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  • Le mental et l'esprit.

    C’est parfois par un « éveil » brutal que l’individu s’ouvre à une conscience plus élargie. Quelque chose survient qui dévoile l’essence profonde de l’être, l’individu est comme saisi ou arraché à ce qu’il était et accède à autre chose. La dureté de ce qu’il vit fait qu’il n’a pas le choix. C’est un saut dans l’inconnu et il ne le maîtrise pas. Freud parle de « l’inquiétante étrangeté », Maslow d’une « expérience paroxystique », Krishnamurti de « l’êtreté », Mircéa Eliade « du surgissement du sacré », Michel Hulin de « la mystique sauvage », Romain Rolland « d’un sentiment océanique »…Ce sont des moments de flashs existentiels…

    Ca peut prendre la forme d’un drame mais également d’une situation plus banale, comme une écoute musicale, un paysage, un regard, un coup de foudre... Sauf que cette fois, ça n’est pas perçu par le mental, à travers des références éprouvées mais à travers une émotion paroxystique qui n’a pas de source connue, un embrasement, un « décrochage » au sens littéral. L’individu identifié n’est plus là, c’est une autre entité qui se révèle. Il s’agit bien entendu toujours du même individu, rien ne descend en lui, tout est déjà là mais c’est comme si toutes les « barrières mentales » avaient volé en éclat. Bien évidemment ce flash a des conséquences immenses, un bouleversement complet, durable…Il n’est pas toujours simple de le gérer d’ailleurs. La cassure avec l’environnement connu peut plonger l’individu dans un isolement qui peut sembler névrotique…Dès lors la peur risque de bloquer l’évolution, la peur de perdre ses repères, ses relations…Il suffit de regarder le nombre « d’expériencers » (survivants de NDE). Beaucoup se taisent et s’efforcent même parfois de tout nier, de tout oublier.

    Cet état dé-mentalisé, je le perçois comme l’irruption de l’esprit, une fulgurance bouleversante. L’individu n’a aucun point de repère, aucune connaissance qui lui permette de comprendre ce qu’il a vécu et perdure en le laissant dans un état de réception qui frise parfois l’intolérable. Ca n’est pas nécessairement agréable tellement c’est déstabilisant…Le problème vient du fait que l’individu cherche à comprendre, à analyser, à identifier, à classifier, il alterne entre l’euphorie et l’inquiétude. C’est là que le lâcher prise prend toute son importance.

    « Laisse la vie te vivre, elle sait où elle va. »

    Cette phrase qui s’est imposée à moi m’a apaisé, considérablement. J’ai arrêté de chercher à comprendre. Le mental n’avait rien à faire là. Il n’avait aucun rôle à jouer, il ne pouvait être qu’une entrave. Cette conscience « élargie » s’est installée dès lors. De l’individu torturé, je suis passé à un état de détachement. Enormément de problèmes ont disparu. Au point que j’ai retrouvé mon intégrité physique sans que le monde médical ne puisse l’expliquer.

    L’esprit.

    Qu’est-ce que c’était ? Qu’est-ce qui s’était révélé ainsi ? D’où venait cette perception de la vie qui m’avait toujours échappé ?

    Gurdjieff parle de quatre niveaux de conscience :

    Le sommeil nocturne

    L’état de veille ordinaire (champ d’investigation du mental)

    Conscience du Soi

    Conscience objective.

    Selon Gurdjieff, l’individu existe essentiellement dans les deux premiers états de conscience et connaît par ouïe dire le quatrième, que les Traditions orientales appellent « état de grâce, nirvana, illumination »…Mais ce niveau de conscience objective reste inaccessible à l’homme ordinaire si le goût et la saveur du troisième état, celui de la conscience de soi, lui sont inconnus.

    « Chaque pensée, chaque sentiment, chaque sensation, désir, attirance ou répulsion constitue un « moi ». Ces « moi » ne sont réellement ni coordonnés ni reliés entre eux. Ils sont même parfois en totale opposition…Chacun d’eux dépend d’un changement de circonstances extérieures et d’impressions reçues. Dans la plupart des cas, l’homme croit au dernier « moi » qui s’est exprimé et cela tant qu’il dure, c'est-à-dire tant qu’un autre « moi » parfois sans lien avec le précédent n’exprime pas plus fortement son opinion et ses désirs. Ces « moi » forment l’égo. »

    Il n’y a donc pas d’unité mais un amalgame de « moi ». Ils peuvent être très performants et capables de réaliser de grandes choses, il n’est pas question de les renier, mais dans cet état anarchique l’individu souffre, inconsciemment ou pas, d’une étrange nostalgie, une impression indéfinissable d’avoir égaré une part de lui-même…Cette tristesse inexplicable qui nous saisit parfois sans raison connue. L’esprit ? On la rejette en raisonnant, « allez, reprends-toi, t’as du boulot, t’as aucune raison d’être comme ça, etc… »

    La raison…Je ne l’aime pas celle-là. Rien à voir avec ce que j’appelle « la vigilance ». La raison est très éducative alors que la vigilance est une écoute attentive de soi. En dehors des paramètres sociaux, des regards de l’autre. Je suis vigilant à mon être intérieur et je l’aime, je l’écoute, je lui suis attentif, même si c’est « déraisonnable ».

     

    Joëlle Maurel et René Barbier ont écrit : « Nous définissons la spiritualité comme l’énergie qui pousse l’individu à la transcendance de sa conscience personnelle afin de s’ouvrir à la conscience universelle que nous appellerons l’esprit ou la fonction noétique. »

     

    Le bonheur que j’ai éprouvé en lisant cette phrase…Comme si on me donnait enfin à comprendre cet état étrange, cette « distanciation » dans laquelle je vivais. J’avais une idée plus claire de cet esprit…Je comprenais mieux également cette énergie fabuleuse que j’avais éprouvée à diverses occasions, cette force incompréhensible, pas nécessairement une force physique, même s’il y avait des effets corporels, mais bien davantage une « nourriture » spirituelle, une lucidité incroyable, une perception affinée, un lâcher prise total, quelque chose que je ne saisissais parfois pas dans l’instant mais avec le recul. Je comprenais ces états contemplatifs qui me faisaient pleurer au sommet d’une montagne, dans la solitude lumineuse des horizons intérieurs…

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  • Le mental.

    Le mental se construit au fur et à mesure de notre vie et de nos expériences. Par les cinq points d’entrée de notre être qui sont nos cinq sens (vue, ouïe, goût, toucher, odorat), nous construisons l’ensemble de notre expérience humaine. Dès la petite enfance, notre mental apprend, via les sens, à saisir l’information, il la catalogue, la range dans des cases, il construit son référentiel. L’impact du monde adulte, parents, enseignants, proches est gigantesque et contribue à un certain formatage. Le mental calcule, argumente, créé des connexions, trouve des raisons (ou en fabrique), s’adapte ;

     

    Le propre du mental est de saisir les éléments qui sont à sa portée et pour cela il use des cinq sens et de l’historique entretenu par les générations. Il s’agit d’archétypes que le mental n’a pas à remettre en cause. Il les adapte en fonction de l’identification qu’il y trouve. L’objectif pour lui est de créer une entité individuelle. L’individu se construit en fonction des oppositions ou des appartenances qui lui conviennent. Il est d’ailleurs extrêmement performant pour fabriquer des catégories, des groupes, des classes, des référents parfaitement identifiés. Il va sans cesse chercher à accumuler de la sorte des « connaissances » afin de se construire et de prendre forme. C’est son existence même qui est en jeu.

    Et c’est là que l’ego prend forme. Cette identification porte un nom pour tous les gens qu’on croise, des rôles précis, une reconnaissance, des attributs particuliers, des particularités, des caractères, un ensemble de données renvoyées par le groupe auquel l’individu appartient et avec lequel il tisse des liens (amicaux ou conflictuels). L’ego se construit à travers le miroir de l’altérité en se nourrissant des référents du mental.

     

    « L’importance est dans ton regard, non dans la chose regardée », écrivait André Gide.

     

    Il s’agit d’apporter à la chose un regard objectif, libre, épuré. Mais le mental a des références et n’en démord pas. Il faudrait regarder sans aucune connaissance pour saisir la réalité. C’est évidemment impossible.

    « L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur. »

    On connaît tous cette phrase de saint-Exupéry. Mais où est ce cœur ? Ça n’est pas l’organe ou si ça l’est il existe une partie non fonctionnelle qui n’est pas connue. À moins qu’il s’agisse d’une énergie, à moins qu’il s’agisse d’un émetteur plus vaste que le cœur, une source dissimulée…

    Lorsque nous sommes saisis par un coup de foudre, les quelques secondes pendant lesquelles une onde de chaleur nous électrocute, il ne s’agit sans doute pas du mental étant donné qu’il n’a pas eu le temps d’analyser le cas, de mettre en place les associations d’idées, les références, les connaissances… Il reprend très vite le contrôle malheureusement…Et dès lors on ne voit plus, on croit voir ce qui nous convient. Les désillusions viennent de prendre racine…Le mental vient d’ouvrir l’atelier de poterie dans lequel il va chercher à modeler l’autre à sa convenance, selon ses références.

    À moins que la vie nous ait fait un cadeau immense et que le coup de foudre se transforme peu à peu en un ciel lumineux jusqu’à l’infini du temps.

     

    Le mental peut aussi devenir boulimique. Comme on nous a appris à faire de lui le seul élément capable de trouver les solutions et que l’ego est sans cesse en recherche de sécurité, les pensées deviennent l’unique point de repère.

    On est couché, prêt à passer une bonne nuit de sommeil, on éteint la lumière et la ronde des idées et problèmes commence. L’un après l’autre tous les soucis vont se présenter et le mental lui, il traite, il pense, il échafaude. Alors, on se tourne, on vire, on cherche une position pour s’endormir et plus on cherche moins on trouve. Puis c’est au tour d’une autre idée et d’une autre et d’une autre. Il n’y a pas d’interrupteur, on ne nous a pas appris à couper le courant. Evidemment, en général, rien n’a été réglé pendant la nuit. On a lutté contre ces idées en sachant qu’on allait se lever complètement détruit et c’était en fait un autre point d’ancrage pour le mental. Il est en roue libre, dans une descente interminable et il n’y a pas de freins. Un somnifère, compter des moutons, tous les subterfuges finiront par être testés… Aucun progrès évidemment, juste des palliatifs.

     

    Le mental est absolument nécessaire et en général, il remplit magnifiquement bien sa tâche. Sans lui, je n’aurais pas pu écrire ce texte. Il connaît tous les mots dont j’ai besoin, les lettres sur mon clavier, l’utilisation de l’ordinateur, il arrive même à écouter et à apprécier de la musique en même temps et à répondre aux questions de mes proches qui me demandent ce que je fais.

    Le souci, et ceci est sans doute dû à notre mode de vie contemporain et aux bases sur lesquelles il repose, est que nous laissons le mental prendre une trop grande importance dans notre fonctionnement. Nous avons délaissé une autre dimension, la dimension spirituelle.

     

    Les problèmes de ce mental ne peuvent se résoudre par le mental, c’est ça le souci majeur. Si on essaie de régler les problèmes en utilisant le déclencheur des problèmes, on s’enfonce en croyant se libérer. De toute façon, l’ego, l’entité apparue au fil du temps, est un acharné, il ne lâche rien, même s’il est engagé dans une voie destructrice pour l’individu parce que c’est une voie qu’il connaît. Et il déteste l’inconnu. Ça n’est pas le mental qui a dysfonctionné mais le fait que l’ego a établi son identification sur ce mental et ses référents. C’est à la source que tout est faux. Il n’y a bien souvent que le drame et la rupture avec les concepts établis qui permettent de lancer l’évolution spirituelle.

     

    « Nous sommes comme des noix. Pour être découverts, nous avons besoin d’être brisés. » Khalil Gibran.

    Le drame a cette force parce qu’il plonge l’individu dans l’instant présent. La souffrance physique ou la douleur psychologique créent une cassure avec le « temps psychologique » établi par le mental. Le temps psychologique se nourrit constamment du passé et de l’avenir, c'est-à-dire deux dimensions qui n’ont pas d’autre réalité que celle que le mental lui donne. L’ego adore, craint, regrette, vénère son passé parce qu’il y trouve une forme, une identification, son histoire. De la même façon, il aime se projeter dans l’avenir parce qu’il invente l’histoire qui lui convient, qu’il espère ou la peur d’un avenir qu’il redoute mais en tout cas une hallucination sur laquelle il peut créer un ancrage à travers les pensées. Ce sont bien souvent ces pensées là d’ailleurs, ces pensées temporelles qui nous empêchent de dormir…

    Qu’il survienne une cassure dramatique dans ce tourbillon temporel et l’individu se retrouve plongé dans un instant présent d’où il ne peut sortir que par intermittences. Les anciens fonctionnements vont se déliter. On peut en tout cas l’espérer si l’individu parvient à « lâcher prise »… C’est la dimension spirituelle qui s’ouvre. Mais les résistances sont redoutables.   

  • De l'humanité.

    La voie du juste milieu érigée en concept planétaire ferait de l'humanité un "observant" au lieu d'être un "réactivant" frénétique. Il existe un grand nombre d'individus impliqués dans une démarche spirituelle mais celle-ci reste bien souvent au niveau de l'individu. Chacun essaie d'appliquer les fonctionnements les plus équilibrés, les plus lucides, les plus respectueux mais noyés dans la masse, les effets bénéfiques sont atténués par la démesure des destructions. Il est nécessaire d'aller vers une démarche collective et ça ne passera pas par des lois, des décrets, des directives politiques descendant des ministères mais bien par un travail sur soi partagé par le plus grand nombre. Internet peut d'ailleurs jouer un rôle considérable dans cette évolution. La multiplication des sites, blogs, forums, construits sur une vision holistique et un partage de valeurs humanistes compose un horizon lumineux. C'est un engagement plein d'espoir. Nous avons besoin de passer à une perspective globale dans laquelle l'individu, le groupe, la société, se rejoignent pour fonder une éthique planétaire. Les gouvernants se freinent eux-mêmes par des considérations économiques court termistes et des luttes de pouvoir. Sans prôner "le retour à la bougie" mais en axant les actions sur le développement durable, les individus ont un pouvoir politique à saisir. Ce sont les peuples qui doivent influencer les gouvernants et non l'inverse. Les "lois" remonteront vers les dirigeants, des lois non pas textuelles mais actives, des exemples éprouvés qui deviendront les supports de changements constitutionnels. L'humanité doit prendre conscience de son unité et les sytèmes politiques deviendront ce qu'ils n'auraient jamais dû cesser d'être : des outils et non des maîtres.

    http://www.youtube.com/watch?v=VbkKYTfUVx0

    "People have the power" Patti Smith.

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  • Le juste milieu.

    Une distinction entre le juste milieu et l'expression "le cul entre deux chaises."

    A mon sens "le cul entre deux sièges" est l'état d'une personne n'ayant pas réussi à faire un choix. Elle reste donc torturée par son indécision, hésitant constamment à prendre une direction définie et souffrant de son incapacité à le faire. À peine partie dans un sens elle regrette déjà son élan et s'arrête, souffrant aussitôt d'être revenue au point de départ, là où pour elle il n'y a que le chaudron bouillant dans lequel elle cuit sans comprendre que les flammes sont attisées par sa propre errance.

    Le juste milieu représente à mon sens, non pas la capacité à rester au centre du carrefour sans prendre de décision mais la capacité à ne pas s'identifier à la décision qui a été prise. Le juste milieu est l'endroit duquel l'individu peut observer ses actes sans devenir lui-même les actes. Il n'y a pas d'identification. C'est un état d'observation qui fait que l'on peut entretenir la lucidité nécessaire à l'analyse de ce qui est entrepris. Je ne suis pas ce que je fais. Je ne suis pas ce que j'ai décidé de faire. Je le gère mais sans être emporté dans le flot d'émotions, de ressentis, que cela génère.

    Pour ne pas couler au milieu de l'océan, il ne sert à rien de nager, il faut faire la planche et observer, saisir chaque instant en se libérant de l'activité. Le nageur aura systématiquement le cul entre deux chaises en décidant de prendre une direction puisqu'il ne sait pas vers où il va. Il va dépenser une énergie considérable à nager et dès lors il ne peut pas s'observer.
    Le "planchiste" se laisse porter en mesurant ses efforts et en restant réceptif à tout ce qui l'entoure. Les courants l'entraînent mais ça n'a aucune importance étant donné qu'il ne sait pas vers où il faut aller. Il est donc inutile d'y penser. Agir dans le non-agir revient donc à être inscrit dans le juste milieu.

     

    Il ne s'agit nullement de rester inerte au carrefour d'une décision à prendre. Le juste milieu consiste à ne pas devenir la décision...Chaque fois qu'une préoccupation trop vive nous saisit et que celle-ci implique une décision à prendre nous restons bien nous-mêmes évidemment mais nous ne sommes plus avec nous-mêmes. Nous nous perdons de vue dans les évènements extérieurs. Comme si les actes nous engloutissaient.

    Ça peut devenir de la colère, des regrets, de la rancoeur, de la jalousie ou du bonheur mas quels que soient les effets, si nous nous perdons de vue, il n'y a plus d'observateur, nous sommes devenus ce que nous faisons. Le juste milieu consiste à ne pas nous identifier à cette décision. Il s'agit donc de continuer à analyser les évènements, avec lucidité et si une autre direction s'impose, il n'y a aucun regret à avoir. Il serait inutile de continuer à se fourvoyer, par prétention ou entêtement. Le juste milieu est à la source de la lucidité. 


    En alpinisme, c'est une méthode de survie...

    En amour aussi. 

  • Le maître...

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    « Le maître véritable n’est pas celui qui a le plus de disciples mais celui qui crée le plus de maîtres.
    Le leader véritable n’est pas celui qui a le plus d’adeptes mais celui qui crée le plus de leaders.
    Le roi véritable n’est pas celui qui a le plus de sujets mais celui qui en mène le plus grand nombre à la royauté.
    L’enseignant véritable n’est pas celui qui a le plus de connaissances mais celui qui amène le plus de gens à la connaissance.
    Et le Dieu véritable n’est pas celui qui a le plus se serviteurs mais celui qui sert le plus, faisant ainsi des Dieux de tous les autres. »
    Conversations avec Dieu - Neale Donald Walsch

     

    On peut se demander si cette conversion des adeptes à un niveau de maîtrise est bien l’objectif de la politique, de l’éducation, de la religion et même de la spiritualité…

    N’y a-t-il pas davantage dans ces disciplines une intention cachée de soumission, une hiérarchie à préserver coûte que coûte ?

     

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  • Spiritualité. (2)

    Je suis surpris par le nombre de personnes qui associent immédiatement la spiritualité à la religion et je me dis que les conditionnements éducatifs sont d'une lourdeur immense. D'autant plus que ceux qui réagissent ainsi sont de fervents ennemis des religions. Il est évident dès lors que cet amalgame déclenche en eux des réticences très vives envers tout ce qui touche à la spiritualité.

    "La spiritualité (du latin spiritus, esprit) définit une aspiration personnelle ou collective, ou l'ensemble des croyances, pratiques et études qui ont trait à la nature essentielle de l'être vivant, à l'âme, à ce qui est au-delà des besoins matériels ou des ambitions terrestres, voire à la relation à Dieu dans le cas d'une spiritualité non athée." source wikipédia.

    Il est important de noter la précaution apportée à la "relation à Dieu". Rien n'est obligatoire dans le domaine. Il existe bel et bien une une "spiritualité non athée".

    Cet acharnement à renier le terme de "spiritualité" vient par conséquent nécessairement de cette idée occidentale que tout ce qui touche à l'esprit est une soumission à la religion. Il y a même, et c'est encore plus grave, une impossibilité de penser que Dieu peut être "vécu", éprouvé, recherché en dehors de toute appartenance religieuse...Cet enfermement est un conditionnement historique très lié à l'attachement social aux valeurs laïques. Il n'est nullement question de renier ces valeurs laïques mais il conviendrait que celles-ci ne soient pas utilisées comme des vérités intangibles qui ne pourraient être associées à une quête spirituelle athée.

    "La laïcité désigne, au sens actuel, la séparation du civil et du religieux. Le principe de séparation des pouvoirs politiques et administratifs de l’État du pouvoir religieux en est une application. Au sens contemporain, elle est le principe d'unité qui rassemble les hommes d'opinions, religions ou de convictions diverses en une même communauté.

    L'adjectif « laïque[1] », qui s'oppose d'abord à « clérical », peut aussi désigner l'indépendance par rapport à toute confession religieuse. "

    source wikipédia.

    Ceci étant clarifié, on voit bien que la spiritualité athée est une ouverture vers une dimension qui ne s'oppose pas aux valeurs laïques mais une possibilité d'apporter aux individus une conscience de soi plus vaste, une connaissance intime, libérée de ces conditionnements limitatifs.  On peut même trouver "au sens contemporain", une éventuelle rencontre d'idées au sein d'une communauté respectueuse. Nul prosélytisme mais une acceptation pleine et entière des individualités afin d'apporter des contributions objectives à l'humanité.

    Les ardents "défenseurs" de la laïcité lorsqu'ils s'opposent à toute forme de spiritualité s'excluent par conséquent des valeurs même de la laïcité. Ils ne sont plus que des Inquisiteurs...

  • Sagesse orientale.

    Un habitant du nord de la Chine vit un jour son cheval s’échapper et passer de l’autre côté de la frontière. Le cheval fut considéré comme perdu.

    A ses voisins qui venaient lui présenter leur sympathie, le vieil homme répondit :

    La perte de mon cheval est certes un grand malheur. Mais qui sait si dans cette malchance ne se cache pas une chance ?

    Quelques mois plus tard, le cheval revint accompagnée d’une magnifique jument. Les voisins félicitèrent l’homme, qui leur dit, impassible :

    Est-ce une chance, ou est-ce une malchance ?

    Le fils unique du vieil homme fut pris d’une véritable passion pour la jument. Il la montait très souvent et finit un jour par se casser la jambe pour de bon.

    Aux paroles désolées des voisins, l’homme répondit, imperturbable :

    Et si cet accident était une chance pour mon fils ?

    L’année suivante les Huns envahirent le nord du pays. Tous les jeunes du village furent mobilisés et partirent au front. Aucun n’en revint. Le fils estropié du vieil homme, non mobilisable, fut le seul à échapper à l’hécatombe.

    (d’après Hoài-Nam-Tu)



    "Laisse la vie te vivre, elle sait où elle va."

    Je n'en démords pas. A ces situations auxquelles nous apportons notre réaction, nous ne comprenons en fait rien du tout. Nous cherchons à les enluminer ou à les exorciser par des paroles insignifiantes qui nous donnent un sentiment de puissance, une soi-disant maîtrise, une analyse, une reconnaissance ou un déni...Tout ce à quoi nous nous identifions en insérant dans la Vie nos conditions de vie. Cette réaction est à mon sens issue de cet orgueil immense de l'homme à qui on apprend, enfant, que la Vie est une lutte redoutable, une alternance constante entre le bonheur et le malheur, le bien et le mal, toutes ces notions archaîques ensemencées par les religions, les conditonnements, les formatages, l'inconscient collectif. Cette Vie devient effectivement une lutte dès lors que nous y insérons les résidus d'un mental incontrôlé, les éducations adorées comme autant de divinités. Nous sommes des esprits supérieurs, que diable !! Que diable...Oui, effectivement, on pourrait penser qu'il s'agit de lui. Le mental comme un Satan sortant constamment de sa boîte et pervertissant la Vie.

    Mais la Vie n'a rien à voir avec nos conditions de vie, avec les évènements qui jalonnent notre parcours, avec les errances, les tourments, les réalisations, les bonheurs, les amours...Tout cela n'est qu'un vaste puzzle dont les pièces emboîtées constituent l'image de la Vie qui nous a été donnée. Il est inconcevable de vouloir en changer les couleurs, les dessins, les arabesques, les nuances en insérant dans l'étendue les commentaires d'un mental qui se veut le maître. Il n'est pas le dessinateur, il n'est pas l'architecte, il n'est pas le coloriste. Il n'est que le commentateur bavard et indiscipliné d'un "dessein" dont il ne comprend rien.



    La lucidité consiste à envelopper dans son ensemble et non uniquement dans ses détails l'estampe magnifique où nous demeurons.

     

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  • Sagesse matérialiste.

    « La sagesse matérialiste. »

    L'expression est d'André Comte-Sponville. Il s'agit d'accepter la sagesse et le matérialisme. Ce concept propose de regarder la réalité en face, les limites psychologiques, politiques, esthétiques, morales dans lesquelles l'homme s'est enfermé et à l'intérieur desquelles il tourne en rond en cherchant à les maîtriser alors que ces efforts ne font que l'enfoncer dans le siphon créé par son agitation.

    Cette "réalité" ne serait dès lors que l'hallucination générée par ces tourments prolongés. Le réel serait lui cet espace dénué de toute volonté de transformation. La volonté de maîtriser la réalité ne serait qu'une accumulation d'actes et de pensées alors que l'acceptation du réel correspondrait plutôt à "l'agir dans le non agir" oriental. La réalité n'est pas le réel.

    La volonté est une espérance et elle conduit inévitablement à la désillusion car même la volonté assouvie créé immédiatement un autre projet, une autre intention, une nouvelle forme de maîtrise. Le "désespoir", c'est à dire l'abandon de tout espoir est à la source du bonheur. Evidemment, l'idée inquiète car le désespoir est un mal sociétal qu'on nous apprend à combattre. Mais le combat lui-même génère le mal. Car il y a refus. Et donc résistance. Et donc échec puisque le projet est avorté. Nous avortons sans cesse de nous-mêmes à travers un combat qui rompt la poche spirituelle où nous pouvons grandir.

    C'est par l'abandon de tout ce qu'il construit intellectuellement, de toutes ses croyances, que l'individu peut transcender toutes les limites et les errances de l'égo. C'est par l'extrême présence dans l'acte de vivre lucidement d'instant en instant.

     

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