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  • Etrange

    Il m'arrive parfois de "décrocher" complètement de toutes réflexions, d'évoluer dans une sorte d'absence intellectuelle ou spirituelle et simultanément je perçois par moments une sorte de félicité, de béatitude, comme si une épuration intérieure s'était faite sans que je n'intervienne, sans que je cherche par un cheminement précis et maîtrisé à atteindre ce "silence"...

    Je suis là. Depuis quelques jours. Rien. Et pourtant un tel bonheur, des bouffées de joie soudaine, sans aucune raison précise, juste un flamboiement qui ne m'appartient pas, qui tombe en moi de je ne sais où ou qui jaillit d'un antre inconnu. Ca ne m'appartient pas, je n'y peux rien. Tout comme la Vie en moi d'ailleurs. Peut-être est-ce tout simplement ça la sensation de la Vie? Quelque chose qui ne peut pas être identifié, qui n'a pas de nom, qui ne peut pas être saisi au vol, ni étouffé lorsque "ça" surgit. Un flot de frissons, un regard qui se perd, le corps qui s'arrête, les pensées qui s'envolent. Rien et pourtant tellement.

    Je coupais du bois ce matin. La tronçonneuse plein les oreilles. Les muscles tendus, concentration, je n'aime pas cet engin, je sais les dégâts qu'il peut faire. Mais quatre stères à la scie ou à la hache, non merci :)

    Et puis, là, soudain, sans que rien ne le laisse prévoir, un courant chaud qui se déverse en moi, dans les fibres, une cascade ardente, des frissons, une chaleur étrange derrière les yeux. C'est toujours là, rien que de l'écrire, mais c'est la mémoire qui le réactive et ça n'a pas la même puissance. C'est juste un rappel émotionnel. Ce matin, c'était comme un premier amour, quelque chose que je n'aurais jamais éprouvé encore, une explosion. Etrangement, lorsque ça survient, c'est à chaque fois différent. Dans les circonstances, dans les effets, la durée, les ressentis. Mais l'émotion est toujours aussi vive. C'est beau à pleurer. Les émotions premières sont les plus belles. Celles qui suivent ne sont que des résidus mémorisés. On ne va pas s'en priver pour autant mais ils n'auront jamais l'incandescence des incendies originels.

    J'ai coupé la tronçonneuse, je me suis assis sur un tronc.

    J'ai laissé ruisseler.

    Et puis ça s'est arrêté.

    Les premières fois, c'était il y a cinq ans. Je sortais "miraculeusement" de mes trois hernies discales. J'aurais pu ne plus jamais marcher. Alors je marchais, la nuit parfois, pendant des heures. On n'imagine pas ce que ça représente de lancer un pied devant l'autre quand on est passé tout près du fauteuil roulant. C'est bien dommage d'ailleurs. Cette incapacité à saisir au plus profond le bonheur de tout ça. Uniquement après avoir failli tout perdre.

    D'où vient cette méconnaissance de la Vie, d'où vient cette distance inconcevable, méprisante, cette futilité de nos actes, non pas nécessairement dans leurs nécessités mais dans la conscience de ce qui s'y trouve ? Chacun de mes gestes, chaque instant,chaque seconde, chaque battement de paupières, ce mystère du coeur qui bat, ce flux sanguin, l'incommensurable complexité de ce corps, ce fonctionnement qui m'échappe, pas tous les "comment", mais intrinsèquement le "pourquoi", ce hasard ou ce destin tracé, cette chance ou cette volonté, ce miracle ou ce choix, rien ne m'appartient dans cet état de conscience insipide dans lequel j'évolue la plupart du temps.

    Qu'est-ce qui se passe en moi lorsque l'incandescence jaillit ? Est-ce enfin l'apparition de la Conscience, un état de pureté et de réception enfin libéré, par-delà les pensées, par-delà la raison, un lien qui se créé avec le Vivant en moi, autour de moi, comme une connexion retrouvée. N'est-ce pas ça la nostalgie, ne prend-elle pas sa source dans ce calice égaré, cette nostalgie sans raison, cettre tristesse sans cause, comme si quelque part en nous pleurait un Etre qui souffre et se plaint ?

    Le bonheur ne serait-il pas tout simplement d'être ce que nous portons ?

    Au lieu de vouloir être ce que nous pensons devoir être.

    Nous sommes déjà nous.

    Il n'y a rien d'autre que cette Conscience d'être là. Pas l'individu, pas le citoyen, le mari, le père, le sportif, l'écrivaillon, l'instituteur. Mais la Vie en moi.

  • Un grand bonheur.

    Un message reçu d'un ancien élève.



    "Bonjour !

    Je suis à la fois très surpris et surtout très content que l'on se soit retrouvé sur Facebook.

    Je parlais justement de vous, il y a peu de temps, avec Sonia ..., qui était dans votre classe en même temps que moi et qui m'a retrouvé par hasard sur Internet, fin 2009.

    J'ai lu votre biographie et votre bibliographie sur plusieurs sites littéraires ces derniers mois : c'est épatant ! Et dans vos interviews, j'ai parfaitement retrouvé l'instituteur que j'avais gardé en mémoire.

    Cela peut paraître bête, mais ces mois passés dans votre classe m'ont beaucoup marqué. En partie parce que j'ai un mauvais souvenir de mon institutrice suivante ... mais surtout parce que vous aviez une manière différente de voir les choses et de nous les enseigner.

    Après coup, je trouve que cela a beaucoup influencé mon parcours. Vous avez conforté mon envie de créer, renforcé mon imaginaire. J'ai passé toutes les années qui suivirent à écrire de petits récits, à inventer des histoires, même si depuis je suis retombé dans des choses plus rationnelles et carrées : la presse écrite et la politique.

    En tout cas, près de 13 ans après, je vous remercie du fond du coeur.

    M..."



    Une grande bouffée de bonheur.
    Merci.

  • A new born child.

    Sinnead o Connor

    Chanson du film " Le premier cri".

    http://www.youtube.com/watch?v=ngVHtE-iZSQ

     

    Just as two breathes
    become one breath

    As to wispers
    become a cry

    Miracle before us lives
    the glory of A New Born Child

    these aves closed eyes
    already seeing
    looking without looking within
    a taste of mental truth
    before her eyes
    the glory of A New Born Child

    In this place
    where life's long path begins
    if they'll be
    princess, queens or kings

     


    let our place, there at mother's side
    the glory of A New Born Child

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  • L'amour du silence.

     

    "L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant...Quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue parce qu'il sait qu'il meurt et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée." Blaise Pascal.

     

     

     

     

    Il vaut toujours mieux être un roseau pensant qu’un bouleau obtus. Pascal n’irait pas contredire La Fontaine.

     

    La pensée est à la source de tous nos actes même ceux qui sont inconscients. Il ne s’agit que d’une pensée inconsciente…Quand à l’instinct, il a bien fallu que les actes qui en découlent soient un jour pensés par un de nos nombreux ancêtres pour prendre place dans notre cerveau reptilien…

     

    On dit parfois qu’on doit avoir un comportement digne. Mais ce comportement n’est que la résultante de nos pensées. Dès lors que nous entrons dans le phénomène de la pensée, nous sortons simultanément du calice. Nous considérons que la vision macroscopique, ce regard intelligent et intelligible, cette transmission de notre analyse ou le monologue intérieur sont des saisies indéniables de la vie.

     

    Nulle critique envers ce travail. Il est indispensable. Sans cette pensée, nous ne serions que des outres vides. Des enveloppes ayant délaissé le contenant possible.

    C’est inconcevable. D’autant plus que non seulement nous ne cessons de penser mais bien souvent nous pensons à « l’insu de notre plein gré »…

    Et c’est là que surgit le problème.

     

    Peut-on parler comme Pascal de « dignité » lorsque nous constatons à maintes reprises, avec un minimum de vigilance, que ce phénomène de la pensée nous échappe et s’établit parfois sans que nous parvenions à le maîtriser ?

    Combien de fois n’avons-nous pas souffert de ce sommeil insaisissable sous le feu ardent des pensées volages ?

     

    Nous devrions être digne de ne pas être maîtres de nous-mêmes ?

     

    Bien entendu que Pascal parlait de la portée inestimable de ses pensées, de la force et la profondeur de ses raisonnements. Mais nous ne sommes pas des Blaise Pascal…

    Nous ne sommes pas ces maîtres spirituels qui usent avec une justesse inégalable de leur capacité à penser ou bien à s’extraire dans la méditation du maelström inépuisable des neurones tourbillonnants.

    Mais nous, à notre humble niveau, nous ne pouvons pas honnêtement être dignes de cette faiblesse chronique qui nous ronge et nous perturbe.

     

     

    Qu’en est-il du silence ?

    Le silence porte en lui la conscience de la vie. Pas son commentaire intellectuel, philosophique  ou spirituel mais sa réception totale, immédiate, épurée. Les pensées peuvent commenter la vie mais dès lors elles l’observent avec une certaine prétention, avec cette satisfaction du chercheur…Mais celui-là n’est pas au cœur de la vie. Il n’est plus qu’un chirurgien qui autopsie.

    Nous devons apprendre le silence, nous devons apprendre à nous taire. Intérieurement.

    On n’entend rien dans ce tohu-bohu. Nous vivons comme dans un poste radio où les ondes s’interfèrent. Chaque émission veut prendre la place, chaque musique s’impose, chaque parole se répète, c’est une cacophonie indescriptible.

     

    Il faut que ça cesse. C’est à partir du silence que nous pourrons apprendre à parler. Comme s’il restait à chaque fois que nous lançons en nous un cheminement intellectuel, une grotte, un antre ou un calice, un refuge à rejoindre comme un ressourcement possible. Il faut s’aventurer avec parcimonie, ne pas aller trop loin, ne pas se lancer sur plusieurs routes, éviter les croisements pour viser sans détour l’horizon. Et revenir à chaque fois dans le cocon originel du silence.  

     

    C’est un retour à la Nature qui se propose. Nos vies modernes sont saturées de bruits et d’attirances. Nos rencontres, nos proches, nos voisins, la rumeur de la ville, la télé, la radio, les MP3, nos téléphones, les avions, les voitures, cet environnement carcéral qui ceint nos oreilles et déverse en nous une boue tonitruante de bruits incessants.

    Qui donc peut se targuer de vivre dans le silence ?

    Où peut-on le retrouver ?

    N’y a t- il pas en nous une habitude perverse de cette houle d’océan comme une dépendance, une angoisse même, si jamais  l’étendue venait à se taire ? N’entretenons-nous pas inconsciemment ce ressac indocile, ces vagues grondantes comme des poisons renouvelés ?

     

    J’en ai vu bien souvent des randonneurs qui avançaient dans des paysages paisibles comme en terrain hostile et lançaient en flux constant des verbiages futiles, comme pour combler ce silence assommant.

     

    Je n’y ai perçu aucune dignité…

    Ça pensait à tue-tête et c’est ma tête qu’ils tuaient.

     

    Nous apprendrons à penser quand nous aurons appris le silence.

     

    Je pense (et, oui, là, pour l’instant, je n’ai pas le choix…) à ce petit enfant, ce petit d’homme à qui tous les adultes qui l’entourent et l’accompagnent s’efforcent de le remplir de connaissances, de le plonger dans les expériences de la vie. Rien à redire. C’est l’adulte qui se construit. Mais il y manque trop souvent l’amour du silence. Le silence en soi, quand la paix retombe, avant même que le sommeil l’enveloppe, cet abandon délicieux dans le calice, là où se tient tapie la conscience muette de l’amour de la vie.     

    Bienheureux l’enfant qui un jour s’assoit seul au sommet d’une colline et dans le silence intérieur perçoit la rotation de la Terre.

    Celui-là peut être digne.

  • L'élastique

    Le lien qui unit un enfant à ses parents pourrait prendre laforme d'un élastique.
    C'est l'enfant qui est en avant, les parents le suivent.
    C'est lui qui trace son chemin, influencé certainement par les commentaires des parents.
    Les parents se doivent d'accompagner l'enfant, faire en sorte que l'élastique ne soit pas inconsidéremment tendu.
    Des parents qui resteraient figés dans leur peur et chercheraient à retenir l'enfant génèreraient une tension qui irait immanquablement en s'amplifiant.
    L'enfant, l'ado, le jeune adulte ne peut pas rester sur place, il faut qu'il avance. Nécessairement il s'éloignera.
    Soit les parents l'accompagnent, le soutiennent, le conseillent, gèrent eux-mêmes leurs craintes sans les transmettre, et dès lors ils font en sorte que le lien ne soit pas une tension mais un contact, soit ils refusent cette évolution, il s'ancrent dans leurs certitudes, ils se nourrissent de leurs peurs et les transmettent. L'élastique va se tendre, se tendre irrémédiablement. Aucune avancée ne peut être stoppée sinon par la mort. L'enfant devra lutter pour s'éloigner, pour répondre à l'appel des horizons, sa route sera chaotique car il devra sans cesse lutter contre la tension qui le retient.
    Les ressentiments, les conflits, les incompréhensions, les colères, finiront par s'achever dans la rupture.

    L'élastique sera brisé.
    Personne ne s'en remettra jamais.
     
    Il ne faut pas tendre l'élastique, il faut suivre le mouvement. C'est nous qui suivons les enfants et pas l'inverse. Comme le dit Khalil Gibran, "la vie ne va pas en arrière".
    Si l'élastique à force d'être tendu se rompt, tout le monde en souffre.
    Les parents diront :
    "Avec tout ce qu'on a fait pour toi, on t'a protégé de tout..."...
    Et l'enfant répondra :
    "Avec tout ce que m'avez empêché de faire, vous m'avez privé de tout ce que je devais découvrir."

    Les parents souffriront de cette absence de reconnaissance, l'enfant souffrira de ce qu'il est devenu et de la souffrance qu'il fait subir à ses parents. Double peine...

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  • Lisa Gerrard

    Musique : Lisa Gerrard

    Vidéo : Gregory Colbert

     

    http://www.youtube.com/watch?v=ZfCHIzBFY6o

     

    http://www.youtube.com/watch?v=DGv_8ns6FDI&feature=related

     

    http://www.youtube.com/watch?v=CcrmJdgizq4&feature=related

     

    http://www.youtube.com/watch?v=lHAUH8fF_2Q&feature=related

     

    Et puis en direct avec Peter Bourke.

    http://www.youtube.com/watch?v=BoXsxYf2UMA

     

    Et dans le film "Gladiator" avec Hans Zimmer

    http://www.youtube.com/watch?v=eBszRs0zZlc&feature=related

     

    Un film magnifique, une musique inoubliable.

    "Force et honneur."

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  • La mort.

    La mort...

    Le fait que nous ayons l'opportunité de parler de la mort prouve que nous sommes en vie.

    Est-ce que quand je serai mort je parlerai de la vie ? Ça serait tout aussi absurde dès lors que je passerai mon temps à parler de quelque chose qui n'est pas. Je suis en vie et donc pas mort ou je suis mort et donc pas en vie. Alors je dois m'atteler à parler de ce que je suis.


    Pour ce qui est de la mort en elle-même, je ne la vois pas comme ayant une "existence" propre. Ça n'est pas la mort qui survient, c'est la vie qui s'en va, ça n'est pas un phénomène qui survient mais un phénomène qui nous quitte. On appelle ça la mort mais elle n'est rien en elle-même. On devrait plutôt dire une "non vie".

    On me dira que ça ne change rien mais pour moi ça change beaucoup. Il n'y a pas cet "ennemi" effrayant qui peut nous tomber dessus à tout instant. Il n'y a qu'une vie qui peut s'échapper. C'est la vie envolée qui nous fait mort. Et si cette vie que nous adorons (ou pas) contient en elle-même la non vie, je me dois de l'aimer de la même façon. Je ne peux pas aimer un aspect de la vie et en refuser un autre. C'est tout ou rien. À moins d'être un bel hypocrite.

    De quoi devrions-nous nous plaindre d'ailleurs ?

    Ce qui nous effraie le plus, fait en sorte que lorsqu’elle sera là, nous n’y serons plus.

    Fantastique création.

    Imaginons un instant que nous découvrions la mort tout en restant vivant. Là, on pourrait se plaindre. Ca serait par exemple la putréfaction de notre corps mais sans que nous ayons été privés de notre conscience. Là, effectivement, on aurait de quoi gémir. Mourir de son vivant. Plus aucun mouvement, aucun battement cardiaque, rien, le sang figé, la peau glacée, rigidité du cadavre.

    Mais en totale conscience. Durant un temps infini.

     

    La création s’est arrangée pour nous épargner ça. Et nous parvenons encore à lui reprocher la sentence finale. Incroyable mésestime.

     

    Nous sommes là. Puis nous n’y sommes plus. L’espace et la durée entre les deux peuvent bien entendu être diversement éprouvés. C’est là que se trouvent les difficultés. Pas dans le basculement lui-même.

     

    D’ailleurs, étrangement, nous ne sommes pas angoissés de ce que nous étions avant notre naissance. Quel était mon visage avant la naissance de mes parents ?

    Absurde ? En quoi serait-ce plus absurde que cette angoisse du « néant » que nous imaginons après la mort ? Est-ce qu’avant ma naissance j’étais mort ? Où étais-je ? Nulle part ? Il n’y avait rien de moi ? Des éléments séparés dans les corps de mes parents ? Rien d’autre ? Vraiment ? Qui en est certain ? Les mêmes qui disent qu’après la mort il n’y a rien ? Ou un Paradis ? Ou une réincarnation ? Ou  un enfer ? Des chromosomes, uniquement ça ? D’où vient l’énergie qui les anime ?

     

    Rien, il n’y a rien d’autre que le néant de notre « inconnaissance. »

    Et à chaque réponse, à chaque avancée, s’agrandit proportionnellement la distance à parcourir.

    De quoi devrions-nous nous plaindre ? Il reste tellement de chemin à faire. Rien n’est plus déstabilisant, voire déprimant, qu’un voyage achevé. Celui-là, nous n’en connaissons pas la fin. Nous savons uniquement qu’à un moment il se passe quelque chose de totalement nouveau. 

     

    Quelque soit la direction que prend notre imagination, ça n’est toujours qu’une excroissance de notre mental et de tous les a priori, les conditionnements, les cultures, les histoires, les religions, les éducations que nous transportons.

    Il n’y a rien de réel. Ni, pour avant ma naissance, ni, pour après ma mort.

     

    Et là, maintenant, qu’y a-t-il de réel ? Tiens, c’est vrai que la question peut paraître absurde elle aussi.

    Moi. Je suis réel. C’est indéniable. D’ailleurs si je mourais je ne serais plus là, c’est donc que je suis réel. Ah, mais non, ça ne tient pas ça étant donné que je ne sais pas ce que je serai après la mort. Je ne peux donc pas me convaincre d’être réel en usant de l’image que j’ai de la mort.

    Imaginons qu’après la mort je sois dans un état de conscience beaucoup plus profond que celui de mon « vivant ». J’aurais l’air malin d’avoir affirmé que j’étais réel en étant vivant…Ça n’est peut-être ici qu’une antichambre de la conscience, une certaine forme d’hallucination collective dont la mort est la sortie. C’est ensuite que s’ouvre le monde réel.

    Oui, mais tout ça n’est encore une fois qu’un amalgame d’hypothèses, un jeu intellectuel, une rhétorique.

     

    Puisque je ne connais pas la réalité de la mort, je ne peux pas en user pour me convaincre que je suis vivant. Ni encore moins réel.

    Je ne peux pas me faire une idée du blanc sans avoir éprouvé le noir de la nuit mais que pourrais-je bien saisir du noir de la nuit sans avoir au préalable pu goûter à la clarté du jour. Rien n'existe hors du tout. 

     

    Cet espace et ce temps de vie ne pourraient-ils donc n’être qu’une "irréalité partagée" et la mort l’apparition de la réalité dans un espace d’éternité ?

     

    Et voilà, c’est reparti… Des questions, des questions…  

     

    Mais puisque je m’interroge, il faut bien qu’il y ait en moi une réalité capable d’éprouver cette éventuelle irréalité. Est-il possible que je sois suffisamment manipulateur envers moi-même pour aller me prouver que j’existe réellement en m’interrogeant sur ma propre réalité ?

    Conscience auto réfléchie. Ah, oui, la fameuse théorie de Descartes.

    "Je pense donc je suis."

    Je panse et je m’essuie.

    Au fil de mes souffrances, de mes blessures, de mes traumatismes. Le sang coule et les idées sombrent. Tout ça est bien réel. Je ne peux pas en douter.

    Ah, mais si justement, Descartes a dit que je dois douter de tout. C’est la preuve que je pense et donc que je suis. Mais si j’en viens à douter que je pense…Que se passe-t-il ? Cela signifie-t-il que je ne suis pas puisque je ne sais pas qui pense malgré que je doute ? Mais qu’en est-il du doute ? Il s’agit bien d’une pensée pourtant. Tout ça est bien réel.

    Sauf que je ne sais toujours pas si cette vie est bien réelle étant donné que je ne peux pas la comparer à sa finitude à travers l’idée de la mort. Tout ça n’est donc pas plus réel que la mort. Il n’y a rien de réel, sinon les certitudes que je me fabrique. Certitudes sur la mort et par balancier certitudes sur la vie.

    Juste le jeu infini des pensées pour me prouver que j’existe.

    Trop fort le gars !

    De quoi éclater de rire.

    Quelle mascarade !

    Tiens, c’est peut-être ça la réalité.

    L’éclat de rire.

    J'ai une certitude malgré tout. C'est que je peux jouir, là, maintenant de ce miracle de pouvoir écrire sur ce jeu des pensées, jouir du spectacle merveilleux du monde, jouir de mon existence, ressentir et jouir intégralement, sans aucune distorsion, sans aucune retenue, sans aucune pudeur, rire encore ou pleurer de bonheur, courir, marcher, nager, être dans l'amour avec mon aimée, sentir les parfums des fleurs, siffler avec un oiseau, frissonner dans le vent glacial de l'hiver, me réchauffer dans les coulées lumineuses du soleil, jouir de l'absence provisoire des pensées quand je contemple le ciel.

    Il n'y a de noirceurs que si je choisis d'ignorer la lumière.

     

     

  • Avatar.

    En espérant que la fortune amassée par Cameron servira à une cause essentielle...

     

    http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18592018.html

     

    Quand la réalité rejoint la fiction.

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