Sensualité du bien-être
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/05/2019
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Voilà cinq ans maintenant que Nathalie et moi, nous nous massons alternativement, une heure par semaine, à des jours différents.
Un rituel.
Musique, diffuseur d'huiles essentielles, huiles de massage avec divers ingrédients selon l'envie : musculaire, anti-âge, détente.
Depuis tout ce temps consacré au bien-être de l'autre, à ces heures de massage intégral, une connaissance affinée s'est installée, une sensibilité qui nous permet de ressentir des « nœuds », des blocages, des tensions, des contractures et de les libérer.
Il y a un aspect thérapeutique indéniable. Je sais combien le massage contribue à ce que je puisse vivre avec mes hernies discales. Le massage reçu tout comme celui que je prodigue : les deux soignent.
On ne discute pas pendant le massage. Rien ne doit nous détourner du saisissement de l'instant, qu'il s'agisse du massé ou du masseur.
Ce qui s'est installé également, c'est la sensualité du bien-être. Il est indéniable qu'il y a une profonde sensualité à masser l'être qu'on aime. Néanmoins, il ne s'agit pas d'érotisme.
Ce rituel de massage n'est pas un préliminaire à une étreinte sexuelle. Sans que rien ne soit « interdit » pour autant.
Le massage est un acte d'amour et c'est une forme de sexualité non génitale, non érogène. C'est une étreinte d'un autre ordre, d'une autre dimension. Masser un mollet, une cheville, une épaule, le creux poplité du genou, le crâne, la nuque, le visage, les orteils, la plante des pieds, les mains, chaque zone est aimée, pleinement aimée...
Les yeux du masseur fixés sur la zone concernée, toute l'attention concentrée, une visualisation des cellules, l'énergie coulant dans les tissus, les sensations précises des « reliefs »... C'est une « pénétration » de peau à peau, un effacement des limites corporelles, l'établissement d'un contact qui va bien au-delà de la matière.
Bien souvent, après le massage, lorsque nous en parlons, nous réalisons qu'à un moment, celui qui massait pouvait avoir été dans un lien émotionnel très puissant, un flux d'amour intense, une énergie libérée qui emplit le ventre, qui réchauffe encore davantage les mains et que celui qui était massé en a perçu la puissance, comme un renforcement du flux électrique. Sans que rien n'ait été dit dans l'instant. C'est un message sans paroles et ça n'est pas non plus une caresse. C'est là que le massage devient pleinement ce qu'il peut être : la sensualité du bien-être dans un coït asexué.
Il y a une dimension spirituelle considérable dans le massage partagé et ritualisé.
Bien évidemment que ce rituel a développé en nous une osmose très forte, une connaissance aimante, une attention qui ne relève pas du mental mais bien du cœur ou de l'âme ou de cette énergie vitale que nous aimons tant éprouver l'un avec l'autre.
Très clairement, il existe pour nous des degrés à l'amour, des paliers à franchir, comme des camps d'altitude qu'on se doit d'atteindre avant de viser plus haut encore. Monter en altitude, goûter à l'air épuré de l'amour intégral.
Ce bien-être est là, comme une présence en nous, un état qui relève de la pleine conscience.
Je m'en sers en méditation.
Non pas en pensant au massage lui-même mais à cet état de « flottaison » qui nous élève. Jusqu'à ce que le besoin d'y penser ne soit plus nécessaire puisque l'état de flottaison n'implique aucun effort. Il est inscrit en moi. Je peux le retrouver.
Il nous arrive parfois d'éprouver une forme de décorporation, comme si la frontière matérielle de la peau s'évanouissait. Les sensations ne sont plus d'ordre physique mais essentiellement énergétique. C'est là d'ailleurs que s'établit cette « pénétration » des fluides éthériques. Je ne sais pas quel nom leur donner. Je ne sais pas de quoi il s'agit. C'est au-delà de ce que je peux exprimer.
J'ai écrit « Kundalini » pour tenter d'en dessiner les horizons.
Je sais combien c'est encore loin de la réalité.
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