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  • Le progrès

    Alors, donc, voilà...J'ai fini l'écriture de "Jarwal le lutin" et le thème principal est "le progrès".

     

    L'histoire commence de nos jours. Marine, Rémi et Léo, frères et soeurs, sont infiniment amoureux de la Nature. Ils passent des heures à marcher en montagne, à jouer dans les forêts, au bord des ruisseaux, à observer les animaux. Leurs parents les ont entraînés depuis leur petite enfance dans les lieux les plus sauvages, d'éblouissantes balades, à toutes saisons.

    Marine, la grande soeur, a développé une certaine philosophie de la vie, une observation critique du monde adulte, un regard lucide. Ses deux frères, attachés aux mêmes valeurs, nourris par les mêmes exigences, portent en eux la même idée de respect envers la Vie.

     

    Ils sont abordés un jour par un lutin, Jarwal.

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    CHAPITRE 2

    "Ils arrivèrent au bord du petit Lac vert. Une eau immobile posée dans un écrin de pierres plates et de blocs erratiques, comme des galets monumentaux jetés adroitement par des montagnes espiègles. Ils s’assirent au bord de l’étendue miroitante et sortirent chacun une pomme. Devant eux se dressait comme un pilier céleste le sommet de la Grande Montagne, une masse pyramidale sculptée habilement par des millénaires d’érosion, ils devinaient partant vers l’est le sentier menant au Col de l’Alpette. Arrivés là, il resterait les longues courbes ascendantes menant au sommet, des marches taillées par le ruissellement et les éboulis et le final rocheux dans le labyrinthe des grandes dalles empilées et polies.

    « C’est quand même marrant que les pommes qu’on mange à la maison ne sont jamais aussi bonnes que celles qu’on mange ici, s’étonna Rémi.

    -Ah, oui, c’est vrai ça, enchaîna Léo. Celle-là, je la déguste au moins.

    - C’est surtout qu’on l’a bien méritée, alors on l’apprécie à sa juste valeur, ajouta Marine.

    -C’est tout à fait ça, » renchérit une voix inconnue. 

     

    Ils se retournèrent et sursautèrent tous les trois. Comme un seul homme, Rémi et Léo vinrent se réfugier près de leur sœur.

    Debout au sommet d’un bloc aussi rond qu’une tête de nouveau-né se tenait un petit être extraordinaire, coiffé d’un large chapeau vert aux bords écornés. Il ne devait pas mesurer plus d’un mètre. Un long manteau gris éculé descendait jusqu’aux pieds mais laissait apparaître des chaussures au bout arrondi. Un sac de peau en bandoulière, un nez renflé comme une bonbonne, un ventre proéminent, des joues rosées encadrant des yeux malicieux, des sourcils épais comme des buissons, une peau tannée par les ans.

    L’individu souleva son chapeau et libéra une chevelure exubérante.

     

    « Bonjour chers amis, je suis Jarwal le lutin. »

    Une voix étrangement posée, grave et profonde comme un gouffre. Sur un visage aussi rieur, l’effet était percutant.

    « Je vous attendais et j’espérais ce moment depuis longtemps déjà.

    -Comment savais-tu que nous viendrions ici ?

    -Je le savais, c’est tout.

    -Et pourquoi dis-tu que tu espérais ça depuis longtemps ?

    -Il fallait que je vous parle. Aujourd’hui, c’était l’occasion rêvée. »

     

    Les trois enfants restaient serrés, nullement rassurés par cette apparition irréelle.

     

    « N’ayez pas peur de moi chers enfants. Je sais que mon apparition est brutale et que vous n’êtes pas habitués à croiser des lutins tous les jours. 

    -C’est sûr », pensa Rémi secrètement.

     

    Léo essayait de reconnaître un de ses copains sous un fabuleux déguisement.

    Rémi se demandait comment cet étrange individu avait pu apparaître aussi soudainement, sans qu’ils n’aient rien entendu.

     

    « Qu’est-ce que vous nous voulez ? interrogea Marine qui s’efforçait de retrouver son calme.

    -J’ai besoin de vous parler. C’est même bien plus qu’un besoin, c’est vital.

    -Est-ce que vous êtes armés ?

    -Non, Marine, ne t’inquiète pas. Tu tiens très bien ton rôle de grande sœur mais je t’assure que vous ne risquez rien. Je ne vous veux aucun mal, bien au contraire. Je vous connais depuis longtemps et je vous aime beaucoup.

    -On ne t’a jamais vu pourtant ? Comment c’est possible que tu nous connaisses ? s’insurgea Rémi qui tenait à montrer son courage.

    -Tu t’appelles Rémi, tu as dix ans. Tu adores le ski, tu aimes les histoires d’aventures.

    -Et moi ?

    -Tu es Léo, tu as huit ans, tu es dans la classe de ton papa qui est instituteur. Tu adores l’escalade et les voyages, comme ton grand frère d’ailleurs. Et Marine, votre grande sœur a douze ans. Elle adore la nature, les livres, les légendes. Mais, ça serait très long que je raconte tout ce que je sais de vous. Il a fallu que je vous observe pendant longtemps avant de savoir si vous pouviez être les Elus.

    -Les Elus ? Qu’est-ce que c’est que ça ?

    -Chère Marine, je vais descendre auprès de vous trois vous expliquer tout ça.

    -Non, ne bouge pas de là-haut, lança-t-elle fermement. Ouvre d’abord ton manteau et montre l’intérieur de ton sac. Je veux être certaine que tu n’as pas un couteau ou une autre arme avant de t’approcher. »

     

    Le lutin obtempéra immédiatement en souriant. Il délaça une cordelette usagée et ouvrit son manteau. Il n’y avait qu’un ventre dodu couvert par une chemisette rapiécée. Il prit son sac et y plongea la main. Il en sortit un volumineux ouvrage.

    « Voilà le Livre, celui pour lequel je suis là. »

     

    Les trois enfants furent surpris qu’un livre aussi gros tienne dans un aussi petit sac sans même qu’il en dépasse ou ne déforme la peau. Comme si la musette n’avait pas de fond…

     

    « Bien, tu peux descendre Jarwal, annonça Marine.

    -Merci, chère enfant. »

     

    Le lutin fit un bond prodigieux accompagné d’une pirouette et retomba souplement sur ses pieds devant le trio éberlué.

    « Wouah, comment tu as fait ça, trop génial ! lança Léo.

    -Je savais que ça te plairait l’acrobate, tu es très fort également, je t’ai vu grimper sur les rochers et aux arbres. Tu es très adroit aussi. Et Rémi n’est pas à plaindre non plus.

    -Tu dis que tu nous as vus et nous on ne t’a jamais vu. Comment est-ce possible ? demanda Marine.

    -Beaucoup de choses sont possibles Marine. Sauf celles qu’on juge impossibles. Ce sont nos pensées qui construisent la réalité. Mais j’aimerais vous parler de moi. Vous avez le droit d’en savoir davantage et ainsi vous ne vous sentirez plus en position d’insécurité car c’est ça qui vous gêne pour l’instant. »

     

    Le lutin s’assit en tailleur devant les trois enfants, il plongea la main dans son sac et en sortit une petite bourse.

     

    « Je peux t’emprunter ta gourde Rémi s’il te plaît ?

    -Oui, acquiesça le garçon.

    -Ceci est du sel, » expliqua-t-il en déposant une pincée sur sa langue. Il plongea une main dans son sac et en ressortit une timbale cabossée.

    Le lutin déposa un nuage de grains dans le récipient et le montra aux enfants.

    « Vous voyez, le sel est bien là, au fond. »

    Il remplit la timbale avec l’eau de la gourde.

    « L’eau est visible mais plus le sel. Et pourtant, il est là mais il s’est dissous. Et bien, il en est de même avec la vie. On voit ses formes et je sais que vous aimez celles de la nature, on voit que son imagination est incommensurable mais tout cela n’est qu’une infime parcelle de la réalité. L’essentiel n’est pas visible car il est dissous dans les formes. C’est l’énergie fondatrice. Sans elle, il n’y aurait aucune forme. Si je suis à vos côtés, c’est parce que je sais que vous êtes capables de comprendre ça. Non pas avec votre tête mais avec votre âme. Avec votre amour de la vie. Parce que vous êtes des cœurs purs. Des âmes qui ne se sont pas égarées. Tu parlais tout à l’heure des aveuglés Marine. Et bien, vous n’en faites pas partie. »

     

    Un silence interrogatif. Des réflexions secrètes au cœur de chacun. Marine scrutait le visage de Jarwal. Les yeux brillaient de malice et en même temps, du visage, émanait une infinie sagesse, une connaissance immense. Elle n’arrivait pas à lui donner d’âge.

     

    « J’ai 835 ans Marine, si je parle selon votre notion du temps. »

     

    Marine se demanda s’il lisait dans les pensées.

     

    « 835 ans ! reprit Léo, estomaqué.

    -C’est impossible, répliqua Rémi aussitôt.

    -Je ne suis pas de votre monde les enfants. Et je n’ai pas la même mission à mener. Celle-ci réclame une durée de vie extensible. Mais, voilà mon histoire. Assez de mystères. Je suis le Gardien du Livre. Celui qui doit veiller sur la vie des êtres du Petit Peuple, les lutins, les gnomes, les elfes, les fées, les korrigans mais également sur la Nature. Et ce Petit Peuple est en péril tout comme la Nature. Ce que les hommes ont nommé le progrès représente finalement une menace redoutable. Mon rôle est de trouver des êtres prêts à changer de voie en espérant qu’ils parviendront à toucher leurs semblables.

    -Et c’est à nous que tu as pensé ? C’est nous que tu as choisis ?

    -Oui Marine, vous et d’autres enfants à travers le monde.

    -Et que devons-nous faire ? demanda Rémi, intrigué.

    -Juste écouter ce que j’ai à vous dire. Maintenir la vie du Petit Peuple en leur offrant une place dans votre esprit. Aimer la Nature pour que votre engagement et votre attitude serve de modèle.

    -Mais on est que des enfants nous ? On ne peut pas faire ça ? objecta Léo qui n’en perdait pas une miette.

    -Un enfant est un adulte en devenir et nous savons, tous mes amis et les Grands Sages, que l’avenir de ce monde est entre les mains des enfants. Non pas qu’ils doivent entrer en lutte contre les adultes d’aujourd’hui mais ils doivent ne pas devenir les mêmes adultes. Et il est très difficile de ne pas suivre les modèles les plus puissants. Vous, les enfants, êtes des proies très fragiles. Les adultes le savent d’ailleurs et s’en servent.

    -Nos parents ne sont pas de mauvais adultes, contesta Rémi.

    -Je le sais Rémi et c’est aussi une des raisons de mon choix. Vos parents vous ont déjà lancés sur une voie différente. Vous ne faites pas partie de la masse aveuglée. D’autres enfants à travers le monde ont cette chance. C’est vous tous que nous avons pour mission de contacter.

    -Tu n’es pas tout seul dans cette mission alors ?

    -Non Marine, nous sommes très nombreux. Mais nous devons rester discrets et prudents. Je suis par contre le seul gardien du Livre.

    -Pourquoi vous ne parlez pas à tout le monde ?

    -Parce que nous serions pourchassés Léo. Regarde les peuples minoritaires qui peuplent encore cette planète, ceux qui sont encore en contact avec la Nature, ceux qui l’aiment et la respectent. Ils sont parqués, humiliés, exterminés par des moyens plus ou moins légaux. Beaucoup ont même déjà totalement disparu. Nous ne sommes même pas des humains. Nous serions des ennemis à abattre. Notre message ne correspond absolument pas aux projets et aux objectifs de la majorité des hommes aujourd’hui. Surtout des hommes les plus puissants. C’est pour cela que nous avons décidé de nous adresser aux enfants. 

    -Est-ce que nous avons la possibilité de refuser ?

    -Bien entendu Marine. Vous êtes totalement libres et je vous assure que cela ne comporte aucun danger. Il s’agit juste d’écouter une histoire.

    -Je ne vois pas en quoi ça pourrait sauver le Petit Peuple, s’étonna Rémi.

    -C’est parce que je ne vous ai pas encore tout expliqué. »

     

    Le lutin posa le grand livre devant lui, cérémonieusement, avec une infinie précaution, comme s’il manipulait un trésor inestimable. La couverture en cuir épais portait des inscriptions soignées, des calligraphies minutieusement taillées, des dessins en relief, creusés dans la matière, un titre imposant.

    « Le Livre. »

    Marine n’en avait jamais entendu parler, elle n’avait jamais rien lu sur cet ouvrage mystérieux.

    Jarwal ouvrit le livre par la fin. Il tourna lentement les pages, lissant amoureusement le papier granuleux avant de prendre la page précédente. Chaque feuille était blanche, vide. Du visage du lutin émanait une tristesse insondable. 

    Les enfants ne comprenaient pas. Quel était l’intérêt d’un livre sans histoires ?

    A chaque page, ils espéraient voir apparaître quelques lignes, un dessin…Mais le lutin continuait son douloureux égrenage de pages blanches, vides, ternes sans oublier de caresser religieusement chaque étendue dévoilée avant de continuer. Il arriva enfin vers la moitié de l’ouvrage et les trois enfants virent apparaître quelques mots, une demie ligne, quelques esquisses de phrases, hachées, coupées, comme gommées par endroits, une respiration de moribond, puis les pages se remplirent davantage, les mots prirent un rythme régulier, des dessins apparurent, des calligraphies sur les bords, puis des couleurs égayèrent l’ensemble.

    Le visage du lutin avait changé, une esquisse de sourire, moins de douleur au fond des yeux, un regard attendri comme s’il veillait un nouveau-né.

     

    « Voilà le drame de ma longue vie. »

     

    Le lutin ferma le livre et tourna vers les enfants la couverture enluminée.

     

    « Le Livre contenait toutes les vies de mes compagnons, toutes les aventures, les légendes, les contes, les épopées, tous les adversaires les plus redoutables de la vie elle-même. Même les êtres mauvais sont nécessaires pour que se révèlent les êtres bons. Les épreuves proposées par les adversaires sont des opportunités de développement. Mais un ennemi plus impitoyable que tous les rivaux que j’ai connus a pris le pouvoir et a condamné Le Livre à l’effacement.

    -Qui est cet ennemi ? demanda Marine, interloquée.

    -Le progrès. »

    Le mot tomba comme un couperet de guillotine. Les yeux du lutin se chargèrent de colère.

    « Le progrès qui a conduit les humains à quitter la Nature et à oublier le Petit Peuple. Le goût immodéré de la possession comme une source de vie, la soif de pouvoir, pas nécessairement sur les autres mais cette idée stupide que l’accumulation de technologies donne ce pouvoir. Posséder puis jeter pour posséder encore, le dernier objet à la mode, s’enrichir et posséder encore, travailler d’arrache pied pour accumuler et s’enrichir, prendre du pouvoir en arguant de ses possessions. Cette existence moderne est devenue une aberration. A posséder des choses matérielles l’individu se dépossède de lui-même. Il s’emprisonne dans ses désirs et pire encore dans la peur de tout perdre. Il appartient lui-même à ce qu’il croit posséder. Et dans ce marasme coloré de lumières électriques le Petit Peuple dépérit.

    -Mais pourquoi ?

    -Parce que le Petit Peuple, Rémi, n’existe plus dans l’esprit des humains. Et qu’il ne peut rester en vie qu’en étant porté par l’amour qu’il reçoit. Nous n’existons que dans l’accompagnement des humains. Nous sommes victimes de son oubli. Et nous disparaissons inexorablement.

    -Tu veux dire que les pages sont devenues blanches ?

    -Oui Léo, c’est exactement ça. Et le Mal remonte vers la source, sans aucune rémission, les histoires s’effacent les unes après les autres, l’Oubli ronge les mots, tous les êtres des forêts s’épuisent, dévorés eux-mêmes par cette indifférence des humains qui courent sans répit vers leur perte.

    -Tu as parlé d’une mission. De quoi s’agit-il précisément ?

    -Je vois que tu ne te laisses pas entraîner aveuglément Marine. C’est une très grande qualité. Le Conseil des Grands Sages a décidé lors d’une ultime réunion d’accepter l’idée que nous devions entrer directement en contact avec les humains, que nous devions quitter nos refuges pour demander de l’aide et faire prendre conscience aux humains de l’urgence de la situation. C’est une décision qui allait à l’encontre de toutes nos traditions, de nos règles les plus ancestrales. Nous n’avons jamais contacté les humains. Ce sont eux parfois qui sont venus à notre rencontre, autrefois, il y a très longtemps, à l’époque du roi Arthur par exemple.

    -Arthur et les chevaliers de la Table Ronde ? demanda aussitôt Léo qui connaissait toute cette épopée.

    -Oui, effectivement. Arthur était un grand homme, très respectueux du Petit Peuple.

    -Tu as connu le roi Arthur ?

    -Non, Rémi. Je suis un être très âgé mais pas autant.

    - Et que venons-nous faire dans cette histoire Jarwal ?

    -Chère Marine, les Sages ont dit que seuls certains enfants pouvaient nous aider. Pour les adultes, le Mal est fait, c’est irrémédiable. Comme une épidémie qu’on ne peut plus enrayer. Ils se contaminent les uns les autres, sans aucun discernement, jusqu’à être heureux d’être frappés par le Mal. Il ne reste que les enfants, certains enfants. Vous avez été choisis à la suite des nombreux comptes-rendus que j’ai faits devant les Grands Sages. Je suis près de vous depuis la naissance de Léo. Sans jamais me montrer.

    -Comment est-ce possible ?

    -C’est très simple Rémi. Vous ne pouviez pas me voir étant donné que pour vous, je n’existais pas. Lé réalité n’est que ce que votre conscience a construit à travers les sens ou la raison. Sauf que tout ça est très restrictif et que vous manquez l’essentiel.

    -C’est quoi l’essentiel ?

    -Le sel dans l’eau, Marine. »

     

    Un sourire sur le visage du lutin. Le silence des trois enfants qui cherchaient à comprendre.

    « La vie n’est pas dans les formes, c’est ça ? Cette réalité des formes n’est pas la réalité essentielle.

    -Très bien Marine, tu apprends vite.

    -J’ai rien compris, avoua Léo.

    -Moi non plus, ajouta Rémi.

    - Vous pensez que ce que vous voyez, les fleurs, les arbres, les animaux, les montagnes, que tout ça est réel, que c’est la réalité, qu’il n’y a aucun doute à avoir. Oui, ces images sont réelles mais ça n’est pas la réalité essentielle. Ce qui importe, c’est de parvenir à comprendre que la vie dans toutes ces formes est unique, qu’elle est une énergie identique, quelles que soient les formes que la Nature a créées.

    - Mais les montagnes ne sont pas vivantes ? contesta Rémi.

    - Pas vivantes au même titre que les animaux ou les arbres, c’est certain. Mais elles existent bien pourtant. Qu’est-ce qui les constitue ? C’est dans cette réponse que se trouve la réalité. L’unique réalité.

    - Les atomes ? proposa Marine, perplexe.

    - Oui, Marine, c’est cela. Mais là encore, nous ne sommes qu’à une étape du chemin. Il existe un nombre incalculable de questions dans cet espace d’énergie, des univers infinis de découvertes à saisir. Mais nous aurons le temps d’en reparler une autre fois. Je l’espère.

    - Et que prévois-tu dans l’immédiat ?

    - Une réponse de votre part Marine. Vous trois, car je sais que vous êtes indissociables.

    - Et quelle est la question ? interrogea Rémi, impatient.

    - Acceptez-vous d’écouter la première histoire du Livre ?

    - J’ai besoin de bien comprendre ce qui se passe d’abord, Jarwal. Pourquoi ces pages sont-elles blanches ?

    -Pourquoi êtes-vous seuls ici Marine ? Pourquoi n’avez-vous pas d’amis avec vous ?

    -Personne ne veut venir en montagne, ça n’intéresse pas les autres enfants. Ils disent même qu’on est nul à rester dehors comme ça, eux ils restent chez eux et ils jouent avec des ordinateurs ou des playstation. C’est des bidules complètement nuls.

    -Oui, je sais ce que c’est Rémi, j’ai vu ça dans les maisons, tous ces enfants qui vivent des aventures dans un écran et qui ne comprennent pas que leurs vies sont aussi virtuelles que tous ces personnages dessinés. C’est une illusion qui les tue à petit feu. Et nous avec. Le Mal s’est découvert un allié redoutable, un magicien sans scrupule. Certains hommes sont à son service parce qu’ils y trouvent une richesse matérielle qui les comble de bonheur. Même si pour cela, ils participent à l’aveuglement de millions et de millions d’enfants. C’est une course sans fin, les dégâts sont effroyables mais personne ne s’en aperçoit. Chaque année, un nouveau subterfuge remplace l’ancien, il faut entretenir le désir de posséder, il ne faut pas que les gens se lassent, il risquerait de se réveiller, cette manipulation est gigantesque, planétaire, plus personne ne la contrôle, les gens la nourrissent et s’en nourrissent même si c’est un poison.

    -C’est comme une drogue alors !

    -Oui, Léo, c’est exactement ça. Mais elle ne doit pas faire mourir sinon il n’y aurait plus de clients.

    -Et qu’est-ce qu’il y a dans ce Livre de si important ?

    -Une autre voie, une autre façon de comprendre la Vie. Il ne s’agit pas d’abandonner le Progrès mais de savoir l’utiliser en toute conscience. Nous aussi, le Petit Peuple, nous avons toujours cherché à progresser. Dans la connaissance et l'utilisation des plantes par exemple. C’est un phénomène naturel mais il ne faut jamais laisser le Progrès devenir le maître.  

    Le Livre est un antidote, un remède universel, une voie de sagesse. Toutes ces histoires ne sont pas que des confrontations de sorciers et de lutins, de fées et d’êtres mauvais, elles sont avant tout des leçons de vie, pour que l’existence des hommes ne s’égare pas.

    -Depuis quand ces histoires ont-elles commencé à s’effacer ?

    -Depuis que les enfants ne lisent plus, Rémi. Plus assez en tout cas pour que la force de l’Amour puisse résister à la violence inépuisable de l’indifférence et de l’Oubli.

    -Et tu penses que si on t’écoute, ces histoires vont réapparaître ?

    -Non Léo, ça ne sera pas suffisant. Votre mission, si vous l’acceptez, sera d’une autre ampleur. Il faudrait que vous deveniez des porte-parole, que vous propagiez ces histoires, que vous soyez des relais. Je vous les raconterais, sans que personne ne connaisse jamais mon existence, puis vous serviriez de diffuseurs.

    -Et si personne ne nous écoute ? Quelles seront les conséquences pour nous ?

    -Rien, Léo, vous ne risquez absolument rien.

    -C’est faux Jarwal, tu n’es pas honnête en disant cela.

    -Pourquoi Marine ?

    -Parce que nous nous sentirons coupables. Si nous échouons, nous serons responsables de la fin du Livre.

    -Effectivement Marine, tu as raison, mais les Grands Sages y ont pensé. J’allais vous le préciser. Ils ont décidé qu’en cas d’échec, tous les lutins comme moi, auront comme dernière mission d’effacer de la mémoire des Elus toutes traces de nos contacts. Il n’en restera rien.

    -Comment est-ce possible ? Tu ne peux pas entrer dans ma mémoire ! contesta Léo. C’est comme si tu me disais que tu pouvais m’emmener faire un tour au-dessus des montagnes.

    -Mais c’est tout à fait possible Léo. »

     

    Le lutin s’approcha, tendit l’index vers le front de Léo qui loucha sur le doigt tendu. Soudain, au moment où le doigt toucha la peau, la dernière phalange s’illumina. Léo eut un mouvement de recul et Rémi se prépara à sauter sur le lutin.

    « Ne crains rien Léo, laisse moi faire et ferme les yeux. Tu ne risques rien. »

    Léo se figea, bouche ouverte, et écarta soudainement les bras comme s’il avait des ailes.

    « C’est beau n’est-ce pas ? Regarde dessous toi, ces glaciers et ces sommets, ce monde entier est une merveille sans fin. Tu le sais déjà mais les découvertes à venir, tu ne peux même pas les imaginer. Ah, voilà la Belle Etoile, tu la reconnais ? On voit bien la croix au sommet. Et là, cette belle pierre plate sur laquelle tu avais mangé ton casse-croûte la première fois que tu es monté là-haut en famille. Tout est là, en toi, ça n’est pas moi qui te fais voyager, c’est ton esprit, je t’aide juste à voir ce que tu portes. »

    Jarwal écarta enfin son doigt du front, la lumière disparut. Léo ouvrit les yeux, regarda Marine et Rémi puis le lutin. 

    « Qu’est-ce que tu as vu ? demanda Rémi, impatient, raconte !

    -Je…J’ai…C’était…, » bredouilla Léo.

    L’enfant n’était pas là encore, les yeux dans le vague, brillants d’une lumière d’étoile, il errait, émerveillé, dans des paysages intérieurs.

    « Raconte, allez, où t’es allé ?

    -J’étais au-dessus des glaciers, je volais, c’était tout bleu comme la mer. La lune éclairait tous les sommets. La neige brillait comme avec des diamants. Je voyais tout partout sans bouger les yeux. J’étais dans le ciel, j’ai volé ! lança l’enfant qui réalisait peu à peu l’extraordinaire expérience.

    Marine regardait le lutin qui souriait malicieusement.

    « Ne t’inquiète pas Marine, je n’ai fait que catalyser les désirs et les rêves de Léo. Ces images étaient déjà en lui mais floues et dispersées. Je lui ai juste permis de réunir l’ensemble et de construire son voyage. Il ne se serait rien passé si Léo n’avait pas déjà possédé ces images en lui. Je ne suis pas un magicien mais un catalyseur d’énergie, comme un concentrateur si tu préfères. Toi qui lis tous les jours, tu connais déjà cette puissance de l’esprit, de l’imaginaire, de la pensée. Tu penses que tout ça est immatériel et ne peut pas être atteint d’une quelconque façon mais c’est une erreur. Les pensées sont des formes d’énergie qu’il est possible de maîtriser. Tu as déjà voyagé ainsi et Eclair, ton beau cheval, est un compagnon fidèle.

    -Tu…Tu connais Eclair ?

     -Tu y penses si fort Marine, il suffit d’écouter.

    -Tu sais lire dans les pensées ?

    -Non, cela, c’est de la sorcellerie. Moi, je reçois les vibrations des gens passionnés. Ceux-là sont si vivants qu’il suffit des les approcher pour sentir leurs ondes et visualiser leurs pensées. C’est comme un parfum qui voyagerait de nez en nez. Les pensées sont comme des odeurs. Invisibles mais matérielles. Il suffit de savoir respirer, humer, écouter avec son esprit. Il vous est sûrement déjà arrivé de vous apercevoir tous les trois que vous pensiez à la même chose au même moment. Vous aviez mis cela sur le compte du hasard et vous en avez ri alors qu’il s’agissait de pensées voyageuses. Vous avez la sensibilité, vous avez le Vrai Regard.

    -Le Vrai Regard ? Qu’est-ce que c’est que ça ?

    -Ah, ah, Rémi, tu ne te laisses pas entraîner tête baissée, tu es collé au sol comme ce rocher, enraciné comme un chêne. Pas du genre à succomber au premier mirage. C’est très bien, très bien. J’ai besoin d’un compagnon solide comme toi et j’espère que nous serons amis. Pour répondre à ta question, je dirais que…

    -Le Vrai Regard, coupa Marine, c’est celui que je vous apprends chaque jour. Une pierre n’est pas qu’une pierre, elle est le corps de la Terre, le vent n’est pas que le vent, il est le souffle de la Terre, la pluie est son sang,

    -Et les arbres sont des poils par lesquels elle transpire, ajouta Rémi.

    -Vous voyez que je ne me suis pas trompé, vous êtes les Elus, lança le lutin, rayonnant. Je n’ai pas grand-chose à vous apprendre. Juste vous faire prendre conscience de votre potentiel. Tout est déjà en vous.

    -Que devons-nous faire alors ?

    -Rien d’autre, Marine, que d’écouter mes histoires et ensuite les transmettre.

    -Mais ton livre ne contient que quelques pages, reprit Marine. Dans une heure, tout est fini.

    -Le Livre n’est que le support des mots, je suis le Gardien. Celui qui connaît les histoires. Ma mission est de trouver les Elus et de leur raconter. Qu’ils deviennent ensuite des Passeurs. Le Livre s’écrira alors et tous les personnages retrouveront vie. Ils échapperont à l’Oubli. Il ne reste effectivement plus qu’une seule histoire dans le Livre. Elle résiste encore parce qu’elle est la Source. Toute l’énergie du Petit Peuple la soutient depuis des millénaires.

    -Et que se passera-t-il si nous ne parvenons pas à transmettre ces histoires, à montrer le Vrai Regard ? Nous ne sommes que des enfants, intervint Rémi.

    -Pour vous, il n’arrivera rien. Les Grands Sages ne veulent créer aucune douleur chez les Humains. Nous n’avons aucune colère en nous. Si vous refusiez de m’écouter, je disparaîtrais et vous oublieriez tout de cette rencontre, elle ne ferait plus partie de votre réalité, il n’en resterait en vous que l’esquisse d’un rêve, jusqu’à ce qu’il s’efface totalement. Quant à votre capacité à transmettre le Vrai Regard, il vous suffira d’être confiants en votre force. »

    Léo, encore émerveillé de son fabuleux voyage, attendait le début de l’histoire. Rémi, pour sa part, adorait l’aventure et Jarwal semblait en connaître à foison. Marine sentait vibrer en elle une énergie inconnue, comme une sève qui la grandissait et la poussait vers la lumière.

     

    « Qu’est-ce que vous en pensez les garçons ?

    -Pour moi, c’est oui, lança immédiatement Léo.

    -Pareil, » enchaîna Rémi.

     

    Marine regarda le lutin. Intensément. Elle sentait son cœur cogner comme les pas d’un mammouth. Elle avait toujours entraînés ces deux frères dans des histoires mystérieuses où le rêve devenait réalité mais cette fois, c’était plus vrai que vrai. Elle tentait de démêler l’écheveau de ses pensées. Elle ferma les yeux très fort et les rouvrit. Jarwal était toujours là, les fixant de ses yeux lumineux. Ses deux frères attendaient la décision de leur grande sœur. Ils lui obéiraient sans contestation.

    Elle respira un grand coup. L’impression de sauter dans le vide.

     

    « Bien Jarwal, nous allons écouter ton histoire. »

    Le lutin fit une pirouette sur lui-même et retomba sur ses pieds.

    « Ah, ah, t’es trop fort ! s’esclaffa Léo.

    -Merci, les enfants, mille mercis, du fond du cœur et de tous les cœurs du Petit Peuple. »

    ______________________________________________________________________________________________________________________________________

     

    Voilà donc le fond de l'histoire. Les hommes sont devenus les proies du Progrès qu'ils entretiennent et développent. Le Petit Peuple doit lutter pour sa survie comme l'humanité finira d'ailleurs, un jour, par lutter pour la sienne. La disparition du Petit Peuple est le phénomène précurseur de notre décrépitude.

    Que s'est-il passé pour en arriver là?

    Jarwal est le témoin de cette déchéance, de cette voie pernicieuse. Marine, Rémi et Léo vont devenir les récepteurs de l'histoire de l'humanité avant de tenter d'en changer le cours... 

     

    Je pars donc dans une histoire très longue...Une succession d'épisodes.

     

    Le deuxième prend forme dans ma tête.

     

    Le premier est parti chez l'éditeur.

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  • Musique

    Il y a des jours où le "hasard" est un fin limier. Je cherchais un nouveau compositeur, musique mélodieuse, fluide, profonde...J'errais de page en page sur youtube et je finis par tomber sur ça...

    http://www.youtube.com/watch?v=tokf95lCTrM&feature=related

     

    Je me laisse embarquer...J'écoute un deuxième morceau...Puis un autre et je finis par tomber sur cette page.

     

    http://soundcloud.com/theinituition/tracks?page=1

     

    Et là, je me dis que le hasard me connaît très bien. 

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  • 2011, 0h30.

    LA STRATEGIE DU CHOC"

    de NAOMI KLEIN

     

    "Il faudra descendre dans la rue et les obliger à le faire."

    http://www.megavideo.com/?v=DH5XQ8U4

     

    http://www.rue89.com/club-rue89/2010/02/23/le-film-la-strategie-du-choc-dapres-le-livre-de-naomi-klein-140083

     

    http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Strat%C3%A9gie_du_choc

    Thèse du livre[modifier]

    Après une préface où elle expose les différents points de son argumentation, le premier chapitre porte sur la torture et plus particulièrement sur les expériences de lavage de cerveau effectuées par Donald Ewen Cameron, financées par la CIA. Ces recherches avaient pour objectif de détruire la personnalité du sujet, en lui administrant des chocs divers (substances chimiques, électrochocs), dans le but d'obtenir une « page blanche » sur laquelle on pourrait écrire une nouvelle personnalité.

    S'appuyant sur d'importantes recherches documentaires[1], Naomi Klein soutient que de la même manière, des désastres (catastrophes naturelles, changements de régimes), qui conduisent à des chocs psychologiques, permettent aux chantres du capitalisme d'appliquer la doctrine de l'école de Chicago dont Milton Friedman est l'un des représentants les plus connus. Ils imposeraient à l'occasion des désastres des réformes économiques que Naomi Klein qualifie d'ultra-libérales telles que la privatisation de l'énergie ou de la sécurité sociale. De telles réformes n’étant pas possibles sans crise.

    Naomi Klein utilise comme exemples de sa thèse les dictatures de Pinochet au Chili, de Soeharto en Indonésie et d’autres dictatures d’Amérique du Sud en général avec le lot de tortures qui les accompagnent. Le cas de la Bolivie, où les réformes ont été conduites en déportant temporairement les responsables de gauche, est aussi décrit. L'auteur évoque aussi les libéralisations qui ont suivi la chute du bloc de l'Est en Pologne et en Russie au début des années 1990, le gouvernement de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. Les politiques qui ont été pratiquées aux États-Unis depuis 1990, mais plus particulièrement sous l'administration Bush, sont particulièrement visées, notamment la privatisation progressive de la sécurité aux États-Unis. Cela la conduit à s'intéresser à la gestion de la guerre en Irak[2]. Pour elle, on assiste depuis 2001 à l'émergence d'une industrie de la sécurité intérieure, les attentats du 11 septembre ayant été utilisés comme un choc « utile ».

    L'auteur cite en particulier à l'appui de sa thèse les réformes suivantes :

    Elle estime que dans différents endroits du monde, l’application des théories de Milton Friedman conduit à la division des villes en deux zones, comme à Bagdad, La Nouvelle-Orléans ou Beyrouth[3] :

    • une Zone verte, riche et protégée des dangers ;
    • une ou plusieurs zones rouges, dangereuses et misérables.

    Naomi Klein soutient également deux contradictions importantes dans les théories de l’école de Chicago, telles qu’elles furent appliquées dans ces pays :

    • selon ses promoteurs, le néo-libéralisme garantit une plus grande richesse d’une économie et, par percolation, un accroissement de la prospérité individuelle. Selon elle, et dans les exemples étudiés, ce n’est jamais le cas tant qu'une politique de redistribution, contraire à la théorie de Friedman, n’est pas menée ;
    • toujours selon certains de ses promoteurs, démocratie et néo-libéralisme se soutiennent l'un l'autre[4]. Or, selon Naomi Klein, l’imposition de politiques néo-libérales ne s’est jamais produite sans coup d’État, élimination temporaire ou définitive (exécutions) de l’opposition, ou l’imposition d’un état d’urgence, ou de politique vaudou (application par une nouvelle majorité d’une politique strictement contraire aux promesses de campagne).

    Naomi Klein préfère parler de « corporatisme » pour désigner la nouvelle forme de capitalisme qu’elle décrit. Les politiques dites « néo-libérales » ne sont pas si libérales que cela, puisqu'elles nécessitent une intervention étatique importante afin d'assurer « la concurrence libre et non faussée » contre la tendance des entreprises à former des oligopoles et le respect de la propriété privée des grandes entreprises malgré leur impopularité. À la page 26 de l'édition française, N. Klein écrit : « Le mot qui convient le mieux pour désigner un système qui gomme les frontières entre le Gouvernement avec un G majuscule et l'Entreprise avec un E majuscule n'est ni "libéral", ni "conservateur", ni "capitaliste". Ce serait plutôt "corporatiste". »

    Réception[modifier]

    L'ouvrage a été considéré comme un des meilleurs livres de 2007 par The Village Voice, Publishers Weekly, The Observer, et The Seattle Times.

    En revanche, selon Jonathan Chait pour le magazine américain The New Republic « l'amalgame permanent de Naomi Klein entre tous ses adversaires idéologiques au service d'une théorie monocausale du monde rend ultimement son analyse parfaitement absurde ». Naomi Klein verrait derrière les interventions armées américaines à l'étranger la mise en œuvre de la doctrine de Milton Friedman auquel est prêté l'idée qu'il faudrait créer un choc de façon à instituer les politiques économiques voulues. Or, selon Chait, Milton Friedman n'aurait jamais rien prôné de tel. Naomi Klein décrit la guerre en Irak comme l'apothéose de ses idées, avançant que les néoconservateurs sont des partisans engagés de Friedman. Or, si les néoconservateurs sont anticommunistes, ils n'en sont pas pour autant des partisans du libéralisme économique, et ils ont une opinion favorable du New Deal. De plus, selon Chait, Friedman ne se rattache pas aux néoconservateurs, promoteurs interventionnistes des valeurs et de la démocratie américaines, mais aux conservateurs libertariens, hostiles aux aventures à l'étranger et à l'intervention de l'État. Toujours selon Chait, Friedman lui-même s'est opposé à la guerre en Irak, ce que Naomi Klein ne rapporterait pas[5]. Au final, Jonathan Chait considère que Naomi Klein ignore les idées qu'elle critique alors même qu'elle leur attribue un rôle majeur à l'échelle mondiale. L'essayiste libéral Johan Norberg du Cato Institute abonde dans le même sens, reprochant en particulier à Naomi Klein des contresens sur les théories de Friedman et des interprétations volontairement fausses[6].

    Naomi Klein a répondu à ces critiques en excipant d'un entretien de Milton Friedman à un magazine allemand pour montrer que celui-ci approuve la guerre en Irak. Ces citations sont : “President Bush only wanted war because anything else would have threatened the freedom and the prosperity of the USA”, et à propos des tensions croissantes entre les Etats-Unis et l'Europe : “the end (mais dans la version allemande, c'est le mot "succès" qui est employé) justifies the means. As soon as we’re rid of Saddam, the political differences will also disappear.” Il a également déclaré au Wall street Journal, à propos de cette guerre : “it seems to me very important that we make a success of it.” Pour Naomi Klein ces citations démontrent que Friedman est un partisan déclaré de la guerre en Irak.[7].

    Enfin, pour David Boaz, vice président du Cato Institute, si Naomi Klein a raison de faire un lien entre « chocs » et évolution du rôle de l'État, il ne soutient pas sa définition de la nature de ce lien : pour lui, les crises sont l'occasion d'une augmentation du rôle de l'État et non du marché[8].

    Plus nuancé est l'universitaire français Samuel Ferey[9] qui dans un compte rendu pour la revue Mondes en développement souligne que « l’intérêt de l’ouvrage réside d’abord sur les éléments factuels » et que nonobstant « le côté unilatéral de l’ouvrage » et « le caractère trop flou de certains concepts » conclut : « la lecture de La Stratégie du choc reste stimulante et donne incontestablement envie d’en savoir plus[10]. ».

    L'universitaire anglais John Gray estime dans une critique publié dans The Guardian que : « Il y a très peu de livres qui nous aident vraiment à comprendre le présent. La stratégie du choc est l'un de ces livres »[11].

    Dans La Revue internationale des livres et des idées, Michael Hardt écrit que « d'une certaine manière, le livre prolonge son excellent article publié par Harper’s en 2004, « Baghdad Year Zero », qui est incorporé et développé ici. »[12]

     

    Pour bien commencer cette nouvelle année...

    Il s'agit de comprendre pour savoir comment agir.

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  • Dernière pensée de l'année. (spiritualité)

    "En travaillant pour les seuls biens matériels nous bâtissons nous-mêmes notre prison. Nous nous enfermons solitaires, avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien qui vaille de vivre." Terre des Hommes (1938) SAINT-EXUPERY

    Il est vraiment triste que de tels hommes disparaissent et ne soient pas remplacés.

    Ce monde est bien vide.

    Je voulais vous remercier dans cette dernière journée de votre présence et des commentaires qui sont écrits.

    J'ai fini l'écriture de "Jarwal le lutin" hier soir...

    Mais j'ai déjà la deuxième histoire en tête :)

    On se "revoit" en 2011. Juste une histoire de calendrier. Rien d'important.

    "Coeurdialement."

  • Problèmes de pédagogie...

    Juste un résumé de la problématique de l'enseignement.

     


     
    Un matin, en voyant la foule amassée dans la vallée, Jésus alla sur la montagne pour être entendu. Et lorsqu’il fut assis, les hommes vinrent à lui.
    Il baissa les yeux vers ses disciples et dit :

    "Bienheureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux leur appartient.
    Bienheureux ceux qui souffrent car ils seront consolés.
    Bienheureux les doux car ils possèderont la terre.
    Bienheureux les ..."

    Quand Jésus eut terminé, Pierre demanda :
    - Il fallait écrire ou pas ?

    Puis Gabriel ajouta :
    - Est-ce qu'on doit apprendre tout ça ?

    Et Isaac :
    - Il faut le savoir par cœur ?

    David se plaignit :
    - C'est trop dur.

    Ethan dit :
    - J'ai pas de feuille !

     
    Et Thomas  :
    - Moi, j'ai plus d'encre dans mon stylo !

     
    Inquiet, Jacob demanda :
    - Y aura interro ?

    Et Marc s'inquiéta :
    - Comment ça s'écrit "bienheureux" ?

    Mathieu leva la main :
    - Je peux aller aux toilettes ?

    Simon lança, soulagé :
    - Ça va sonner.

    Et Judas dit enfin :
    - Vous avez dit quoi après pauvres ?

    Alors, un Grand Prêtre du Temple s'approcha de Jésus et dit :

    - Quelle était ta problématique de départ ?
    - Quels étaient tes objectifs transversaux ?
    - À quelle compétence faisais-tu appel ?
    - Pourquoi ne pas avoir mis les apôtres en activité de groupe ?
    - Pourquoi cette pédagogie frontale t'est-elle la plus appropriée ?

    Alors, Jésus s'assit et pleura.

  • Le désir de l'école.

    "Mais moi, l'école, ça ne me manque pas du tout. Et je ne la désire pas."

    Inutile de préciser que cette phrase lancée par un élève me tourneboule depuis deux jours.

    S'il n'y a pas de manque, il ne peut y avoir de désir. Mais pourquoi ce manque ne s'éveille-t-il pas ?

    Je ne garde que la conclusion d'un long échange avec les enfants. Une idée principale qui est ressortie de façon générale.

    Le plus difficile avec l'école, c'est de n'être jamais autorisé à profiter du présent...

    Dès qu'un apprentissage est fini, un autre commence.

    Dès qu'une leçon est apprise, une autre arrive.

    Dès qu'un contrôle est passé, un autre se prépare.

    Dès qu'une année est finie, une autre se présente.

    Il n'y a pas de présent dans cette course en avant, ce qui revient à priver l'enfant de la satisfaction. D'autant plus qu'il n'y avait pas en lui de manque ni par conséquent de désir. L'école n'est qu'un labeur constant qui n'autorise que subrepticement le contentement. La pression revient immanquablement à la charge.

    On voit dès lors l'importance du Maître. Il est le seul à pouvoir déclencher ce manque essentiel. Qu'un désir s'éveille, que le labeur devienne plaisir, que l'énergie ne soit pas constamment projetée vers l'avenir mais dans la jouissance de l'instant, dans le bonheur d'apprendre, sans qu'aucune sanction ne vienne salir ce bonheur.

    On voit dès lors l'incongruité du systéme. Des notes, des contrôles, des bulletins, des appréciations, des sanctions arbitraires, des jugements subjectifs, tous les "Peut mieux faire" qui rappellent que la vie est à venir, que le futur est un présent insaisissable, qu'il faut travailler encore et encore pour s'approcher de ce fameux seuil de réussite cher au système.

    "Tu seras un Homme mon fils," disait Kipling.

    -Est-ce que ça donne le droit au système de m'arracher à ma vie d'enfant ?"

    L'enfant est là. Et pas dans cet avenir d'adulte.   

    Ce sytème révèle avant tout l'incapacité des adultes à générer en l'enfant la conscience d'un manque de connaissances, un désir d'apprendre, une énergie à utiliser pour être celui qui sait et en profite et non, uniquement, celui qui doit savoir, le regard fixé vers l'horizon à atteindre.

    On en revient à cet épouvantable espoir que l'on martèle dans des esprits malléables. Cette idée que la vie est à venir, qu'il faut gagner sa vie, qu'il faut préparer sa retraite, qu'il faut réserver son caveau. Jusqu'à en oublier d'être là.  

    L'école en devient finalement un apprentissage de toutes les dérives spirituelles de l'individu.

    Ca me mine au plus profond.

    Pour ma part, je pense que le mal est fait à l'école primaire, qu'il est renforcé par le collège et trouve son aboutissement au lycée. C'est une oeuvre de désintégration de l'individu.

    Comment des parents pourraient-ils s'investir dans le respect de l'école quand ils ont eux-mêmes été démolis par cette école, qu'ils le sont encore par le jugement inique des enseignants? Il faut arrêter de dire que les parents n'éduquent pas leurs enfants. Aucun parent n'est satisfait de la révolte et de l'échec scolaire de leurs enfants. Eux aussi, ils en souffrent. Et de toute façon, mettre les parents au pilori ne les incitera jamais à soutenir les professeurs.

    Celui qui est condamné ne sera jamais le soutien de ses juges. Que l'école reconnaisse ses erreurs serait déjà un pas immense, qu'elle reconnaisse qu'elle n'est plus un sanctuaire mais un tribunal, qu'elle admette qu'elle doit revoir à la base même son fonctionnement, que les enseignants apprennent à vivre avec les jeunes et non "contre" les jeunes.
     

    C'est la motivation le moteur et non la peur de la sanction. Il n'y a aucune sanction à donner quand on travaille en osmose. C'est un accompagnement et non un rapport de force.

     
    Je n'ai plus confiance dans la majorité des enseignants. Ils sont bien plus responsables de la situation que les familles elles-mêmes. Le rejet du problème sur les autres est une pratique ancestrale. Ca n'a jamais rien changé. Lorsque des parent sont obligés d'aller chercher de l'aide en dehors de l'institution, c'est que celle-ci n'assure plus sa mission. Quant aux parents d'élèves, ils sont déjà tellement assommés par la vie quotidienne qu'ils se contentent bien souvent de faire le dos rond.

    Il ne s'agit plus de changer de techniques d'apprentissage, de calendrier scolaire, de formation des professeurs mais bien d'établir QUI mérite d'entrer dans cette fonction ? C'est au départ que ça se joue. Mais pour établir quels sont les critères de sélection des futurs enseignants, encore faut-il que le projet éducatif soit entièrement reconstruit. Et ça, personne ne le veut.
      
    Le fait par exemple que les enseignants soient recrutés avec un master est un non sens absolu étant donné qu'on va chercher les enseignants parmi ceux qui ont supporté le système...Et qui ont oublié depuis longtemps leur propre parcours à l'école primaire. Recruter après le BAC était bien plus favorable...Et largement suffisant, techniquement, pour enseigner à de jeunes enfants. Une formation dans la psychologie de l'enfance me semble être un critère essentiel aujourd'hui. Au lieu de cela on retrouve des adultes ayant passé un master en SVT, histoire, Anglais, mathématiques, lettres modernes, architecture byzantine ou reproduction des mouches drosophiles......
    Où est l'intérêt ? Est-ce que ces gens se sont interrogés sur l'importance spirituelle de ce métier, sur le développement de l'enfant, sur l'accompagnement indispensable et non l'élaboration de critères sélectifs ? On nous demande de faire des évaluations alors qu'on ne connaît même pas les enfants qu'on évalue...On ne connaît que leur capacité à entrer dans un cadre restrictif.
     
    La complexification artificielle des méthodes du primaire est une absurdité. Ca n'a rien de compliqué d'apprendre à lire, à compter. Ca n'est pas la technique qui importe mais l'énergie, l'amour, la patience, l'attention, l'empathie qu'on y met. Ca ne sert à rien de faire de la linguistique avant, absolument à rien. Comme ça ne sert à rien de faire des maths en fac pour aller apprendre la multiplication. C'est comme si on demandait à un bûcheron de savoir faire un meuble Louis XVI avant de tronçonner un chêne.
    C'est la formation de "l'individu-enseignant" qu'il faut entièrement reprendre, le contenant et pas le contenu. 

     
    Le haut niveau d'étude éloigne l'individu de la sphère enfantine. Dès lors, il agit comme un technicien certain de ses compétences intellectuelles au lieu d'être un individu aimant et sensible à cette sphère enfantine. L'essentiel dans un apprentissage est de comprendre le fonctionnement de l'enfant au lieu de vouloir le faire entrer dans un fonctionnemendt d'adulte. Etre l'enfant au lieu d'être un technicien. Entrer dans sa sphère au lieu de chercher à le faire entrer dans un espace hermétique pour lui. L'enseignant qui comprend l'enfant l'amène à se comprendre lui-même. Dès lors, il ne s'agit pas d'être enfermé dans un fonctionnement stéréotypé mais de briser en soi ce carcan de certitudes. Plus on croit savoir et moins on est apte à apprendre. Apprendre pour soi comme apprendre aux autres. Il faut se vider de soi pour devenir "l'enfant" et l'amener en tant que compagnon de cordée à avancer. Il n'y a pas le maître et loin derrière lui un groupe d'enfants épuisés mais un ensemble homogène avançant conjointement vers un but.
    Le maître qui fait la trace en oubliant la réalité du groupe affaiblit la classe entière parce qu'elle n'existe pas. Elle n'est plus qu'un ensemble de techniques privée de sa condition humaine.
    Le bonheur de suivre un Guide de Hautes Montagnes, c'est de se servir des connaissances qu'il dispense pour apprécier encore davantage la beauté des lieux et de se sentir soi-même en "croissance", en progrès, en marche et non à l'arrêt ou même en marche arrière. S'il n'y a pas de la part du Guide le moindre amour envers ses "clients", la moindre bienveillance, le respect le plus profond, malgré les faiblesses, les peurs, les incertitudes ou l'inconscience, alors, il n'y a pas de cordées. Il n'y a que des individus qui cherchent à sortir de cette situation le plus vite possible... 
     

  • Débat-philo : Le désir puis le manque.

    Nous avons repris la réflexion en classe aujourd'hui. Le désir, le manque, le besoin.

     


    Une élève avait une chaufferette et la montrait à ses amis. Tout le monde voulait la prendre et sentir la chaleur.

    "Est-ce que tu avais besoin de cette chaufferette Alexia ?

    - Ben oui, pour avoir chaud aux mains.

    -Mais tu as des gants non ?

    -Oui mais ça c'est bien aussi.

    -Ah, je ne dis pas le contraire mais est-ce que ça te manquait étant donné que tu avais des gants ?

    -Ben, non, ça ne me manquait pas et je ne savais même pas que ça existait. C'est ma mère qui me l'a achetée.

    -Et si maintenant, tu l'as perdais, est-ce que ça te manquerait ?

    -Ah, oui, c'est sûr, c'est trop bien !

    -Donc, tu désirerais en avoir une autre?

    -Oui, c'est sûr !

    -Et pourtant, avant que tu connaisses cette chaufferette, elle ne te manquait pas.

    -Ben, non, j'avais des gants.

    -Par conséquent on peut dire que tu ne désirais pas en avoir une mais maintenant que tu sais que ça existe, si tu la perdais, elle te manquerait.

    -Oui, c'est ça.

    -Ce désir que tu aurais viendrait d'un manque qui n'existait pas mais qui existerait maintenant.

    -Oui. Parce que je sais que ça existe.

    -Et tu ne pourrais plus t'en passer ?

    -Oh, ben si, je mettrais mes gants mais ça c'est mieux !

    -Prenons un autre exemple si tu veux bien. Un bébé qui a faim manque de nourriture, il a mal au ventre et désire le sein de sa mère. Il sait que ça existe et que ça lui fait du bien. C'est un manque qui est naturel et son désir l'est tout autant. Il désire combler ce manque. Mais c'est le manque qui est apparu en premier. Son désir n'a fait que suivre. Est-ce que c'est pareil pour la chaufferette ?

    -Euh...Non, parce que ça ne me manquait pas, je ne savais même pas que ça existait.

    -C'est donc un désir qui est apparu alors qu'il n'y avait pas de manque.

    -Mais, là, je ne la désire plus puisque je l'aie.

    -Oui, c'est vrai mais si elle venait à disparaître le désir réapparaîtrait aussitôt. Alors qu'il n'avait aucune raison d'exister."

    Intervention d'une autre élève. 

    "Et moi aussi maintenant je désire en avoir une !

    -Alors que ça ne te manquait pas jusque là ?

    -Oui, mais maintenant, je sais que ça existe alors ça me manque.

    -Ce qui te manque, ça n'est pas l'objet mais le plaisir que tu aurais à en posséder une. Il n'y a aucune raison valable d'avoir cette chaufferette mais ça te ferait plaisir d'en avoir une. Ce qui te manque, c'est la satisfaction d'en avoir une.

    -...

    -Ce désir a été créé artificiellement parce qu'en réalité, il n'y avait pas de manque. Ce qui fait plaisir, c'est de posséder quelque chose que les autres n'ont pas. Et ce qui te fait désirer cet objet, c'est une certaine jalousie. Sans aucune méchanceté bien entendu mais n'empêche que l'envie de posséder cet objet devient très fort. Il peut très bien être remplacé par une paire de gants mais ça n'a pas le même impact, ça n'a pas la même force, ça n'est pas aussi chouette à montrer aux autres. Vous finissez donc par exister quelque peu parce que vous possédez cet objet qui ne vous manquait pas mais qui vous donne un certain pouvoir sur les autres. Le bébé manque du sein de sa mère et c'est vital pour lui. Son désir est justifié et c'est pour ça qu'il crie aussi fort :))

    La chaufferette n'a rien de vital. Mais elle vous donne du pouvoir sur les autres, elle agit comme un aimant et attire tout le monde, vous vous sentez puissant parce que la chaufferette est puissante. Vous dépendez donc d'elle et si elle venait à disparaître, ce qui vous manquerait, c'est ce pouvoir sur les autres, cette fascination, cet intérêt pour cet objet que vous possédiez. Le désir de retrouver cette puissance vous manquerait et vous feriez tout votre possible pour combler ce manque. Même s'il est toujours totalement artificiel et n'a aucune raison réelle d'exister. Il ne vous fait pas vivre comme du lait maternel mais il vous donne l'impression de vivre mieux. Chez les adultes, c'est pareil. Mais eux, il leur faut une voiture, un écran plat, une nouvelle salle à manger, une belle montre, un téléphone portable ultra sophisitiqué, la denrière technologie à la mode, une nouvelle veste, une veste de marque c'est encore mieux, parce que ça attire encore plus les regards, ça donne encore plus de puissance. Mais ces manques n'ont jamais de fin. Les marchands font en sorte qu'il y ait toujours un nouveau désir qui apparaisse jusqu'à ce qu'il devienne un manque. Alors, on abandonne le dernier objet acheté pour en prendre un plus puissant, un plus brillant, un plus moderne, un plus visible, un objet qui va créer encore plus de fascination et d'attirance. Ca n'est pas la personne qui existe mais les objets qui la font exister. Ce sont les objets qui la possèdent et pas l'inverse. Parce que le désir est passé avant le besoin et que la personne se laisse entraîner dans un phénomène sans fin.

    Le monde riche fonctionne sur ce principe. Comme les manques vitaux, sont assouvis, que la plupart des gens ont ce qu'il faut pour survivre, pas tous malheureusement, la nourriture, un abri, de quoi se soigner, avoir une famille, ce sont les désirs qui vont fabriquer de nouveaux manques. Des désirs que la société de consommation va s'efforcer de mulitplier sans cesse. Comme cette chaufferette qui vient remplacer des gants dont tout le monde trouvait jusqu'ici que c'était une chouette invention.

     -Comment il faut faire alors quand on désire quelque chose ?

    -Comme vous avez envie, tant que vous savez pourquoi vous avez envie. Il n'y a pas de bonne méthode, de bonne façon de vivre si ça n'est pas celle que vous avez choisie en toute conscience. Avoir conscience de ce qu'on pense, de ce qu'on fait et décider si c'est la voie qui nous convient. C'est tout. En fait, il s'agit d'amour. Pour l'instant, vous devez vous demander pourquoi vous aimez cette chaufferette, un jour vous vous demanderez pourquoi vous aimez cette région, cette maison, vos amis, ce chien, cette voiture, ce pays, ce métier, cet homme ou cette femme. Tous les évènements importants de votre vie se nourriront d'amour. Il faut comprendre ce qu'on aime quand on aime. Tout ce que cet amour cache, tout ce qu'il contient, tout ce qu'il dévoile, tout ce qu'il peut faire pour qu'on continue à évoluer, à apprendre sur nous-mêmes."

  • Laura Mare.

    Et bien voilà, c'est fait. Laura a gagné :)

    Alors, je tenais à remercier chaleureusement tous ceux et celles qui en passant par ici ont décidé de soutenir Laura et sa maison d'édition.

    Maintenant que ce vote est fini la suite peut commencer.

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