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Education, instruction.
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/12/2009
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Doit-on s'en tenir à l'instruction ou doit-on prendre en charge également l'éducation?
Pour ma part, la réponse est évidente. Sans éducation l'instruction est impossible. Il ne s'agirait que d'un intérêt pour le contenu et pas le contenant. J'entends par "éducation" non pas l'adhésion à une morale mais l'ouverture de l'humain à des notions spirituelles. L'instruction se limite à l'instruction d'un savoir. Pas nécessairement d'un savoir être. On peut être instruit et totalement inapte à la vie. L'éducation suppose une connaissance de soi, une conscience de la vie dans ce qu'elle a de plus profond. L'éducation doit promouvoir le développement de l'individu, un être sensible, intelligent, cultivé, respectueux, ouvert, critique et auto-critique, responsable, aimant, contemplatif et déterminé. Un être engagé et non passif. Celui qui reçoit de l'instruction est un être passif que l'on remplit. Mais dont le vide intérieur est un gouffre gigantesque quand son mental se complaît dans le gavage.
Je n'aime pas ce que l'école propose aux enfants. S'il ne s'agit que d'instruction, je ne suis qu'un subordonné aux mains d'un despote. Je ne veux pas formater, je ne veux pas de statistiques, pas de graphiques, pas de remédiations dès lors qu'on laisse croire que cela suffit à éveiller l'individu.
Je pense que l'enseignant est avant tout un éducateur, "un passeur de sens", comme le dit René Barbier. L'éducateur est en premier lieu celui qui "est" ce qu'il propose de transmettre. Il ne s'agit pas de leurrer l'auditoire, ça serait un mensonge inacceptable. L'enseignant est celui qui met toute sa passion, son énergie, son enthousisame, sa joie de connaître et de "vivre" ses connaissances au service des enfants. Il est impossible de délivrer un message, quelqu'il soit, s'il n'y a pas de messager. Et il ne s'agit pas d'être simplement un facteur. Mais un éveilleur. La meilleure évaluation se trouve au fond des yeux des enfants. Qu'ils soient brillants d'ardeur et la mission est menée. Le reste suivra. Peu importe le temps que ça prendra. Il convient de respecter les rythmes de chacun. Ce qui compte, c'est que le brasier soit allumé. Chaque individu y apportera le combustible nécessaire en fonction de ses désirs, de ses forces. Il n'y a pas de technique, il n'y a que l'énergie. Et l'Amour.
Selon l'étymologie, l'éducation signifie "nourrir" par le latin "educare" et également "conduire hors de" par une seconde version, "educere".
Il n'est pas difficile de comprendre qu'il ne s'agit pas de gaver mais bien d'apporter les éléments et les ressources favorables à une auto-suffisance..."Donne-moi un poisson et j'aurai à manger aujourd'hui. Apprends-moi à pêcher et j'aurai à manger toute ma vie." Il ne faut pas oublier d'apprendre à connaître et à aimer le poisson. Ca évite le pillage...
Dans l'idée de conduire l'individu "hors de", j'entends par là la nécessité d'extraire l'individu de son petit moi, de sa suffisance ou de son hébétude, de sa léthargie, de sa complaisance envers lui-même, de ses conditionnements, de ses formatages, de ses abandons, de ses hallucinations...Si l'instruction scolaire entretient, développe, favorise cet embrigadement, elle va à l'encontre de l'homme pour ne s'occuper que du citoyen...Mais le citoyen est manipulable, il croit et se satisfait des "nourritures " qu'il reçoit. Juste des farines animales dont il se délecte au point de jalouser celles du voisin...Consternant. Et magistralement entretenu par les masses opaques du pouvoir. Pas les politiciens, ceux-là ne sont que des marionnettes infatuées. Le pouvoir est aux mains de ceux qui ne se montrent pas, ceux qui possèdent les richesses, ceux qui manipulent les marionnettes. Toutes les marionnettes...
Si l'instruction est destinée à forger des esprits martelés et cadenassés afin que ces individus s'engagent dans une vie sociale légiférée, réglementée et qu'ils s'en satisfassent, alors c'est que l'éducation est morte. Car l'éducation est sans fin. Elle est toujours ce brasier qui ne s'éteindra qu'à la mort. Cette idée répétée aux enfants qu'ils doivent aller à l'école pour avoir un bon métier est une abomination.
Lorsque des enseignants se contentent de recevoir une "formation continue" et s'imaginent dès lors évoluer favorablement parce qu'ils sont au courant des dernières techniques d'apprentissage, ils ne sont que des vaches à lait adorant leur avoine et la main condescendante du fermier qui les trait...
J'avais lu il y a quelques temps que Jacques Salomé avait demandé à intervenir dans une IUFM et que ça avait été refusé par le ministère. Pas question de faire réfléchir les masses enseignantes. Il faut leur apprendre à faire passer des évaluations...Parce que l'impact dans le grand public est très positif...Il faut entretenir une image 'grand public"... En vue des prochaines élections...
Enfin, bon, tout ça, c'est de la politique. Parce que l'instruction est politique.
L'éducation, quant à elle, s'intéresse à l'homme.Krishnamurti.
" Je me demande si nous nous sommes jamais posé la question du sens de l'éducation. pourquoi va-t-on à l'école, pourquoi étudie t-on diverses matières, pourquoi passe t-on des examens, pourquoi cette compétion pour l'obtention de meilleures notes?
Que signifie cette prétendue éducation et quels en sont les enjeux?
c'est une question capitale, non seulement pour les élèves, mais aussi pour les parents, les professeurs, et pour tous ceux qui aiment cette terre où nous vivons.
Pourquoi nous soumettons nous à cette épreuve qu'est l'éducation...
... la fonction de l'éducation n'est-elle pas plutôt de nous préparer, tant que nous sommes jeunes, à comprendre le processus global de l'existence?
... Assurément la vie ne se résume pas à un travail, un métier; la vie est une chose extraordinaire, un grand mystère, ample et profond, un vaste royaume au sein duquel nous fonctionnons en tant qu'êtres humains..."
" C'est pourquoi il est d'une grande importance que nous soyons éduqués de façon authentique- sans être etouffés par la tradition, sans tomber dans le destin tout tracé d'un groupe racial, culturel ou familial particulier, sans devenir des êtres mécanisés en marche vers une fin déterminée.
Celui qui comprend l'ensemble de ce processus, qui rompt avec lui et qui fait front tout seul,- cet homme là est le moteur de son propre élan..."
Krishnamurti
Le Sens du Bonheur: Chapitre I) l'Education Chap XIII) Egalité et liberté -
La quête.
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/12/2009
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Toute mon expérience est centrée sur moi-même. Je suis celui par lequel tout ce qui vient à moi est reçu, analysé, commenté, rejeté, détesté, magnifié, adoré...Ce moi qui perçoit est au centre. Tout du moins, c'est l'impression qu'il donne. Je me demande si finalement, ce moi serait ce qui m'appartient le moins, une entité constituée de multiples fragments, parfois éparpillés au vent des conditions de vie. Lorsque je sais que quelqu'un pense du mal de moi, je suis en quelque sorte "relié" à cette personne, je me laisse emporter par les pensées générées par cette crise. De la même façon lorsqu'il s'agit de quelqu'un qui m'aime. C'est à partir du moi que j'entre en relation avec le monde. Je vais donc m'astreindre à confirmer l'existence de ce moi en accumulant des fragments à partir desquelles je pourrais sculpter l'identification dont le moi a besoin pour exister. On devine le piège... Quelle est la réalité de ce moi sitôt qu'il prend forme à travers des pièces diverses qu'il ne maîtrise pas ? Juste un amalgame hétéroclite, comme des pièces de puzzle qui chercheraient à s'emboîter sans même connaître l'image finale. On travaille à l'envers... L'énergie dispensée pour élaborer cette image est pourtant phénoménale. Je vais accumuler et protéger "mes" objets, "mes" relations, mes "connaissances", "mes" pratiques spirituelles, "mes" amours...Tout cela créé un attachement grâce auquel je pense pouvoir donner de la valeur à mon existence. J'appartiens à mes attachements et je m'en glorifie... Il va falloir en plus que je protège mon territoire, "mes" possessions. Je vais devoir lutter contre ceux qui s'opposent à mes droits. Je chercherai sans doute à intégrer un groupe qui me ressemble et qui pourra me défendre. Les corporatismes s'installent, de puissantes images qui me ravissent...
Je vais connaître la peur aussi. C'est inévitable. La peur qu'on me vole mon identification ou qu'on ne la reconnaisse pas, que je sois rejeté ou incompris. J'entrerai en confrontation avec ceux qui ne me reconnaissent pas ou qui défendent leur image. La colère se nourrira de ma peur. Attachement, aversion, colère, peur, réjouissance, reconnaissance, insatisfaction, désillusion, amour, joie, peine, l'écheveau infini de la dualité.
Il se peut qu'un jour, pour une raison connue ou pas, je prendrai conscience de ces tourments insurmontables. Une illumination, un choc, une révélation, quelque chose d'incompréhensible pour la raison mais qui me bouleversera au-delà du connu. J'entrerai peut-être dans une nouvelle dimension, ça sera long évidemment, douloureux sans doute mais je sentirai pourtant que c'est mon chemin. J'aurai l'impression d'être entré dans la "quête". Comme un désir de plénitude.
Alors je chercherai à préserver cette plénitude, à l'accroître même, et dès lors se mettra en place une nouvelle identification. D'autres "agrégats". Juste d'autres perceptions, d'autres sensations, d'autres pensées, d'autres réflexions...J'arriverai peu à peu à identifier mes conditionnements, tout ce qui mène ma vie et ce petit moi que je vénérais. Mais l'insatisfaction liée à l'intention de plénitude me plongera immanquablement dans la désillusion et je reconnaitrais un jour des fragments d'une vie passée.
J'aurai juste changé ma façon de regarder les pièces du puzzle éparpillées.La "quête" n'aura été qu'une illusion, une machination du moi qui se sera finalement révélé le plus malin... Il sera toujours le maître des lieux. D'ailleurs, il me suffira de regarder le groupe auquel j'aurai adhéré dans ma "nouvelle" conscience. Juste une autre forme d'identification. Une autre étiquette. Plus belle à mes yeux. Aux yeux de mon orgueil.
La quête est une illusion. Une tromperie du moi qui se joue de tout. Je n'ai rien à chercher. Tout est déjà là mais en le cherchant, je m'en éloigne. Le moi, je le reconnais, je connais ses fonctionnements complexes mais je n'ai pas à le craindre. Il est là, en "moi" et je suis en lui. Et ce moi relié au je n'a pas besoin de quête puisque tout est là.
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NOIRCEUR DES CIMES : Le corps, l'âme, l'esprit.
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/12/2009
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En Occident, l'individu est constitué d'un corps physique et d'une âme (psyché) alors que dans la vision orientale, l'individu est ternaire : un corps, une âme et un esprit.
Dans la conception occidentale, la personne correspond au "moi" individualisé. En se développant, celui-ci devient un sujet égocentrique et séparé du monde, il est identifié, reconnaissable par les autres et par lui-même...
Max Weber a montré à quel point l'homme est identifié aux normes légitimées, sociales, religieuses, culturelles...
Jung proposait à l'homme de prendre conscience de ces identifications, de tous les masques qu'il adopte.
Les philosophies orientales reposent également sur cette vision de l'homme qui s'identifie à ce qu'il croit être, à son moi, et qui perd le contact avec son être réel :le Soi.
Le corps est défini comme l'enveloppe de l'homme mais il est aussi le lieu de l'âme. Dans la vision occidentale, nous retrouvons la conception dualiste. Le corps est séparé du psychisme. La médecine s'ouvre lentement à l'idée que la santé psychique peut influer sur la santé physique...C'est long mais on y vient...
La vision orientale du corps est ternaire. Le corps est le lieu de transformation des énergies ; terre, homme, ciel.
Pour Sri Aurobindo, le corps est constitué ainsi :
le corps physique correspond à la survie, aux instincts et aux pulsions.
le corps physiologique assure le fonctionnement des organes.
le corps mental correspond à la fonction intellectuelle et à la construction de l'égo.
Dans la conception d'Aurobindo, le corps mental doit s'ouvrir à l'âme qui doit s'ouvrir à l'esprit. Celui-ci est conscience et énergie pure.
Donc, l'âme ferait partie intégrante du corps mais elle serait aussi le lieu de l'esprit... Le mot âme vient du latin "anima" qui signifie le principe pensant mais surtout "animer". L'âme est ce qui anime le corps et ce qui pense en nous-mêmes.
L'âme, c'est aussi la "psukhê" grecque signifiant l'idée d'un miroir pivotant permettant de se regarder dans toutes les directions et de s'observer complètement.
Elle est à la fois le lieu de la pensée, de l'animation du corps, mais aussi le lieu d'où l'on peut apercevoir si on "oriente" le miroir la lumière de l'esprit...
L'âme est donc l'entité servant de point de jonction entre le corps et l'esprit, pouvant éclairer à la fois l'un et l'autre.
L'esprit peut être compris dans son sens latin "spiritus" qui signifie souffle. Il est, semble-t-il, ce qui donne la vie à l'âme et donc au corps, le souffle de vie qui,lorsqu'il quitte le corps, fait que l'homme meurt. L'esprit est ce qui rattache l'homme à quelque chose de plus "haut" en l'homme et non au-dessus de lui.
Certains, comme les Chrétiens, pensent que l'esprit est une force transcendante provenant de l'extérieur du sujet tandis que d'autres, comme les gnostiques, pensent que la force de l'esprit provient de l'intérieur même de la personne...Vaste débat...
Lors d'expériences psychiques ou/et physiques amenant une "force énergétique" bouleversant tout notre être, nous avons eu l'impression d'être touchée, visitée, ou contactée par cette force que nous pouvons nommer "esprit". Qu'en est-il réellement ? Etait-ce enfoui en nous ou bien est-ce venu de l'extérieur ?
"NOIRCEUR DES CIMES"
Extrait.
« Tu n’es pas au fil des âges un amalgame agité de verbes d’actions conjugués à tous les temps humains mais simplement le verbe être nourri par la vie divine de l’instant présent. »
L’aura étincelante exhale des paroles qui l’investissent avec douceur. Des myriades de cristaux éclatants scintillent autour de l’apparition et l’enlacent délicatement. Il sent les mots glisser en lui et répandre sur leur trajet des tiédeurs qui le tranquillisent. Il ne distingue aucune forme et pourtant il devine qu’il est observé. Les particules lumineuses coulent en lui comme des nourritures, le soutiennent et le revigorent. Il a l’impression de flotter dans une matrice protectrice et l’énergie qui lui parle résonne dans son esprit comme à travers une cloison moelleuse…Il n’a pas de corps, il n’est qu’une entité vibratoire, palpitant sur un tempo étrange, mystérieux, incommensurable. Etrangement lui vient à l’esprit qu’il n’a même plus d’esprit et que cette pensée n’en est pas une, qu’elle n’a pas de source connue et que l’émetteur habituel a disparu. Ni corps, ni esprit, ni matière, ni intellect mais une certitude de vie.
L’idée le sidère et déclenche dans le bain radieux où il flotte un tourbillon dérangeant, une anxiété perturbatrice, l’intuition inquiétante d’avoir égaré une image précieuse.
Aussitôt, la sensation de froid dans son dos l’arrache à son sommeil. Il ouvre les yeux sur des noirceurs insondables.
Il fait terriblement nuit. L’idée que le monde a disparu le panique. Il cherche la lampe frontale dans le duvet et tourne la mollette. Le faisceau étroit est d’une fragilité qui le désespère. Les flocons dansent encore et couvrent minutieusement son abri, la couverture de survie, son sac, la corde, les piolets sur lesquels il est amarré. Il a froid et perçoit son corps comme un bloc solidifié. Entre son nez et la lèvre supérieure, la peau est brûlante. Il regrette les douceurs oniriques et il tente de retrouver quelques bribes d’images. Il se souvient vaguement de phrases murmurées, d’une lumière étrange, nullement aveuglante et pourtant intense, comme si cette intensité était davantage une forme de sentiment qu’une énergie.
Il sent qu’il n’aurait pas dû avoir peur. Qu’il ne devait pas s’attacher à son image égarée.
Il voudrait retrouver la totalité du message. Quelqu’un lui a parlé. Ou quelque chose. Il n’en a pas de représentation exacte, juste un amalgame de sensations tranquillisantes et simultanément la certitude d’un don merveilleux, d’une confiance accordée. On lui a permis de voir quelque chose de rare.
Il est persuadé d’avoir été en contact avec un mystère qu’il doit saisir. C’est une faveur inestimable qu’il n’a pas le droit d’ignorer. Il maudit les miasmes léthargiques qui limitent sa lucidité puis il réalise aussitôt que cette apathie tenace est un écrin protégeant des lumières. A vouloir retrouver d’illusoires capacités intellectuelles, à vouloir comprendre à travers la vitre trompeuse de ses certitudes passées et de ses sens limités, il devine une erreur.
La réalité s’établit-elle dans le champ présent de cette conscience connue ou l’Univers qui vient de se dévoiler recèle-t-il un monde véritable ?
« Suis-je entrain de me souvenir d’un rêve ou bien ce rêve était-il la réalité qui m’a toujours échappé, suis-je revenu dans un monde illusoire, une imposture monumentale ? »
Le questionnement le sidère. Il n’a aucun souvenir de telles interrogations. Il a même du mal à croire que son esprit puisse élaborer de telles hypothèses. Cette intuition que le monde aperçu contenait davantage de vérités que celui dans lequel il souffre actuellement est une probabilité qui l’attire et son inclination à adhérer à ce raisonnement le bouleverse tout autant. Il se corrige en pensant d’ailleurs qu’il ne s’agit pas d’un raisonnement. Mais d’un ressenti. Sa raison s’efforce au contraire de rétablir des conclusions antérieures. Elle fait partie du mensonge. Elle est le ciment qui scelle les murs de la geôle, un élément majeur de l’embrigadement. Ici, une tentative d’évasion lui est proposée.
Jusqu’à ce jour, le cerveau, formé par l’éducation et la dictature d’une vision faiblement humaine, lui a servi à renforcer l’expérience restrictive de la raison. Il sent désormais qu’il doit trancher les tuteurs contre lesquels il s’est enchaîné en acceptant ce fonctionnement négligeable mais qui l’a puissamment endoctriné, l’a inscrit dans le moule carcéral d’une humanité dictatoriale. La perception d’un espace épuré des manifestations communes à tous les êtres humains le ramène vers l’aura qui l’a accueilli dans son rêve. Ou dans cette autre réalité qui l’a touché. Il ne perçoit pas ce ressenti étrange à travers ses cinq sens, mais à l’aide d’une conscience neuve, d’une compréhension atypique à laquelle il s’abandonne avec béatitude, avec un profond apaisement. Cette vision extatique d’une lumière protectrice, matricielle, emplie d’une vérité supérieure, le ravit et le tranquillise tout en insufflant en lui un enthousiasme régénérateur.
Sa vision s’élève au-dessus de la carapace ramassée dans son trou de neige et une immense compassion pour cet être épuisé l’inonde. Il sent qu’il ne s’agit pas de son imagination mais bien d’une partie intime de lui qui l’observe. Il s’est scindé mais il n’a pas peur. Sans qu’aucun mot ne se forme, il sait, avec une certitude absolue, qu’il s’agit d’un privilège.
Il flotte au-dessus de lui, tout du moins, une entité de lui-même, et il ne peut voir dans cet observateur qu’un esprit libéré de son enceinte de chair. Ce n’est pas l’image de cette existence en sursis qui le touche mais l’apparition merveilleuse de cette onde vitale qui palpite dans la matière recroquevillée. N’importe qui verrait dans ce corps misérable, dans cette extrême infortune, cette solitude désespérante, les prémices d’une mort certaine. Lui ne perçoit que la force de vie coulant de l’Univers et le nourrissant. Ce n’est pas son cœur qui bat mais la Vie qui l’alimente, ce n’est pas son sang qui circule mais le courant qui l’anime. Rien n’est à lui, tout lui est offert. C’est un don merveilleux dont il n’avait jamais pris conscience. Et il devine aussitôt que ce mot ne convient pas. Il en faudrait un autre. Il pense à la lucidité, à la clairvoyance. Sa conscience s’est effacée. Il n’est pas dans un état connu et les anciens mots sont insignifiants. Il sait qu’il ne peut plus être privé de ce contact sublime, que la réalité est en lui, que le halo lumineux s’est inscrit à tout jamais dans son esprit éveillé. Son esprit…Lui revient en mémoire une image du rêve, une pensée, quelque chose qu’il ne sait nommer…Ni corps, ni esprit mais la certitude de la vie…Ni esprit…Ni esprit…Il ne parvient pas à imaginer que tout ce qu’il perçoit puisse être capté par une autre entité que cet esprit mais ils ne parvient même pas à l’imaginer clairement, à l’identifier, à l’analyser, le décrire. Il ne s’agit pas de sa raison, ni de son intellect ou de son mental. Ne lui reste dès lors que l’esprit. Une distinction s’impose soudainement. Ce qu’il reçoit est capté par son esprit mais l’Ame qui l’a effleuré est à la dimension de l’Univers. L’esprit est humain, l’Ame vibre dans le Tout. Cette Ame l’a investi et son esprit s’est retiré devant la beauté du contact. Il s’est mêlé au Tout ou plutôt il a enfin saisi au plus profond de ses fibres son appartenance… Oui, il tient la solution, elle coule en lui comme une lave revitalisante. Il est une particule de l’Ame, un fragment du Tout, un élément infime, une image participant à la multitude dans une unité indivisible. Pendant des années d’errance, son égo l’a gonflé de suffisance, l’a gavé de prétention, aspirant follement dans la raison humaine les ingrédients empoisonnés de l’hallucination collective dans laquelle il s’est égaré. Ici, sa propre conscience s’est évaporée devant celle de l’Ame. Et la vérité est apparue.
L’Ame…De qui, de quoi ? Quelle importance ! Il n’en sait rien puisque rien de connu ne lui est proposé. Il n’a aucun repère, aucune connaissance, aucune limitation humaine. Et il ne cherche pas à traduire par sa raison ce qui lui est donné. Il ne veut plus des murs de la geôle. Il est dans l’abandon, l’accueil, l’osmose.
L’osmose. Le mot lui est apparu avec une splendeur indéfinissable, une joie qui le bouleverse.
Il est heureux.
Dans l’antre éclairé de son esprit, il sent grandir un embryon magnifique. -
Intemporel.
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/12/2009
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Cet été, j'ai fait mon premier vol biplace en parapente. Très impressionnant. On n'imagine pas quand on les regarde d'en bas à quel point ça peut brasser quand on monte de 7 mètres par seconde dans une thermique... Il vaut mieux ne pas avoir chargé l'estomac avant...
Mais là n'est pas l'essentiel.
Pour rejoindre le décollage, tous les participants prennent une navette, un mini-bus de neuf places. Douze kilomètres de montée sur une route sinueuse et étroite. Je me suis assis sur la banquette du fond aux côtés de mon plus jeune garçon et de son amoureuse. Tous les autres passagers étaient des adultes. Les gens parlaient entre eux pendant que les deux ados à mes côtés se câlinaient en se regardant dans le fond des yeux.
Sans rien fixer de précis, les yeux envahis par les immensités et les couleurs des montagnes, je regardais rêveusement le paysage par la fenêtre et j'écoutais d'une oreille distraite les quelques échanges qui me parvenaient : des vols merveilleux au-dessus des montagnes, une nouvelle voile performante, la prochaine compétition, un nouveau site à découvrir, des voyages, un accident... Des discussions de passionnés à d'autres passionnés.
A la sortie d'un virage dans lequel je trouvais que le conducteur était passé très près du fossé, j'ai senti que je n'étais pas là.
Une impression indéfinissable. Soudaine. Un vide étrange, comme si je n'existais pas. Je sentais bien que quelque chose était là puisque "je" voyais le paysage, que j'entendais les discussions, que je me faisais des remarques sur le conducteur... Mais je ne parvenais pas à avoir une image de celui qui vivait tout ça, comme si le récepteur de ces impressions n'était pas réel, comme s'il ne s'agissait que d'un rêve et que je n'étais même pas le rêveur.
Je n'arrivais pas non plus à me situer parmi tous les passagers. Je savais très bien que je n'étais pas comme les deux ados à mes côtés mais je ne pouvais pas non plus m'identifier aux adultes présents. Je n'étais pas parmi eux en tant qu'individu reconnaissable, je ne pouvais pas établir à travers leurs regards la consistance de mon être, je ne pouvais pas prendre forme en me nourrissant de leurs attentions, tout ça n'était qu'un mirage.
Je n'avais pas d'âge. J'essayais de visualiser mon visage et je n'en avais aucune image nette, comme s'il me fallait nécessairement un miroir pour pouvoir "matérialiser" cette entité pensante qui s'interrogeait sur son existence.
Un sentiment très étrange.
Intemporel.
Une désidentification totale, brutale, comme un vide incommensurable en moi et pourtant une absence totale de peur, aucune interrogation, aucune inquiétude ou tentative de rappel, de réveil ou je ne sais quelle réaction de survie...Je me suis laissé partir.
La montée était longue.
Je me suis souvenu de toutes ces impressions particulières, dans différentes situations, cette inexplicable sensation de n'avoir pas d'âge, de ne pas faire partie intégrante du groupe de gens, une impossibilité d'exister dans cette activité sociale, comme si au-delà des regards que je pouvais recevoir, des paroles qu'on pouvait me proposer, des idées mêmes qu'on pouvait m'attribuer, qu'au-delà de ce foisonnement d'émotions il n'y avait rien...
Des plongées abyssales dans un néant de plénitude, une abolition totale de toute appartenance intérieure. Les images reçues de l'extérieur n'avaient aucune réalité. Et rien n'était là pour recevoir cette sensation d'inexistence. Impossible de décrypter l'entité. Je n'étais rien, qu'un vide animé par une palpitation inommée. L'idée soudaine que ce vide en moi contenait en fait la source même de la vie, de cette vibration inexpliquée, de la cohésion des cellules, l'aimantation des molécules. La seule réalité. J'ai vu là, dans ce noir d'univers opaque et stable une absorption irrémédiable de toutes les images inhérentes à mon être social, comme un trou noir engloutissant un conglomérat disloqué de matières recyclables...
Je n'ai rien cherché à maintenir. D'alleurs, je ne maîtrisais rien, il n'y avait rien de volontaire, ni de construit, ni d'intentionnel, comme une marée cosmique qui emportait les résidus éparpillés d'un moi illusoire.
C'est l'arrêt brutal du fourgon au bout de la piste qui m'a ranimé en me plongeant de nouveau dans le "sommeil".
Je suis allé voler avec mon moniteur, sous une grande voile rouge dont je voyais l'ombre avancer sur la cîme des arbres. -
LES ÉGARÉS (roman) 1
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/12/2009
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Chapitre 1
Petit matin. Le soleil franchit la crête des montagnes. Le ciel est lisse, un bleu grisé qui semble avoir bu les nuages.
Elle démonte la tente.
Elle est arrivée la veille au soir.
Un petit camping près d’une rivière. Le gérant l’a laissée s’installer au fond du champ. L’isolement relatif lui convenait parfaitement.
Elle avait à peine grignoté, les yeux dans le vide, le ventre serré.
Les images de la gare repassaient en boucle, elle n’y pouvait rien, elles étaient plus fortes que sa volonté de s’en détacher. Elles trouvaient toujours une faille dans les résistances érigées et revenaient à l’assaut.
Il ne restait qu'à les revivre en espérant que la lumière consciente finisse par les consumer et qu'elles sombrent dans l'oubli.
Yoann l’avait longtemps serrée sur le quai en attendant le train. Il n’avait jamais cessé de sourire, de la couvrir d’attention, de l’embrasser, de caresser son dos, son visage, sa nuque, de baiser son front, ses joues.
Cette capacité à la soutenir et simultanément sa fragilité d’homme meurtri, cette peur insoumise devant ses propres ressentis.
Il diffusait tant d’amour et s’interdisait tant de s’aimer.
Le haut-parleur avait annoncé l'entrée en gare du train en provenance de Chambéry et à destination de Gap.
Elle attache le tapis de sol sur le haut du sac. Elle mange une barre de céréales.
Les images tournent en boucle dans un mouvement perpétuel.
Son train partait avant celui de Yoann. Il l’avait accompagnée dans la voiture. Il l'avait embrassée. Une marée de chaleurs et simultanément une gêne prude en pensant aux passagers.
« Je t’aime Leslie. Plus que tout. Tu es ma source de vie.»
La douceur de ses regards ne cachait pas l’inquiétude.
L'annonce du départ dans le haut-parleur de la gare. Ils avaient dû abandonner leur étreinte.
Une fois sur le quai, Yoann ne l’avait pas quittée des yeux.
Le train avait eu un sursaut puis il avait commencé à rouler en grinçant.
Yoann avait suivi le mouvement.
Elle avait collé son front sur la vitre, il avait lancé un baiser avec la main, elle l’avait saisi et placé contre son cœur, les larmes étaient montées, elle avait eu du mal à respirer, une boule dans la gorge, les frissons qui ruissellent, elle avait murmuré un « je t’aime » en s’appliquant à articuler lentement.
Il avait souri.
Elle l'avait vu s'arrêter sur le quai, comme épuisé, un dernier geste de la main.
Elle s’était appuyée contre le dossier.
Soulagée finalement de ne plus le voir.
Le MP3, ajuster les écouteurs sur les oreilles, les yeux fermés, espérer que la musique éteindra le brasier dans son ventre.
C’était hier matin. L’impression de l’avoir quitté depuis des semaines.
Cette douleur insoumise à la pensée du projet et pourtant partir.
Comme une épreuve inévitable.
Elle met le sac sur son dos. Douze kilos. Ils n’ont pas réussi à l’alléger davantage.
D’habitude, Yoann se chargeait du matériel le plus lourd.
Elle sait qu’elle aura mal aux épaules pendant un ou deux jours puis que les douleurs disparaîtront. Juste une question de temps. Elle en a l’expérience.
Elle passe à l’accueil régler la nuit. Elle demande au gérant la direction du sentier. Il lui donne quelques explications et lui souhaite une bonne randonnée. La sincérité de la voix. Le vieux monsieur a un regard si doux. Quelque chose de Jacques Dufilho. Un peu aussi de son père.
Une étrange émotion. Un désir de câlins, de tendresse, de réconfort.
Ce vide affectif de son enfance.
Dans le potager familial. Son père lui apprenait la science de la terre. Cette patience et ce respect des dons naturels, elle ne les avait jamais perdus. Mais cette transmission d’un savoir ancestral n’avait pas comblé le vide de la blessure relationnelle.
La pudeur de son géniteur, cette retenue continuelle, la peur de laisser parler son cœur, elle les avait retrouvées chez Yoann. Ses élans amoureux ne comblaient pas ses silences prolongés. Cet isolement dans lequel il aimait plonger.
Elle salue le vieil homme et prend la direction du GR.
Les bâtons de randonnée comme un tempo qui s’installe. Lire le paysage, deviner les cheminements, s’éblouir des couleurs, du silence, de la pureté de l’air, le ciel grisé qui s'illumine. Se laisser envahir par la paix de ce monde.
Et pourtant souffrir de cette frayeur au creux du ventre.
Cette peur d’être enfermée dans des schémas figés.
La psychanalyse qu’elle suit depuis un an a fissuré les carapaces, entamé les résistances, craquelé les vieux murs de son inconscient endurci. Cette effervescence, ce chaos depuis des semaines, ces interrogations sempiternelles, incontrôlables, ce besoin impérieux de les étreindre comme un désir de maîtrise et pourtant s’y perdre.
Elle devait partir.
S’éloigner de Yoann. S’éloigner surtout de la femme qu’elle était à ses côtés.
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Le zazen.
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/12/2009
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"Dix ans d'expérience avec un moine Zen" de Jacques Brosse.
Troisième fois que je relis ce livre et je suis toujours aussi bouleversé. Comme si je n'avais pas besoin de réfléchir à tous ces mots, que c'était une évidence, une vérité en moi, une réalité que je porte, comme cette "intemporalité " qui me saisit de plus en plus souvent...Ce bain d'apesanteur où je sens vibrer des particules qui ne sont pas moi mais des entités venues d'ailleurs.
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Jacques Brosse
"Ce que nous appelons le moi n'a pas d'existence propre, il n'est que réaction à l'autre, aux contraintes que l'autre lui impose, aux circonstances auxquelles il faut qu'il réponde, il n'est en somme qu'adaptation; aussi haut qu'on remonte dans le temps, on ne peut trouver un moi vraiment fondamental, vraiment original, car, de toute manière, il est déjà le produit de quelque chose d'autre, de ce qui précède son existence même et qui en lui se rassemble, l'hérédité.
Mais alors la seule question qui se pose est celle-ci : qui est donc ce Je qui parle en moi ? Qui est ce Je qui me parle de moi ? Et finalement : qui est ce Je qui un jour est devenu moi ?
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Nous ne nous concevons que comme des égo, des moi, et la disparition possible de ce moi est le fondement de notre angoisse, de toutes nos angoisses, aussi nous nous accrochons désespérément à tout ce qui peut nous en faire espérer la continuation, sa survie, nous le voulons immortel, sinon éternel, oubliant que comme le remarque le Bouddhisme et l'énonce clairement la nature elle-même, tout ce qui est né doit mourir. Ce qui peut subsister après la mort ne saurait donc être ce qui est né mais ce qui existait préalablement à cette naissance, le désir d'existence qui s'était matérialisé, incarné dans et par la naissance.
C'est seulement ce désir d'existence qui instatisfait de cette vie qu'il vient de vivre et qui se termine, peut se réincarner.
C'est là le Karma, ce qui à la mort, n'a pas encore été totalement consumé dans et par la vie, le résidu de la vie vécue, qui fournira les matériaux, bons et mauvais, d'une nouvelle existence et ceci jusqu'au moment où il n'en subsistera plus rien, où de ce fait, le désir d'exister, enfin entièrement satisfait, sera définitivement tari.
L'expriration, la fin du souffle marque la fin du Karma car le souffle est lui-même producteur de Karma.Tout est accompli. Le Parinirvâna est le retour à l'origine, restitution intégrale de l'infime parcelle qui avait été provisoirement extraite du Tout, mais non soustraite au Tout, car du Tout on ne peut rien retirer, pour mener ce destin séparé à travers les kalpa et les milliers d'existences conditionnées successives.
L'existence séparée n'était qu'une illusion. Elle s'est dissipée.
Un jeu, une comédie, des rôles pris inconsidérément au sérieux au point que nous avions oublié que c'était sur un théatre que nous jouiions et seulement pour la durée de la représentation."
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"Répondant à une question, le Maître parle du Karma. Il semble identifier Karma et hérédité. Je comprends qu'en effet, ils sont parfaitement distincts, ils se rejoignent en pratique. C'est en fonction du Karma précédemment acquis que le principe vital migrant choisit sa nouvelle incarnation, donc ses géniteurs, et par-delà eux, son hérédité, soit tous ses ancêtres, la collection complète des gènes qu'ils représentent."
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"Quand notre être est parvenu à retrouver tout au centre de lui-même sa source originelle, alors cesse d'exister le problème du moi.
Car désormais il le voit tel qu'il est, avec détachement, avec humour : il ne le prend plus que pour ce qu'il est en effet, la manifestation la plus extérieure de lui-même, le mélange, à sa propre limite, de lui et de l'autre, le produit aléatoire des circonstances.
Dès lors aussi cesse toute lutte, car elle n'a plus d'objet. Ayant trouvé refuge en soi-même, et non en lui, se tenant désormais fixe en sa stabilité primordiale et là, ayant acquis le sens de la relativité de toutes choses, l'être profond peut accepter son moi comme la très imparfaite, illusoire et impermanente expression de soi-même, et il comprend, que soumis à ses lois, il ne pouvait être autre que ce qu'il est.
Alors, il le regarde faire et s'amuse de ses maladresses, de ses forfanteries, de cette comédie qu'il joue, qu'il se joue à lui-même. Et au fond, que lui importe ce personnage qui le représente si peu, si mal et pour si peu de temps ?
Nul mérite d'ailleurs et nulle illusion, car du fait de son détachement, le moi n'est déjà plus le même, il n'est plus celui contre lequel il y avait à combattre." -
L'énergie de l'Univers
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/12/2009
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D'après Fritjof Capra et d'autres scientifiques, notre univers physique ne serait pas constitué de matière mais d'une force appelée "énergie". La matière serait la forme la plus condensée de cette énergie. Elle se révèlerait sous la forme de particules de plus en plus fines, les unes à l'intérieur des autres pour finalement se réduire à l'état d'énergie pure. D'un point de vue physique, tout ce qui existe serait énergie et l'être humain ferait partie intégrante de cette énergie.
L'énergie émettrait des vibrations, elle vibrerait à des vitesses différentes, sous des formes et des qualités différentes, du plus grossier au plus subtil.
La pensée serait, selon certaines philosophies orientales et certains physiciens quantiques, une énergie relativement subtile...
Une des lois de l'énergie est qu'un niveau vibratoire d'énergie tend à attirer l'énergie de même qualité et de même vibration. Ainsi quelqu'un qui développe sans cesse des énergies "lourdes" attirerait des personnes émettant le même type d'énergie. A l'inverse, une personne cherchant à s'élever au niveau spirituel par la connaissance d'elle-même, peut changer de niveau vibratoire et en émettant des énergies plus positives, elle contribuera à attirer les personnes d'une même fréquence énergétique.
En amour, il conviendrait dès lors de chercher non pas un individu mais une énergie similaire...
Cette théorie rejoint le concept de synchronicité décrit par Jung pour exprimer une coïncidence significative ou une correspondance entre un évènement psychique et un énvènement physique qui ne sont pas causalement reliés l'un à l'autre.
En physique, le principe de causalité affirme que si un phénomène (nommé cause) produit un autre phénomène (nommé effet), alors l'effet ne peut précéder la cause. À ce jour, il n'a pas été mis en défaut par l’expérience.
Le principe de causalité est un moyen de s’assurer qu’une théorie mathématiquement cohérente est physiquement admissible.
Le principe de causalité a été étroitement associé à la question du déterminisme selon lequel dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Cependant, avec la prise en compte de phénomènes de nature intrinsèquement statistique (comme la désintégration radioactive d'un atome ou la mesure en mécanique quantique), il s'en est notablement éloigné. Il prend des formes assez diverses selon les branches de la physique que l'on considère.
Nos pensées pourraient mobiliser une énergie qui tendrait à attirer et à créer la forme correspondante sur le plan matériel. Cela signifierait que nous attirons ce à quoi nous pensons le plus, ce à quoi nous croyons ou ce que nous imaginons avec le plus de conviction.
La vision désastreuse que les médias donnent du monde contribuerait dès lors à amplifier le désastre.
La création artistique ne serait que la matérialisation de l'énergie éprouvée.
On peut également y retrouver les idées développées par Ruppert Sheldrake : les champs morphiques.
Ruppert Sheldrake
Champs morphiques et causalité formative
par Abel Chaouqi
"Cette théorie du biologiste Ruppert Sheldrake suggère que la nature des choses dépend de champs - des champs morphiques. Chaque type de système naturel possède son propre type de champ ; il y a un champ pour l'insuline, un champ pour le hêtre, un champ pour l'hirondelle, etc. Ces champs façonnent les différents types d'atomes, de molécules, de cristaux, d'organismes vivants, de sociétés, de coutumes et de modes de pensée.
Les champs morphiques, sont connus de la physique. Ils sont des régions d'influence non matérielles s'étendant dans l'espace et se prolongeant dans le temps. Quand un système organisé particulier cesse d'exister - lorsqu'un atome est désintégré, qu'un flocon de neige fonds ou qu'un animal meurt - son champ organisateur disparaît du lieu spécifique où existait le système. Mais dans un autre sens, les champs morphiques ne disparaissent pas ce sont des schèmes (des logiciels sans supports) d'influence organisateurs potentiels, susceptibles de se manifester à nouveau, en d'autres temps, en d'autres lieux, partout où et à chaque fois que, les conditions physiques seront appropriées.
Quand c'est le cas, ils renferment une mémoire de leurs existences physiques antérieures.
Le processus par lequel le passé devient présent au sein de champs morphiques est nommé résonance morphique. La résonance morphique implique la transmission d'influences causales formatives à travers l'espace et le temps.
La mémoire au sein des champs morphiques est cumulative, et c'est la raison pour laquelle toutes sortes de phénomènes deviennent de plus en plus habituels par répétition. Lorsqu'une telle répétition s'est produite à une échelle astronomique sur des milliards d'années, comme ce fut le cas pour d'innombrables types d'atomes, de molécules et de cristaux, la nature des phénomènes a acquis une qualité habituelle si profonde qu'elle est effectivement immuable, ou apparemment éternelle.
Toutes ces réflexions sont en contraste flagrant avec les théories orthodoxes en vigueur, il n'existe rien de semblable à la résonance morphique, dans le cadre de la physique, de la chimie ou la biologie contemporaines ; les scientifiques ont, en général, tendance à considérer les champs connus de la physique comme gouvernés par des lois naturelles éternelles.
Or, les champs morphiques se manifestent et évoluent dans le temps et l'espace ; ils sont influencés par ce qui s'est réellement produit dans lé monde. Les champs morphiques sont envisagés dans un esprit évolutionniste, ce qui n'est pas le cas des champs connus de la physique. Ou tout au moins, ce n'était pas le cas jusqu'à ces derniers temps.
Jusqu'aux années 1960, les physiciens ont cru, pour la plupart, que l'univers était éternel - l'univers, mais aussi les propriétés de la matière et des champs, ainsi que les lois naturelles. Ces éléments avaient toujours été et seraient toujours identiques à eux-mêmes. Mais on considère désormais que l'univers est né à la suite d'une explosion primitive. il y a quelque quinze milliards d'années, et qu'il n'a cessé de croître et d'évoluer depuis lors.
Aujourd'hui, la physique théorique est en pleine effervescence. Des théories relatives aux premiers instants de la création voient le jour. Plusieurs scientifiques avancent des conceptions évolutionnistes de la matière et des champs, d'un type novateur.
Le cosmos apparaît plus comme un organisme en pleine croissance et en pleine évolution que comme une machine éternelle. Dans ce contexte, des habitudes sont sans doute plus naturelles que des lois immuables.
A partir de phénomènes réels mais inexplicables par les paradigmes actuels de la science, il a élaboré une théorie complexe, qui certes, demande une étude approfondie pour être validée, mais qui semble prometteuse, en tout cas "elle semble tenir la route".
En simplifiant beaucoup :
Le tout est plus que la somme des parties. Il remet en cause également l'aspect purement mécanique de la biologie au profit d'une causalité formative à la base de la morphogenèse, la biochimie et la génétique n'intervenant qu'à posteriori.
Cette causalité formative s'exprimerait par les champs morphogénétiques.
Les champs morphiques façonneraient les atomes, les molécules, les cristaux, les organelles, les cellules, les tissus, les organes, les organismes, les sociétés, les écosystèmes, le système planétaire, le système solaire, la galaxie etc.
Dans cette complexité croissante, les champs morphogénétiques contiendraient une mémoire inhérente acquise par un processus de résonance morphique, composant la mémoire collective de chaque espèce ( idée émise par l'éminent psychologue suisse Carl Gustav Jung ).
Ainsi, le cerveau, trop petit pour contenir la mémoire, n'est pas un organe de stockage mais un organe de liaison avec la banque de données du champ morphogénétique dans laquelle se mêlent passé, présent et futur. "
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Vertiges.
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/12/2009
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"Il perçoit de temps en temps un mugissement lointain, semblable au souffle du vent dans les grandes bouées amarrées et que le marcheur attentif distingue parfois, comme la plainte tenace d'animaux titanesques. La montagne respire. Il en est sûr. Et les déplacements d'air que son grand corps occasionne s'étirent dans le silence de la nuit qui est un bourdonnement constant, si faible qu'on cesse de l'entendre dès qu'un flocon se pose. Mais lui, il l'entend bien. Il retient son souffle et écoute celui des montagnes. C'est splendide... Il écoute... Une fois qu'il a bien senti le rythme, il y calque sa respiration. Inspiration, expiration, doucement, sur le tempo de la Terre... Alors, en douceur, il se fond dans la masse.
Il n'est plus là et pourtant il se voit. Il flotte au-dessus de son abri. Il monte et descend sur la houle qui respire. Maitenant, il ne se voit plus mais il se sent. Il ne voit pas le paysage, il le vit. Il s'est fondu dans un ailleurs, un autre moi, une enveloppe nouvelle, un univers illimité. Il ne comprend pas ce qui se passe mais il n'en est pas troublé. Il est au-dessus de lui, physiquement mais sans la sensation de son corps.
Il est bouleversé par la misère apparente de son état et par la précarité de son refuge mais l'espace est si beau et le souffle des montagnes en lui est si doux que la plénitude l'envahit. A chaque inspiration, il se liquéfie dans le manteau neigeux, il se solidifie dans le grain de la pierre, il s'évapore dans les nuées glacées. Il n'est plus là et pourtant il perçoit son corps avec une acuité extraordinaire.
Il est dans son corps qui est dans le corps de la montagne qui est lui...
Il entend des sons graves, très bas, presque indistincts, une espèce de murmure répétitif, une mélopée inconnue. Il n'essaie pas de comprendre avec des mots. Tout est déjà en lui. Il entend la Terre. Oui, c'est ça. Il entend la Terre et il la comprend. Il sent étrangement que c'est normal puisqu'il respire en elle, qu'il est dans son souffle et que l'air le nourrit. Il sait qu'il ne regarde pas le monde mais qu'il en fait partie. Il n'est pas lui, il est le monde et le monde se constitue aussi de lui, il n'est pas une particule séparée du reste, il est l'ensemble, l'ensemble n'est pas divisible et pourtant il sait qu'il est multiple...
Il n'a pas envie de redescendre. Il comprend tout ici mais ne pourrait rien en dire. Des galaxies entières s'engouffrent dans son être ouvert et rejoignent les particules étoilées qui le remplissent. Il perçoit l'énergie de ses cellules, électrisées par l'Univers qui le visite. Son étincelle n'a jamais été aussi lumineuse.
Tout en lui est dans le Tout. Et le constitue...
...
A la première tentative, les jambes ne se sont pas pliées. Pourtant, l'ordre était clairement énoncé dans sa tête. Au deuxième essai, le genou droit a cassé la gangue de glace qui le fige et a retrouvé, au plus profond de sa mémoire de genou, un mouvement de flexion. Il est très fier de cette victoire... Il en appelle au deuxième genou, lui expliquant qu'il ne peut pas rester ainsi à la traîne de son compagnon, que lui aussi doit montrer qu'il est capable de vaincre l'impossible, qu'il n'y a qu'un délai d'obtention, que la vie est la plus forte... Il sent des mots jaillir, une allégresse extraordinaire qui le bouleverse... D'où vient-elle cette force, que fait-elle encore là ?