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  • Ecriture et vie professionnelle.

    Cette fois, c'est terminé pour "TOUS, SAUF ELLE." En dehors des demandes éventuelles de mon éditrice ;) 

    Le manuscrit part en lecture...

    J'ai écrit la première phrase en décembre 2017. Il ne s'est sans doute jamais écoulé plus d'une semaine sans que je travaille sur le texte. Et même si je n'étais pas en "écriture", je restais en réflexion. C'est très envahissant l'écriture. Mais c'est une invasion que j'aime infiniment.

     

    Mille mercis à Philippe Renaissance-neo pour son aide, un fabuleux travail de correction, un limier digne de Sherlock Holmes. J'ai été élève d'un très bon professeur pendant une quinzaine de jours.

    C'est la première fois que je termine un roman par le titre du roman suivant. J'aime bien l'idée de cette "passerelle". Par contre, l'écriture du tome 3, ça sera pour fêter le premier jour de ma troisième vie : écolier, salarié, RETRAITÉ. 


    Le sujet est trop complexe pour que je puisse mêler ça avec l'enseignement du français, des maths, des sciences, de l'histoire, de la géo, du sport, du dessin, du travail manuel, de l'éducation civique, de la musique, de l'anglais, de la technologie. Et les réunions du soir, les rencontres avec les parents, la formation professionnelle ( 1500 heures de ma vie qui n'auront servi absolument à rien.), les corrections de copies, les bulletins scolaires, les recherches de documents, les préparations de classe, le cahier du jour (bon, le mien tient dans un cahier de dix pages maximum) et patati et patata...Le quotidien d'un enseignant.

    On peut y ajouter les milliers d'heures, hors classe, pendant lesquelles je pense à mes élèves, n'importe quand, n'importe où, juste parce qu'ils tiennent une place considérablement importante dans ma vie et que je sais à quel point ces neuf mois de vie commune peuvent les meurtrir ou les aider à éclore... Je n'arriverai pas à gérer les deux correctement et ça serait impardonnable, pour les enfants et pour les mots.

    "CHAPITRE 60

    Elle répéta intérieurement la supplique, comme une antienne salvatrice, avec en arrière-plan les images chaotiques de la fin d'un monde.
    « Il faudra beaucoup d'amour... Il faudra beaucoup d'amour... Il faudra beaucoup d'amour... »

     

     

  • LES HÉROS SONT TOUS MORTS : Commentaire (2)

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    -Les héros sont tous morts 
    -Thierry Ledru 
    -Éditions du 38, 2018 
    -192 pages 
    -Thriller, roman noir, aventure 

    *Je tiens à remercier les Éditions du 38 pour ce service de presse. *

    ÉDITIONS DU 38: ICI
    AMAZON FRANCE: ICI AMAZON CANADA: ICI

    Le commentaire de Martine : 
    L’histoire tourne autour d’une mallette remplie d’argent, et l’urgence d’agir vite et de faire des choix éclairés afin de bien dépenser cet argent. Plusieurs personnages avec une narration totalement différente, des personnages hauts en couleur qui vont avoir près d’eux cette mallette qui les fait bousculer d’un côté obscur de leur personnalité. 
    Thierry Ledru a un talent hors du commun pour manier le verbe, il a aussi une immense imagination pour nous créer des personnages marquants. Une intrigue captivante qui est superbement rythmée qui ne laisse pas la chance au lecteur de vouloir arrêter sa lecture. Il nous présente une fine analyse de la noirceur de l’humain pour le péché de l’avarice. 
    J’ai aimé ma lecture qui fut enivrante et très attrayante. 

    Résumé : 
    Un lendemain de beuverie, pour s’aérer la tête et se vider des miasmes de l’alcool, Gaston, chasseur invétéré, part pister le sanglier. Des coups de feu retentissent, venant du cul-de-sac de la route forestière du Sappey. L’homme s’approche, et découvre trois corps. Une mallette est attachée au poignet d’une des victimes. Pleine de billets. Un million quatre cent mille euros. Gaston s’empare de son couteau de chasse, découpe le poignet du mort et s’enfuit avec l’argent. 
    Lucas, Lucie, Thomas, Laure, Fabien, Mathieu... chacun de ceux qui vont croiser la route de la mallette maudite va sombrer du côté le plus noir de sa personnalité. Envolée l’empathie, effacée la morale, oubliés les préceptes de respect des autres. Cet argent sale semble contaminer irrémédiablement tous ceux qui le touchent. Y a-t-il une rédemption possible ? Dans un registre plus noir que d’habitude, et sur fond de polar, on retrouve l’excellente écriture de Thierry Ledru, qui nous livre une analyse en miroir de l’âme humaine, et nous pousse à nous interroger : qu’aurions-nous fait avec cette mallette ?

    Tag(s) : #THRILLER#ROMAN NOIR#AVENTURE

  • Des hernies en montagne.

    "Remaniements discaux dégénératifs étagés, prédominant sur les deux derniers étages, arthrose zygapophysaire postérieure prédominant en L4/L5, signes de souffrance radiculaire L4 et L5 gauche par des protrusions disco-ostéophysiques." IRM du 27 septembre.

     

    Sommet des "grands moulins", dimanche 4 novembre.

    Les massages aimants de Nathalie, les soins de Cathie Marchan, ostéopathe, les étirements quotidiens de yoga, la gestion des pensées...

    L'amour.

    Il me suffit de lever les yeux pour être motivé : Nathalie devant moi, les montagnes.

    Je ne cours pas encore, la jambe gauche ne revient pas assez vite, le mollet est encore "ankylosé" mais les appuis sont solides, même dans la caillasse et la neige. 

    Je laisse le temps à ma jambe de se remettre, je ne force rien. Mais je sais aussi que c'est Là-Haut que tout est possible. Les jours douloureux ne sont pas des peines mais un défi : juste celui de la patience et de l'amour de la vie. 

    J'ai déjà perdu temporairement le bonheur des montagnes. Deux fois. Deux fois où la médecine ne présageait pas d'un retour possible avant longtemps, voire jamais. 

    Je suis toujours remonté.

     

     

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  • Marine, intra-terrestre.

     

    Thierry Ledru

    "Intra-terrestre". Voilà comment je définis notre fille, Marine. On trouve aussi tous les "terrestres", les individus qui aiment la nature mais vivent dans un cadre "hors-sol", c'est à dire une maison ou un appartement et se ressourcent à l'extérieur, en forêt, en montagne, en bord de mer. Et puis, il y a les "extra-terrestres", ceux qui vivent hors sol et s'y plaisent, ceux qui ont rompu tout lien avec cette nature. 
    Marine vit dans la forêt, seule avec Yuka, Petit chat et Jojo le lapin. Elle a tiré plusieurs centaines de mètres de tuyau pour capter une source dans la forêt, un panneau solaire lui apporte le minimum d'électricité et un poêle à à bois assure le chauffage. Quand elle a commencé l'aménagement de ce lieu, ça n'était qu'une "jungle" totale d'aulnes, de ronces et de divers végétaux...Un défi hallucinant à la mesure de ses rêves. 
    Machette, hache et tronçonneuse en action. Des semaines de travail et quand elle finit un endroit et qu'elle lève les yeux, elle découvre la suite...Puis, la suite...Et encore la suite...

    Une fois la piste nettoyée, vu la raideur de la pente et l'étroitesse des virages, le camion a été tiré par une pelleteuse, puis la caravane a suivi. Pas d'effets spéciaux pour cette réalisation mais une journée très spéciale...
    "C'est quasiment infaisable, c'est pour ça qu'il faut le faire."

    Puis la construction de la "cabane". La mise en place du poêle à bois, les toilettes sèches, et toujours des murets à remonter, des terrasses à dégager, le bois de chauffage à tronçonner et à ranger...
    La semaine dernière, Marine et moi, on a couvert les panneaux d'agglomérés par un bardage bien épais pendant que Nathalie continuait à remonter des murets de terrasses pour les "carrés" de potager, à retrouver les anciens sentiers, tous ces aménagements qui datent de cette époque où les hommes vivaient là-haut, avant d'être attirés par les sirènes du progrès et les mines de charbon...Tout a été abandonné lentement et maintenant, c'est un territoire qui appartient surtout aux sangliers, cerfs, biches, chevreuils, renards, blaireaux, hérissons, rapaces...
    Le silence, les lumières, le ciel, les nuages, les buses qui tournoient... Parfois, on s'assoit et on ne fait rien. On écoute...
    En mode "intra-terrestre."

    Avec Marine. Force et honneur. Tout notre amour pour elle.

     

    Il y a un an. Marine avait mis le camion et la caravane en place. 

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    On débroussaillait, on construisait les escaliers avant de préparer toutes les terrasses pour le potager. 

    L’image contient peut-être : chaussures et plein air

    L’image contient peut-être : personnes debout, arbre, plein air et nature

    La cabane était montée quand on est arrivé la semaine dernière. Il restait à la couvrir avec le bardage.

    L’image contient peut-être : plein air

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    L’image contient peut-être : Mila Louna, assis et intérieur

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  • KUNDALINI : Yoga nu.

       
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    Le yoga nu, nouvelle tendance bien-être pour accepter son corps et se sentir libre

     

    Le yoga nu est la nouvelle tendance dont tout le monde parle sur Instagram. Des clichés de jeune fille nue sur internet ? Mais encore ? On trouve de tout et souvent n’importe quoi sur les réseaux sociaux, surtout lorsqu’on parle “beauté bien-être”. Certains sont d’ailleurs très ingénieux (ou pas) pour faire parler d’eux. Alors… le yoga nu est-il une mode passagère ou un réel mouvement

    Le yoga nu est une tendance “body positive” lancée et médiatisée par l’instagrameuse Nude Yoga Girl. Photographe et mannequin, cette jeune femme au physique longiligne s’expose en posture de yoga dans son plus simple appareil. Elle est grande, blonde, belle. Les postures sont maîtrisées, les photos ressemblent à des oeuvres d’art, le concept plaît déjà à plus de 700.000 personnes. Des followers qui s’intéressent à la qualité des photos et au message véhiculé. À la suite de quoi s’est créé le hashtag #NYGyoga pour recenser les clichés toujours plus nombreux des nouveaux adeptes.

    Accepter son corps et le trouver beau

    pour reconquérir sa paix intérieure ?

    Selon l’ambassadrice, l’avantage principal du yoga nu est d’inciter les pratiquants à s’accepter tels qu’ils sont. Au magazine américain The Cut,elle explique : “Grâce à ce compte, je veux inviter les gens à se rendre compte que leur corps est beau et qu’il est capable de faire des choses incroyables.”

    Le yoga m’a appris que le plus important est ce que je ressens et non ce à quoi je ressemble. NYG

    La jeune femme de 25 ans, qui souhaite rester anonyme, avoue suivre un régime strict à partir d’aliments sains qui lui permettent de s’accepter (en plus de la pratique quotidienne du yoga). “Le yoga m’a appris que le plus important est ce que je ressens et non ce à quoi je ressemble.” Elle avoue également que la nudité lui procure un sentiment intense de liberté. À vous de juger.

     

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    KUNDALINI

    "Elle reprit son avancée et se dirigea vers l’extrémité du bassin, en amont. Elle traversa le cours d’eau à son endroit le plus étroit et rejoignit un parterre de dalles qu’elle longea sur une centaine de mètres. L’eau était d’une clarté absolue et entre les roches, là où le courant s’était éteint, il était difficile de situer la surface sans y poser la main.

    Une cascade d’une quinzaine de mètres de haut fermait les lieux, plusieurs ressauts accumulant des bassins. Un débit limité, nul vacarme liquide mais un chant de carillons qui ruisselait dans un couloir verdi par des mousses. Une imposante barrière rocheuse limitait la poursuite de l’exploration. Il aurait fallu un matériel d’escalade complet.

    C’est en atteignant l’extrémité du bassin qu’elle le vit. Il était sur l’autre rive. Debout, dans une posture étrange. Un large bloc descendant jusqu’à l’eau l’avait caché jusque-là.

    Un homme. Nu.

    Une jambe pliée à angle droit, comme s’il était assis sur une chaise, l’autre posée sur la cuisse horizontale, les bras levés au-dessus de la tête. Elle n’aurait jamais imaginé une telle position.

    Les yeux fermés semble-t-il. Parfaitement immobile. Les mains tournées vers le ciel, paumes ouvertes.

    Le crâne chauve, lisse. Et pourtant un corps qui paraissait jeune. Elle devinait des muscles saillants, des reflets noueux.

    Elle redescendit vers l’aval pour ne pas rester face à lui. Le bassin les séparait d’une vingtaine de mètres. Elle ne voulait pas paraître intrusive.

    Séance de méditation. Une certitude. Elle ne pouvait affirmer qu’il l’avait vue.

    Elle posa son sac, sans bruit et libéra ses cheveux.

    Un instant d’hésitation.

    Elle se déshabilla. Un adepte du naturisme, elle n’avait aucune raison de gâcher sa journée. Elle était venue là pour le soleil et l’eau sur son corps. Sur tout son corps.

    Elle entra doucement dans le bain, mouilla sa nuque et ses épaules, puis avança. Elle s’allongea et fit quelques brasses. La fraîcheur la ravit, ce bonheur sensuel du contact sur sa peau. Elle ne comprenait pas les gens qui se privaient de cette étreinte.

    Elle lança un regard rapide vers l’homme. Il n’avait toujours pas bougé… Elle en était fascinée. Elle connaissait pleinement la difficulté de l’épreuve. Cette immobilité totale, dans une telle posture, réclamait un effort physique redoutable.

    Elle rejoignit la berge et sortit. La sensation délicieuse que sa peau s’était contractée sous l’effet du froid, comme un bain de jouvence. Elle se sécha rapidement et huila son corps avec attention. Personne pour s’occuper de son dos.

    Elle ne comptait plus les situations qui lui rappelaient sa solitude. Même la plus insignifiante surgissait immanquablement. Les caresses des mains de Laurent sur son dos n’entraient pas dans le registre des choses insignifiantes mais de celles qui la faisaient désormais souffrir par leur absence. Elle sortit ses lunettes de soleil et s’allongea.

    Cesser de penser à un temps fini. S’ancrer dans l’instant. Laisser la vie mener son existence.

    L’expression la surprit. Ces pensées insolites qui jaillissaient depuis peu en elle, ces associations inhabituelles de mots, ces verbalisations percutantes, des observations intérieures qui ne lui ressemblaient pas.

    Elle avait du mal à se les attribuer. Comme si les données émanaient de l’extérieur, qu’il ne s’agissait pas d’elle mais d’une compréhension nouvelle qui lui était proposée, comme si un élément récepteur s’était enclenché.

    Elle ne comprenait même pas ce qu’elle imaginait.

    Elle osa un regard discret.

    L’homme avait changé de posture. En équilibre sur les mains, les jambes à la verticale. Parfaitement aligné, droit, immobilité absolue.

    Les jambes descendirent doucement dans le dos et les deux pieds se posèrent sur l’arrière du crâne. Il bascula légèrement sur le côté et leva un bras.

    Aucun tremblement visible, aucun vacillement. Une perfection totale dans l’exécution, une maîtrise qu’elle n’avait jamais vue. Une sculpture improbable et superbe.

    Elle pensa soudainement à ce documentaire sur les moines Shaolin. Une soirée télévision pendant sa période sombre. Elle avait été subjuguée par la maîtrise physique et mentale de ses hommes. Uniquement des hommes d’ailleurs. Comme si cette perfection n’était pas accessible aux femmes.

    Il lui plaisait de participer à sa mesure à une autre image de la femme mais elle devait bien admettre malgré tout que la maîtrise de son mental était dérisoire au regard de ces moines. Elle avait certainement atteint un haut niveau dans sa pratique physique mais elle ressentait maintenant un manque indéfinissable. Un vide en elle qui semblait l’aspirer.

    Plusieurs jours que l’idée la tourmentait.

    Sans qu’elle ne s’explique ce trouble.

    Il s’était allongé. Sur le dos. Pas de serviette au sol. Il monta les jambes puis le bassin et suspendit une chandelle rectiligne. Il garda la position trois ou quatre minutes puis laissa ses jambes descendre et se replier en tailleur. Comme s’il était assis en lotus mais à l’envers. Chaque geste était exécuté avec une lenteur infinie et une précision remarquable.

    Il enchaîna encore une succession de postures toutes aussi exigeantes.

    Elle ne parvenait plus à le quitter des yeux sans se libérer pourtant d’une certaine gêne. Est-ce qu’il l’avait vue ? Est-ce qu’il lui reprochait de perturber sa séance ? Est-ce qu’il la trouvait incorrecte ?

    Malgré les interrogations, elle ne pouvait se détacher de la beauté de ce corps et de ses arabesques. Elle aimait dans le yoga cette maîtrise physique et elle éprouvait en regardant cet homme une étrange plénitude, comme si le bien-être visuel coulait en elle, comme si une énergie invisible flottait dans les airs et la parfumait.

    Il lui prit l’envie soudaine de s’asseoir en lotus et de poser les paumes sur les genoux, tournées vers le ciel, pouce et index joints.

    Elle prit une longue inspiration en gonflant la poitrine et le ventre, cuisses ouvertes puis elle enchaîna plusieurs respirations abdominales, langue posée, mâchoires détendues.

    Elle sentit vibrer dans son corps un flux inconnu, une source de chaleur qui la ravit, des ondes qu’elle ne reconnut pas.

    Elle ne put s’empêcher d’ouvrir les yeux, persuadée de façon incompréhensible que quelqu’un effleurait sa peau.

    Elle croisa son regard et devina un sourire. Il était assis comme elle, mains jointes devant son plexus. Il déplia les bras et dans un geste lent et appliqué dirigea ses paumes vers elle. Comme s’il envoyait un salut, une prise de contact.

    Elle frissonna. De la tête aux pieds.

    Il ramena les paumes contre sa poitrine, leva les bras au-dessus de la tête et ouvrit les mains. Un geste empli de respect, comme une offrande."

  • KUNDALINI : version papier

    Les commandes en version papier sont ouvertes :)

    https://www.editionsdu38.com/hors-collection/kundalini/

     

    KUNDALINI, L'ÉTREINTE DES ÂMES

    Maud, professeur de yoga, a cinquante-deux ans. Laurent, son mari, l’a quittée. Sans aucun signe précurseur. Une rupture destructrice. Des mois de détresse, de colère, de remords, d'interrogations sans fin.

    Puis Maud décide de s'accorder un séjour dans une région perdue des Alpes. Besoin de nature et de paix intérieure.

    Elle va rencontrer Sat, un homme plus jeune qu'elle. D'origine hindoue, il détient la clé de l'éveil de Maud. Elle va vivre avec lui une réelle métamorphose.

    Naturisme, méditation, respect, silence, contemplation, libération, conscience… Sexualité sacrée vers le couple divin. Illumination.

    Jusqu'à l'ultime révélation… Ce qui est au-delà du connu.

    « Puisque nous pensons en fonction de nos expériences et des sensations éprouvées, qu'en est-il lorsque la sensation est irrationnelle ? À quelle objectivité peut-on prétendre ? Une émotion qui n'a pas de raison d'être et qui en vient à briser toutes les certitudes et les modèles intégrés doit-elle être rejetée ou pleinement explorée ? Quitte à prendre des risques au regard d'une vie formatée…  Je n'avais pas le choix. Il fallait que j'écrive ce roman… Je ne pouvais pas déposer simplement de telles questions dans un coin de ma tête au risque qu'elle se mette à pencher d'un côté. »

    Le mot de l’éditeur : « Thierry Ledru signe ici un OVNI littéraire. Une fiction qui a des allures d’essai philosophique, et qui trace un cheminement spirituel tout en emportant le lecteur dans une histoire grandiose et poétique. Un roman qui éveille les consciences et les sens, le tout composé d’une écriture magnifique et envoûtante ».

    Kundalini

    Broché 152 x 229

    438 pages

    octobre 2018

    22,00 €

    •  disponible
    •  8 à 12 jours de délai de livraison
    Livre numérique Kundalini - L'étreinte des âmes
    Thierry Ledru
    Les éditions du 38
    7,99 €

    Thierry Ledru vit en Savoie. Après un BAC litté/philo, il est tout de suite entré à l’école Normale, en Bretagne. Passionné par l’escalade et l’alpinisme, il est allé vivre dans les Alpes.

    « J’ai eu la chance immense d’avoir un prof de français et une prof de philo extraordinaires. J’adorais lire et écrire et peu à peu ils m’ont permis d’avoir avec eux une relation privilégiée, des échanges extrêmement enrichissants, non seulement d’un point de vue cognitif mais surtout sur le plan humain. Krishnamurti, Ouspensky, Platon, Gurdjieff, Camus, Sartre, Saint-Exupéry, Lanza del Vasto, Gandhi, Koestler, Conrad, Steinbeck, Heminghway, Prajnanpad, Vivekananda, Sri Aurobindo, London, Moitessier, Arséniev, tout ce qu’ils m’ont fait connaître ! Tout ce que je leur dois ! J’écrivais des nouvelles, ils les lisaient, les critiquaient, m’encourageaient. Ils disaient tous les deux qu’un jour je serai édité. »

    Dans ses romans, Thierry Ledru pousse ses personnages à l’extrême d’eux-mêmes, il les confronte à des questionnements et à des événements qui les font avancer, leur ouvre un cheminement intérieur que le lecteur emprunte à leur suite avec un grand bonheur.

     

    Son blog : Là-Haut


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    Thierry Ledru

     

    Sat et Maud...


    On ne fait pas l'amour ; c'est l'amour qui nous fait.

     

    "L'amour n'est pas une relation, l'amour est un état d'être.
    Cela n'a rien à voir avec qui que soit d'autre.
    On n'est pas "en amour", on est amour;
    Mais c'est un résultat, un sous-produit, ce n'est pas la source..."

    Osho

     

    Aquarelle : Tina Maria Elena 

    https://tinamariaelena.com/make-love-watercolor/

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  • Pour la classe

    La semaine prochaine, en classe, on va parler de la guerre de 14-18 et je vais passer cette vidéo. Je tiens à montrer aux enfants que les hommes savent aussi être des humains. Ou l'inverse. Mais qu'en tout cas, dès qu'ils pensent avec leurs cœurs, ils en oublient les mots d'ordre.

    Leur montrer la guerre autrement qu'avec des noms de généraux ou de batailles mais à travers l'histoire des soldats. De quelques soldats.

    Augustin Trebuchon, dernier Poilu tombé au combat, quinze minutes avant la signature de l'armistice...

    et leur lire des "Lettres de Verdun" pour qu'ils comprennent également à quel point les témoignages écrits sont puissants...

    Lettres

    Karl Fritz, caporal.

    Argonne, le 16 Août 1916

    Chers parents et chères soeurs,

    Le 2, à Saint-Laurent, nous avons entendu le signal de l’alerte. On est venu nous chercher avec des véhicules, et on nous a amenés jusqu’à quelques kilomètres du front de Verdun. […]

    Vous ne pouvez pas avoir idée de ce qu’on a vu là-bas. Nous nous trouvions à la sortie de Fleury, devant le fort de Souville. Nous avons passés trois jours couchés dans des trous d’obus à voir la mort de près, à l’attendre à chaque instant. Et cela, sans la moindre goutte d’eau à boire et dans une horrible puanteur de cadavres. Un obus recouvre les cadavres de terre, un autre les exhume à nouveau. Quand on veut se creuser un abris, on tombe tout de suite sur des morts. Je faisais partie d’un groupe de camarades, et pourtant chacun ne priait que pour soi. Le pire, c’est la relève, les allées et venues. A travers les feux de barrages continus. Puis nous avons traversé le fort de Douaumont, je n’avais encore jamais rien vu de semblable. Là, il n’y avait que des blessés graves, et ça respirait la mort de tous les côtés. En plus, nous étions continuellement sous le feu. Nous avions à peu près quarante hommes morts ou blessés. On nous a dit que c’était somme toute assez peu pour une compagnie. Tout le monde était pâle et avait le visage défait. Je ne vais pas vous en raconter davantage sur notre misère, je pense que ça suffit. Nous étions commandés par un certain adjudant Uffe. On ne l’a pas vu. Mais le Seigneur m’est venu en aide. Là-dessus, nous sommes repartis pour Spincourt où on nous a chargés sur des véhicules à destination de Grandpont, puis nous sommes revenus en deux jours à nos positions devant Chapelle, où nous sommes maintenant un peu mieux installés.

    Je vais écrire à Guste. Je vous embrasse de tout coeur et vous recommande à Dieu.

    Votre fils et frère reconnaissant.

    Karl


    Gaston Biron

    6 septembre 1916

    Mercredi soir,

    Ma chère mère,

    Je t’envoie quelques lignes de tranchées où nous sommes depuis dimanche soir. De la boue jusqu’à la ceinture, bombardement continuel, toutes les tranchées s’effondrent et c’est intenable, nous montons ce soir en 1 ére ligne mais je ne sais pas comment cela va se passer, c’est épouvantable. Nous avons déjà des tués et des blessés et nous avons encore deux jours à y rester. Je donnerais cher pour être loin d’ici. Enfin espérons quand même.

    Adieu et une foule de baisers de ton fils qui te chérit.

    Gaston


    Roger B

    Au front

    Ce 31 décembre 1916

    Cher maître,

    Si vous saviez comme on s’ennuie par les jours noirs et les nuits blanches, comme au long des lignes téléphoniques la boue des boyaux colle aux semelles lourdes d’eau, si vous saviez comment est long ce troisième hiver d’interminable bataille, comme on est seul parfois, au milieu même des camarades, quand on redit toutes les paroles de la veille lorsqu’il ne faut pas dormir ou que le sommeil ne vient pas.

    Si vous saviez qu’il nous manque des livres et si j’osais vous en demander ; peut-être parmi tous les chefs-d’oeuvre que vous avez écrits, trouveriez-vous, dans un coin, deux ou trois brochures fatiguées et ternies et, paternellement, me les enverriez-vous ?

    S’il en est ainsi, pour moi et les amis à qui vous aurez fait oublier le fardeau de quelques heures grises, je vous remercie de tout mon coeur et vous prie d’accepter l’hommage de la lointaine poignée de main.

    Roger B


    Le 13 novembre 1916

    Chers parents,

    […] Il y a beaucoup de poilus qui se font encore évacuer aujourd’hui pour pieds gelés. Quand aux miens, ils ne veulent pas geler malheureusement car je voudrais bien une évacuation aussi.

    Il n’y fait pas bon ici en arrière : ce sont les avions qui font des ravages terribles et en avant c’est loin de marcher comme les journaux vous annoncent. Ceux-ci sont des bourreurs de crâne pour encourager la guerre d’usure en bonshommes, en tout. Je termine pour aujourd’hui en vous embrassant de grand coeur.

    Votre fils dévoué.

    Auxence


    Dimanche 14 février 1915

    Cher ami

    Quand nous sommes arrivés par ici au mois de novembre, cette plaine était alors magnifique avec ses champs à perte de vue, pleins de betteraves, parsemés de riches fermes et jalonnés de meules de blé. Maintenant c’est la pays de la mort, tous ces champs sont boulversés, piétinés, les fermes sont brûlées ou en ruine et une autre végétation est née : ce sont les monticules surmontées d’une croix ou simplement d’une bouteille renversée dans laquelle on a placé les papiers de celui qui dort là. Que de fois la mort me frôle de son aile quand je galope le long des fossés ou des chemins creux pour éviter leurs « shrapnels » ou le tac-tac de leurs mitrailleuses. La nuit, j’ai couché longtemps dans un tombeau neuf, puis on n’a changé de cantonnement et je suis maintenant dans un trou que j’ai creusé après le talus. J’emporte ma couverture pendue à ma selle, ma marmite de l’autre coté et en route. J’étais l’autre jour dans les tranchées (des Joyeux). Je n’ai jamais rien vu de si horrible. Ils avaient étayé leurs tranchées avec des morts recouverts de terre, mais, avec la pluie, la terre s’éboule et tu vois sortir une main ou un pied, noirs et gonflés. Il y avait même deux grandes bottes qui sortaient dans la tranchée, la pointe en l’air, juste à hauteur, comme des portes manteaux. Et les joyeux y suspendaient leurs musettes, et on rigole de se servir d’un cadavre boche comme porte-manteau. Je ne te raconte que des choses que je vois, autrement je ne le croirais pas moi-même.

    Je compte que tu m’enverras des nouvelles de là-bas et je te quitte en t’envoyant une formidable poignée de main.

    Taupiac


    Samedi 1er août

    Mobilisation générale.
    Au jour le jour!

    Dimanche 2 août

    Premier jour de la mobilisation générale. Hier matin j’ai pris la résolution d’agir en Français! Je rendais mes cartons à la Musique, quand. Je me suis retourné machinalement sur la ville, la cathédrale vivait, et elle disait: «Je suis belle de tout mon passé. Je suis la Gloire, je suis la Foi, je suis la France. Mes enfants qui m’ont donné la Vie, je les aime et je les garde. » Et les tours semblaient s’élever vers le ciel, soutenues seulement par un invisible aimant.
    Et Meyer me dit: « Vois-tu des boulets dans la cathédrale ? » J’ai été à l’infirmerie, je serai du service armé et si on touche à la France, je me battrai. Toute la soirée, des mères, des femmes sont venues à la grille. Les malheureuses! Beaucoup pleuraient, mais beaucoup étaient fortes.
    Maman sera forte, ma petite mère chérie, qui est bien française, elle aussi! J’ai reçu sa lettre ce matin, dimanche. Ici, je te confie un secret, carnet, elle contenait cette lettre, une lettre d’une jeune fille qui aurait peut-être pu remplacer Thérèse un jour. Si je pars et si je meurs, je prie ma petite mère de lui dire combien j’ai été sensible à sa lettre de Villers, combien je l’ai appréciée dans sa droiture, dans son courage, dans sa grâce; combien je la remercie des bonnes paroles que j’ai vraiment senties être d’une amie. Je suis sorti ce matin prendre du linge, poser mon violoncelle chez Barette. J’ai écrit à petite mère. Je ne peux pas écrire à tous, mais je pense pourtant à tous nos amis.

    Maurice MARÉCHAL


    Le 5 août 1914
    Chère Sylvanie
    Je suis sur le point de prendre un Pernod chez l’Espagnol à côté du marché couvert avec Berry. Je viens de voir Caliste.
    Tout est très calme, on dirait qu’on part pour les manœu­vres. Ce ne sera pas la vérité, mais quand même, nous n’en sommes pas encore là.
    Je ne suis pas encore habillé. Nous sommes libres. Je vais finir mon canard ce soir chez le frère de Berry. Nous avons bu le demi-litre gros dans la cour de la caserne à midi.
    […] Tout marche bien, des pancartes voyagent à Agen pour Berlin et la peau de Guillaume sera à vendre un jour. J’ai vu tous mes anciens copains, tout contents d’aller en Alle­magne.
    Je reste quelques jours à Agen. Si tu reçois la lettre avant dimanche, tu pourras me faire réponse.

    HUGON Léon


    Neuf jours après avoir écrit cette lettre, Alphonse X a été tué
    par un obus.

    Mercredi 5 mai 1915
    Chérie,
    Voilà le baptême du feu, c’est chose tout à fait agréable, tu peux le croire, mais je préférerais être bien loin d’ici plutôt que de vivre dans un vacarme pareil. C’est un véritable enfer. L’air est sillonné d’obus, on n’en a pas peur pourtant:
    nous arrivons dans un petit village, où se fait le ravitaille­ment; là, on trouve dans des casemates enfoncées dans la terre les gros canons de 155 ; il faudrait que tu les entendes cracher, ceux-là; ils sont à cinq kilomètres des lignes, ils tirent à 115 sur l’artillerie boche.
    On sort du village à l’abri d’une petite crête, là commencent les boyaux de communication; ce sont de grands fossés de 1 mètre de large et de deux mètres de profondeur; nous faisons trois kilomètres dans ces fossés, après on arrive aux
    tranchées qui sont assez confortables. De temps en temps, on entend siffler quelques balles, les Boches nous envoient quelques bombes peu redoutables; nous sommes à deux cents mètres des Boches, ils ne sont pas trop méchants. Je me suis promené à huit cents mètres sur une route, à peine si j’en ai entendu deux siffler; nous avons affaire à des Bavarois qui doivent en avoir assez de la guerre, ça va
    changer d’ici quelques jours.
    Nous faisons des préparatifs formidables en vue des pro­chaines attaques. Que se passera-t-il alors, je n’en sais rien,
    mais ce sera terrible car à tout ce que nous faisons nous prévoyons une chaude affaire. J’al le cœur gros mais j’attends toujours confiant; nous prévoyons le coup prévu avant dimanche. Si tu n’avais pas de mes nouvelles après ce jour, c’est qu’il me sera arrivé quelque chose, d’ailleurs tu en seras avertie par un de mes camarades. Il ne faut pas se le dissimuler, nous sommes en danger et on peut prévoir la catastrophe; sois toujours confiante malgré cela parce que tous n’y restent pas.

    Alphonse


    Le 27 août 1916

    Cher papa,
    Dans la lettre que j’ai écrite à maman, je lui disais tout notre bonheur à nous retrouver « nous-mêmes» après s’être vus si peu de chose… à la merci d’un morceau de métal!… Pense donc que se retrouver ainsi à la vie c’est presque de la folie: être des heures sans entendre un sifflement d’obus au-dessus de sa tête… Pouvoir s’étendre tout son long, sur de la paille même… Avoir de l’eau propre à boire après s’être vus, comme des fauves, une dizaine autour d’un trou d’obus à nous disputer un quart d’eau croupie, vaseuse et sale pouvoir manger quelque chose de chaud à sa suffi­sance, quelque chose où il n’y a pas de terre dedans, quand encore nous avions quelque chose à manger…
    Pou­voir se débarbouiller, pouvoir se déchausser, pouvoir dire bonjour à ceux qui restent… Comprends-tu, tout ce bon­heur d’un coup, c’est trop. J’ai été une journée complète­ment abruti. Naturellement toute relève se fait de nuit, alors comprends aussi cette impression d’avoir quitté un ancien petit bois où il ne reste pas un arbre vivant, pas un arbre qui ait encore trois branches, et le matin suivant après deux ou trois heures de repos tout enfiévré voir soudain une rangée de marronniers tout verts, pleins de vie, pleins de sève, voir enfin quelque chose qui crée au lieu de voir quelque chose qui détruit!
    Pense que de chaque côté des lignes, sur une largeur de un kilomètre, il ne reste pas un brin de verdure; mais une terre grise de poudre, sans cesse retournée par les obus: des blocs de pierre cassés, émiettés, des troncs déchiquetés, des débris de maçonnerie qui laissent supposer qu’il y a eu là une construction, qu’il y a eu des «hommes »… Je croyais avoir tout vu à Neuville. Eh bien non, c’était une illusion. Là-bas, c’était encore de la guerre: on entendait des coups de fusil, des mitrailleuses, mais ici rien que des obus, des obus, rien que cela; Fuis des tranchées que l’on se bouleverse mutuellement, des lambeaux de chair qui volent en l’air, du sang qui éclabousse… Tu vas croire que j’exagère, non. C’est encore en dessous de la vérité. On se demande comment il se peut que l’on laisse se produire de pareilles choses. Je ne devrais peut-être pas décrire ces
    atrocités, mais il faut qu’on sache, on ignore la vérité trop brutale. Et dire qu’il y a vingt siècles que Jésus-Christ prêchait sur la bonté des hommes! Qu’il y a des gens qui implorent la bonté divine! Mais qu’ils se rendent compte de sa puissance et qu’ils la comparent à la puissance d’un 380 boche ou d’un 270 français 1… Pauvres que nous som­mes! P.P.N.
    Nous tenons cependant, c’est admirable. Mais ce qui dépasse l’imagination, c’est que les Boches attaquent encore. Il faut avouer que jamais on aura vu une pareille obstination dans le sacrifice inutile: quand par hasard ils gagnent un bout de terrain ils savent ce que ça leur coûte et encore ne le conservent-ils pas souvent.
    J’espère aller bientôt vous revoir et on boira encore un beau coup de pinard à la santé de ton poilu qui t’embrasse bien fort.

    René PIGEARD


    24 juin 1915
    Dans la tranchée, le pis, ce sont les torpilles. Le déchirement produit par ces 50 kg de mélinite en éclatant est effroyable. Quand une d’elles tombe en pleine tranchée, et ces accidents-là arrivent, elle tue carrément 15 à 20 types. L’une des nôtres étant tombée chez les Boches, des pieds de Boches ont été rejetés jusque sur nos deuxièmes lignes.

    Michel LANSON


    1914
    Les canons et les fusils ne marchaient plus, il régnait un silence de mort. Il n’y avait que les blessés qui appelaient: Brancar­diers! Brancardiers! A moi, au secours, d’autres suppliaient qu’on les achève. C’était affreux à voir. […] le bombardement commençait et il fallait rester là, à attendre les obus, sans pou­voir bouger jusqu’au soir 8 heures où on venait nous relever. Chaque soir il y avait 100 ou 200 blessés sans compter les morts. Un jour, on y passait la journée, l’autre la nuit, avec cela coucher à la belle étoile, nous n’avions rien pour nous couvrir, je me demande comment nous avons résisté. A l’ordinaire on ne tou­chait pas grand-chose, et la viande que tu touchais, on te la donnait à 2 heures du matin, c’était l’heure de partir, il fallait la balancer, on mangeait du pain sec; il y a longtemps que nous n’avions plus de provisions de réserve.

    Pierre CHAUSSON


    Le 26 juillet 1915
    J’ai vu de beaux spectacles! D’abord les tranchées de Boches défoncées par notre artillerie malgré le ciment et les centaines de sacs de terre empilés les uns au-dessus des autres; ça c’est intéressant.
    Mais ce qui l’est moins, ce sont les cadavres à moitié enterrés montrant, qui un pied, qui une tête; d’autres, enterrés, sont découverts en creusant les boyaux. Que c’est intéressant la guerre! On peut être fier de la civilisation!

    Pierre RULLIER


    2 novembre 1914

    [Mes hommes] trouvent mille petits moyens ingénieux pour se distraire; actuellement, la fabrication des bagues en aluminium fait fureur: ils les taillent dans des fusées d’obus, les Boches fournissant ainsi la matière première  » à l’œil  » Certains sont devenus très habiles et je porte moi-même une jolie bague par­faitement ciselée et gravée par un légionnaire.

    Marcel PLANQUETIE


    Juillet 1915
    L’attaque du 9 a coûté (c’est le chiffre donné par les officiers) quatre-vingt-cinq mille hommes et un milliard cinq cents mil­lions de francs en munitions. Et à ce prix, on a gagné quatre kilomètres pour retrouver devant soi d’autres tranchées et d’autres redoutes.
    Si nous voulons prolonger la guerre, il faudra renoncer à ces offensives partielles et coûteuses, et reprendre l’immobilité de cet hiver. Je crois que dans l’état de fatigue où sont les deux infanteries, c’est celle qui attaquera la première qui sera la pre­mière par ‘terre.
    En effet, partout on se heurte aux machines. Ce n’est pas homme contre homme qu’on lutte, c’est homme contre machine. Un tir de barrage aux gaz asphyxiants et douze mitrailleuses, en voilà assez pour anéantir le régiment qui attaque. C’est comme cela qu’avec des effectifs réduits les Boches nous tiennent, somme toute, en échec. Car enfin nous n’obtenons pas le résultat désiré, qui est de percer. On enlève une, deux, trois tranchées, et on en trouve autant derrière.

    Michel LANSON


    D’origine auvergnate Marin Guillaumont était instituteur avant La guerre. IL y fut blessé et gazé et mourut huit ans après la guerre en 1926. Sa femme Marguerite venait de donner naissance à leur fille Lucie lorsqu’il lui écrivit cette lettre.

    14 décembre 1914 8 heures du soir
    Ma bien chérie
    J’ai reçu ton télégramme. Que je suis content et inquiet!
    Comment vas-tu, chérie, comment va notre fillette?
    As-tu bien souffert ?
    As-tu pu avoir un médecin?
    Avais-tu trouvé une nourrice? Le télégramme est bien bref…
    Que j’attends des détails
    Je crains tant de choses. L’état d’esprit dans lequel tu vis depuis quatre mois et demi a pu avoir une influence malheureuse. Le souci peut lui nuire. Reste courageuse, ma chérie. Pense à notre fillette.
    Comment l’appelles-tu?
    Fais-moi vite savoir son nom. Qu’il me tarde de la voir, que je suis impatient de revenir. Mais mon retour est encore bien loin, plusieurs mois certaine­ment…
    Cause-moi longuement d’elle dès que tu pourras le faire. Dis-moi tout. J’espère la voir. Je veux la voir. Que je regrette gu’elle ne soit pas née un an plus tôt! Fais-moi envoyer beaucoup de papier à lettres pour que je puisse t’écrire longuement.
    Toutes les fois que la chose ne sera pas possible, embrasse-la pour moi. Je ne dormirai sans doute pas de cette nuit. Mais sois tranquille, je ne serai pas malheureux, pourtant je suis inquiet: s’il y avait des complications, il ne t’est pas commode d’avoir un médecin et il n’y a guère de pharmaciens.

    Ce soir j’ai reçu deux lettres de toi, une carte, une lettre d’Yvonne et une carte de Jean. J’ai tout brouillé et ne m’y reconnais plus. Il me sera une distraction de les relire demain; elles me sembleront encore fraîches.
    Dis-moi que notre enfant vivra, il me tarde de savoir.
    C’est si frêle, ces pauvres petits. Il faut si peu. J’espère.
    De quelle couleur sont ses yeux?
    Comment sont ses menottes?
    Sera-t-elle jolie?
    Que je voudrais qu’elle te ressemble. Hélas, je ne pourrai pas la voir toute petite. Je l’aime, vois-tu, je l’aime autant gue je t’aime. Dis-moi, fais-moi dire beaucoup de choses d’elle.
    Pleure-t-elle beaucoup?
    Toi, tu souffres, chérie?
    As-tu pu rédiger le télégramme toi-même; non, sans doute on l’a signé de toi pour me rassurer.
    Mais pourquoi cela irait-il?
    N’avons-nous pas assez d’épreuves sans cela?
    Tout va bien, n’est-ce pas?
    Tu me donneras de bonnes nouvelles. Dès que tu pourras m’écrire, tu le feras longuement.
    Où serai-je alors? quelquepart sur le front; il y a loin de la Suisse à la mer du Nord. Chacun n’est qu’un atome. Mais si tout va bien je vivrai, j’ai confiance. Je garde tou­jours mon sang-froid; nous serons bien heureux, va, plus tard; dans quelques mois, nous en achetons bien le droit. Je n’ai pas vu notre enfant, je veux le voir et j’ai l’intime conviction que je le verrai. Il le faut bien, n’est-ce pas?
    Garde mes lettres, si je ne revenais pas, elle pourra les lire plus tard, elle saura que son papa l’a bien aimée.
    Fais que notre enfant soit digne de toi et de ses grands­ parents: elle n’aura pas à rougir de son nom, dis-lui bien que si j’ai pu tirer dans ces affreux moments c’était par nécessité mais que je n’ai jamais sacrifié une vie inutilement, que je réprouve ces meurtres collectifs, que je les considère comme pires que des assassinats, que je n’ai haï que ceux qui les ont voulus.
    Enseigne-lui à être bonne et simple. Au fur et à mesure qu’elle grandira et pourra te comprendre, instruis-la en tout, ne crains pas de lui parler des laideurs de la vie, qu’elle ne soit pas désarmée et qu’elle ne fasse souffrir personne. Ne tolère jamais chez elle la médisance. Je voudrais qu’elle puisse faire de la musique et des langues étrangères, sans cela on n’est que des êtres incomplets. Mais pourquoi te dire tout cela, tu le sais aussi bien que moi et puis nous serons bien là tous les deux. En attendant mon retour, aime-la beaucoup, doublement pour toi et pour moi et fais­ moi vite savoir son nom. J’aimerais bien une Lucienne, Yvonne, Marguerite, Marcelle, Germaine…
    Que sais-je, ou bien donne-lui un prénom anglais, il y en a de gentils.
    Mais c’est déjà fait, je l’aime sous n’importe quel nom. Il me tarde de le savoir, c’est tout.
    Que je voudrais être près de toi pour te soigner moi-même, pour la dorloter et dire qu’après mon retour il me faudra encore vivre loin d’elle, mais l’espoir de la conserver sera plus ferme. Je suis fou. Je m’arrête d’écrire pour dire que j’ai une fIlle. « J’ai une fille. » Que c’est bon à dire: je la
    vois déjà grandelette, il me semble la voir lorsqu’elle revien­dra de classe avec toi.
    Vois-tu, si je ne reviens pas, j’aurai vécu toute sa vie. Il me semble déjà la suivre dans la vie. Mais lorsque cette lettre t’arrivera, que sera-t-elle?
    Si tu étais à Paris je me ferais porter pour la voir.
    S’il était possible d’en avoir une photo…
    Que je voudrais la voir toute, toute petite! Si tout va bien, tu dois être bienheureuse: donne-toi tout entière à elle;
    c’est à elle que tu te dois désormais, si je te manquais, tu n’aurais plus qu’elle pour adoucir ta vie: une mère et sa
    fIlle lorsqu’elles s’aiment ne doivent et ne peuvent jamais être malheureuses.    ,
    Vous causerez de moi, mais je serai avec vous. Elle a bien besoin d’un petit frère pour la taquiner un .Reu. Je suis content que ce soit une fillette. Il est plus difficile de lui faire une situation; mais au moins elle n’est pas appelée à voir les horreurs qu’un homme peut voir. Je doute que les
    nations soient assez sages pour aller après cette guerre, résolument au désarmement et à une paix durable. La pau­
    vre enfant est née en des heures bien tragiques.
    N’es-tu pas née à peu près à cette époque de l’année?
    Quel jour est-elle née, ton télégramme ne le dit pas.
    Que l’on m’écrive longuement, J’attends vois-tu…..
    Va, si je reviens, tu ne manqueras de rien, toi et notre enfant. Devrais-je pour cela me priver de tout et me faire terrassier en dehors des heures de classe. Si la fatalité vou­lait que je meure sans te revoir, sans la voir, sois ferme: toutes les forces ont un fruit.
    Tu n’y as jamais songé n’est-ce pas, mais lorsque je pense à tout ce que j’aurais pu faire pour toi et que je n’ai pas fait!
    Ne parlons plus de cela, tu me tirerais la langue coquine… Tu as toujours la robe que tu as brodée l’hiver dernier: il te faudra la mettre l’été prochain.

    Je te causerai encore longuement demain. Tu ne liras pas toute ma lettre à la fois, cela te fatiguerait. Jet’ écris allongé dans du foin, à la lumière d’une bougie. Je l’ai dit à Ferry, je l’ai dit au lieutenant. Joffre passerait je crois que je l’arrêterais pour le lui dire, mais il est loin quelque part vers le front, plus près des Boches que nous en ce moment.
    Le 15 décembre.
    Que devenez-vous à Laire ? Je n’ai pas dormi de la nuit, passant des plus vives inquiétudes aux espoirs les plus fous. Qu’il me tarde d’être à quelques jours d’ici pour avoir d’autres nouvelles, des détails. Je voudrais me figurer ce que vous faites en ce moment; je ne peux y arriver.
    N’es-tu pas trop fatiguée? ne te laisse pas décourager.
    Chez M… ont dû aller te voir; ne cause pas trop, éloigne les commè­res, on doit t’observer…
    Fais-toi lire mes lettres, c’est trop pénible pour toi de les déchiffrer. J’écris mal, je suis mal installé pour cela.
    Que je voudrais te faire de longues lettres si mes idées ne se brouillaient pas. Vois-tu, je vis en ce moment dans le même état d’esprit qu’en juillet, août et septembre 1910. Impossibilité de croire à un bonheur certain. Je t’ aimais bien à ce moment-là, je vous aime bien toutes les deux mais je suis loin de vous, je m’inquiète de vous deux. Je t’envie que tu aies pu la voir toi au moins… Je t’en veux presque. Il me faut fermer ma lettre. Embrasse notre chérie, embrasse nos familles pour moi.
    Espère en mon retour.
    A toi ma chérie, tout ce qu’un mari peut désirer de meilleur pour sa petite femme.

    Marin GUILLAUMONT

  • Mourir à tous les niveaux...

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    J'aurais pu mettre ce texte en préface de Kundalini...Parfaitement adapté.

     

    """Mourir, à tous les niveaux, c'est tout simplement abandonner de plein gré ce qui, en fait, ne nous appartient pas... le déguisement d'une fonction pétrifiante, les pouvoirs sur autrui, les peurs empruntées à une société, une culture, les croyances héritées ainsi que toutes les robotisations de l'âme et du corps.
    La lumière vient plus souvent visiter ceux qui acceptent de mourir régulièrement à quelque chose que ceux qui se cachent dans le moule prédéfini et mécanique d'une existence. 
    A chaque fois qu'un verrou tombe, une fleur s'épanouit quelque part... """

    Daniel Meurois-Anne Givaudan