Naturisme.

Naturisme : vivre nu, dans le respect des autres et de la nature

« Le naturisme est une manière de vivre en harmonie avec la nature, caractérisée par la pratique de la nudité en commun qui a pour but de favoriser le respect de soi-même, le respect des autres et de celui de l’environnement. »

Chloé Poignant de l'agence Créative CulturElle | 12 Août 2015, 17h33 | MAJ : 12 Août 2015, 17h33
 
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Naturisme : vivre nu, dans le respect des autres et de la nature
 

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La France est la première destination naturiste mondiale avec 6 millions de naturistes européens, dont 2 millions de Français. 

Du point de vue légal, les naturistes se distinguent des exhibitionnistes car ils n’imposent pas leur nudité aux autres.

Et c’est bien pour respecter cette règle que les campings et plages naturistes se dérobent aux regards des passants, nichés dans de petits coins de paradis.

Nudiste, naturiste, écolo, quelle différence ?

Selon la Fédération Naturiste Internationale, « le naturisme est une manière de vivre en harmonie avec la nature, caractérisée par la pratique de la nudité en commun qui a pour but de favoriser le respect de soi-même, le respect des autres et de celui de l’environnement. » Il y a donc un peu de préoccupations écolo derrière chaque naturiste. D’ailleurs, pas la moindre poubelle en vue dans les campings, ce sont les clients qui ramènent leurs sacs et vont les jeter directement dans les bennes à ordures. Des clients très respectueux de leur environnement, dont ils veulent préserver la beauté. 

Le nudiste, quant à lui, recherche seulement la nudité ou «aime être à poil» comme le dirait Marc Bordigoni, anthropologue chercheur à l’Institut d’Ethnologie Méditerranéenne, Européenne et Comparative (IDEMEC) et auteur de l’ouvrage « Les Naturistes » aux Editions Le Cavalier bleu.

Il n’y a pourtant rien de naturel dans l’envie de se mettre à nu. Pour le chercheur, c’est entièrement pour des raisons culturelles que sont nés les mouvements naturistes au 19e siècle. S’il s’agissait alors d’apporter une réponse à des questions d’hygiène et de santé publique (maladies pulmonaires, rachitisme pollution), ils ont ensuite évolué pour trouver un vrai public.

Hygiène et tranquillité, les bases de la vie en communauté

Depuis la fin du 20e siècle, les motifs de chacun ont évolué et il est désormais davantage question de bien-être et de plaisir. Pour Fabrice, c’était une façon de s’éloigner de l’agitation quotidienne. Entre les embouteillages et les plages bondées, le naturisme permet au trentenaire d’avoir du calme et de la tranquillité. Même son de cloche chez Charlotte et Paul, 40 ans, qui ont tenté cette année leur premier camping naturiste en famille. « On fréquentait des plages naturistes depuis 5 ans, alors on a eu envie d’une véritable expérience familiale. C’est comme un retour aux sources ! » Ils ont d’ailleurs laissé le choix à leurs enfants, pour ne pas forcer leur pudeur.

Un respect d’autrui, mais aussi de soi-même omniprésent dans la mentalité naturiste : tous le confirment, leurs campings accordent une importance toute particulière à la propreté et au calme, par rapport aux campings «textiles». Au camping Des Saules, à Sussac en Haute-Vienne (87), c’est même le mot d’ordre. Les propriétaires veillent au respect de l’intimité avec des emplacements situés dans de petites clairières, et un nettoyage quotidien des sanitaires... pour le plus grand bonheur de leurs clients. « Il y a une grande retenue chez les naturistes dans le cadre du respect de l’autre. Ils font très attention à la propreté et à la préservation de la nature, pour ne pas laisser de trace de leur passage », confirme Marc Bordigoni. Il ajoute : « Pour les mêmes raisons, les radios et télévisions sont souvent bannies des centres, tandis que les voitures restent à l’entrée. »
 – (Photo Chloé Poignant)
Se délester du poids des apparences

Mais le vrai bénéfice du naturisme, selon beaucoup d'adeptes, c’est d’être en harmonie avec son corps. Ainsi, pour Daan, jeune néerlandais de 19 ans « on apprend à mieux connaître son corps, et à le respecter davantage. » Gabrielle et Hans, propriétaires d’un camping, voient tous les ans cette recherche de l’acceptation de soi chez leurs clients : « Une année, une femme qui avait eu une ablation du sein suite à un cancer, est venue tester le naturisme pour la première fois. Cela lui a permis d’accepter et d’aimer à nouveau son corps tel qu’il était, avec ses imperfections. » 

Pour beaucoup, être nu c’est mettre tout le monde sur un pied d’égalité, sans a priori. « On ne juge plus quand on est nu », confie Laurent. Au-delà de soi-même, c’est tout le rapport au corps qui change. Les plus jeunes comme les moins jeunes affirment que la pratique du naturisme les a aidés à s’affranchir des complexes, surtout lors de l’adolescence. De son côté Bob, 12 ans, est déjà convaincu que cela l’aidera à grandir : « Je ne suis pas comme les autres, et ça ne me dérange pas ». Pourtant, lorsqu’on lui demande s’il en parlera avec ses amis, sa réponse est sans équivoque : « Pas du tout ! » (Voir encadré)

Mais si la nudité crée une certaine cohésion, elle peut aussi être un facteur d’exclusion. Là où certains campings naturistes tolèrent une forme de pudeur et acceptent sans conditions que les plus timides revêtent une serviette de temps à autre, les plages, moins communautaires, voient parfois d’un œil moins bienveillant les personnes les plus pudiques. Pourtant, au regard de la loi, le naturisme n’y est qu’autorisé et non obligatoire. Là où la nudité permettait d’instaurer une égalité tacite dans un environnement protégé, le vêtement établit un déséquilibre (au contraire de la randonue, qui prône plutôt une cohabitation entre textiles et nudistes).

Le souci de la nature et de la communauté

La philosophie naturiste se démarque aussi par sa communauté. Marc Bordigoni rappelle que pour les adeptes, le pratiquer seul n’a pas de sens, l’essentiel est d’abord d’être nu en communauté. 

Annemie a 21 ans et se rend dans le camping naturiste Lous Suais à Cheissoux (87) depuis sa plus tendre enfance. Pour elle, les propriétaires Ria et Gerrit sont comme une deuxième famille, et elle n’envisage pas de passer ses vacances autrement. Pour Daan, le jeune homme néerlandais, le naturisme aide à se sentir intégré. 

Ce sentiment d’appartenance s’accompagne d’une conscience aiguë de la nature environnante et de l’importance de la préserver. « Ici, c’est le paradis, alors on fait en sorte que ça le reste » ajoute Annemie « On trie nos déchets, on économise l’eau et les fumeurs ne jettent pas leurs cigarettes n’importe où ». 

Et des fumeurs, il semble y en avoir une faible proportion chez les naturistes les plus fervents. « Un certain nombre de naturistes a de fortes prises de position sur le respect de la nature, qui implique une méfiance vis-à-vis du tabac, un choix de vie alimentaire spécifique comme le végétarisme ou le végétalisme » explique le chercheur de l'IDEMEC, « mais l’écologie naturiste tient plus dans des actes quotidiens que dans des déclarations ». Des gestes simples, donc, qui s’accompagnent de petites mesures (il n’est pas rare de voir des panneaux solaires et des lampes d’extérieures photovoltaïques), discrètes et efficaces. Et Fabrice de conclure « Ce n’est peut-être pas la liberté, mais ça y ressemble beaucoup ! »
 

Des restes de méfiance et de préjugés ?

Lors de la réalisation de ce reportage, la majorité des personnes interviewées pour l’occasion a souhaité ne pas être photographiée, et certains ont également demandé à utiliser des pseudonymes. Que ce soit pour des raisons professionnelles, ou par méfiance envers les journalistes (certains sites ont refusé notre présence), il semble rester un fond de préjugés sur le sujet. Etrange, lorsque l’on sait que la France est la première destination naturiste !

Pour Marc Bordigoni, rien d’étonnant à cela. Avant les années 80, la nudité n’avait rien de honteux, et certaines revues, comme Vie au Soleil, éditée par la Fédération Française de Naturisme, n’hésitait pas à montrer des familles où adultes comme enfants étaient photographiés nus. « Maintenant, c’est inadmissible à cause du numérique. C’est une manière pour les naturistes de se protéger. Comme ils ne le pratiquent pas par militantisme mais pour leur plaisir personnel, ils n’ont pas toujours envie de devoir faire face aux préjugés. C’est aussi un sujet qui, déformé, peut prêter à rire, comme certains reportages d’été sur le Cap d’Adge qui alimentent les confusions ».

 

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Commentaires

  • Thierry LEDRU
    • 1. Thierry LEDRU Le 29/04/2018
    Bonjour Wil
    Merci pour votre commentaire.
    Je vis nu autant que possible, chez moi ou dans la nature mais uniquement dans une situation d'isolement car je ne veux pas nier le droit aux autres individus de ne pas être confrontés à ma nudité. Dès lors, si quelqu'un vient chez moi de façon impromptue et est confronté à ma nudité (c'est déjà arrivé), la gêne qu'il peut éprouver est de sa responsabilité. Dans la nature, une nature sauvage, loin de toute concentration, la situation est différente car c'est moi qui m'accorde un droit qui n'est pas nécessairement partagé et comme je suis dans un espace public, je me dois de respecter l'autre. C'est donc une situation qui mérite d'être réfléchie au regard des pudeurs éducatives. Il faudra encore beaucoup de temps avant que cette nudité soit vécue dans sa complète sérénité naturelle...Je pense que le retour à na nature sous diverses formes (naturisme, alimentation, sport, méditation, yoga, pleine conscience) contribue à cette évolution mais la route est encore longue :) Bonne continuation !
  • Wil
    • 2. Wil Le 28/04/2018
    Je suis naturiste depuis toujours aussi loin que je me souviens vivre nu c'est tellement normale parfois j'ai du mal à comprendre cette espèce de gêne autour de la nudité c'est tellement ridicule je trouve que l'on devrait avoir le droit d'être nu partout

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