, nous y sommes.

    Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal.

    Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance. Nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine.

    Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout du monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés.

    On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.

    Franchement on s’est marrés. Franchement on a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes.

    Mais nous y sommes.

    À la Troisième Révolution. Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie.

    « On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.

    Oui. On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau.

    Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse).

    Sauvez-moi, ou crevez avec moi. Évidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux. D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance.

    Peine perdue. Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais. Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille –, récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés).

    S’efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde.

    Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d’échappatoire, allons-y. Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible. À condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie, une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut-être.

    À ce prix, nous réussirons la Troisième Révolution. À ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore. »

    (Texte lu par Charlotte Gainsbourg à l’inauguration de la COP24, en décembre 2018 – L’humanité en Péril – P. 8 – 10)

  • Cette fameuse liberté

    Très clairement, pour moi, le tourisme par avion devrait être supprimé, interdit, totalement.

    Mais lorsque j'écris ça, je sais et j'entends déjà toutes les voix qui hurleraient qu'une telle mesure serait une atteinte à la liberté, la liberté de profiter de son temps libre, la liberté de voyager, de découvrir de nouveaux lieux, de s'extraire du quotidien, de rencontrer de nouvelles personnes, de nouvelles cultures etc etc ...

    Et cette atteinte à la liberté individuelle serait inacceptable.

    Ok, c'est facile. Une réaction primaire en fait. Une réaction individualiste. Parce que maintenant, il faut voir quels sont les effets de cet individualisme sur l'ensemble. Juste un exemple avec l'interdiction d'aller marcher dans certains massifs forestiers. Si on considère que des millions d'individus prennent l'avion dans le cadre de leur liberté de se déplacer, cette liberté porte atteinte à ceux qui veulent juste aller marcher dans les forêts de leur région. Le comportement des uns impacte celui des autres. On me dira que le tourisme par avion n'est pas le seul responsable du réchauffement climatique. Oui, c'est vrai. Et alors ? Est-ce que ça signifie qu'il est justifiable, acceptable, inattaquable ? 

    ""Ce mardi 25 juillet est une journée à haut risque dans le Gard, l’Hérault et l’Aude. Les conditions météorologiques rendent le risque de départ et de propagation de feux de forêt très élevé. L’accès à la plupart des massifs est fermé.""

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/gard/nimes/feux-de-foret-risque-d-incendie-tres-eleve-l-acces-a-certains-massifs-forestiers-de-l-herault-du-gard-et-de-l-aude-interdits-2816942.html

    Les conditions météorologiques...Oui, mais ça, c'est un constat immédiat, événementiel. C'est à la cause qu'il faut remonter.

    Un autre exemple et effroyablement plus dramatique:

    34 personnes sont mortes brûlées en Algérie, encerclées par les flammes. 

     

    Des soldats se sont retrouvés encerclés par les flammes alors qu'ils étaient évacués de Beni Ksila, dans la zone de Béjaïa, accompagnés d'habitants de hameaux limitrophes, a indiqué le ministère de la Défense, qui a annoncé la mort de 10 militaires.

    Outre le bilan mortel, des blessés, en nombre indéterminé mais dont certains grièvement brûlés, sont à déplorer, selon le gouverneur de Béjaïa.

    Plus de 1.500 personnes ont dû être évacuées de certains villages alors que des tornades de feu se rapprochaient de leurs maisons. Des stations balnéaires du littoral prisées des estivants ont également été détruites par les flammes.

    https://www.lepoint.fr/monde/algerie-beaucoup-de-degats-et-au-moins-34-morts-dans-de-violents-incendies-25-07-2023-2529456_24.php#11

    Alors, certains vont dire que les services de secours sont mal organisés, que les forêts ne sont pas entretenues, que les gens n'écoutent pas les consignes etc etc... On ne sera toujours pas dans les causes réelles de ces drames.

    Et c'est là qu'il faut parler de l'Anthropocène : 

     

    https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/271086-terre-climat-quest-ce-que-lanthropocene-ere-geologique

    (Si vous ouvrez ce lien, vous verrez qu'il s'agit d'un site gouvernemental et pas d'un site complotiste ou "d'écolobobo" ou d'écoterroristes ou "Khmers verts" ou autres étiquettes qui généralement et malheureusement font fuir...)

    Parole d'expert

     

    Qu'est-ce que l'Anthropocène ?

     

    Société

    Publié le 8 octobre 2019

     Temps de lecture 12 minutes

    Par : Francois Gemenne et Marine Denis

    L’Anthropocène est une nouvelle époque géologique qui se caractérise par l’avènement des hommes comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques. C’est l’âge des humains ! Celui d’un désordre planétaire inédit.

    SOMMAIRE

    Une nouvelle époque géologique

    L’importance de l’Anthropocène

    La Terre et le monde

    L’Anthropocène comme concept politique

    L’histoire de la Terre et celle de l’espèce humaine ont aujourd’hui convergé. Cette collision de deux Histoires marque une rupture dans la relation qui unit les hommes à la Terre. Pour la première fois, ce sont en effet ses habitants qui sont devenus les principaux moteurs des changements qui l’affectent.

    Les désordres générés par les effets de l’activité humaine ont des conséquences multiples : climat, sécurité alimentaire, accès aux ressources vitales, migrations forcées et soudaines, précarité énergétique… Ils contraignent les relations internationales à inventer et mettre en œuvre de nouvelles politiques globales.

    Une nouvelle époque géologique

    Quand le naturaliste et mathématicien Buffon (1707-1788) écrivait dans « Les Époques de la nature » en 1778 que « La face entière de la Terre porte aujourd’hui l’empreinte de la puissance de l’homme », sans doute ne pouvait-il imaginer que, trois siècles plus tard, les géologues allaient décider de formaliser ce constat sous la forme de la définition d’une nouvelle époque géologique.

    En 2000, le biologiste américain Eugene F. Stoermer, le chimiste et Prix Nobel de chimie néerlandais Paul Josef Crutzen évoque pour la première fois le terme d’« Anthropocène ». Cette nouvelle phase géologique dont la révolution industrielle du XIXe siècle serait le déclencheur principal, est marquée par la capacité de l’homme à transformer l’ensemble du système terrestre.

    Pour la première fois, l’histoire de la Terre entre en collision avec celle des hommes et des femmes qui l’habitent.

    Le fracas qu’a provoqué dans la communauté scientifique cette annonce, encore discutée et critiquée par la Commission internationale de stratigraphie (International Commission on Stratigraphy, ICS), marque un profond changement dans le positionnement de l’homme face à son environnement naturel.

    Si le climat a toujours été un facteur d’influence majeur dans le développement des grands mouvements économiques ou sociaux, l’ère de l’Anthropocène met au défi l’espèce humaine et ses capacités d’anticipation, de contrôle et de résilience sur les écosystèmes existants.

    Pour la première fois, l’histoire de la Terre entre en collision avec celle des hommes et des femmes qui l’habitent, redessinant ainsi les contours d’une nouvelle géopolitique : une politique de la Terre, qui reste à inventer.

    Car le désordre engendré par les effets de l’activité humaine sur le climat ne porte pas que sur la Terre. Il porte aussi sur le monde et diverses facettes de l’activité humaine : sécurité alimentaire, accès aux ressources vitales, migrations forcées et soudaines, précarité énergétique. L’avènement de l’Anthropocène, en quelque sorte, sonne le glas d’une vision binaire de l’homme séparé de son environnement, de la dichotomie entre la Terre et le monde.

    Le climat : une profonde rupture

    Parole d'expert

    Par Emmanuel Le Roy Ladurie

    4 décembre 2019

    L’importance de l’Anthropocène

    Au cours des 12 000 dernières années, l’humanité s’est développée dans l’Holocène, une période géologique interglaciaire, qui succédait à l’époque glaciaire du Pléistocène et qui était marquée par une remontée des températures et du niveau des mers.

    L’Holocène se caractérise par une phase particulièrement stable pour le mode de développement de l’espèce humaine que nous connaissons aujourd’hui. La hausse des températures a permis une importante migration des populations vers le nord, qui devenait bien plus habitable.

    De nombreux géologues estiment toutefois que l’Holocène s’est terminé vers 1950, lorsque les tests nucléaires ont dispersé dans l’atmosphère d’importantes quantités de particules radioactives. Cette époque est également marquée par une grande accélération de l’activité humaine dans un contexte économique de reconstruction, d’industrie performante et de modernisation de l’agriculture.

    En août 2016, le Congrès international de géologie qui se tenait au Cap en Afrique du Sud a ainsi reçu la recommandation de prendre officiellement acte du commencement d’une nouvelle période géologique : l’Anthropocène.

    Cette nouvelle époque se caractérise par l’avènement des humains comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques : l’Anthropocène, c’est l’âge des humains.

    Les activités de l’Homo sapiens modifient la composition de l’atmosphère et la réchauffent à marche forcée, en chargeant l’environnement de nouvelles substances chimiques de synthèse qui se répandent. Le développement économique et social des activités humaines provoque le rejet d’éléments microplastiques à la surface de tous les océans du globe, érode la biodiversité et accélère la disparition d’espèces animales. Pour la première fois dans l’histoire de la Terre, ce sont ses habitants qui sont devenus les principaux moteurs des changements qui l’affectent.

    Les scientifiques ont observé au cours de ces cinquante dernières années le déclin rapide des fonctions et des services de l’écosystème de la planète, en particulier sa capacité à réguler le climat sur le long terme dans les espaces habitables et cultivables.

    L’espèce humaine doit désormais se préparer à rompre avec cet ancien modèle selon lequel les écosystèmes se comportent de façon linéaire, prévisible, sur lesquels l’homme peut maintenir son contrôle et exercer ses activités de développement. L’espèce humaine devient le principal facteur et déclencheur de changements au niveau planétaire.

    L’étude scientifique menée par Johan Rockström, directeur du Stockholm Resilience Center de l’université de Stockholm, recense l’existence de neuf limites planétaires qui déterminent le cadre d’un espace sécurisé pour l’homme. Ce « terrain de jeu délimité » agirait comme garde-fou de l’activité humaine susceptible de provoquer des changements environnementaux non soutenables.

    Parmi ces limites, le changement climatique, la réduction de l’ozone stratosphérique et l’acidification des océans pour lesquels les preuves de dépassement de seuils à grande échelle ont déjà été observées par les scientifiques, l’interférence dans les grands cycles de l’azote et du phosphore de la planète, les changements d’exploitation des sols, la consommation mondiale d’eau douce, le taux de diminution de la biodiversité. Sur ces neuf limites, deux paramètres n’ont pas été encore quantifiés : la pollution de l’air et la pollution chimique.

    Plusieurs de ces « neuf limites » ont d’ores et déjà été dépassées, à l’exemple du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Dans cette étude, les scientifiques estiment ainsi que la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2) ne doit pas dépasser une valeur comprise entre 350 et 450 ppm (partie par million). Or, la teneur moyenne actuelle se situe au-dessus de 400 ppm.

    Au-dessus du seuil de 450 ppm, les impacts toucheront l’ensemble du globe. Le maintien du réchauffement climatique sous la barre des 2 °C à l’horizon 2100 fixé par la communauté internationale à l’issue de la conférence sur le climat de Copenhague en 2009 présenterait, même atteint, des risques significatifs pour toutes les sociétés humaines.

    L’érosion de la biodiversité semble également sans appel. Les biologistes estiment que le recul de la biodiversité animale annonce les prémices d’une sixième crise d’extinction biologique massive de la planète. La limite d’érosion de la diversité du vivant étant largement dépassée, se pose également la question de la capacité de réaction et de renforcement des systèmes naturels et biologiques.

    Les systèmes biologiques et naturels ont des états stables multiples maintenus grâce à leur capacité de résilience, qui leur permet d’intégrer dans leur fonctionnement une perturbation, sans pour autant changer de structure qualitative.

    Phénomène étroitement lié à la perte de biodiversité, le changement rapide d’usage des sols résulte d’une course économique aux terres arables. Les chercheurs fixent le seuil de conservation du couvert forestier dans les zones auparavant forestières à 75 %, alors qu’il n’est en moyenne aujourd’hui qu’à 60 %. Certains indicateurs demeurent toutefois au vert, comme l’utilisation d’eau douce, l’intégrité de la couche d’ozone, l’acidification des océans dont les indices sont en deçà des limites calculées par les chercheurs.

    La Terre et le monde

    Les périodes de l’histoire de la Terre et de celle de l’histoire de l’espèce ont aujourd’hui convergé. Cette collision de deux Histoires marque une rupture dans la relation qui unit les hommes à la Terre. Celle-ci était traditionnellement considérée comme un objet politique, le théâtre des interactions humaines, de leurs luttes de pouvoir et de leurs rapports de force. La Terre et le monde étaient deux réalités séparées : la première était régie par les lois des sciences naturelles, le second par les lois des sciences humaines et sociales.

    Dans l’Anthropocène, la Terre ne peut plus être un objet politique : elle est un sujet politique. Et cette rupture oblige à penser une nouvelle géopolitique – les politiques de la Terre. En ce sens, l’Anthropocène ne marque pas seulement un changement d’époque géologique, mais aussi un changement de rapports de puissance et de système politique.

    Les relations internationales tendent à ignorer les relations de dépendance de l’homme à la Terre.

    La Terre, décor inerte dans lequel évoluait l’espèce humaine, se met actuellement en mouvement et chahute les rapports entre les États, entre les sociétés. Les relations internationales, construites autour des États, dont les modes de gouvernance se fondent sur des territoires définis et des régions découpées, tendent à ignorer les relations de dépendance de l’homme à la Terre. Or, la politique internationale, désormais, ne peut plus s’arrêter aux États et aux nations : elle doit devenir une politique globale, au sens propre du terme.

    L’Anthropocène comme concept politique

    Il est aussi possible de voir le concept d’Anthropocène comme une tentative de dépolitisation des sujets qu’il met en lumière, et des phénomènes qui en sont la cause. Le concept donne en effet l’illusion que tous les hommes, unis dans une œuvre commune de destruction, sont également responsables des transformations infligées à la planète.

    En réalité, ces transformations sont l’œuvre d’une minorité. Pour ne prendre que le changement climatique, l’une des principales caractéristiques de l’Anthropocène, il convient de garder à l’esprit que 70 % des émissions de gaz à effet de serre, environ, sont produites par un milliard d’individus seulement – ce qui remet en perspective l’idée selon laquelle l’accroissement de la population mondiale serait la principale cause du changement climatique.

    Plutôt que l’âge des humains, l’Anthropocène serait en fait mieux décrit comme un « oliganthropocène », l’âge de quelques hommes, pour reprendre une expression d’Eryk Swyngedouw. Si ces hommes sont en effet devenus les principaux acteurs des transformations de la Terre, la majorité des humains sont aussi devenus les victimes de ces transformations, plutôt que leurs agents.

    Le défi du développement durable de l’espèce humaine tout entière dépasse celui du défi climatique.

    En découle la nécessité de transformer notre système de gouvernance et de gestion des ressources. Il convient notamment de substituer aux notions d’efficacité et d’optimisation une approche plus flexible, plus adaptable, dans laquelle les systèmes environnementaux et sociaux se complètent et fonctionnent sur de même bases.

    Ces crises peuvent toutefois mener à des opportunités, et les défis écologiques auxquels sera confrontée l’espèce humaine mettront en jeu sa capacité à construire de nouveaux modèles de gouvernance locale et à appliquer des politiques publiques et économiques de façon pérenne.

    Cette transformation se fonde avant tout sur la création de partenariats de confiance, alliant l’action et le local, les innovations institutionnelles croisées et la remise au centre des acteurs locaux.

    Ce nouveau défi auquel l’espèce humaine est confrontée, celui d’habiter le monde et d’y poursuivre son développement dans un espace peu sécurisé, ne pourra se penser sans la redéfinition d’une géopolitique de la Terre, au sens premier du terme.

    Le défi du développement durable de l’espèce humaine tout entière dépasse celui du défi climatique, et amène à s’interroger sur le passage à une conception nouvelle du temps. Il s’agirait de rompre avec la tradition du « court terme » et de penser en « temps de longue durée » (Fernand Braudel), afin de sortir de notre vision du « temps historique » tel qu’il est pensé par l’homme, et pour l’homme seul.

    De ce désordre planétaire doit sortir une nouvelle politique globale, qui dépasse les relations internationales et réinvente les concepts sur lesquels elles s’appuient : que veulent dire le territoire, les frontières ou la souveraineté à l’heure de l’Anthropocène ? C’est toute une Terre à inventer.

    CET ARTICLE EST EXTRAIT DE

    Le nouveau désordre international

    Revue

    Questions internationales - n° 85-86 - Mai-août 2017

     

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