Le plaisir dans le Tantra

Un texte remarquable à mes yeux. 

Une "professionnelle" du tantrisme m'avait interpelé de façon virulente sur Facebook à propos de la sexualité et de sa "mise en scène" dans Kundalini. 

Oui, effectivement, il n'était pas question pour moi de décrire la vie de Sat et de Maud sans décrire leurs étreintes, avec la même précision que les randonnées en montagne, le ramassage des légumes, l'édification des cairns, la descritption du lieu de vie de Sat, les réflexions, les massages, la nature, le silence et tout ce qui constitue leur relation.

La sexualité n'est pas à mes yeux un paramètre tabou dans l'espace littéraire.
 

"C'est honteux..."

La sexualité censurée


 

Présence à soi

 

L’art d’être en conscience

Présence à soi

Autorisez-vous le plaisir ?

Par Didier SexualitéSpiritualitéTantra 16 commentaires

 

Alors que le Tantra est prétexte pour certains à une grande liberté sexuelle, d’autres tantrikâ semblent passer à l’extrême inverse et voient d’un mauvais œil que l’on puisse ressentir ou procurer du plaisir sexuel lors d’un exercice ou d’un massage tantrique. Oui, en creusant un peu, c’est vraiment le plaisir qui paraît poser souci. Décortiquons cela…

Il est très clair que la quête de la jouissance, du plaisir physique, n’est pas un objectif ou une fin en soi dans la voie tantrique. En revanche, l’accueil du plaisir peut être un moyen privilégié d’accéder à une paix intérieure et, de là, à une transcendance. Mais s’il ne faut donc pas confondre la fin et le moyen, ce n’est pas pour autant en diabolisant le moyen que l’on atteindra plus facilement la fin

Pourquoi la sexualité ?

Il est vrai que la dimension transcendante de la sexualité tantrique fait l’objet de beaucoup de confusion.

Les textes anciens expliquent qu’à travers certains rites sexuels sacrés, la survenance d’un orgasme dit cosmique permet d’atteindre l’éveil spirituel et de ressentir l’union avec l’univers. Il serait Cependant mensonger de le faire miroiter à l’apprenti tantrikâ occidental qui participe occasionnellement à l’un ou l’autre atelier. Ces pratiques antiques sont réservées à une extrême minorité qui s’y consacre totalement lors de longues années d’une ascèse complexe et rigoureuse. Soyons donc conscients que c’est hors de portée de la plupart des tantrikâ occidentaux, qui ne seraient de toute façon pas disposés à consentir aux lourds sacrifices que cette voie implique.

Ces rites sexuels s’inscrivent d’ailleurs dans un ensemble de pratiques bien plus larges (méditations, yoga,mantras…) dont ils ne constituent qu’un aspect. Cela n’a donc pas de sens de concentrer sa pratique exclusivement sur ces rites sexuels qui exigent un important prérequis qui fait le plus souvent défaut.

La plupart des tantrikâ actuels qui disent chercher l’éveil spirituel principalement au travers de pratiques sexuelles sont donc soit totalement à côté de la plaque, soit ont simplement trouvé un alibi commode pour prendre du bon temps… Et pourquoi pas ? Mais à condition d’être honnête sur ce point avec soi et avec les autres.

Mais que peut alors nous apporter la sexualité dans une recherche spirituelle ?

Dans une perspective tantrique, la recherche spirituelle englobe l’intégralité de notre être, ce qui inclut entre autres le corps, les émotions et la sexualité. L’objectif ultime est de réaliser en soi l’unification de toutes nos parts morcelées, de façon à être en parfaite harmonie avec soi-même et, partant, avec l’univers également. Dans ce cadre plus global, une transcendance est à portée de main.

Les chakras permettent de facilement comprendre cela. Chacun d’un de nos sept chakras principaux représente un aspect de notre être. Ce n’est que lorsque ces sept chakras sont ouverts et alignés que l’énergie peut circuler de façon harmonieuse. Dans une recherche spirituelle globale, il est donc souhaitable de s’intéresser à chacun des chakras et de porter son attention sur ceux qui seraient moins équilibrés en effectuant des exercices spécifiquement adaptés. Par exemple, une personne dont le premier chakra serait peu ouvert et qui aurait du mal à être présente dans son corps aurait intérêt à effectuer des exercices d’ancrage.

Sur son chemin spirituel personnel, chacun a donc à prendre conscience des parts de lui où se situent les blessures, les crispations, les blocages… Et s’il n’y a rien à signaler en lien avec la sexualité, son attention se portera ailleurs…

La sexualité au sens large (qui inclut la relation au partenaire) vient cependant toucher beaucoup plus d’aspects de notre être que le 2ème chakra auquel elle est généralement associée. En effet, la relation au corps et à la matière relève du premier chakra, la confiance et l’estime de soi (dont la capacité à s’affirmer et poser ses limites), ainsi que les émotions, sont en lien avec le 3ème chakra. Le 4ème chakra est le siège de l’amour, tandis que le 5ème chakra est le centre de la communication (donc de l’aptitude à formuler ses besoins et ses envies). Et c’est au 6ème chakra que les énergies féminine et masculine sont susceptibles de fusionner en nous.

Bref, activer la sexualité peut être une façon de travailler sur de multiples parties de soi en une fois.

En outre, et ce n’est pas rien, aborder la sexualité dans une perspective tantrique est aussi le moyen de réinventer sa relation à la sexualité, vers plus de conscience, de connexion et d’épanouissement, et de rejoindre son partenaire au-delà des limites de l’ego.

Et le plaisir ?

Si l’aspirant tantrikâ conçoit qu’il peut être bénéfique de faire de sa sexualité un terrain d’exploration, il a cependant parfois du mal à y associer le plaisir. Si la sexualité est un matériau de travail en Tantra, n’est-ce pas le détourner que d’y prendre plaisir ?

Il y a bien sûr l’envie de se démarquer de l’amalgame que fait souvent le grand public entre Tantra et érotisme ou libertinage. Mais il n’y a pas que cela.

L’héritage judéo-chrétien

Nous sommes tous les dépositaires de cet héritage judéo-chrétien qui voit le plaisir comme quelque chose de honteux et de coupable. A moins d’un travail conscient de déconstruction, nous restons baignés dans cet inconscient collectif qui conserve une méfiance tenace face à un plaisir qui n’aurait d’autre justification que lui-même.

Sur le plan mental, il subsiste énormément de jugements de valeur à l’égard du plaisir sexuel. S’il semble glorifié dans les médias et la pensée dominante, ce n’est qu’en superficie. La plupart des gens, au fond d’eux-mêmes, continuent plus ou moins inconsciemment à être fort ambivalents à l’égard du plaisir.

Et que dire des milieux spirituels qui, eux, sont généralement fort peu à l’aise avec cette idée de plaisir. Si l’on est là pour « travailler » sur soi, avec tout le sérieux et la discipline que cela suppose, alors ça va. Mais si on s’amuse et que l’on en retire du plaisir ? Dans le monde spirituel, il existe tout un courant de pensée doloriste qui considère qu’il faut « en baver» pour qu’il y ait une réelle évolution. Dans cette optique, le plaisir est forcément vu comme un obstacle, une distraction qui ne peut que nous éloigner du« bon » chemin.

Il va de soi que je ne souscris pas à ce courant. Si, parfois, il n’y a d’autre option que d’emprunter un passage difficile, ce n’est clairement pas un but en soi et nombreuses sont les fois où un chemin agréable nous permet d’aboutir à la même destination.

De même, l’excès de sérieux et de gravité est probablement un des plus sournois piège de l’ego : « Le sérieux est une sorte de peste émotionnelle. Il n’entraîne que raideur, contrainte et lourdeur, et rendra ainsi votre vie excessivement et inutilement difficile. La voie de la réussite passe par l’humour, le rire et la légèreté de cœur. Pour tout ce que vous vous efforcez d’atteindre, il est excellent de se rappeler que la vie est légèreté » (Stephen Russel et Jürgen Kolb).

Et si la relation au plaisir en général reste compliqué, que dire du plaisir sexuel ? Suivant leur parcours et leur éducation, nombreuses sont les personnes qui associent la sexualité à quelque chose de sale, de honteux, de dégradant ou d’avilissant.

Or, il est important de prendre conscience que l’énergie sexuelle est juste une énergie qui nous traverse. C’est notre mental qui va la juger et l’étiqueter. Mais en soi, elle est neutre. Cela n’a pas plus de sens de porter un jugement moral sur cette énergie et le plaisir qu’elle peut susciter que de se demander si notre respiration est immorale. Si l’air circulant dans nos poumons nous procure du plaisir, il devrait être possible d’accueillir avec volupté l’énergie sexuelle se diffusant dans notre corps sans que cela ne suscite plus de culpabilité ou de questions existentielles.

Tant que le plaisir ou le désir éveillent de la honte ou de la culpabilité en nous, il nous sera évidemment difficile de s’abandonner sous le regard de l’autre, de peur qu’il nous juge comme nous nous jugeons nous-mêmes.

Retenons que le corps est innocent et qu’il est normal et sain qu’il recherche la gratification de ses désirs.

La dualité corps-âme

Ce jugement foncièrement moral à propos du plaisir peut également trouver un écho subtil auprès des personnes de nature spirituelle qui pourraient parfois avoir tendance à hiérarchiser les différents plans de l’être au détriment des plans matériels. N’entend-on pas régulièrement parler de plans supérieurs et inférieurs, de chakras du haut ou du bas, au risque de les opposer ?

Insidieusement, cela insinue l’idée que le corps, la matière, sont infiniment moins valables que l’esprit ou l’âme qui, eux, sont glorifiés. L’invisible, l’impalpable, est auréolé de toutes les vertus, tandis que la matière est perçue comme un « mal nécessaire ».

Pourtant, chaque plan est important et complémentaire aux autres. Une spiritualité qui ne mettrait l’accent que sur les deux derniers chakras serait complètement désincarnée, dans le rejet de toute réalité matérielle. Cette dissociation entre matière et esprit crée un déséquilibre énergétique qui ne peut que nous éloigner d’une harmonie globale.

Gardons à l’esprit que la matière est simplement de la lumière sous une forme plus dense, mais cela reste de la lumière.Revenir dans le corps et le réhabiliter, c’est l’invitation de Daniel Odier : « Commençons par réintégrer le corps qui a la capacité innée de faire un avec toute chose, alors que l’esprit lutte sans cesse contre ce corps non duel. Rétablir cet équilibre suppose une présence nouvelle aux sensations, aux émotions, à l’esprit, qui en vérité ne sont pas scindés mais forment un seul courant, comme une tresse souple où chacun des éléments communique sans cesse avec les autres ».

Il est vraiment important de réaliser – et c’est le message du Tantra- que le corps et la matière ne sont pas des obstacles à la transcendance, que du contraire. La spiritualité ne doit pas être un rejet subtil de notre incarnation terrestre. L’enjeu est réellement de redescendre dans le corps physique, de vivre sa spiritualité de façon incarnée, pour qu’elle puisse englober la totalité de notre être. Cela suppose donc d’accueillir tous les ressentis du corps, le plaisir inclus.

Ainsi que le résume très justement Aurore Sovilla, « Ces émotions parcourent tout notre corps et nous rappelle à quel point nous sommes la vie traversée par la vie. La vie qui s’expérimente elle-même. La spiritualité ne devrait pas être un ultime moyen pour refuser ce qui est, de renier la matière et l’expérience terrestre que l’on est venu vivre. Nous sommes des êtres divins venus vivre une expérience humaine et non l’inverse. Ne passons pas à côté de notre but, devenons des êtres humains ».

Tant que la dimension physique est dénigrée, le plaisir sexuel ne peut être vu que comme l’expression des plans les plus denses et les moins subtils de notre être, comme ce qui nous tire en arrière vers notre animalité plutôt que de nous élever vers le divin. Et cette énergie sexuelle ne sera alors accueillie que du bout des lèvres. Et encore, à condition qu’elle soit très vite transcendée en quelque chose de plus noble…

Transcendance et sublimation

Il arrive régulièrement qu’il y ait une confusion entre la transcendance et la sublimationde l’énergie sexuelle.

Il y a transcendance de l’énergie sexuelle lorsqu’elle n’est pas limitée à la zone pubienne ni réduite à une satisfaction strictement génitale, mais qu’elle est mise au service de l’ouverture du cœur et de la conscience, nous permettant alors d’accéder à des plans plus vastes que notre individualité.

Mais la transcendance ne signifie pas se servir des chakras du bas comme d’un moteur auxiliaire dont il faudrait se débarrasser dès qu’il nous a mis sur orbite. La transcendance, c’est être à la fois présent dans les plans matériels ET dans les plans plus subtils. Il ne s’agit donc pas de remplacer un plan par un autre mais d’avoir la capacité de circuler librement dans chacun des plans. Rappelons que le 7ème chakra ne peut s’ouvrir que si les six premiers sont tous activés sans exception. Si les plans matériels sont désinvestis, il ne peut donc y avoir d’illumination.

A l’inverse, lorsque l’on souhaite que l’énergie sexuelle laisse la place à quelque chose de plus éthéré, ce n’est plus de la transcendance mais bien de la sublimation.

Le concept psychanalytique de sublimation est un mécanisme de défense psychologique qui a été défini par Sigmund Freud. Lorsque la pulsion sexuelle est jugée négativement et n’est pas assumée, le processus de sublimation vient déplacer le but de la pulsion vers un but non sexuel socialement plus valorisé, telle la création artistique ou la vocation religieuse.

En langage alchimique, la sublimation est la transformation du plomb en or ; à savoir la transmutation d’une matière vile en quelque chose de noble. Dans sa dimension psychologique, il s’agit du passage du corporel à l’esprit, du matériel au spirituel.

D’une certaine façon, la sublimation rend la sexualité acceptable en la « désexualisant ». Dans cette optique, l’éviction du plaisir physique devient inévitable, dès lors qu’il ramène trop à la chair et à l’organique.

Or, « désexualiser » sa sexualité équivaut à la nier. C’est à l’opposé de la transcendancequi valorise la sexualité en ce qu’elle est le parfait auxiliaire complémentaire du cœur et de l’âme, comme le rappelle Pamela Kribbe : « La sexualité dans sa vraie signification est une danse dans la matière qui en même temps, s’élève au-dessus de la matière. Dans une expression sexuelle équilibrée, vous transcendez la réalité matérielle sans l’ignorer ou la refouler, sans abandonner les trois chakras du bas et sans chercher l’extase uniquement à travers les chakras du haut. Une sexualité complète intègre tous les niveaux de votre être. La sexualité comble le fossé entre la matière et l’Esprit ».

La part animale en soi

Si la vie nous a dotés de cinq sens susceptibles de nous procurer des sensations délicieuses, c’est pour nous inviter à en jouir, à nous abandonner à ces plaisirs avec simplicité. Se refuser cette volupté, c’est une façon de rejeter la vie, de ne pas l’autoriser à nous traverser.

Cet abandon est cependant parfois être perçu comme une dangereuse perte de contrôle. Nous avons confusément conscience de la présence en nous d’une part animale, soigneusement bridée derrière le vernis d’éducation qui fait de nous des êtres « civilisés ». Cette part instinctive qui nous renvoie à notre animalité est généralement peu assumée et, de ce fait, refoulée le plus loin possible de notre conscience. Moins nous la contactons, moins nous la connaissons et, forcément, plus elle nous fait peur car nous ignorons jusqu’où elle peut nous amener.

De ce fait, lors d’un massage tantrique,certaines personnes ne s’autorisent l’abandon que jusqu’à un certain degré, de crainte qu’au-delà, elles ne soient plus totalement maîtres de ce qui pourrait émerger en elles. S’y ajoute la gêne d’être vu(e) dans cette animalité qui nous fait honte. C’est dommage car c’est justement dans cet abandon qu’un travail de transformation pourrait s’opérer le plus utilement. Pour peu bien sûr que ce lâcher-prise puisse se faire au sein d’un cadre sécurisé, sous l’accompagnement d’une personne compétente et bienveillante.

Il est possible aussi que cette difficulté à s’abandonner soit due à notre tempérament, notre éducation ou à un événement douloureux sur notre parcours. Le lâcher-prise s’apprend alors patiemment, au rythme qui est juste pour chacun.

Il se peut également que ce soit le masseur, mal à l’aise avec l’énergie sexuelle, qui freine ou empêche l’émergence de ce côté animal, par peur de ne pas savoir gérer la montée du désir ou les attentes du massé. Voire par crainte de la survenance, en miroir, de son propre désir.

Or, cette part animale est importante car c’est elle qui nous permet de nous connecter à nos besoins primaires et de les exprimer avec spontanéité. De même, sans accès à cette part animale, il est peu probable de parvenir à être réellement dans sa puissance. Généralement, les personnes qui sont peu à l’aise avec leur polarité Yang auront tendance à refouler l’animal en eux pour lui substituer un côté doux et policé mais où le souffle de la vie sera plus ténu.

Or, pour accéder à la sexualité sacrée, il est nécessaire de laisser cette part sauvage se déployer en nous. La sexualité sacrée n’est pas qu’affaire de Yin et de douceur. Elle implique un équilibre entre nos deux polarités, que le Yin vienne adoucir la puissance du Yang et que le Yang vienne attiser la douceur du Yin. Si la conscience et la dimension Yin sont présentes, cette puissance sera douce et maîtrisée, notre part animale pourra se déployer dans toute sa magnifique vigueur sans être destructrice.

Tant que la sexualité, dans sa dimension animale, est vue comme une sorte de monstre à dompter ou à garder à distance, il ne sera pas possible d’accueillir le plaisir sexuel de façon simple et naturelle, et encore moins de l’assumer face à l’autre. Pour contrer cette peur, il ne faut surtout pas chercher à domestiquer cette animalité mais bien à l’apprivoiser, c’est-à-dire apprendre à la connaître en lui permettant progressivement de s’exprimer.

Comme l’écrit Jacques Ferber, ne laissons plus nos peurs limiter notre potentiel de vie : « La vérité c’est que nous sommes des êtres de plaisir et de joie, et que rien ne nous empêche de retourner à cet état primitif de notre être, si ce n’est nos croyances limitantes qui nous disent que ce n’est pas possible, et nos peurs qui entravent notre route en nous faisant croire qu’il y a du danger là où le tapis rouge se déroule pour nous. Croyances et peurs ne sont que des nuages qui obscurcissent notre ciel et nous cachent la vue du soleil qui brille tout le temps de mille feux ».

L’amour de soi

Un dernier obstacle à s’autoriser le plaisir, et non des moindres, est la difficulté à s’aimer soi-même.

Est-ce que je m’aime assez pour faire ce cadeau à mon corps de lui autoriser pleinement ce plaisir ? Ai-je le sentiment de le mériter, d’y avoir droit ?

Notre juge intérieur est souvent implacable et, sans même que nous nous en rendions compte, nous nous punissons, nous punissons notre corps en lui refusant le plaisir auquel il aspire.

Cela dépasse généralement de loin la dimension sexuelle. Dans ma vie quotidienne, est-ce que je suis doux et attentionné avec mon corps ou est-ce que je le maltraite ? Suis-je à l’écoute de ses besoins ou le vois-je juste comme un outil prié de répondre docilement aux injonctions de mon mental ?

Osho nous rappelle : « Votre corps est un temple, prenez-en grand soin et souvenez-vous que vous êtes la divinité qui y vit ». Le Tantra nous invite à être tout à la fois la divinité, le temple et l’adorateur. Trois en un…

Explorer le plaisir

Le Tantra, et plus spécifiquement le massage tantrique, nous offre une magnifique occasion d’explorer ce plaisir et de prendre conscience de ce qu’il vient faire résonner en nous.

A nouveau, il ne s’agit pas d’une quête hédoniste du plaisir comme un but en soi. S’agissant d’une part de nous, il est légitime que ce plaisir soit englobé dans la démarche spirituelle et puisse être intégré aux autres « matériaux » d’expérimentation.

L’essence du massage tantrique consiste à accueillir ce qui est là, sans rechercher ni éviter quoi que ce soit. Si le plaisir est là naturellement, l’invitation est de se détendre en lui, de l’observer et de voir où il nous mène.

Cette détente dans le plaisir est une véritable méditation, nous invitant à ne pas se crisper sur la recherche du plaisir, qui fermerait l’accès aux autres plans de notre être. Le massage nous invite à expérimenter tous les plans qui souhaitent s’éveiller lors de la séance : le corps (incluant les sens et les pulsions), l’émotionnel, l’affectif, les plans subtils… Si l’on ne se focalise pas sur un plan particulier, plusieurs plans peuvent s’éveiller, se succéder ou se superposer. Un plan n’exclut pas l’autre.

L’exploration du plaisir peut être un réel chemin de guérison, de réhabilitation d’une part de nous trop longtemps refoulée. C’est un chemin d’accès possible, parmi d’autres, vers plus d’accueil et d’amour de toutes les parts qui nous constituent.

Si vous avez du mal à vivre le plaisir avec simplicité lorsqu’il se présente, c’est qu’il y a sans doute un petit quelque chose à aller approfondir de ce côté…

Cette exploration en conscience du plaisir nous amène à développer à son égard une relation de plus en plus sereine et apaisée, à être à même de l’accueillir quand il se présente, sans ressentir le besoin de courir après lui. « Soyez au centre : ni réprimé, ni débauché. Soyez au milieu, vigilant, alerte et conscient« préconisait Osho. 

Didier de Buisseret

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