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  • JUSQU'AU BOUT : prémonitoire

     

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    2. RHÔNE

    Rhône : l'avocat des gérants du Super U de l'Arbresle met en garde les auteurs de menaces de mort

    Les gérants du Super U de l'Arbresle dans le Rhône qui ont dû démissionner mardi 9 juillet, suite à la diffusion de photos de chasse en Afrique où ils posent avec des animaux, sont menacés de mort ainsi que leurs proches.

     

    "JUSQU'AU BOUT" est en quelque sorte prémonitoire, dans le sens où j'imagine que viendra un temps où les actes violents surgiront contre les individus qui ne respecteront pas la nature, dans son ensemble... Dans le roman, Pierre, le personnage principal, passe à l'acte. Il tue. Ceux qui vont à l'encontre de ses valeurs les plus profondes. 

    On peut bien évidemment condamner cet extrémisme.Et en même temps, si on y pense de façon "non-émotionnelle", et tout autant détachée de toute règle morale, est-ce que les animaux qui sont victimes de ces gens-là iraient nous reprocher quoi que ce soit, si on en venait à une chasse aux sorcières radicale ?

    Beaucoup répondront que l'humain a une prédominance qui ne peut être contestée sur le règne animal et qu'aucune mise à mort animale par un humain ne peut appeler un retour de bâton tout aussi violent.

    Eh bien, j'en doute de plus en plus fortement...Dostoïevski a écrit il y a longtemps qu'il ne voyait pas en quoi un assassinat perpétré avec une hache était plus monstrueux qu'un bombardement sur une population civile. On pourrait commencer à envisager que le fait d'égorger un cochon n'est pas moins monstrueux que d'égorger un humain.

    La prédominance archaïque de l'humain sur la planète nous a conduit là où on en est. Soit on sort de ce concept foncièrement religieux tout autant que "scientifique", et on arrête d'égorger les cochons, les vaches, les poules, les poissons et tout le reste afin d'apprendre à honorer le vivant et non la viande morte, soit on continue à creuser la fosse commune de l'humanité.

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  • Insignifiante créature dévastatrice.

     

     

    Il m'aura manqué une semaine. J'aurais aimé montrer ce documentaire à mes élèves. Comme un résumé visuel de toutes les discussions qui ont été menées en classe.

    L'humain qui est capable d'analyser son impact planétaire, l'humain, insignifiant à l'échelle de l'univers, et capable de prendre conscience à la fois de cette insignifiance et de son génie, l'humain conscient de son inconscience parcellaire ou totale, conscient de son évolution et inconscient des effets dévastateurs de cette même évolution, ...

    La seule espèce qui sera capable de détruire la vie en commentant simultanément le désastre. Comme un metteur en scène qui dirigerait sa troupe d'acteurs en les menant à la mort et à la sienne tout en se réjouissant de son incroyable créativité.

     

  • En retraite

    L’image contient peut-être : table et intérieur

    Voilà, c'est fait. je suis entré en retraite ce soir. Des grappes d'enfants qui pleuraient accrochées à ma taille. Des mots pleins d'amour. 


    "Je ne t'oublierai jamais, Maître et je n'oublierai jamais cette année passée avec toi. Tu resteras pour toujours dans mon cœur."


    Eux aussi.

    Ma dernière lettre à mes élèves : 
    "Vérifie toujours, à chaque instant, que tes pensées, tes paroles et tes actes sont à l’image de la personne que tu es et celle que tu as décidé d’être. C’est là que se trouve le « maître intérieur ».
    Il est en toi. Cherche-le.
    La personne avec laquelle tu passeras toute ta vie, c’est toi-même et rien n’est plus important que tu te connaisses réellement. Non pas à travers ce que les autres pensent de toi puisque ce sont leurs pensées, leurs jugements, leurs interprétations, mais uniquement au regard de ta propre analyse. 
    Il faut de l’amour en toi pour grandir. N’attends pas uniquement que les autres t’aiment. Apprends d’abord à t’aimer vraiment, à être responsable de tes pensées et de tes actes et à en être fier. Alors, tu pourras aimer les autres puisque tu pourras leur offrir le plus beau de toi-même.
    Ce monde a besoin de toi. Il a besoin de ton amour de la vie. Dans le calme intérieur, tu trouveras l’amour. Dans le calme, il n’y a jamais de colère.
    Il est possible pourtant que tu sois parfois en colère contre toi-même. Apprends alors à te pardonner. Personne n’est infaillible mais si tu ne te pardonnes pas tes propres erreurs, la colère restera en toi et elle t’empêchera de grandir, comme une tempête intérieure qui ne s’arrête jamais vraiment et t’épuise. Se pardonner, c’est écouter le maître intérieur..
    Le calme en soi délivre l’énergie nécessaire pour apprendre et grandir.
    Il ne s’agit pas d’être le premier. Il s’agit juste de trouver la force en toi pour avancer. Ne te préoccupe pas de ce que les autres réalisent. Ne sois pas jaloux d’eux parce que cette jalousie, c’est surtout de la colère contre toi et qu’elle ne t’aidera pas. Si tu laisses la colère t’envahir, elle consumera tes forces et ces forces perdues te manqueront.
    Lorsque le travail de l’école sera difficile, cherche cette force en toi, cherche la volonté, la détermination, la patience, le courage d’aller jusqu’au bout. Pas seulement pour que ce travail soit le plus performant possible, mais pour que tu sois fier de toi. C’est cela qui importe. Le seul résultat qui compte, c'est ta joie intérieure.
    Lorsque tu as réfléchi, profondément, lorsque tu as analysé une situation, lorsque tu as établi tout ce qui est de ta responsabilité et qu’après ce long travail, tu es certain que ce que tu fais est juste, bon et utile, pour toi, pour les autres, pour tout ce qui existe sur cette Terre, alors n’abandonne jamais.
    Quoi qu’il arrive, aussi difficile que ce soit. Si cela est juste, bon et utile, n’abandonne jamais. 
    Ce que tu apprendras de toi sera plus important encore que ce que tu auras réalisé.

    Souviens-toi de ce mot :clairvoyant. « Celui qui voit clair », celui qui sait, celui qui écoute la sagesse en lui.

    Si quelqu’un te fait du mal, apprends à maîtriser tes émotions. L’autre deviendra alors l’opportunité pour toi de grandir, d’être plus fort encore. Si tu parviens à garder le calme en toi, l’autre n’aura plus aucun pouvoir et il ira voir ailleurs, il ira chercher une autre proie. C'est en te maîtrisant que tu parviendras à maîtriser l'autre.

    Tu as un très long chemin à parcourir, une très longue vie et il tient à toi que ça soit une belle voie d’ascension.
    C’est ta volonté à aller le plus haut possible qui te donnera les forces nécessaires.
    Force et bonheur, ce sont deux mots essentiels.
    La force d’avancer pour le bonheur d’aller au plus haut de soi.

    Tu montes vers ton sommet et il faut accepter l’idée que ce sommet est très lointain. Et tant mieux. Apprends la patience et nourris-la de ta détermination. 
    Tu auras besoin parfois de t’asseoir, de te reposer, de reprendre des forces. Tu en profiteras alors pour contempler les horizons gagnés, pour regarder sous tes pieds toute la distance que tu auras parcourue, pour te souvenir de tous les efforts que tu auras produits pour en arriver là. Tu pourras ressentir cette joie d’avoir été plus fort que les moments de faiblesse, les moments de découragement et de lassitude. Tu as le droit d'être fatigué, de ne pas atteindre ton objectif au premier essai, de trébucher, d'être déçu, d'être attristé. Tout ça n'est que la possibilité que la vie te donne pour apprendre encore. 
    Réjouis-toi de chaque instant, sans resté accroché à des moments passés ou à vivre dans le futur. Le sommet ne s’atteint qu’en vivant pleinement chaque pas, dans une totale concentration. 
    Ne regrette rien si tu ne peux plus rien y faire. N’espère rien si ça n’est qu’un espoir. C’est de l’énergie perdue. Les seuls espoirs utiles sont ceux que tu peux atteindre à travers tes actes. 
    Apprends à agir dans l’instant, juste là, quand il le faut. L’instant présent est le seul endroit où tu existes. Le passé et le futur n’existent que dans tes pensées. Apprends à vivre réellement, là où tu es, en cet instant. 
    Alors, tu pourras honorer ton parcours, sans prétention, juste parce qu’il est juste et bon que tu exprimes tes remerciements envers la force de vie en toi.
    Et puis, tu repartiras et tu monteras encore et encore.
    Tu peux toujours progresser. Tu es ta seule limite. Tout ce que tu peux devenir est déjà en toi. Rien ne viendra s’ajouter de l’extérieur. Tu dois explorer ton propre territoire et puiser avec amour tout ce qu’il contient. 
    Que ta route soit belle, qu'elle soit exemplaire, qu'elle soit portée par l'amour de la vie.
    Sois ton maître intérieur."

  • KUNDALINI: Une jouissance d'âme.

    Un échange avec une lectrice sur la différence entre la sexualité génitale et la sexualité sacrée. Elle me citait ce passage qui a eu pour elle un impact très puissant. Alors qu'elle cherchait avec son compagnon à développer des "techniques", elle a pris conscience qu'il s'agissait de bien autre chose. Que la quête passait par le corps mais qu'il s'agissait par ce filtre d'atteindre l'état de grâce...Celui qui fait que la simple pensée de l'être aimé libère dans le corps, non pas une simple excitation sexuelle mais une jouissance d'âme. Les techniques relèvent dès lors de la même démarche que celle du yoga : la maîtrise du corps élève l'âme et c'est là d'ailleurs que la Kundalini prend sa source. Sans la fusion corps-âme, rien n'est possible. Sans l'effacement de cette dualité mentale que le corps est un et que l'âme est autre, rien n'est possible. L'individu est Un. Et c'est là qu'il peut devenir l'Autre. De la fusion naît cet orgasme qui est bien au-delà du corps. Les techniques sont des méthodes, nullement une fin. Et la fin orgasmique n'est qu'une étape, l'ouverture d'un autre chemin.

    Hier soir, j'ai eu envie de masser Nathalie. Nous nous nous sommes douchés puis elle s'est allongée sur la table de massage. Je me suis assis sur le tabouret, à hauteur de sa tête, j'ai contemplé son corps dans la demi-pénombre puis j'ai posé mes mains sur sa nuque. Et tout s'est embrasé en moi, une vague chaude qui est partie de mon coccyx et est remontée le long de ma colonne jusqu'à irradier dans mon crâne.

    J'étais relié, je pouvais commencer, l'énergie était là. 

    Kundalini web

    "Un auteur de philosophie bouddhiste a émis l’hypothèse de trois couples bien distincts, » commença-t-il, le regard concentré, la voix appliquée, le débit mesuré.

    « Le couple carré, le couple triangle et le couple cercle. Dans le couple carré, il y a quatre entités. Une tête et un corps pour chaque partenaire. Le tout symbolisé par les quatre angles du carré. Chaque tête est séparée, existentiellement, de son corps et aucun des deux corps ne fusionnent avec l’autre puisque les deux têtes sont séparées l’une de l’autre. Les seuls points de jonction se situent au niveau génital. Et c’est évidemment désastreux à plus ou moins long terme. Dans ce couple, l’acte sexuel a une intention précise, c’est de maintenir intacte les quatre lignes qui rejoignent les angles. Bien entendu, la pression que ça génère est incompatible avec le sentiment amoureux. Si on dit que la tête est séparée du corps, c’est parce que le mental n’est présent que par pointillés et sur des plans très limités, très mécaniques, très répétitifs. Le reste du temps, il vaque à ses fantasmes ou même à ses absences. Le couple carré est enfermé dans le chacun en soi et sans même que les individus habitent consciemment leurs propres corps. Il n’y a pas de rencontre, pas de communication mais des émissions radio brouillées par des parasites continuels. Les schémas répétitifs sont basés sur la trilogie PCO : préliminaires, coït, orgasme. Il s’agit d’un orgasme à décharge énergétique. Un moyen de se libérer des tensions quotidiennes. Il n’y a pas de conscientisation mais un état de quasi absence qui tend vers le vide. De toute façon, la sexualité est au même niveau d’inconscience que l’ensemble de l’individu.

    -Laurent et moi, à la fin de notre histoire.

    -C’est le cas de millions de couples, Maud.

    -Et les deux autres types alors ?

    -Le couple triangle est appelé ainsi car il est constitué de deux partenaires qui parviennent à communier intégralement, corps et âme et à se rejoindre à la pointe du triangle. Il s’agit d’individus qui ont conscience que la sexualité est un acte sacré qui réclame une attention totale et bienveillante, un partage et une quête commune. Les deux personnes vivent dans une communication très forte, un bonheur réel mais, par amour pour leur partenaire, ils sont malgré tout obnubilés, par une certaine idée de l’amour physique et le schéma PCO, préliminaires, coït, orgasme, est toujours en vigueur. Cette recherche de l’orgasme, simultané si possible, les entrave mais ils ne le réalisent pas encore.

    -C’est déjà magnifique comme structure, je trouve et elle m’irait bien.

    -Et pourtant, la suite est encore plus belle. Le couple cercle ne fait pas l’amour, il est dans l’amour. En permanence. Il n’y a pas de préliminaires parce qu’ils sont constamment en caresse, physiquement, mentalement, il n’y a pas de coït parce qu’ils sont unifiés dans un cocon énergétique, il n’y a pas de quête d’orgasme parce que la simple émotion qui jaillit à la pensée de cet amour suffit à diffuser en eux un plaisir intense. Ces individus aiment chez l’autre leur amour de la vie et c’est au cœur de cet amour commun qu’ils se retrouvent. Ils sont dans l’amour. Constamment. Et par conséquent, leur sexualité n’est pas incluse dans un schéma préétabli. Elle se vit à chaque instant parce que cet amour vibre en eux. Quand ils s’unissent physiquement, c’est leurs énergies qui fusionnent. Il y a dans ce couple cercle des flux magnétiques, des forces qui n’ont pas de noms précis, qui ne sont pas identifiables, des énergies qui les traversent et les absorbent jusqu’à ce qu’ils disparaissent dans une entité asexuée qui ressent intégralement l’amour généré par les deux partenaires. Ni homme, ni femme mais une énergie commune qui s’aime à travers deux âmes physiques.

    -Des âmes physiques ?

    -C’est comme ça que j’appelle l’état de grâce créé par cette sexualité sacrée. L’âme enveloppe le corps au contraire de ce que les gens imaginent. Lorsque cette conscience a pris forme, lorsque l’individu n’est plus assujetti à un mental dictateur, c’est l’âme qui dirige le corps, à chaque instant et par conséquent aussi dans l’acte sexuel. Mais l’âme est également le récepteur des ondes émises par l’Esprit de l’intelligence créatrice, Dieu ou la nature ou le nom que tu veux lui donner. L’âme est en contact avec Dieu et en nourrissant le corps par une spiritualité consciente et assidue, elle apporte à la sexualité sa dimension divine. Dieu est dans ma verge comme il est dans ton vagin, il est dans notre jouissance, dans mon sperme et dans ta cyprine, Dieu aime la sexualité et nous invite à jouir mais à jouir de toute notre âme en usant de tout notre corps. C’est cela la sexualité divine. Entendre et aimer Dieu en nous et jouir de sa présence et faire que Dieu jouisse en nous.»

    La présence. Cette impression indéfinissable d’être visitée, là où elle imaginait une autre femme. Elle n’aurait jamais imaginé qu’il pouvait s’agir de la présence de Dieu en elle.

    « Tu sais, cette nuit, j’ai eu l’impression à un moment d’être un sexe d’homme. Pas d’avoir un pénis mais d’être moi-même, intégralement, un sexe d’homme. Je ne comprends pas ce que ça signifie.

    -Et j’ai eu pour ma part l’impression que tu étais en moi. C’est tout simplement un des effets de cette conscience sexuelle qu’il faut développer pour relier la dualité homme femme que nous portons tous. La vie a choisi une forme sexuée pour chaque individu mais la vie elle-même n’est pas sexuée, elle est énergie. La sexualité sacrée rétablit cette conscience de la Présence divine en nous et la Nature créatrice n’a pas de sexe. Dieu n’est ni masculin, ni féminin. Il est tout. Il use de la sexualité en nous pour expérimenter la conscience de la vie. C’est comme un marionnettiste qui déciderait de tenir le rôle des marionnettes pour affiner au mieux le jeu de théâtre qu’il a créé.

    -Nous sommes des marionnettes pour toi ?

    -Oui, bien sûr puisque nous n’avons aucun pouvoir décisionnel sur le début et la fin de nos existences, ni sur son fonctionnement, ni sur sa durée. Même les gens qui se suicident n’ont aucun pouvoir. Ils vont vers la mort mais ils n’ont pas créé la mort. Ils accélèrent le processus, c’est tout. On peut comprendre le système organique et les hommes de science y parviennent de mieux en mieux mais ils ne donnent pas pour autant la raison d’exister de cet organisme. Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? C’est une question célèbre.

    -Et tu réponds quoi ?

    -Pour moi, Dieu est une énergie et pour prendre conscience de lui-même, il s’est fragmenté dans la matière. Toutes les formes de conscience individuelle sont des registres d’expérimentations. Dieu comme énergie prend conscience de lui-même à travers la vie et il nous reste à prendre conscience de Dieu en nous. Imagine par exemple un flux électrique. Il n’est qu’un flux qui ne sait rien de lui-même. Dieu, en tant qu’énergie créatrice, s’est appliqué à diffuser ce flux dans des milliards de milliards de formes matérielles et spirituelles. Il est l’expérimentateur qui explore l’intégralité de son pouvoir créateur.

    -Et donc, la sexualité sacrée est un moyen pour les humains de rencontrer Dieu ?

    -C’est effectivement ce que je pense. Je sais bien que les humains sont capables d’avoir des relations sexuelles sans amour mais à mon sens, ils ne font pas l’amour, ils copulent et ça n’a rien à voir avec une quête de Dieu. Leur sexualité a donc besoin d’excitation pour pallier à l’absence d’amour. Le couple cercle n’a pas de fantasmes, n’a pas de pensées insoumises, n’utilise pas de techniques formatées, n’a besoin d’aucun expédient pour s’aimer. Leur sexualité est prioritairement énergétique. Masser le corps de l’autre, par exemple, est un moment énergétique et par là-même orgasmique. Pas un orgasme génital mais un orgasme spirituel. C’est ça, l’état de grâce. Tu vois. C’est un amour physique, émotionnel, sensoriel, intellectuel, philosophique, existentiel, un amour qui n’a aucune autre intention que de rester dans l’amour. La sexualité n’a aucunement besoin d’être alourdie par des intentions mais elle doit être nourrie d’attentions. Des attentions qui couvrent toutes les dimensions que je viens de citer.

    -Je n’ai jamais connu cet état avec Laurent. Ni avec aucun autre homme. Avant toi.

    -Je pensais en avoir goûté la saveur autrefois mais je sais aujourd’hui qu’il n’en était rien. Ce qui suggère d’ailleurs que l’horizon n’est jamais visible dans le territoire de l’amour.

    -Un territoire ?

    -Oui, c’est comme ça que je le vois en fait. Un territoire qui est toujours ouvert et dans lequel, on ne peut entrer qu’avec l’amour en soi. Les gens qui se plaignent de l’amour ne sont pas entrés dans le territoire. Ils sont à l’extérieur et ils critiquent. Ils ne se sont pas dénudés, spirituellement, ils n’ont entrepris aucun travail intérieur et ils entrent de force dans le territoire. C’est comme si je partais en montagne avec un sac énorme, des quantités d’affaires, une pléthore de matériel technique pour me rassurer ou me convaincre que c’est possible et au final, je vais me plaindre de la raideur de la pente et de la difficulté de l’épreuve et pire encore, je vais exiger des aménagements du territoire. La montagne n’y est pour rien pourtant. C’est moi qui me suis inutilement chargé. Pour entrer dans le territoire de la montagne, il y a des règles. Il en est de même avec l’amour. C’est un territoire où l’âme est à nue, légère, reliée à son cœur, portée par un corps réjoui, comblé, épanoui. Et avec toi, les horizons que je viens de découvrir m’ont ébloui au-delà de tout ce que je pensais avoir atteint et au-delà même de ce que je pouvais imaginer.

  • JUSQU'AU BOUT : la douleur de l'éveil

     

     

     

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    "Il se réveilla heureux. Il retira rapidement le rideau et regarda le fourgon vert. Il ne vit aucun mouvement. 8h30. Ils étaient déjà partis.

    L’impression de rattraper des heures de sommeil. Les deux journées de vélo ne lui avaient laissé aucune courbature. Il s’en félicita. Il enfila un short et sortit. Ciel nuageux. Une légère couverture dentelée, comme une haleine glacée. Pour le bleu du ciel, ça devait être agréable de se glisser sous des draps aussi accueillants. Nulle menace dans cette vapeur suspendue.

    Il décida de marcher. L’envoûtement des pas, le retournement vers soi… Plonger à l’intérieur. Le goût d’un bonbon de son enfance. Il revenait régulièrement. Il n’aurait su le décrire mais il le ressentait pourtant. Ce n’était pas dans la bouche mais dans une mémoire profonde, diffuse, insaisissable, un abysse impossible à situer. Comme un envahissement. Qu’y avait-il d’autre dans ces endroits inexplorés ? Était-il possible de remonter plus loin dans le temps ? Une mémoire à l’échelle de l’humanité se cachait-elle en nous ? Une mémoire à l’échelle de l’univers, était-ce possible ? Portions-nous bien plus que nos simples souvenirs ?

    Enflammé par les idées, il se prépara joyeusement et partit. Il délaissa les sentiers et s’enfonça sous les arbres. Une borne d’altitude placée sur la carte. C’était son objectif. Entraînement pour le Grand Nord.

    Méandres sous les pinèdes, franchissements de talus, remontées de flancs rocailleux, faire le point avec la boussole, tracer un azimut, prendre des repères…

    Il essaya de replonger dans la discussion de la veille. L’opposition entre l’essence et la personnalité. Où en était-il ? Un fouillis de pensées lui brouilla rapidement l’esprit. Désagréable malaise. Comme un travail titanesque, une odyssée périlleuse, sans aucune balise. En était-il capable ? Il décida de chercher parmi les écrivains ceux qui auraient pu s’intéresser à cette théorie et qui l’aurait analysée. Il n’en trouva aucun et il perdit les quelques réflexions personnelles qu’il avait réussi à extirper des méandres de son cerveau agité.

    Il s’arrêta pour rectifier son cap avec la boussole. La traversée d’une zone de feuillus encombrée d’arbustes épineux et de taillis serrés l’avait écarté de son axe.

    Lorsqu’il voulut reprendre le fil de ses réflexions il n’en restait qu’un capharnaüm indescriptible. L’impression de devoir tout reprendre à zéro. Il en garda une pénible sensation d’impuissance et décida finalement de ne penser à rien et de se concentrer sur la marche.

    Les parfums de résine, les chants joyeux d’oiseaux invisibles, les couleurs chatoyantes des frondaisons, la découverte curieuse d’un nouveau paysage, quelques traces d’animaux dans une boue séchée, des sentes discrètes qu’il suivit silencieusement attisèrent peu à peu cet abandon.

    Et pourtant ce dépit, cette déception tenace. Ce n’était pas ainsi qu’il parviendrait à progresser dans sa propre connaissance et la désillusion le rattrapait. Une lutte inéluctable, comme si les pensées ne pouvaient cesser de se combattre, de se chevaucher, de se contredire, il voulait cesser de penser et devait y penser pour y parvenir. Désirer l’apaisement et créer dès lors les conditions favorables à l’émergence du dégoût, une nasse inévitable, ce dégoût de l’impuissance en lui.

    En débouchant dans une clairière, il s’aperçut que la couverture nuageuse s’était déchirée et que des taches de bleu parsemaient le tissu tendu du ciel. Une étrange similitude avec les différents états dans lesquels il évoluait depuis quelques mois. Les trouées éparses pouvaient représenter les quelques moments de clairvoyance qui parvenaient parfois à déchirer la masse compacte de son engourdissement. Les eaux boueuses du lac. La nature, quand on l’observait réellement, offrait de multiples possibilités d’analyses de l’existence. Mais cette simple observation restait insuffisante si l’on désirait parvenir à une conscience supérieure. Comme un simple jeu enfantin, une connivence imaginaire. Il en resta troublé puis l’idée jaillit brutalement comme un éclair de lucidité, une fulgurance qui faillit le renverser !

    Il s’arrêta.

    Le ciel, comme son esprit, procédait de la même façon, ils étaient semblables et égaux dans leurs existences ! Il ne s’agissait pas de se comparer occasionnellement à un élément de la nature mais de vivre comme cet élément, aussi fragile ou déterminé que lui, aussi troublé ou apaisé. Identique. Lui, simple être vivant, membre à part entière d’une nature vivante, il ressentait les mêmes troubles, les mêmes agitations, les mêmes apaisements qu’un ciel, qu’un lac, qu’un arbre ou qu’un insecte. Leurs effets étaient sans doute différents dans leurs matérialisations visibles mais leurs causes restaient communes. Les ouragans ou les tremblements de terre pouvaient donc représenter les conséquences d’un trouble profond de la planète, trouble assimilable à celui d’une crise de nerfs chez l’homme.

    Durant quelques secondes, cette idée lui sembla totalement folle puis finalement cela lui parut évident. Les animistes l’avaient ressenti depuis longtemps. Cette terre était vivante, tout comme lui et il la percevait enfin dans sa réalité. Tous ces textes ésotériques qui prenaient, à travers cette vision, une portée considérable, ces réflexions qu’il n’avait pas su saisir, ces témoignages incompris.

    Mais si cette nouvelle conscience s’avérait exacte, tout ce que l’homme infligeait à la nature devait la plonger dans une totale incompréhension vis à vis de cette humanité.

    « Pourquoi cette espèce vivante me cause-t-elle autant de douleurs ? »

    Cette question devait résonner à chaque instant dans l’âme de cette planète. Il en eut honte. Terriblement honte. Aucune autre espèce vivante ne se permettait un tel affront, l’idée d’une atteinte physique inconsidérée et injustifiée ne pouvant sans doute même pas s’éveiller dans l’esprit d’aucun des autres membres de cette vie. Le plus incroyable étant d’entendre ces hommes accuser la montagne meurtrière, la mer implacable, les volcans cruels d’avoir emporté quelques vies humaines. Mais pouvait-on honnêtement demander à cette planète de rester impassible juste parce que nous vivions à sa surface ? La puce qui nous sautait dessus ne nous demandait pas de rester immobile et de cesser toute activité. Elle savait bien qu’elle prenait un risque en s’aventurant sur cette surface vivante, mouvante et colérique. Elle en assumait la décision. Nous étions bien les seuls à oser nous plaindre des phénomènes inhérents à la vie de notre vaste foyer.

    Il essaya de recentrer chacune de ses pensées et d’en retirer un résumé, une formule parfaite, un condensé précis qu’il pourrait facilement transmettre aux hommes qui seraient prêts à l’écouter. Il ne trouva rien de simple. Vouloir limiter de telles réflexions revenait systématiquement à en perdre un aspect et à donner à l’ensemble une impression farfelue. On ne l’écouterait même pas, on se moquerait de lui, il s’en doutait bien et entendait déjà les railleries. L’humanité s’était enfermée dans une vision restrictive mais rassurante, une hégémonie qui satisfaisait son désir narcissique. Vouloir établir une égalité d’existence, une similitude dans nos émotions avec un brin d’herbe ou une fourmi relevait de l’utopie absolue. Personne ne l’écouterait.

    Il pensa à Maryse et Daniel. Un possible partage.

    Le retournement vers soi. Il ne s’agissait pas de se contenter d’un regard humain mais d’instaurer un regard différent, neuf, épuré, jusqu’à l’effacement de cet humain. Qu’il ne reste qu’une forme de vie en symbiose avec d’autres formes de vie. L’oubli de soi, quand il ne s’agit que d’une forme aiguë de prétention, était la clé nécessaire à cette ouverture vers le monde. Il tenait la solution et la joie qui le gonflait aurait pu le faire voler au-dessus de la cime des arbres.

    Ce fut comme une naissance et l’accession à une nouvelle lumière.

    Pas, cette fois, la lumière artificielle d’une salle d’hôpital mais la lumière de l’univers. Un rayonnement d’étoile, un embrasement au cœur de ses fibres, un noyau en fusion, une âme libérée, un envol. Des vagues de frissons qui cascadent.

    Un autre état de conscience, différent de celui prôné par l’esprit humain. Un état naturel. Un état de connivence avec le monde. Nous serions donc en dehors de la vie, attachés comme du bétail à tirer dans une fuite aveugle des fardeaux imposés, à nous abrutir jour et nuit de drogues licites, à nous interdire, par tous les moyens, de nous observer. Il pensa à ses journées de travail, à ses six heures en classe, à ses deux heures au bureau, à l’entretien de son logement et de son fourgon, de son vélo et de toutes ses petites affaires, aux courses, à la télévision et à la radio, à ces informations d’un monde en débâcle, aux discussions sur le mauvais temps et le prix de l’essence, et à tous les passe-temps dérisoires pour occuper les dernières minutes de cette mort camouflée dans une journée quotidienne. Toutes nos activités nous tournaient irrémédiablement vers un extérieur artificiel, à des distances considérables de nous-mêmes et du monde. De notre complicité avec ce monde. Nous étions tous dans un état de non vie.

    Il s’assit au sommet d’une butte. Il dominait la cime des arbres. Le paysage devant lui s’étendait jusqu’à l’horizon. Il eut peur brutalement de ce qu’il découvrait.

    Il eut peur du moment où il redescendrait parmi les morts.  

    Il eut envie de leur parler. Il eut pitié d’eux. Pour la première fois, il aima l’humanité. Pendant quelques secondes. Pourquoi cette humanité avait-elle abandonné ce bonheur ?

    Il chercha… Et comprit qu’il ne devait pas le faire. Chercher, c’était encore faire appel à l’esprit humain pour répondre à une question qui concernait un ordre planétaire, une harmonie universelle d’où l’homme s’était retiré.

    Il déposa son sac, sortit sa serviette et l’étala. Il se déshabilla et s’allongea au soleil. Les yeux fermés.

    Une brise légère mais régulière coiffait le sommet dégagé et repoussait les insectes. Il pensa aux rennes de Scandinavie qui progressent sur les crêtes ventées pour se protéger des taons. Il suivit leurs longues marches. Vaste troupeau obéissant à des migrations séculaires, chaque individu posant ses pas dans les pas de ses ancêtres, acceptant la loi du groupe sans même y penser, perpétuant sereinement un ordre naturel. Un faucon survolait les troupeaux. La danse suspendue de l’oiseau le conduisit au bord de l’océan. Jonathan Livingstone l’accueillit. Le goéland avait acquis la liberté à travers le vol, il avait brisé les règles établies et choisi de développer des qualités extraordinaires pour éveiller sa propre connaissance. Mais s’il avait atteint une liberté sublime, il ne le devait qu’à une volonté farouche. Ce n’était pas un exemple accessible à tous. Le développement de cette connaissance hors du commun n’avait été rendu possible qu’à travers l’extrême perception et l’absolue maîtrise de son essence. Il avait retrouvé enfoui sous de misérables comportements quotidiens toutes les possibilités de son corps et de son esprit. De son être unifié. Aujourd’hui, le culte de la personnalité qui servait de référence ne représentait en fait que la consolidation d’un système pervers, nullement l’accession à cette connaissance supérieure. Ce n’était pas l’homme qui était promu mais sa totale participation à une vie de masse. Et les quelques individus parvenant à s’extirper de cette foule anonyme cautionnaient par cette fausse réussite un esclavage doré, totalement éloigné de toute essence. Rien ne s’éveillerait. Ce n’était pas l’homme libre qui pouvait jaillir mais juste l’homme privilégié, profitant avidement de l’opulence sordide des plaisirs offerts par ce système, l’embellissement frénétique des murs de la prison. Celui qui y parvenait apparaissait comme le plus heureux et le meilleur des hommes et la foule envieuse continuait à rêver avec le même enthousiasme aveugle, la même convoitise, se nourrissant d’espoirs de gloire et de fortune quand la paix de l’âme restait à portée de main, accessible à tous, sans distinction sociale, raciale ou d’intelligence. C’est l’esprit seul, sa sensibilité et sa capacité à goûter pleinement l’importance d’un brin d’herbe comme celle d’une étoile qui ouvrait les portes du monde.

    Il s’étonna de la fluidité de son raisonnement. Il ne se souvenait pas avoir connu auparavant des éveils aussi flamboyants. Il ne pouvait certifier qu’il parviendrait à échanger de telles idées mais ce bonheur était déjà si inattendu qu’il lui suffisait amplement. Il douta d’ailleurs d’une possible transmission. N’était-ce pas à chacun de constituer sa propre théorie ? Sa propre vérité…Opposée à cette vacuité terrible qui nous étouffait. Soudainement, encore une fois, le vide de l’existence telle qu’elle était instituée, lui brûla la gorge. Physiquement. Il s’assit, prit la gourde et avala plusieurs goulées d’eau fraîche. L’angoisse disparût mais la tension dans laquelle l’esprit s’était maintenu céda d’un coup. Les larmes coulèrent, librement, sur les joues, il fallait pleurer, il le sentait, c’était une délivrance nécessaire, pas une fuite ou un abandon mais un lien avec ce monde oublié et battu. La rencontre triste de deux consciences esseulées, la complicité fabuleuse de deux esprits en sursis, deux êtres condamnés à plus ou moins brève échéance, sentant au-dessus de leurs consciences effrayées la menace permanente d’un sabre que l’espèce humaine tenait fièrement.

    Il refusa de sombrer dans les noirceurs et se releva. Il reprit son sac et s’engagea sur une sente. Il força son pas durant de longues minutes, crachant des bouffées de déprime dans les souffles jaillis de ses poumons, dans les brûlures de ses muscles, les gouttes de sueur qui voilaient ses yeux. Il sentit combien la peur pouvait étouffer les plus beaux sentiments, les plus intenses émotions. Il avait entrevu son retour parmi les hommes et la terreur qui s’était dressée l’avait tétanisé. Comment supporter ce mensonge immonde ? Ça ne lui semblait plus possible.

    Il marcha comme un forcené, évadé d’une prison morale et qui court, qui court, sentant dans son dos la rage haineuse des morts.

    Il serpenta entre les arbres, hors de tout objectif et de toute conscience réelle. Ce fut une fuite sans but. La douleur était en lui, les terreurs l’habitaient. Et il souffrait davantage encore de ne pas maîtriser ces assauts morbides, de ne pas parvenir au contrôle de soi et de devoir, pour trouver une certaine paix, consumer ses forces dans des défis iraisonnés.

    Il atteignit un nouveau sommet, simple colline déboisée, ouverte sur les horizons. Dans la dernière montée, un vertige l’avait ébloui. Il décida de manger. Espérant surtout y trouver l’absence de pensées dont il avait besoin.

    Face à lui s’étendaient des pentes boisées, vastes mers de couleurs superbes sur lesquelles les rayons solaires, variant leurs inclinaisons et leurs intensités, jouaient pendant des heures. Il devina, sous le secret des frondaisons, les itinéraires répétés des animaux, leurs parcours ancestraux, incessamment agressés par des hommes envahisseurs. Il sentit l’angoisse pesante des espèces encerclées, les cris suppliants des arbres abattus, les râles étouffés d’une terre labourée, toutes ces souffrances quotidiennes qui resserraient impitoyablement sur des êtres fragiles leurs étreintes mortelles. Il aperçut au loin une brume étrange, surplombant une vallée invisible. Était-ce une vapeur échappée d’un lac ou la pollution d’une ville ? Embryon de pluie ou haleine putride. C’est de nos âmes que s’élevait ce poison. L’empreinte des hommes sur la Terre. Le cerf, au fond des bois, percevait le parfum pestilentiel des fumées d’usine, le ronflement des moteurs, le vacarme des avions, le hurlement aigu des tronçonneuses, les appels des chasseurs vers les meutes excitées des chiens. Même le parfum âcre de sa sueur agressait les narines des animaux aux abois. L’homme n’était toujours qu’une menace, que le complice cynique de la mort. Le dégoût. Il n’était qu’un humain. Les fumées de son fourgon, les routes dont il profitait, les champs sulfatés pour les récoltes forcées dont il se nourrissait, les bétails engraissés pour des populations obèses, les mers vidées par les filets dérivants, les centrales nucléaires pour des électricités gaspillées, les forêts vierges rasées pour des meubles coûteux, les fleuves agonisants sous les rejets nitratés, les décharges sauvages et les dépotoirs engorgés. On immergeait dans les fosses marines des containers de déchets radioactifs comme on jetait par les fenêtres des voitures un paquet de cigarettes. Le geste était le même. C’est la mort qu’on propageait.

    Le dégoût.

    Il ne voyait pas d’issue et sentait combien ses réflexions le conduisaient à une impasse. Si les animaux vivaient dans la peur permanente, la planète elle-même ressentait-elle cette angoisse ? Représentions-nous désormais le mal absolu ?

    Sa simple présence éveillait dans les arbres des frissons inquiets et les gens incrédules mettaient cela sur le compte du vent. Un pigeon passa devant lui. Son vol était puissant et rapide. Était-ce une fuite, la recherche désespérée d’un dernier refuge ? On trouvait jusque dans les mers australes des traces de dérivés chimiques. Où pouvait-il aller ? Les feuilles des arbres, autour de lui, le regardaient avec des yeux terrifiés, des hordes d’insectes affolés fuyaient devant ses pas aveugles, les nuages empoisonnés pleuraient des larmes acides.

    Les hommes avaient propagé la mort. Ils étaient son plus fidèle allié. L’humanité comme l’étendard de la grande faucheuse.

    Le dégoût.

    La violence du dégoût.

    Il se leva et prit le chemin du retour. Un court instant, des désirs de suicide. Il en gardait sur les lèvres un goût sucré, presque bon, l’anéantissement salvateur de la culpabilité et l’impression d’un geste enfin à soi.

    Il ne devait pas rester seul. Il en mourrait. C’était certain.

    Tête baissée, il parcourut les bois, la mort aux trousses et c’est ce sentiment effroyable de la fin à venir que les hommes étouffaient sous des agitations frénétiques. Ne pas savoir, ne pas écouter ni sentir. Rien. Vivre dans l’aveuglement, juste pour se supporter. Nous étions la mort et nous le savions. Mais nous maintenions avec obstination l’interdiction de le dire.

    Il finit par courir espérant que la violence de l’effort empêcherait toute intrusion raisonnée.

    Arrêter de penser et ne penser qu’à cela.

    C’était donc cela le rôle du sport. Juste le complice d’une dictature complexe. L’opium du peuple, un de plus.

    Ne pas penser. Courir. Etouffer le dégoût sous des épuisements musculaires.

    « Arrête de penser ! » cria-t-il dans le silence craintif des bois. Des sanglots échappés bloquaient ses souffles dans la gorge serrée.

    « Arrête de penser, gémit-il, arrête. »

    A l’orée d’une clairière, il se figea. Il ne se souvenait pas de cet espace dégagé. Il regarda autour de lui et ne reconnut rien. Au premier instant, il se dit qu’il était perdu mais l’absurdité de cette conclusion le frappa. Parmi les hommes, il était perdu. C’est ici qu’il était quelque part mais il n’y trouvait pas les repères inculqués et se sentait totalement égaré.

    Avant de s’effondrer, il fonça, droit devant.

    Ce n’est pas le temps qui s’égrena mais la répétition mécanique de ses foulées, la force de ses respirations, l’usure de ses muscles, le choc dans son crâne des pas retombés, les crachats de salive qui suintaient aux coins des lèvres et les larmes salées qui coulaient de son corps comme un pus honteux.

    Honteux.

    C’est ainsi qu’il déboucha sur une route. Il reconnut l’accès au lac. Il était descendu trop bas. Il remonta le ruban goudronné sans diminuer la longueur de ses foulées, comme poursuivi par l’horreur du monde humain et il songea à ces milliards de kilomètres balafrant la planète, cicatrices sans cesse entretenues, élargies, renforcées, reliées entre elles par des réseaux de plus en plus étendus. Il crut devenir fou et comprit qu’il découvrait la vraie raison. Les fous, de leurs côtés, traçaient de nouvelles routes pour rejoindre plus rapidement leurs semblables.

    Le parking, le fourgon. Il courut encore, s’engouffra, ferma la porte et sauta fébrilement sur la boîte de cannabis. Anesthésier les flots de pensées sous des brouillards parfumés, étouffer fébrilement des consciences insupportables."

  • Un climat de guerre

    Hallucinant....Et il se pourrait bien que le terme de "guerre" devienne effectivement le plus approprié. Pas demain matin mais plus tard... Étonnant d'ailleurs comme mon roman "Jusqu'au bout" en devient dès lors un livre prémonitoire.

    CLIMAT : LA GUERRE EST DÉCLARÉE ET LA PROPAGANDE CIBLE LA SCIENCE

     

    Dans sa dernière édition, l'hebdomadaire Valeurs Actuelles cloue au pilori ceux qu’il appelle les "charlatans de l’écologie" mêlant Greta Thunberg, Matthieu Orphelin, le Giec ou Novethic. Son crédo : "La science officielle" qui alerte sur le réchauffement climatique, n’est pas la "vraie science". Vidéo à l’appui, le journal cite des scientifiques dont ce n’est pas la discipline, qui prennent de vraies affirmations pour en tirer des conclusions tout à fait fausses. Ce mode de propagande est en train de se répandre. Il est dangereux parce qu’il sème le doute.

    Couverture valeurs actuelles 2

    La couverture de la dernière édition de Valeurs Actuelles dénonce le totalitarisme écologique.
    @ValeursActuelles

    Jeudi 27 juin, Valeurs Actuelles a mis en Une le visage désormais mondialement connu de Greta Thunberg. Cette jeune fille suédoise fait le tour de la planète pour alerter les grands dirigeants sur l’urgence climatique. Elle est devenue la figure de proue des manifestations de jeunes en faveur du climat mais, pour le journal, le visage de la lanceuse d’alerte est celui du "Totalitarisme vert".

    L’article principal de son dossier dénonce la colonisation du débat public par "les prophètes verts du malheur", c’est-à-dire à tous ceux qui appellent à un changement radical de nos modes de vie, de travail, de consommation pour atténuer le réchauffement. Sur le banc des accusés, on retrouve bien sûr Greta Thunberg mais aussi l’astrophysicien Aurélien Barrau, les députés européens Matthieu Orphelin et Yannick Jadot ou encore votre serviteur Novethic, dénoncé comme un "think tank" aux "scénarios décroissants". Ces propos virulents pourraient faire sourire s’ils n’étaient pas accompagnés d’une charge contre des faits scientifiques prouvés. 

    Ainsi, Valeurs Actuelles écrit : "La science officielle considérée comme un moyen de faire taire les contradicteurs a rendu la science véritable obsolète". Ailleurs, le journaliste évoque "ce réchauffement climatique dont on nous rebat les oreilles depuis quinze ans". Enfin il dénonce "la mort du débat, la mort de la raison", qui est selon lui bien plus à craindre qu’un "quelconque cataclysme planétaire". Le climatoscepticisme, répandu par 
    les marchands de doute, montre à nouveau les dents, non seulement à la Une de cet hebdomadaire mais aussi sur des plateaux télé.

    Des plateaux de télé donnant la place aux climatosceptiques

    Quelques jours auparavant, Brune Poirson, secrétaire d’État à la Transition écologique, a dû batailler sur LCI contre Gilles-William Goldnadel, avocat et essayiste. Celui-ci remettait en cause le rôle de l’homme dans le dérèglement climatique. Il a conclu cette passe d’armes avec un magistral "Je ne sais pas ce que c'est que la science".

    Vidéo intégrée

    Brune Poirson@brunepoirson

    Des années de recherches l'ont prouvé, jamais le climat ne s’est réchauffé aussi rapidement dans l’histoire.
    Mais on trouve encore des personnes pour affirmer que ce n’est pas lié aux activités humaines. Avec des réflexions de ce type, nous perdons du temps, très précieux.

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    Une scène similaire s’était déroulée sur CNews quelques semaines auparavant. L’écologiste et femme politique Claire Nouvian était tombée, selon son expression, dans un "guet-apens climatosceptique" face à Pascal Praudqui y anime un talk-show "L’heure des Pros". Ces débats qui n’en sont pas, sèment le doute parce qu’ils font référence à LA science pour mieux la dévoyer.

    La principale cible de leurs attaques est le GIEC, coupable d’alimenter la planète de faits scientifiques documentés et affinés depuis 1988, date de sa création. Il faut sans doute leur rappeler que le groupe d’experts sur le climat de l’ONU a été créé par deux de leurs idoles : Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Ce qu’ils prétendent dénoncer dans le camp d’en face sont en fait leurs propres méthodes : un mélange d’anathèmes qui servent à caricaturer l’ennemi pour mieux justifier qu’il faille l’abattre.

    Ludovic Dupin @LudovicDupin et Anne-Catherine Husson-Traore,  @AC_HT, Directrice générale de Novethic

  • JUSQU'AU BOUT : Commentaire (2)

    Boutwhite web 1

    Laura est une fidèle lectrice et je la remercie chaleureusement de son attachement à lire mes ouvrages.

    Je me doutais que ce livre la dérangerait, que le personnage de Pierre la rebuterait. Je lui avais d'ailleurs déconseillé la lecture de "Les héros sont tous morts" où la partie sombre des individus est encore plus profonde. Dès lors, je me réjouis quelque peu de son article et de l'effet que Pierre a eu sur elle bien que j'aurais préféré que sa lecture ne lui soit pas si "douloureuse".

    Je voulais décrire un "héros" perturbant, un personnage dont la détermination dépasse toutes les limites puisque le meurtre ne l'arrête pas et qu'il le justifie à chaque fois. Que ce roman dérange répond par conséquent à l'objectif que je me fixe lorsque j'écris.

    J'en ai décrit les raisons ici Divertir ou bousculer ?

     

    Il y a malgré tout au long de l'histoire un rapport à la nature qui apporte son lot d'apaisement, tout autant que l'histoire d'amour avec deux jeunes Hollandaises.

    Il n'empêche qu'à la lecture de l'article de Laura, c'est la violence meurtrière de Pierre qui reste l'élément principal.  Sur l'ensemble du livre, les passages violents représentent pourtant 1/10 ème du roman. Il faut croire que ces scènes sont particulièrement bien décrites !

    Est-ce que je dois le regretter ou m'en réjouir ? En tant qu'écrivain, je m'en réjouis. En tant qu'individu, je les réprouve. 

    Il n'en reste pas moins que la question doit être posée : à partir de quel seuil de révolte, l'individu peut-il s'accorder le droit à la violence ? 

    http://lerefugedecheyenne.hautetfort.com/?fbclid=IwAR07JqKEgq1uBzO91-Fw48rXtZ4PhqQxF5LiHTmU2GoBTBm0VY3ZTXNUqGE

    « JUSQU’AU BOUT » de Thierry LEDRU aux éditions du 38

     

    De Thierry LEDRU, j'ai déjà lu :

    Noirceur des cimes : http://lerefugedecheyenne.hautetfort.com/archive/2016/08/16/noirceur-des-cimes-de-thierry-ledru-edite-chez-altal-editio-5836830.html

    Vertiges : http://lerefugedecheyenne.hautetfort.com/archive/2016/05/16/vertiges-de-thierry-ledru-aux-editions-la-fontaine-de-siloe-5802619.html

    Là haut : http://lerefugedecheyenne.hautetfort.com/archive/2015/07/05/la-haut-de-thierry-ledru-au-editions-a-o-andre-odemard-5651547.html

     Kundalini  : J’ai eu l’honneur de le lire avant qu’il ne soit édité, raison pour laquelle je n’ai pas écrit de billet sur ce livre. C’est un roman absolument magnifique et grandiose.

    Le livre :

    Pierre est un instituteur, jeune, son 1er poste. Avant il était éducateur.

    Il a une haute opinion des enfants et de l’éducation qu’ils doivent recevoir, de ce qu’ils doivent trouver à l’école. Il possède aussi un grand respect et amour de la nature.

    Il ne supporte pas les personnes qui dégradent la nature, ceux qui ne comprennent rien aux enfants et ne s’en occupent pas ou sont à la limite de la maltraitance. Nous aussi on déteste ces gens-là, mais généralement on s’arrête là. A la critique et l’incompréhension. Pas lui. Lui, va jusqu’au bout de son idée.

    Même si je comprends le raisonnement de Pierre, j’ai eu du mal avec ce héros, je ne l’ai pas aimé. Il est inquiétant. Dérangeant. Souvent, j’ai eu peur de ce que Pierre allait faire.

    Faut-il aller jusqu’au bout pour sauver la planète ? L’éducation des enfants ?

    Les passages avec sa classe sont plus doux, apaisants, rassurants.

    Ce livre est volontairement perturbant. L’écriture ciselée de Thierry LEDRU augmente chaque moment de tension et aussi chaque moment de bonheur simple.

    Cette lecture a été un sacré voyage, un peu douloureux.

    Tous les livres de Thierry LEDRU nous incitent à réfléchir sur des sujets sensibles et importants, à ouvrir les yeux et à être lucides, même si ce n'est pas très confortable.

     

     

     

    10:59 Publié dans Le talent des autres | Lien permanent | Commentaires (0)

  • La désobéissance végétale

    La désobéissance végétale pour reverdir nos villes grâce à des bombes à graines

     

    https://lareleveetlapeste.fr/la-desobeissance-vegetale-pour-reverdir-nos-villes-grace-a-des-bombes-a-graines/?fbclid=IwAR0HeCnI8WSbrpfmIuxUpJ4mi0NRxCu4H-hQ6EiOmk_ksS4USS_S0yVig_c

     

    Véritable activité politique pour ses membres, la Guerilla Green leur permet de se réapproprier l’espace public pour ne plus subir les décisions des aménageurs urbains et lutter contre la bétonisation à outrance. En France, ce sont 25m2/seconde qui sont noyés sous le béton, rien que pour les terres agricoles.

    28 juin 2019 - Laurie Debove

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    Les permis de végétaliser, c’est bien. Ne pas attendre d’étouffer sous le béton, c’est mieux. Voici un peu la philosophie de la Guerilla Green, mouvement de résistance urbaine qui végétalise l’espace public pour se réapproprier la ville. « Guerilla Green : le guide de survie végétale en milieu urbain » en donne les codes et les astuces, pour que chacun-e puisse se lancer.

    Se réapproprier l’espace public urbain

    A l’origine, le mouvement des « levellers et Diggers » protestait contre la privatisation des communs (les forêts, les terres arables). En 1607, au Sud de Londres, des milliers de paysans sans terre résistèrent contre l’accaparement des terres par la haute paysannerie riche en combattant leur milice et détruisant les clôtures pour récupérer les sols.

    Crédit Illustration : Cookie Kalkair

    Dans les années 1970, à New-York, cette résistance végétale est remise au goût du jour version urbaine avec le guerilla gardeningEn pleine crise économique, des propriétaires ruinés doivent céder leur terrain à la municipalité qui les laisse à l’abandon. Des citoyen-ne-s décident alors de reverdir ces terrains en les cultivant et créant de nombreux jardins et potagers.

    « Il ne faut pas confondre la Guerilla Green avec l’agriculture urbaine qui a une vocation de production, dans des lieux pas forcément accessibles au public. La Guerilla Green reprend les codes de la guerilla armée et de la street-culture avec l’idée de se réapproprier un espace public devenu hostile, mais cette fois pour une cause écologique. » explique Ophélie Ta Mère Nature, Guerillera Green, à La Relève et La Peste

    Armé-e-s de bombes à graines, de pelles ou de râteaux, les Guerilleros Green sont autonomes et n’ont pas de chef, ils décident librement du bout de terre dont ils vont s’occuper plutôt que d’attendre d’avoir l’autorisation municipale de végétaliser leur rue.

    En effet, végétaliser la ville est considéré comme de la dégradation d’un bien public. Cet acte de désobéissance civile interroge ainsi la légitimité de certaines législations.

    Lutter contre le tout-béton

    Véritable activité politique pour ses membres, la Guerilla Green leur permet de se réapproprier l’espace public pour ne plus subir les décisions des aménageurs urbains et lutter contre la bétonisation à outrance. En France, ce sont 25m2/seconde qui sont noyés sous le béton, rien que pour les terres agricoles. Avec des périodes de canicule de plus en plus importantes, végétaliser permet aussi de rafraîchir la ville et d’apporter du bien-être aux habitants.

    « Il ne faut plus être victime de la situation. On sait qu’il y a une crise écologique et sociale sans précédent, et que les pouvoirs publics ne sont pas dans le quotidien des gens. On ne va pas rester les bras croisés à attendre que les choses changent. On peut, avec très peu de moyens, occuper cet espace et recréer du lien social en ville. Lors de nos actions, tous les types de classe sociale s’intéressent à ce qu’on fait, et viennent échanger avec nous, et parfois y prennent part. Il y a une vraie bienveillance de la part des habitants et des passants car ils réalisent à quel point cette action altruiste est fragile. A leur tour, ils veulent protéger la rareté de la végétation, le vivant et le beau. » raconte Ophélie Ta Mère Nature, Guerillera Green, à La Relève et La Peste

    Partout en France, des guerilleros green investissent ainsi l’espace public. Même si la démarche est illégale, les arrestations restent marginales. « Difficile d’arrêter quelqu’un qui plante des fleurs ou des fruits », sourit Ophélie. Quand elles sont comestibles, les plantations de la Guerilla Green permettent également de se questionner autour de l’accès à une alimentation équilibrée pour toutes les franges de la population. Les guerilleros restent très attentifs à la pollution de l’air et des sols lorsqu’ils souhaitent planter des végétaux comestibles, mais aussi à l’accès à l’eau.

    « Guerilla Green : le guide de survie végétale en milieu urbain » a ainsi été pensé par Ophélie et l’illustrateur Cookie Kalkair comme un projet hybride décliné sur un compte Instagram, des reportages vidéo et une bande dessinée qui paraîtra le 21 août en librairie, pour inciter les gens à passer à l’action en quelques étapes. Seul-e ou en groupe, repérer un lieu par lequel on passe assez souvent pour pouvoir l’entretenir sans trop de contraintes, et prendre le temps de l’observation pour choisir des plantes adaptées au sol et au climat. Parfois, il faut aussi nettoyer le lieu. Puis planter !

    28 juin 2019 - Laurie Debove

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    La désobéissance végétale pour reverdir nos villes grâce à des bombes à graines

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    Manifeste - Numéro 3Écrit par Hélène De Vestele , « L’urgence de la cohérence » est notre troisième manifeste. Le "Zéro Déchet" est ici vu comme une arme d’amélioration massive. Ce nouveau manifeste ne vous apprend pas à trier vos déchets... Il ne s’agit pas de faire un peu moins pire, il s’agit de bien faire. Nous devons radicalement changer pour construire un avenir meilleur. Hélène De Vestele vous emmène dans les coulisses du Zéro Déchet.

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