Les trois violences

C'est effectivement ce que je pense. J'ai toujours l'exemple de la centrale nucléaire de Plogoff en tête. Sauf qu'aujourd'hui, à Plogoff, si la même situation se produisait, il y aurait de nombreux morts du côté des manifestants. C'est une certitude. La violence n'est pas du côté du peuple mais de celui qui le "gouverne". 

 

« Il y a trois sortes de violence.

La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’Hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. » (Don Helder Camara)

 

Alain Damasio : "On a épuisé toutes les façons douces de faire les choses"

 

Lundi 19 juin 2023

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Alain Damasio à Gerardmer en 2014 ©AFP - Sébastien Bozon

54 min

L'invité de 7h50

Provenant du podcast L'invité de 7h50 

CONTACTER L'ÉMISSION

Alain Damasio, auteur de science-fiction, co-auteur de "On ne dissout pas un soulèvement. 40 voix pour les Soulèvements de la terre" (Seuil), est l'invité de 7h50.

Avec

Alain Damasio écrivain

La dissolution du mouvement écologiste, voulue par Emmanuel Macron et que Gérald Darmanin devrait entériner ce mercredi, n'est pour lui "pas seulement une mauvaise idée, c'est une aberration totale, absolue". "Les Soulèvements de la Terre amènent sur le devant de la scène un enjeu majeur pour demain, qui est l'eau. L'eau, c'est le nouvel or, et ça doit rester un bien commun. Pour moi, les Soulèvements défendent cette idée de façon très simple, et on ne peut que soutenir ça."

Fondé en 2021, notamment par des militants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, l'association revendique une certaine radicalité. Cette radicalité, "non seulement je la comprends, mais je la défends et je la promeus", assume Alain Damasio. "On est à un moment où l'accélération du réchauffement climatique est massive, et il y a une vraie urgence à changer, à faire bifurquer ce monde. Donc il faut, si le gouvernement n'est plus capable (et il ne l'a jamais été en l’occurrence) d'entendre ces arguments écologiques, il faut passer à un niveau supérieur d'action."

"Gérald Darmanin est porteur de la violence"

Pour lui, il est incorrect de parler de "violence" de la part de l'association. "La violence, c'est Action Directe, les années 80 où on mettait des balles dans la tête des PDG des grands groupes... Là, on parle de gens qui découpent au cutter des bâches en plastique, de sciages de tuyaux : on est sur du démantèlement, pour redonner cette eau à tout le monde."

Gérald Darmanin, lui, parle d'un groupe violent. "Mais Gérald Darmanin, il faudrait déjà qu'il apprenne que la police n'est pas là pour envoyer 5.000 grenades de désencerclement en deux heures sur des manifestants constitués d'écolos, avec des familles et des poussettes. La violence, il peut bien en parler, puisqu'il est porteur de cette violence et qu'il l'active contre des militants qui sont pacifiques."

"Quand vous allez à Sainte-Soline, que vous voyez que pendant deux heures, il y a un nuage absolu de lacrymo, des grenades, des blessés, qu'on a frôlé un mort... On est sur une stratégie d'escalade de la violence de la part de la police qui fait qu'en face, chez des jeunes qui essaient déjà de faire entendre leur voix, ça crée une réaction de colère, qui est compréhensible", estime Alain Damasio.

"Il y a un refus de dialogue absolu"

"Mais on rentre dans un cercle vicieux qui est amorcé par la police. On le voit sur le mouvement contre la réforme des retraites : vous ne pouvez plus faire un manif à Paris sans être nassé, sans être traqué, sans être gazé, pour créer cet effet de colère. Il faut qu'on mesure cette responsabilité de Darmanin et du gouvernement dans cette activation des colères."

Pour l'écrivain, "on a épuisé tous les recours démocratiques, toutes les façons douces de faire les choses" : "Vous faites des livres, des articles, des tribunes, des manifestations, des tracts, des actions tranquilles : aucune de ces actions ne sont écoutées. Il y a un refus de dialogue absolu, il n'y a aucune inflexion. Donc il faut passer à une étape supérieure à mon sens, des actions qui concrètement démantèlent et empêchent un certain nombre d'entreprises de faire des erreurs."

 

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