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  • Semer la désobéissance

    Désobéissance : un collectif sauve les semences des Alpes Maritimes

     

    « Ce qui intéresse le gouvernement, c’est de contrôler le marché capitaliste global qui fonctionne sans contact humain. Nous on fonctionne en collectif qui se donne les semences de main à main. On prône la désobéissance s’il le faut. C’est pour nous un droit fondamental de vivre en symbiose avec la Nature, d’accompagner le vivant et d’évoluer avec lui. Ce droit va bien au-delà de toutes les lois capitalistes qui cherchent à privatiser le vivant. » conclut Maxime, fondateur et coordinateur de la MSPM, pour La Relève et La Peste

    24 juin 2019 - Laurie Debove

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    Face à l’accaparement du vivant par de grands groupes privés, un collectif de paysans, jardiniers, chercheurs et chefs-cuisiniers s’est regroupé pour constituer la « Maison des Semences Paysannes Maralpines ». Ensemble, ils récupèrent, cultivent et diffusent les semences paysannes de la bio-région des Alpes-Maritimes.

    Préserver un patrimoine local, vivant et gustatif

    Lancé officiellement depuis septembre 2018, la Maison des Semences Paysannes Maralpines (MSPM) réunit une cinquantaine de personnes : paysans, jardiniers, chefs cuisiniers, ou distributeurs comme 21 paysans, un petit magasin de producteurs.

    Porté par l’association SOL, qui milite pour des alternatives agroécologiques et solidaires, la Maison des Semences Paysannes Maralpines les collecte, redistribue et propage les savoirs nécessaires pour les cultiver et les multiplier. Maxime, oléiculteur, co-fondateur et coordinateur de la MSPM, sillonne régulièrement les Alpes-Maritimes pour préserver le patrimoine territorial et proposer des fruits et légumes issus de semences paysannes, avec une meilleure qualité nutritive.

    « Lundi dernier, j’étais avec une mamie de 80 ans qui me donnait des graines de l’oignon rose doux de Menton. Elle est issue de 4 générations de paysans, et c’était incroyable de voir son savoir-faire, comment sa famille a obtenu un oignon bien plus vigoureux et résistant aux maladies, bien plus productif que tous ceux qu’on peut trouver sur le marché, mais seulement pour le territoire et le climat du coin. Elle a pris 3 heures pour m’expliquer tout son processus : l’ensemble du parcours agronomique, la sélection et multiplication des semences, mais aussi comment on le cuisine. Son grand-père l’a sélectionné pour que ce soit un oignon doux qu’on puisse manger cru. C’est le patrimoine immatériel qui va avec le patrimoine matériel génétique de cette semence. »  raconte Maxime, fondateur et coordinateur de la MSPM, à La Relève et La Peste

    La MSPM veut développer les semences paysannes dans tout leur parcours, de la graine à l’assiette. Ainsi, un agriculteur a fait appel au collectif pour retrouver la semence du poivron carré de Nice. Après un an et demi de recherches, la MSPM a retrouvé une souche locale. Ce poivron typique a été développé exprès pour faire les petits farcis, une spécialité gastronomique locale. Pour la MSPM, il s’agit de valoriser toute la graine dans son contexte culinaire, historique, gustatif, géographique… tout en s’assurant qu’elle soit productive pour trouver sa place dans le système alimentaire actuel.

    La sélection paysanne

    Tomate prune de Nice, mascarade de Breil sur Roya (haricot), pelandron (haricot vert), chou-brocoli de Nice, lagramua (haricot), et de nombreuses courges comme la longue de Nice ou la courge de Moulinet sont autant de variétés qui ont été réparties parmi les paysan.ne.s du collectif. Pour cette première année, une vingtaine de paysan.ne.s a recueilli deux variétés différentes pour réapprendre à les connaître et les cultiver, et faire des graines en quantité de qualité professionnelle.

    « L’industrie semencière, avec la technique dite des hybrides F1, choisit des plantes adaptées à l’agriculture mécanisée, aux intrants chimiques et aux longs transports pour la distribution, au détriment de leur valeur nutritive et gustative. Surtout, les paysan.ne.s deviennent complètement dépendants des semenciers et du catalogue du GNIS. Cette méthode seulement réalisable en laboratoire, et complètement hors-sol, enlève au paysan l’autonomie et la possibilité de faire lui-même ses propres semences. A la MSPM, on utilise des techniques de sélection à la portée du paysan et du cultivateur. »explique Maxime, fondateur et coordinateur de la MSPM, à La Relève et La Peste

    En réalisant leurs propres semences, les paysan.ne.s peuvent bénéficier d’un modèle économique plus rentable. Ils ne dépensent pas d’argent pour acheter des semences à l’extérieur et cultivent des variétés adaptées aux conditions climatiques locales et à leurs sols, qui sont tout aussi productives que des semences développées en laboratoire.

    « On va approcher les Biocoop, des structures un peu plus grandes de distribution, mais on attend d’être prêts, d’avoir la quantité suffisante pour les approvisionner. Au lieu de dire « on arrête les choux hybrides », on propose directement un chou paysan avec une meilleure qualité nutritive, qui rémunère bien le paysan, tout en restant financièrement accessible. » détaille Maxime, fondateur et coordinateur de la MSPM, à La Relève et La Peste

    La désobéissance par les semences

    La Maison des Semences des Alpes Maritimes s’inscrit dans la lutte contre l’accaparement du vivant par de grands groupes privés. Mis en avant par le dernier numéro de Cash Investigationla législation française interdit toujours de donner, échanger ou vendre une semence de variété non-inscrite au catalogue officiel des semences à une personne qui en fera un usage commercial. Et c’est cette dernière subtilité sur laquelle joue la MSPM, ainsi qu’avec d’autres fenêtres législatives.

    En effet, rien n’interdit aux agriculteurs de sélectionner et de multiplier eux-mêmes leurs semences de variétés non-inscrites au catalogue, de les cultiver et de vendre les récoltes qui en sont issues.

    « Avec l’entraide agricole, légiféré dans un article du code rural, un paysan peut échanger un service avec un autre paysan, comme des semences contre un coup de main à la ferme. De la même façon, si je donne des semences à un paysan avec un certificat pour faire de la recherche, là c’est autorisé même si elles ne sont pas inscrites au catalogue. Et dès que j’ai donné les semences à un paysan qui les multiplie, l’année d’après elles deviennent ses graines qu’il aura produites lui-même. Et il pourra donc les utiliser comme il veut. » sourit Maxime, fondateur et coordinateur de la MSPM, à La Relève et La Peste

    A la MSPM, la chercheuse du GRAB Chloé Gaspari travaille ainsi sur la reproduction technique des semences, et accompagne les membres du collectif dans la sélection participative en proposant des critères qui correspondent à l’ensemble des acteurs la chaîne alimentaire. L’agronome Clémentine Antier travaille sur les aspects sociologiques et les freins à l’utilisation des semences paysannes par les paysans, pour changer de paradigme de façon plus globale et ne pas s’adresser aux seuls militants.

    « Ce qui intéresse le gouvernement, c’est de contrôler le marché capitaliste global qui fonctionne sans contact humain. Nous on fonctionne en collectif qui se donne les semences de main à main. On prône la désobéissance s’il le faut. C’est pour nous un droit fondamental de vivre en symbiose avec la Nature, d’accompagner le vivant et d’évoluer avec lui. Ce droit va bien au-delà de toutes les lois capitalistes qui cherchent à privatiser le vivant. » conclut Maxime, fondateur et coordinateur de la MSPM, pour La Relève et La Peste

    24 juin 2019 - Laurie Debove

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    Désobéissance : un collectif sauve les semences des Alpes Maritimes

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    Manifeste - Numéro 3Écrit par Hélène De Vestele , « L’urgence de la cohérence » est notre troisième manifeste. Le "Zéro Déchet" est ici vu comme une arme d’amélioration massive. Ce nouveau manifeste ne vous apprend pas à trier vos déchets... Il ne s’agit pas de faire un peu moins pire, il s’agit de bien faire. Nous devons radicalement changer pour construire un avenir meilleur. Hélène De Vestele vous emmène dans les coulisses du Zéro Déchet.

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  • Le pergélisol

    De quoi pourrais-je avoir envie de parler ici quand je lis l'ensemble des données scientifiques sur les années à venir ? 

    De rien. 

    Ni de mes romans, ni de philosophie ou de spiritualité.


    Plus rien n'a d'importance, en dehors de ces faits. 

    Je vais partir à la retraite dans deux semaines.

    L'objectif sera de trouver un lieu plus favorable pour traverser au mieux les prochaines années. 

    Juste ça.

     

    Le pergélisol, ces immenses étendues de terres gelées, ont déjà fondu dans une région canadienne observée par des chercheurs, qui pensaient jusque là que la glace y tiendrait encore jusqu’en… 2090. Une accélération inquiétante d’un processus lui-même susceptible de relâcher énormément de gaz à effet de serre et d’accélérer encore le réchauffement.

    « Ce que nous avons vu était incroyable. » En se confiant à l’agence Reuters, les chercheurs n’en revenaient toujours pas. Une équipe de l’université de l’Alaska de Fairbanks qui a étudié le sol gelé de l’Arctique canadien entre 2003 et 2016 s’attendait à ce que le réchauffement climatique fasse fondre la zone d’ici 2090. Lors de leur dernier passage, ils n’ont pu que constater que la fonte avait déjà eu lieu.

    « C’est une indication que le climat est maintenant plus chaud qu’à n’importe quel moment au cours des derniers 5 000 ans ou plus », explique à Reuters Vladimir E. Romanovsky, professeur de géophysique et co-auteur de l’étude qui rapporte cette évolution, publiée le 10 juin dans la revue Geophysical Research Letters. Les chercheurs s’étaient pourtant basés sur les données du GIEC et leur scénario « modéré » (RCP 4.5) pour calculer que les températures censées faire fondre le terrain ne seraient atteintes que dans plus de 70 ans.

    Jusqu’à 600 000 km2 vulnérables

    Ces terres gelées en permanence sont ce qu’on appelle le pergélisol, ou permafrost. Autour du cercle polaire, ils recouvrent une surface considérable, jusqu’à 25 % des terres émergées de l’hémisphère nord. Et ce pergélisol inquiète les climatologues : en dégelant, il pourrait libérer d’énormes quantités de gaz à effet de serre, du carbone mais aussi du protoxyde d’azote, à l’effet dans l’atmosphère 300 fois plus puissant que le CO2. Cette fonte pourrait donc à son tour accélérer le réchauffement climatique. Le genre de rétroactions qui font craindre un risque d’emballement climatique incontrôlable à 4 voire 5°C.

    « Le pergélisol est comme un réfrigérateur géant contenant plein de matières végétales et organiques délicieuses qui ne sont pas décomposées par les microbes », explique à Live Science la chercheuse Louise Farquharson, du laboratoire sur le pergélisol de l’université de l’Alaska de Fairbanks. « La décongélation ouvre la porte du réfrigérateur », dit-elle, permettant aux microbes de convertir ces matières organiques en dioxyde de carbone et en méthane.

    « Cette fonte prématurée est un autre signal clair que nous devons décarboner nos économies, et tout de suite »

    Dans la région canadienne observée par les chercheurs, ce processus s’est traduit par la transformation des terres en gruyère : une succession de dépressions et d’affaissements de terrains caractéristiques du thermokarst, le paysage classique résultant du recul du pergélisol. L’objectif des scientifiques est maintenant de déterminer quelle est l’étendue de cette nouvelle terre de thermokarst. Une estimation globale du problème est complexe mais Louise Farquharson et ses collègues estiment que 600 000 km2 de pergélisol seraient vulnérables à une décongélation rapide, soit 5,5 % des surfaces normalement gelées en permanence.

    « Cette fonte prématurée est un autre signal clair que nous devons décarboner nos économies, et tout de suite », a réagi l’ONG Greenpeace auprès de Reuters. La bonne nouvelle, c’est qu’après plusieurs années de hausse, l’Union européenne a diminué ses émissions de CO2 en 2018 par rapport à 2017 (- 2,5 %), tout comme la France (- 3,5 %). La mauvaise, c’est que ces efforts sont encore largement insuffisants pour respecter l’accord de Paris et maintenir le réchauffement climatique sous les 1,5°C et éviter ainsi les risques d’un emballement catastrophique. Il faudrait pour cela atteindre la neutralité carbone à l’échelle mondiale en 2050. Les émissions planétaires ont pourtant encore augmenté de 1,7 % en 2018.

    Écouter les cris d’alarme des scientifiques et leurs conseils de contenir le réchauffement à 1,5°C impliquerait un tel virage rapide et radical par rapport à notre trajectoire actuelle que cela ne pourra sans doute pas se faire sans efforts conséquents sur notre mode de vie. La société de conseil B&L évolutions avait dressé une liste éloquente des changements de consommation majeurs que cela impliquerait. « Viser plus de croissance semble, avec les moyens à disposition actuellement, incompatible avec la volonté de diminuer fortement les émissions de gaz à effet de serre », estimait en outre leur étude. Un point de vue que ne partage pas Édouard Philippe. Dans son discours de politique générale prononcé le 12 juin, le Premier ministre a fait l’éloge de « la force de la croissance » tout en prônant une « accélération écologique ».

    SUR LE MÊME SUJET :

    Dégel du pergélisol : ce serait pire que prévu pour le climat

    Un emballement catastrophique du climat serait possible dès 2°C de réchauffement

    Rapport du GIEC : « Chaque dixième de degré compte »

    Le Guardian ajoute la concentration de CO2 à son bulletin météo

    5 solutions pour sortir de la crise climatique

  • JUSQU'AU BOUT : road movie

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    La Bretagne, les Cévennes, les Landes, l'Ardèche..

    Le lac Charpal en Lozère. Un lieu magique, à mes yeux. Le silence, les forêts, les fleurs, les chants d'oiseaux, des collines couvertes de résineux, des chemins qui s'enfoncent sous les frondaisons, les sentes des animaux, des drailles, des zones humides foisonnantes de vies.

    Nous y sommes allés avec nos enfants puis de nouveau en traversant le massif Central à vélo de Clermont-Ferrand à Montpellier. On transportait tout le nécessaire dans nos sacoches : tente, duvets, nourriture... 

    Inoubliable.

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    Il se réveilla étonnamment souriant. Le ciel était d’un bleu limpide. Le soleil éclatait à l’Est. Il sortit marcher au bord de la rivière. Une branche passa dans le courant, il suivit sa dérive, elle tournait au fil des arabesques de l’eau. Il songea que si sa vie pouvait ressembler à cet abandon indolent et demeurer incapable d’établir le moindre contrôle dans le courant puissant des jours qui s’écoulent, il lui fallait au moins profiter de chaque horizon gagné, rester vigilant et réceptif, goûter pleinement chaque expérience, chaque rencontre, chaque parfum, chaque sensation. La paix viendrait peut-être.

    Il reprit la route, persuadé d’être dans la bonne direction. À l’orée d’une découverte importante.

    Le soleil, à travers les vitres, réchauffa délicieusement son visage.

    Figeac, Rodez, Mende. Il s’arrêta. Il devait reconstituer les réserves de nourriture.

    Les allées d’un grand magasin. La foule. Les commères démarraient leur journée en même temps que l’ouverture des portes. Il savait déjà où ne pas rester, il se dépêcha en essayant de ne rien oublier. Bouteilles d’eau, pâtes, riz et boîtes de conserve, confitures, pain, fruits. Tenir là-haut plusieurs jours. Il se rationnerait si c’était nécessaire. Il acheta une carte IGN à la plus petite échelle. Rayonner sur tous les sentiers existants et en inventer d’autres. Une impatience bienheureuse. Il rangea soigneusement les achats et reprit la route. Deux villages, des vieilles bâtisses en pierre, des collines, des murets encadrant des champs à l’herbe grasse. Il croisa une voiture. Et un vol de corneilles.

    Direction « lac de Charpal. »

    Il s’engagea sur la route étroite. Aucune habitation. Cinq kilomètres de longues courbes encadrées par des peuples de pins. La lumière matinale s’étendait comme une marée câline, sans vague, ni courant, juste une nappe gigantesque, tendue comme un tissu d’aquarelles. Elle rasait le sommet des épineux. Des paysages scandinaves. La palette de couleurs l’hypnotisait. Infiniment joueur, le soleil, comme un rouleau de peinture insatiable, nuançait les teintes, cendrait les crêtes, enflammait les fûts, des parcelles s’embrasaient, d’autres coulaient dans l’ombre. Ces changements incessants donnaient au paysage l’impression étrange de mouvance. Comme des risées sur l’océan.

    Enfin, la pente s’atténua et il déboucha sur un immense parking. Un barrage à l’extrémité du lac. Des chemins suivaient le bord de l’eau, d’autres disparaissaient sous les arbres.

    Il coupa le moteur mais dans son crâne l’écho mécanique perdura comme un écho qui s’épuise. Les mains sur le volant, il balaya le paysage, lentement, avec délectation, hésitant presque à sortir. Mettre un terme à la complicité qui l’avait uni à la cabine, au volant, à l’odeur chaude du moteur, au ronflement des pièces. Il éveilla dans ses muscles des contractions libératrices, des volontés de mouvements. Il attrapa la poignée de la porte et il descendit.

    Plongeon dans le silence. Comme s’il était entré dans un bain. La paix qui coule sur la peau de son visage, se mêle à ses cheveux, glisse sous ses habits. Respiration suspendue.

    Il s’appuya contre le pare-chocs avant et reprit son souffle. Rien. Il n’y avait absolument aucun bruit.

    Bruit.

    Le mot lui-même ici semblait privé de sens.

    La limpide tranquillité ruissela en lui comme une divine liqueur et nettoya son corps de la fatigue de la route.

    Il marcha vers la surface chatoyante du lac. Le crissement de ses pas sur le goudron gravillonné remplit l’espace comme un affront. Il essaya de se faire léger. Il rejoignit l’herbe avec soulagement. Comme tout promeneur au bord de l’eau, il eut envie de lancer une pierre mais il pensa aussitôt que le lac se briserait comme un miroir. Ce silence incroyable n’était que la peur terrible du lieu, que le souffle retenu de chaque plante devant l’ennemi absolu. Il imagina autour de lui des regards inquiets. Il s’assit délicatement sur une grosse roche lisse et ronde, caressant doucement le poli de la pierre. Devant lui, la surface immobile de l’eau. Une image arrêtée, un plan fixe suspendu dans le temps. Une paix indéfinissable.

    Un sanctuaire. Les hommes s’étaient égarés en donnant ce rôle suprême à leurs dieux et à leurs églises. Oubliant que tout était là devant leurs yeux salis. On apprenait aux enfants à respecter un crucifix et on les laissait cueillir des fleurs. Mais sur chaque fleur arrachée, le grand corps de la nature était cloué. Et personne ne le pleurait.

    Le silence du monde comme une tristesse, la détresse de la trahison.

    Il retourna au fourgon et le rangea le long des arbres. Face au lac. Les mains posées sur le volant.

    Le chant solitaire d’un oiseau, dans le secret des branches. Aucune réponse, aucun échange, absence de partenaire. Et pourtant cette ritournelle pétillante, cet amour de la vie. Sans intention. Un bonheur qui déborde.

    La chaleur dans son ventre, un sourire qui se dessine, un flot d’émotions qui se déverse, une joie partagée.

    Il avait délaissé le bonheur. La vibration dans la poitrine, cet embrasement irraisonné. Il avait associé la vie à des missions assumées, le sens de son existence à des défis achevés, comme si les actes humains offraient à la vie une raison d’être. L’oiseau n’avait pas ces tourments, il chantait simplement."

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  • Divertir ou bousculer ?

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    ""Il y a un point commun direct entre tous les gens qui lisent un de tes livres, c'est de le finir au milieu de la nuit ou au petit matin. J'ai fini "Jusqu'au bout" à 4h du mat parce qu'il n'était pas concevable de ne pas aller au bout tellement tout l'esprit est focalisé sur le livre. Mais je ne vois absolument pas comment un de tes livres pourrait fonctionner dans le marché, et c'est preuve de qualité. Il y a tellement peu de gens avec qui il est possible d'atteindre une discussion, un tantinet philosophique, et encore moins qui sont capables d'aborder ce que tu écris. Les rares personnes avec qui j'ai parlé de romans, ils lisaient Stephen King, bien sympathique mais à des années lumières de ton style. Je ne sais pas s'il t'arrive encore de regretter que ça ne marche pas pour le grand public mais ça n'en vaut pas la peine. Les livres qui fonctionnent, les gens les oublient en 2 mois, les tiens marquent une vie."" Léo.

     

    Ce commentaire-là est gravé à tout jamais dans ma tête. 

    Oui, bien entendu, on pourrait penser que Léo n'est pas objectif envers son père. C'est mal le connaître. Léo a une intégrité morale absolue et l'idée même d'une faille n'est pas envisageable. S'il avait eu une critique à faire à ce roman, il l'aurait faite. Par respect pour moi tout autant que pour lui.

    Et ce matin, je tombe sur un article qui présente les dix meilleurs auteurs français de 2018 et depuis le début de l'année.

    Je connais deux, trois auteurs et d'autres absolument pas. Je me laisse donc porter par la curiosité et je vais lire la page amazon d'une auteure citée. 

     

     

    "Niais"

    "Simplet et totalement infantile."

    "J'attendais avec beaucoup d'impatience ce livre. Et j'ai été déçue, selon moi ce n'est clairement pas son meilleur. J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, j'ai trouvé les personnages trop dans la caricature, pas assez nuancés. Et je me suis surprise plusieurs fois à me dire "mais ça c'est pas possible". L'idée de départ est dans l'air du temps, la retraite, que faire quand on ne sent plus utile pour la société active, la protection de l'environnement. Mais tout est effleuré. Seuls les remerciements à la fin m'ont apporté un certain éclairage sur le livre, dommage qu'ils soient à la fin du coup....
    Il se laisse lire mais ce n'est clairement pas son meilleur"

    "Une écriture digne de l'école primaire, et encore..."

    "Magnifique pour ne plus penser à rien étant donné qu'il n'y a rien dedans."

    "Un très bon roman divertissant."

    "Une plume légère pour une histoire qui fait réfléchir."

    "Très très déçue. Bcp de poncifs, on tourne en rond et je n'ai même pas envie de le finir ! Pas de style, des dialogues soporifiques et des enfants qui parlent comme des adultes, mais où l'auteur a-t-elle vu ça ? Je le déconseille aux lecteurs (trices) aimant la littérature... Sans intérêt et je regrette moi aussi cet achat !"

    "Bien, si on n'a rien d'autre à faire."

    "J'ai lu tous les romans d'A... et j'attends le prochain avec impatience."

    "Ce livre est inintéressant au possible, superficiel à un point ! Les personnages sont grossièrement ébauchés, les situations vite expédiées. C'est dommage car les thèmes évoqués auraient mérité mieux que ce semblant de roman ."

    "Un livre qui se lit facilement avec des émotions et des valeurs de vie. SUPER"

    "Nul, J'ai lu les 4 premiers livres d A..., ils étaient sympa, celui la achetée 18€90 est une véritable daube, insipide sans fil conducteur, sans histoire construite, un machin a faire du pognon, les autres avaient une histoire, on sattachait au personnages, mais celle de ce retraité qui se met au bio n'apporte rien, très, très déçu, attendez qu'il sorte en livre de poche, il vous coûtera moins cher."

    "Enfin, une comédie très plaisante à lire."

    etc etc...

     

    Bon, la question qui s'impose est simple. 

    Comment est-il possible que cette auteure soit dans le top ten des meilleures ventes de romans ?  

    Effet de groupe, effet médiatique, inertie entretenue par les médias suite à un premier succès, personnage charismatique du gotha littéraire ? 

    Je n'en sais rien...

    Ce qui est clair en regardant de près l'ensemble de "l'oeuvre", c'est qu'il y a une niche littéraire bien précise : la famille, la vie quotidienne, ses bonheurs et ses tracas. J'imagine donc que les gens s'y retrouvent quelque peu. L'idée est d'utiliser le roman comme le miroir de l'existence de chacun. 

    Mais en dehors de ce reflet, quelle est l'intention fondamentale ?  Divertir ? 

    Personnellement, je n'aime pas le divertissement littéraire. L'expression est même à mes yeux une aberration mais il est clair en tout cas qu'il s'agit de l'objectif prioritaire des lecteurs. 

    Je n'écris pas pour divertir.

    Je veux que ça cogne, que ça bouscule, que ça choque, que ça brasse, que ça bouleverse, je veux décaper le vernis quotidien pour mettre à jour les fibres les plus profondes, je veux que ça fasse mal et que ça illumine, que ça tranche dans la vie quotidienne pour en extraire les éléments qui élèvent, je veux qu'à la fin du livre, il ne soit pas possible de l'oublier en passant aussitôt à un autre. 

    On me dira que c'est prétentieux.

    Oui, peut-être.

    Il faut croire que j'ai une idée trop élevée de l'écriture. 

    Je prends donc le commentaire de Léo comme l'aboutissement de mon travail. Et je m'en réjouis.

    "Jusqu'au bout" ne divertit pas. Il a pour objectif de poser la question de l'engagement personnel. Jusqu'où doit-on lutter ?

    "Kundalini" ne divertit pas. Il a pour objectif de sonder la profondeur de l'étreinte amoureuse, corps et âme.

    "Les héros sont tous morts" ne divertit pas. Il a pour objectif de sonder les valeurs morales.

    "Là-Haut" ne divertit pas. Il a pour objectif de sonder la force de vie.

    Il faut croire que ces objectifs ne correspondent pas à l'idée de la littérature dans le grand public.

    Tant pis. Je n'ai jamais, de toute ma vie, accepter l'idée de compromission. 

     

     

     

     

  • "L'éveil par le corps" (INREES)

     

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    L'éveil par le corps

     

    https://www.inrees.com/articles/eveil-corps/

    Véhicule ou outil de l’esprit, moyen de se lier aux autres, justification de l’incarnation terrestre, le corps est aussi une possibilité de se libérer. Souvent méconnues et mal interprétées en Occident, des sagesses millénaires issues de l'Asie, comme le yoga et le tantra, ont transmis des enseignements et techniques permettant d’atteindre l’éveil spirituel au travers du corps.

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    Depuis quelques décennies, l’Occident s’intéresse à toutes sortes de sagesses et techniques le plus souvent issues de l’Asie, pour pallier un désir de spiritualité, une recherche de mieux-être dans une société exigeante, ou combler un éloignement de la nature. Afin de renouer avec ce qui pourrait être essentiel, des dizaines de courants ont émergé, parfois se sont délités et profondément éloignés de leur substantifique moelle de départ, le but pour lequel ils étaient pratiqués, à savoir l’éveil spirituel, la libération de la conscience. Les termes tantra et yoga, désignant chacun plusieurs éléments souvent différents et confondus, n’en sont pas moins des traditions, voies, techniques, textes et actions en eux-mêmes, dont l’enseignement et la pratique peuvent transcender l’homme. De même que souvent le chemin spirituel est confondu avec une quête de bonheur, alors qu’il est parsemé d’épreuves et demande bien des sacrifices, le yoga, le tantra, et la méditation peuvent être assimilés, à tort, à ce qu’ils fuient : la satisfaction éphémère.


    De l’origine des termes Le yoga, aujourd’hui, est le plus souvent pratiqué comme un sport de détente. Le tantrisme est associé, dans l’imaginaire occidental, à des pratiques sexuelles, souvent extravagantes et dénuées de spiritualité. L’habitude occidentale de réinterpréter les apports d’autres cultures afin de subvenir à ses besoins – séduction, efficacité – pouvant nuire à l’instruction originelle des pratiques, mène aux malentendus. Ce qui est intéressant, dans ces chemins spirituels, c’est qu’ils utilisent le désir et le corps comme moyens de se libérer, parce qu’ils sont justement les causes de la souffrance. Le tantra, qui signifie « continuité » ou « trame » de la nature véritable de toute chose, est aussi la voie qui permet de réaliser cette nature ultime (« comprendre le sens caché de l’existence phénoménale », in Dictionnaire du bouddhisme, Philippe Cornu, Éd. Seuil). Le tantra est donc aussi un rassemblement de textes, dont le contenu expose en détail les « moyens habiles », techniques corporelles et parfois sexuelles, permettant d’atteindre cette connaissance, cet éveil de l’esprit. Peu transmis en occident, hormis par Osho, maître indien parfois controversé, le tantra est moins connu dans son essence originelle.


     

    Le tantrisme, le corps divin



    Le tantrisme est un phénomène religieux et philosophique qui trouve son origine en Inde et qui a ensuite influencé l’hindouisme et le bouddhisme. Ces deux derniers en ont intégré un certain nombre de principes, ce qui aujourd’hui lui confère un aspect multiple. Le tantrisme, lorsqu’il est pratiqué, est vécu dans une indissociable totalité corps-esprit, essentiellement ritualiste, dont l’implication du corps est primordiale. « C’est par son aspect rituel que l’on a parfois tenté de définir le phénomène tantrique. Les rites sont des actions accomplies corporellement par des gestes et des attitudes, avec parfois des actions effectuées sur ou avec le corps, lequel est sexué », rappelle André Padoux, spécialiste du tantrisme. Dans cette logique spirituelle, il importe de comprendre que l’on ne peut se libérer que parce que nous sommes incarnés. C’est le fait d’avoir un corps qui va permettre la libération, l’éveil, en l’utilisant pour transcender la matière et y faire entrer le divin. Mais il faut concevoir également le rapport qu’ont les Indiens, ainsi que leur compréhension de la divinité. Des conceptions pour le moins éloignées de la vision occidentale. « La façon tantrique de concevoir le corps n’est qu’une variante traditionnellement indienne de voir le corps, envisagé comme un microcosme et le macrocosme comme un corps immense. Dans le monde hindou, corps et cosmos ne se séparent pas», explique André Padoux. Le corps comme petite partie du cosmos, qu’il s’agit de réveiller, d’utiliser par des techniques spéciales, en concevant un isomorphisme humain/ dieux. Encore faut-il, pour cela, avoir cette foi, reconnaître les voiles et avoir la soif de les déchirer. L’Univers, chez le pratiquant du tantrisme, est pénétré par l’énergie divine divisée en féminin et masculin (la shakti), que l’humain peut également utiliser. Au panthéon des dieux tantriques, on retrouve des individus masculins et leurs parèdres féminins, d’où la notion de complémentarité sexuelle et énergétique (exemple Shiva et Bhakti). Cela nécessite de concevoir la dimension énergétique sacralisée donnant aux activités mentales et sensuelles humaines leur puissance inhérente, capable de mener l’humain à se dépasser, à atteindre une dimension surnaturelle.


     

    Le tantra et la sexualité



    De nature révolutionnaire par rapport à la tradition védique en Inde, le tantrisme a une réputation sulfureuse et transgressive qui s’explique par la nature secrète et parfois impure de ses préceptes (notamment selon la tradition brahmanique). Il existe, dans le tantrisme traditionnel indien, des pratiques rituelles complexes – telles que l’absorption des sécrétions sexuelles offertes à la divinité, permettant à l’individu de se diviniser – mais aussi à mener par l’orgasme, un dépassement des limites du soi empirique, pour fusionner avec le divin. Selon cette doctrine, la parole divine serait descendue pour être transmise à l’humain, le conduit à son salut de manière adaptée, «particulièrement dans cet âge cosmique où il vit, dominé par le désir», note André Padoux. Plusieurs traditions, notamment bouddhiques, rappellent que l’humain est un être de désir et qu’il « purifie » par le désir. La place du corps dans le tantrisme est donc à la fois l’origine des désagréments, l’outil de progression et la solution unique de libération, afin d’obtenir les jouissances spirituelles, mais aussi mondaines.

    Pour Jacques Lucas, psychothérapeute et pratiquant du tantrisme, l’intérêt de travailler avec la sexualité est multiple: « Il se joue en condensé, ce que nous sommes et tout ce que nous mettons en acte dans notre vie de tous les jours : l’intimité, la relation au désir, à l’autre, à la transcendance. » 

    Le yoga était à l’origine en Inde « L’art de mourir à soi-même. »

    Ainsi, tous les besoins et les peurs sont mis en lumière, l’individu peut voir ses fonctionnements les plus intimes se révéler, mais aussi observer sa relation à l’autre, au pouvoir, à la confiance... C’est le terrain pour une évolution en profondeur, qui va lever les blocages les plus intimes. C’est dans la relation que tout va se jouer et grâce au partenaire que l’accès à la connaissance et au divin peut se faire. Par la circulation énergétique, l’activation des chakras et la libération de la vitalité sexuelle (kundalini), l’émergence d’émotions, d’attitudes, de gestuelles divinisées est possible. Ainsi transcendé, tout en court-circuitant le mental, l’individu sublimé se réalise et met en lumière son véritable Soi, son appartenance à un « tout » divin.

    Ce qu’Osho a transmis comme étant le tantra est la recherche du vrai, en partant de la sexualité, sans morale et sans masque, pour atteindre le véritable orgasme: l’orgasme cosmique. En transcendant le sexe, on obtient les secrets révélés dans l’expérience: «Vous touchez un élément de félicité grâce à trois des éléments de base du sexe : l’éternité car le temps s’arrête, l’ego disparaît, une nouvelle réalité se dessine et enfin vous êtes naturels, le faux est abandonné et vous êtes sans masque, vous faites partie de la nature !», explique Osho dans ses enseignements Tantra, spiritualité et sexe.


     

    Yoga tantrique, yoga spirituel



    Le yoga était à l’origine en Inde, «l’art de mourir à soi-même». Aujourd’hui, c’est une technique de mieux vivre... Il y aurait comme un malentendu théorique et pratique. La définition exacte du Yoga-sutra, texte central du yoga, est : « le yoga est l’arrêt (la mise au repos) de l’activité automatique du mental », afin de libérer l’humain du cycle des renaissances infinies (le samsara), qui est le résultat du karma (actions) emmagasiné par les individus. Le yoga est une véritable discipline qui demande un investissement personnel très intense, fait de méditation, d’ascèse, d’exercices, associés à une forte compréhension du chemin spirituel. En plus d'atteindre une grande humilité, il convient de se libérer des souffrances inhérentes à ce monde. C'était même le but suprême de l'Inde ancienne, au-delà de la recherche des biens matériels et des plaisirs éphémères. En Inde, les pratiquants se livrent souvent encore aujourd’hui, à des pratiques de purification extrême, avant même leurs pratiques yogiques.

    Pour Philippe Filliot, enseignant et formateur de yoga, même si la fonction ontologique et sotériologique de la spiritualité du yoga ne semble plus d’actualité pour les pratiquants occidentaux, il n’en reste pas moins spirituel, dans une variation plus contemporaine. Aujourd’hui, le yoga prendrait une forme nouvelle adaptée à l’Occident, donnant une place très importante aux âsanas (postures) qui n’étaient que mineures dans le Yoga-sutra, mais resterait, selon ses termes, « une spiritualité incarnée », car « l’expérience authentique de l’âsana est […] un moyen paradoxal de s’ouvrir à une forme de transcendance et d’immanence. Une technique subtile pour expérimenter une certaine forme de sacré qui se vit à l’intérieur du corps ».(1) Enfin, le tantra-yoga est une compréhension de ce qui se passe dans la vie de l’humain, afin d’en faire la source même de son éveil spirituel. « C’est un yoga de l’action dans le monde des sens, il n’y a plus de scission entre la vie mystique et la vie phénoménale. Toute perception, toute pensée, toute émotion permet de glisser spontanément dans la conscience, le divin en soi […] une immersion intégrale dans ce que la vie a de plus frémissant», explique Daniel Odier, spécialiste du tantra-yoga, dans Le tantra de la connaissance suprême.

    Pratiques de silence, retraites dans le noir, exercices physiques extrêmes, recherche de compréhension des enseignements, pratiques sexuelles intenses et complexes, tous ces tantra et ces yoga sont des voies mystiques de réalisation de l’éveil, qui demandent une abnégation et un investissement personnels immenses, à l’image du but qu’ils suivent, celui de la réalisation totale et divine de l’individu, qui sans le corps ne pourrait y parvenir. Prendre conscience de la valeur spirituelle du corps et s’en servir comme outil divin est le premier pas de la compréhension du sens de la vie terrestre. 


     

    Harmonie du corps


    Le corps au sens « indien »

    « Le corps se présente comme une perception parmi d’autres, qui apparaît et disparaît dans le silence. En soi, le corps n’existe pas. Il n’est que prolongation, expression de la conscience. Du point de vue phénoménal, le corps apparaît comme sonorités, vibrations, ensemble de sons tantôt harmonieux, tantôt inharmonieux. L’écoute du corps s’apparente à l'art d'en découvrir l'harmonie fondamentale. » 
    Le yoga tantrique du Cachemire, Éric Baret.



    (1) Le chemin du yoga une spiritualité pas à pas, Ultreïa n°16.

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  • Contemplation céleste

    Je regarde toujours le ciel au moment du coucher du soleil. J'aime infiniment les couleurs, les nuages, les reliefs, les lumières, les rayons...

    Je m'assois sur la terrasse et je contemple. 

    "Le coucher du soleil..."

    Alors que c'est la Terre qui tourne autour de lui et qui tourne sur elle-même et que demain matin, le soleil sera dans mon dos.

    Concevoir et tenter d'imaginer ce mouvement dans l'espace...C'est méditatif à un moment parce que justement ça n'est pas concevable. C'est au-delà de notre pensée. Ça en devient un "koan", ces fameux textes de philosophie zen qui n'ont pas de solution et que le méditant se répète pour limiter les pensées à la résolution de l'énigme. 

    Koan : Question ou énigme absurde et aporétique posée par un maître zen à un disciple, destinée à le faire progresser sur la voie de l’éveil en l’obligeant à délaisser le raisonnement et toute considération intellectuelle.

    • Dans la culture japonaise zen, le koan est une phrase paradoxale, destinée à nous faire réaliser les limites de notre logique. Elle semble absurde, pourtant elle va nous contraindre à une gymnastique nouvelle. Son but est de nous éveiller à une autre perception de la réalité. — (Bernard Werber, L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu : Livres I à XI et suppléments, Éditions Albin Michel, 2009)
    •  
    • “Que devient le blanc de la neige quand elle fond au printemps ?” est un exemple de koan.

     

    N'ayant aucune réponse, il arrive un moment où le mental abandonne et c'est là qu'il faut saisir le silence en soi.
    Je préfère pour ma part regarder le soleil qui se couche.

     

     

    L’image contient peut-être : ciel, nuage, crépuscule, arbre, plein air et nature

  • Nutella

    Le changement ne viendra jamais des états eux-mêmes mais des consommateurs et pour l'instant, il y a encore un sacré nombre de crétins d'abrutis de merde en pot. ( c'est à dire leur cerveau). Quant à ceux ou celles qui viendraient argumenter que la plus grosse consommation d'huile de palme, c'est celle ajoutée aux carburants, je répondrais simplement qu'il y a une différence énorme entre s'empiffrer d'un pot de merde et devoir remplir son réservoir de voiture. Pour le premier, il suffit de dire non, pour le second, on n'y peut rien. 
    Si d'ailleurs, il y sur ma page des consommateurs de Nutella, qu'il s'en aillent. Je préférerais n'avoir aucun lecteur de ce blog ou de mes romans que de savoir qu'ils en consomment. 

     

    "L'inquiétude des friands de pâte à la noisette est d'autant plus légitime que l'usine produit un quart de la production mondiale, au rythme de 600 000 pots par jour, soit quelque 89 millions par an. Et ses adeptes sont nombreux en France, pays le plus consommateur de Nutella avec un million de pots engloutis par jour."

     

    Grève dans la plus grande usine du monde de Nutella : doit-on s'attendre à une pénurie de pâte à tartiner ?

    ThinkstockPhotos

     

    À LA LOUPE - Nouveau jour de grève au sein de l'usine Ferrero de Villers-Ecalles en Normandie. Or, ce site assure à lui-seul un quart de la production mondiale de pot de Nutella, ainsi que plus d'1 million de Kinder Bueno par jour. Les consommateurs doivent-ils craindre une pénurie ?

     - Cédric Stanghellini

    La situation est toujours bloquée sur le site de production Ferrero France de Villers-Ecalles en Normandie. Depuis le 29 mai, des salariés ont entamé une grève et bloquent les accès à l'usine. Conséquence, la production de Nutella et de Kinder Bueno serait au point-mort, d'après les syndicats . Or, en temps normal, 600.000 pots de pâte à tartiner et plus d'un million de barres chocolatées sortent des lignes de production. De quoi craindre un risque de pénurie ?

    Le groupe Ferrero se veut rassurant

    Contacté par LCI, le groupe Ferrero tient à rassurer les amateurs de pâte à tartiner et de Kinder Bueno. Malgré l'importance du blocage, l'entreprise est formelle : "non, il n'y a pas de problème d’approvisionnement." En effet, "une ligne fonctionne toujours", ce qui serait suffisant donc pour atténuer toutes craintes de pénurie d'après Ferrero. 

    L'usine de Villers-Ecalles, emploie 400 salariés, et environ 130 travailleurs saisonniers. La direction nous précise que même si "pour le moment il n’y a pas d’évolution de la situation, les salariés non-grévistes de l’usine qui sont majoritaires et souhaitent continuer à assurer leur travail dans de bonnes conditions." Depuis le 3 juin à 6 heures du matin, les salariés grévistes qui poursuivent les blocages sont sous le coup de pénalités d'astreinte. Ceci fait suite à une décision de justice à l'initiative du directeur de l'usine. 

    Pourquoi cette grève ?

    Cette grève a débuté dans la foulée des Négociations annuelles obligatoires (NAO) durant lesquelles le syndicat Force Ouvrière demande un hausse de 4,5% pour les ouvriers, une prime pouvoir d’achat de 900 euros et une majoration des salariés de nuit à 25% contre 20% aujourd’hui. De son côté, la direction propose une hausse de 40 euros brut par salarié. 

    Un site stratégique pour le groupe

    Le site normand de Villers-Ecalles est une implantation stratégique pour le groupe italien qui a établi sa première base en France ici même à la fin des années 1950, comme expliqué sur le site de Ferrero. Le géant agroalimentaire produit ici 600.000 pots de Nutella, soit 25% de la production mondiale de la star des pâte à tartiner, composée à 56,3% de sucre et à 30,9% de matière grasse, dont la fameuse huile de palme. C'est également d'ici que, tous les jours, sortent 2.4 millions de barres chocolatées à la noisette.  

    Depuis 2017, ce site de production fait l'objet d'un investissement de 38 millions d'euros. Un nouveau bâtiment est en cours de construction à côté de l'usine historique de Seine-Maritime. Le groupe Ferrero veut augmenter le stockage des produits finis et moderniser les outils logistiques pour les exportations dans cette usine qui est tout bonnement présentée comme "la première usine mondiale de production de Nutella".

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  • Discrimination végétale

    Les plantes victimes de discrimination négative

     

    https://www.zoom-nature.fr/les-plantes-victimes-de-discrimination-negative/?fbclid=IwAR0l0U003J7m51Ku0DjQoFukyVzNstaup6sznWydslZIQv35bBDHVdCRdxQ

    Tout le monde le sait et le vit au quotidien : nous sommes bien plus « attirés » par le monde animal que par le monde végétal ; cela tient sans doute en grande partie à nos propres racines animales et, de ce fait, à l’étrangeté des plantes pour nous. Pour autant, les plantes représentent l’écrasante majorité de la biomasse vivante terrestre (98% !) et la base des réseaux trophiques ; en termes de biodiversité, il y a quand même au moins de 400 000 espèces de « plantes » sur notre planète. Donc, sur le plan éducatif, il nous appartient de faire appréhender le plus possible aux enfants cette part essentielle de la biodiversité et d’atténuer ce biais structurel envers les animaux. Il faudrait donc s’assurer que cette discrimination inconsciente n’entre pas en action dans les curricula ou dans les supports éducatifs. Une étude américaine (1) basée sur l’analyse du contenu iconographique de manuels scolaires pour jeunes enfants démontre justement que ce biais est non seulement présent mais amplifié dans les supports pédagogiques !

    Une histoire de désamour

    Combien d’êtres vivants sur cette photo ? …. 2 : Une corneille noire et un pin maritime

    On dispose déjà de nombreuses études à propos de cette représentation collective des animaux et des plantes. On sait ainsi que les noms d’animaux forment une bonne part du premier vocabulaire acquis par les jeunes enfants et qu’ils ont une connaissance très limitée des plantes ; la majorité d’entre eux ne sont même pas sûrs que ce soient des êtres vivants, état de fait qui perdure assez longtemps comme j’ai pu moi-même l’éprouver en tant qu’ancien enseignant en collège. Une étude sur de jeunes australiens de 12 ans a recensé les vingt sujets de sciences biologiques les plus prisés par ce public : un seul thème sur les « plantes à fleurs sauvages communes » y figure (et uniquement chez les filles) alors que plusieurs thèmes sur les animaux y sont bien présents et pour les deux sexes. Plus tard, chez des étudiants, ce désintérêt général persiste et une écrasante majorité d’entre eux se montre incapable d’identifier et même simplement de nommer quelques plantes autrement que par des catégories très larges et générales (arbres, fleurs, …). Ils disent qu’ils préfèrent étudier les animaux car, eux, ils bougent ! Nombre d’entre vous doivent se reconnaître tout ou partie dans ce portrait général et cette tendance ne s’améliore pas avec la raréfaction des contacts directs avec le monde vivant chez les citadins.

    Combien y a t’il d’escargots : au moins 6 ou au moins 8 ? Tout le monde a juste. Combien y a t’il d’espèces d’êtres vivants ? 3 : l’escargot des jardins, la bryone et le gaillet gratteron. Moins de bonnes réponses, a priori !

    Catégoriser

    Les noms des êtres vivants sont des étiquettes posées sur des objets vivants à partir desquels on peut progressivement, au cours du développement psychologique, construire des catégories de plus en plus affinées avec des propriétés communes ce qui nous permet de donner du sens à ce qui nous entoure. Ces noms constituent des portes d’entrée qui nous conduisent vers ces catégories permettant d’appréhender le monde dans son immense diversité ; apparemment, la construction se fait surtout dans ce sens montant et pas des catégories vers les noms individuels. Ainsi, un enfant qui a déjà engrangé des noms différents d’oiseaux parce qu’on les lui a donnés (un merle, un pigeon, une poule) peut appréhender ce que représente la catégorie oiseaux et s’il en rencontre un nouveau lui-même il saura le rattacher à cette catégorie (il a des plumes ; il vole ; …). Ah, zut, j’ai pris un exemple animal !

    Pour les végétaux, nous tendons à faire des regroupements basiques selon des « formes de vie » : les arbres, les plantes grimpantes, les buissons, les herbes, … Pour autant, dans le langage populaire, on préfère utiliser les noms communs au moins au niveau du genre (les chênes, les pins, …) ; ces noms parlent plus car ils permettent de différencier.

    Manuels scolaires

    Ces chercheurs en sciences de l’éducation (1) ont donc analysé deux séries (deux éditeurs différents) de manuels scolaires destinés à des enfants de 6 à 12 ans en explorant les chapitres consacrés aux sciences biologiques. On sait que les manuels scolaires constituent un outil pédagogique fondamental sur lequel une majorité d’enseignants s’appuie : leur contenu est donc capital mais peut véhiculer des valeurs ou idéologies sociétales fortes via ses auteurs qui sont le plus souvent eux-mêmes des enseignants. On l’a montré par exemple pour la représentation des genres masculin/féminin ! Cela vaut-il aussi pour la « paire » végétal/animal ?

    Chenille mangeant un végétal … ou … chenille de Machaon (papillon) mangeant un végétal …. ou .. Chenille de Machaon (Papillon de jour) mangeant le feuillage d’un fenouil cultivé ?

    Pour y répondre, les chercheurs ont retenu un seul élément : les photographies illustrant ces manuels. On constate qu’elles occupent une place croissante dans ceux-ci et les éditeurs accordent une grande importance à leur choix et leur qualité en termes de marketing ! Pour autant, les photos ne servent pas qu’à être « belles » : on a montré qu’elles participent fortement à la consolidation des apprentissages. Les enfants utilisent leurs connaissances antérieures et leurs capacités cognitives et intègrent facilement les informations qu’elles portent et celles figurant dans les légendes. Souvent, les enfants ne « lisent » que les images et leurs légendes et délaissent le reste du texte qui demande plus d’efforts et d’attention. De plus, point très important, pour eux (et pour les adultes aussi !), la photo prend valeur de preuve absolue : elle reflète forcément le réel  (ce qui laisse perplexe nombre de photographes !) et sera d’autant plus facilement intégrée et acceptée.

    On sait depuis longtemps que d’une manière générale, dans les manuels scolaires, on trouve plus d’images d’animaux que de végétaux mais, ici, les chercheurs sont allés plus loin en cherchant en plus à comparer le traitement des informations afférant à ces photos au niveau des légendes.

    Le poids des légendes

    Pour comparer les informations véhiculées, on a défini des catégories de photos selon le type de légendes qui les accompagne. Quatre grands types de photos ont été distinguées d’après leur sujet principal : un ou des animaux ; un ou des végétaux ; un paysage ; des sujets duels (avec animal et végétal réunis). Pour celles qui fournissent des « noms », on peut définir trois niveaux de spécificité : un niveau très général où le nom est très large (plante ; animal !) ; un niveau intermédiaire où le nom donné concerne celui d’un phylum, d’une classe ou d’un ordre (mammifère ; gymnosperme par exemple) ; un niveau spécifique où le nom se situe au niveau du genre (un chêne ; une mésange) ou de l’espèce (un chêne vert ; une mésange bleue). Pour celles qui ne comportent pas de noms dans leurs légendes, on peut distinguer : les photos de paysages (avec par exemple en légende seulement un nom de saison ou de milieu) et, un cas particulier très intéressant, les photos qui ne montrent qu’une partie d’un organisme (un gros plan sur une partie seulement). Armés de cette typologie, les chercheurs ont donc analysé 1288 photos ce qui représente un échantillon significatif pour dégager des tendances.

    Avantage : animal

    Comme on s’y attendait, on trouve une prédominance de photos d’animaux (60%) par rapport aux plantes (26%) et 7% de paysages et le reste en photos duelles. Selon les niveaux de classe échelonnés donc de 6 à 12 ans, cette suprématie animale varie de 1,7 à 3,5 fois plus que les végétaux ; dans aucun des manuels, les végétaux ne passent devant les animaux alors que, pourtant, pour certains niveaux, les programmes prévoient des focus importants sur les plantes !

    Mais c’est dans l’analyse comparative des légendes que l’on découvre des disparités inattendues qui vont bien au-delà de ce constat primaire. Au niveau de la spécificité des légendes (le degré de précision du nom donné), on constate que 77% des photos avec des légendes spécifiques (nom de genre ou d’espèce) concernent des animaux et donc 23% pour les plantes !! Autrement dit, une plante a peu de chances d’être nommée par son nom spécifique : un chêne aura beaucoup de chances d’être nommé arbre. Mais, çà ne s’arrête pas là : 22% des photos de plantes qui ne montrent qu’une partie du végétal sont légendées uniquement avec le nom de cette partie sans citer celui de l’espèce alors que ceci n’a lieu que pour …. 1% des animaux !

    Et ce n’est pas fini : dans les photos duelles (un animal et un végétal), pour 75% d’entre elles, l’animal présent est légendé à un niveau plus spécifique que le végétal à côté ; l’inverse n’est vrai que pour 6% des photos et encore s’agissait-il de plantes .. carnivores (donc un « peu animales » !).

    Enfin, pour les photos de paysages dans lesquels figurent des végétaux, dans 84% des cas, on ne trouve que des informations sur le milieu, les conditions de vie ou la saison.

    Diversité et répétition

    Si on se centre sur les seules photos à légendes spécifiques (avec des noms assez précis), là encore apparaît une forte disparité : la diversité animale se trouve bien plus représentée que la diversité végétale (qui, pour un scientifique, est aussi étendue !). On a ainsi 59 espèces « d’invertébrés » (dont 29 insectes) et 189 vertébrés dont 20 « poissons », 9 amphibiens, 45 oiseaux et 90 mammifères ; bref, un large panel même si (mais ceci est une autre histoire !) il y a un fort biais en faveur des mammifères (au fait, nous faisons partie des … mammifères ; quelle coïncidence !). Pour les plantes, le spectre se rétrécit considérablement : une seule photo légendée au niveau spécifique de plante non vasculaire, deux photos légendées « mousse » (ce qui reste vague : les hépatiques sont aussi différentes des mousses et sphaignes que les oiseaux des squamates !) et 76 plantes à fleurs et 10 gymnospermes. Si on met ces chiffres en parallèle des nombres d’espèces de ces groupes respectifs, la distorsion devient … insupportable !

    Si on compare les espèces illustrées selon les niveaux et leur degré de répétition, on voit que 85 animaux reviennent au moins deux fois pour une série de manuels contre seulement 22 espèces de plantes.

    Enfin, dernier biais surprenant, si on s’attache aux légendes fournissant une information intermédiaire mais permettant de situer l’être vivant dans la classification, on découvre que celles-ci apparaissent dans tous les manuels d’une série pour les animaux alors que pour les végétaux, on ne commence à fournir ces informations qu’à partir de 8-9 ans !

    Le merle noir se nourrit en hiver de fruits charnus … ou … les fruits de ce pommier d’ornement peuvent être consommés par le merle noir ?

    Et alors ?

    La biodiversité en montagne : un chamois .. ou Tapis fleuris et chamois près d’un névé en haute montagne ?

    On comprend donc que la discrimination envers les végétaux va beaucoup plus loin que l’on n’imaginait et que ce biais insidieux est plus qu’ancré dans la tête des adultes qui ont rédigé ces manuels (donc d’une écrasante majorité d’entre nous potentiellement). Ce faisant, les manuels scolaires contribuent à entretenir ce désintérêt envers le monde végétal et l’incapacité à identifier un minimum de plantes de son environnement proche. On ne cherche pas (toujours inconsciemment il s’entend !) à faire connaître leurs noms puisque quand on ne montre qu’une partie on ne juge pas opportun de citer l’espèce. Le végétal se réduit soit à des formes de vie (arbre, buisson, herbe, ..) soit à des parties (feuille, fleur, fruit, ..) ; à l’inverse, la spécificité plus grande accordée aux animaux (en plus de leur surreprésentation) leur attribue de fait une importance plus grande et une valeur intrinsèque supérieure. Même dans les paysages qu’ils dominent pourtant, les végétaux ne « servent que de décor ».

    Ces dérives ont deux conséquences majeures. L’une touche à la construction des catégories dont on a dit qu’elles permettaient de donner du sens à ce qui nous entoure : ainsi traitées les plantes ont très peu de chances d’accéder à un rang de catégorie « fine » autre que celle, assez peu informative, des formes de vie ou des parties. L’autre concerne la perception de la biodiversité et la mobilisation des citoyens pour sa conservation ; comment s’intéresser à ces êtres dont on n’a qu’une image de « tas informe » d’où ne se dégage presque aucun nom ?

    Remèdes

    On peut préconiser au niveau des manuels scolaires des recommandations peu contraignantes :

    – prendre conscience du poids des photos comme outil pédagogique véhiculant aussi des valeurs sociétales inconscientes

    – veiller à mieux équilibrer la part des animaux et des végétaux (mais il faudrait aussi qu’elle soit aussi équilibrée dans les programmes … ce qui est loin d’être le cas !) en terme d’illustrations

    – ne pas oublier les végétaux comme êtres vivants notamment dans les paysages

    – donner les noms systématiquement, que l’on voit l’organisme en partie ou pas, qu’il soit seul ou pas, …

    – élargir la palette des groupes de végétaux illustrés (fougères, prêles, hépatiques, mousses, conifères, …).

    Les auteurs de cette étude passionnante concluent par une belle métaphore que je reprends ici : « certainement qu’un chêne est plus que la somme de ses feuilles ! »

    J’ajouterais qu’au delà des manuels, il est de la responsabilité de chacun d’entre nous d’attirer l’attention des enfants (et des autres adultes) sur les végétaux et leur diversité et complexité étonnantes et de nous débarrasser de ce fardeau qui, quelque part, s’ancre aussi dans les représentations dominantes de la « création de l’homme » et donc de la préséance du monde animal. Sans le végétal, nous ne serions … rien !

    Remarque : pour ne froisser personne, je n’ai pas été chercher des exemples flagrants dans des manuels (d’autant que j’en ai moi-même commis !) mais j’ai légendé mes illustrations sur le mode caricatural  !

    Deux espèces de papillons de jour butinant des fleurs de Cirse des champs

    BIBLIOGRAPHIE

    1. What’s in a Name: Differential labelling of plant and animal photographs in two nationally syndicated elementary science textbook series. Melanie A. Link-Pérez, Vanessa H. Dollo, Kirk M. Weber and Elisabeth E. Schussler. International Journal of Science Education Vol. 32, No. 9, 1 June 2010, pp. 1227–1242