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"En avant citoyens enseignants !"
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/01/2022
On pourrait me proposer le double de ma pension de retraite que je n'irais pas. Sans vouloir manquer de respect envers les anciens combattants, ceux qui ont connu et souffert de la vraie guerre, j'ai l'impression de voir un GVT qui fait appel aux dernières troupes disponibles. Effarant, consternant. Avec un message bien culpabilisant et démagogique : "le plus beau métier du monde et la nécessaire participation de tous pour vaincre les effets de la pandémie. Pour être un bon citoyen, il faut remonter au front.
Ce commentaire exprime parfaitement ce que je pense : "Ce qui était "le plus beau métier" a été bafoué, rabaissé et a conduit aux multiples démissions et difficultés à recruter : tout cela car la hiérarchie ne connaît pas le terrain, un laxisme total où les profs sont constamment pointés du doigts et non soutenus. Le non respect de certains parents prolifère, les insultes aussi mais ils ont le droit les parents, le prof "doit s'adapter" ; de plus en plus d'enfants violents dès la primaire voire la maternelle mais il faut faire avec, les remontées d'informations aux inpections académiques sont systématiquement bloquées, le Ministre actuel n'a sans doute jamais passé une seule journée avec un prof pour évaluer le désastre, les décisions sont prises par des personnes qui ne savent pas 1/10e des difficultés ; le navire de l'école publique sombre, sous les yeux de notre gouvernement qui ne fait rien : la parole des enseignants ne vaut plus rien ; ils ne peuvent plus enseigner : ils gèrent la violence, le non respect et l'administratif sous les yeux de la hiérarchie qui ne les soutient pas. Quel gâchis tout ce laxisme. Plutôt que de se poser la bonne question des démissions en masse et des difficultés à recruter afin de parvenir à remettre à l'honneur l'enseignement et bien les seules solutions trouvées ont été : 1/ baisser le niveau du concours pour le recrutement et 2/ embaucher des "contractuels" qui n'ont aucune formation, aucune notion d'orthographe et de grammaire et qui ne connaissent leur table de multiplication qu'en scrutant leur smatphone .... Voilà où nous en sommes."
"Hors de question que j'y retourne!" : face au Covid-19, des enseignants à la retraite appelés à la rescousse à l'école
Face au nombre important d’enseignants touchés par le Covid-19 dans les écoles, plusieurs départements lancent un appel aux anciens instituteurs. Mais dans leur grande majorité, les néo-retraités rencontrés par franceinfo y sont opposés.
Article rédigé par
Radio France
Publié le 24/01/2022 06:30Mis à jour le 24/01/2022 06:44
Temps de lecture : 2 min.
Une classe d'école primaire en septembre 2021; (SULIANE FAVENNEC / AFP)
Annie a reçu le message il y a quelques jours. "C'est un mail qui est écrit en caractères excessivement importants. Je pense que c'est adapté à la population ciblée", explique cette professeure retraitée qui vit à Vannes (Morbihan). Elle fait partie de ces néo-retraités qui sont appelés à prêter main forte à l'Education nationale face au nombre important d’enseignants touchés par le Covid-19 dans les écoles.
"Comme on est pas toutes jeunes, ils se disent qu’on ne voit pas bien", plaisante celle qui, à 61 ans, est retraitée depuis un an et demi. Sur ce mail, il est indiqué : "Vous avez exercé les fonctions de professeur des écoles avant de solliciter votre départ à la retraite. Aussi, je vous informe qu'il vous ait (eh ben, celle-là, elle est belle...) possible d'effectuer des remplacements dans le département du Morbihan".
Mais pour Annie, "hors de question" d'y retourner ! "D'abord, je n'ai pas envie de tomber malade, de me promener dans le département ou de faire de la garderie au pied levé", explique-t-elle.
"J'ai fait ma carrière, j’ai donné, j’ai largement mérité ma retraite !"
Annie, institutrice retraitée
à franceinfo
"J’ai quand même bien souffert à l’Education nationale, je trouve", ajoute la jeune retraitée. La crise sanitaire à l’école, elle l’a déjà connue durant ses derniers mois en classe, en 2020. Et son état d'esprit reflète bien celui des anciens enseignants contactés par franceinfo. "Je ne reviendrai pas faire le pompier de service", lancent beaucoup d'entre eux.
Les volontaires sont rares
Beaucoup d'anciens professeurs des écoles s’inquiètent d’être envoyés, tel n’importe quel vacataire, dans une école trop loin de chez eux. Ce que réfute l'administration. "On va évidemment rechercher une stabilité sur un territoire, autant que faire se peut. On ne veut pas mettre les gens en difficulté ! C’est le plus beau métier du monde", affirme Guylène Esnault, directrice académique dans le Finistère.
Depuis son bureau de Quimper, après avoir épuisé le vivier des vacataires habituels, elle s’apprête à envoyer un courrier, à de jeunes retraités. "En tant que citoyen, c’est aussi se dire 'je participe à la lutte contre ce virus'. Et je pense que c'est important que les enfants continuent d’aller à l’école. Pour les néoretraités, c’est tout à fait dans cet esprit-là", avance Guylène Esnault.
Annie, institutrice retraitée, a reçu ce message lui proposant des remplacements dans des écoles touchées par le Covid-19. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)
Pour la directrice académique, qui espère de nombreux retours positifs dans cette période de crise, "quand on est professeur un jour, on est professeur toujours !".Reste tout de même une limite d'âge : un fonctionnaire ne peut pas être rappelé au-delà de 67 ans… Théoriquement seulement : en Mayenne, d’anciennes institutrices de 73 et 75 ans ont été recontactées. La direction académique, à Laval, reconnaît un couac : l’âge des retraitées n’avait pas été revérifié.
Des professeurs retraités rappelés à la rescousse par l'Education nationale : le reportage d'Agathe Mahuet
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La tête au carré.
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/01/2022
L'école participe très fortement à l'édification de l'ego encapsulé.
"A l'école
On t'apprend à te mettre en rang, tu ne dois surtout pas en sortir.
On te demande de t'asseoir à la même place toute l'année.
On te commande d'écouter.
On te pousse à la compétition.
On te fait croire que tes notes déterminent qui tu es.
On ne te dit pas que tu es à part, différent et que cela fait de toi quelqu'un d'unique.
Que peu importe tes résultats scolaires, tu es merveilleux et bourré de talent.
Que tu as le droit de t'exprimer et de laisser aller tes émotions.
On te parle de gaz, d'électricité, de l'éolien ... Sans jamais te dire que tu es toi même énergie, comme tout ce qui t'entoure. On ne te dit pas que ton énergie vitale est alimentée par les énergies cosmiques et telluriques.
On te parle de l'appareil reproducteur et des organes sexuels, sans s'attarder sur le respect de soi et le côté sacré de la sexualité. On ne te dit pas que ton corps est un temple et que personne n'a le droit d'y toucher sans ton autorisation.
On te colle un masque sur le visage et t' inonde les mains de gel hydroalcoolique, sans te parler de la façon de booster naturellement ton système immunitaire et de rester en bonne santé. Sans te dire que la respiration est un facteur indispensable et primordial pour ton bon développement.
On t'apprend la performance, la richesse financière des pays industrialisés, sans te souligner que la plus grande richesse est dans ton cœur et s'appelle l'amour. Que peu importe la somme figurant sur ton compte en banque, si ton cœur est plein d'amour, tu seras bien plus riche que certains millionnaires.
On te parle rapidement de pays du tiers monde où les gens meurent de faim et sont souvent en guerre, sans t'expliquer que ton propre pays leur vend les armes avec lesquelles ils s'entretuent et qu'il serait facile d'enrayer la faim dans le monde, si c'était rentable. Que la vie de certains vaut bien moins qu'un baril de pétrole ou un kilo de lithium...
On te parle d'éducation civique, de droits et de devoirs en tant que citoyen, alors que nos élus, nos élites, les bafouent chaque jour qui passe. Que tu dois respecter les règlements, de l'école, de la cantine alors que les puissants de ce monde ne respectent rien ni personne.
On te parle rapidement des saisons et des cycles de la nature, sans t'expliquer que cela influe sur ton organisme et qu'il est important de respecter son environnement. Que l'humain est un hôte de la Terre et non son maître. Que Gaia est notre mère nourricière et qu'en la détruisant peu à peu, l'homme court à sa propre perte.
On te donne une carte avec les planètes de notre système solaire sans t'expliquer que tu es constitué de poussières d'étoiles et que tu es relié à l'immensité du cosmos. Que chaque vibration de l'univers a une incidence sur ta propre énergie et vice versa.
Écoute mon enfant, ce que te disent les grands. Mais ne crois rien. Découvre les non dits derrière les leçons classiques, les choses cachées derrière les prétendues vérités. Interroge toi sur tout. Ne prends rien pour acquis. Jamais.
Ouvre grand tes yeux et ton cœur et explore par toi même les mystères de la vie."
Auteur : Patou Llech
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L'émotion viscérale
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/01/2022
Aucun acte conscient ne peut se passer d'une pensée. Et un grand nombre de nos pensées est nourri par notre sensibilité et par conséquent nos émotions. Nous sommes des penseurs émotionnels.
Vient ensuite l'engagement. Il peut être spontané ou réfléchi.
Le problème de la spontanéité, c'est la puissance émotionnelle qui la génère. Elle ne deviendra durable qu'au regard de la réflexion qui la suivra. Sinon, elle s'éteindra et les actes par là-même.
Il convient donc de saisir l'émotion viscérale pour nourrir la pensée puis de la canaliser par la raison. C'est là que les actes seront durables.
Vient ensuite le choix des actions à mener et elles sont innombrables.
Il reste à savoir si l'indifférence est plus puissante que le désir de changer, si la volonté est capable de briser la citadelle mentale de l'ego encapsulé qui repousse obstinément les émotions viscérales.
Car il y a nécessairement une émotion viscérale à voir et à entendre souffrir les animaux, à voir mourir les forêts, les océans se vider, les abeilles disparaître, les oiseaux succomber, les éléphants abattus, les dauphins éventrés, les ruisseaux s'engorger de pesticides, les mers se plastifier...
Et s'il n'y a aucune brûlure dans le ventre, si rien ne se noue, jusqu'à la nausée, si rien ne vient hurler à l'intérieur que ça ne peut plus durer, alors, c'est que l'heure du changement n'est pas venue et que la citadelle de l'ego encapsulé n'est pas prête de s'ouvrir.
La volonté est-elle suffisante pour changer de paradigme ? C'est la question clé, le point d'achoppement.
La volonté est une excroissance du mental, une entité qui est fonda-mentalement nourrie par le mental et donc l'ego. Est-ce que l'ego est apte à valider un tel changement de paradigme étant donné que cela revient à contester les anciens fonctionnements, à accepter l'idée que l'individu était dans une voie néfaste.
Je prends un exemple : j'ai mangé des animaux terrestres et aquatiques pendant plus de quarante ans et puis est venu le temps où la souffrance animale s'est révélée, viscéralement. Une véritable douleur. J'ai donc décidé de ne plus manger d'animaux. Je l'ai "voulu" mais cette volonté n'était pas du seul registre de la pensée. La puissance de cette décision prenait sa source dans mon corps.
Il ne s'agissait plus d'un ego encapsulé mais d'un ego décapsulé :) La conscience énergétique d'une connivence, d'une similitude, d'une reconnaissance. J'étais, comme tout être vivant et doué de conscience, un individu empli de la même vie, non pas dans le registre de "mon" existence mais dans celui d'un Tout. Il n'y avait donc plus de scission entre "moi à l'intérieur" et "l'environnement".
L'erreur cruelle de la pensée occidentale est de considérer que nous vivons dans le monde au lieu de réaliser que le monde est en nous. Le monde en tant qu'énergie créatrice. Pouvais-je donc continuer à nier cette énergie créatrice en puisant en elle ce dont je n'avais pas besoin pour vivre ?
Voilà l'importance de la pensée viscérale, voilà la clé pour ouvrir la porte vers un autre monde. Il ne s'agit pas de réfléchir, de raisonner, de peser le pour et le contre, d'opposer les différentes justifications et oppositions d'un mental qui puise dans les conflits intérieurs le prétexte à son hégémonie. L'ego encapsulé est le Maître de la manipulation.
Il faut abolir la peine de mort en Soi parce que cette condamnation relève non pas seulement de l'abattage de milliards d'êtres vivants sur la planète mais également de sa propre déchéance.
Je ne peux pas me nourrir de la mort des autres puisque les autres sont emplis de la même énergie que celle que j'ai reçue. Il est donc vital que l'humanité s'extirpe de la manipulation des égos, qu'elle parvienne à taire le mental en laissant jaillir l'émotion viscérale.
Je sais que ce goût surpuissant de la vie, je l'ai découvert dans la nature, une nature la plus vierge possible, Là-Haut. Puiser dans ses ressources physiques et mentales est un acte qui dénude et c'est une fois "nu" que la conscience du Tout émerge. Il faut arracher les carapaces humaines pour entrer réellement au coeur de la vie. L'ego encapsulé est une entité en armure. Le mental est son ouvrier, il forge, façonne, modèle, reproduit, défait, recommence, s'agite constamment. Il ne supporte pas la nudité intérieure. Il a besoin d'être lourd, de traîner des chaînes et de se réjouir simultanément de sa force. Effrayant stratagème qui consiste à créer un rocher pour le pousser sur la pente et se glorifier de la puissance exercée, de l'opiniâtreté, de la volonté. Une volonté carcérale qui interdit à l'émotion viscérale de s'exprimer. Tant que la dictature de l'ego encapsulé est maintenue, l'émotion viscérale n'a aucune chance de jaillir.
Le monde, tel que nous le vivons, est un espace raisonné, une calèche ancestrale. Le mental est le cocher, l'ego encapsulé le passager, et la norme la voie toute tracée. Les véhicules ont évolué mais aucunement la raison de l'assemblage. Nous sommes dans un schéma répétitif que nous nommons "progrès".
L'émotion viscérale reviendrait désormais à prendre conscience que l'espace, de l'autre côté du fossé, est une voie de salut.
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Eric Julien et les Kogis
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/01/2022
J'ai déjà maintes fois écrit sur les Indiens Kogis. Et je continue à m'y intéresser.
Eric Julien les connaît très bien.
Et c'est passionnant.
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Assis sur un billot
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/01/2022
Aujourd'hui, j'ai fendu du bois. Un forestier du secteur me donne des ronds de bois irréguliers, ceux qu'il coupe à l'extrémité des troncs pour faire des bûches régulières. Ces ronds, il ne les vend pas, il les entasse. Je lui ai donc demandé si je pouvais les récupérer et il était ravi. Moi aussi. J'en suis à environ trois stères et comme c'est à trois cents mètres de la maison, c'est encore mieux.
Donc, j'explose ces ronds à grands coups de merlin et je les range comme si je faisais un tétris :)
Et du coup, je pense, pendant des heures, au rythme de gestes répétitifs : prendre le rond, le poser sur le billot, prendre le merlin, armer et frapper, ramasser les éclats, les mettre dans la brouette et quand la brouette est pleine, je les empile.
Quatre heures de suite. Pas besoin d'aller soulever des haltères pour entretenir les bras.
J'ai les écouteurs du MP3 sur les oreilles. J'adore les musiques de Max Richter. Elles me parlent, elles me stimulent, elle m'électrisent, elles m'apaisent, elles m'émerveillent.
Il m'arrive régulièrement de m'arrêter, je pose tout, je m'assois sur le billot, je regarde les arbres, le potager, la prairie où je suis, le ciel, les herbes, une buse dans le ciel puis je ferme les yeux. Et j'écoute vraiment, en dedans et je vois mon sang dans mon corps, le flux qui coule et le coeur qui bat, la pompe de vie, j'écoute l'énergie, sans un geste sinon celui de ma poitrine. C'est là, souvent, que les pensées prennent une direction précise, c'est dans ces moments-là qu'une exploration s'engage, un cheminement que je ne quitte plus.
Aujourd'hui est revenu "l'ego encapsulé" comme un diable sorti de sa boîte, une évidence. Je dois continuer à autopsier cette entité.
Le modèle du moi le plus commun est celui du moi individuel, séparé et distinct du monde. C'est un paradigme extrêmement puissant et tous les schémas de pensées qui en résultent conditionnent notre rapport aux autres et à la Terre. Le philosophe Alan Watts a surnommé cela "l'ego encapsulé de peau" (skin-encapsulated ego).
Ce qui est à l'intérieur de la peau est moi, ce qui est en dehors d'elle n'est pas moi.
Toutes nos expériences, nos perceptions, nos rapports, nos relations sont générées par ce paradigme et nous modelons la réalité en conséquence. Nous transformons en fait la réalité puisque nous n'en percevons que la partie inhérente à cette façon de penser et de vivre. Il est dès lors quasiment impossible dans le cadre d'une vie formatée de sortir de cette enceinte et de s'offrir de nouveaux horizons. Nous n'avons même pas conscience qu'il puisse exister une autre réalité, ou plutôt une extension de la réalité.
J'ai pris concience de cette entité lorsque je courais Là-Haut, dans les montagnes, il y a des années de cela. Mais je n'avais pas de nom à lui donner. C'était juste une intuition. C'est l'antagonisme entre les journées de travail et les journées de montagne qui mettaient en exergue cette ultime différence entre l'être social et l'être spirituel, entre le "moi" identifié, reconnu, intégré et le "Soi" innommé, inconnu et désintégré.
Le moi existe, il ne s'agit pas de le nier, c'est une réalité mais il n'est pas une entité fermée.
Elle a été fermée.
Le paradigme le plus développé a pris le pas sur toutes autres formes de perceptions. On peut bien entendu se demander ce qui a poussé l'être humain à une telle diminution de sa perception...Un égocentrisme surpuissant peut-être lié à sa fragilité originelle. Le besoin de se sauver au cœur d'une Nature insoumise. C’est là que j’entrevois les caractères ancestraux. Le goût du pouvoir sans doute également. Prendre la place du chef à la place du chef. Et le chef se doit d'être le Maître du monde pour recevoir l'adhésion du groupe. La Nature en devenant l'ennemi à dominer offrait un piédestal à ce goût du pouvoir... Juste des hypothèses bien entendu... On ne peut pas résumer une évolution aussi considérable en deux ou trois idées.
Mais ce qui est essentiel, c'est d'accepter l'idée qu'un paradigme n'est qu'une méta théorie, non pas une "méta réalité", ni encore moins le Réel. Il est donc toujours possible de changer de théorie, il suffit de changer de regard... L'intellect suivra. Et fondera une autre théorie. La théorie n'a pas d'existence propre, elle est créée par un raisonnement. Effaçons le raisonnement ou changeons-le et la théorie se transforme, rien n'est figé.
L'ego encapsulé. Une force d'inertie redoutable. Le pouvoir ne peut pas tomber de cette façon. C'est insupportable. Le chef doit résister pour préserver son statut…L'évidence avec la situation actuelle, sociale, économique et politique.
Nous sommes sans cesse, générations après générations, dans la même situation. Les scientifiques ont bien évidemment « raison » puisque toutes les preuves qu'ils ont apportées correspondaient aux recherches qu'ils menaient. On trouve ce qu'on cherche, c'est une évidence. Et puisqu'on l'a trouvé, c'est que c'était juste... Pour trouver autre chose, il faut aller chercher ailleurs. Mais là, les scientifiques courent le risque de ne pas être subventionnés, de perdre leur poste, de ne pas voir publier leurs recherches ou de ne même pas obtenir les fonds pour les mener à terme.
« Un homme passant dans une rue voit un individu affairer à chercher quelque chose au sol, sous la lumière d’un lampadaire. Il s’approche.
-Vous avez perdu quelque chose ?
-Oui, j’ai perdu mes clés de voiture. »
Il décide de l’aider mais au bout d’un moment, il s’arrête.
-Vous êtes certain de les avoir perdues ici, sous ce lampadaire ?
-Ah, non, pas du tout, je les ai perdues, là-bas, un peu plus loin mais il n’y a pas de lampadaire, c’est tout noir alors je les cherche ici… »
La science…Diffcile aujourd'hui d'en avoir une pleine confiance. A qui obéit-elle ? A qui est-elle soumise ? De qui dépend-elle ?
Les scientifiques sont-ils sous l'emprise d'un ego encapsulé ou oeuvrent-ils dans une totale liberté de conscience ? Se pose bien entendu la notion de "conflits d'intérêt"...
Comment sortir de ce moi encapsulé ? Il faut déjà en prendre conscience… Réellement et pas dans un espace intellectuel.Comment s’y prendre ?
Comment parvenir à concilier nos vies « modernes » avec un attachement à la quête spirituelle ?
Comment préserver les enfants du paradigme totalitaire ?
Comment éveiller en eux une dimension spirituelle étant donné qu’elle est la seule démarche permettant d’envisager une évolution verticale ?
L’extension de l’homme s’est faite sur un plan horizontal, environnemental. Même la démarche scientifique répond à une intention de pouvoir. L’altruisme est une utopie morte.
La démarche spirituelle propose une extension verticale à ceux qui parviendront à plonger dans leurs propres abysses.
La futilité n’est pas de mise dans cette exploration.
Mais la futilité est l’arme du pouvoir dans le monde horizontal. La futilité incite à ne rien comprendre et à s’en réjouir. Le pouvoir accorde une importance considérable au développement de la futilité. Il y met des moyens gigantesques.
Les enfants adopteront donc le paradigme de leurs parents, de leurs enseignants, de leur société. Ils n’y comprendront rien mais ils lutteront de toutes leurs forces pour le préserver. Parce qu'en eux a été insérée la domination de l'ego encapsulé.
Un héritage maudit qui viendra persuader les adultes de leur santé mentale…Nous ne sommes pas fous puisque nous sommes des milliards à fonctionner pareillement…Les fous sont dans des asiles…
Non, ils sont dehors…
La norme est une abomination qui réconforte. Une norme qui conduit l'humanité à vivre sous domination et à exercer une telle pression sur le monde vivant qu'elle en arrive à creuser sa tombe. On me dira que c'est exagéré. Evidemment puisque l'ego a forcément raison. Il serait insupportable que l'ego s'observe lui-même comme une entité néfaste.
On nous parle d'économie en oubliant que le terme contient l'idée inverse du gaspillage. Savoir économiser, ne pas gaspiller, ne pas dilapider, ne prendre que le nécessaire et si possible le restituer ou en tout cas agir de façon à ce que l'extraction ne soit pas une dévastation.
L'humanité des egos encapsulés est une armée en marche.
La nature est le lieu des combats.
Serons-nous un jour assez lucides pour cesser la guerre en nous ? Car c'est en nous que nous luttons. Entre le moi et le Soi, entre l'avoir et l'être, entre l'envie et le contentement.
Apprendre à se contenter du nécessaire vital.
Etre assis sur un billot et regarder les nuages, écouter le vent et le chant des oiseaux ou le silence de l'hiver, écouter le sang qui coule dans les veines.
Parfois, je reste assis longtemps.
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Fizakan-tena : formations pour l'autonomie
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/01/2022
Alexandre est un ami. J'ai une totale confiance dans ses compétences tout autant que dans son engagement.
Il vient de créer son site et je tenais à le présenter ici.
Les thèmes sur lesquels Alexandre travaille ont évidemment leur place sur ce blog : l'autonomie et tout ce qui en découle.
– Conseils et Formations en Autonomie énergétique et alimentaire –
Bienvenue sur Fizakan-tena !
Vous cherchez des conseils ou une formation pour atteindre l’autonomie énergétique ou alimentaire… ou bien les deux ! Alors vous êtes au bon endroit.
Si l’autonomie est séduisante de prime abord par rapport à ce que certains blogueurs ou youtubeurs peuvent montrer, en pratique, tout ceci demande un nombre très important de savoir-faire et de connaissances juridiques. Mais soyez rassurés…
… je suis là pour vous !
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Pour en savoir un peu plus…
A propos
Alexandre FARDEL-AROZARENA,
Technicien et juriste passionné par l’autonomie.
Découvrez-moi en cliquant ici. -
Pillage des forêts
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/01/2022
D'après les gens du secteur, il n'y a jamais eu autant de coupes rases dans les forêts de la Creuse et de la Corrèze. Un désastre absolu. Des terrains ravagés. Et on pourrait parler de l'absence totale de remise en état.
Alors quand le président, les ministres et autres grands décideurs du GVT, celui-ci comme les précédents, se mettent à parler de leur attention envers la biodiversité, la nature, le climat etc etc, j'ai juste envie de leur coller deux baffes, un bel aller-retour avec de l'élan.
« Nous avons financé le reboisement des forêts françaises pour se faire piller par l’étranger »
« On s’estime complètement délaissés par les gestionnaires de forêt, qu’ils soient publics ou privés. Comme toutes les autres, notre scierie a contribué via cette taxation au reboisement et à l’entretien des massifs forestiers. Cela a permis de reboiser le Morvan et le Vercors avec succès, qui sont actuellement totalement dépouillés par l’étranger, tandis que nous sommes obligés de fermer pour au moins un an. Nous sommes très inquiets pour l’avenir des forêts françaises. » confie Fabrice Foulon pour La Relève et La Peste
6 janvier 2022 - Laurie Debove
Générations, notre nouveau livre qui marque dans le temps l’esprit d’une génération qui se bat pour préserver notre monde
- Thème : Changements climatiques, répression policière, inégalités, agroécologie, politique, féminisme, nature…
- Format : 290 pages
- Impression : France
Après plus d’un siècle d’existence, la scierie familiale française Foulon a fermé le 31 décembre 2021. En cause : l’appétit gargantuesque d’acheteurs étrangers, Chine et Etats-Unis en tête, et l’apathie des pouvoirs publics français et européens qui permettent tout au nom du libre-échange, malgré les menaces que fait peser la situation sur la filière bois et les forêts françaises. Deux ans après l’aggravation du phénomène, les acteurs français continuent de lancer l’alerte auprès des décideurs.
Le siphonnage du bois français à l’international
Avec 17 millions d’hectares de forêt, couvrant 31% du territoire, la France est à la tête de la 3ème plus grande surface forestière d’Europe. La forêt française est composée aux deux tiers de feuillus répartis sur le territoire, mais aussi de 3,2 millions d’ha de résineux et 1,8 Mha de zones mixtes. La France reste le pays du chêne par excellence avec 5,5 Mha soit 41 % de sa surface forestière.
La France est ainsi le 3e producteur mondial de chêne et le premier en Europe.
2021 a été une année record pour l’export de bois français non transformé, appelé grumes, avec plus de 30% de la récolte de chêne ayant quitté le sol français sans aucune transformation ni valeur ajoutée. Même situation pour les résineux, avec 276 499 m3 de résineux français parti en Chine directement de la forêt française sans aucune transformation, soit + 66% par rapport à 2020.
Si cette situation n’est pas nouvelle, elle a été aggravée par plusieurs facteurs depuis le début de la crise Covid. Ainsi, la Russie, grand producteur de chêne, a décidé de stopper ses exportations vers l’Asie, tandis que la Chine a imposé un moratoire pour protéger ses forêts durant 100 ans, devenant dépendante des approvisionnements extérieurs. Un arbre sur trois coupé en France part désormais en Chine.
Enfin, la vague d’ouragans et d’incendies qui a frappé les Etats-Unis en 2020 a généré une demande exceptionnelle en bois. Les importations du Canada ayant été surtaxées par Donald Trump il y a trois ans, les acheteurs américains se sont alors tournés vers les Européens et participent à la surenchère des prix du bois.
Résultat, 90% des scieries françaises de chênes n’ont plus assez de moyens pour assurer leurs besoins annuels en bois, mettant en péril la filière en France.
Parmi ces acteurs rudement éprouvés, Fabrice Foulon, 35 ans, a été contraint de fermer la scierie familiale créée en 1910 dans le Pas-de-Calais. La scierie a vu la hêtraie historique devenir une forêt de résineux, plus résistants. Depuis sa création, elle choisit de travailler du bois noble, non-traité, pour éviter les substances toxiques et cancérigènes. Au plus fort de leur activité, ils étaient une quarantaine d’employés dans les années 1950, contre seulement deux aujourd’hui.
« Depuis 5 ans, la pression s’est accentuée de manière intense sur les scieries françaises. C’est devenu une horreur depuis la fin du premier confinement car le phénomène s’est accentué, les scieries françaises ne sont même plus consultées lors des coupes de bois. Nous sommes incapables de trouver du pin douglas actuellement car les coupes partent directement aux chinois. Lors d’un weekend début novembre dans la Loire, j’ai été halluciné de voir des forêts de chênes autrefois monstrueuses, plantées dans les années 1500 grâce à François Ier pour la marine navale et la construction, ayant drastiquement diminuées et continuant d’être siphonnées. Cela rejoint le souci qu’on a rencontré lorsque Notre-Dame de Paris a brûlé, les chênes actuels sont sans commune mesure avec la majestuosité des arbres de l’époque. » témoigne Fabrice Foulon pour La Relève et La Peste
En cessant d’exploiter ses forêts, la Chine a mis les bouchées doubles pour combler sa propre demande. Elle envoie des containers par centaines qui sont remplis par du bois français non transformé, puis directement renvoyés dans le pays.
« Toutes les essences d’arbres sont touchées par la situation. Il y a aussi beaucoup d’export de résineux. Le million de mètre cubes exporté en un an a été dépassé. C’est une hérésie totale d’un point de vue écologique : si on exporte, mieux vaut exporter des produits finis que des produits bruts. Il faut 3 containers pour des grumes contre 1 seul container pour des sciages sur la même quantité d’arbres, et 3 containers de sciages pour 1 seul de parquet. C’est un gâchis écologique total. » détaille Nicolas Douzain, porte-parole de la FNB, pour La Relève et La Peste
Crédit : Canopée Forêts Vivantes
L’apathie des pouvoirs publics
Le cas de la Scierie Foulon est représentatif de l’ensemble de la filière. En milieu d’année 2021, une pétition lancée par la FNB, la fédération nationale du bois, demandait que les grumes de chêne ne soient plus exportés massivement. Malgré un succès énorme au sein de l’opinion publique et des médias, elle n’a pas été suivie d’effets par les pouvoirs publics.
« La pétition a eu un retentissement beaucoup plus fort qu’on ne l’imaginait car elle a fait le tour de l’Europe. Des pays de l’Est se l’ont approprié et l’ont développé : Pologne, Allemagne, Pays-Bas. Elle a atterri sur la table de la Commission Européenne, en mesure d’imposer des restrictions sur les exportations de grumes. Seulement, la Commission Européenne n’est pas encline à faire quoi que ce soit par dogmatisme. Les équipes de la CE ont un logiciel du libre-échange bien ancré qu’ils ne souhaitent pas remettre en cause, mais il ne faut pas être le dindon de la farce. On détient une ressource rare dans le monde, un chêne de qualité supérieure qui représente 70% de la production européenne. Ce n’est pas une essence répandue dans tous les pays du monde, mais un produit de luxe. La France a demandé le déclenchement d’une clause de sauvegarde auprès de l’UE mais il ne s’est rien passé : la France n’a pas le pouvoir de légiférer elle-même sans feu vert de l’UE. » explique Nicolas Douzain, porte-parole de la FNB, pour La Relève et La Peste
En 2015, l’Etat français a tout de même mis en place un Label UE garantissant une première transformation en Europe pour le bois issu des forêts publiques. Les arbres issus des forêts publiques (domaniales et communales) ne sont donc pas exportés bruts en Chine.
Cependant, 75% de la forêt française appartient à des propriétaires privés, qui restent libres de vendre leur bois au plus offrant.
« On souhaite que les aides financières de l’Etat soient conditionnées par l’engagement dans ce label. L’idée fait son chemin mais n’est pas encore mise en place. C’est la seule solution opérationnelle dont dispose l’Etat français, d’autant plus qu’avec le plan de relance beaucoup d’argent a été fléché pour la forêt, et c’est dans l’intérêt de la nation. » détaille Nicolas Douzain, porte-parole de la FNB, pour La Relève et La Peste
Si les coopératives forestières ont largement bénéficié des 150 millions d’euros du plan de relance, la situation est plutôt inversée pour les scieries de l’Hexagone. Elles ont contribué au reboisement des forêts françaises pendant des décennies en finançant le Fonds Forestier National avec une taxe sur le bois de 4,7%, mis en place par le Comité de la Libération au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale.
« On s’estime complètement délaissés par les gestionnaires de forêt, qu’ils soient publics ou privés. Comme toutes les autres, notre scierie a contribué via cette taxation au reboisement et à l’entretien des massifs forestiers. Cela a permis de reboiser le Morvan et le Vercors avec succès, qui sont actuellement totalement dépouillés par l’étranger, tandis que nous sommes obligés de fermer pour au moins un an. Nous sommes très inquiets pour l’avenir des forêts françaises. » confie Fabrice Foulon pour La Relève et La Peste
Peuplier majestueux transformé par la Scierie Foulon dans les années 1980 – Crédit : Scierie Foulon
La demande n’est pas nouvelle : dès 2017, la FNB sonnait déjà l’alarme et appelait à relocaliser la transformation des bois français et en particulier du chêne en France. Aujourd’hui, la crise est plus forte que jamais. Les ventes d’automne ont été ratées car l’approvisionnement des scieries françaises n’a pas pu se faire en raison de la hausse des prix engendrée par les acheteurs étrangers.
« On est au plus fort de la crise, et cela dépasse la FNB et les scieries. Bientôt, l’approvisionnement d’autres professions sera compliqué : menuisiers, fabricants de cercueils et de traverses, etc. La crise du chêne n’est plus conjoncturelle mais structurelle et cela va avoir d’autres impacts : au départ les prix montent et après il n’y a plus de livraison. Même la Roumanie a interdit l’exportation de ses grumes. » appuie Nicolas Douzain, porte-parole de la FNB, pour La Relève et La Peste
Lire aussi : Ce ne sont pas les forêts qui meurent, mais surtout des plantations d’arbres
Or, le libre-échange débridé n’est pas la seule menace qui pèse sur les forêts françaises.
Le changement climatique va dix fois plus vite que l’adaptation naturelle des forêts.
Pour y pallier, les coopératives forestières privilégient la plantation de résineux plutôt que la régénération naturelle. Neuf plants sur dix sont aujourd’hui des résineux ou des peupliers de culture selon l’Institut géographique national (IGN). Hélas, ces monocultures d’arbres sont plus fragiles face aux ravageurs, maladies et au changement climatique. L’avenir des forêts françaises est donc bien incertain.
« Il faut une remise en question profonde de la gestion des forêts en France, dans les niveaux les plus hauts de l’Etat. Aujourd’hui, nous sommes obligés de fermer, mais je retire des choses extrêmement épanouissantes de mon métier. Ma plus grande fierté, c’est de dire que j’ai des clients qui sont éduqués au bois et à sa vraie valeur. » conclut Fabrice Foulon
Crédit photo couv : Arbres abattus à Fontainebleau, 17/06/2021 – Delphine Lefebvre / Hans Lucas via AFP
Pour aller plus loin : Les garde-forestiers se mobilisent contre la marchandisation des forêts françaises
6 janvier 2022 - Laurie
-
Pétition anti pass.
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/01/2022
Est-ce que les instigateurs de cette pétition sont des inconscients qui ne méritent plus d'être citoyens ?
Est-ce que les signataires sont des demeurés qui ne comprennent rien ?
Sortons du pass et de l’impasse sanitaire
Francois ALLA a lancé cette pétition adressée à Pouvoirs publics
Sortons du « pass » et de l’impasse sanitaire : exigeons une véritable politique de santé publique fondée sur les preuves.
(English version bellow)
Initiateurs : Barbara Stiegler, François Alla, au nom d’un collectif de soignants, de chercheurs en santé, d’élus et de citoyens, premiers signataires*
MAJ du 7/01/22 :
Nous avons décidé de ne pas actualiser le texte original par respect pour ses signataires, mais de rajouter un chapeau montrant que nous avions (malheureusement) vu juste et que nos messages sont plus que jamais d’actualité.
Barbara Stiegler, François Alla
Avec la transformation du pass sanitaire en pass vaccinal cette pétition reste plus que jamais d’actualité. Nous vous encourageons à continuer à la signer et à la diffuser.
Nous avons publié cette tribune, également parue dans le journal Libération, le 6 août dernier. Depuis, ce que nous écrivions s’est malheureusement confirmé.
Nous écrivions que le pass sanitaire était une obligation vaccinale déguisée, cela a depuis été très clairement avoué par le gouvernement.
Nous écrivions que la contagiosité des vaccinés reste élevée, que la sécurité n’était ainsi pas assurée dans les lieux soumis à pass. Cela a été largement confirmé depuis (ex: 75% des personnes PCR+ symptomatiques sont des personnes vaccinées/Drees).
Nous nous inquiétions de la vaccination massive des adolescents en bonne santé avec peu de données à l’époque sur le rapport bénéfice-risque pour cette population. Depuis le risque de myocardite a été confirmé et sa prise en compte a modifié les conditions d’utilisation des vaccins chez les moins de 30 ans (HAS novembre 2021). Il est pour le moins dommage que cette modification soit survenue après la campagne massive de vaccination et pas avant… alors que les données existaient.
Nous écrivions que le pass entraînait une vaccination tous azimuts, qui « arrose » les moins à risque et qui laisse de côté les plus vulnérables, les plus à risques de formes graves, en particulier les personnes âgées. Cela s’est depuis confirmé : la couverture vaccinale a très fortement augmenté chez les plus jeunes suite à la mise en place du pass, mais la France reste dernière en Europe de l’Ouest pour la couverture vaccinale des personnes les plus âgées (ECDC). Les non vaccinés sont les personnes les plus vulnérables de par leur âge, leur lieu d’habitation, leur niveau socio-économique.
Ce que l’on sait aujourd’hui de l’efficacité du vaccin avec le variant omicron renforce encore ce que nous indiquions : il est malheureusement illusoire d’espérer atteindre une immunité collective par la vaccination. Le vaccin présente un intérêt certain pour diminuer le risque de formes graves, entraînant hospitalisation, admission en soins intensifs, décès. Si l’on respecte la loi du 4 mars 2002 « relative aux droits des malades », il relève donc d’un choix individuel dans le cadre d’une information éclairée. L’enjeu ne peut plus être de vacciner tout le monde mais de s’assurer que les personnes les plus à risque de formes graves soient vaccinées. Or, l’annonce du pass vaccinal a eu l’effet inverse, retardant l’accès à la vaccination pour ceux qui en avaient le plus besoin, avec dans certains territoires des délais de plusieurs semaines pour un rendez-vous.
Enfin, les dernières prises de parole du président de la République sont plus que choquantes, ajoutant l’insulte à la stigmatisation. Non Monsieur le Président, ne pas avoir accès à internet, vivre éloigné du système de santé et des centres de vaccination, être au chômage, être en situation de précarité économique, ou avoir des inquiétudes et des questions légitimes sur le bénéfice / risque individuel et collectif d’un produit de santé… ne font pas des personnes non vaccinés ou en retard de leur dernier « booster » des non citoyens. Notre devoir est de mobiliser tous les moyens à notre disposition pour aller vers ces publics et s’occuper de leur santé, et pas d’en faire des boucs émissaires des échecs de la politique dite sanitaire.
Alors que nous nous apprêtons à célébrer les 20 ans de la loi Kouchner relative au droits des patients et à la démocratie sanitaire, nous renouvelons donc notre conclusion de l’été dernier : « au lieu de l’autoritarisme et de la panique, (nous proposons) le déploiement d’une véritable politique de santé, qui mobilise les données scientifiques et qui favorise l’implication des citoyennes et citoyens. ».
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Tribune publiée dans sa version courte dans Libération : https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/sortons-du-pass-et-de-limpasse-sanitaire-20210804_VDDY3DSABFH5JLL4BBKXWFQP6U/
Nous soignants, acteurs et chercheurs en santé, nous parlementaires et élus, nous citoyens, appelons au retrait du « pass sanitaire » car il transgresse les principes fondamentaux de l’éthique biomédicale et du droit des personnes. Il fracture en outre le corps social en deux camps qu’il rend ennemis. En cela, il ignore les principes de santé publique. En cela, il n’a rien de « sanitaire » puisqu’il risque plutôt de nous conduire à une impasse en creusant encore davantage les inégalités et laissant les personnes les plus vulnérables à la fois sans protection face au virus et sans voix pour exprimer leurs doutes ou leurs inquiétudes. En réalité, il existe une autre option qui jusqu’ici n’a pas été prise : déployer une véritable politique de santé de proximité, dont la vaccination est un des outils indispensables, mais qui ne peut en aucun cas être présentée comme la panacée universelle qu’il faudrait imposer à toutes et tous.
Les vaccins contre le covid-19 ont fait la preuve de leur efficacité pour la plupart des personnes vulnérables (personnes âgées et/ou avec des comorbidités) [1]. La priorité est donc d’aller vers ces personnes. Mais en laissant chaque individu face à des applications numériques improvisées, en retirant l’acte de la vaccination aux médecins et professionnels de proximité, en évinçant l’expertise de santé publique dès le début de la crise[2][3], et en confiant (à prix d’or) la réflexion sur la stratégie et la logistique à des cabinets de conseil tout en sous-finançant la recherche publique[4], on ne s’est pas suffisamment donné les moyens d’« aller vers » les plus concernés. On ne s’est pas plus donné les moyens d’entendre les questions et les doutes des personnes, comme l’exige le « consentement libre et éclairé » inhérent à tout acte de soin, accroissant sans doute la méfiance actuelle des hésitants vaccinaux. Résultat : la France est la lanterne rouge de l’Europe de l’Ouest pour la vaccination des plus âgés[5].
Dépassé, le gouvernement choisit d’imposer une vaccination tous azimuts en faisant montre d’autorité, qui laisse de côté les éternels oubliés et arrose le reste de la population. Ainsi le vaccin est érigé en remède miracle pour pallier l’absence de stratégie de santé publique. Celle-ci appelerait au contraire une priorisation, un accompagnement et l’association des populations aux décisions qui les concernent[6], comme l’atteste le succès des initiatives locales portées notamment par des professionnels de santé, des associations, des collectivités territoriales[7].
On se retrouve ainsi avec des millions de personnes à faible risque vaccinées et des millions de personnes fragilisées sans protection vaccinale. Or sur ces derniers, le chantage au QR code est souvent inopérant : brandir la carotte du TGV, du théâtre ou du restaurant, est un raisonnement de classe favorisée, inadapté pour beaucoup de publics âgés, précaires, marginalisés. La question des inégalités a, comme toujours, été oubliée dès le départ[8]. Toucher ces populations suppose de formuler et déployer une vaccination mobilisant du temps humain, sans barrière d’accessibilité et dont les enjeux sont compris. Bref, c’est faire tout le contraire de ce que propose le gouvernement, un cocktail de technologisme, de stigmatisation des « récalcitrants »[9], de répression et d’abandon des publics qui sont à la fois les plus fragiles face au virus et les moins vaccinés[10].
Au lieu de cela, le « pass sanitaire » soumet, sans sommation, ces publics ainsi que les enfants et les jeunes, déjà durement éprouvés par les confinements successifs, à une logique de chantage et de punition[11], les obligeant à trouver « vite leur dose » (souvent introuvable) s’ils veulent avoir le droit de continuer à vivre normalement voire de garder leur emploi ou d’accéder à l’éducation. Ceci est d’autant plus déroutant qu’il n’est à ce jour pas prouvé que la vaccination massive des populations jeunes en bonne santé soit une bonne stratégie. Il s’agit plutôt d’un pari[12]: celui de faire baisser la circulation virale pour protéger les non-vaccinés et éviter la multiplication des variants, pari que les dernières données israéliennes et américaines sont en train de remettre en cause puisque la contagiosité des vaccinés reste élevée, ce qui pourrait contribuer à expliquer les récents clusters en France au sein de lieux dont l’accès est pourtant soumis au pass sanitaire. Par ailleurs, les vaccins n’ont pas, au vu des données disponibles à ce jour, démontré une balance bénéfice / risque favorable en termes individuel chez les adolescents en bonne santé. Des effets indésirables ont été déclarés dans plusieurs pays, notamment des myocardites, inflammation du muscle cardiaque, dont l’incidence et les effets à long terme restent à déterminer. Or, du point de vue de l’éthique, un bénéfice collectif, lui-même hypothétique, ne constitue pas à lui seul un motif suffisant[13]. Enfin, rappelons de plus, que parce que les vaccins ne bénéficient pour l’heure que d’une autorisation de mise sur le marché temporaire, aucun gouvernement ne peut prendre le risque juridique de rendre ces nouveaux vaccins obligatoires. Par le « pass sanitaire », qui conduit à une obligation déguisée, le gouvernement français en réalité déplace une responsabilité qu’il se garde bien d’assurer lui-même en particulier sur les parents[14].
Une vraie stratégie de santé publique serait de laisser vivre les jeunes et de mobiliser tous les moyens en direction des publics vulnérables. C’est ce que l’on appelle une approche proportionnée aux besoins. Il faut associer à cela des mesures de réduction des risques, en particulier pour limiter les contaminations en lieu clos[15]. Le tout vaccination oublie en effet toutes ces stratégies qui permettent de vivre en diminuant le risque pour soi et pour les autres.
La réponse ne peut enfin pas être exclusivement nationale. Nous affrontons une pandémie qui nécessite une réponse mondiale. Les inégalités dans l'accès aux vaccins aboutissent à ce que moins de 2 % des personnes en Afrique soient aujourd'hui vaccinées. Refuser l’accès d’une immense partie de la population mondiale à toutes les armes pour lutter contre cette pandémie est non seulement non éthique, c’est une ineptie d’un point de vue sanitaire. Pour répondre à cette crise, il faut notamment renforcer les capacités de production au niveau mondial, lever les barrières associées aux brevets, et favoriser les transferts de technologies [16].
En conclusion, ce « pass sanitaire » crée un précédent qui pourra être invoqué à chaque crise écologique ou sanitaire. Des milliers de manifestants se dressent contre ces mesures. Ces protestations sont trop souvent réduites dans les médias au seul discours d’antivax, de complotistes, ou d’extrême-droite, qui n'ont jamais été du côté des libertés ni de la santé publique. Veillons à ce que l’arbre ne cache pas la forêt. Nous appelons tous les médias éclairés et les mouvements collectifs (partis, syndicats, ligues, associations) à s’opposer au « pass sanitaire » et à demander de toute urgence la mise en oeuvre d’une autre option : au lieu del’autoritarisme et de la panique, le déploiement d’une véritable politique de santé, qui mobilise les données scientifiques et qui favorise l’implication des citoyennes et citoyens.* Premiers signataires :
• François Alla, professeur de santé publique, Université de Bordeaux, Chef du service de prévention, CHU de Bordeaux
• Gaëlle Baudin, éducatrice spécialisée, Gironde
• François-Xavier Bellamy, député européen Les Républicains et professeur de philosophie
• Henri Bergeron, sociologue, directeur de recherche CNRS, Centre de sociologie des organisations, Sciences Po, Paris
• Anne Bernard, psychologue clinicienne, secteur médico-social, Gironde
• Olivier Borraz, sociologue, directeur de recherche CNRS, directeur du Centre de sociologie des organisations, Sciences Po, Paris
• Linda Cambon, enseignante-chercheuse en santé publique, Université de Bordeaux
• Patrick Castel, sociologue, Directeur de recherche de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, Centre de sociologie des organisations, Sciences Po, Paris
• Marie-Claude Decouard, infirmière anesthésiste, cadre de santé formatrice, membre du comité d’éthique du CHU de Bordeaux
• Stéphane Gomot, juriste, conseiller municipal et métropolitain de Bordeaux, membre de Génération.s.
• Sébastien Jumel, Député, groupe parlementaire Parti Communiste Français
• Loïc Hervé, Sénateur de la Haute-Savoie, secrétaire du Sénat, membre du groupe Union centriste
• Bastien Lachaud, Député, groupe parlementaire La France insoumise
• Harmonie Lecerf, juriste, conseillère municipale de la mairie de Bordeaux, Europe-Ecologie-Les-Verts
• Pauline Londeix, co-fondatrice de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament
• Jérôme Martin, co-fondateur de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament
• Patricia Martin, infirmière coordinatrice de soins, Gironde
• Olivier Mollier, neurochirurgien, praticien hospitalier, CHU de Bordeaux, membre du comité d’Ethique du CHU
• Etienne Nouguez, sociologue, chargé de recherche CNRS, Centre de sociologie des organisations, Sciences Po, Paris
• Valery Ridde, directeur de recherche, Institut de recherche pour le développement, Centre population et développement, Paris et Dakar
• Céline Robert, psychomotricienne, Formatrice conférencière enfance et parentalités, Bordeaux
• François Ruffin, Député, groupe parlementaire La France Insoumise
• Barbara Stiegler, professeur de philosophie politique et d’éthique médicale, Université de Bordeaux Montaigne, membre du conseil de surveillance de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle Aquitaine
• Cyril Tarquinio, professeur de psychologie clinique, directeur du centre Pierre Janet, Université de Lorraine
• Laurent Thines, neurochirurgien, CHU de Besançon, université de Franche-Comté
• Stéphane Velut, chef du service de neurochirurgie, CHU de Tours
Références :
[1] 93% des décès concernaient des personnes de plus de 75 ans et/ou avec comorbidités, https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/348002/document_file/COVID19-PE_20210527_signets.pdf
[2] Bergeron, H., Borraz, O., Castel, P., Dedieu, F. (2020). Covid-19 : une crise organisationnelle. Paris: Presses de Sciences Po.
[3] Cambon L, Bergeron H, Castel P, Ridde V, Alla F. When the worldwide response to the COVID-19 pandemic is done without health promotion. Glob Health Promot. 2021 Jun;28(2):3-6.
[4] https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-financement-de-la-recherche-publique-dans-la-lutte-contre-la-pandemie-de-covid-19
[5] notamment seulement 82% de personnes de plus de 80 ans ont reçu au moins une dose vaccinale en France au 28 juillet 2021, contre 100% au Danemark, en Irlande, au Portugal, en Espagne. https://qap.ecdc.europa.eu/public/extensions/COVID-19/vaccine-tracker.html#age-group-tab
[6] https://theconversation.com/comment-convaincre-les-francais-de-se-faire-vacciner-contre-la-covid-19-151736
[7] https://www.fabrique-territoires-sante.org/sites/default/files/cp_fts_espt_avril_2020.pdf
[8] Mathevet I, Ost K, Traverson L, Zinszer K, Ridde V. Accounting for health inequities in the design of contact tracing interventions: A rapid review. Int J Infect Dis. 2021 May;106:65-70.
[9] Le président de la République a récemment dénoncé « l’irresponsabilité et l’égoïsme » des non vaccinés
[10] https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/25/covid-19-en-france-une-triple-fracture-vaccinale_6089451_3244.html
[11] «Dans le secondaire, seuls les élèves non vaccinés seront évincés et devront suivre l’enseignement à distance» d’après le ministre de l’éducation nationale (28/07/2021)
[12] Paul E, Brown GW, Kalk A, Ridde V. Playing vaccine roulette: Why the current strategy of staking everything on Covid-19 vaccines is a high-stakes wager. Vaccine. 2021 Jul 20:S0264-410X(21)00923-3.
[13] https://www.ccne-ethique.fr/fr/actualites/enjeux-ethiques-relatifs-la-vaccination-contre-la-covid-19-des-enfants-et-des-adolescents
[14] https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/190721/extension-du-passe-sanitaire-aux-enfants-des-chercheurs-et-des-professionnels-de-sante
[15] https://theconversation.com/debat-est-il-temps-de-changer-de-strategie-face-au-covid-158999
[16] https://www.medecinsdumonde.org/fr/actualites/france/2021/08/04/contre-le-pass-sanitaire-tant-que-chacun-naura-pas-un-acces-effectif-la-vaccination