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  • La maladie du bonheur.

    Attention ! Une épidémie mondiale est en train de se propager à une allure vertigineuse. L'OMB (Organisation Mondiale du Bien-être) prévoit que des milliards d'individus seront contaminés dans les dix ans à venir.
     
    Voici les symptômes de cette terrible maladie :
     
     
     
    1.
     
    Tendance à se laisser guider par son intuition personnelle plutôt que d'agir sous la pression des peurs, idées reçues et conditionnements du passé.
     
     
     
     
     
     
    2.
     
    Manque total d'intérêt pour juger les autres, se juger soi-même et s'intéresser à tout ce qui engendre des conflits.
     
     
     
     
     
     
    3.
     
    Perte complète de la capacité à se faire du souci (ceci représente l'un des symptômes les plus graves).
     
     
     
     
     
     
    4.
     
    Plaisir constant à apprécier les choses et les êtres tels qu'ils sont, ce qui entraîne la disparition de l'habitude de vouloir changer les autres.
     
     
     
     
     
     
    5.
     
    Désir intense de se transformer soi-même pour gérer positivement ses pensées, ses émotions, son corps physique, sa vie matérielle et son environnement afin de développer sans cesse ses potentiels de santé, de créativité et d'amour.
     
     
     
     
     
     
    6.
     
    Attaques répétées de sourire, ce sourire qui dit "merci" et donne un sentiment d'unité et d'harmonie avec tout ce qui vit.
     
     
     
     
     
     
    7.
     
    Ouverture sans cesse croissante à l'esprit d'enfance, à la simplicité, au rire et à la gaieté
     
     
     
     
     
     
    8.
     
    Moments de plus en plus fréquents de communication consciente avec son âme, ce qui donne un sentiment très agréable de plénitude et de bonheur.
     
     
     
     
     
     
    9.
     
    Plaisir de se comporter en guérisseur qui apporte joie et lumière plutôt qu'en critique ou en indifférent.
     
     
     
     
     
     
    10.
     
    Capacité à vivre seul, en couple, en famille et en société dans la fluidité et l'égalité, sans jouer ni les victimes ni les bourreaux.
     
     
     
     
     
     
    11.
     
    Sentiment de se sentir responsable et heureux d'offrir au monde ses rêves d'un futur abondant, harmonieux et pacifique.
     
     
     
     
     
     
    12.
     
    Acceptation totale de sa présence sur terre et volonté de choisir à chaque instant le beau, le bon, le léger, le vrai et le vivant.
     
     
    Si vous voulez continuer à vivre dans la peur, la dépendance, les conflits, la maladie et le conformisme, évitez tout contact avec des personnes présentant ces symptômes. Cette maladie est extrêmement contagieuse ! Si vous présentez déjà des symptômes, sachez que votre état est probablement irréversible.
     
     
     
     
     
     
    Les traitements médicaux peuvent faire disparaître momentanément quelques symptômes mais ne peuvent s'opposer à la progression inéluctable du mal. Aucun vaccin anti-bonheur n'existe. Comme cette maladie du bonheur provoque une perte de la peur de mourir, qui est l'un des piliers centraux des croyances de la société matérialiste moderne, des troubles sociaux graves risquent de se produire, tels des grèves de l'esprit belliqueux et du besoin d'avoir raison, des rassemblements de gens heureux pour chanter, danser et célébrer la vie, des cercles de partage et de guérison, des crises de fou rire et des séances de défoulement émotionnel collectives !
     
    Texte extrait de « Vivre sa colère sans violence » de Johanne RAZANAMAHAY et de Christian Tal SCHALLER, paru aux éditions Marco Pietteur
     
     

  • La retraite.

     

     

    La retraite.
    Au bord de l’eau dans un petit village côtier mexicain. Un bateau rentre au port, contenant plusieurs thons. Un Américain complimente le pêcheur mexicain sur la qualité de ses poissons et lui demande combien de temps il lui a fallu pour les capturer.
    Pas très longtemps, répond le mexicain.
    Mais alors, pourquoi n’êtes vous pas resté en mer plus longtemps pour en attraper plus ? demande l’Américain.
    Le mexicain répond que ces quelques poissons suffiront à subvenir aux besoins de sa famille. L’Américain demande alors :
    Mais que faites-vous le reste du temps ?
    Je fais la grasse matinée, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme. Le soir je vais au village voir mes amis. Nous buvons du vin et jouons de la guitare. J’ai une vie bien remplie.
    L’américain l’interrompt :
    J’ai un MBA de l’université de Harvard et je peux vous aider. Vous devriez commencer par pêcher plus longtemps. Avec les bénéfices dégagés, vous pourriez acheter un plus gros bateau. Avec l’argent que vous rapporterait ce bateau, vous pourriez en acheter un deuxième et ainsi de suite jusqu’à ce que vous possédiez une flotte de chalutiers. Au lieu de vendre vos poissons à un intermédiaire, vous pourriez négocier directement avec l’usine, et même ouvrir votre propre usine. Vous pourriez alors quitter votre petit village pour Mexico city, Los Angeles, puis peut-être New York, d’où vous dirigeriez toutes vos affaires.
    Le mexicain demande alors :
    Combien de temps cela prendrait-il ?
    15 à 20 ans, répond le banquier.
    Et après ?
    Après, c’est là que ça devient intéressant, répond l’américain en riant, Quand le moment sera venu, vous pourrez introduire votre société en bourse et vous gagnerez des millions.
    Des millions ? Mais après ?
    Après, vous pourrez prendre votre retraite, habiter dans un petit village côtier, faire la grasse matinée, jouer avec vos enfants, pêcher un peu, faire la sieste avec votre femme, et passer vos soirées à boire et à jouer de la guitare avec vos amis.

  • LES ÉGARÉS (roman) 2

     

     

    Où est Leslie ? Que font les enfants ? Est-ce que son sac n’est pas trop lourd ?

    Il s’approche du premier col. Durant toute la montée dans la forêt, puis la traversée des alpages, les pensées se sont entrechoquées follement dans son esprit troublé.

    Que fait-il là ? Est-ce qu’il s’agit d’une certaine forme de rupture ? Est-ce que Leslie a cherché à lui montrer qu’elle avait besoin de distance, de liberté, de solitude ? Par rapport au monde en général ? Ou avait-elle surtout besoin de s’éloigner de lui ?

    Il a cherché à retrouver toutes les paroles réconfortantes dont elle a usé, toutes les explications qu’elle a avancées. Elle avait toujours parlé d’amour. D’une autre façon de l’éprouver en cherchant à retrouver celui qui aime.

    « Qui es-tu quand tu m’aimes ?

    Est-ce moi que tu aimes ?

    Qui suis-je quand je t’aime ?

    Celle que ton amour pour moi constitue ou suis-je toujours moi-même.

    Est-ce que cet amour me détourne de mon être réel ou m'enseigne-t-il ce que je suis ? »

    Elle avait parlé de l’être réel qu’elle voulait tant rencontrer. L’expression lui avait montré qu’elle considérait donc leur vie de couple comme un obstacle. Il avait difficilement accepté l’idée qu’il puisse être un frein à l’évolution de sa compagne puis il avait convenu que cette réaction n’était que la part narcissique de son ego et qu’il devait tout simplement être heureux de voir que Leslie le considérait capable d’entendre ce genre de remarque. Elle avait confiance en lui et l’estimait suffisamment pour lui faire part de ses intentions les plus intimes. C’était une preuve d’amour bien plus forte qu’un silence craintif. Qu’un non-dit protecteur.

    Qui suis-je quand je l’aime ? Est-ce que notre amour nous transforme, est-ce qu'il nous éloigne de ce que nous sommes ?

    Il s’arrête au basculement de la pente. De l’autre côté du col s’ouvre un long plateau dénudé. Il pose son sac et prend la gourde.

    Est-ce moi ou juste celui qui tient le rôle de l’amant avec l’intention secrète d’obtenir en retour l’amour qu’il prodigue, de trouver un renforcement dans l’identification que la passion amoureuse favorise ?

    Mais si je ne suis pas moi quand je l’aime, elle peut aussi ne pas être elle. Les gens savent-ils réellement qui ils aiment dès lors qu'ils ne savent pas eux-mêmes qui ils sont ? La vie en couple se résume-t-elle à une cohabitation entre voisins mais nullement entre deux êtres conscients ? Conscients d'eux-mêmes et donc de l'autre.

    Le désir d’amour est-il si puissant que l’être réel succombe à des stratégies machiavéliques ?

    Et s’agit-il d’amour ? Ou l’amour est-il ailleurs ?

    Est-il possible d'aimer sans être modelé par les amours passés, ces emportements émotionnels auxquels nous attribuons le verbe aimer ? Est-il envisageable de redevenir émotionnellement vierge de tout souvenir, de ne rien projeter de connu dans l'amour présent ? Est-il raisonnable de croire que l'amour ancien ne souffre d'aucun essoufflement, que les cœurs continueront indéfiniment, jusqu'au dernier instant, à battre en mesure ? Est-il possible finalement d'inventer l'amour à chaque instant et de l'oublier aussitôt pour que naisse l'amour suivant ?

    Les questions s’enchaînent comme des maillons brûlants.

    L’imbrication complexe révélée par les mots. Comment parler d’amour tant que le concept n’est pas clairement établi ? Mais comment l’établir s’il n’est pas ressenti, vécu, dévoré ? Comment savoir s’il s’agit bien de lui et pas d’une hallucination mentale, intellectualisée, un dérivé perverti, un conditionnement social, une représentation éducative, une copie conforme, une répétition trompeuse ? Ne conviendrait-il pas avant de prétendre vivre dans l’amour être certain que celui qui l’affirme sait déjà qui il est ? Car comment aimer quand on n’existe pas, quand rien de solide n’est constitué, quand l’individu fluctue et se modèle au fil des rencontres ?

    L’état de pleine conscience. Une évidence. L'ultime solution. Toutes les autres n'étant de toute façon que des soins palliatifs à un mourant qui s'ignore.

    Impossible de vivre réellement en dehors de cette exigence.

    Il suppose que Leslie ressent l’amour avec une force inimaginable parce qu’elle est sans doute pleinement ce qu’elle est, qu’elle est devenue totalement ce qu’elle porte, que s’est révélée en elle sa vérité la plus intime alors qu’il est enfermé dans des geôles aux murs si vastes que les horizons offerts par l’amour lui restent étrangers, inaccessibles, qu’il est un prisonnier juste concentré sur le maintien et l’embellissement de son enceinte. Et que l’amour dont il parle n’est juste qu’une engeance malfaisante.

    Il n’est pas dans l’amour parce qu’il n’est pas en lui-même.

    Il range la gourde. Un nœud dans la gorge.

    Une vague de frissons interminables. Il ne peut rien comprendre de l’amour tant qu’il n’aura pas atteint ce niveau de conscience. Tant qu’il n’aura pas épuré son être réel, arraché les vieilles peaux mortes qui l’enserrent. Il les sent depuis si longtemps, il étouffe depuis tant d’années.

    Croire que l’amour peut se construire sur un champ de ruines sans qu’il ne soit souillé, qu’il aura même le pouvoir de tout restaurer.

    Effroyable erreur de celui qui ne sait rien de lui.

    Il s’assoit sur une grosse pierre plate. Les jambes molles.

    La force des questionnements.

    Il croyait avoir fondé sa vie sur la protection des êtres chers alors qu’il se protégeait lui-même et par ce subterfuge sournois se privait de toute évolution réelle.

    Le réel. La vigilance. La lucidité. La conscience.

    Il sait qu’il doit atteindre ce summum de lui-même, se nourrir du réel et se détourner des réalités inventées. Cette solitude offerte par Leslie est une ouverture et non un enfermement. C'est cela qu'il doit valider s'il veut avancer.

    Le col qu’il vient d’atteindre est une première étape.

    C’est en lui qu’il marche.

    Avec Leslie et les enfants, ses absences n’étaient qu’une fuite édulcorée, une plongée hallucinogène dans les abysses de son ego. Il pensait pouvoir découvrir dans ces confins hospitaliers des vérités supérieures alors qu’il succombait à la supercherie de son mental. Il se forçait au silence.

    Aucune sérénité, aucune paix intérieure, l'étouffoir prétentieux des émotions anciennes, un cache-misère qui ne dit pas son nom.

    Toxicomane de l’absence.

    Des mirages stupéfiants.

    Stupéfiants … Le mot le révulse.

    Toxicomane de l’absence.

  • Ce que femme veut.

    Le jeune roi Arthur

    Le jeune roi Arthur tomba un jour dans une embuscade et fut fait prisonnier par le monarque d’un royaume voisin. Le monarque aurait pu le tuer mais fut ému de la jeunesse et de la joie de vivre d’Arthur. Alors, il lui offrit la liberté contre la réponse à une question très difficile. Arthur aurait une année pour deviner la réponse et s’il ne pouvait la donner au bout de ce délai, il serait tué.

    La question était : que veulent réellement les femmes ?

    Une telle question laisserait perplexes les hommes les plus savants et, pour le jeune Arthur, cela semblait être une quête impossible. Comme c’était quand même mieux que la mort, il accepta la proposition du monarque de lui ramener la réponse au bout d’un an. Il retourna dans son royaume pour interroger tout le monde : les princesses, les prostituées, les prêtres, les sages, le fou de la cour. Il parla à chacun mais personne ne parvint à lui donner une réponse satisfaisante. Ce que la plupart des gens lui dirent fut d’aller consulter la vieille sorcière qui était la seule à pouvoir connaître la réponse. Le prix en serait élevé car la sorcière était connue dans tout le royaume pour les prix exorbitants qu’elle demandait. Le dernier jour de l’année arriva et Arthur n’avait pas d’autre choix que d’aller parler à la sorcière. Elle accepta de répondre à sa question mais il devait d’abord accepter son prix.

    La vieille sorcière voulait épouser Gauvain, le plus noble des Chevaliers de la Table Ronde et le plus cher ami d’Arthur.

    Le jeune Arthur fut horrifié : la vieille sorcière était bossue et terriblement laide, n’avait qu’une dent, sentait comme l’eau des égouts, faisait souvent des bruits obscènes, ... Il n’avait jamais rencontré de créature aussi répugnante. Il refusait de forcer son ami à l’épouser et d’endurer un tel fardeau. Gauvain, en entendant la proposition, parla à Arthur. Il lui dit que ce n’était pas un si terrible sacrifice pour sauver la vie d’Arthur et préserver la Table Ronde. Ainsi, le mariage eut lieu et la sorcière répondit à la question :

    Ce qu’une femme veut vraiment c’est de pouvoir décider de sa propre vie.

    Chacun sut à l’instant que la sorcière venait de dire une grande vérité et que la vie d’Arthur serait épargnée. Et ce fut le cas. Le monarque voisin épargna la vie d’Arthur et lui garantit une totale liberté. Quel mariage ! Arthur était tenaillé entre le soulagement et l’angoisse. Gauvain se montrait agréable comme toujours, charmant et courtois. La vieille sorcière montra ses plus mauvaises manières. Elle mangea avec les doigts, rota et péta et mis tout le monde mal à l’aise. La nuit de noce approcha. Gauvain se préparant psychologiquement entra dans la chambre. Mais quelle surprise ! La plus belle femme qu’il ait jamais vue se tenait devant lui. Gauvain était éberlué et demanda ce qui se passait. La beauté répondit que comme il avait été gentil avec elle, elle serait la moitié du temps horrible et déformée et l’autre moitié une magnifique jeune fille. Quelle forme voulait-il qu’elle prenne le jour et la nuit ? Quelle question cruelle ! Gauvain commença à réfléchir à ce problème : pendant la journée une belle femme à montrer à ses amis mais la nuit, dans l’intimité une vieille et sinistre sorcière ? Ou bien dans la journée une hideuse sorcière mais la nuit une belle femme pour jouir des moments intimes ?

    Que feriez-vous ?

    Ce que choisit Gauvain est écrit plus bas mais ne lisez pas avant d’avoir fait votre propre choix.

    Après avoir mûrement réfléchi, puis fait votre choix, vous pouvez visualiser la réponse de Gauvain.

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    Le noble Gauvain répondit à la sorcière qu’il la laisserait choisir elle-même.

    En entendant cela, elle annonça qu’elle serait belle tout le temps parce qu’il l’avait respectée et l’avait laissé décider elle-même de sa vie.

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  • L'homme et l'enfant. (spiritualité)


    Un homme tomba dans un trou et se fit très mal.

    Un Cartésien se pencha et lui dit : Vous n’êtes pas rationnel, vous auriez dû voir ce trou.

    Un Spiritualiste le vit et dit : Vous avez dû commettre quelque péché.

    Un Scientifique calcula la profondeur du trou.

    Un Journaliste l’interviewa sur ses douleurs.

    Un Yogi lui dit : Ce trou est seulement dans ta tête, comme ta douleur.

    Un Médecin lui lança deux comprimés d’aspirine.

    Une Infirmière s’assit sur le bord et pleura avec lui.

    Un Thérapeute l’incita à trouver les raisons pour lesquelles ses parents le préparèrent à tomber dans le trou.

    Une Pratiquante de la pensée positive l’exhorta : Quand on veut, on peut !

    Un Optimiste lui dit : Vous auriez pu vous casser une jambe.

    Un Pessimiste ajouta : Et ça risque d’empirer.

    Puis un enfant passa, et lui tendit la main...

    Anonyme

  • Les Maîtres.



    Je suis un peu décontenancé par le nombre de "Maîtres" spirituels qui annoncent que le lâcher prise suffit à l'éveil et qu'il n'y a donc rien d'autre à faire que de laisser tomber les résistances de l'ego, que "nous sommes déjà tous éveillés," qu'il n'y a même pas à chercher quoique ce soit puisque tout est là, etc...



    Combien d'années de travail, de quête, de méditation, de recherches spirituelles dans de multiples voies leur a-t-il fallu pour qu'ils parviennent à cet état ? Peut-être se sont-ils aperçus qu'effectivement "tout" était déjà là et que la recherche n'était qu'un mirage mais c'est bien parce qu'ils ont cherché pendant des années que cette révélation a eu lieu...



    Comment serait-il possible que nous, pauvres hères spirituels, hantés par notre passé, tourmentés par notre avenir, poursuivis par les contingences quotidiennes, nous parvenions à cette plénitude en occultant l'immense travail que ces maîtres ont abattu?...

    Il y a là quelque chose que je ne saisis pas...



    L'impression d'être au pied d'une montagne immense, accompagnés par les Swami Prajnanpad, Krishnamurti, Eckhart Tolle, Jean Klein, Douglas Harding...de regarder l'horizon vers lequel leurs regards apaisés se tournent et de ne rien voir d'autre que cette terrible masse rocheuse...Eux connaissent les horizons qui s'étendent de l'autre côté, ils m'en parlent, ils m'invitent à les rejoindre, ils me disent de lâcher prise...

    Qu'il suffit de voir ce qui est déjà là...

    Je sais ce qui est là. Ce sont mes tourments. Et je sais que de ne pas les comprendre m'empêchera inlassablement de les abandonner à mes pieds pour pouvoir entamer l'ascension. Ce n'est pas une montagne que l'on gravit chargé. Il faut se dénuder. L'épuration entamée se prolongera jusqu'au coeur de l'âme. Si j'essayais de gravir les pentes avec le fardeau qui m'écrase, je mourrais d'épuisement.



    Je ne crois pas que ces Maîtres aient pu se passer de cet arrachement des vieilles peaux. Et je trouve certains un peu malhonnêtes de faire miroiter ainsi la plénitude de l'esprit dans l'acceptation pleine et entière de ce qui est. Quelle est donc cette acceptation ? Un déni ou de la lucidité ? Je pense que le piège est là. S'il ne s'agit que d'un déni, le retour de flamme sera dévastateur car ce n'est que l'ego qui s'impose dans le miroitement hallucinogène de la spiritualité. Je ne serais qu'un menteur infatué.



    Il est même assez déconcertant de lire chez certains écrivains cette facilité à tout découvrir alors qu'en observant leurs propres parcours on réalise les immenses difficultés qu'ils ont rencontrées. Comme s'il leur fallait nier ce "chemin de croix" et laisser entendre qu'au contraire, tout a été évident.

    Il y a ces révélations spontanées (Virgil, Tolle, Ciusi...) qui nous sont présentées comme d'extraordinaires changements de conscience...Et donc, auparavant, ces gens étaient sans doute des banquiers, des avocats, des chefs d'entreprise matérialistes, des gens obtus, fermés à toutes démarches spirituelles, n'ayant même jamais entendu l'expression... Je n'y crois pas. Je vois plutôt une évolution, lente, peut-être même insignifiante, un travail, des lectures, des échanges, etc...Et puis, effectivement, un jour, un bouleversement considérable, à un tel point que tout ce qui avait été éprouvé auparavant semble inexistant, comme s'il n'y avait jamais eu de vie avant...



    Mais ces gens ont pourtant bien vécu avant cet état d'éveil...Pourquoi le nier ?

    Il me semble inutile en tout cas de lire des livres remplis de certitudes, d'évidences, de plénitude, ces livres qui conseillent aux lecteurs de tout abandonner,de se laisser porter, de lâcher prise. Tant mieux pour leurs auteurs s'ils le vivent réellement. C'est leur liberté et il m'est inutile de rêver devant leur envol.

    Ca ne m'apprendra jamais la légèreté. Je ne ferai que l'imaginer.



    Il y a deux façons de sortir d'une cellule : imaginer ou creuser un trou.



    Je creuse.

  • L'instant présent.

     
    Noirceur des cimes 4

    NOIRCEUR DES CIMES



    "Que reste-t-il de l’individu lorsque celui-ci se libère d’une conscience intentionnelle, lorsque son attention n’est pas tournée vers une perception extérieure à lui-même ? Que reste-t-il lorsqu’il n’y a plus rien de connu?
    L’interrogation la tourmente. Depuis des jours et des nuits, elle n’est plus la Sandra universitaire, ni la citadine, elle n’écrit plus, ne reçoit aucun regard associé à un de ses rôles sinon celui de la femme qui attend, les soins qu’elle apporte à son corps se sont considérablement réduits, elle a perdu quasiment tout ce qui constituait l’établissement de la reconnaissance sociale, tous les éléments sur lesquels elle a construit son image, les liens à autrui ne sont plus les apports constructifs de sa propre citadelle, cette purge forcée l’a vidée insensiblement des poisons accumulés pendant des années et elle réalise à quel point ce regard inquiet vers la radio muette n’est qu’un arrachement d’elle-même, une emprise maladive, une extériorité chronique qui la maintient dans un espace où elle n’est rien d’autre qu’un témoin d’elle-même. Cette conscience réfléchie qui réalise qu’elle a besoin d’un support pour prendre forme, n’est pas la conscience de soi. Elle n’est qu’une version fabriquée par une intention. Elle sait qu’elle a goûté à autre chose lorsqu’elle marchait. Que les horizons dégagés par l’absence de projet la plongeaient en elle-même, que la connaissance de soi devenait possible sitôt que s’évanouissait la conscience établie. A travers l’identification à ses rôles, à ses personnages, à ses jugements, à ses perceptions fabriquées, à ses visions réfléchies, à ses volontés de reconnaissance, à ses vigilances anthropophages.
    Mourir à soi-même pour renaître. Elle sait qu’elle n’a jamais été aussi proche d’une compréhension totale de l’expression. Cet égo qu’elle a cru être elle-même devient ce qu’il est, un patchwork infini de pensées qui s’est persuadé lui-même que le tissu est plus important que l’entité qu’il couvre, que l’enveloppe a plus d’importance que le courrier qu’elle transporte. Mais cette présence qu’elle devine désormais sous les oripeaux qui se déchirent, elle voudrait pouvoir la saisir, l’étreindre et ne plus jamais l’égarer, ne plus jamais l’étouffer, la laisser à l’air libre.
    Elle sait désormais ce qui va constituer le reste de son existence. Elle se corrige en réalisant qu’elle ne répond pas à une volonté propre mais à la vie elle-même. Les volontés ne sont jamais que des détournements de l’égo.
    « Laisse la vie te vivre comme elle l’entend ».
    Elle se répète la phrase avec un sourire délicat, un regard tendre, un sentiment d’amour inconditionnel.
    L’abandon du moi est la source du Soi. "




    Je repensais à ces instants intemporels, dans la falaise, lorsque Nathalie et moi, nous tentions de sauver notre peau. (Blog, texte "Délivrance")

    Je grimpais sur des prises infimes qui se révélaient sous mes yeux, je trouvais intuitivement le geste à accomplir, comment maintenir l'équilibre, où enlever la terre pour trouver un bout de roche, gratter pour dénicher une racine...Je n'avais aucune pensée durable, juste des flashs instinctifs. Une force phénoménale, aucune intention autre que de rester ancré au-dessus du vide. L'instant présent.



    J'essaie de préserver cette énergie fabuleuse, de la retrouver dans les actes quotidiens, de m'impliquer totalement dans tout ce que je fais, un repas, ranger le garage, corriger les cahiers de mes élèves, aimer Nathalie, chérir mes enfants, contempler la nature. Chaque acte.

    Il m'était difficile autrefois d'y parvenir concernant les pensées. Comme si le mental possédait une vie propre, une autonomie que je ne parvenais pas à contrôler, comme s'il ne s'agissait que d'un moi indépendant, insoumis et non ce Soi unifié qui m'a tellement bouleversé...Cette sensation nauséeuse de n'être intérieurement qu'un tourbillon anarchique de pensées ingérables, je m'efforçais de m'en libérer.

    Il a suffi que j'accepte de cesser de lutter, que j'accepte leurs présences importunes pour qu'elles s'estompent. Il ne s'agissait pas de lutter mais de rompre les résistances, de baisser la garde. Il n'y avait pas d'autre danger que celui que j'imaginais. La peur entraînant l'apparition de nouvelles peurs...Etrange phénomène. A vouloir maîtriser, je perdais le fil essentiel.

    Dans la falaise, il n'y avait pas de place pour la peur. Juste la nécessité de l'action.

    Si je cesse d'avoir peur de mes pensées insoumises, elles s'effacent comme par épuisement, comme si le désintérêt pour leur présence les liquéfiait. De la même façon que je n'avais pas peur de tomber lorsque je me déplaçais parce que l'action était si intense que l'imagination était figée, en laissant passer en moi les pensées fugitives, je n'ai pas besoin de créer une pensée défensive...Et en regardant s'effriter cette défense, laisser la peur s'installer. Etrange phénomène.

    Je suis là, je m'installe dans l'action, j'écris, mes pensées me tiennent au-dessus du vide, il n'y a rien d'autre que cette nécessité d'écrire, rien d'autre n'a d'importance, c'est une situation de survie et si une pensée rebelle s'interpose, je la regarde passer comme un éclair fugace, je ne la scrute pas, je ne me fixe pas sur elle, je n'ai aucune colère contre elle, elle ne me dérange pas, elle n'est qu'un battement de paupières, un papillon éphémère qui volète et disparaît dans la brume épaisse des pensées éteintes.




    Je suis là.

  • Conscience et destin. (spiritualité/conscience)

     
    "Tout ce qui ne parvient pas à la conscience revient sous la forme du destin."

    Carl Gustav Jung

    Un choc énorme en lisant cette phrase. Car je ne la vois pas dans une temporalité limitée à une vie mais à une succession de vies. Je suppose d'ailleurs qu'il en était de même pour Jung étant donné ces divers écrits.

    Alors, qu'en est-il ? Comment prendre "conscience" de ce que notre inconscient contient si ce mystère en restant irrésolu nous ramène à l'incorporation ?

    J'ai essayé "le rêve éveillé" sans y trouver le moindre intérêt. Le fait d'être "guidé" m'est apparu comme une déviance, une manipulation et je suis incapable de certifier que ce qui m'est "apparu" me concernait réellement. Est-ce que je dois essayer l'hypnose, la méditation, les hallucinogènes ?...

    J'ai l'impression que l'écriture répond à cette nécessité avec davantage de force. Mais alors que j'avais l'intention d'écrire un thriller, je m'aperçois que cette écriture purement fictive me laisse inerte. J'ai établi tout le synopsis et je reste figé devant l'écran. Comme si une intuition venait me dire que je n'avais rien à trouver dans cette voie, que l'écriture, pour moi, ne peut pas s'égarer dans une dimension ludique... Je n'ai pas le choix.

    Que ce soit "Vertiges", "Plénitude de l'unité", Une étrange lumière", "Noirceur des cimes" ou "Les Eveillés", je n'ai jamais pu me détacher de ce que je porte. Est-ce qu'il s'agit d'une voie vers mon inconscient ? J'ai appris bien plus sur moi-même et sur les autres en écrivant "Les Eveillés" qu'en lisant des dizaines de livres.



    Vers où dois-je aller désormais ?

    Est-ce que les gens avec lesquels j'ai établi des contacts spirituels, et non quotidiens, doivent être des "personnages" de romans afin que je trouve à travers leurs existences et les drames qui les jalonnent les éclaircissements et les révélations dont ma conscience a besoin ?



    Lorsque je m'engage vers un sommet, lorsque je cherche à lire un itinéraire, à décrypter les faiblesses du relief afin de me hisser vers les hauteurs, je connais mon objectif et je peux adapter mon parcours, gérer mes forces, changer de cheminement, je sais où je veux aller, je sais à peu près comment m'y prendre.

    Mais dans le cas de mon inconscient, je ne sais pas ce qu'il contient. Je ne peux même pas avoir d'objectifs, il n'y a aucune balise, je peux même me dire que je m'intéresse à un espace qui n'existe même pas... Comment établir un projet, une démarche, un horizon ? Il n'y a rien de palpable, de matériel, ni même d'intellectuel, c'est un gouffre sans fond ou un univers sans bornes...



    Krishnamurti, Aurobindo ou Jung ont exploré ces espaces. Ils ont établi un contact, cheminé pendant des années, extirpé des tréfonds la quintessence de leur être. Il s'agissait d'individus extraordinaires.



    Et moi ? Comment est-ce que je m'en sors ? Faudra t-il recommencer ? Reprendre la tâche inachevée ?