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  • Le cerveau amoureux

    Portrait chimique de votre cerveau amoureux

     

    Par Hélène Combis

    Emotion, émotions |Qu'est-ce que l'amour ? Une émotion, un sentiment... Intouchable, intangible, volatil. Pourtant, il déclenche un milliard de petits séismes chimiques qui font suite à l'activation de certaines zones dans notre cerveau.... On vous explique les raisons biologiques de cet attachement irraisonné.

    Le Baiser, 1905 Le Baiser, 1905• Crédits : Gustav Klimt

    En décembre 2016, France Culture consacrait une semaine aux émotions en tout genre. Et quelle est l'émotion suprême, si ce n'est... l'amour ? Une "constellation de comportements, de cognitions et d’émotions associés au désir de nouer ou maintenir une relation proche avec une personne spécifique." C'est du moins ainsi qu'il a été défini d'un point de vue psychologique, explique le psychiatre et docteur en psychologie Serge Stoléru dans son essai _Un cerveau nommé désir_, paru en septembre 2016 (Odile Jacob). Avec, parmi ces constellations, une impression d'énergie décuplée, la "focalisation de l'attention sur une personne unique, à laquelle on pense sans arrêt, à qui tout nous ramène", une dépendance émotionnelle, et un désir d'union émotionnelle et physique, "étoile filante mille fois réitérée".

    Mais cet état d’euphorie, cette attraction ressentie pour l’autre, est le fruit d'un savant cocktail chimique, précisait la neurobiologiste Lucy Vincent en août 2004 sur France Culture. C'était dans l'émission "Science Culture", au micro de Julie Clarini. Une émission intitulée "La biologie à la conquête de l'amour" :

    Écouter

    59 MIN

    La biologie à la conquête de l'amour, Science Culture, août 2004

    Durée : 1h

    Ces processus complexes du ressenti amoureux sont les mêmes pour tous, et font appel à notre part animale, expliquait Lucy Vincent dans cette archive : "Nous sommes des êtres humains mais nous sommes des animaux aussi. Notre cerveau humain a une sorte de cerveau de singe en dessous qui garde beaucoup de comportements et beaucoup de réflexes qui sont liés à notre vie sauvage."

    De quelle manière l'amour naît, s'installe et perdure dans nos cerveaux d'anciens hominidés ?

    "Pendant qu’on est dans cette phase d’amour que je qualifie de folie ( …) le cerveau est différent." Lucy Vincent

    Nota Bene. Le désir sexuel est-il indispensable à l'état amoureux ? "Pour certains, le désir sexuel est un ingrédient nécessaire aux sentiments passionnels des phases initiales de l’amour romantique. D’autres soutiennent qu’amour et désir sexuel appartiennent à des systèmes sociocomportementaux fonctionnellement indépendants, qu’ils ont des bases cérébrales différentes et des fonctions distinctes sur le plan de l’évolution." Tout un débat, sur lequel nous ne nous attarderons pas davantage dans cet article, consacré à la construction de "l'amour romantique" par le cerveau.

    Une première émotion, au premier coup d'oeil

    Dans son essai Un cerveau nommé désir, Serge Stoléru évoque précisément la toute première étape de la rencontre amoureuse. Elle passe généralement (si l'on excepte les coups de foudre virtuels) par la perception visuelle. C'est l'activité du cortex visuel qui sera déterminante concernant la naissance d'une émotion (ou pas) dans un cerveau. Très basiquement, "plus un visage est symétrique, plus ce visage est évalué comme beau."

    "L'attirance que la beauté exerce sur nous semble en partie innée ; des expériences de psychologie conduites avec des bébés de 2 à 3 mois vont dans ce sens (...) Cela reste vrai dans différentes cultures." Serge Stoléru

    Une opération d'évaluation qui passe aussi par les souvenirs :

    "Le cortex orbifrontal dispose de l'information selon laquelle telle ou telle personne nouvellement apparue dans l'environnement sera probablement associée à du plaisir, à du déplaisir, ou ni à l'un ni à l'autre. En effet, votre cortex orbifrontal reçoit des informations sur ce que vous avez ressenti comme agréable ou désagréable lors des expériences que vous avez vécues." Serge Stoléru

    Et c'est ce même cortex orbifrontal qui envoie un signal aux régions cérébrales nous permettant de ressentir des émotions, et notamment à l’insula : "L’insula, région en relation étroite avec le système limbique, nous permet d’avoir la perception consciente de certaines de nos réactions viscérales, telles que notre cœur qui se met soudainement à battre la chamade". Suite à cette émotion, il nous faut généralement mobiliser une certaine énergie pour aller de l'avant, se rapprocher de l'autre, aller vérifier que le ramage est égal au plumage... tenter sa chance ! Et c'est cette fois la substance noire du cerveau qui agit, en libérant de la dopamine. Un neurotransmetteur... qui porte bien son nom, et envoie à l'organisme non seulement de l'énergie, mais aussi des signaux de plaisir et de bien-être. La dopamine joue un rôle clé durant toute la durée d'une relation amoureuse, et pas seulement à ses prémices.

    Madone Sixtine (détail), 1513-1514 Madone Sixtine (détail), 1513-1514• Crédits : Raphaël

    Se sentir amoureux

    "Il y a un emballement des systèmes de récompense qui font qu’on devient dépendant de notre partenaire. On se sent bien quand on est près de lui, quand il n’est pas là, il nous manque énormément… Tout ça ce sont les mêmes systèmes que ceux impliqués dans la prise de drogue par exemple. Ou même dans la quête de la nourriture, de la boisson, tout ce qui est la passion. Les systèmes de récompense sont terriblement impliqués dans l’amour." Lucy Vincent

    Le premier pas vers l'autre a été fait. Le choc émotionnel se transforme en un sentiment plus pérenne. Et c'est fichu : l'amour s'est installé. La première responsable de cette folie ? Au banc des accusés, l'ocytocine, qui est également appelée "hormone de l'attachement", et qui intervient aussi dans la maternité, assurant la force du lien mère/enfant : "La nature est économe, dans l’évolution, on voit à de nombreuses reprises la même substance, la même molécule, venir servir à plusieurs rôles", explique Lucy Vincent.

    "Probablement, lors de la mise en place de ce lien par l’ocytocine dans la jeune enfance, il y a beaucoup d’associations qui se mettent en place, une sorte de conditionnement presque, avec l’odeur du parent, avec des signes visuels, avec des sons qu’on entend. Et puis plus tard dans la vie, quand on a une répétition de tous ces stimulis là, ça ne peut que renforcer le lien qui se crée avec le partenaire." Lucy Vincent

    L'attachement est bien sûr également nourri de fantasmes, de rêverie. Une activité extraordinairement payante en dopamine, et qui se déroule au sein du réseau cérébral de l'"imagerie motrice : "Ces fantasmes sont intimement associés à l’envie d’agir, de sorte que l’activité fantasmatique est à la croisée de la composante cognitive et de la composante motivationnelle", détaille Serge Stoléru.

    Et ces rêveries peuvent elles-mêmes prendre source dans les souvenirs vécus avec la personne aimée. C'est alors l'hippocampe qui s'enflamme, dans la cartographie cérébrale : "Pourquoi une région cruciale de la mémoire s’active-t-elle quand nous voyons l’être que nous aimons ? Est-ce parce que ce visage nous rappelle des moments heureux vécus avec lui ? C’est là l’explication la plus probable."

    Un baiser Un baiser• Crédits : Sydney Shaffer - Getty

    Et après les premiers feux ?

    Pour que l'amour perdure, le cerveau continue de tricher en désactivant certaines zones, dotant celui qui aime des "yeux de l'amour", explique Lucy Vincent : "On constaterait une baisse d’activité des parties du cerveau associée aux émotions négatives, au jugement de l’autre". Précisant que le mécanisme est le même pour une mère qui regarde son bébé.

    "Chez les hommes, l'ocytocine agit comme si elle rehaussait à leurs yeux la beauté des femmes qu'ils aiment." Serge Stoléru

    Quant à l'ocytocine, elle continue à cultiver l'attachement électif. La vasopressine également : ces deux "neuropeptides sociaux" sont secrétés par des neurones de l'hypothalamus. Tous deux sont responsables du sentiment d'amour exclusif, du "seulement toi", lui aussi indispensable à la pérennisation de l'état amoureux.

    "Est-ce que le schéma qui se dégage des études chez les rongeurs s’applique, mutatis mutandis, à l’amour humain ? ( …) Si c’est le cas, alors, lors d’une rencontre (qui sera) amoureuse ( …) la perception de la personne (destinée à être) aimée active à la fois les circuits dopaminergiques et les voies ocytocinergiques et vasopressinergiques impliquées dans l’identification d’une personne comme unique entre toutes." Serge Stoléru

    Serge Stoléru rapporte aussi qu'une expérience faite par des chercheurs de New York sur des conjoints de longue date (une vingtaine d'années), montre qu'une activation spécifique d'une zone de leurs cerveaux a lieu, lorsqu'on leur présente une photo de l'être aimé : le pallidum ventral, qui joue un rôle crucial dans la genèse des sensations de plaisir. Un constat qui vient fragiliser le propos de Lucy Vincent lorsqu'elle affirme (comme Frédéric Begbeider) que la "folie de l'amour" dure trois ans.

    "Il y a des mécanismes qui se mettent en place pour que cette personne nous paraisse vraiment formidable, pour nous obliger à rester avec lui ou avec elle le temps de produire l’enfant et l’élever jusqu’à ce qu’il soit un tout petit peu autonome." Lucy Vincent

    D'ailleurs, la neurobiologie (et son lot de théories évolutionnistes) n'est évidemment pas la seule discipline à avoir son mot à dire concernant l'état amoureux. Le psychisme individuel, nourri d'une culture singulière, est la pierre d'angle de ce sentiment, et détermine la façon dont il est vécu par chacun. Car l'homme moyen n'existe pas. Mais ça... c'est une autre histoire.

    "L’amour c’est certainement biologiquement quelque chose de primordial, très intéressant, mais pourquoi est ce qu’on y attache autant d’émotion et d’importance ? C’est parce que nous avons pu – et je pense évidemment à Shakespeare – exprimer cet amour dans des termes très émouvants." Lucy Vincent

    Le dernier baiser de Roméo et Juliette, 1823 Le dernier baiser de Roméo et Juliette, 1823• Crédits : Francesco Hayez

    Hélène Combis

    BIBLIOGRAPHIE

    Un cerveau nommé désir, Serge Stoléru

     

  • La forêt amazonienne, le soja et la viande de bétail.

    L'Amazonie soumise à forte pression 

    http://www.journaldelenvironnement.net/article/l-amazonie-menacee-par-la-guerre-commerciale-chine-etats-unis,96880

    L'Amazonie soumise à forte pression

    La forêt amazonienne pourrait être la grande perdante de la guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine, depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche. Selon un article publié dans Nature, la hausse réciproque des tarifs douaniers conduit l’empire du Milieu à importer toujours plus de soja brésilien, pour assouvir sa demande de viande.

    En 2018, les Etats-Unis ont accru les tarifs douaniers sur les produits made in China, conduisant celle-ci à en faire autant sur les produits américains. Parmi ces derniers, le soja, principalement utilisé pour nourrir le bétail.

    Résultat: les achats chinois de soja américain ont chuté de moitié entre 2017 et 2018, bien que le niveau de taxation n’ait augmenté qu’en milieu d’année. Dans le même temps, 75% des importations chinoises de soja étaient d’origine brésilienne, révélant une substitution totale du soja étatsunien par le brésilien.

    13 MILLIONS D’HECTARES DE FORÊT MENACÉS

    Quelle sera la principale conséquence de la mésentente entre les deux Grands? Une déforestation accrue de l’Amazonie, craignent Richard Fuchs, de l’Institut de recherche météorologique et climatique de Karlsruhe (Allemagne), et ses collègues. Et pas qu’un peu: en 2016, la Chine avait acheté 37,6 millions de tonnes de soja aux Etats-Unis. Pour en faire autant, le Brésil devrait accroître de 39% la surface agricole dédiée au soja devra, soit 13 millions d’hectares additionnels –une surface comparable à celle de la Grèce.

    «En comparaison, presque 3 millions d’hectares de forêt ont été rasés en 1995 comme en 2004, lors des deux pics de déforestation qu’a connu le Brésil», rappellent les auteurs. Nul doute que le défi n’effraie pas le nouveau président brésilien, Jair Bolsonaro, soutenu pendant sa campagne par l’agrobusiness brésilien et pourfendeur des droits territoriaux des peuples autochtones.

    DES POSSIBILITÉS LIMITÉES DE DIVERSIFICATION

    Plus inquiétant, la consommation chinoise de viande, et donc les importations de soja, ne cessent d’augmenter –les estimations des chercheurs pourraient donc être largement sous-estimées. La Chine produit certes du soja, mais trop peu pour assouvir ses besoins. Et la désertification croissante de ses terres arables limite ses capacités d’augmentation de ses productions agricoles.

    Les autres grands pays producteurs de soja (Argentine, Russie, Canada) pourraient alléger la pression sur la forêt amazonienne. Mais cela restera insuffisant. Dans le meilleur des cas, le Brésil devra tout de même augmenter de 17% son offre de soja pour satisfaire l’appétit chinois pour le soja.

    DRAPEAU BLANC POUR LE SOJA

    Selon les chercheurs, la bataille pour l’Amazonie semble perdue d’avance, sauf si les Etats-Unis et la Chine décident d’exclure le soja de leur chantage respectif. Sans cela, la Chine devra augmenter sa production de soja, diversifier ses importations, et, peut-être, envisager de nouveaux modes de consommation, moins chargés en viande.

    «Les gouvernements, les producteurs, les autorités de régulation du commerce et les consommateurs doivent agir maintenant. S’ils échouent, la forêt amazonienne pourrait être la plus grande victime de la guerre commerciale sino-américaine», concluent les auteurs.

  • Empreinte écologique

    L’accord de Paris implique de prendre considérablement moins l’avion.

    Ne devrait-on pas d'ailleurs parler plutôt "d'emprunt écologique" étant donné que nous empruntons de notre vivant les ressources disponibles pour les générations futures ? Quand allons-nous réellement nous soucier de cet héritage ? Est-il concevable de considérer qu'un jour, les nouveaux arrivants auront le droit de nous reprocher d'avoir dilapidé le trésor ?

     

     

    L’accord de Paris implique de prendre considérablement moins l’avion. ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

    On le dit souvent, c’était mieux avant. Une analyse produite par le site anglais Carbon Brief, mercredi 10 avril, pourrait donner raison à cet adage : les enfants nés aujourd’hui devront considérablement limiter leur empreinte carbone par rapport à celle de leurs grands-parents – plus précisément, émettre entre trois et huit fois moins de CO2 à l’échelle mondiale – afin d’enrayer le dérèglement climatique. C’est à cette condition que le monde pourra maintenir le réchauffement bien en deçà de 2 °C, et si possible à 1,5 °C, comme le prévoit l’accord de Paris conclu en 2015.

    Les engagements actuels des Etats pour lutter contre le changement climatique sont notoirement insuffisants : à supposer qu’ils soient intégralement tenus, ils mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement de 3,2 °C d’ici à la fin du siècle. De sorte que selon une étude du Programme des Nations unies pour l’environnement publiée en novembre 2018, les pays doivent tripler le niveau de leur effort pour ne pas dépasser 2 °C de réchauffement. Et le multiplier par cinq pour ne pas aller au-delà de 1,5 °C. Ce dernier objectif implique un pic des émissions autour de 2020, leur division par deux en 2030 et une neutralité carbone au milieu du siècle. Soit des transformations rapides et majeures dans les secteurs de l’énergie, des logements, des transports ou de l’alimentation.

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Nous sommes en 2050, à quoi ressemblerait la vie dans un pays neutre en carbone ?

    Pour calculer le « fardeau » laissé aux nouvelles générations, les experts de Carbon Brief ont construit un outil interactif combinant des données sur les émissions et la population de chaque pays avec des projections climatiques. Ils ont ensuite pu estimer combien chaque citoyen peut émettre de CO2 tout au long de sa vie, en fonction de sa date de naissance et de son pays, afin de limiter le réchauffement à 1,5 °C ou 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels.

     

    « Injustice intergénérationnelle »

    Résultat : les nouvelles générations vont devoir limiter leur empreinte carbone jusqu’à 90 % par rapport à celle de leurs grands-parents. Par exemple, un enfant né en 2017 en France disposera d’un budget carbone de 170 tonnes de CO2 dans une optique de limiter le réchauffement à 2 °C, soit environ le tiers de celui d’un individu né en 1950 (589 tonnes). Dans le cas d’un monde qui ne dépasserait pas + 1,5 °C, le plus jeune n’aurait plus à sa disposition que 68 tonnes, huit fois moins que son aîné.

    Cet enfant, dans l’hypothèse où il vivrait 85 ans, ne devra donc pas dépasser 2 tonnes de CO2 par an dans le cas du scénario de 2 °C, et 0,8 tonne en cas de réchauffement maintenu à 1,5 °C. Ce qui revient à se rapprocher des émissions par habitant des Indiens (1,9 tonne par an), loin de celles des Français (6,9 tonnes par an). Cela impliquerait de prendre considérablement moins l’avion (un aller-retour Paris-New York envoie une tonne de CO2 dans l’atmosphère par passager), de limiter l’usage de la voiture et de réduire sa consommation de viande.

    Lire l’enquête : L’avion, plaisir coupable de l’écolo voyageur

    A noter que ni l’étude de Carbon Brief ni les chiffres hexagonaux de rejets de CO2 par habitant n’incluent les émissions importées liées aux produits fabriqués à l’étranger mais consommés sur le territoire national, ce qui minimise ainsi de plus d’un tiers l’empreinte carbone réelle des Français – de même qu’en grande partie celle des pays développés.

    Question d’équité

    A l’échelle mondiale, les émissions de CO2 s’élèvent actuellement à 4,9 tonnes par an et par habitant. Ce qui signifie que pour contenir le réchauffement à 2 °C, le budget carbone d’une personne née aujourd’hui serait épuisé en vingt-cinq ans au rythme des émissions actuelles, et en neuf ans dans une optique de 1,5 °C.

    Les émissions de CO2 « allouées » aux jeunes générations pourraient même se voir encore davantage réduites, selon la répartition entre les pays du budget carbone mondial à ne pas dépasser, autrement dit qui peut manger quelle part du gâteau.

    Les experts de Carbon Brief ont repris des modèles (les « Integrated assessment models ») qui répartissent les futures émissions pour chaque région du monde. Dans ce scénario, un jeune Américain, même s’il devra bien moins polluer que ses aînés, se verra toujours allouer un budget carbone quinze fois supérieur à celui d’un Indien, quatre fois supérieur à un Chinois et deux fois plus important qu’un Européen.

    Pour des questions d’équité et pour tenir compte de la responsabilité historique des pays développés dans le changement climatique, les experts de Carbon Brief notent que les émissions restantes d’ici à 2100 pourraient être également réparties entre tous les citoyens, quel que soit leur pays. Dans ce cas, le budget carbone d’un Américain né aujourd’hui serait inférieur de 97 % à celui de ses grands-parents.

    « Injustice intergénérationnelle »

    « Dans tous les cas, les enfants nés aujourd’hui vont devoir endosser la majeure partie des efforts dans la lutte contre le changement climatique, explique Leo Hickman, rédacteur en chef du site Carbon Brief. En effet, les générations précédentes, en particulier les baby-boomers, ont déjà consommé l’essentiel du budget carbone qui nous reste pour respecter l’accord de Paris, notamment en brûlant pendant des décennies des énergies fossiles dans des avions et des voitures. »

    Alors que les jeunes mènent des grèves scolaires pour le climat chaque semaine dans le monde, cette analyse « met en évidence l’injustice intergénérationnelle du changement climatique », poursuit-il. « Ces jeunes vont devoir adopter un mode de vie radicalement différent, mais pas forcément fait de sacrifices, grâce au développement de technologies qui permettent de décarboner l’économie  les énergies renouvelables ou les voitures électriques », estime Leo Hickman. Les enfants nés en 2017 ne se diront pas forcément que c’était mieux avant.

  • L'animal : une personne non-humaine

    Des juristes proposent de faire de l’animal une personne juridique

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    Déclaration d’intérêts

    Caroline Regad ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son poste universitaire.

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    Certains animaux, macaques, dauphins et pigeons, par exemple, se reconnaissent dans le miroir. a_m_o_u_t_o_n /PixabayCC BY-NC-ND

    En 2012, sous l’impulsion d’une équipe de chercheurs dont le célèbre astrophysicien Stephen Hawking, la Déclaration de Cambridge proclamait l’existence d’une forme de conscience animale. Si cet événement a marqué un tournant historique dans la perception des animaux, le droit a depuis globalement continué à traiter ces derniers comme des choses.

    Sept ans plus tard, des universitaires juristes appellent à adapter la législation à cette évolution des sciences. C’est la Déclaration de Toulon.

    Le 29 mars dernier, lors d’une séance solennelle clôturant une série de colloques portant sur « La personnalité juridique de l’animal », la Déclaration de Toulon était énoncée. Retour sur cette nouvelle étape.


    À lire aussi : À quand l’animal reconnu comme une « personne » juridique en France ?


    Une réponse juridique forte à Cambridge

     

    En 2012, la Déclaration de Cambridge affirmait que « les humains ne sont pas les seuls à posséder les substrats neurologiques de la conscience. Des animaux non-humains […] possèdent également ces substrats neurologiques. » Selon les propres mots de Philip Low, son rédacteur, « notre devoir était avant tout de dire la vérité ». Par la suite, en termes bioéthiques, les Déclarations de Curitiba, en 2014, puis de Lisbonne, en 2015, refuseront à leur tour de traiter les animaux comme des choses.

    Mais pour la première fois au monde, la Déclaration de Toulon tire réellement les conséquences juridiques de celle de Cambridge.

    Le 29 mars dernier, des juristes réunis à Toulon pour un colloque ont appelé à la création d’une personnalité juridique pour les animaux. Caroline Degad

     

    Une question de cohérence

     

    Les termes de ce texte à vocation universelle s’entendent comme une adaptation du droit à l’évolution des connaissances, œuvrant ainsi en faveur de la cohérence des systèmes juridiques. S’appuyant expressément sur la Déclaration de Cambridge, les juristes universitaires regrettent ainsi « que le droit ne se soit pas saisi de ces avancées [scientifiques] pour faire évoluer en profondeur l’ensemble des corpus juridiques relatifs aux animaux ». Sur cette base, la Déclaration de Toulon pose de manière forte :

    – Que les animaux doivent être considérés de manière universelle comme des personnes et non des choses.
    – Qu’il est urgent de mettre définitivement fin au règne de la réification.
    – Qu’en conséquence, la qualité de personne, au sens juridique, doit être reconnue aux animaux.

    Cette position s’impose d’autant plus que la catégorie des personnes juridiques est suffisamment souple pour accueillir les animaux. De manière générale, le droit reconnaît aujourd’hui deux types de personnes : les personnes physiques (humaines) et les personnes morales (les associations, les sociétés, les fondations). La Déclaration de Toulon exhorte à faire entrer les animaux dans la première (personnes physiques) afin d’assurer leur rattachement aux vivants. À côté des personnes physiques humaines, la catégorie des personnes physiques non-humaines serait ainsi créée.

    Symbiotik@AgenceSymbiotik

    Une synthèse inédite des connaissances actuelles sur la conscience animale :
    à découvrir ici
    @FR_Conversation : http://ow.ly/zXpW30mlkpf 

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    Un régime spécifique

     

    Le texte précise que les droits des personnes humaines seront différents de ceux des personnes non-humaines. En effet, à une catégorie juridique particulière doit répondre un régime spécifique : les personnes non-humaines seront ainsi dotées de leur propre statut, tout comme les personnes humaines et les personnes morales.

    Fondamentalement, la Déclaration insiste sur la nécessité de cohérence des différents systèmes de droit. À partir du moment où un être est reconnu comme sensible, intelligent et conscient, les rigidités structurelles doivent être dépassées ; il semble tout à fait logique d’accorder une personnalité juridique aux animaux.

    Selon le texte de la Déclaration de Toulon, « cette dynamique s’inscrit dans une logique juridique à la fois nationale et internationale », dont le processus semble aujourd’hui bien enclenché.

    Un texte à vocation nationale et internationale

     

    La Déclaration – pour l’instant rédigée en français, en anglais, en portugais et en italien – fait déjà l’objet de traductions spontanées réalisées par les internautes en russe ou en espagnol, par exemple. Et elle a déjà fait le tour de monde en passant par le Canada, les États-Unis, l’Argentine, le Brésil, la Colombie, la République dominicaine, la Suisse, le Sénégal, le Népal, le Bangladesh, la Malaisie…

    Le texte est certes non contraignant, mais il serait réducteur de limiter le droit aux seuls mécanismes de contraintes ou de sanctions. Elle s’inscrit donc dans les sources mobilisables. Comme l’affirme l’équipe d’universitaires juristes :

    « Elle ne nous appartient plus. Elle doit vivre sa vie maintenant. À l’instar de la Déclaration de Cambridge, elle peut être récupérée par tous les acteurs qui en auraient besoin (États, associations, ONG, juridictions, etc.). »

    La France fera-t-elle figure de modèle ? Pour Philip Low, rédacteur de la Déclaration de Cambridge, le texte de Toulon « donne à la France la possibilité d’aller au-delà de l’Inde pour devenir le premier pays au monde à reconnaître tous les animaux comme personnes au sens juridique ».

    Mais l’ambition affichée par la Déclaration de Toulon dépasse les frontières. Comme le souligne Cédric Riot, l’un de ses proclamateurs, c’est un texte à vocation nationale et internationale qui met sur la scène scientifique et publique un débat, celui de la personnification juridique de l’animal, tout en offrant la méthode pour y parvenir.

    À l’heure où le groupe d’experts de l’ONU vient de rendre son rapport sur l’extinction de nombreuses espèces terrestres, un recul imputable aux activités humaines, la Déclaration de Toulon s’impose encore davantage. N’est-il pas temps d’inverser la tendance ? Le cas échéant, la personnalité juridique attribuée à l’animal serait un moyen pour rendre les systèmes de droit cohérents tout en permettant de répondre aux exigences de la biodiversité.

  • Nous et la nature

    Je lis souvent des articles scientifiques qui alertent sur le risque d'atteinte à l'humanité si la nature est dégradée. J'imagine en fait qu'ils usent de ce biais pour inciter les individus à réagir positivement, dans le bon sens, par des actes.

    Mais en fait, on reste dans le même fonctionnement que celui qui a conduit à ce désastre. Il y a "nous" et la "nature". On ne s'en sortira pas comme ça.

    "Si les abeilles disparaissent, l'humanité suivra le même chemin, donc il faut les sauver." Non, il faut les sauver parce que nous n'avons aucun droit sur elles, nous avons des devoirs, uniquement des devoirs.

    Dès lors que l'humain ne se positionne qu'au regard de lui-même, il envisage un "profit", et cette idée de profit génère inévitablement des désordres à l'unité naturelle.

    Actuellement, les ingénieurs en robotique planchent à l'élaboration de pollinisateurs mécaniques, des "abeilles-robots". C'est un des effets de cette scission entre nous et le monde naturel. S'il ne répond plus à nos besoins et à notre soif de profit, pas de problème, on le remplace. L'idée est de maintenir le flux du "progrès". C'est absurde.

    Le progrès, le vrai progrès, serait de considérer qu'il nous mène au chaos et d'en inverser le cours. Une grande partie de l'humanité vit "hors-sol" et cette portion impose une vue matérialiste de l'existence au reste du monde.

    "Walden où la vie dans les bois", de Thoreau. Voilà un des ouvrages qui présente une voie de progrès réel. La simplicité volontaire. Le retour aux champs. Non pas le retour à la grotte et au feu de camp car nos connaissances seront toujours là.

    La force du groupe humain réside dans son unité spirituelle et non dans la matérialisation d'une "spiritualité économique. " L'économie n'a que faire du droit des animaux et de la Terre dans son ensemble. Si les politiciens et les financiers n'enclenchent aucune transformation majeure, c'est parce qu'ils adhèrent intégralement au fait que la prédominance humaine ne peut être remise en question. Et cette idée est acquise dans la majeure partie de l'humanité.

    Combien de personnes vont cesser de manger des animaux au regard des souffrances infligées ? Certains vont se détourner de l'agriculture industrielle pour aller vers des élevages "bio"...Des élevages bio dont l'objectif final reste le même. Le "droit naturel" de tuer les animaux pour le bien des humains.... On ne s'en sortira pas comme ça... Et le choc psychologique ne surgira qu'au jour où effectivement, l'impact des hommes sera si profond que la nature ne répondra plus à ses besoins fondamentaux. La vie "hors-sol" aura atteint son apogée.

    Personne n'a réellement idée de ce qui en adviendra, sinon quelques scientifiques que pas grand-monde n'écoute.

    Un véritable progrès technologique, un progrès absolument indiscutable, serait que les ingénieurs mettent au point des algorithmes capables de tester des avancées médicales sans l'usage des animaux.

    Un véritable progrès serait de contribuer au remplacement du plastique par des fibres naturelles de résidus de culture.

    Un autre serait de mettre des voiles immenses sur les cargos en complément des moteurs. (C'est déjà possible mais pas exploité)

    La liste des progrès réels à viser est de taille. Mais l'urgence n'est pas encore entrée dans la tête des humains. 

    L'hallucination collective est extrêmement puissante. 

     

    Débat : Donner plus de droits aux animaux, est-ce réduire ceux des humains ?
    Quels droits pour les animaux ? 

    PAZ ARANDO/UNSPLASH

    Le spécisme est le classement, humain, des animaux selon des critères subjectifs. Si les hommes sont égaux en droits, doit-il en être de même pour les animaux ?

    Introduit par Ryder en 1970, le spécisme est une forme de discrimination basée sur l’espèce. Ce concept fait résonance au racisme et au sexisme. D’abord formulé pour montrer la supériorité que l’homme s’accorde par rapport aux autres animaux, le spécisme s’est ensuite élargi aux différences que les êtres humains font entre les espèces animales selon des critères multiples (taille, culture, proximité, usage).

    Il est ainsi difficile, voire inimaginable, pour les Européens de manger du chien alors qu’ils mangent du porc. Pourtant, ces deux espèces peuvent être considérées comme égales à différents niveaux, comme la taille, la longévité ou l’intelligence. Peter Singer s’interroge donc sur les considérations que l’homme devrait apporter aux animaux et ainsi aux critères qui pourraient déterminer que l’un prévaut sur l’autre. Il stipule ainsi que « Tous les animaux sont égaux ». Il n’y a pas une égalité de fait entre les animaux, humains inclus, mais une égalité de droit. En effet, les humains ne sont pas égaux entre eux mais on leur accorde tous les mêmes droits. Singer questionne alors pourquoi il n’en serait pas ainsi avec les animaux. Pourtant, il définit bien que l’égalité de considération des intérêts n’est ni l’égalité de traitement ni l’égalité des vies.

    En effet, tous les animaux n’ont pas les mêmes intérêts, mais ils ont tous, par contre, intérêt à ne pas souffrir. Si ainsi, une souris souffre ou ressent la douleur telle qu’un humain la ressent, pourquoi devrait-on utiliser cette souris pour une expérience douloureuse alors que nous n’utiliserions pas l’être humain pour cette même expérience ? Ceci est défini comme l’égalité de considération des intérêts. L’égalité de considération (à ne pas souffrir par exemple) n’est pas, selon Peter Singer ou Cass R. Sunstein, la même chose que l’égalité des vies.

    Notre « schizophrénie morale »

    Peter Singer dit ainsi que la vie d’un être possédant une conscience de soi, capable de penser abstraitement, d’élaborer des projets d’avenir, de communiquer de façon complexe, et ainsi de suite, a plus de valeur que celle d’un être qui n’a pas ces capacités. Il donne l’exemple très critiqué des cas marginaux humains. Prenez un être humain qui ne ressortira jamais de son coma, qui ne ressent rien et qui ne fera plus rien de sa vie : pourquoi ne pas faire des expériences biomédicales sur lui plutôt que sur un macaque conscient ?

    Singer n’encourage pas ici les expériences biomédicales pour les personnes comateuses ou handicapées, mais illustre bien la « schizophrénie morale » qu’il y a chez l’homme et qui définit le spécisme. Par contre, il se base sur l’intérêt de vivre lié à la faculté de se représenter sa vie. Le simple fait de vivre n’est pas en soi un bien qu’il faut conserver, contrairement à ce que pensent les déontologistes comme Tom Regan ou Gary Francione, défendant le caractère sacré de la vie. En effet, Tom Regan stipula que pour avoir des droits, il faut avoir des intérêts, mais le fait de vivre montre un intérêt en soi. Donc être en vie implique des considérations et des droits, à ne pas être tué ou utilisé.

    Un être humain grandit dans une société où il a un travail, travail pour lequel il est rétribué, respecté et au bout de quelques dizaines d’années, peut s’en acquitter pour une retraite. Lui interdire ses droits, c’est le rendre esclave. Personne ne pourra se révolter contre ceci. Pourtant dans nos sociétés, il y a des êtres qui « travaillent » sans avoir ni respect, ni retraite selon les théories animalistes. Ce sont parfois des chevaux de course finissant à l’abattoir, des chiens utilisés dans la recherche biomédicale puis euthanasiés. Pourquoi ces animaux, au même titre que l’homme ne pourraient-ils pas avoir une retraite ?

    Ces questions, bien sûr, des associations de protection animale telles que le GRAAL ou White Rabbit, se les sont posées et ont ainsi créé la réhabilitation des animaux de laboratoire ou des animaux de course. Dans la même veine, Steven Wise a considéré que les chimpanzés, ayant une conscience de soi similaire aux hommes, ne devraient plus être en cage mais bien réhabilités dans des environnements adéquats. Avec le Non-human rights projects, Steven Wise se base sur les concepts présents dans l’habeas corpus – notion juridique énonçant une liberté fondamentale, celle de ne pas être emprisonné sans jugement – pour « libérer » des grands singes et même des éléphants maintenus dans de piètres conditions.

    Tous les animalistes ne défendent pas une théorie des droits des animaux, pensant comme Carl Cohen or Emmanuel Kant que ces derniers ne sont pas forcément nécessaires à leur protection. Malgré cela, la théorie des droits des animaux fait son chemin, en étant de plus en plus précise quant aux particularités de chaque espèce. Ainsi, La Déclaration universelle des droits de l’animal, corédigée par la LFDA (Fondation droit animal ethique et sciences), a été proclamée solennellement le 15 octobre 1978. Cette déclaration ne remet pas en compte l’utilisation des animaux par l’homme mais incite au respect de l’animal en fonction de la sentience reconnue par la science de l’espèce à laquelle il appartient.

    Une citoyenneté animale ?

    De même, en 2011, Will Kymlicka et Sue Donaldson publie le livre Zoopolis, décrit comme une théorie politique des Droits des animaux. Les auteurs stipulent que les droits des animaux doivent être reconnus. Ils proposent trois catégories d’animaux : domestique, sauvage et liminaire (ici appartenant à deux états, sauvage mais urbain). Et pour chacune, trois modèles de vivre ensemble : la citoyenneté, la souveraineté, le statut de résident. À savoir comment reconnaître chez un coléoptère ou un mammifère les mêmes droits en tant qu’animal sauvage ou liminaire. La question de savoir si l’homme devrait considérer tous les animaux, seulement les vertébrés ou seulement les mammifères dans ces droits divers n’a pas encore été abordée. En 2015, pour la première fois en France, un master en éthique animale a été créé à l’Université de Strasbourg afin de soulever ces questions.

    Pourtant, face à ces théories et initiatives, il faut bien se dire que l’homme n’est pas un animal comme les autres. Ceci se voit bien autour de nous. Quoi que les animaux savent compter et échanger, ils n’ont pas de billets de banque. Quoi que les animaux savent communiquer et ont des langages, ils n’ont pas l’écriture qui a permis à l’Homme cette accumulation culturelle avantageuse. Pour autant, donner des droits aux animaux signifierait-il rabaisser les hommes ? Il n’en est rien.

    Bien sûr, certains (très peu) animalistes extrémistes se lâchent sur les blogs et préfèrent « expérimenter sur les prisonniers ». Des végétariens voudraient forcer les humains à ne plus manger de viande. Mais ces arguments ne sont avancés que par une minorité inondant les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas en donnant des droits aux animaux, de diminuer ceux des hommes. Dire d’un côté « il ne faut plus que l’homme n’utilise aucune espèce animale », comme de l’autre « donner des droits aux animaux, c’est rabaisser l’homme », sont des arguments utilisés que par une minorité de personnes qui ont peu de connaissances soit en philosophie, soit en éthologie. L’éthique, c’est du bon sens comme Kant le soulevait :

    « Les devoirs que nous avons en fait envers les animaux sont des devoirs envers l’humanité car les animaux sont un analogon de l’humanité. Un homme cruel envers les animaux le sera aussi envers les hommes. »

    Comme le dit si bien Matthieu Ricard, prendre en compte la condition animale, c’est donc élever l’homme vers une humanité bien supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui ou encore que les philosophes ou sémioticiens, comme Astrid Guillaume ou Anne-Laure Thessard, appellent une humanimalité.

    The Conversation

  • Le cerveau des enfants

    Image d’illustration. 
    © Getty Images/Science Photo Library R /KATERYNA KON

    7 minutes de lecture

     Neurosciences Enfants  Sciences de la vie

    Florence Rosier
    Publié vendredi 14 septembre 2018 à 13:49, modifié vendredi 14 septembre 2018 à 15:00.

    CERVEAU

    «L’erreur est la condition même de l’apprentissage»

    Dès la naissance, notre cerveau est capable d’apprendre plus vite et plus profondément que la plus puissante des machines. Le jeu, la concentration ou le sommeil peuvent augmenter nos capacités d’apprentissage, selon Stanislas Dehaene, professeur de psychologie cognitive, dont le dernier ouvrage vient de paraître

    • Stanislas Dehaene est professeur de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France (Paris). Il publie Apprendre! Les talents du cerveau, le défi des machines (Ed. Odile Jacob), qui fourmille d’astuces et de récits d’expériences. L’occasion de l’interroger sur les «recettes» d’un apprentissage réussi, inspirées des neurosciences, de la psychologie cognitive et des sciences de l’éducation.

    Le Temps: Tous les élèves – et leurs parents – rêvent de connaître ce secret: apprendre à mieux apprendre…

    Stanislas Dehaene: Personne, malheureusement, ne nous a appris les règles qui font que notre cerveau mémorise et comprend – ou qu’il oublie et se trompe! C’est dommage, car les interventions pédagogiques qui marchent ont été recensées par un site anglais, l’Education Endowment Fund (EEF). Verdict: savoir apprendre est l’un des plus importants facteurs de réussite scolaire. Tous les enfants démarrent dans la vie avec une architecture cérébrale analogue. Leurs compétences innées pour le langage, l’arithmétique, la logique ou les probabilités révèlent leurs intuitions précoces et abstraites, sur lesquelles l’enseignement doit s’appuyer.

    Un bébé opère 10 à 1000 fois plus vite que les réseaux de neurones artificiels actuels!

    Stanislas Dehaene

    Les bébés ont déjà un sens inné des probabilités, dites-vous…
    Le bébé est un scientifique en herbe. C’est même une machine à apprendre, souvent imitée mais jamais égalée! Dès les premiers mois de vie, il formule – à son insu – des hypothèses sur les observations qu’il fait de son environnement. Ensuite, il les revoit constamment à la lumière de ses nouvelles expériences, par un jeu de déductions rigoureuses, grâce à quoi il peut apprendre le langage en un temps record.

     

    Prenons le mot «chien», par exemple. La première fois que sa mère lui dit «regarde ce chien», le bébé peut croire qu’il s’agit du seul chien qu’il voit ou, à l’autre extrême, de tous les quadrupèdes existants. Quand le bébé entend de nouveau ce mot, appliqué à d’autres chiens, il élargit le concept à toute l’espèce, tout en le restreignant à cette seule espèce. Il suffit de trois ou quatre expériences pour que le bébé converge vers le sens d’un mot nouveau. Ce faisant, il opère 10 à 1000 fois plus vite que les réseaux de neurones artificiels actuels!

    Le bébé humain nous étonne par bien d’autres compétences…
    Il expérimente en permanence. Quand il fait tomber sa cuillère pour la 10e fois du haut de sa chaise, vous pensez sans doute qu’il met à l’épreuve votre patience parentale. Il n’en est rien (quoique…): tel un mini-Galilée, il teste les lois de la gravité!

    Mais il a aussi d’étonnantes intuitions sur les nombres, les objets, la psychologie… Très tôt, par exemple, il teste les intentions des gens – bienveillantes ou malveillantes. Au laboratoire, nous évaluons ses savoirs en mesurant son degré de surprise (la durée de son regard sur une scène) quand il observe des situations qui violent les règles de la physique, de la géométrie, des probabilités…

    L’enfant n’apprend bien que lorsqu’il génère en permanence des hypothèses nouvelles. Un élève passif n’apprend guère.

    Stanislas Dehaene

    Un apprentissage réussi repose sur quatre piliers… Quels sont-ils?
    Le premier est l’attention. Aucune information ne sera mémorisée si elle n’a pas d’abord été amplifiée par l’attention et la prise de conscience. Cela impose de ne pas se laisser distraire par des informations non pertinentes – donc, pour les enseignants, d’écarter toute source de distraction: classes trop décorées, etc. Notre attention sélective doit être orientée vers le bon niveau d’informations. Quand un élève dit aux enseignants «Je ne vois pas ce que vous voulez dire», il est sincère: il n’a pas l’image mentale correspondante. Il faut donc être patient avec lui.

    Deuxième pilier de l’apprentissage: l’engagement actif…
    L’enfant n’apprend bien que lorsqu’il génère en permanence des hypothèses nouvelles. Un élève passif n’apprend guère. L’enjeu est de le faire participer en cours pour que son esprit pétille de curiosité, pour qu’il anticipe sur ce qu’il croit avoir compris… En pratique, les bons enseignants utilisent déjà cette notion en alternant des périodes de cours magistral avec celles où ils sollicitent les enfants à l’aide de questions. Un bilan des études sur le sujet le montre: les enfants qui bénéficient d’un enseignement favorisant l’engagement actif ont des résultats supérieurs d’un tiers.

    Lire aussi: Chez les ados, un cerveau à deux visages

    Le retour sur erreur est le troisième pilier de l’apprentissage. Mais il implique d’accepter les erreurs…
    En effet. L’enfant qui s’engage doit rapidement recevoir un «retour sur erreur». S’il a juste, rien à changer, sinon il doit «remettre à jour son modèle mental». L’erreur est la condition même de l’apprentissage. J’estime que les notes ne sont pas un bon système d’évaluation: elles ne donnent pas une information précise sur l’endroit où l'élève s’est trompé. Elles n’ont pas vraiment d’intérêt pédagogique, mais génèrent du stress. Or on sait que les émotions positives nourrissent la curiosité et l’enthousiasme de l’enfant, mais que les émotions négatives bloquent les apprentissages: elles figent les réseaux de neurones. Je plaide donc pour décomplexer l’erreur, notamment dans l’apprentissage des mathématiques, trop souvent source de stress.

    Les écrans font partie de notre vie: ce n’est pas leur présence mais leur contenu qui importe. Les jeux vidéo peuvent être un vecteur d’apprentissage très utile

    Stanislas Dehaene

    Qu’en est-il de la consolidation, dernier pilier de l’apprentissage?
    Il ne suffit pas d’avoir appris une seule fois: les connaissances ne sont ni fortement imprimées, ni automatisées. Encore faut-il, par un jeu de répétitions régulières, déplacer cet apprentissage superficiel vers des circuits cérébraux plus profonds qui les rendent autonomes. La lecture en offre un exemple: au début, on déchiffre avec lenteur les mots, d’une façon consciente qui demande un effort considérable. Mais, à mesure que la lecture s’automatise, les circuits en jeu deviennent inconscients: cela libère notre cortex frontal, qui peut s’occuper à d’autres tâches. Pour maximiser la mémorisation à long terme, nous devons réviser nos connaissances à intervalles réguliers et croissants. Si nous voulons les retenir pendant 10 ans, il faut les réviser au bout de 2 ans.

    Lire aussi: Comprendre comment le cerveau décide

    Quid de l’importance du sommeil?
    Il joue un rôle crucial dans cette consolidation. C’est là une découverte récente des plus intéressantes: le sommeil est une partie intégrante de l’algorithme d’apprentissage de notre cerveau. Quand nous dormons, nos neurones rejouent 20 fois plus vite ce que nous avons appris durant la journée. Cela permet une consolidation, mais aussi une abstraction. Chez l’enfant, la durée et la profondeur du sommeil sont directement corrélées à la quantité d’apprentissage – trois fois plus que chez l’adulte. Un immense domaine s’ouvre ici. En laboratoire, on peut augmenter la profondeur du sommeil en diffusant un bruit de vagues synchrones avec les ondes lentes du cerveau. Au réveil, les apprentissages sont alors mieux consolidés.

    Vous livrez cette autre recette: on apprend mieux quand on alterne les temps d’apprentissage avec des tests sur nos connaissances…
    Une série d’études a comparé la réussite à des tests de mémoire de deux groupes d’enfants ou d’adultes. Le premier passait tout son temps à étudier. Le second alternait – sur une même durée – les périodes d’étude et les périodes de tests des connaissances acquises. Résultat: ce dernier groupe mémorisait bien mieux. Les tests jouent un rôle actif dans l’apprentissage. Certains enseignants en ont l’intuition, mais à l’école ce n’est pas vraiment mis en pratique.

    Lire aussi: Dans le cerveau, une fabrique de neurones à la demande

    Que pensez-vous du débat sur les bénéfices et les risques des écrans?
    C’est un débat extraordinairement stérile. Les écrans font partie de notre vie: ce n’est pas leur présence mais leur contenu qui importe. Les jeux vidéo peuvent être un vecteur d’apprentissage très utile. Y compris des jeux d’action non conçus à cette fin: ils peuvent apprendre à l’enfant à se concentrer, à prendre des décisions rapides…

    Le vrai danger, c’est le risque d’addiction. Mais si l’on contrôle ce risque, on peut tirer bénéfice de l’immense appétence des enfants à l’égard des jeux vidéo. A contrario, ce serait dommage que l’informatique envahisse tout, au point d’éloigner l’enfant de la lecture ou de la musique…

    Lire aussi: Pour les enfants, faire de la musique favorise les apprentissages

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  • Le naturisme au tribunal

    EFFRAYANT

     

     

    Nîmes : un baigneur naturiste comparaît au tribunal correctionnel

    Illustration - Le Gardon, rivière située dans les départements du Gard et de la Lozère. / © Alex Baillaud / IP3 PRESS/MAXPPP Illustration - Le Gardon, rivière située dans les départements du Gard et de la Lozère. / © Alex Baillaud / IP3 PRESS/MAXPPP

    PARTAGES

    Le 27 juillet 2018, quatre personnes d'une même famille se baignent nus dans le Gardon, non loin du Pont-du-Gard. Sur la berge en face d'eux, un couple n'apprécie pas du tout cette absence de maillot de bain. L'Allemand est accusé d'exhibition sexuelle.

    Par Nathalie Deumier

    Peter Misch a 68 ans, il est Allemand, adepte du naturisme de longue date et résident en France depuis 20 ans. Cet été, dans le secteur du Pont-du-Gard, il se baigne tout nu dans le Gardon, avec sa compagne et les deux enfants de celle-ci.

    Selon Peter Misch, au moment où la famille, nue, se met à l'eau, l'endroit est désert. Mais un couple arrive alors et pose ses serviettes à une cinquantaine de mètres de là, de l'autre côté de la rivière. La femme apostrophe vivement les naturistes, la famille sort de l'eau. Et les gendarmes arrivent.

    Procès-verbal pour "exhibition sexuelle"

    Les gendarmes demandent à Peter Misch de les suivre pour dresser un PV. Il refuse, arguant qu'il n'y a aucune provocation sexuelle dans son comportement. Les autorités renoncent à l'emmener au poste mais relèvent son identité.

    L'histoire ne se termine pas là. Peter Misch raconte : "La dame d'en face n'a pas été capable de surmonter une certaine rancune, car elle a porté plainte pour exhibition sexuelle et le substitut du procureur du parquet du Tribunal de grande instance m'a convoqué (...) pour comparaître devant le Tribunal correctionnel à Nîmes le 27 mai à 14 heures."

    Le naturiste est soutenu par des associations

    Yves Leclerc, président de la Fédération Régionale du Naturisme, s'étonne qu'une telle affaire puisse arriver en Languedoc-Roussillon, première région naturiste de France, avec une soixantaine de sites dédiés à l'activité. Auxquels s'ajoutent tous les lieux de naturisme "toléré". Au bord du Gardon, on parle de "naturisme apaisé", où la cohabitation se fait dans le respect, depuis très longtemps.

    Une fois l'effet de surprise passé, Yves Leclec résume la situation avec une image : se baigner nu dans un endroit désert ou sur une plage bondée ne repose pas sur la même intention. 

    Une association fait office de conciliateur

    L'association pour la promotion du naturisme en liberté est très active sur ce genre d'affaire. Lorsqu'un naturiste les saisit, ils téléphonent à la mairie, le commissariat de police ou la gendarmerie concernés et parviennent à désamorcer le conflit. La méthode est simple : ils expliquent que la nudité n'est plus un délit. Méthode qui n'a pas fonctionné cette fois-ci, car l'histoire n'était pas connue.

    L'association voit le nombre de conflits augmenter, à l'image de "la régression des libertés qui touche notre société", selon Jacques Frimont, son président. Les membres prévoient de se rassembler devant le tribunal lundi prochain à partir de 13h30.  

    L'outrage public à la pudeur n'existe plus

    Le code pénal, nouvelle version (1994) a supprimé l'outrage à la pudeur, considéré comme trop lié à la morale pour le droit. Voici donc le délit d'exhibition sexuelle, reproché à Peter Misch : "Article 222-32 du Code pénal : L'exhibition sexuelle imposée à la vue d'autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende."

    Maître Agathe Delescluse tentera de démontrer lundi prochain qu'on ne peut comparer son client à un exhibitionniste qui se masturbe pour choquer. Elle plaidera la liberté vestimentaire et d'expression garanties par la Constitution. Maître Delescluse présentera le naturisme comme une philosophie, respectueuse de la nature et des personnes. 

    Dans des cas semblables, la justice a condamné ou relaxé, de façon aléatoire.

     

  • Une flottaison solaire

    Résultat de recherche d'images pour "énergie cellulaire"

     

    Le massage nous a fait prendre conscience de certains phénomènes. En cinq ans de pratique hebdomadaire, nous avons eu toute latitude pour explorer les divers effets.

    La pensée tout d'abord. C'est elle qui m'intéresse ici.

    Il est clair que des pensées insoumises nuisent considérablement aux bienfaits du massage. Aucune conscience réelle, comme si le corps lui-même, était éloigné de ce qu'il reçoit. Il y a bien la perception des mains mais rien n'est absorbé. C'est juste un balayage chaotique et superficielle du corps.

    L'individu qui masse en conscience n'en est nullement responsable. C'est bien celui qui reçoit qui se doit d'être en état de réception. 

    Il convient donc de passer à une pensée tournée vers le massage. Il s'agit d'accompagner les mains qui massent, en suivre le parcours, comme une radiographie, un "body scan". C'est un état de conscience par identification.

    Mon pied, mon épaule, ma nuque etc... C'est éminemment positif dans l'amélioration de la conscience de soi et dans la multiplicité des ressentis selon les zones concernées. 

    Il faut pratiquer le massage de longue date pour réaliser à quel point, nous connaissons mal notre corps. La surface n'est pas le territoire. Quelles sont les zones de notre corps dont nous connaissons les moindres détails ? Qu'en est-il de l'intégralité du corps ?

     

    Les pensées intentionnelles, même tournées vers le massage, ne sont pas encore le point ultime. Il existe un autre état : la visualisation non pensée.

    Il s'agit cette fois de se défaire de l'identification des zones massées et de rester uniquement dans la perception, les ressentis, sans même les commenter. Et c'est bien plus ardu. Le mental est incroyablement bavard... Et il s'inquiète très vite de son rejet, même provisoire. Il commente, il commente...

    "C'est le coude, j'aime bien le coude...Ah, le creux poplité, j'adore..."

    Recevoir sans commenter. Rien, pas la moindre pensée, pas le moindre mot intérieur. Voilà l'étape suivante. Entrer dans la visualisation non pensée. 

    C'est un long cheminement. Il n'y a pas "d'interrupteur" pour couper les pensées. L'attention portée au corps et aux perceptions est un outil remarquable et incontournable.

    C'est une forme de méditation partagée puisque le masseur est lui aussi dans un état similaire. 

     

    En ne commentant pas la perception, il arrive qu'un autre état survienne. 

    C'est celui que j'appelle "la flottaison solaire". 

    Là, il n'y a plus de perception limitée sur une zone précise avec une détente parcellaire, comme des pièces de puzzle qui s'emboîteraient les unes après les autres, les pieds, les jambes, les fesses, le dos etc ... mais un état de bien être total, intégral, hors de la visualisation des mains du masseur et de son propre corps, hors de cette "dépendance" au regard des mouvements du masseur. 

    Le masseur masse, le massé flotte.

    Cela signifie que l'emboîtement des pièces corporelles est achevée. Il n'y a pas pour autant l'apparition d'une image intégrale mais au contraire l'effacement de l'individu. Le mental s'est effacé, le corps suit le même chemin. 

    Mais que reste-t-il ? 

    L'énergie.

    C'est elle qui rayonne, c'est elle qui diffuse cette clarté diaphane.

    Les yeux fermés, la lumière intérieure est céleste, épurée, d'une blancheur solaire. Rien d'aveuglant. Une lumière qui n'est pas réellement descriptible et je ne sais pas si elle est identique d'un individu à un autre. Ça n'est pas une lumière que je vois. Elle est en moi. Peut-être même que je ne suis qu'elle.

    Il arrive d'ailleurs que les mains de Nathalie viennent se méler à l'énergie. L'impression très précise qu'elles participent à l'agitation des particules, que leur chaleur entretient la flottaison. Et puis, de nouveau, tout s'efface. C'est comme un réveil de sieste, lorsque l'esprit n'a pas encore réinvesti le corps. On ne parvient pas à bouger, en dehors d'un effort conséquent, comme si tout était lourd mais ça n'est pourtant pas de la pesanteur.  

    C'est un état d'absence au corps et de présence à soi. 

    Il est étrange de réaliser que le massage, au départ fondamentalement axé sur le corps, conduit à son effacement et à l'émergence d'un autre état. 

    Plus étrange encore est de réaliser que le même phénomène est accessible dans l'étreinte amoureuse. 

    Ne pas penser, ne pas identifier les zones concernées, ne rien attendre, se laisser flotter dans une aura énergétique où les deux entités s'emmêlent. 

    Dans une flottaison solaire, longue et intemporelle à la fois, une absence d'où germe l'ultime présence. 

    L'orgasme génital est un orgasme pensé.

    Dans la flottaison solaire, l'orgasme est énergétique. 

     

    Le massage est un chemin à emprunter.

    Les horizons ne sont pas connus. Il faut avancer, explorer, expérimenter.

    Sans aucune inquiétude, sans aucune volonté de performance, sans aucun objectif qui viendrait s'ancrer dans le mental et nourrir les pensées.

    Ne rien vouloir.

    Juste s'aimer.