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Et Dieu dans tout ça (5)
- Par Thierry LEDRU
- Le 27/10/2023
Lorsque je visionne des vidéos traitant de la spiritualité ou lorsque je lis des ouvrages, je suis supris d'entendre parfois les interlocuteurs mêler les religions à la démarche spirituelle.
Comment peut-on se considérer libre, intérieurement, si on pose ses pas dans des traces millénaires, s'il n'y a pas d'exploration personnelle, d'errances et de chutes, de désespoirs et de rebonds salvateurs ? Que pourrait-on trouver au coeur de ce trésor infiniment pillé depuis des générations ? Que peut-on découvrir en soi lorsqu'on y a volontairement inséré une entité qui ne relève pas de nous mais d'un inconscient collectif ?
J'y vois des esprits remplissant leur sac à dos des réponses qu'ils s'imaginent partir chercher...Comme des réserves de forces pour lutter contre les nuits glaciales de la quête.
Ceux-là ne trouveront rien. Ils sont inévitablement égarés avant même d'être partis.
Ils se rempliront de paix au coeur de leurs semblables sans comprendre que cette paix est un appel à la guerre. Les communautés divisent. Il n'y a que la liberté de penser qui peut unifier.
Je ne suis pas Bouddhiste, premièrement parce que je n'y connais rien. Je ne suis pas athée parce que je refuse de me figer. Je ne suis pas agnostique parce que je ne sais pas ce que la Vie me réserve. Je ne suis rien d'identifiable parce que le vent de mes doutes arrache toutes les appartenances qui pourraient me tenter.
Je marche et je regarde les horizons sans jamais planter dans le décor le moindre panneau d'affichage.
Rien n'est à moi, rien n'est définitif, rien n'est acquis.
Je suis libre de ne rien trouver. Et il m'appartient le droit de me perdre. J'aurai de toute façon appris davantage de mes chutes que des certitudes héritées.
Je suis une âme errante et j'aime infiniment ne pas savoir où la vie m'entraîne dans cette Quête.
Je sais combien le questionnement de Dieu peuple mes divers romans, du premier au dernier. Il ne s'agit pas que de fiction d'ailleurs. J'ai traversé des épreuves qui m'ont conduit à faire appel à lui, tout autant qu'à le maudire. Mais il y a une entité contre laquelle je n'ai jamais tenu le moindre propos acerbe, c'est la Nature, la Création, le mystère merveilleux ( et non miraculeux) de la Vie.
NOIRCEUR DES CIMES : Dieu
"Tu n'es pas au fil des âges un amalgame de verbes d'actions conjugués à tous les temps humains mais simplement le verbe Être nourri par la vie divine de l'instant présent."
Il s'agissait d'un message. Il n'a pas d'autres explications.Quelqu'un l'a prévenu des risques à rester dans ce trou de neige. Quelqu'un lui a parlé de la vie qu'il faut sauver. Ce n'était pas un rêve. Mais il ne comprend pas.
Son propre esprit a-t-il la capacité à créer de telles images? Dans l'état où il se trouve, une part secrète de son cerveau peut-elle se révéler ? Il ne parvient pas y croire.
Dieu s'impose une nouvelle fois. Qui d'autre ?
Il reconnaît succomber trop facilement à la tentation de cette solution. Mais elle est si étrange et simultanément si apaisante. Puis lui revient à l'esprit qu'il avait lui-même provoqué la fin de son dernier voyage hors de son corps en évoquant une possible rencontre avec Dieu, une question murmirée.
Il se souvient de la douleur.
Il s'agissait d'une erreur, d'une mauvaise interprétation et le contact avait été rompu.
Le nom de Dieu avait déplu.
Il admet d'ailleurs qu'il ne voit pas cette présence comme l'apparition d'un être divin mais plustôt comme une compréhension sublime. Personne ne s'est présenté à lui, c'est lui qui a reconnu enfin son appartenance. Tout était déjà là mais sans qu'il ne l'aie jamais éprouvé. Pas de Grand Architecte mais une fabuleuse Architecture à laquelle il participe. Il regrette sa méconnaissance des religions et son enfermement dans les préceptes de son enfance. Il sait désormais que la religion catholique ne répond pas à ses interrogations. Ni aucune religion monothéiste. Musulmans, Juifs, Chrétiens, il n'appartient à aucune de ces communautés. Il ne peut plus accepter l'idée d'un Dieu créateur, observateur, critique, impitoyable ou indifférent à son Oeuvre.
Il ne conçoit même pas que ce qui lui arrive puisse avoir un rapport avec une quelconque religion. Il cherche un autre mot, un autre qualificatif permettant de cerner la démarche puis il abandonne.
"Ça ne sert à rien" dit-il à voix haute.
Il sent que ça ne serait qu'une nouvelle tentative de domination, une intellectualisation outrancière et que ça ne correspondrait pas au bonheur infini qu'il a connu. Que ça le salirait.
les religions monothéistes ont perdu la saveur du message dans des rituels adorés, des cultes néfastes, des cérémonies trompeuses et bavardes. Il ne veut pas de cette erreur. L'intellectualisation du mystère est un poison pervers. Il laisse croire aux récitants d'ouvrages que la porte est ouverte alors qu'ils ne font que geindre aux pieds des murailles qu'ils ont eux-mêmes constituées.
il ne veut pas enferme son bonheur, lui donner une structure transmissible, une forme reconnaissable. Il est impossible de communiquer sur un tel contact. Les religions se sont obstinées à le faire, perdant aussitôt dans des dérives narcissiques toute la beauté du message en croyant follement que le lien avait besoin d'être enluminé. Comme si l'écrin avait plus de valeur que la pierre précieuse.
Il sait qu'il gardera tout cela en lui, qu'il ne cherchera jamais à l'expliquer à qui que ce soit, qu'il n'y a même rien à en dire. Qu'il faut juste le vivre.
Il regarde la neige qui tourbillonne. Sans pouvoir situer clairement la source, il devine une clarté naissante dans le maelström des nuages, une lumière diffuse encore étouffée par la masse compacte de la dépression.
Ni Dieu, ni religion. Tout cela n'est jamais qu'un résidu des embrigadements de son enfance. Il se souvient des sermons du curé au cathéchisme. "Par la volonté de Dieu, l'Homme est placé au sommet de la Création, juste sous les Anges."
Il admet que ce qu'il perçoit est un véritable mystère et non les élucubrations de théologiens prétentieux et obtus. Il veut s'extirper de toutes ces dérives insignifiantes, ne pas étouffer la beauté de la rencontre sous des pensées imposées. Rien de tous les Évangiles n'est à lui, rien de la Bible, rien des religions, rien des prêtres, des curés et des religieuses de son enfance.
Tous ceux-là n'ont fait que vomir en lui un fiel millénaire.
Il ne veut plus de ces vieilles choses mortes.
L'aura bleutée, dans son âme, est si belle."
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Et Dieu dans tout ça ? (4)
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/10/2023
Le Mal existe en l'homme.
Dieu autorise le Mal
Donc Dieu existe.
C'est un résumé de la posture des croyants qui ont utilisé la réalité du Mal dans le monde humain pour entériner l'existence de Dieu en affirmant que c'est Dieu qui le permet afin de laisser l'homme libre de ses choix. La religion se sert d'un phénomène inhérent à l'humain pour "donner vie" à Dieu. Et si l'humain n'opte pas pour le Mal mais s'efforce de faire le Bien, c'est toujours grâce à Dieu.
A chacun d'en tirer les conclusions. Et encore une fois, il n'est pas question ici de juger les individus qui croient en Dieu. C'est juste mon raisonnement. Donc, ça n'est aucunement une vérité incontestable.
Eviter les pièges de la pensée : Les biais cognitifs
Sophisme
https://www.toupie.org/Biais/Sophisme.htm
"Un sophisme est un raisonnement fallacieux, malgré une apparence de vérité [...],
"Présenté comme une démonstration rigoureuse et logique, un sophisme est en réalité faux car incomplet ou ambigu. Il est constitué d'une ou plusieurs prémisses vraies ou prétendues vraies, agencées dans un raisonnement séduisant mais erroné, qui ne respecte pas les règles de la logique, même si la conclusion est vraie. Les sophismes sont difficiles à réfuter si l'on ne maîtrise pas la logique." (Extrait de la définition du sophisme)
Le sophisme n'est pas à proprement parler un biais cognitif car il n'est pas systématique et qu'il y a une volonté de tromper son ou ses interlocuteurs, contrairement au paralogisme où le raisonnement est faux mais où celui qui s'exprime est de bonne foi.
Exemple :Un fainéant ne travaille pas,
Un chômeur ne travaille pas,
Donc un chômeur est un fainéant.
Ce raisonnement est faux, car en logique si B implique A et C implique A, on ne sait rien de la relation entre B et C, si ce n'est qu'ils ont tous les deux A comme conséquence ou caractéristique. Ici, effectivement la caractéristique commune d'un fainéant et d'un chômeur, c'est de ne pas travailler, mais on peut être fainéant sans être chômeur et inversement être chômeur sans être fainéant.
Façon simple de le désamorcer : remplacer fainéant par chat, ne travaille pas par est un mammifère et chômeur par chien, on obtient alors :Un chat est un mammifère,
Un chien est un mammifère,
Donc un chien est un chat.
Autre exemple : prendre pour la cause ce qui n'est qu'un antécédent.Le coq chante,
Le soleil se lève.
Donc, c'est le chant du coq qui fait se lever le soleil.
John Stuart Mill (1807-1873), philosophe empiriste et économiste anglais, a défini une classification des sophismes en 4 groupes :sophisme de simple inspection ou sophisme a priori lorsque la proposition est acceptée par tous et ne nécessite aucune preuve.
sophisme d'observation où l'on tire des conclusions erronées à partir d'une négligence de faits particuliers ou d'une mauvaise observation.
Exemple : Biais de disponibilité.
sophisme de généralisation où, à partir d'un seul ou quelques cas particuliers, on généralise, sans avoir analysé l'ensemble des cas ou à défaut un échantillon représentatif.
Exemples : Problème de l'induction et biais de représentativité
sophisme par confusion où l'on aboutit à une conclusion erronée à partir d'une mauvaise interprétation et appréciation des preuves.
Exemple : Effet cigogne.Sophisme de division
"En l'épidémiologie, l'illusion des séries est connue sous le nom de sophisme du tireur d'élite Texan. Kahneman et Tversky l'ont appelé "croyance dans la loi des petits nombres" parce qu'ils ont identifié l'illusion des séries et le sophisme consistant à supposer que le modèle d'une population importante se reproduira dans tous ses sous-ensembles. En logique, ce sophisme est connu sous le nom de sophisme de division, la supposition que les parties doivent avoir les mêmes propriétés que le tout." (sceptiques.qc.ca)
Exemple :Subir deux vols dans la même année, nous fera dire qu'il y a une explosion de la délinquance dans le pays. Or, ce raisonnement est erroné car il passe d'un cas particulier, le nôtre, avec deux évènements qui se sont réalisés, donc certains, à une conclusion statistique de portée générale - l'ensemble de la population, pour laquelle nous n'avons aucune information.
>>> Citation :"Il (Boileau) eût fait main basse sur cette rhétorique triviale, qui consiste à noyer un tas de sophismes dans une mer de paroles oiseuses et de figures ridicules."
Jean le Rond d' Alembert - 1717-1783 - Eloges, Despréaux
"Il y a quelque chose de plus vil au monde que l'esclave d'un tyran, c'est la dupe d'un sophisme."
Charles Nodier - 1780-1844 - Jean Sbogar, 1818
"Sophisme, le mensonge de la logique."
Victor Hugo - 1802-1885 - Philosophie prose
"Une erreur est d'autant plus dangereuse qu'elle contient plus de vérité. Le sophisme est plus vrai que l'absurdité; aussi l'absurdité est-elle innocente et le sophisme redoutable."
Henri Frédéric Amiel - 1821-1881 - Grains de mil, 1854 -
Et Dieu dans tout ça ? (3)
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/10/2023
Je me suis décidé à aller lire ce qui est disponible sur cette fameuse question du Bien et du Mal au regard de l'existence éventuelle de Dieu.
Dans les sites d'obédience catholique, il est dit que Dieu voulait laisser aux hommes le libre arbitre, la possibilité d'explorer leur conscience et d'établir leur morale. Il s'agissait de leur offrir la liberté d'être ce qu'ils veulent, ce qu'ils choisissent, ce qu'ils décident.
"Alors que nous essayons de cerner le problème du mal, il nous faut d’abord reconnaître que l’homme en est très souvent la cause. Ce sont les hommes et pas Dieu qui assassinent, torturent, persécutent et violent. À cause de leur libre arbitre, ils peuvent accomplir des choses terribles et immorales. Le libre arbitre est essentiel dans la mesure où les hommes doivent rendre des comptes à Dieu. Pour que nous puissions véritablement aimer Dieu, nous devons être libre de choisir ou de rejeter cet amour. Si Dieu interdisait toute forme de mal dans le monde, nous ne serions plus libres et en capacité d’aimer Dieu volontairement. Dieu ne peut pas en même temps nous donner la liberté et nous empêcher de commettre le mal."
https://scienceetfoi.com/ressources/dieu-amour-compatibilite-mal-souffrance/
Cette réponse ne peut aucunement, à mes yeux, valider l'existence de Dieu étant donné que ces arguments sont émis par des humains croyants, dans des textes très, très anciens et dont l'origine est incertaine. Cette réponse se sert d'une vérité de l'esprit humain, sa capacité à commettre les pires horreurs. C'est un fait.
Cela revient en fait à utiliser la complexité de l'esprit humain pour entériner l'existence de Dieu mais l'utilisation d'une parole humaine au nom de Dieu ne valide que l'existence de cet humain, pas l'existence de Dieu ou alors il faudrait que Dieu soit incarné dans cet humain et que ça soit Sa parole et non celle de l'humain.
Et c'est là qu'apparaît Jésus...
"Dieu s’est incarné en homme, en Jésus-Christ, non pas pour réparer des erreurs divines, mais pour nous délivrer de la condamnation dont nous nous sommes nous-mêmes rendus coupables. Il est venu pour prendre sur lui nos péchés, subir notre condamnation et surmonter la mort, afin de ressusciter et d’ouvrir la voie à notre propre résurrection future. Jésus a rendu possible un nouveau départ pour ceux qui acceptent son salut, et un monde nouveau dans lequel la justice sera rendue et le mal vaincu."
https://comprendredieu.com/si-dieu-est-tout-puissant-et-amour-pourquoi-permet-il-le-mal-et-la-souffrance/
C'est rudement bien monté comme scénario. Pour prouver l'existence du Père, il faut un fils. Un humain. Admettons donc que Jésus ait existé. Sacré karma...Donc, on a un humain qui se dit Fils de Dieu. Et là-dessus, toute une histoire. Je conseille d'ailleurs à ce propos la lecture du roman de Eric Emmanuel Schmidt : "L'évangile selon Pilate".
3.95/5 2228 NOTES
Résumé :
Première partie : Dans le Jardin des oliviers, un homme attend que les soldats viennent l’arrêter pour le conduire au supplice. Quelle puissance surnaturelle a fait de lui, fils de menuisier, un agitateur, un faiseur de miracles prêchant l’amour et le pardon ?
Deuxième partie : Trois jours plus tard, au matin de la Pâque, Pilate dirige la plus extravagante des enquêtes policières. Un cadavre a disparu et est réapparu vivant ! Y a-t-il un mystère Jésus ou simplement une affaire Jésus ? A mesure que Sherlock Pilate avance dans son enquête, le doute s’insinue dans son esprit. Et avec le doute, l’idée de foi."Mais je ne veux pas me perdre dans les méandres de cette histoire. C'est d'ailleurs à mon sens la raison de la complexité de l'histoire. Qu'on s'y perde. Je tiens à garder à l'esprit que tout ce qui précède parle d'un Dieu dont l'existence pour les croyants est indéniable et que cette histoire explique les tourments des humains.
J'aurais plutôt tendance à dire que les tourments humains ont été l'occasion en or pour certains esprits "diaboliques" ^^ d'élaborer une histoire qui elle-même venait entretenir les tourments et donc prouver par A+B que Dieu existe bien. Une réalité au service d'un imaginaire, cet imaginaire lui-même capable d'engendrer des réalités (dont on se serait bien passé) J'ai beaucoup lu sur les Conquistadors et l'invasion des terres des Amérindiens. Tous ces peuples premiers en souffrent encore. Des millions de morts sous la bannière de Dieu. Israël et la Palestine sont en ce moment et depuis bien longtemps le symbole même de cette folie humaine, de ce Mal inséré dans les esprits, de ces Dieux brandis.
"La possibilité du mal faisait partie de la bonté du monde. Un monde dans lequel le mal aurait été impossible aurait été un monde moins parfait. Car un monde dans lequel le mal serait impossible serait un monde dépourvu de liberté. Si le mal était impossible, alors les hommes n’auraient pas de choix à faire entre le bien et le mal, et par conséquent, ils ne seraient ni libres, ni moraux, ni responsables."
https://comprendredieu.com/si-dieu-est-tout-puissant-et-amour-pourquoi-permet-il-le-mal-et-la-souffrance/
Dieu aurait donc décidé que le Mal était nécessaire pour que nous apprenions à être libres, moraux et responsables. Si je comprends bien, nous sommes condamnés à subir le Mal jusqu'à la nuit des temps car il faudrait être sacrément naïf pour croire qu'un jour l'homme aura atteint un tel niveau de conscience que le Mal disparaîtra de son esprit.
Et il faudrait en plus que je remercie Dieu et que je l'aime pour son amour inconditionnel ?
On pourrait me rétorquer que la vue des ces milliers de morts m'enseigne le respect de la vie humaine. Que ces visions d'apocalypse guerrière nourrissent ma morale, m'invite à réfléchir, me poussent vers le Bien. Mais je n'ai aucunement besoin de savoir que des milliers d'enfants sont morts pour identifier le Bien du Mal.
C'est juste dévastateur, c'est juste cauchemardesque, désespérant.
J'étais instituteur et pour enseigner l'Histoire à mes élèves, je devais la connaître, sous des aspects divers, sous des sources multiples, sans chercher à prendre parti mais juste à connaître les faits pour pouvoir les transmettre. J'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup lu. Je sais que le Mal est sans limite et je ne puise aucun sentiment de liberté à le savoir, ni aucun besoin d'y confronter ma morale.
Mais de penser qu'un éventuel Dieu ait pu juger que ce Mal était nécessaire, ça me laisse sans voix. Et que des croyants puissent trouver dans cette révélation, la force de leur foi, ça me sidère.
Maintenant, ça n'est pas pour autant que je vais fuir les croyants, quelques soient les Dieux qu'ils vénèrent.
Moi, je vénère la Nature.
J'ai foi en elle.
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Et Dieu dans tout ça ? (2)
- Par Thierry LEDRU
- Le 18/10/2023
L'humanité m'interdit de croire en Dieu.
Ou alors, il faudrait que j'accepte l'idée que Dieu autorise le Mal, le Mal absolu. Et si cela est, alors je déteste Dieu.
Mais c'est absurde de détester quelque chose qui n'existe pas. Alors, je déteste l'idée de Dieu mais j'aime infiniment la Nature.
« Deus sive natura » écrivait Spinoza.
« « Par la nature, considérée en général, je n’entends maintenant autre chose que Dieu même, ou bien l’ordre et la disposition que Dieu a établie dans les choses créées. »
Mais pourquoi donc fallait-il ajouter le mot Dieu à celui de la Nature ? D'où vient cette aberration ?
Il faudrait que j'étudie les textes anciens, que je fasse de l'archéologie des religions et ça ne m'intéresse pas. Pourquoi faudrait-il que j'essaie de comprendre les raisons d'une aberration ? Je veux bien m'efforcer de comprendre un phénomène inexpliqué de quelque chose qui existe mais aucunement d'un phénomène imaginaire. Et rien ne me prouve que l'hypothèse d'un Dieu est autre chose qu'un imaginaire. Alors, je m'efforce de comprendre la Nature puisqu'elle existe, qu'elle est là, qu'elle m'éblouit, me réjouit, me surprend, m'émeut, me subjugue par sa puissance et sa finesse, par son incroyable diversité.
La diversité. C'est peut-être ça le problème des religions monothéistes. Adorer la Nature ? Oui, mais quoi, précisément ? C'est plus aisé d'adorer un Dieu unique, une image qui nous ressemble, qui nous unit. Euh, non, en fait, elle ne nous unit pas. Voilà bien le problème de fond. Dieu est un pourvoyeur de troubles. Le Dalaï Lama a dit que Dieu n'y est pour rien, que ce sont les hommes qui sont responsables des guerres. Désolé, mais c'est trop facile. Dieu, nous dit-on, est Tout Puissant. Mais il n'a pas su éviter l'émergence du Mal, le Mal absolu. Alors, c'est qu'Il n'existe pas. Ou que c'est un débutant et qu'il a foiré son projet.
Protagoras écrivait, il y a longtemps : " Sur les dieux (sans majuscule), je ne puis rien dire, ni qu'ils soient, ni qu'ils ne soient pas. Trop de choses empêchent de le savoir : d'abord l'obscurité de la question, ensuite la brièveté de la vie humaine. »
Et depuis ce temps ancien, on n'a pas avancé, le mystère reste entier. Mais la Nature est toujours là et elle n'est toujours pas adorée à sa juste valeur.
Et c'est justement pour cette raison que même l'agnosticisme ne me satisfait pas car en ne prenant pas position, il entretient le doute. Choisir de ne pas choisir, c'est un choix inutile.
Il va bien falloir qu'un jour, nous nous positionnons. Non pas seulement pour résoudre le problème de l'existence de Dieu, mais bien pour que nous décidions de concentrer notre raison et notre intelligence à la Nature. Puisqu'elle existe et que c'est indéniable.
Car enfin, sur l'existence de Dieu, comment pourrions-nous nous y prendre pour prouver une inexistence ? Le questionnement est absurde et nous n'avons pas le droit d'être absurdes. Le temps de l'insouciance et de l'illusion est révolu.
Est-ce que Dieu est responsable des attaques du Hamas et des représailles d'Israël ? J'en reviens toujours à la même conclusion. S'il n'a pas su insérer dans l'esprit humain la notion du Bien absolu et y laisser se développer la possibilité du Mal, c'est qu'il n'est pas Tout-Puissant et s'il n'est pas Tout-Puissant, c'est qu'Il n'existe pas.
D'autre part, avancer que l'existence de l'Univers ne peut pas être expliqué autrement que par Dieu, c'est accepter l'idée que quelque chose qu'on ne peut pas identifier serait susceptible d'avoir créé l'Univers. Et il faudrait s'en contenter ?
Lorsque je suis considérablement ému par un coucher de soleil ou par les horizons ouverts au sommet d'une montagne, il m'arrive d'éprouver une émotion que certains appellent « mystique ». La réalité procure un stimulus, ma réaction procure une émotion. Et la puissance de cette émotion me laisse imaginer un Dieu créateur. C'est si simple en fait. Tout est expliqué en une fraction de seconde. Je sais alors que j'ai succombé à la facilité et il me revient les lectures de Hubert Reeves et les travaux de cet homme pour expliquer ce que je vois. Et qui me ramène à l'amour de la nature, un amour qui ne réclame rien d'autre que le silence et la contemplation. Aucun texte à réciter, aucune posture à prendre, aucun costume à enfiler. Mieux encore : que je me dénude et que je parte marcher. Que mon corps entier se nourrisse de tout ce qui coule de l'Univers. Que mon esprit s'apaise, que mes pensées se taisent, que mes émotions se calment, que je ne sois que dans la réalité naturelle de cet instant.
« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre, puis l'homme à son image. »
L'anthropomorphisme, c'est à mes yeux, la pire des explications quant à l'existence de Dieu. Je n'y vois que la prétention humaine.
Je suis baptisé, mes parents m'ont obligé à aller au catéchisme et à faire ma communion. Je n'ai aucun souvenir des séances de catéchisme et je n'ai qu'une photo dans ma tenue de communiant pour savoir que je suis passé par là.
Je me souviens très bien, par contre, de ces moments où je m'asseyais au bord de l'océan et que je me laissais envahir par la musique des vagues ou de ces moments au pied d'un grand chêne ou j'aimais écouter chanter les tourterelles ou de cette cabane que j'avais construite au sommet d'un immense pin maritime, à vingt mètres du sol et où il m'est arrivé d'aller dormir.
Je communiais là-haut, j'étais étreint par des émotions inconnues et parfois, il fallait que j'aille courir pour vider ce trop-plein, ça débordait comme une jouissance dont je ne savais que faire.
Je communiais.
C'est là que j'ai découvert la puissance du sport. Dans le prolongement de ces états extatiques. Alors, j'ai couru, de plus en plus et j'ai pédalé et j'ai nagé jusqu'au large, jusqu'à sentir le début des crampes avant d'accepter l'idée de faire demi-tour. J'ai passé des nuits sur ma planche à voile, juste assis à me laisser dériver et j'attendais le lever du jour. Puis j'ai découvert les montagnes et j'ai toujours pensé que j'avais déjà vécu là-haut.
J'ai communié des milliers de fois.
Je n'ai aucun souvenir d'avoir prié Dieu et lorsque mon frère, après un accident de voiture, s'est retrouvé dans le coma, cliniquement mort, j'ai détesté Dieu, je l'ai haï, je l'ai maudit. Et après les nuits de veille, je descendais dans le parc de l'hôpital, j'allais m'asseoir sous un cèdre et je regardais les nuages, je pensais aux montagnes.
Dieu ne m'est d'aucune utilité.
Leibniz écrivait : « Si Dieu existe, d'où vient le Mal ? S'il n'existe pas, d'où vient le Bien ? »
Les enfants palestiniens que leurs pères portent dans leurs bras... Les parents juifs qui pleurent leurs enfants exécutés.
Non, c'est impossible.
Dieu ne m'est d'aucune utilité.
Et il faudrait que son nom soit effacé, que cette idée disparaisse de l'esprit des hommes, que toute religiosité soit impensable. On verrait alors si le Mal absolu perdure. Et si c'est le cas, alors, c'est que l'humain n'est pas seulement une aberration de la création, c'est une abomination.
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Et Dieu dans tout ça ?
- Par Thierry LEDRU
- Le 18/10/2023
Croyant, athée, agnostique, panthéiste ?
La multiplicité des points de vue.
De là à se faire la guerre, il n'y a qu'un pas.
Et si on y ajoute la possession des territoires, on entre dans des guerres sans fin.
Tout ça donc pour un Dieu (doit-on y adjoindre une majuscule ou pas?)
Un D majuscule pour Dieu, un h minuscule pour les humains. Parce que Dieu est unique et les humains innombrables.
Oui, mais pourtant les humains guerroient pour des dieux différents. Serait-ce donc qu'il y a tromperie ? Car si le Dieu unique a fait l'humain à son image, serait-ce donc que ce Dieu considère que les guerres en son nom sont justifiées et que les hommes ont raison de multiplier Son image ? Dieu aurait-il en lui l'idée de la guerre ? Serait-ce donc que le Mal, le Mal unique et donc avec une majuscule appartient à sa Création tout autant que le reste ?
Dans le monde animal, la souffrance de la mort est une évidence. Il s'agit d'instinct et non de conscience. L'humain serait donc un animal capable de conceptualiser son instinct de tueur et de lui donner des justifications ? Serait-ce donc que Dieu ait pensé que la raison humaine l'autorisait à s'entretuer ?
Ou alors doit-on envisager que l'humain se soit désolidarisé du projet de Dieu ?
Mais alors en quoi Dieu serait-il le Tout-Puissant puisqu'une part de sa Création échapperait à sa volonté ?
Serait-ce sinon que ce Dieu ne soit issu que de l'imagination des humains et qu'ils se servent de Lui pour justifier des massacres sans fin ?
On va me dire que ce genre d'interrogations ne mènent à rien et que de multiples philosophes de renom ont déjà exploré ce mystère. Mais ça n'est parce que des humains ont déjà goûté des cuisines exotiques que je ne peux éprouver le désir de les découvrir. Il m'est nécessaire de m'interroger avant de découvrir ce que d'autres ont exprimé.
Alors, Dieu existe-t-il ?
Il existe par définition à travers différents écrits. Sans que ces écrits ne puissent être tenus pour preuves intangibles puisqu'ils émanent de croyants. Et de la même façon, on ne peut se contenter de renier son existence à travers les écrits des athées. Il nous faut un cadre neutre. Les agnostiques peut-être puisqu'ils ont décidé qu'il est impossible de trancher. L'agnostique est proche de l'athéiste mais il ajoute qu'il ne lui est pas possible de prouver que Dieu n'existe pas. Il s'en tient donc au doute, un doute qui ne choisit aucun camp. Ni pour, ni contre, bien au contraire. L'agnostique considère qu'il ne peut pas connaître ce qui dépasse l'expérience.
J'aime infiniment les couchers de soleil. Quel est le rapport avec Dieu ? L'émerveillement devant la beauté de la nature. Et il m'est arrivé d'imaginer que ce mystère ne pouvait pas être le fruit du hasard, que cette complexité devait avoir été conçue par une « intelligence ». J'ai bien dit « imaginer ». Tout cela ne contient aucune preuve. C'est juste un flot d'émotions.
J'aime aussi entrer dans les églises quand elles sont vides. J'aime l'architecture, j'aime le silence, les lumières, les odeurs des vieilles pierres, l'usure des sols. Mais je m'en vais si une messe se présente. Je refuse que mon imagination soit modelée, que mes émotions soient guidées, que ma raison soit encadrée.
Rien ne me prouve que Dieu existe mais il me plaît, parfois, de me laisser emporter. Il suffit par contre que j'observe l'humanité pour que cette paix intérieure vole en éclat. La réalité balaie l'imagination avec une violence redoutable.
L'humanité m'interdit de croire en Dieu.
Ou alors, il faudrait que j'accepte l'idée que Dieu autorise le Mal, le Mal absolu. Et si cela est, alors je déteste Dieu.
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Israël et Palestine
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2023
Pour ceux et celles qui voudraient avoir une vision neutre du problème, juste l'aspect historique, et comprendre que ça ne date pas d'hier et que ça ne s'arrêtera pas demain.
1948 : la création de l’État d’Israël
1948-1967 : Israël, un État construit dans la guerreouvrir / fermer le sous menu
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© AFP
Par Nicolas François, journaliste spécialisé en histoire
Publication : 10 mai 2023 | Mis à jour : 10 oct. 2023
Niveaux et disciplines
Lycée général et technologique
Nous, membres du conseil représentant la communauté juive de Palestine et le mouvement sioniste, nous nous sommes rassemblés ici, en ce jour où prend fin le mandat britannique et en vertu du droit naturel et historique du peuple juif et conformément à la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, nous proclamons la création d’un État juif en terre d’Israël. Le 14 mai 1948, au musée de Tel-Aviv, David Ben Gourion, président du Conseil national juif et futur Premier ministre, prononce la déclaration d’indépendance d’Israël. L’aboutissement d’un projet né à la fin du XIXe siècle.
Les dates à retenir
frise chronologique intitulée « israël : de la naissance d'un état aux impasses de la paix »
1896 : publication, par le journaliste autrichien theodor herzl, de l’état des juifs, manifeste fondateur du sionisme
1917 : déclaration balfour par les britanniques ouvrant la voie à « l’établissement d’un foyer juif en palestine »
1947 : à l’onu, vote d’un plan de partage de la palestine en deux états
1948 : naissance d’israël suivie de la première guerre israélo-arabe
1956 : opération conjointe entre la france, le royaume-uni et israël sur le canal de suez
1964 : création de l’organisation pour la libération de la palestine
1967 : guerre des six-jours
1972 : guerre du kippour
1987 : déclenchement de la première intifada
1993 : signature des accords d’oslo
1994 : prix nobel de la paix attribué à yasser arafat, yitzhak rabin et shimon peres pour la signature des accords d’oslo
2000-2005 : seconde intifada 2002 : construction d’un mur de séparation en cisjordanie
2004 : mort de yasser arafat
2005 : retrait unilatéral de la bande de gaza
2006 : guerre au liban
2007 : prise de contrôle de la bande de gaza par le hamas
2012 : intégration de la palestine en tant qu’état observateur non-membre à l’onu 2014 : guerre de gaza
2020 : signature des accords d’abraham
2022 : année la la plus meurtrière depuis 2000
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La naissance du sionisme
1881-1947 : les racines de l’idée d’un État juif
C’est en Russie que l’idée d’un État juif prend naissance. Après l’assassinat du tsar Alexandre II, le 13 mars 1881, une partie de la population accuse les Juifs d’être responsables de la mort de leur dirigeant et lancent une série de pogroms (attaques antisémites accompagnées de pillages et de meurtres) de 1881 à 1884. Des milliers de résidences et de commerces sont pillés, des centaines de personnes périssent.
En réaction, quelques étudiants et rabbins créent le mouvement Hibbat Zion en hébreu, « Les amants de Sion ». Le médecin d’Odessa Léon Pinsker en prend la tête. Un peuple sans territoire est comme un homme sans ombre, écrit-il en 1882, dans son ouvrage Auto-émancipation, publié en Allemagne et dans lequel il jette les bases du mouvement sioniste (le terme ne sera cependant utilisé qu’à partir de 1890) : Il y a une absence chez le peuple juif de la plupart des attributs d’une nation. (…) Le Juif est considéré par les vivants comme un mort, par les autochtones comme un étranger, par les indigènes sédentaires comme un clochard, poursuit-il.
Ces réflexions trouvent un écho en Europe de l’Ouest, alors que l’affaire Dreyfus divise la France à partir de 1894. « La solution au problème juif, c’est la création d’un État juif », écrit le journaliste autrichien Theodor Herzl en 1896 dans un texte intitulé Der Judenstaat (en allemand : « l’État des Juifs »). En 1897, Herzl préside le premier congrès sioniste à Bâle (Suisse). Il écrira quelques jours plus tard dans son journal : À Bâle, j’ai créé l’État juif. Si je disais cela aujourd’hui publiquement, tout le monde se moquerait de moi. Dans cinq ans peut-être, dans cinquante ans sûrement, tout le monde acquiescera.
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durée de la vidéo:06:40
date de la vidéo:1966 collection: - PANORAMA
La naissance de l’État d’Israël : des débuts du sionisme à 1948
Les premières installations en Palestine
Mais où installer cet État ? Si différentes possibilités sont évoquées (Kenya, Argentine…), c’est en « terre d’Israël », berceau du peuple juif en Palestine selon la Bible, que se tournent les sionistes. La région est sous domination ottomane depuis le XVIe siècle.
En 1880, on compte 24 000 Juifs en Palestine – principalement des religieux – pour 482 000 habitants. Dans les années 1880-1890, le mouvement Hibbat Zion organise les premières alyas (émigration de Juifs vers Israël) : près de 30 000 Juifs s’installent en Palestine. Mais les conditions sont rudes et la misère omniprésente. Nombre d’immigrants rentrent dans leur pays d’origine après un an.
Au début du XXe siècle, le Fond national juif, créé à Bâle en 1901, récolte des fonds pour l’achat de terres en Palestine. L’initiative suscite un engouement de la part de la diaspora du monde entier. Le rachat progressif des terres provoque les premières tensions avec les Arabes, chrétiens et musulmans, implantés depuis plusieurs siècles. En 1914, le pays compte entre 60 000 et 90 000 Juifs pour environ 800 000 habitants.
carte présentant le plan de partage de la région, proposé par l'onu en 1947. l'état juif est représenté en rose, séparé en 3 parties. il recouvre 55 % du territoire. l'état arabe, représenté en vert, en 3 parties également, recouvre 45 % du territoire. sur cette carte sont également mentionnées, en violet, les villes de bethléem et de jérusalem, la zone de l'état arabe conquise par israël et la zone de l'état arabe conquise par d'autres états arabes.
Source : Frédéric Encel, Atlas géopolitique d'Israël, éditions Autrement, 2018. Graphisme : Patrick Bonaldi.
À noter : Le terme latin, corpus separatum, est utilisé en droit international pour désigner une ville ou une région à laquelle est donné un statut juridique et politique spécial.
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Le rôle décisif de la Grande-Bretagne
Le 2 novembre 1917, un événement majeur va changer la face du Moyen-Orient. En pleine guerre, le ministre des Affaires étrangères britannique, Arthur Balfour, adresse un courrier à l’un des leaders du mouvement nationaliste juif au Royaume-Uni, Lord Walter Rothschild : Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif. Les Britanniques placent ainsi leurs pions dans l’optique de l’après-guerre : ils lorgnent sur les terres de l’Empire ottoman et notamment sur la Palestine qui leur offrirait une situation privilégiée dans la région, près du canal de Suez. Avec cette déclaration Balfour, la première puissance européenne légitime ainsi le sionisme en Palestine.
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durée de la vidéo:19:30
date de la vidéo:2017
Le centenaire de la déclaration Balfour de 1917
En 1920, le traité de Sèvres démantèle l’Empire ottoman, vaincu à la fin de la Première Guerre mondiale, et la Société des Nations (SDN) place la Palestine sous mandat britannique. Cependant, les Britanniques ont fait beaucoup de promesses dans la région. Dès 1916, par la voix de Henry McMahon, haut commissaire britannique du protectorat sur l’Égypte, ils avaient déjà concédé au chérif de La Mecque, Hussein ben Ali, la création d’un royaume arabe en échange de la révolte de ses troupes contre l’Empire ottoman. Une promesse vite oubliée : le 24 juillet 1922, lorsque la SDN octroie à la Grande-Bretagne un mandat sur la Palestine, l’article 2 précise que le mandataire assumera la responsabilité d’instituer dans le pays un état de choses politique, administratif et économique de nature à assurer l’établissement du foyer national pour le peuple juif. Il n’y est nullement fait mention d’un État arabe ni même d’un peuple arabe.
Dès lors, la population juive en Palestine augmente considérablement. Les restrictions de l’immigration aux États-Unis au milieu des années 1920 et la montée du nazisme en Allemagne dans les années 1930 encouragent les alyas. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, les Juifs constituent près d’un tiers des 2 millions d’habitants de Palestine.
Après la Shoah, la Terre promise
Pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 5 et 6 millions de Juifs sont exterminés au cours du génocide perpétré par les nazis. À la fin du conflit, les rescapés se tournent notamment vers la Palestine, toujours sous mandat britannique. Mais, depuis 1939, en réponse à une série de révoltes arabes, le Royaume-Uni a drastiquement limité les possibilités d’immigration.
Sur le terrain, la tension monte. Le 22 juillet 1946, l’organisation nationaliste juive Irgoun attaque à l’explosif l’hôtel King David, où sont installés les bureaux du gouvernement britannique. L’attentat fait 91 morts.
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date de la vidéo:2012
L'attentat de l'hôtel King David à Jérusalem le 22 juillet 1946
Un autre événement va précipiter les choses : en juillet 1947, le navire Exodus arrive près des côtes palestiniennes avec, à son bord, 4 500 Juifs rescapés de la Shoah. Le bateau est intercepté par les forces navales britanniques. Il est finalement acheminé vers Hambourg (Allemagne) où les passagers sont débarqués dans des camps de rétention. En tout, près de 50 000 candidats à l’immigration seront déboutés et detenus derrière des barbelés. L’image est désastreuse pour le gouvernement britannique, totalement dépassé. Au point qu’il décide de confier son mandat sur la Palestine à la toute jeune organisation des Nations unies.
Le 22 novembre 1947, un plan de partage de la région est soumis au vote des membres de l’ONU. Il propose la création de deux États : l’un juif (sur 55 % du territoire), l’autre arabe (sur 45 % du territoire), ainsi que la mise sous contrôle international de Jérusalem. Tous les pays arabes s’y opposent, mais l’URSS et ses satellites, pourtant hostiles au sionisme, votent pour le projet. Staline y voit l’opportunité de profiter de la faiblesse britannique pour accroître son influence dans la région. Le 14 mai 1948, le mandat britannique s’achève officiellement. L’État d’Israël est né.
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date de la vidéo:2023 collection: - LA GRANDE EXPLICATION
La naissance d'Israël
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date de la vidéo:2017
1947 : la Palestine est divisée entre Juifs et Arabes par l'ONU
1948-1967 : Israël, un État construit dans la guerre
Indépendance et Nabka
Le jour de la création d’Israël, au milieu de la liesse populaire, David Ben Gourion aurait glissé au jeune Shimon Peres, futur Premier ministre : Tu vois, aujourd’hui, ils dansent, mais, demain, ils verseront leur sang. Le 15 mai 1948, dès le lendemain de la déclaration d’indépendance, les troupes de plusieurs pays membres de la Ligue arabe (Égypte, Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Yémen) envahissent la Palestine. En janvier 1949, Israël remporte la guerre, notamment grâce aux armes fournies par l’URSS via la Tchécoslovaquie. Sa superficie s’agrandit d’un tiers pour atteindre 78 % du territoire. Jérusalem est coupée en deux : l’est pour la Jordanie, l’ouest pour Israël, qui la désigne comme capitale. La Palestine est démantelée : sur les bords de la Méditerranée, la bande de Gaza passe sous contrôle égyptien, la Jordanie annexe la Cisjordanie. Entre décembre 1947 et juillet 1949, près de 700 000 Arabes de Palestine, expulsés de leurs terres et leurs habitations, sont contraints de fuir. Dans le monde arabe, l’intellectuel syrien Constantin Zureiq parle de nabka, la « catastrophe ».
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date de la vidéo:2008 collection: - SOIR 3 JOURNAL
La Nakba : l'exode forcé des Palestiniens en 1948
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date de la vidéo:1948 collection: - LES ACTUALITÉS FRANÇAISES
La guerre israélo-arabe de 1948
Le 26 juillet 1956, le canal de Suez reliant la Méditerranée à la mer Rouge – et administré par la France et le Royaume-Uni – est nationalisé par le président égyptien Gamal Abdel Nasser. Le 29 octobre, Israël attaque l’Égypte. Il s’agit d’une opération conjointe entre la France et le Royaume-Uni, qui s’inquiètent de la nouvelle alliance entre l’URSS et Nasser. Côté israélien, David Ben Gourion espère ainsi affaiblir durablement son ennemi égyptien dont les incursions sur le territoire sont fréquentes depuis 1948. L’armée israélienne parvient à s’emparer du Sinaï. Sous la pression américaine et soviétique, qui ne veulent pas voir la situation s’envenimer davantage, un cessez-le-feu est signé le 7 novembre.
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durée de la vidéo:00:24
date de la vidéo:1956 collection: - LES ACTUALITÉS FRANÇAISES
La guerre israélo-égyptienne de 1956
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durée de la vidéo:04:45
date de la vidéo:2019 collection: - LA GRANDE EXPLICATION
La crise du canal de Suez
Construire un nouveau pays
Dès la déclaration d’indépendance d’Israël en 1948, David Ben Gourion pose un principe fondateur : L’État d’Israël sera ouvert à l’immigration des Juifs de tous les pays de leur dispersion. Le 5 juillet 1950, le parlement israélien vote la loi sur le retour qui permet à tout Juif de pouvoir immigrer et s’installer librement en Israël. Entre 1948 et 1962, plus d’un million de personnes émigrent, dont 40 % depuis l’Europe orientale et près de 30 % d’Afrique, principalement d’Afrique du Nord.
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date de la vidéo:1962
Israël : des Juifs du Maghreb émigrent vers la « Terre promise »
Pour accueillir tous ces nouveaux venus, Israël, en proie à des difficultés économiques, va bénéficier d’une aide de la République fédérale d’Allemagne. En vertu de l’accord de réparation signé en 1952, elle s’engage à verser 3,5 milliards de marks à l’État hébreu, une indemnité couvrant les frais d’installation en Israël des victimes des persécutions du IIIe Reich.
En Israël, le nouvel État se fait moteur du développement économique en se portant acquéreur de grandes industries et de terres agricoles. Un État stratège et planificateur ainsi qu’une grande quantité de main d’œuvre disponible permettent au niveau de vie de décoller durant les années 1960. En 1963, 97 % des Israéliens ont l’eau courante, 93 % s’éclairent à l’électricité et le nombre de lits d’hôpitaux passe de 4 626 en 1948 à 17 612 en 1963. Dans le même temps, la consommation privée s’est accrue de 200 % et le produit national brut de 232 % (Michel Abitbol, Histoire d’Israël, éditions Perrin, 2018).
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durée de la vidéo:02:23
date de la vidéo:1965 collection: - CINQ COLONNES À LA UNE
Les eaux du Jourdain et l'agriculture israëlienne
Une nation en quête d’identité
En 1956, le gouvernement lance une grande campagne d’approfondissement de la « conscience juive » en enseignant aux élèves le calendrier hébraïque, la Bible, les fêtes religieuses ou encore les grands personnages juifs dans l’histoire. Il créé également, en 1959, la Journée de la Shoah et de l’héroïsme au 27 Nissan (1er mois du calendrier juif, généralement en avril ou en mai).
En mai 1960, Adolf Eichmann, haut fonctionnaire nazi et organisateur de la Solution finale, est arrêté en Argentine par des agents du Mossad. Il est transféré à Jérusalem pour être jugé par un tribunal israélien. À partir du 11 avril 1961, plus de 2 millions d’Israéliens écoutent quotidiennement à la radio la retransmission de son procès. Pendant plusieurs semaines, des centaines de témoignages décrivent l’horreur des camps d’extermination. Eichmann est condamné à mort, puis pendu le 1er juin 1962. Avec le retentissement mondial de ce procès, le souvenir de la Shoah devient un élément majeur de l’identité israélienne.
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durée de la vidéo:03:09
date de la vidéo:1961 collection: - JOURNAL LES ACTUALITÉS FRANÇAISES
Adolf Eichmann devant ses juges
En résumé
La création par l’ONU, en 1948, d’un État juif est d’abord le fruit de la détermination des sionistes à bâtir un « foyer national juif ». Les premières installations de nationalistes et de religieux juifs débutent à la fin du XIXe siècle en Palestine, alors sous administration ottomane.
Après la Première Guerre mondiale, la Palestine passe sous la coupe de la Grande-Bretagne, qui se retrouve vite dépassée par une guerre civile judéo-arabe coûteuse. Londres s’en remet à l’ONU, qui adopte un plan de partage du territoire en deux États en 1947.
Si l’État arabe ne voit pas le jour, l’État d’Israël est rapidement reconnu sur la scène internationale et bénéficie, en outre, dans les années 1960, d’un dynamisme économique important. Mais son existence est contestée par ses voisins et l’expulsion de 700 000 Arabes de Palestine de leurs terres entre décembre 1947 et juillet 1949 accentue le ressentiment.
Attentats et actes de sabotages se multiplient. En mai 1964 naît l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui prône la lutte armée contre Israël. Une deuxième phase de l’existence d'Israël débute alors, secouée par des affrontements avec de multiples acteurs palestiniens mieux organisés, mais aux objectifs politiques parfois divergents, et marquée par des tentatives de paix avec ses ennemis.
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date de la vidéo:2018 collection: - GÉOPOLITICUS
Israël-Palestine : aux sources du conflit
Pour aller plus loin
Un dossier thématique
Le journaliste Nicolas François a également rédigé un dossier thématique sur le conflit israélo-palestinien, de 1967 à nos jours. Retour sur plus d'un demi-siècle d'affrontements qui, en dépit d'accords historiques et de la médiation de nombreux acteurs internationaux, perdurent encore aujourd'hui.
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copyright de l'image décorative:© AFP
niveaux:3E - HISTOIRE
Israël-Palestine : l’échec de la paix
Deux pistes pédagogiques
Une piste pédagogique, à destination des élèves de Terminale, permet de travailler sur la problématique suivante : pourquoi le processus de paix israélo-palestinien, initié par les accords d’Oslo en 1993, est-il, trente ans plus tard, dans l’impasse ?
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niveaux:HISTOIRE - HISTOIRE GÉOGRAPHIE, GÉOPOLITIQUE ET SCIENCES POLITIQUES
Un processus de paix israélo-palestinien dans l’impasse
Cette piste pédagogique, également à destination des élèves de Terminale, revient sur l'historique du conflit israélo-arabe et israélo-palestinien afin de mieux comprendre les enjeux qui, aujourd'hui encore, agitent cette zone du Proche-Orient.
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niveaux:HISTOIRE - HISTOIRE GÉOGRAPHIE, GÉOPOLITIQUE ET SCIENCES POLITIQUES
Le conflit israélo-arabe (de 1948 à nos jours)
Une bibliographie
Georges Bensoussan, Une histoire intellectuelle et politique du sionisme, éditions Fayard, 2002.
Michel Abitbol, Histoire d’Israël, éditions Perrin, 2018.
Thèmes
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La chasse à la marmotte
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2023
Ben voyons...Elles dérangent les agriculteurs...Elles endommagent les terres...Parce que les agriculteurs qui balancent des tonnes de produits chimiques dans le sol sont respectueux de la terre, eux.
Il y a des jours où vraiment, vraiment, ce monde me révulse.
Le retour de la chasse à la marmotte, animal protégé
La préfecture de Savoie a autorisé la chasse aux marmottes, car les agriculteurs les accusent d’endommager leurs terres. Des associations ont attaqué l’arrêté.
La chasse à la marmotte est ouverte. La préfecture de la Savoie a autorisé le 10 septembre l’abattage du petit rongeur à la demande des agriculteurs. Ils lui reprochent de creuser des terriers qui provoqueraient « des blessures aux bovins, parfois aux exploitants avec des entorses, des casses de matériel de fauche, des dégradations de tuyaux d’arrosage... » L’année dernière, 427 marmottes ont été abattues dans le département.
Le petit mammifère est pourtant un animal protégé par l’annexe III de la Convention de Berne, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. Sa gestion doit être réglementée afin de maintenir sa population hors de danger. Aucun comptage officiel des marmottes n’existe en Savoie, mais l’avenir de l’animal paraît bien sombre. La faute à l’artificialisation des sols, la destruction de ses habitats de reproduction et surtout au dérèglement climatique. La baisse de l’enneigement affecte sa période d’hibernation. Chaque hiver, la neige isole les terriers des rongeurs en sommeil. Si la couche est trop fine, le froid force les marmottes à consommer leurs réserves d’énergie jusqu’à mourir de dénutrition.
Las, la préfecture de la Savoie assure que le rongeur alpin causerait des dégâts agricoles suffisants pour justifier sa chasse. « Malgré leur aspect de bonhomie et d’attrait pour le grand public, les marmottes commettent des dégâts dans les herbages, font des amas de terre et de pierres en surface qui, en souillant le fourrage lors de la récolte, le rendent moins attractif et entraînent des bris et une usure des machines agricoles », ont justifié les services de l’État lors de la consultation publique sur le projet d’arrêté préfectoral d’ouverture de la chasse pour la saison 2023-2024. Le danger serait tel que les marmottes pourraient « porter atteintes aux habitations ».
Aucun chiffre n’estime les dégâts causés par les marmottes
Contactées pour connaître l’ampleur exacte de ces dégâts, ni la Direction départementale des territoires (DDT) de la Savoie chargée du dossier, ni la préfecture, ni la FDSEA des Savoie, le syndicat agricole majoritaire, n’ont répondu à Reporterre. « Nous n’avons aucun élément sérieux ni données officielles nous démontrant que les marmottes pullulent et occasionnent des dégâts pouvant justifier leur chasse », souligne Pauline di Nicolantoni, la présidente de l’association Justice Animaux Savoie (Ajas).
Pour mettre un terme à l’abattage des marmottes, l’Ajas et les associations de défense de l’environnement Aspas, Animal Cross, Aves, FNE Savoie et One Voice ont déposé le 10 octobre un recours en référé devant le tribunal administratif de Grenoble pour faire annuler l’arrêté préfectoral. « Nous souhaitons stopper la chasse avant la clôture de la saison le mois prochain, puis nous entamerons un recours sur le fond pour y mettre un terme définitif dans les années à venir », précise Pauline di Nicolantonio.
La chasse aux marmottes est déjà interdite dans le Cantal, les Pyrénées-Orientales, la Drôme, la Haute-Garonne, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme.
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Qui fait le plus peur entre le lion et l’humain ?
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2023
Dans la savane,qui fait le plus peur entre le lion et l’humain ?
Mercredi 11 octobre 2023LECTURE
ÉCOUTER (5 MIN)
Provenant du podcastCamille passe au vert
'Le lion est le roi des animaux, et des prédateurs. Mais à leur grande surprise, des scientifiques ont constaté que ce n’est pas de lui que les autres animaux de la savane ont le plus peur : c’est de l’humain ! Et cela, grâce à une expérience passionnante !
Une étude géniale est parue la semaine dernière dans la revue scientifique Current biology : « La peur de l’humain, ‘super prédateur’, imprègne la savane sud-africaine ». Des chercheurs de l**’Université de l’ouest en Ontario, au Canada, du laboratoire « écologie de la peur »** - c’est un domaine de recherche, les effets de la peur sur le vivant - sont allés en juin 2018 en Afrique du sud, poser des caméras et des haut-parleurs spécialement conçus pour l’expérience près de différents points d’eau dans la savane. Quand les animaux sont détectés à 10 mètres, la caméra se déclenche pour filmer, et des enregistrements d’une durée de 10 secondes sont diffusés par le haut-parleur : soit des sons d’oiseaux, soit des sons de chiens, soit des coups de feu, soit des sons d’humains en train de parler normalement, sans crier, dans les 4 langues les plus utilisées là-bas, soit des sons de lions, en train eux aussi de communiquer entre eux, sans trop d’agressivité. Le lion étant le plus grand prédateur, les scientifiques pensaient que c’est lui qui ferait le plus peur aux autres animaux. Mais pas du tout !
Il y a une "énorme peur des humains de la part de la vie sauvage !" s’étonne Liana Zanette, professeure de biologie et auteure principale de l’étude :
"Il y avait deux fois plus de chances qu’ils fuient juste en pensant qu’un humain était là, comparé aux lions, et ils déguerpissent du point d’eau 40% plus vite , qu’en entendant les sons de lions"
Et ses résultats concernent 18 espèces sur 19 étudiées !
"Tout le monde ! Les girafes, les zèbres, les phacochères, les éléphants, les léopards, les hyènes : tout le monde a peur des humains !"
Seuls les lions ne sont pas dedans, mais parce qu’ils n’ont pas récolté assez de données à leurs sujets, ils sont encore en train de travailler dessus.
Il y a tout un tas de graphiques, courbes et calculs pour le démontrer, mais aussi des vidéos, fascinantes : ils ont analysé des milliers d’images.Exemple : des rhinocéros paisiblement dans l’eau, ils entendent les sons de lions, ils partent, mais tranquillement... idem avec des zèbres, ou des girafes, qui marquent même un temps d’arrêt, ils partent, oui, tous, mais sans trop paniquer. La même chose arrive avec les sons de coups de feu.
Mais avec les voix d’humains, une girafe part très vite en courant, des antilopes, une hyène, et même un léopard qui lâche carrément sa proie, une antilope morte, avant de détaler.
Mais l’un des contrastes les plus marquants, c’est avec les éléphants. Liana Zanette raconte :
"Ils n’aiment vraiment pas les lions, et les éléphants savent qu’ils peuvent se défendre contre eux. Donc ce qu’ils font souvent en entendant un son de lion, c’est qu’ils se regroupent, s’approchent du haut-parleur, et il est arrivé que certains éléphants soient si furieux en pensant qu’un lion est là, qu’ils fracassent la caméra"
“Ils ne font jamais ça avec les humains”, dit Liana Zanette, “ils ne s’approchent jamais, ils partent du point d’eau à la place et n’attaquent absolument jamais. C’est un bon exemple que les animaux savent qui sont leurs ennemis, et ils peuvent vraiment nous l’indiquer à travers ces réactions comportementales.”
La chercheuse précise aussi qu’il n’y a aucune chance que ce soit juste un effet de surprise, les voix humaines inconnues de ces animaux sauvages, c’est un son qu’ils connaissent tous, elle est catégorique.
Et tout cela a des conséquences :
« Vous ne mangez pas autant... vous avez bien vu le léopard lâcher sa proie… ou alors, faut quitter le point d’eau, et en trouver un autre. Et on sait grâce à d’autres études qu’on a faites que la simple peur des prédateurs peut réduire le nombre de petits que peuvent engendrer des partenaires de 53%, entraînant des modifications dans les populations. On sait également que la peur peut avoir des effets en cascade dans la chaîne alimentaire, on l’a montré aussi »**
Effets qui s’ajoutent à ceux du changement climatique, à la perte d’habitat, mais un point positif pourrait sortir de tout ça : utiliser la peur des humains comme un outil de conservation. En diffusant par exemple des enregistrements dans des zones où il y a beaucoup de braconnage, pour les cornes de rhinocéros en particulier... ça permettrait de les éloigner, d’un point d’eau, oui, mais surtout du danger.