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  • "Y'a le feu"

    Une chaîne d'informations. Désolé, mais je n'ai rien d'autre à présenter.

    Je pourrais vous mettre des photos de nos récoltes de fraises, les salades, les courges, les arbres fruitiers qu'on a protégés des gelées tardives avec succès, le développement merveilleux du potager, l'installation des citernes de récupération d'eau de pluie, le creusement de la mare et son remplissage, toutes les greffes de fruitiers qui ont réussies, les framboises, les groseilles à maquereaux, les cassis, les pêches, les pommes, les poires, les kiwis et le pommes de terre et les topinambours, les tomates, les concombres, les aubergines, les poivrons etc etc mais tout ça, c'est ma petite vie et ça n'a donc aucun intérêt. Alors je parle du monde et je m'efforce de l'oublier quand je suis au jardin ou que je manie la pioche et la pelle...

    Je vous souhaite un "joyeux" visionnage. Et si vous avez des enfants, ne leur montrez pas. 

     

  • "Quel beau temps!"

     

    Enfin...Depuis le temps que je trouve totalement aberrant les bulletins météo "réjouissants" parce qu'il fait grand soleil, qu'il fait chaud pour le week end, que les baignades vont être très agréables...Sans parler des images utilisées par les médias, des enfants qui jouent dans des bassins ou des adultes qui s'aspergent aux fontaines, des visages rieurs parce que c'est drôle de s'arroser...Il n'y a rien de drôle dans le réchauffement climatique. Et il est grand temps que les médias jouent un rôle utile, qu'ils deviennent des lanceurs d'alerte vers le grand public. Je lis encore des gens qui commentent sur les articles de France info en disant qu'il y a toujours des canicules, qu'il faut arrêter de faire peur, d'être catastrophiste, de faire le jeu des vendeurs de climatiseurs...(climatiseurs qui participent au réchauffement d'ailleurs...) 

    Les climatiseurs devraient être autorisés à la vente uniquement dans les lieux où c'est vital.

    Ouh, le vilain écolo qui veut restreindre la liberté individuelle...

    Oui, mais la liberté individuelle de faire tourner sa clim, de prendre l'avion pour aller en vacances, de manger de la viande, de prendre sa bagnole pour aller à la boulangerie qui est à un kilomètre, de manger du nutella et tous les produits gavés d'huile de palme, etc etc, c'est à ma liberté de survivre que ça porte atteinte. Quand les gens comprendront que la notion de liberté individuelle est une notion dangereuse, on commencera à avancer. D'ici là, je serai mort. 

     

    Canicule : quand la fausse carte météo alarmiste d'Evelyne Dhéliat pour 2050 devient réelle... aujourd'hui

     

    Evelyne Dhéliat a présenté un faux bulletin météo en 2014.

    Evelyne Dhéliat a présenté un faux bulletin météo en 2014. CAPTURE ÉCRAN TWITTER

    MétéoIntempériesEnvironnement

    Publié le 16/06/2022 à 12:14 , mis à jour à 20:04

    Météo France a annoncé un épisode de canicule, qui doit durer jusqu'au dimanche 19 juin. Ce jeudi 16 juin, le mercure pourrait atteindre 40 degrés localement. Des températures très similaires aux prédictions d'Évelyne Dhéliat il y a huit ans, qui présentait sur TF1 un faux bulletin météo mais daté... de 2050.

    Il fait chaud, très chaud cette semaine. Et cette nouvelle n'a pas de quoi réjouir. Mercredi 15 juin, Météo France a placé 23 départements en vigilance orange caniculeUne canicule pour le moins précoce, qui doit nous alerter, comme le souligne Christophe Cassou, directeur de recherches au CNRS, climatologue et principal auteur du 6e rapport du Giec sur Twitter. 

    La France va cramer

    Ce n'est pas le seul à tirer la sonnette d'alarme. En effet, ces derniers jours, les journalistes météo ont changé de ton. C'est le cas d'Evelyne Dhéliat, précurseuse, qui présentait en 2014 sur TF1 un bulletin météo "du futur" daté de 2050 et basé sur des prévisions scientifiques liées au réchauffement climatique.

    Une canicule un été sur quatre

    À la fin de son bulletin météo finalement pas si faux que ça, Évelyne Dhéliat rappelle qu’en 2003, lors de la dernière canicule, une température de 44° avait déjà été enregistrée dans le Gard. A l'époque, elle prévient qu’un tel épisode pourrait désormais intervenir un été sur quatre. Et rappelle que la température de la Méditerranée, qui était de deux degrés au-dessus des normales de saison en septembre dernier, a été source de phénomènes pluvieux extrêmes qui pourraient s’intensifier si rien n’était entrepris.

    Or problème, comme le souligne Marc Hay, journaliste météo pour BFMTV chez nos confrères de RMC : "Les projections qu'on montrait pour 2050, ça s'est déjà produit !"

    Quand est-ce qu'on ouvre les yeux ?

    Cette "fausse" carte, pas si fictive que ça finalement, a ressurgi sur les réseaux sociaux ces derniers jours, provoquant de nombreuses réactions et inquiétudes. 

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    A lire aussi : Nîmes, il fera 43°C le 18 août 2050 !

    De passage dans C à Vous sur France 5, la célèbre journaliste météo a réagi à ces fortes chaleurs : "Ces records de chaleur sont de plus en plus fréquents, surtout ces fortes chaleurs et ces canicules. Ce dont on s'aperçoit, c'est que ces canicules sont de plus en plus précoces, juin, et sont de plus en plus tardives aussi. On a souvent des canicules jusqu'en septembre", a-t-elle dit, ajoutant qu'on "vit quelque chose d'exceptionnel". 

    Mardi soir, Marc Hay, le journaliste météo de la chaîne d’information BFMTV, a rompu avec les codes habituels pour évoquer la canicule qui s’abat sur la France. "Il faut changer notre manière de parler de ça, parce que ça n’imprime pas", justifie-t-il.

    "La France va clairement cramer cette semaine", avertit-il également. 

    "Le beau temps des uns c'est le mauvais temps des autres", a ainsi résumé, philosophiquement, Laurent Romejko, journaliste et présentateur de "Météo à la carte" sur France 3, à BFMTV en mai dernier.

    Pour Jean Jouzel, paléoclimatologue français interrogé par BFMTV, les journalistes météo ont un rôle important à jouer dans "l’éducation des citoyens par rapport à l’urgence d’agir pour préserver la santé de notre planète". 

     

    Canicule : face au réchauffement climatique, les présentateurs météo "ne savent plus comment présenter les choses"

     

    Article rédigé par

    Marie-Adélaïde Scigacz - Thomas Baïetto

    France Télévisions

    Publié le 16/06/2022 11:15Mis à jour le 16/06/2022 14:54

     Temps de lecture : 8 min.

    Des ouvriers s'hydratent sur un chantier à Toulouse (Haute-Garonne) lors d'une vague de chaleur, le 15 juin 2022. (FREDERIC SCHEIBER / HANS LUCAS / AFP)

    Des ouvriers s'hydratent sur un chantier à Toulouse (Haute-Garonne) lors d'une vague de chaleur, le 15 juin 2022. (FREDERIC SCHEIBER / HANS LUCAS / AFP)

    La France est plongée depuis mercredi dans une vague de chaleur intense et précoce. La dernière manifestation d'un dérèglement du climat auquel les présentateurs météos sont confrontés au quotidien.

    "La France va cramer". Marc Hay, journaliste météo à BFMTV, a poussé, mardi 14 juin, un coup de gueule remarqué à l'antenne à propos de la vague de chaleur qui frappe la France, sous l'effet du réchauffement climatique. "Je pense qu'il faut qu'on change notre manière de parler de ça, parce que ça n'imprime pas. (...) Tout ceci va aller en s'aggravant", a alerté le présentateur. 

    >> DIRECT. Canicule : une vague de chaleur précoce s'abat sur une très large partie de la France

    Sa prise de parole met en lumière un questionnement qui ronge toute une profession. Comment présenter la météo dans un climat qui change ? Que faire pour alerter sur les dangers du réchauffement climatique ? Franceinfo a posé la question à plusieurs présentateurs et présentatrices météos.

    "Nous sommes à un tournant" : Christine Peña, franceinfo

    "Dans le fond, il a raison. Face au réchauffement climatique, nous sommes tous concernés. L'affaire est trop grave. Dès que je peux faire un lien avec le climat, je le fais, même si on manque souvent de temps à la radio. Nous nous voyons régulièrement avec mes consœurs et confrères lors de forums météo [le prochain est organisé le 21 juin à Paris] et ce sujet revient à chaque fois : comment faire, dans nos bulletins météo, le lien avec les problématiques climatiques ?

    Nous sommes tous les jours confrontés à ces événements. Ces trente dernières années, il y a eu trois fois plus de canicules qu'en cent-cinquante ans d'observations météo. On voit le réchauffement climatique, on ne cesse de le répéter – je pense à des gens comme le climatologue Jean Jouzel, qui alertent depuis des années – et rien n'est fait. Tout le monde doit s'y mettre : les pouvoirs publics, les grandes entreprises...

    Quand j'ai débuté, il y a fort longtemps, on annonçait le beau temps en se réjouissant, la pluie en le regrettant. Aujourd'hui, avec la sécheresse, de plus en plus d'auditeurs m'envoient des messages pour dire : 'Réjouissez-vous qu'on ait de la pluie', même s'ils restent une minorité. Nous sommes à un tournant. 

    "Nous devons changer nos façons de présenter les événements, sans être alarmistes."

    Christine Peña, présentatrice météo 

    à franceinfo

    Des canicules comme celle que nous connaissons, nous en aurons de plus en plus et, oui, c'est dramatique. Des agriculteurs vont perdre le fruit de leur travail. Les gens qui travaillent dehors, comme ceux qui posent des pavés près de chez moi, vont souffrir. On ne peut pas se réjouir de 40 °C à Paris."

    "Je n'ai pas la sensation d'un je-m'en-foutisme général" : Sébastien Léas, Radio France

    "J'ai une casquette différente : je suis aussi ingénieur prévisionniste chez Météo France. Je ne viens pas du sérail journalistique. Nous suivons la ligne directrice de l'institution. Il y a des expressions que nous n'utilisons pas.

    "Par exemple, nous ne parlons pas de 'beau' ou de 'mauvais temps'."

    Sébastien Léas, présentateur et prévisionniste météo 

    à franceinfo

    Nous sommes avant le solstice d'été et on attend déjà 40 °C dans plusieurs régions. Ce sont des valeurs très peu observées, même en règle générale. À Paris, il n'y a eu que deux fois une température supérieure à 40 °C.

    Mais je n'ai pas le même ressenti que Marc Hay : quand les gens voient les valeurs attendues, ils sont inquiets. Dans les médias, depuis dimanche, nous sommes sur toutes les chaînes, il y a des reportages partout. Je n'ai pas la sensation d'un je-m'en-foutisme général. Aujourd'hui, on parle davantage de réchauffement climatique et c'est très bien. Quand on en parlait il y a quinze ou vingt ans, il y avait un peu plus de scepticisme."

    "On ne sait plus comment présenter les choses pour que les gens réagissent" : Géraldine de Mori, RMC

    "J'ai trouvé l'intervention de Marc Hay très bien. Il y a quelques années, si vous m'aviez parlé d'une canicule en juin, je vous aurais répondu que c'était de la science-fiction. Nous voyons ces événements extrêmes qui se multiplient. Et nous avons beau essayer d'alerter, nous avons l'impression qu'on en parle un peu sur le moment, et qu'ensuite les gens s'en moquent. On ne sait plus comment présenter les choses pour qu'ils réagissent. Je reçois pas mal de messages de personnes qui disent 'oui, il va faire chaud, mais on ne va pas pleurer'. Si, il faut pleurer.

    Cela fait plus de quinze ans que je fais ce travail et j'ai vu les choses changer. Nous ne parlons plus du tout de la météo comme avant. La difficulté est de le faire sans être alarmiste. Si on l'est trop, les gens vont se braquer.

    "Moi, je ne trouve plus les mots. C'est dingue d'avoir des températures pareilles un 15 juin. Et ce n'est pas normal d'avoir des canicules tous les ans."

    Géraldine de Mori, présentatrice météo 

    à franceinfo

    Il y a quinze ans, la météo, c'était superficiel, rigolo et sympa. Aujourd'hui, on a pris conscience qu'il y avait un enjeu et que le climat changeait. C'est devenu un sujet important et beaucoup plus sérieux. Ce n'est plus un truc qu'on met en fin de journal.

    Je ne vais plus parler de 'beau temps' quand il y a un plein soleil, mais que ça dure depuis des jours et qu'il y a une sécheresse terrible. Quand la pluie va arriver, je ne vais plus parler de 'dégradation pluvieuse', mais d'une 'amélioration pluvieuse'. Ce n'est plus la mauvaise nouvelle, plutôt 'ouf, la pluie arrive'. Les vacanciers ne sont peut-être pas contents, mais il faut penser à la planète. Nous aimerions que les gens en prennent conscience. Il y a de moins en moins de climatosceptiques. Mais le problème est qu'on leur donne une place beaucoup plus importante que ce qu'ils représentent."

    "Personne ne trouve que 40 °C, c'est agréable" : Karine Durand, CNews

    "Je partage les sentiments de Marc Hay. Cela fait déjà plusieurs années que les présentateurs météo de la plupart des chaînes d'info alertent sur les effets du réchauffement climatique. Là, c'est mis en lumière par cette canicule exceptionnelle, mais ce n'est pas forcément nouveau. En revanche, quelques années en arrière, on aurait pu reprocher à Marc d'avoir été trop alarmiste ou pessimiste. Cela arrive encore que des téléspectateurs me le reprochent, y compris ces derniers jours. Mais comme c'est un discours réaliste et corroboré par d'innombrables études scientifiques, c'est mieux accepté aujourd'hui. La réalité du réchauffement climatique et de son origine humaine n'est pas quelque chose que l'on peut remettre en question.

    Le problème, quand on est présentateur météo à la télévision, est qu'on a très peu de temps : une minute pour donner l'info et ajouter quelque chose de plus. Le défi est de résumer ce qui est important. Dans des situations de beau temps chaud, comme ce qu'on a connus au printemps, on ne retient pas forcément que cela aggrave une situation de sécheresse déjà extrême sur le sud-est du pays. Mais lors d'une vague de chaleur comme celle-ci, personne ne trouve que 40 °C, c'est agréable.

    Je suis spécialiste des événements extrêmes et aux Etats-Unis, où j'ai étudié, on prend très au sérieux la météo. J'ai été un peu 'élevée' dans cette conception. En France, on a encore un peu cette vision de la 'météo loisir' : 'Est-ce qu'il fera beau pour mon pique-nique ou pour mon match de foot ?' Mais le rôle du présentateur météo, c'est aussi un rôle de conseil et de sécurité. On n'échappera pas à cette évolution.

    "La notion de danger va apparaître de plus en plus, tout comme la question de la santé."

    Karine Durand, présentatrice météo 

    à franceinfo

    Il y a dix ans, on subissait déjà les effets du réchauffement climatique, mais on ne savait pas nécessairement attribuer certains phénomènes. Aujourd'hui, des organismes font des modélisations, avec ou sans les gaz à effet de serre, et des études capables établir un lien avec ces événements extrêmes. 

    Il y a quelques années, on pointait du doigt les présentateurs qui parlaient du réchauffement climatique. Aujourd'hui, c'est l'inverse : on pointe les discours climatosceptiques. C'est bien le signe que ça évolue."

    "Il ne faut pas banaliser ces événements" : Loïc Rousval, France 3 et CNews

     

    "Au vu du changement climatique observé, il faut modifier notre façon de présenter les alertes météo, être un peu moins lisses. Quand on a une vigilance orange, c'est-à-dire un danger, et plus de 40 °C prévu pour une mi-juin, c'est très précoce et intense. Et donc inquiétant pour la végétation, les agriculteurs touchés par la sécheresse, la santé des personnes... 

    "En France, contrairement à d'autres pays, les gens ne tiennent pas assez compte des vigilances oranges ou rouges, et ne se protègent pas assez. Et quand il y a une catastrophe, c'est trop tard."

    Loïc Rousval, présentateur météo 

    à franceinfo

    Ces phénomènes sont de plus en plus précoces, intenses et réguliers. Et de plus en plus de personnes banalisent cela et les vivent comme une fatalité. Le problème, c'est que c'est une vraie crise, un détraquement du climat, en France et au niveau planétaire. Comment l'aborder pour ne pas le banaliser ? Ce n'est pas toujours évident : on peut avoir l'impression d'en faire trop aux yeux du public. Sur les chaînes d'info en continu, on ne veut pas toujours faire peur, ni rajouter de la panique dans une ambiance déjà anxiogène, entre le Covid-19, la crise économique et l'Ukraine. On a envie d'apporter un peu d'évasion et de légèreté.

    La solution est peut-être d'utiliser des termes moins conventionnels. D'être un peu moins sur la retenue, avec un langage un peu plus familier. Dire 'ça va chauffer' et 'ça va tomber' plutôt que 'on va avoir des températures au-dessus des normales' et 'de forts cumuls'. Hors-antenne, on mène énormément d'actions contre le changement climatique. Avec Laurent Romejko, j'ai lancé le premier jeu sur le climat, le grand quiz 'Préservons la planète'."

     

  • Le jardin et le reste du monde

     

    Il y a :

    la guerre en Ukraine et dans bien d'autres endroits du monde.

    les vagues de chaleur qui se succèdent 

    la sécheresse

    les premiers feux de forêt

    l'inflation et le "coût" de la vie (expression qui mériterait un article entier)

    une nouvelle crise économique de grande ampleur à venir (déjà en cours mais pas grand-monde ne s'y intéresse).

    et je pourrais énumérer tous les désastres écologiques qui s'accumulent. 

    Et puis, il y a le jardin. Et le monde s'efface.

     

  • Réchauffement climatique en graphiques

    Visualisez le réchauffement climatique dans votre ville

     

    Guillaume JOLY

    Le 27 janvier 2022

    6 minutes pour apprendre quelque chose

     Article réservé aux abonnés

    hausse des températures nantes

    Le réchauffement climatique ne touche pas toutes les villes et les territoires de France de manière unilatérale. À Rennes, par exemple, la hausse est moins marquée qu'à Paris ou Strasbourg. De la même manière, l'élévation de la température à Orléans est plus forte qu'à Bordeaux. En quelques graphes, visualisez le réchauffement climatique dans 12 villes françaises.

    Mesurer et visualiser le changement climatique est un processus essentiel pour prendre conscience du problème et réagir. C’est l’un des objectifs poursuivis par la startup Callendar, créée par Thibault Laconde, spécialisée dans l’évaluation des risques climatiques. Comme elle le précise sur sont site Internet : « le changement climatique est en cours et observable partout en France ».

    Elle a donc développé un outil qui permet de visualiser la température moyenne annuel à l’échelle locale ; et que nous avons reproduit à l’échelle de 12 grandes villes françaises, comme vous pouvez le voir avec les résultats ci-dessous.
     

    Nantes

    courbe températures Nantes

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +1,03°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +2,18°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 6 ont eu lieu après 2010

    Paris

    courbe températures Paris

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +1,33°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +2,66°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 7 ont eu lieu après 2010

    Lyon

    Courbe températures Lyon

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +1,53°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +2,81°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 7 ont eu lieu après 2010

    Lille

    Courbes températures Lille

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +1,17°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +2,35°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 7 ont eu lieu après 2010

    Marseille

    Courbe températures Marseille

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +1,30°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +2,07°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 8 ont eu lieu après 2010

    Bordeaux

    Courbe températures Bordeaux

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +1,04°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +2,12°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 5 ont eu lieu après 2010

    Toulouse

    Courbe température Toulouse

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +1,29°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +2,36°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 6 ont eu lieu après 2010

    Rennes

    Courbe températures Rennes

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +0,97°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +2,05°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 7 ont eu lieu après 2010

    Orléans

    courbe températures Orléans

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +1,34°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +2,61°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 7 ont eu lieu après 2010

    Strasbourg

    Courbe températures Strasbourg

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +1,55°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +2,93°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 7 ont eu lieu après 2010

    Montpellier

    Courbe températures Montpellier

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +1,27°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +1,97°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 8 ont eu lieu après 2010

    Rouen

    Courbe températures Rouen

    Source : Callendar

    Élévation de la température : +1,14°C depuis 1991
    Année la plus chaude : +2,46°C (2020)
    Sur les 10 années les plus chaudes depuis 1951 : 7 ont eu lieu après 2010


    En moyenne, ces 12 villes françaises enregistrent une hausse de température de +1,33°C depuis 1991. Mais toutes ont subies leurs années les plus chaudes dans un passé récent, c’est-à-dire après 2010. S’il est de plus en plus visible sur les courbes, le changement climatique commence aussi à se mesurer sur le terrain, via une hausse en fréquence et intensité des épisodes météorologiques extrêmes.

    En France, ce sont les épisodes de fortes chaleurs et canicules (exacerbées par l’effet d’ilot de chaleur urbain), les incendies et les inondations qui se sont manifestées ces dernières années. Trois sujets sur lesquels nos territoires ont besoin de gagner en résilience. La gestion de l’eau, conséquence directe du premier risque, est également un sujet qu’il ne faut pas oublier.

  • Covid : à la recherche de l'origine

    C'est vraiment très, très surprenant que cette information soit diffusée sur une chaîne d'état et tout autant par un de ses "dignes" représentants, le sieur Cohen.

    Ce que j'en conclue, c'est qu'au regard des révélations en cours et de celles à venir, tous les représentants de la sainte parole gouvernementale commencent à avoir le cul qui gratte, comme disait ma grand-mère pour désigner ceux qui n'ont pas la conscience tranquille. 

  • "En thérapie" (3)

     

    "En thérapie"

    "En thérapie" (2)

    Bien souvent, les suites de films ou de séries n'ont pas la puissance du modèle original. Disons, que pour ma part, je me méfie au regard de certaines déconvenues.

    Ici, la saison 2 est, pour moi, tout aussi remarquable que la saison 1.

    Tout est absolument juste, magnifique, émouvant, très émouvant même. 

    Les acteurs sont remarquables, la mise en scène, le montage. Les dialogues sont ciselés, les silences eux-mêmes parlent. Les regards sont des passerelles. Les postures sont des armures ou des ouvertures. Rien n'est laissé au hasard.

    Il y a bien longtemps, vraiment longtemps que je n'ai pas été touché à ce point. Dans l'intégralité, pour chaque personnage.

    Alors, je sais bien que, tout comme dans la saison 1, certaines histoires qui sont racontées dans la saison 2 me touchent profondément parce qu'elles me renvoient à ma propre histoire. Et que, encore une fois, je prends conscience de l'immense intérêt que j'aurais eu à suivre une thérapie au sortir de certains événements. La question est d'ailleurs de savoir si une thérapie n'est à envisager qu'au sortir de drames ou même vingt, trente ou quarante ans après. Je n'ai pas besoin de me poser la question plus de deux secondes. J'ai la réponse. Les drames, vingt, trente ou quarante ans après sont toujours là. Ils ont juste changé de forme. D'une matière malléable, ils sont devenus fossiles. Ils ne courent plus dans les veines des pensées mais parfois les pensées viennent buter contre eux. 

  • Un plan parfaitement réussi

     

     

    C'est en 1956 que le philosophe juif Allemand Günther Anders écrivit cette réflexion prémonitoire.

     

    « L’Obsolescence de l’homme »

     

    « Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.


    L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.

    Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.


    Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.

    On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.
    En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.


    L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau.

    Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. »
    Günther Anders, « L’Obsolescence de l’homme », 1956

  • Jean-Marc Jancovici

     

    Voilà à quoi je passe mon temps libre. J'écoute et je lis tout ce qui vient de Jean-Marc Jancovici. 

    Hier, dans le département de la Creuse, comme dans beaucoup d'autres endroits, les orages ont été très puissants et dévastateurss. J'ai lu que plusieurs maires demandent à ce que leur commune soit déclarée en "catastrophe naturelle".

    Elle commence à m'irriter sérieusement cette demande...Voilà plus de trente ans que des scientifiques annoncent des événements majeurs liés à l'activité humaine et au déréglement climatique que ça induit. Trente ans que ces scientifiques sont ignorés, voire moqués. Trente ans que les responsables politiques et financiers continuent à vivre avec pour seul objectif le maintien de leurs privilèges. Trente ans également qu'une très grande partie de la population n'a pour seule ambition que de participer à la croissance et donc à péréniser un système politique et financier totalement suicidaire. Alors, l'usage de "catastrophe naturelle" me hérisse parce qu'à mon sens, il s'agit d'abord de catastrophe humaine, celle de l'ignorance et du bonheur béat qu'elle procure.

    Je sens poindre de plus en plus également en moi une profonde colère envers tous ces gens qui refusent catégoriquement de changer de mode de vie et qui considèrent que ça n'est pas à eux de faire quoi que ce soit mais aux gouvernants. Quand devant moi, dans une file à une caisse de supermarché, je vois des consommateurs étaler sur le tapis roulant des monceaux de viande, des bouteilles de coca cola, des kilos de marchandises emballées dans des kilomètres de film plastique, quand j'entends certains se réjouir de leur prochain voyage en avion pour des vacances exotiques, se réjouir de leur dernier écran plat, smartphone, véhicule etc etc etc etc etc, j'ai parfois envie de leur demander à quelle heure ils ont l'intention de mourir. Qu'on en soit débarrassé. 

     

     

     

    Jean-Marc Jancovici

     

     

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    Une interview dans Ouest France en mai 2022

    Interview parue dans Ouest France le 21 mai 2022.

    Comme d’habitude, le chapô précédent l’interview, que je reproduis ci-dessous, est de la rédaction du journal et non soumis à relecture, tout comme le titre. Le texte de l’interview ci-dessous est la version relue et amendée par mes soins qui a été envoyée au journal. Entretien réalisé par Patrice Moyon.

    Au Pakistan, les températures viennent de dépasser 50 °C et même 51 °C à Jacobabad. En Inde, à New Delhi, la capitale, on annonce 46 °C. L’urgence climatique est là. Pour Jean-Marc Jancovici, le passage à une économie décarbonée nous oblige à repenser nos modes de vie. Cette transformation en profondeur nécessite une planification écologique qui s’apparente à une économie de guerre, estime cet ingénieur polytechnicien, créateur du bilan carbone au sein de l’Ademe (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). « Avant, les ennuis étaient pour plus tard. Maintenant, ils sont pour tout de suite. C’est donc le calendrier qui va peut-être nous pousser en fin à agir », explique-t-il dans l’avant-propos de l’ouvrage collectif Climat, crises, le plan de transformation de l’économie française, réalisé par le groupe de réflexion The Shift Project et publié aux éditions Odile Jacob. Le changement, c’est maintenant car du retard a été pris. Pour être au rendez-vous des objectifs fixés par l’Accord de Paris et l’Union européenne, la France doit doubler l’effort entamé ces dernières années et passer d’une baisse annuelle de 2 % des émissions de gaz à effet de serre à 4 %. Entretien.

    Le climat est devenu le sujet majeur pour toute une génération. Vous comprenez cette angoisse?

    Dans une étude publiée par The Lancet, 40% de la jeune génération, tous pays confondus se dit préoccupée par la question du changement climatique. Ce phénomène entraîne de multiples conséquences. De nombreux jeunes affirment qu’ils n’auront pas d’enfants. Il y a quelque chose de très triste dans cette histoire et qui fait porter une responsabilité sur les épaules de ma génération.

    Est-ce que Greta Thunberg n’a pas aussi une responsabilité en dessinant les traits d’un monde apocalyptique?

    Ce qui porte Greta Thunberg, ce n’est pas de l’apocalypse mais de l’angoisse. Sa caractéristique (autiste asperger) lui confère probablement une perception plus vive de la réalité. C’est une adolescente avec une intelligence d’adulte qui crie son angoisse. Les gens qui pensent qu’elle est manipulée se trompent. Elle a parfaitement compris la partie analytique de ce dossier.

    Avec Jean-Luc Mélenchon d’abord puis avec Emmanuel Macron, le concept de planification écologique a fait irruption sur la scène politique. Qu’est-ce qui doit changer?

    C’est l’exploitation des énergies fossiles (pétrolegaz et charbon) qui a permis le développement que nous connaissons depuis deux siècles. Un monde qui se décarbone volontairement ou involontairement est un monde en contraction physique. Le pétrole a permis de faire plus vite, plus loin, moins cher. La contraction de l’énergie nous obligera à faire moins vite, moins loin, plus cher. Quand on regarde ce que coûte non pas en euros mais en heures de temps de travail un objet, son coût a été divisé entre 50 et 100 au cours du dernier siècle. Et ceci est dû à l’effet de l’énergie abondante.

    Justement cette énergie abondante, nous allons la retrouver grâce aux énergies renouvelables.

    Je n’y crois pas.

    Pourquoi ?

    Un monde 100% renouvelable, c’est ce que nous avons connu il y a deux siècles.

    Oui mais c’était avant toutes les avancées technologiques consacrées aux énergies renouvelables.

    Et comment fait-on des panneaux solaires ? Avec du pétrole (engins de mine, chimie amont, transport depuis la Chine), du gaz (industrie) et du charbon (métallurgie, électricité, industrie). Le jour où vous n’avez plus de combustibles fossiles, comment faites vous ?

    On aura donc encore besoin du pétrole ?

    Ceux qui font les scénarios actuels sur le passage à une économie décarbonée ne se posent pas la question de savoir si les conditions de production – et donc les couts – seront les mêmes dans un monde dépourvu de combustibles fossiles. Il a fallu les énergies fossiles pour offrir les grandes commodités sur lesquelles sont basées les sociétés industrielles. On produit aujourd’hui 2 milliards de tonnes d’acier par an et 4 milliards de tonnes de ciment. Les fibres synthétiques des vêtements que vous portez sont faits avec du pétrole et du gaz. Toute notre société d’abondance vient des énergies fossiles. Et aujourd’hui, personne n’a la moindre idée de la façon de garantir la moitié de cette abondance avec des énergies 100% renouvelables.

    Qu’est-ce qui va changer ?

    Je ne crois pas un seul instant que nous pourrons conserver ce qu’on continue d’appeler notre niveau de vie dans un monde 100% renouvelable. C’est la raison pour laquelle je suis un grand défenseur du nucléaire. C’est la seule énergie pilotable, compacte et décarbonée dont nous disposons. Les énergies renouvelables sont certes décarbonées mais souvent diffuses et pas toujours pilotables. Le peu de civilisation industrielle qu’on arrivera à préserver dépendra de notre recours ou pas au nucléaire.

    Pourquoi est-ce si difficile d’appréhender la profondeur des transformations qui nous attendent?

    Nous sommes câblés pour réagir à l’immédiat. C’est ce qui nous a permis de survivre avec une violente poussée d’adrénaline quand un tigre à dents de sabre se présentait devant nous. Prioriser le long terme suppose de donner la priorité à des événements qui se passeront plus tard. Et c’est encore plus compliqué quand le but de l’action aujourd’hui est d’éviter plus tard un événement que nous avons du mal à définir précisément. Il faut accepter qu’éviter le chaos c’est gagner en liberté à l’avenir. Ainsi nous pourrons accepter la planification écologique, qui signifie en pratique se contraindre aujourd’hui au profit d’un surplus de liberté pour plus tard.

    C’est faire face à de nouvelles contraintes ?

    Oui bien sur. Le défi est d’arriver à rendre cela désirable et au minimum acceptable. La science éclaire notre choix mais ce dernier est fondamentalement de nature politique. Il faut décider collectivement sur à quoi nous sommes prêts à renoncer pour préserver la démocratie et la paix, qu’on n’internalise jamais dans les coûts.

    Avec le Shift Project vous voulez montrer qu’on peut y arriver ?

    Nous voulons proposer un chemin, ou plus exactement un plan, pour aider les décideurs. Depuis l’origine, nous discutons avec les entreprises parce qu’elles vont devoir faire. Désormais, nous dialoguons aussi avec les organisations syndicales. Il y a un terme que j’utilise parfois, c’est celui d’économie de guerre. Je pense que ce n’est pas surfait. Si on veut sortir des griffes qui commencent à se serrer autour de notre cou, il faut rentrer peu ou prou dans une économie de guerre et aller beaucoup plus vite. Il faut avoir des idées très claires d’entrée de jeu car on n’aura pas trois essais.

    Qu’est-ce qui est le plus urgent ?

    La coordination des politiques publiques est essentielle. Il faut surtout savoir traiter les futurs perdants très en amont. Un bon cas d’école, c’est ce qu’il s’est passé entre 1942 et 1945 dans la reconversion de l’économie américaine. En quelques années, ils ont réorienté un tiers du PIB. Ceci devrait être le rôle de l’Union européenne. Mais ses deux jambes ne sont pas coordonnées. Elle a d’une part des compétences réglementaires qui lui permettent de planifier et d’autre part un affichage très net en faveur d’une libéralisation des marchés qui est parfaitement antagoniste. Ces contradictions s’expriment par exemple sur le marché de l’électricité tel qu’il est organisé aujourd’hui.

    Comment faire mieux ?

    C’est la mise en commun de ressources essentielles (charbon, acier) qui est à l’origine de l’Europe. Aujourd’hui le pétrole et le gaz devraient être gérés de façon collective tout comme ses filières de production d’énergie dont le nucléaire. Un article du traité de Lisbonne fixe un objectif de croissance à l’Europe. Ce n’est plus d’actualité. Nous sommes dans un monde fini.

    A quoi peut ressembler un monde en décroissance sur le plan économique ?

    Le discours public a tellement associé croissance et emploi que je n’aime pas parler de décroissance, car tout le monde pense immédiatement « chômage ». Je préfère parler d’un monde en contraction ou plus sobre. Il n’y aura pas de solution passe-partout pour vivre différemment, car tous les usages ne vont pas se modifier à la même vitesse. Mais nous allons devoir investir massivement et de façon planifiée dans les compétences.

    Comment faire, concrètement ?

    Ce que nous décrivons dans notre livre : placer la physique avant l’économie, et les gens et leurs emplois avant les contraintes budgétaires. D’ailleurs, dans notre Plan de transformation économique de la France, à aucun moment on ne parle d’argent, sauf un peu du monde financier à la fin. C’est délibéré : nous sommes partis de ce qui se mesure en mètres carrés, comme le logement, en tonnes, comme le ciment, en kilowattheures, comme l’énergie… Et le temps, qui est une grandeur physique, est aussi nécessaire pour discuter de quelque chose d’essentiel : les compétences. Un travail massif d’anticipation des besoins dans ce domaine nous attend.

    Qu’est-ce que ça change dans l’automobile par exemple ?

    Il y a aujourd’hui 40 millions de voitures dans le pays. Ce n’est pas compatible avec un monde décarboné. Il doit y en avoir beaucoup moins. Pourtant, on ne va pas empêcher les gens de se déplacer. Nous sommes des animaux et les animaux se déplacent. Il faut donc basculer toute cette mobilité vers des modes plus doux, avec des portées moins grandes, et donc délaisser progressivement la voiture et l’avion, qui sont les plus néfastes pour l’environnement, au profit de tout le reste : marche, vélo, vélo électrique, bus, train et la combinaison de tout ça. Les voitures qui restent sont petites et électriques. Cela entraîne 300 000 emplois en moins dans la construction automobile, mais des gens en plus pour conduire des bus et des trains, pour fabriquer des vélos, les vendre, les entretenir…

    Et au final ?

    Pour les transports, comme pour les trois autres secteurs, dont l’agriculture et l’agroalimentaire, pour lesquels nous avons fait ce travail, le solde d’emplois peut être globalement positif. Nous n’avons pas pris la question des salaires comme le premier point d’entrée, car dans cette histoire-là, l’argent vient en deuxième niveau, une fois qu’on est collectivement d’accord sur la façon de rebâtir « physiquement » la société. Pour l’agriculture, la bonne réorganisation « physique » implique de déspécialiser partiellement les zones pour diminuer la dépendance aval au pétrole parce qu’ensuite tout circule loin : en France, un camion sur trois transporte quelque chose qui se mange ! Il faut aussi transformer plus dans les exploitations, ce qui crée des emplois dans le secteur, qui doivent être désirables pour attirer les bras nécessaires. Quand on réorganise, il faut toujours arriver à faire comprendre aux gens quelle serait leur place dans ce nouveau monde.

    Et dans l’urbanisme ?

    Il y a une voie que nous n’avons pas eu le temps d’explorer pour ce livre, mais qui va s’imposer : il faudra dégonfler les grandes villes au profit des villages et des villes moyennes. Avant l’énergie abondante, les ressources rares étaient la terre, la forêt et la pierre. Aujourd’hui, nous l’avons oublié. Le monde réel n’est ni virtuel, ni financier. Il est toujours physique. Et ce qui a vraiment de la valeur, c’est la ressource physique. En France il n’y a plus de mines, donc ce qui nous reste, ce sont les cours d’eau, la terre et la forêt. Et ça ne se trouve pas en ville. Nous devrons aussi repenser le logement. On est passé en 40 ans de 20 à 40 m2 habitables par personne. Il va falloir innover dans un monde qui se contracte : on peut imaginer des appartements avec des cloisons amovibles !
    Notre livre, finalement, dit quelque chose d’un peu effrayant : c’est que vous ne pouvez pas vous improviser grand architecte de tout ça – contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire – sans avoir énormément bossé avant. Ce n’est pas possible.

    Rendre cet avenir désirable ?

    Ce dont nous nous sommes rendu compte dans les débats que nous avons eus avec la société civile, c’est que le plus difficile pour les gens, quand on leur parle d’une société différente, est d’imaginer quelle sera leur place. Et en particulier, leur place en tant qu’acteurs, davantage qu’en tant que consommateurs : je fais quel job ? J’habite où ? Mon environnement ressemble à quoi ? C’est la préoccupation majeure. Il ne suffit pas de dire aux gens d’arrêter d’acheter des voitures. Il faut expliquer ce qui se passera pour ceux qui fabriquent des voitures. C’est pour ça qu’on a un chapitre « emploi » extrêmement nourri dans le Plan de transformation, et c’est pour ça aussi que dès le début de ce travail, nous sommes allés voir les syndicats, des entreprises… On a cherché avec eux comment surmonter les obstacles. Sachant que, même sans climat, la décarbonation de l’économie va nous être imposée par la géologie, parce que les hydrocarbures sont épuisables, et que si on ne prend pas la peine de s’y préparer, on la subira. Avec des crises comme celle liée à l’Ukraine, actuellement.

    Pourquoi ?

    Parce qu’à défaut de transition organisée, l’évolution se fait par à-coups, en « marches d’escalier ». À partir du moment où on sait qu’il va y avoir une décrue des approvisionnements fossiles, la seule question est de savoir quel sera le déclencheur de la prochaine crise.

    Mais, pour l’Ukraine, le déclencheur n’est-il pas politique ?

    En apparence il l’est toujours. De toute façon, il y aura des déclencheurs. Avant celui-là, il y a eu la crise des subprimes. Le pic de production du pétrole conventionnel est passé entre 2006 et 2008, entraînant un ralentissement de la croissance américaine et transformant la dette des ménages en déclencheur. Le prochain révélateur sera peut-être le coût de l’énergie trop élevé pour les économies italienne et espagnole, cumulé à une remontée des taux d’intérêt, qui rendront ces pays incapables de rembourser leur dette et les mettront en défaut de paiement.

    Des déclencheurs, on va en voir arriver de partout et, comme les tremblements de terre, il sera extrêmement difficile de prévoir où, quand, et avec quelle intensité. Mais ce qui est sûr, c’est que si on ne gère pas le problème, celui-ci va se gérer tout seul par des marches d’escalier plus difficiles à vivre que si on anticipe.

    À ce propos, ne seriez-vous pas intéressé par la politique ?

    Je fais déjà de la politique : le Shift Project est un objet politique. Pour moi, faire de la politique, c’est juste intervenir dans le débat public. En prenant position comme nous le faisons, en proposant ce plan de transformation et en répondant à vos questions, je fais de la politique.

    Donc pas de poste ministériel en vue ?

    Serais-je intéressé par un poste ministériel dans le gouvernement d’un président qui, pour le moment, se paie de mots et n’en fait pas beaucoup plus ? Non, ça n’a aucun intérêt. C’est juste un job à devenir malheureux. Sans compter qu’être ministre c’est aussi être patron d’une administration : ce n’est pas mon métier. J’ai choisi une voie : je suis président d’une association, et cette voie donne des résultats. Pas assez vite peut-être, mais je préfère rester sur ce que je sais faire le mieux. Le Shift Project n’est pas au bout de son histoire et nous avons encore beaucoup à apporter. Notre priorité aujourd’hui, c’est de fédérer les gens qui ont envie de réfléchir – ce que les politiques n’ont pas le temps de faire parce qu’ils sont dans la lessiveuse – pour proposer des constructions à la société civile. Et quand la société civile dira « cette construction nous semble intéressante, voire appétissante », il sera temps d’aller dire aux politiques que s’ils ne font pas ça, ils vont perdre leurs électeurs.

    En plus, pensez-vous qu’un seul ministre, de l’environnement ou autre, puisse tenir les rênes du changement ? Il faut une action totalement transversale. Certes, Emmanuel Macron a annoncé qu’il confiera le pilotage de la transition écologique au futur Premier ministre. Mais avec qui a-t-il travaillé ces dernières années ? Avec Jean Castex, qui ne semblait pas très concerné par les limites planétaires… Avec un secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, son principal collaborateur direct, qui était très très loin de ce sujet. M. Macron n’a donné aucun gage, jusqu’à maintenant, de sa capacité à mettre la question écologique au cœur de son projet. Il est évident que l’écologie, pour lui, a été jusqu’à maintenant un sujet de communication avant tout.

    Enfin, je n’ai aucune proximité particulière avec le personnel politique : je n’ai rencontré que deux fois le président de la République : le jour de l’installation du Haut conseil pour le climat, et le 5 mai dernier. Castex, je ne l’ai jamais vu. Barbara Pompili, je ne l’ai jamais vue quand elle était ministre…

    Cette fois le Président de la République semble persuadé de la nécessité de changer de modèle. Vous y croyez ?

    Avec Christophe Blain (qui le connaît), nous avons envoyé notre BD [Un monde sans fin, N.D.L.R.] dédicacée au président. Nous avons reçu une réponse polie du service du courrier de l’Élysée. Je vous retourne donc la question !

    La transformation passe-t-elle aussi par les entreprises ?

    Bien sûr. Comme le dit Brice Lalonde, les entités qui consomment la nature sont les entreprises. Elles sont donc concernées et il faut les impliquer dans le mouvement. D’autant qu’il va y avoir des perdantes, par exemple celles qui fabriquent des voitures à pétrole, et des gagnantes, par exemple celles qui proposent des vélos.

    Ce qui est intéressant, c’est que le monde économique est, de loin, celui qui est le plus demandeur de mes interventions et de mes conférences. C’est un signe. Un autre signal est le comportement des jeunes face à l’emploi. Ils sont de plus en plus nombreux à essayer de se choisir une voie compatible avec la décarbonation de l’économie. Il y a une appétence générationnelle pour l’action.