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Le handicap
- Par Thierry LEDRU
- Le 18/05/2019
Un guide de haute montagne, amputé d'une jambe, à la suite d'un attentat.
Avant de l'écrire, j'avais demandé à m'entretenir avec des personnes ayant vécu une amputation et avec le personnel médical qui les suivait. Je suis allé dans une clinique. Je n'oublierai jamais la puissance de vie que j'ai ressentie en ces lieux.
Le fonds "handicap et société" avait sélectionné ce roman pour un prix littéraire. Même si le livre n'a pas obtenu le prix escompté, les échanges avec les gens rencontrés lors de la cérémonie, à Paris, m'ont encore une fois rempli de joie, d'enthousiasme, d'énergie. La force de vie.
L'art photographique sait magnifier la différence pour en extraire l'unité humaine.
La reconstruction intérieure. L'amour en est le ferment le plus puissant. L'amour des montagnes, des forêts, des cieux, du vent, de la lumière, du soleil, de la pluie, de la neige, des oiseaux. Ces bonheurs simples et pourtant immenses, ces bonheurs qui diffusent cette joie de la vie en soi. Jusqu'au jour où cette vie ressentie emplit l'individu de l'amour de soi. Et que l'amour de l'autre redevient possible.
PHOTOGRAPHIES de la page Facebook de BENJAMIN LOUIS
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Cachalot plastifié
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/05/2019
Par quelle folie ou inconscience a-t-on pu en arriver ?
On connaît tous l'étendue des océans et des mers sur la planète et l'intégralité de cette masse liquide est contaminée, empoisonnée, saturée par le plastique.
On en trouve sur les côtes de l'Antarctique...
Aucun mammifère marin n'y échappe, aucun poisson, aucun être vivant et même les plus petits poissons finissent par ingérer des micro particules.
Parvenir à éviter intégralement les achats contenant cette matière est sans doute impossible.
Mais on peut en tout cas fortement les diminuer.
Une baleine enceinte a été retrouvée morte l'estomac rempli de plastique
De Alejandra Borunda
Une femelle cachalot enceinte échouée sur une plage de Sardaigne, une île italienne. Son estomac était saturé de plastique.
PHOTOGRAPHIE DE AVEC L'AIMABLE AUTORISATION DE SEAME SARDINIA
Cet article a été réalisé en partenariat avec la National Geographic Society.
Une femelle cachalot enceinte s'est échouée sur une plage de sable en périphérie de Porto Cervo, une cité balnéaire en Sardaigne. Lorsque les scientifiques et vétérinaires ont éventré la baleine décédée, ils ont assisté à un macabre spectacle : un baleineau mort et près de 22 kg de déchets logés dans son ventre.
Son estomac était rempli aux deux tiers de plastique. Les scientifiques ont également pu apercevoir les restes d'un calamar, mais il est fort probable que les nutriments qu'il contenait n'aient jamais atteint le système sanguin du cachalot car ses intestins étaient encombrés par la masse de déchets plastiques.
« Je n'avais jamais vu une aussi grande quantité de plastique, » rapporte Luca Bittau, biologiste marin au SEAME Sardinia, une organisation à but non lucratif dont centrée sur l'étude et la protection des cétacés vivant au large des côtes sardes. Ils ont trouvé des filets de pêche, des lignes de pêche, des sacs plastique dont certains étaient si récents qu'on pouvait encore y lire le code-barre, des tuyaux en plastique et même des assiettes en plastique « comme celles que l'on trouve chez nous, » ajoute-t-il. « C'est comme si toute notre vie quotidienne était là, mais dans son estomac. » Cette prise de conscience, confie-t-il, a été très accablante.
UN OCÉAN DE PLASTIQUE SOUS DES EAUX CRISTALLINES
Les scientifiques pensent que le cachalot, long de 8 m, faisait partie d'un banc qui évoluait dans les envions de l'île de Caprera où une fosse qui s'enfonce profondément sous les eaux turquoises de la mer Méditerranée leur permettait de donner naissance et de nourrir les baleineaux. La région attire bon nombre de touristes et de plaisanciers, les biologistes pensaient donc que le plus grand danger pour les baleines était les collisions avec les bateaux, et non la pollution plastique.
Pourtant, sous la surface aux allures paradisiaques, la réalité est autrement plus sombre, raconte Bittau. Le plastique recouvre le fond des océans où viennent se restaurer les cachalots et leurs acolytes. Les mammifères plongent au plus profond de la fosse et traquent les calamars dont ils raffolent à l'aide de l'écholocalisation.
Cependant, un sac plastique ballotté par l'océan est difficile à distinguer des mouvements de voltige d'un calamar. Une fois le sac ingéré, il ne sortira plus de la baleine. Chaque erreur commisse par le cachalot aggrave le problème et rapidement son estomac se remplit de ce matériau mortel.
Les causes de la mort de ce cachalot n'ont pas encore été déterminées. Les vétérinaires et les scientifiques de l'université de Sassari enquêtent toujours sur les motifs précis du décès du cachalot et de son bébé. Une triste découverte qui vient s'ajouter à la très longue liste de mammifères marins retrouvés morts l'estomac truffé de plastique.
UN PROBLÈME MONDIAL
« On retrouve aujourd'hui des plastiques partout sur la planète, à travers l'ensemble de l'écosystème marin et à chaque niveau de la chaîne alimentaire, des oiseaux de mer aux tortues en passant par les phoques, » constate Nick Mallos, directeur du programme Trash Free Seas pour l'organisme Ocean Conservancy, une organisation à but non lucratif qui s'intéresse à la protection des océans. « C'est un réel problème international dont les causes se mesurent à très grande échelle et dont les effets ne cessent de s'aggraver. »
La pollution plastique a réussi à atteindre les fosses océaniques les plus profondes et la Méditerranée ne fait pas exception. Elle récolte les déchets des pays qui la bordent et, puisqu'elle est presque entièrement fermée, ces déchets ne quittent jamais ses eaux. Greenpeace estimait dans un rapport publié récemment que la majorité des 150 000 à 500 000 tonnes des macro-déchets en plastique qui entrent chaque année en Europe par voie maritime finissent dans la Méditerranée.
En réponse à cette crise du plastique, l'Union européenne a récemment adopté un texte visant à interdire les produits plastique à usage unique. Il entrera en vigueur en 2021.
Quoi qu'il en soit, il est déjà trop tard pour sauver ce cachalot.
« C'est un autre exemple tragique des impacts réels du plastique lorsqu'il envahit l'océan, » confie Mallos. Il y a de nombreux défis à relever en ce qui concerne l'océan, poursuit-il, « mais la pollution plastique en est un pour lequel nous connaissons la solution. Nous n'avons pas à nous préoccuper de modifier la chimie des océans ou de gérer les réserves de populations de poissons. Nous avons juste à fermer le robinet de plastique qui se déverse dans nos océans. »
« Nous nous sommes tous sentis responsables lorsque nous avons vu ces déchets dans le cachalot, » raconte Bittau, pour les assiettes que lui et ses collègues utilisaient chez eux comme pour les sacs ou les tuyaux. Il ne tient donc qu'à nous d'agir pour corriger ce problème, conclut-il.
National Geographic s'est engagé à réduire la pollution de plastique à usage unique. En savoir plus sur nos activités à but non lucratif sur natgeo.org/plastics. Découvrez ce que vous pouvez faire pour réduire votre propre consommation de plastique à usage unique et engagez-vous.
National Geographic Society et Sky Ocean Ventures sont à l'initiative du projet Ocean Plastic Innovation Challenge dont l'objectif est d'amener divers acteurs du monde entier à collaborer pour développer des solutions innovantes afin de contrer la pollution provoquée par les déchets en plastique. Si vous avez une idée, n'hésitez pas à la partager avant le 11 juin à l'adresse oceanplastic-challenge.org.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.
UN CACHALOT RETROUVÉ MORT AVEC 6 KILOS DE PLASTIQUE DANS SON ESTOMAC
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Sensualité du bien-être
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/05/2019
Voilà cinq ans maintenant que Nathalie et moi, nous nous massons alternativement, une heure par semaine, à des jours différents.
Un rituel.
Musique, diffuseur d'huiles essentielles, huiles de massage avec divers ingrédients selon l'envie : musculaire, anti-âge, détente.
Depuis tout ce temps consacré au bien-être de l'autre, à ces heures de massage intégral, une connaissance affinée s'est installée, une sensibilité qui nous permet de ressentir des « nœuds », des blocages, des tensions, des contractures et de les libérer.
Il y a un aspect thérapeutique indéniable. Je sais combien le massage contribue à ce que je puisse vivre avec mes hernies discales. Le massage reçu tout comme celui que je prodigue : les deux soignent.
On ne discute pas pendant le massage. Rien ne doit nous détourner du saisissement de l'instant, qu'il s'agisse du massé ou du masseur.
Ce qui s'est installé également, c'est la sensualité du bien-être. Il est indéniable qu'il y a une profonde sensualité à masser l'être qu'on aime. Néanmoins, il ne s'agit pas d'érotisme.
Ce rituel de massage n'est pas un préliminaire à une étreinte sexuelle. Sans que rien ne soit « interdit » pour autant.
Le massage est un acte d'amour et c'est une forme de sexualité non génitale, non érogène. C'est une étreinte d'un autre ordre, d'une autre dimension. Masser un mollet, une cheville, une épaule, le creux poplité du genou, le crâne, la nuque, le visage, les orteils, la plante des pieds, les mains, chaque zone est aimée, pleinement aimée...
Les yeux du masseur fixés sur la zone concernée, toute l'attention concentrée, une visualisation des cellules, l'énergie coulant dans les tissus, les sensations précises des « reliefs »... C'est une « pénétration » de peau à peau, un effacement des limites corporelles, l'établissement d'un contact qui va bien au-delà de la matière.
Bien souvent, après le massage, lorsque nous en parlons, nous réalisons qu'à un moment, celui qui massait pouvait avoir été dans un lien émotionnel très puissant, un flux d'amour intense, une énergie libérée qui emplit le ventre, qui réchauffe encore davantage les mains et que celui qui était massé en a perçu la puissance, comme un renforcement du flux électrique. Sans que rien n'ait été dit dans l'instant. C'est un message sans paroles et ça n'est pas non plus une caresse. C'est là que le massage devient pleinement ce qu'il peut être : la sensualité du bien-être dans un coït asexué.
Il y a une dimension spirituelle considérable dans le massage partagé et ritualisé.
Bien évidemment que ce rituel a développé en nous une osmose très forte, une connaissance aimante, une attention qui ne relève pas du mental mais bien du cœur ou de l'âme ou de cette énergie vitale que nous aimons tant éprouver l'un avec l'autre.
Très clairement, il existe pour nous des degrés à l'amour, des paliers à franchir, comme des camps d'altitude qu'on se doit d'atteindre avant de viser plus haut encore. Monter en altitude, goûter à l'air épuré de l'amour intégral.
Ce bien-être est là, comme une présence en nous, un état qui relève de la pleine conscience.
Je m'en sers en méditation.
Non pas en pensant au massage lui-même mais à cet état de « flottaison » qui nous élève. Jusqu'à ce que le besoin d'y penser ne soit plus nécessaire puisque l'état de flottaison n'implique aucun effort. Il est inscrit en moi. Je peux le retrouver.
Il nous arrive parfois d'éprouver une forme de décorporation, comme si la frontière matérielle de la peau s'évanouissait. Les sensations ne sont plus d'ordre physique mais essentiellement énergétique. C'est là d'ailleurs que s'établit cette « pénétration » des fluides éthériques. Je ne sais pas quel nom leur donner. Je ne sais pas de quoi il s'agit. C'est au-delà de ce que je peux exprimer.
J'ai écrit « Kundalini » pour tenter d'en dessiner les horizons.
Je sais combien c'est encore loin de la réalité.
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Le commando Hubert
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/05/2019
Juste de la tristesse pour ces deux hommes morts en mission.
J'ai lu pas mal de commentaires qui fustigent les deux touristes qui avaient été capturés alors que le quai d'Orsay avait lancé bien avant une alerte sur les risques.
On est au final dans la même situation que les gendarmes de haute montagne qui risquent leurs vies pour sauver des alpinistes parfois imprudents ou malchanceux... Ou des pompiers qui secourent des personnes entièrement responsables de leur détresse.
A mon sens, personne ne peut parler à la place de ses hommes. Eux seuls sont à même d'expliquer leur engagement.
"Le commando d'action sous-marine Hubert, auquel appartenaient Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, a pour spécialités le contre-terrorisme et la libération d'otages."Aucun de ces soldats ne se pose la question de la justification de leurs missions. Ils sont là pour libérer des otages, quoi qu'ils aient faits. Ou alors, il faudrait remettre en question l'engagement de ces hommes, ce qui serait leur manquer de respect. A mon avis.
Il n'empêche que la photo de ces deux hommes m'attristent profondément.
Tout comme le souvenir de Robert Sandraz, pompier volontaire, mort, noyé en secourant deux automobilistes.
Otages libérés au Sahel : le commando Hubert, une unité d'élite
Par LEXPRESS.fr avec AFP ,publié le , mis à jour à
Des commandos de marine s'éloignent du Sirocco, navire français attaché à la Force maritime européenne Atalante, au large des côtes somaliennes, le 26 mars 2014.
afp.com/Aymeric Vincenot
Les militaires français tués au Burkina Faso faisaient partie du commando d'action sous-marine Hubert, spécialiste en contre-terrorisme et en libération d'otages. Eclairage.
Ils sont morts lors du sauvetage d'otages français. Le maître Cédric de Pierrepont et le maître Alain Bertoncello, deux officiers mariniers qui officiaient au sein du commandement des opérations spéciales, ont perdu la viedans la nuit de jeudi à vendredi au Burkina Faso. Ces deux hommes respectivement âgés de 33 ans et 28 ans, appartenaient au commando Hubert.
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Il s'agit de l'une des sept unités de commandos de la marine nationale, basée à Saint-Mandrier dans le Var. Ces unités, qui font partie des forces spéciales, emploient un total d'environ 700 hommes. La sélection pour rejoindre ce corps d'élite des commandos marines, créé en Ecosse par la France Libre pendant la Seconde Guerre mondiale, est réputée parmi les plus difficile au monde. Elle nécessite de passer sous les fourches caudines du "stage commando" (STAC), une sélection de plusieurs semaines lors de laquelle les candidats sont soumis à des efforts physiques et à une pression psychologique intenses.
Des missions secrètes
Chaque année, sur quelque 170 postulants, le plus souvent issus des rangs des fusiliers marins (une des composantes de la Marine), seulement une trentaine réussit. Aucune femme n'a jamais été brevetée commando. Recrutés, formés et entraînés au sein de la Marine, les "bérets verts" sont ensuite employés en opérations au profit du Commandement des opérations spéciales (COS).
Leurs missions, souvent gardées secrètes, sont aussi bien maritimes que terrestres : les commandos sont chargés de "mener des actions de combat, ainsi que de protection et d'évacuation des personnels militaires, des populations et des ressortissants, dans le cadre d'opérations militaires, en France et dans le monde entier", détaille la Marine. Rompus aux opérations amphibies, les commandos marine sont également formés au parachutisme et aux interventions dans le désert.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, ils sont de tous les fronts : Indochine, Algérie et, depuis 1962, toutes les opérations extérieures majeures des armées françaises - Liban, Bosnie, Kosovo, Somalie, Rwanda, Afghanistan, large de la Somalie, Sahel et République Centrafricaine, Proche et Moyen Orient.
Le commando Hubert, un commando "d'assaut"
Les commandos d'assaut Jaubert, Trépel, Montfort et Penfentenyo sont plus particulièrement spécialisés dans le contre-terrorisme et la libération d'otages, le contre-terrorisme, la surveillance et neutralisation d'objectifs. Les commandos Kieffer et Ponchardier, eux, sont spécialisés dans l'appui. Tandis que le commando d'action sous-marine Hubert, auquel appartenaient Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, a pour spécialités le contre-terrorisme et la libération d'otages mais aussi l'action subaquatique.
Selon l'amiral Jean-Louis Vichot, ancien chargé des relations internationales pour le chef d'état-major de la Marine, interrogé sur France Info, il s'agit d'un "commando d'assaut". En 2008, le commando Hubert s'était déjà illustré en participant à la libération d'un couple de Français retenus en otage par des pirates somaliens.
LIRE AUSSI >> Bénin : ce que révèle la disparition des deux touristes français
"La particularité du commando Hubert, c'est ce qu'on appelle les nageurs de combat chez nous, c'est-à-dire qu'ils ont aussi cette aptitude à combattre sous l'eau", indique aussi l'amiral. Mais, poursuit-il, lors de l'opération de jeudi, "ce n'était pas le cas. Ils étaient dans leurs compétences 'ordinaires' de commando ou plutôt 'extraordinaires', celles d'être capables de faire des opérations de coup de main, d'aller chercher des otages au milieu de leurs ravisseurs et de les extraire".
Cédric de Pierrepont, 33 ans, cumulait 15 ans de service au cours desquels il a plusieurs fois été engagé sur des théâtres d'opérations en Méditerranée, au Levant et au Sahel, théâtre sur lequel il était déployé depuis le 30 mars dernier.
À 28 ans, Alain Bertoncello cumulait plus de sept ans de service au sein de la marine nationale. Après son entrée au sein des commandos Marine, il avait participé à des missions de défense des intérêts maritimes français aux Seychelles (protection des thoniers) et à plusieurs opérations extérieures au Qatar, au Levant.
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La désobéissance civile
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/05/2019
"« Peu importe à quel point vous êtes bien renseignés, vous n’êtes sûrement pas assez inquiets. » David Wallace-Wells
Qu'est-ce que ça signifie ?
Pour moi, c'est la différence entre l'information reçue et digérée et l'information reçue mais qui ne peut pas être seulement absorbée, parce qu'elle est insupportable et qu'elle exige des actes et non seulement des pensées.
En fait, l'humanité, pour l'instant, est dans la première phase. Elle absorbe les informations.
Et elle y pense.
Aussi incontournable soit cette période "intellectuelle" puisqu'elle élabore malgré tout de possibles actions, il arrivera sans doute un moment où l'état des lieux ne sera plus acceptable et l'urgence sera si criante qu'elle en privera chacun de cette capacité mortifère à se contenter de penser...Avec "la désobéissance civile", on entre dans les actes.
Je pense que la désobéissance civile démarre dès lors que les individus prennent conscience des conditionnements sociétaux et s'en libèrent. Le point le plus évident est celui du passage de la consommation effrénée à la simplicité volontaire. Il s'agit à mon sens d'atténuer le système marchand et son impact sur la planète. La désobéissance civile qui s'en prend aux institutions est à mon avis un combat sans issue. Les peurs sont bien trop fortes.
Je ne crois pas aux actions des gilets jaunes même si je comprends parfaitement le mouvement. Je ne crois pas que le peuple a les moyens d'imposer ses valeurs aux gouvernants et aux financiers. C'est utopique. A moins d'en passer par la révolution. Et on sait combien elles génèrent de souffrances.
Je ne crois qu'aux actes individuels, multipliés par des millions. C'est à dire des actes isolés, chacun à la mesure de ses possibilités, mais dans une idée fondamentale, unique, constante : la protection de la planète. Tout ce qui va à l'encontre de ce point unique doit être réfréné ou éliminé.
Bien entendu qu'il faudra des actes communs, pour multiplier les forces vives dans des travaux de grande ampleur, mais, là, dans l'immédiat, dès cet instant, il est possible de commencer, sans qu'aucun mot d'ordre ne soit donné par une instance dirigeante ou un mouvement social.
Dé-consommer.
Tout le problème vient de là.
Prendre conscience des "forces immatérielles" du conditionnement et s'en libérer, c'est une forme de désobéissance civile puisqu'il s'agit de se comporter différemment, de "sortir du système" autant que faire se peut.
La multiplication des "sorties de routes" finira par créer de nouveaux sillons. Il n'est pas sain, à mon humble avis, de chercher à entrer dans des sillons pré-tracés avant même de s'être engagé soi-même dans une voie personnelle. C'est une question de liberté. Et il serait absurde de se libérer d'un conditionnement marchand pour s'enfermer dans un conditionnement communautaire. C'est pour cela que je n'ai participé à aucune manifestation des gilets jaunes : je tiens à connaître les gens avec qui je marche. Dans une foule, c'est impossible.
Je ne crois pas qu'une action gouvernementale puisse nous épargner les tourments à venir.
Je ne crois qu'en ce que je peux faire.
Et si nous sommes des millions à croire en notre force personnelle, tout devient possible pour l'humanité entière.
La désobéissance civile, ultime recours face à l'urgence écologique ?
Le mouvement Extinction Rebellion, né au Royaume-Uni et qui se développe en France, prône la désobéissance civile et dénonce l’inaction « criminelle » des gouvernements face au réchauffement climatique et à l’extinction massive d’espèces qui menacent l’humanité.
« L’échec abject de notre gouvernement en matière de protection des citoyens et des générations futures contre les souffrances inimaginables engendrées par la dégradation du climat et l’effondrement social n’est plus tolérable. Nous ne pouvons rester les bras croisés et permettre la destruction de tout ce que nous aimons. […] Nous avons à la fois le droit et le devoir de nous rebeller face à cette tyrannie de l'idiotie, à ce suicide collectif planifié. Rejoignez-nous. »
Cet extrait de la déclaration du mouvement britannique Extinction Rebellionprécédait leur déclaration officielle de rébellion, prononcée à Londres devant le Parlement, le 31 octobre 2018. Le groupe y assume recourir à la désobéissance civile non-violente face à « l’inaction criminelle » de son gouvernement et formule trois revendications : que le gouvernement informe ses citoyens de la gravité absolue de la situation ; qu’il agisse pour atteindre la neutralité carbone dès 2025 ; que soit mise en place une assemblée citoyenne pour superviser ces actions.
Le mouvement a rapidement gagné en visibilité : une centaine de chercheurs et de professeurs d’université ont signé une lettre ouverte dans le Guardian soutenant la rébellion. Les rebelles, qui affirment compter 500 personnes prêtes à aller en prison pour la « cause », mettaient dès le 17 novembre leurs principes de désobéissance civile en pratique en bloquant plusieurs ponts londoniens.
Plus de 1000 membres en France
Prônant l’horizontalité et la décentralisation, Extinction Rebellion a déjà égrainé aux États-Unis, en Italie, en Allemagne, en Australie, en Afrique du Sud… et en France, où le mouvement doit officiellement se déclarer « en rébellion » le 24 mars. Avant même sa naissance officielle, la branche française génère une relative effervescence, bien que difficile à quantifier : « Notre page Facebook compte plus de 5000 likes et nous sommes plus de 1000 membres à échanger sur notre forum privé. Ça prend de l’ampleur », nous assure Cécile, elle-même membre de « XR ».
« On fait des discours et des marches depuis 40 ans mais tant qu’on reste dans les clous, ça ne marche pas »
Cette vétérinaire de 36 ans n’avait jusqu’à présent jamais milité de sa vie. Pourtant, loin de la freiner, le choix de la désobéissance civile lui semble aujourd’hui inévitable : « On parle de réchauffement climatique et d’extinction d’espèces depuis les années 1980. On fait des discours et des marches depuis 40 ans mais tant qu’on reste dans les clous, ça ne marche pas. Face à l’urgence, nous n’avons plus d’autre choix que la désobéissance ».
Virgile, étudiant en école d’ingénieur de 22 ans, a rejoint Extinction Rebellion guidé par le même sentiment amer face à l’urgence : « Soit nos politiques n’ont pas pris conscience de l’ampleur du problème, soit ils sont trop corrompus pour prendre les bonnes décisions. Viser la neutralité carbone en 2025 n’est pas forcément utopique : c’est une question de volonté politique. Avec des mesures drastiques, on pourrait y arriver », assure-t-il.
« Faire apparaître la loi comme injuste »
Extinction Rebellion n’est pas le premier mouvement à prôner la désobéissance civile. Des ONG comme ANV-COP21, les Amis de la Terre ou Greenpeace sont, entre autres, adeptes des actions non-violentes pour alerter sur l’urgence écologique et organisent régulièrement des formations à la désobéissance civile.
Historiquement, le concept est pensé par le philosophe américain Henry David Thoreau en 1849, dans son essai La désobéissance civile. Il est ensuite retravaillé par Gandhi dans ses nombreux écrits et sa mise en pratique de la non-violence, puis connaît ses heures de gloire avec la lutte pour les droits civiques des Noirs américains dans les années 1950 et 1960 et ses héros désobéissants, Rosa Parks et Martin Luther King.
Une militante d'Extinction Rebellion en Angleterre (Photo Julia Hawkins. CC BY 2.0) Si l’idée n'est donc pas nouvelle, elle semble connaître un regain de popularité ces dernières années. « Le recours à la désobéissance civile est de plus en plus important depuis le début du XXIe siècle », nous dit la philosophe Sandra Laugier, auteure avec Albert Ogien du livre Pourquoi désobéir en démocratie ?(La Découverte, 2010). « Sur les questions d’environnement en particulier, le phénomène semble croître depuis la signature de l’accord de Paris en 2015. Le ressort principal de ces actions est moral : il s’agit d’insister sur la légitimité morale ou politique de l’action pour, en se mettant dans l’illégalité, faire apparaître la loi comme injuste. »
Discrédit des politiques
En matière d’écologie, les faits participent à décrédibiliser l’action des gouvernements. Aucun pays de l’Union européenne ne respecte ses engagements pris lors de l’accord de Paris sur le climat. En France, les émissions de CO2 ont bondi de 3,2 % en 2017. Et plus récemment, en janvier 2019, un amendement du Sénat, soutenu par le gouvernement, reportait d’un anl’interdiction d’ustensiles plastiques à usage unique, pendant qu’Emmanuel Macron renonçait à l’interdiction du glyphosate pour 2021.
« Le gouvernement n’a aucun engagement honnête sur l’écologie »
« Il n’y a aucune cohérence entre le discours et les décisions prises », déplore Cécile. « Le gouvernement n’a aucun engagement honnête sur l’écologie. Il s’agirait déjà d’arrêter de déforester l’Amazonie pour construire une mine d’or en Guyane. C’est juste irresponsable », renchérit Virgile.
Un discrédit qui s’étend, pour les partisans de la désobéissance civile, à l’ensemble des institutions politiques et conduit presque mécaniquement à la désobéissance, estime Sandra Laugier : « Les canaux politiques traditionnels (partis, syndicats, etc.) sont inefficaces. La voie parlementaire est bloquée puisque l’Assemblée est aux ordres du gouvernement. Les pétitions et manifestations ne fonctionnent pas. Donc la désobéissance est perçue comme le dernier recours, le seul moyen de se faire entendre. »
Manifestation de militants d'Extinction Rebellion. (Photo Julia Hawkins. CC BY 2.0) La priorité n’est toutefois pas de se faire entendre du gouvernement, mais d’abord de la population. La première des trois revendications d’Extinction Rebellion est « que le gouvernement doit dire la vérité sur la gravité mortelle de la situation ». « Il y a une prise de conscience que l’état de la planète est alarmant mais tout le monde est loin d’avoir compris ce que ça voulait dire », note Cécile.
Obtenir le soutien de 3,5 % des citoyens
Alors que l’effondrement de notre civilisation est devenu une hypothèse plausible et que le site du mouvement souligne qu’une « extinction de l’humanité est une réelle possibilité si nous ne prenons pas des mesures rapidement », il s’agit pour les militants de rassembler les citoyens avant d’espérer faire plier le gouvernement. « C’est un moment charnière. L’action en justice L’Affaire du siècle contre l’État français qui a réuni plus de 2 millions de signatures, l’ONU qui somme la France d’écouter les populations autochtones en Guyane… Il se passe plein de choses, c’est le moment d’en remettre une couche ! », assure la militante.
En ligne de mire, les fameux 3,5 %. Ce chiffre est souvent évoqué par les partisans de la désobéissance civile. Il fait référence aux travaux de Erica Chenoweth et Maria J. Stephan qui ont compilé et analysé les mouvements de résistance civile non-violente entre 1900 et 2006. Leur conclusion : non seulement les mouvements non-violents auraient deux fois plus de chance de succès que les insurrections armées, mais aucune de ces campagnes pacifiques n’a échoué dès lors qu’elle était soutenue activement par au moins 3,5 % de la population.
« C’est une vision des choses très XXe siècle », tempère Sandra Laugier. Pour la philosophe, une frange d’activistes ne bénéficiant que d’un « soutien vague » de la population ne suffira pas : « Il faut que beaucoup de gens se mobilisent. Il faut susciter une situation radicale perçue comme intolérable aux yeux du monde », dit-elle.
Violence contre non-violence
Pour cela, les mouvements de désobéissance civile comptent sur une stratégie et un atout médiatique majeur : opposer leur non-violence à la violence des représentants de l'État qu’ils sont susceptibles de subir en contrevenant à la loi. « Plus on sera traités injustement par les forces de police, et plus on aura l’adhésion de la population. L’idée est de faire boule de neige, et que plein de petits groupes autonomes de désobéissance civile se forment », espère Cécile.
Mais là aussi, Sandra Laugier est sceptique. « Cette stratégie est moins efficace qu’avant car il y a une plus grande tolérance à la violence d’État. Les violences policières contre des manifestants, ces derniers temps, n’ont pas provoqué de réelle indignation. Il faudrait une action de désobéissance civile qui suscite une répression particulièrement forte pour créer un électrochoc dans la population. Mais cela nécessite de passer à un niveau de lutte auquel la plupart des gens ne sont pas prêts, précisément parce qu’ils voient à quel point la répression peut être forte… »
« Certaines actions présentent un risque d’emprisonnement. On assumera les conséquences de nos actes »
Les militants d’Extinction Rebellion, eux, se disent prêts à faire face, à la hauteur de l’enjeu. « Certaines actions présentent un risque d’emprisonnement. On assumera les conséquences de nos actes », affirme Cécile. « Aujourd'hui, la désobéissance civile d’Extinction Rebellion est faite pour alerter et faire pression, complète Virgile. Mais chaque groupe autonome sera libre de choisir les actions qui s’imposent. » À condition, précisent-ils, de respecter la charte du mouvement et ses principes de non-violence.
Pour l’instant, un quart de siècle sépare leur revendication de neutralité carbone pour 2025 et l’ambition de gouvernement, qui vient d’annoncer vouloir fixer dans la loi l’objectif de neutralité carbone pour 2050. Le climat, lui, suit toujours une pente l’amenant vers un réchauffement de 3°C à 5°C d’ici la fin du siècle, avec son lot d’épidémies, famines et autres catastrophes annoncées pour les générations présentes et futures.
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Image à la une : Une manifestante portant un drapeau aux couleurs d'Extinction Rebellion. (Photo Julia Hawkins. CC BY 2.0)
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Contradiction mortelle
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/05/2019
Un petit rappel puisqu'il est de bon ton de ne rien oublier par les temps qui courent...
Voilà ce qu'a dit Monsieur Macron il y a quelques temps :
'«On ne peut pas prétendre lutter efficacement contre le terrorisme si on n’a pas une action résolue contre le réchauffement climatique».
Oui, je le pense également.
Mais alors, dans ce cas-là, comment expliquer l'absence réelle de faits, de changements radicaux dans les paroles et dans les actes ? Parce que question "bilan écologique", on frôle le néant.
Eh bien, c'est simple, la croissance économique passe avant le danger du terrorisme. Ils ne toucheront pas au système financier, ni au système économique, ni à la mondialisation, ni à leurs richesses.
Et ils pleureront les morts en affirmant solennellement que "le terrorisme ne mettra pas le pays à terre et que la nation saura se montrer forte et que les états démocratiques uniront leurs forces contre la terreur "patati et patata...Par Dounia Hadni —
La déclaration de Macron au G20 selon laquelle «on ne peut prétendre lutter efficacement contre le terrorisme si on n’a pas une action résolue contre le réchauffement climatique» a déclenché une avalanche de critiques. Et s'il avait – en partie – raison ?
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Non, le lien établi par Macron entre climat et terrorisme n'est pas inepte
Alors que Macron annonce un nouveau sommet sur le climat au G20, le 12 décembre, deux ans après l’entrée en vigueur de l’accord de Paris, il déclare qu'«on ne peut pas prétendre lutter efficacement contre le terrorisme si on n’a pas une action résolue contre le réchauffement climatique». Un sujet qui sera vraisemblablement mis sur la table lors de la visite de Donald Trump à Paris le 14 juillet.
Plusieurs personnalités politiques, notamment, se sont contentées de s’indigner devant la petite phrase quand d’autres ont abdiqué, non sans ironie, devant ladite complexité de la pensée macroniste. En réalité, étabir une corrélation entre ces deux luttes n’est pas absurde : plusieurs études scientifiques abondent dans ce sens depuis plusieurs années.
Sur le sujet, top papier d'Agnès Sinaï : comment les récoltes en Chine (!!!) ont joué dans les Printemps Arabes https://www.monde-diplomatique.fr/2015/08/SINAI/53507 …
Aux origines climatiques des conflits
Abonnés // par Agnès Sinaï (août 2015)
monde-diplomatique.frC'est ennuyeux cette façon de traiter la petite phrase, parce qu'il va vraiment finir par croire que sa pensée est trop complexe.
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Des scientifiques américains ont déjà fait le lien entre la sécheresse en Syrie et l’émergence de l’EI
Si le Pentagone a dès 2003 établi un lien entre changement climatique et sécurité dans un rapport rendu public, c’est en 2007 que la Défense américaine a considéré officiellement le changement climatique comme un «multiplicateur de menaces». Cela dit, cette requalification est plus nuancée que le parallèle fait par Macron, comme le souligne le chercheur spécialisé dans les impacts géopolitiques du dérèglement climatique Bastien Alex, dans une interview qu’il nous a accordée en octobre 2015 : «Le lien entre changement climatique et conflits n’est ni à surévaluer ni à négliger».
De son côté, en 2015, l’Académie des sciences américaine a clairement corrélé la sécheresse syrienne, qui a eu lieu de 2006 à 2009, à la naissance du conflit syrien en mars 2011 contre le régime de Bachar al-Assad, et par ricochet à l’émergence du groupe Etat islamique. Par ailleurs, des experts américains ont conclu, en analysant la carte des territoires victimes de sécheresse et celle des territoires dominés par l’EI, qu’elles étaient quasi identiques.
Selon les chercheurs de cette Académie, en provoquant le déplacement de près d’1,5 million de Syriens vers des zones urbaines, la sécheresse a conduit à la hausse des prix des denrées alimentaires et donc à des tensions importantes fragilisant la stabilité de la société et du système politique. Scientifique spécialisé dans le climat, Richard Seager précise : «Nous ne disons pas que la sécheresse a causé la guerre […], mais que cela a fait partie des facteurs de stress qui ont conduit à la naissance du conflit».
A LIRE AUSSI«Le lien entre changement climatique et conflits n’est ni à surévaluer ni à négliger»
Fin 2015, François Hollande, lors de son discours d’ouverture de la COP21, avait déclaré devant quelque 150 chefs d’Etat : «Le réchauffement annonce des conflits comme la nuée porte l’orage […]. Oui, ce qui est en cause avec cette conférence sur le climat, c’est la paix».
Bernie Sanders, l’adversaire d’Hillary Clinton pour l’investiture démocrate à la présidentielle américaine de 2016, affirmait, lors du débat télévisé du 15 novembre, en citant des rapports du Pentagone et du ministère de la Défense, que «le dérèglement climatique est directement lié à l’expansion du terrorisme».
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"Le mystère Champollion"
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/05/2019
Les inscriptions découvertes sur un rocher à Plougastel-Daoulas restent encore à déchiffrer / © Fred TANNEAU / AFP PARTAGES
Non loin de la pointe du Corbeau, sur la presqu'île de Plougastel-Daoulas (Finistère), un rocher laisse apparaître une énigmatique inscription, vraisemblablement datant du XVIIIe siècle. Pour lever le mystère de sa signification, la commune a lancé un appel national doté d'une prime de 2000 euros.
Par E.C avec AFP
"Cette inscription est un mystère et c'est pour ça qu'on lance cet appel", explique à l'AFP Véronique Martin, chargée de mission auprès de la petite commune de Plougastel-Daoulas à l'origine de l'opération "Le mystère Champollion", du nom du savant considéré comme le père de l'égyptologie, qui a déchiffré le premier les hiéroglyphes de la pierre de Rosette.
Une mystérieuse inscription
Pour parvenir jusqu'au rocher, ce qui n'est possible qu'à marée basse, il faut d'abord emprunter un petit chemin dans le hameau d'Illien ar Gwenn, l'un des 182 que compte la commune, puis remonter la grève vers l'anse du Caro. Le rocher se situe alors entre la pointe qui s'avance dans la mer et la falaise.
Il est entièrement gravé sur l'une de ses faces, de lettres capitales en grande majorité, mais aussi de dessins, dont un voilier avec son mât et son safran. Figurent également deux dates, 1786 et 1787. "Ces dates correspondent à peu près aux années de construction des différentes batteries qui protégeaient la rade de Brest et notamment le fort du Corbeau qui est situé à proximité immédiate", précise Véronique Martin.
ROC AR B... DRE AR GRIO SE EVELOH AR VIRIONES BAOAVEL... R I ou encore OBBIIE: BRISBVILAR... FROIK...AL, à côté d'un coeur surmonté d'une croix, peut-on notamment lire sur l'imposant rocher à flanc de falaise.
"Il y a des gens qui nous disent que c'est du basque (...) d'autres nous disent que c'est du vieux breton, mais on n'a encore jamais réussi à déchiffrer le texte", regrette le maire de Plougastel-Daoulas Dominique Cap, interrogé par l'AFP. L'appel, lancé à l'adresse de linguistes, historiens, universitaires, étudiants ou encore passionnés, prendra fin le 30 novembre. Un jury se réunira alors afin de choisir la proposition la plus plausible et attribuer la prime de 2000 euros. Le règlement du concours est disponible auprès de la mairie."J'aime bien ces histoires de messages énigmatiques laissés dans des lieux improbables et pour les siècles à venir.
Lorsque j'ai connu Birgitt et Yolanda, on avait trouvé une grotte dans un lieu perdu en Ardèche et elles avaient réalisé un dessin au charbon de bois. Je n'ai jamais oublié cette forme étrange, comme un corps évanescent qui dansait sur la paroi rocheuse. Le temps a certainement effacé l'oeuvre.
Un jour, peut-être, j'irai quelque part, sur un sommet ou au fond d'une grotte et je graverai un message. Dans un coin discret. Peut-être qu'il ne sera jamais lu par personne. Mais je ne peux pas en être certain. Et j'imagine celui ou celle qui aura l'envie d'en résoudre l'énigme.
Juste un jeu à travers les siècles.
""Dans la noirceur des cimes, les héros sont tous morts dans l'étrange vertige de la Kundalini et les Eveillés, là-haut, ont vu leurs âmes à cœur ouvert. Jusqu'au bout, Jarwal le lutin les aura accompagnés."
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"Survivre", web série
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/05/2019
« Survivre », la websérie de ceux qui attendent l’apocalypse
Après une première websérie de fiction, Doxa qui dénonçait avec humour le triomphe des statistiques dans notre société - ça se passait dans un institut de sondage - le réalisateur Alexandre Pierrin signe Survivre, une websérie documentaire en immersion dans le monde de 5 survivalistes français.
Ils ont entre 19 et 60 ans, vivent chichement, grassement ou « avec prévoyance », avec un sac d’évacuation ou un arsenal à la maison, sans armes à la fraîche dans la forêt, heureux cachés dans une forteresse, en autonomie en off avec leur famille. Bernard, Yoann, Alexis, Freddy, Philippe sont survivalistes. Ils se préparent à la fin du monde. « Je suis cette petite voix qui te trotte dans la tête. Cette angoisse diffuse qui monte quand tu entends parler de réchauffement climatique, de terrorisme, et de crise économique. Je suis cette mauvaise conscience qui t’amène parfois à te demander : et si notre société s’effondrait ? ». Et cette question ronge chacun d’entre eux. Et chacun s’y prépare à sa manière. Le réalisateur Alexandre Pierrin (Doxa) les a suivis et en a tiré Survivre, une websérie documentaire de 5 épisodes, diffusée depuis le 5 mai sur France TV Slash et Youtube (chaque dimanche) et co-produite par Bridges. Survivrepropose une immersion dans le monde (très) disparate du survivalisme français. « Une idéologie composite », affirme le réalisateur. À chaque homme sa version de la survie.
Le jeu des 5 survivalismes
Bernard a 33 ans. Il n’est pas survivaliste, il est « prévoyant ». Il a un rituel particulier. Le soir quand il va se coucher trône au pied de son lit un sac d’évacuation pour être « tranquille 72 heures, jusqu’au cas où ». Et si l’État de droit était rompu, justifie-t-il. Après tout, même le ministère de l’Intérieur recommande d’avoir chez soi un sac permettant d’être pourvu pendant 3 jours, un « kit d’urgence ».
Survivre ou se défendre des autres ? (France TV Slash/Bridges) Yoann, lui, est ingénieur informaticien. Pour ne plus être dépendant de la société, il a développé sa BAD, soit sa base autonome durable. Poules, culture en aquaponie, il a pour objectif d’être en autonomie totale sur l’alimentation et l’énergie. Aujourd’hui, il peut tenir 8 mois. En cas de « risques nbc » - d’attaques nucléaires, bactériologiques ou chimiques, au sous-sol l’attend lui et sa famille une pièce aménagée dans le sous-sol, une espèce de bunker.
« Il faudrait revenir à l’état sauvage, on s’en sortirait mieux »
Alexis a 19 ans et pratique le bushcraft, littéralement l’art de vivre dans les bois. « L’instinct primaire de l’homme, c’est vivre en milieu naturel », explique-t-il, « il faudrait revenir à l’état sauvage, on s’en sortirait mieux ». Avec des feuilles d’ortie, on peut faire des beignets. Freddy, lui, est célibataire et sans enfants. Avant d’être survivaliste, il se voit jardinier. La base de la survie, c’est le jardin, son stock, garant de son autonomie. Après un burnout, il a pris le large et s’est réfugié, littéralement dans une forteresse – « une sécurité, une carapace ».
Alexis, 19 ans, pro du bushcraft. (France TV Splash/Bridges) Philippe est le plus âgé d’entre eux – 59 ans - et a connu en 2011 une période de disette. « Plus jamais ça ». Depuis, son garde-manger est alimenté de telle sorte qu’il serve comme un magasin. « J’essaie de vivre comme en survie ».
Survivalistes contre collapsos
Cette série documentaire, Alexandre Pierrin en a l’idée quand il lit un article sur de drôles de survivalistes. Encore plus différents de ceux que filment sa caméra : « Ça parlait de millionnaires de la Silicon Valley qui se préparent à la fin de notre société ». Il pense alors, raconte-t-il, que le mouvement survivaliste n’est pas « aussi caricatural que ce qu’on imagine ». « Tout le monde trouve la collapsologie (l’étude de l’effondrement, ndlr) cool, alors pourquoi considère-t-on les survivalistes fous ? », se demande alors Alexandre Pierrin. On tend à ridiculiser le survivalisme, parce qu’on a cette image du survivaliste américain « un peu taré qui se retranche », mais « derrière le survivalisme, il y a une philosophie très pratique, on est quasi dans le tutoriel ». À des crises virtuelles, le survivaliste cherche des solutions bien réelles. « Pour chaque problème, il y a une technique. On est d’abord dans du solutionnisme, ça évacue les questionnements politiques. »
« Et si à force de craindre un futur hostile, on participait à le créer ? »
Pour autant, « il y a un noyautage réel des survivalistes par l’extrême-droite ; forcément, dès que tu parles de déclin… Et sur Internet, c’est facile de prendre pour les plus importants ceux qui font le plus de bruit ». On ne dispose pas de chiffres, mais, avance-t-il, il existe des personnes issues d’autres mouvements, écolos, « qui en ont marre et qui se retrouvent à construire des fermes autonomes ». Et ça fait aussi partie du survivalisme.
Outre l’approche de chacun, le réalisateur – et c’est l’un des angles les plus intéressants – documente la question du marketing de l’effondrement, ou quand la « survie devient un marché et la peur, un argument de vente ». L’un des épisodes se concentre sur le salon du survivalisme, espèce de supermarché de l’effondrement. Qui offre autant de jouets ou outils pour se protéger de la crise, mais surtout de l’autre – « une menace », comment s’en isoler, comment en cas de crise, se défendre contre le monde, contre cette époque. « Le survivalisme est une sécession », explique le réalisateur. Et c’est fascinant. En filigrane – et le réalisateur la pose clairement – ça pose la question finale : et si à force de craindre un futur hostile, on participait à le créer ?
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Photo à la Une : tirée de Survivre, websérie de France TV Slash, réalisée par Alexandre Pierrin.
en replay
diffusé le ven. 3 mai 16 min
diffusé le ven. 3 mai 15 min
diffusé le jeu. 2 mai 17 min
S1 E3 - Dans le supermarché de la catastrophe
diffusé le jeu. 2 mai 11 min
S1 E1 - Quand on voit ce qui se passe
diffusé le mar. 30 avr. 15 min
à propos
« Je suis cette petite voix qui te trotte dans la tête. Cette angoisse diffuse qui monte quand tu entends parler de réchauffement climatique, de terrorisme, et de crise économique. Je suis cette mauvaise conscience qui t’amène parfois à te demander : Et si notre société s’effondrait ? »
En Occident, tout le monde peut aujourd'hui devenir survivaliste. Et pourtant, nous ne savons rien ou presque, sur eux. En France, ils seraient entre 100 000 et 150 000. On parle de 4 millions aux Etats-Unis. Ce qui est certain, c'est que leur nombre est en croissance exponentielle. En témoigne la tenue du premier « salon du survivalisme » à la Porte de la Villette en Mars 2018 qui a réuni des milliers de personnes et des dizaines de médias venus de toute l'Europe. Alexandre Pierrin est parti recueillir, partout en France, la parole de jardiniers, informaticiens ou artisans qui partagent tous la même certitude que quelque chose va se passer. Et qui s’y préparent...