Contention de la conscience
- Par Thierry LEDRU
- Le 30/12/2017
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Qu'en est-il de la contention de la conscience ?
Est-elle utile et bienfaisante ou s'agit-il d'une forme d'incarcération ?
Peut-on différencier une contention venant de l'extérieur d'une contention volontaire et entretenue par l'individu lui-même ?
Quelles sont les situations ou pratiques favorables à l'établissement de cette contention, quand elle oeuvre au bien être de l'individu ?
Les bas de contention sont des bas dont l'élasticité permet de comprimer la jambe et de favoriser la circulation sanguine et la remontée du sang veineux de la périphérie vers le coeur.
*Existe-t-il des systèmes de contention de la conscience favorisant la circulation spirituelle, c'est à dire la capacité à s'extraire du chaos extérieur pour concentrer "l'énergie de raison" vers une plus haute dimension de connaissance, comme si cette contention de l'esprit augmentait non pas le flux sanguin mais le flux spirituel, l'état méditatif, l'état de contemplation, l'état de lucidité, la sérénité et le saisissement de tout le potentiel de vie disponible ?
Personnellement, ces activités me comblent.
-Le vélo.
-La marche en montagne.
-La méditation.
-Le silence.
-L'écriture.
-L'écoute musicale.
-Le massage.
*Existe-t-il à l'inverse des situations et habitudes qui desservent cet état de contention ?
-La vie moderne fondée sur le matérialisme et par conséquent les désirs sans cesse renouvelés.
-Le bruit.
-L'agitation émotionnelle.
-La dépendance affective puisqu'elle induit un risque permanent de rupture ou de désillusion quant aux besoins irrésolus.
-L'actualité quand elle n'est qu'un bruit de fond, une forme d'hypnose qui capte l'attention et n'apporte rien de lumineux, une sorte de brouillard qui enveloppe la conscience, un tohu-bohu assourdissant. Certains y trouvent une ivresse qui les comble sans réaliser qu'il s'agit d'une dépendance puisque rien n'émerge de l'individu lui-même. C'est le monde de la vitesse, de la futilité, du remplacement permanent d'une actualité superficielle par une autre. Rester attaché à cette cacophonie, c'est se condamner à la surdité intérieure, la rupture avec soi. C'est le monde extérieur qui emplit l'existence et l'empoisonne.
On voit bien évidemment apparaître la similitude avec la "contention physique" appliquée par une force extérieure. Dans un cadre médical, on peut envisager que le bien du patient est l'objectif final et qu'il est "juste" de contenir l'individu... Sans tomber bien entendu dans le registre de "Vol au-dessus d'un nid de coucou".
Mais n'est-ce pas justement la réalité du monde moderne et des sociétés matérialistes ?
Peut-on parler de bonheur et de contentement de soi dans la dimension despotique de "l'avoir" quand "l'être" n'est plus qu'une entité envieuse et indéfiniment insatisfaite ? Ne trouve-t-on pas là une certaine forme carcérale de la conscience dans une illusoire quête de la liberté ?
En quoi le massage peut-il être bénéfique à un état de contention de la conscience ?
Une pratique véritablement enrichissante, pour soi et pour la vie du couple.
La Pleine Conscience est le point crucial du massage.
Le bénéficiaire du massage : Il ou elle aura pour tâche de visualiser assidûment les mouvements des mains et chaque zone parcourue, de s'extraire des tourments ou des simples pensées intrusives. Il s'agira d'établir un lien sensoriel constant entre les perceptions et leur saisissement. Ce "travail", peu à peu, au fil des semaines, des mois, des années...améliore considérablement la conscience de soi, corporellement mais également spirituellement. L'observation maintenue est un excercice qui deviendra un élément fondamental de l'individu, un besoin, une nourriture, une forme de vie entière. C'est bien évidemment également un lien émotionnel très puissant avec le partenaire de par les échanges d'énergies.
Cette quête de la Pleine Conscience durant le massage s'étend peu à peu à la vie quotidienne. C'est cela le plus émouvant. Comme si cet état de plénitude et d'absorption, de calme intérieur et de réceptivité parvenait à un certain niveau et devait s'étendre par manque de place ou qu'il finissait par s'infiltrer dans les carapaces de l'individu identifié. Dans le massage, il se crée un effacement profond de l'identité. C'est l'osmose entre le corps et l'esprit qui devient la "norme".
Le dispensateur du massage : Il peut paraître étrange de considérer que le masseur bénéficie lui aussi des bienfaits du massage et c'est pourtant éminemment le cas. Les énergies se "soignent" mutuellement et le masseur, qui a pour intention de prodiguer des bienfaits, se trouve par conséquent dans une "posture émotionnelle amoureuse", dans le sens où il œuvre au bonheur de l'être aimé et simultanément trouve une certaine estime de lui-même de par ce bonheur prodigué, sans autre intention que ce bien-être.
Cette énergie qui se diffuse par les mains du masseur, s'installe dans un système commun, une boucle, un circuit interne qui relie les deux individus.
Le masseur est simultanément massé, non pas dans un contact matériel mais par l'entité éthérique créée par le massage conscient. Comme si l'énergie délivrée par le massage revenait en écho dans le corps du masseur. C'est de délivrer le corps de l'être aimé de toutes ses tensions quotidiennes qui génère le flux aimant.
La contention de la conscience du masseur s'instaure dès lors qu'il parvient, non pas simplement à masser son partenaire de vie, mais à prendre soin de chaque partie du corps de son partenaire. La pensée est "contenue" par le cadre limité de la zone massée, la visualisation interne de l'énergie dispensée, l'attention amoureuse envers le genou, la main, la bouche, chaque orteil, le lobe des oreilles, les aisselles, le front...
Je ne masse pas "Nathalie" dans sa globalité avec une observation "macroscopique" et un parcours détaché mais dans chaque point qui la constitue et c'est ce parcours "microscopique," aimant, attentionné, dans une totale bénédiction envers la vie qui vibre en elle, que s'établit cette contention de la conscience.
C'est un choix délibéré, assumé, adoré.
Qu'en est-il du silence ? C'est un défi de taille... Combien de temps passons-nous quotidiennement dans un silence total et volontaire ? Aimons-nous ces instants ? Analysons-nous les émotions qu'ils génèrent ? Sommes-nous capables de vivre silencieusement à deux sans qu'aucun ne se sente "abandonné" ou "exclu" ?
Qu'en est-il du sport ? Je pense, au regard de multiples discussions avec des sportifs, que la dimension méditative du sport est méconnue, voire même rejetée, comme s'il s'agissait d'une dimension contraire à la pratique physique.
C'est clair qu'entre le tir à l'arc et le football, l'opportunité de saisir cette contention de la conscience n'est pas la même.
Cet état dans le milieu sportif est surnommé "la zone"
Un état que j'ai connu à diverses reprises et que j'aime infiniment. Des moments inoubliables, considérablement transformateurs, profondément révélateurs.
Nous sommes bien plus que ce nous percevons de prime abord.
C'est donc qu'il faut apprendre à percevoir autrement, à aborder tous les espaces inexplorés, comme des marins en quête de terres nouvelles.
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