L'Amazonie et le spécisme
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/09/2019
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J'avais écrit un petit texte sur les incendies.
Je m'attendais bien évidemment à ce que cette actualité disparaisse rapidement. C'est le cas, une fois de plus.
En 2014 : Amazonie : "Un effort de guerre"
C'est un problème ancien qui revient au devant de la scène de temps en temps et puis rentre dans l'oubli.
J'avais évoqué également la responsabilité planétaire de ces incendies au regard de l'élevage intensif et de la culture du soja.
La forêt amazonienne, le soja et la viande de bétail.
En 2018, j'avais écrit ce texte-là :
En voici un nouveau :
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Anissa PutoisChargée de campagne pour PETA (Pour une Éthique dans le Traitement des Animaux)
Alors que les militants animalistes du monde entier ont marqué la semaine dernière la cinquième journée mondiale de la lutte contre le spécisme, des incendies ont continué à ravager l’Amazonie. À première vue, ces deux faits peuvent sembler n’avoir aucun rapport, mais une simple réalité les rapproche: l’Amazonie brûle pour faire de la place à des centaines de milliers de vaches, afin que des humains puissent se nourrir de leur chair.
Une vision spéciste des animaux au cœur des flammes
Le monde entier a versé des larmes face aux images d’animaux sauvages s’enfuyant, paniqués, forcés de quitter leurs habitats perdus aux flammes. Mais ces personnes attristées se rendent elle compte que la forêt est détruite pour faire de la place aux bovins voués à l’abattage? S’ils mangent de la viande leurs choix alimentaires contribuent directement au problème, et par ailleurs, leurs repas carnés font plus d’une catégorie de victimes – les animaux sauvages chassés pour les flammes et les animaux tués pour leur chair.
Ce n’est pas une responsabilité qui se limite au Brésil, puisque les terres sont utilisées pour faire paître (selon Greenpeace, un peu plus de 65% des terres déboisées en Amazonie sont aujourd’hui occupées par des pâturages) des animaux dont la chair est exportée et consommée dans d’autres pays – le Brésil est le plus grand exportateur au monde de viande bovine, en fournissant à 182 pays dans le monde. Y poussent également des cultures de soja dont l’immense majorité sert à engraisser les animaux dans les élevages partout dans le monde, avant que ceux-ci finissent morts dans nos assiettes.
Pourquoi tant de gens se focalisent-ils uniquement sur le sort des animaux “exotiques” sur place tout en plantant leur fourchette dans un morceau de viande, dont la production est à l’origine du problème?
Il s’agit du spécisme, une vision du monde préjudiciable qui créé des distinctions illogiques entre la valeur que nous accordons à la vie d’un animal par rapport à un autre, tout simplement à cause de l’espèce à laquelle chacun appartient. L’humain spéciste se présume également supérieur aux autres animaux, pour justifier de les exploiter et de contribuer à leurs souffrances.
Une récente affiche de PETA met ce paradoxe en image: elle représente un bovin tuant un ara rouge, illustrant le lien entre la consommation de viande et la mort des animaux qui habitent l’Amazonie.
Force est de constater que nos choix alimentaires sont littéralement en train de mettre le feu à la planète.
Notre part de responsabilité
S’il est facile de condamner les éleveurs qui ont allumé ces feux, il serait beaucoup plus productif d’examiner comment notre comportement, motivé par des préjugés que nous prenons pour acquis – en particulier notre vision spéciste du monde – joue un rôle majeur. Si vous continuez de manger de la viande pendant que cette catastrophe enflamme la toile, autant vous rendre au Brésil et allumer vous-même les feux…
Le moment est venu de remettre en question notre conviction erronée qui stipule que nous pouvons élever, massacrer et manger des milliards d’êtres sans impunité. Nos intérêts ne sont pas supérieurs à ceux des autres animaux, il s’agit d’un mensonge que nous devons cesser d’avaler, puisqu’il justifie la souffrance de milliards d’individus et la destruction de notre planète.
Les solutions pour étouffer les flammes
Les images déchirantes de l’incendie en Amazonie ont été rapidement suivies d’appels publics pour que les dirigeants mondiaux prennent des mesures, mais assumons notre part de responsabilité. Au cœur de la crise climatique se trouve notre volonté d’accepter le mensonge selon lequel certains individus peuvent être étiquetés comme “aliments”.
Mais les rapports scientifiques sont incontestables: nous devons modifier notre alimentation pour survivre. Et cela commence par notre propre assiette. Chacune et chacun de nous peut, sur le plan personnel, aider à noyer l’incendie. Il nous suffit de réajuster notre rapport aux animaux et d’arrêter de les manger.
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