Blog
-
Pour sauver sa peau
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/10/2018
Ils sont très nombreux aujourd'hui ces enseignants qui quittent l'enseignement. Pour sauver leur peau.
Ce témoignage est un très bon état des lieux...Un de plus.
Il arrivera dans quelques temps où l'éducation nationale n'aura plus assez de candidats pour pourvoir les postes, pas uniquement dans quelques matières délaissées mais dans l'ensemble du parcours scolaire, de la maternelle à l'université.
Les structures privées ont de beaux jours devant elles. Je n'ai rien contre elles.
C'est juste le constat amer d'un instituteur de campagne qui voit mourir à petits feux l'école publique qu'il aimait.
"POURQUOI JE VEUX QUITTER L'ÉCOLE": LE TÉMOIGNAGE POIGNANT D'UNE INSTIT AU BOUT DU ROULEAU
photo d'illustration Majid Bouzzit
Par charentelibre.fr, publié le .
Elle a 31 ans, elle est enseignante en Charente depuis huit ans, essentiellement dans des classes composées d'enfants souffrant de troubles de l'apprentissage. Elle nous a adressé son témoignage, qui raconte son quotidien dans une classe spécialisée, où elle côtoie des élèves violents qui n'ont pas dix ans. Elle explique également pourquoi elle a l'intention de quitter l’Éducation Nationale La vague de témoignages et de dénonciations qui est née depuis quelques jours avec le #pasdevague l'encourage à parler à son tour.
Un rêve de gamine
Après avoir passé presque 20 ans côté élèves, je suis passée en 2010 côté bureau. C’est moi qui écris désormais au tableau.
Depuis toute petite, je voulais être maîtresse (ou écrivain, ou pâtissière). Je faisais la classe à mes peluches ou à ma soeur, je faisais exprès d’écrire des exercices, et de me tromper, de faire des fautes, pour pouvoir corriger en rouge. Au cours de ma scolarité et de mes études, j’ai parfois envisagé de faire autre chose (notamment historienne), mais d’une part quand on est littéraire on ne nous suggère pas beaucoup d’autres débouchés que l’enseignement, et d’autre part je suis toujours revenue à l’idée que je voulais être maîtresse.
En tant que fille de prof (de français et latin au collège), entourée des amis de mes parents dont beaucoup étaient profs aussi, je pensais avoir une vision assez précise de la réalité de ce métier. De fait, je ne m’imaginais pas la classe comme un lieu tout beau, tout rose, où l’enseignant sort son savoir et le déverse passionnément dans la tête de ces petites têtes blondes avides d’apprendre, pleines de révérence et de gratitude (et l’enseignant, une fois sa classe terminée, ne rentrait pas tranquillement chez lui dès 16h30)… J’ai vu ma mère préparer ses cours, corriger ses copies, évoquer les difficultés du travail entre collègues, les relations parfois difficiles avec la hiérarchie, et les « cas » d’élèves difficiles qu’on ne sait pas comment toucher ou intéresser. Je n’étais donc pas complètement ignorante.
Mais après presque 9 ans d’exercice (en primaire essentiellement), je sais que je ne veux surtout pas faire ce métier toute ma vie."Une première année en CLIS que j'ai adorée"
Au début, malgré des moments difficiles, forcément, j’étais motivée et persuadée que je pouvais m’épanouir dans cette voie et aider des élèves. Je voulais « être utile », apporter ma pierre à la préparation de l’avenir et à l’éducation des futures générations, pouvoir tendre la main à ces enfants qui vivaient parfois des situations compliquées et essayer de leur offrir la possibilité d’une vie meilleure. Peut-on parler de vocation ? Peut-être, c’est un grand, beau et vaste mot pour désigner beaucoup de choses.
Dès ma première année en tant que titulaire, j’ai été envoyée en remplacement en CLIS (des classes spécialisées pour des enfants présentant des troubles des apprentissages ; ces classes sont implantées au sein des écoles dites ordinaires car – en théorie – le handicap des enfants ne les empêche pas d’être mêlés aux autres élèves) pour plusieurs semaines, sans préparation particulière. J’étais terrifiée – rien dans ma formation ne m’avait préparée à ça ! Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir leur dire ?
Heureusement, ce remplacement de deux mois s’est très, très bien passé. Je suis revenue dans cette classe à plusieurs reprises cette année-là, et j’ai adoré. A tel point que j’ai demandé, à la fin de cette première année, à partir en formation pour me spécialiser et pouvoir enseigner en CLIS « pour de vrai ». Mais l’inspectrice de l’époque a estimé qu’il était préférable que j’apprenne d’abord à enseigner dans les classes ordinaires avant de me spécialiser. Et même si j’étais un peu déçue, je ne pouvais pas lui donner tort.En Segpa: "j'ai fait de mon mieux"
Sauf que, grâce à la logique de l’administration, j’ai été envoyée l’année suivante en SEGPA dans un collège classé en ZEP (ou REP, ou…) – bref, des classes difficiles, avec des élèves en grande difficulté, proches du décrochage scolaire, à un âge où la parole de l’adulte doit surtout être rejetée, avec une majorité de garçons dont l’éducation et la culture ont tendance à valoriser le pouvoir masculin. Alors âgée de 24 ans, je n’étais pas tellement plus vieille qu’eux, je n’étais pas davantage formée que l’année précédente, j’étais à une heure de route de chez moi, et j’ai été prévenue trois jours avant la rentrée.
J’y ai passé un an, je ne sais pas trop ce que j’ai pu leur apprendre, mais j’ai fait de mon mieux. Tant que j’avais la tête dans le guidon, je n’étais pas trop sujette à l’angoisse ou au stress. Mais maintenant, avec le recul, quand je repense à cette période, j’ai un sentiment d’angoisse, la boule au ventre, je me sens oppressée… et je pense bien vite à autre chose.Retour en Clis: "Nous faisions un très bon travail"
L’année suivante, j’ai enfin pu partir en formation pour enseigner en CLIS – il eût été malvenu de la part de ma hiérarchie de me refuser cette formation, de toute façon ! Cette année-là j’étais donc en poste dans une CLIS près de chez moi, dans une école que j’avais choisie, et je suis partie en formation par séries de plusieurs semaines. C’est aussi cette année-là que je suis tombée enceinte de mon premier enfant. J’ai passé l’examen final avec succès, et j’ai été titularisée sur ce poste. J’avais une super AVS, avec laquelle je m’entendais très bien, et nous faisions un très bon travail. Bien sûr il y avait des difficultés parfois, des élèves avec un comportement plus ou moins problématique, mais dans l’ensemble j’étais contente, motivée, heureuse de me lever le matin pour venir travailler.
Le premier gros incident
L’année suivante, à mon retour de congé maternité, il y a eu un incident avec un de mes élèves : très violent, il a frappé, mordu, insulté, craché sur plusieurs de mes collègues et moi-même. Comme il était grand et costaud, nous devions nous mettre à quatre pour l’immobiliser à terre. L’inspecteur a fini par réagir seulement lorsque nous lui avons montré les photos de nos bleus et des marques de morsures, et que nous avons évoqué la possibilité de diffuser ces infos vers une audience plus large. L’élève en question a été orienté vers une structure plus adaptée et plus à même de l’aider – clairement dans un cas comme celui-ci, le scolaire n’est pas le point essentiel, il y a un gros travail éducatif et psychologique à faire avant, et ce n’est pas en CLIS que nous pouvons y arriver.
Un élève ingérableL’année suivante, un autre élève est revenu dans ma classe. Je l’avais eu lors de ma première année, et je l’aimais bien. Mais là, il avait grandi, il était plus proche de l’adolescence, il était passé par un foyer pour jeunes, et il est apparu très vite que ce n’était plus le même enfant. Au bout de quelques semaines, il m’a donné des coups de pied, insultée, craché dessus. Il terrorisait les autres élèves (et en était très content). Il est arrivé que nous fermions la porte à clé pour l’empêcher de rentrer dans la classe alors qu’il avait décidé de semer la terreur chez les enfants. Heureusement que mon AVS et moi étions soudées, et que le reste de mes collègues était vigilant et prêt à intervenir. Lors d’une réunion, il a été convenu que cet élève ne serait scolarisé que le matin. Mais au cours de cette même réunion, alors que j’évoquais la difficulté que j’avais à gérer la classe lorsqu’il était là, et le fait qu’il y avait les autres élèves à accompagner, que je ne pouvais pas utiliser tout mon temps et toute mon énergie pour lui, l’inspectrice m’a fait comprendre, en gros, que je n’en avais que 12 et que j’étais formée pour ça, donc que je ne devais pas me plaindre (je schématise, mais c’est l’idée).
Je précise qu’il n’y a pas de cours d’arts martiaux dans la formation que j’ai suivie, qu’à aucun moment on ne nous a expliqué quoi faire face aux insultes et aux crachats, et qu’en CLIS les élèves ont des troubles des apprentissages – pas comportementaux.
J’ai donc poursuivi l’année, la boule au ventre chaque matin lorsque je le voyais arriver, ne commençant à respirer que le midi lorsqu’il rentrait chez lui. Je redécouvrais ma classe et le plaisir de travailler avec mes élèves l’après-midi, et les élèves eux aussi étaient plus détendus et plus heureux lorsqu’il n’était pas là.Menacée par un enfant de 7 ans
Il y a deux ans, c’est son petit frère qui est arrivé. Et qui semblait suivre le chemin de son grand frère, même s’il n’était pas encore violent. Provocateur, irrespectueux, perturbateur… Il regardait l’adulte (et en particulier la femme) avec mépris, il passait près de moi quotidiennement, plusieurs fois par jour, en me lançant « j’te tappe ! » avec un grand sourire, il m’a une fois tiré les cheveux… Il aurait eu les capacités d’être un très bon élève de CLIS, et aurait même pu suivre dans une classe ordinaire, mais le travail éducatif à faire avec lui était tellement important que le scolaire ne pouvait passer qu’après. Et en parallèle, un autre élève très difficile nous a été confié, dont la famille ne veut rien entendre quant à son comportement et ses difficultés sociales. Et bien sûr, ces deux élèves s’entendaient très bien.
L’année dernière, un troisième est arrivé, dans la même lignée: 7 ans, mais déjà très violent, il vous regardait dans les yeux et levait son poing, prêt à vous frapper, et avec un grand sourire qui vous défiait et vous disait « alors, qu’est-ce que tu vas faire ? ». Sauf que cette année-là j’étais à nouveau enceinte, et qu’entre cet enfant prêt à frapper et moi il y avait mon ventre, avec mon bébé à l’intérieur. Lors d’une équipe de suivi pour évoquer la situation de ce garçon, la psychologue scolaire et les autres partenaires ont bien entendu la détresse de la maman, à la maison. Des propositions lui ont été faites pour lui venir en aide, à la maison. Pour l’école, par contre… Si, on m’a conseillé de lui donner moins de devoirs, ou pas du tout, parce que c’est une charge supplémentaire pour lui, une fatigue en plus (ce que je peux comprendre), et qu’à la maison la maman n’a pas à subir la colère de son fils contre l’école (ou quelque chose comme ça). On ne m’a en revanche pas dit quoi faire lorsqu’il frappe un adulte ou un autre enfant…Une inspection difficile
Lors de mon inspection en 2017, l’inspectrice n’a pas aimé ma manière de travailler : je fonctionne énormément à l’intuition, à l’improvisation, j’ai très peu de documents de travail, j’ai tout dans la tête, et c’est vrai que du coup je n’avais pas grand chose à lui montrer. Or, dans l’Éducation Nationale, on est très paperasse. Vraiment beaucoup. Mais pas moi. Elle m’a donc reproché, si je raccourcis, de ne pas travailler assez. Le fait que mes élèves progressent, que deux d’entre eux réintègrent un cursus ordinaire (chose quand même plutôt rare), que des parents me disent avec un grand sourire que leur enfant aime venir à l’école et adore la maîtresse (alors qu’à cause de son handicap il était auparavant en souffrance), n’est pas suffisant. Il faudrait que je rédige des projets, des documents, des plans, des programmes, etc. alors même que ça ne me serait pas utile. Cette inspectrice m’a demandé ça, alors qu’elle n’avait pas su me soutenir face à un élève qui m’avait traitée de sale pute et m’avait dit d’aller me faire enculer avant de me cracher dessus.
Une agression très violenteIl y a quelques mois, alors que mon congé maternité s’approchait de la fin, j’ai vu réapparaître cette boule au ventre, cette angoisse, cette oppression dès que je pensais à ma classe. Ce qui est dommage, c’est que la plupart de mes élèves sont adorables. Mais à cause de trois d’entre eux, je ne voulais pas y retourner.
J’avais envie de pleurer rien que d’y penser. Dès que je passais devant mon école j’avais l’impression de ne plus pouvoir respirer. Lorsque je suis allée présenter ma fille à mes collègues, j’ai dû m’obliger à y aller, à me garer devant, à passer la porte. Je n’avais pas envie de rentrer dans mon école, et encore moins d’y amener mon bébé.
En juin, soit deux mois après ma reprise, l’enfant de 7 ans (8 à ce moment-là) a « explosé » dans ma classe. Il y avait eu plusieurs crises auparavant, au cours desquelles nous devions nous mettre à deux pour l’emmener hors du groupe. Cette fois, il s’est mis à balancer ses affaires, à retourner sa table, à taper partout… Il m’a ensuite frappée avec une règle. A ce moment-là mon collègue et moi avons saisi chacun un bras, mais nous avons reçu de nombreux coups de pieds et griffures, dont je garde encore les marques plusieurs mois après. Puis l’élève m’a craché au visage à deux reprises. Mon réflexe de défense a été de le gifler. Je ne m’en suis pas cachée lorsque nous avons relaté l’incident à l’inspecteur et aux parents. Les parents ont compris, et l’inspecteur m’a conseillé de bien insister sur le fait que je ne fonctionnais pas comme ça d’habitude, que c’était un réflexe, etc. A la limite, j’aurais dû m’excuser. A quel moment a-t-on demandé à cet élève de s’excuser pour m’avoir craché dessus et frappée avec une règle ?
L'escaladeCette année, et malgré le fait que l’un des trois élèves soit parti, nous étions arrivés à saturation à peine trois semaines après la rentrée. L’enfant de 8 ans, dès la première semaine, a fait de nouvelles crises. Mais il fallait attendre, que les aides demandées soient mises en place, que les réunions se fassent, que… Pendant ce temps, l’école se débrouille. Mes collègues ont la gentillesse de l’accueillir à certains moments dans la semaine. Il est déscolarisé à d’autres moments.
Mais cela ne suffit pas. En plus de sa violence, cet enfant semble avoir une obsession pour le domaine sexuel. Il n’hésite pas à toucher les fesses des adultes, il embrasse mon image sur la photo de classe, évoque quotidiennement la maîtresse en maillot de bain, le fait que je fasse des bisous avec mon mari, que nous dormions dans le même lit… Il m’a proposé de lui « sucer la bite ». Il a essayé de m’embrasser en me tenant les mains, a suggéré que nous allions faire l’amour dans les toilettes, et lorsque j’ai essayé de le repousser il a menacé de me frapper. Le même soir, je me faisais agresser par un parent d’élève – cet élève particulièrement perturbateur et épuisant, mais dont la famille ne veut rien entendre.
De moins en moins de moyensNous faisons des écrits, des rapports. Mais pour que la machine administrative se mette en route, il faut attendre. Les psychologues scolaires sont complètement débordés. Un autre poste a été supprimé sur notre secteur. Dans notre école une classe a été fermée, et les collègues peinent à accompagner tous les élèves comme ils en auraient besoin. Certains de mes élèves ne devraient pas être dans ma classe. Ils devraient être orientés vers les IME ou les ITEP – sauf qu’il n’y a pas assez de places, et qu’on en ferme encore. Du coup ces élèves restent chez moi, et ceux que je pourrais accueillir doivent rester en classes ordinaires. Tout le monde souffre, élèves et enseignants.
Car, soyons clairs, les enfants qui agissent comme cet élève violent sont en souffrance. Ils ne sont pas accompagnés comme ils en auraient besoin. Ils sont mal dans leur peau, ils ne se sentent pas à leur place, même dans une classe spécialisée comme la mienne. Mais sous prétexte d’inclure le handicap et de faire des économies, on détruit des structures (IME, ITEP, etc.) essentielles au développement de certains enfants. Et de fil en aiguille, cela met en péril la scolarisation de tous les élèves, même dans les classes ordinaires.
Des collègues débordés et sans soutienMon mari me dit que, plutôt que de quitter l’Éducation Nationale, je pourrais changer de poste, retourner dans les classes ordinaires ou en maternelle. Mais je n’en ai pas envie non plus. Mon dégoût de l’enseignement ne concerne pas seulement ma classe spécialisée.
Je les vois, mes collègues d’ordinaire, avec 25 ou 30 gamins par classe, à gérer du multi-niveaux, des élèves difficiles, des parents compliqués, des dossiers, des projets, des demandes de la hiérarchie qui ne fait rien pour les soutenir, des évaluations à n’en plus finir, des livrets, des réunions inutiles, des pseudo-formations qui font juste perdre du temps, des animations pédagogiques tellement éloignées de la réalité des classes, des programmes de plus en plus lourds, alors que les élèves ont de plus en plus de difficultés, des parcours et des éducations à… à mettre en place par-dessus, des réformes tous les 3 ans imposées par des personnes qui n’ont jamais mis les pieds dans les classes d’aujourd’hui, mais présentent la chose comme révolutionnaire et permettant de régler tous les maux de l’Éducation Nationale (ont-ils seulement consulté les premiers concernés?…
Je vois leur teint pâle et leurs yeux cernés dans les semaines avant les vacances (vacances que l’opinion publique nous reproche si souvent, tout comme nos horaires indécents, la stabilité de notre emploi de fonctionnaire, et notre salaire confortable qui tombe tous les mois ; mais vraiment, ces enseignants qui font tout le temps grève, de quoi se plaignent-ils ?)… Je les entends parler de mercredi, de samedi ou de dimanche matin, quand ils sont revenus travailler ; de la deuxième semaine des vacances où ils ont mis à jour leurs progressions, refait leurs séquences, mais quand même ils ont bien profité de la première semaine pour se reposer ; de lundi soir quand ils ont préparé le projet de littérature avec la collègue de CE1, et qu’ils ont quitté l’école à 20h, alors que le collègue de CM2 était encore là. Et je lis aussi ces témoignages, de plus en plus nombreux, de profs agressés, de profs en dépression, d’enseignants en burn-out…
Et je me dis que non, je ne veux pas retourner en ordinaire. Je veux me protéger, quelque part aussi protéger ma famille et mes enfants. Il vaut mieux que je parte tant que l’école ne m’a pas complètement rendue malade (j’éprouve déjà très souvent des angoisses inexplicables, que je n’avais jamais éprouvées auparavant), et tant que je suis encore convaincue que je peux faire autre chose de ma vie.
"J'admire ceux qui gardent la foi"
Beaucoup d’enseignants sont persuadés de ne rien savoir/pouvoir faire d’autre. C’est complètement faux, bien sûr, dans notre métier on a tellement de casquettes différentes, qu’on développe énormément de compétences qui nous seraient utiles dans d’autres voies. Mais nous sommes formatés, conditionnés à penser que lorsqu’on rentre dans « la grande famille de l’Education Nationale », c’est pour la vie. Et c’est vrai aussi que quitter le statut de fonctionnaire, c’est prendre un risque. Mais finalement, le risque pris en partant est-il plus grand que celui qu’on prend en restant ?
J’admire ceux qui gardent la foi, qui croient en l’avenir de l’Education Nationale. Quelque part, j’ai l’impression de déserter le front, de laisser les autres patauger seuls et faire ce qu’ils peuvent pour les générations futures, d’abandonner mes collègues et ces élèves que je pourrais aider. Je trouve aussi regrettable d’avoir laissé s’échapper ma motivation, je culpabilise pour tous ces enfants que je ne pourrai pas aider, parce que le système éducatif tel qu’il est ne m’en donne pas les moyens.Je suis frustrée, de ne pas avoir réussi à aider ces élèves si difficiles, mais si mal dans leur peau. J’ai un sentiment d’échec et de lâcheté. Après tout, je suis bien contente que des enseignants fassent classe à mes propres enfants. Même si je me demande de plus en plus si je ne devrais pas chercher une alternative. Ai-je envie qu’elles suivent un système éducatif dans lequel moi-même je n’ai plus confiance ? Ai-je envie qu’elles soient confrontées à des élèves comme les miens ?
Mais je vis ma vie pour moi, aussi. C’est de ma santé mentale et physique qu’il s’agit. Je ne suis pas une sainte, ni une martyre, je ne recevrai pas de médaille pour mon sacrifice. Je ne veux pas continuer à assister au sabordage de l’École, et encore moins de risquer de sombrer avec elle. -
KUNDALINI dans un concours.
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/10/2018
Thierry Ledru a partagé une publication.
1 h ·
De retour d'une semaine en Lozère, je découvre les résultats du concours et je suis impressionné et comblé par le nombre de participants, le nombre de partages et de "like".
Encore plus heureux quand "SpiriVie" me transfère le commentaire de la première lectrice sur ma boîte mail :"Bonjour Gaëlle
Merci pour ce fabuleux cadeau !
J'ai téléchargé le logiciel pour la lecture de cet ouvrage ce matin et j'ai commencé à lire ce livre quelques pages.
Thierry LEDRU est extraordinaire.
Je suis totalement connectée à son âme qui exprime sa puissance divine.
Son récit me prend les tripes. La préface de Nathalie VIEYRA est exceptionnelle et d'une grande profondeur. Elle invite le lecteur à entrer dans ce récit bouleversant qui nous embarque tel un tsumani dans nos blessures d'âmes !
J'ai eu un très fort ressenti au niveau du plexus solaire et de la gorge qui se sont noués.
Ca ne m'étais jamais arrivé de manière aussi consciente et surprenante en une fraction de seconde.
Cela fait 40 ans que je n'ai pas lu de romans tellement ils ne correspondaient pas à ce que je pouvais ressentir.
Ce livre sera un best-seller à ne point en douter et je l'espère vivement.
Je l’achèterai en plusieurs exemplaires pour l'offrir pour Noël, c'est certains !
Encore un très très grand merci à vous et à Thierry LEDRU !
Merci pour ce magnifique partage et pour m'avoir sélectionnée !
Gratitude à la Vie, à l'Amour, à l'Univers, à Thierry LEDRU et à Vous !SpiriVie - les rendez-vous de la Vie Spirituelle
RÉSULTATS DU JEU CONCOURS
Merci à tous et toutes d'avoir été si nombreux à participer pour gagner l'ebook du nouveau roman de Thierry Ledru "Kundalini, l'étreinte des âmes". Nous aurions aimé pouvoir vous offrir à tous le livre mais ce n'est pas possible mais vous pouvez le commander en suivant ce lien : https://www.editionsdu38.com/hors-collection/kundalini/VOICI LES 10 GAGNANTS !
...
-
"Au cœur de la Kundalini"
- Par Thierry LEDRU
- Le 20/10/2018
Ce documentaire a été mis en ligne le 10 octobre. Je le découvre ce soir.
Etrange coïncidence.
Je suis heureux d'entendre certains témoignages en pensant à certains passages de "Kundalini"... Je pense que l'écrit est assez proche de la réalité. Même si cette réalité dépasse l'entendement.
AU COEUR DE LA KUNDALINI
C'est avec une grande joie que je vous présente le documentaire très attendu "Au cœur de la Kundalini" sur lequel je travaille depuis un an.
Face à cette manifestation particulièrement puissante, je me souviens avoir regretté le manque d'explications et de témoignages sur le sujet, rassemblés au cœur d'une même vidéo.
C'est à partir de ce constat que l'idée a émergé de me charger de la création du support que j'aurais voulu avoir à disposition pour m'éclairer. J'espère de tout cœur qu'il saura répondre au mieux à vos interrogations.
Le tournage et le montage ont été entièrement financés par mes fonds personnels. Il était néanmoins très important pour moi de vous le maintenir totalement gratuit, afin que chacun d'entre vous puisse y accéder, sans exception.
Il a simplement été décidé de mettre à disposition un espace pour ceux qui souhaiteraient exprimer leur gratitude :
https://www.paypal.me/ytvconscience
Votre soutien permet de maintenir le libre accès et la gratuité de ce type de documentaire.
Chaque don est une véritable bénédiction.
Un grand merci à tous.
Yoann
Avec la participation de :
- François Breton : http://holosynergie.com/
Holosynergie- Caroline Gauthier : https://aunomducorps.fr/
Au Nom du Corps - Vivre sa Nature- Diane Bellego : https://tantradianebellego.com/
Tantra Diane Bellego- Jean-Luc Jeantieu : https://www.lavoieducoeur.fr/
Jean Luc Jeantieu- Tiphaine Bonnet : tiphaine.bonnet45@gmail.com
Tiphaine Bonnet- Yoann Chaulet : www.conscience-je-suis.com
Yoann Chaulet Yoann TV Conscience -
Promenades interdites : chasse en cours
- Par Thierry LEDRU
- Le 17/10/2018
Depuis la mort du cycliste anglais la semaine dernière, je m'attendais à ça même si ça me semblait impossible légalement...
Eh, bien si, c'est fait :
La forêt d'Is-sur-Tille interdite aux promeneurs les dimanches jusqu'à la fin de la saison de chasse
Dimanche 26 novembre 2017 à 9:28Par Stéphanie Perenon, France Bleu Bourgogne
Les promeneurs et autres cyclistes ou joggeurs interdits de forêt à Is-sur-Tille tous les dimanches jusqu'à la fin de la saison de la chasse ! La municipalité a pris un arrêté interdisant l'accès de la forêt à toute personne en dehors de la société de chasse. Motif invoqué par le maire, la sécurité.
Les affiches à l'entrée de la forêt d'Is-sur-Tille rappellent l'interdiction faite aux promeneurs et autres randonneurs les dimanches de chasse. © Radio France - Stéphanie Pérenon Is-sur-Tille, France
Depuis le 14 octobre, dernier, la forêt d'Is-sut-Tille est interdite d'accès aux promeneurs et autres sportifs du dimanche. Le maire a pris un arrêté qui interdit l'accès de la forêt à toute personne en dehors de la société de chasse de la commune. Un arrêté qui concerne tous les dimanches jusqu'à la fin de la saison de chasse, le 28 février.
Un arrêté pour protéger la population
Et la raison invoquée par le maire Thierry Darphin, c'est la sécurité avant tout. C'est à la demande de la société de chasse d'Is-sur-Tille que la ville a pris cet arrêté. La société de chasse qui paie un droit pour l'utilisation de ces parcelles de forêt, estime qu'il est plus prudent que l'accès soit réservé les dimanches aux seuls chasseurs car certains promeneurs ne sont pas prudents et pas assez visibles. "On ne voudrait pas qu'il y ait un accident " explique Marc Leyoudec, le trésorier de la société de chasse d'Is-sur-Tille.
22 dimanches concernés
Au total ce sont 22 dimanches qui sont concernés par cette interdiction. Des panneaux d'affichage le rappellent aux promeneurs à l'entrée de la forêt, mais un partage des lieux que les habitants apprécient diversement.
L'arrêté est en vigueur jusqu'à fin février.
"Il s’appelait Marc Sutton, il avait 34 ans. Je dis - il avait - parce qu’il a été tué aujourd’hui dans les environs de Morzine par un chasseur alors qu’il circulait en VTT sur un sentier en lisière de forêt. Quelques grammes de métal tiré par un jeune inconscient écervelé a suffi à tuer une vie, à briser familles et amis.
Marc Sutton était un restaurateur Britannique, il s’était installé depuis 4 ans aux Gets pour son projet de vie, malheureusement cette région qu’il aimait tant lui aura été fatal.
Je viens de regarder sa page facebook, cette jeune personne aimait le sport et la nature. Il venait de créer 2 établissements concernant la restauration dont un ayant pour thématique la cuisine santé au naturel. Grand sportif, il aimait pratiquer ses nombreuses disciplines dans la magnifique région du Chablais qui était devenue sa seconde patrie. Il a été tué par balle au gros gibier par un soit disant amoureux de la nature qui prend plaisir à détruire une partie de la faune avec des munitions ayant un pouvoir létal quasi identique à un arme de guerre.
je n’arrive pas à comprendre que l’on puisse prendre du plaisir à tuer un être vivant pour le plaisir, fut il un animal sauvage.
Marc Sutton est le premier tué ( HOMME ) pour cette saison, il ne sera malheureusement pas le dernier.
Son meurtrier sera probablement condamné à trois ans d’emprisonnement dont deux avec sursis. Au bout de cette condamnation il retrouvera la liberté, et pourra jouir à nouveau de la vie.
Marc Suton, lui, a été condamné à ne plus vivre pour l’éternité.Cet anathème, n’est pas contre ce jeune chasseur qui vient d’ôter une vie, mais contre la période de chasse. Ce soit disant « sport » devrait être interdit le weekend, c’est durant ces 2 jours que la plupart des non-chasseurs sont tués."
-
KUNDALINI : Pub
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/10/2018
J'ai reçu deux visuels ce soir, envoyés par l'éditrice.
Je suis heureux.
Voilà pourquoi les auteurs écrivent : pour que les histoires n'existent pas seulement dans leurs têtes mais qu'elles soient partagées.
Est-ce que je suis un auteur ? C'est mon cinquième roman publié et je me pose toujours la question. Peut-être que c'est nécessaire d'ailleurs pour que l'exigence envers soi reste entière. Il ne serait certainement pas sain et bénéfique que je me considère "auteur" uniquement à travers la reconnaissance d'une éditrice. Je pense que c'est uniquement les lecteurs et lectrices qui peuvent attribuer ce terme à quelqu'un.
"Lui, c'est un auteur. Ces livres ne ressemblent à aucun autre."
Si un jour, j'entends les gens parler de moi et de mes livres de cette façon-là, je pourrai dire que je suis un auteur.
-
Pour la décroissance
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/10/2018
Institut d'études économiques et sociales
pour la décroissance soutenable
Recensions de Le Progrès m'a tuer -
Des souvenirs.
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/10/2018
Quand on essaie d’oublier, on réactive inévitablement ce qu’on cherche à oublier et dès lors on le réinstalle… Fonctionnement d’humain…
Nous ne pouvons pas oublier volontairement. Mais nous pouvons laisser l’oubli s’installer.
La Vie n’a pas de temps. Elle est. Lorsque nous nous accrochons à des souvenirs joyeux ou lorsque nous souffrons de souvenirs douloureux, nous falsifions l'existence.
Il me plaît de représenter cette existence avec une balance à plateau.
Dans un plateau viennent s’accumuler les événements favorables, ceux qui nous comblent de bonheur.
À l’opposé se concentrent les événements douloureux.
L’individu dépense une énergie considérable pour tenter de maintenir l’équilibre.
Il en va des événements qui se sont réellement produits mais également de ceux qui entrent dans la dimension du fantasme.
Parfois, seuls les fantasmes parviennent à remplir le plateau des événements positifs…
On entre alors dans le domaine de l’illusion et de l'addiction.
L'instant n'est plus que la projection vers l'après.
Tout ça ne signifie pas qu’on doive abandonner tout projet mais il convient de ne pas y apporter autre chose que la réalité.
Il en est de même avec les souvenirs.
Ils n’ont aucune autre existence que celle qu’on veut bien leur accorder.
Si on parvient à laisser l’oubli s’installer et non à vouloir qu’il s'installe, on entre dans la voie du Milieu. L’acceptation.
Pas question de laisser-aller ou d’abandon. Il s’agit d’une voie éminemment difficile et qui réclame une totale exigence. En Occident, l’acceptation, ou le lâcher-prise, sont des notions négatives.
Totale incompréhension de ce qu’elles représentent.
L’individu qui souhaite se libérer de l’alternance des deux plateaux de la balance, de ce gaspillage énergétique constant, de cette accumulation d’illusions, se doit d’œuvrer en pleine conscience.
Il ne doit jamais l’oublier. C’est la seule chose existentielle qui mérite de ne pas l’être.
Qu’en est-il du pardon ?
Est-ce que je dois me pardonner d’avoir été inconscient de tout pendant si longtemps ? Il ne servirait à rien en tout cas que je me le reproche. Ça serait de nouveau un ancrage dans le Temps. Ce que j’ai été n’est plus, ce que je serai n’existe pas. Le pardon porte en lui une attache au passé. Étant donné que ce passé n’a aucune réalité dans l'instant, il m’est inutile de m’inquiéter sur un éventuel pardon à m’accorder. A vouloir pardonner, je réactive un événement comme quelque chose d'actuel.
De plus, les erreurs que j’ai commises m’ont amené là où je suis. Elles ont participé à mon chemin, elles l’ont balisé. Il serait injuste de les renier, de les maudire, de les conspuer ou de vouloir me pardonner mes fautes, tout comme il serait inutile d’honorer indéfiniment les réussites. Au risque d’entretenir de nouveau l'instabilité de la balance.
Il n'y a rien de faux, rien de juste, rien de mal, rien de bien. Pas dans la réalité des choses. Elles sont ce qu'elles sont. Ensuite, elles passent par le filtre de ma conscience (ou de mon inconscient) et deviennent autre chose que le réel. Elle deviennent simplement « humaines ».
J'ai oublié beaucoup de choses de ma vie, beaucoup de souvenirs ont disparu où sont tombés si loin qu'ils ne sauraient remonter à la lumière. Je n'ai rien essayé pour que ce processus se fasse. Je l'ai juste laissé faire.
La dernière crise avec mes hernies discales m'a rappelé à quel point la réactivation des souvenirs peut devenir redoutablement néfaste.
De la même façon, la réactivation des souvenirs sereins peut devenir une force morale. Mais au risque de subir le contre-coup inverse. L'illusion de la pensée est éphémère et plus l'illusion a été nourrie, plus sa fin sera douloureuse.
Il ne s'agit donc pas de vouloir lutter contre l'émergence des souvenirs. Il s'agit d'être conscient de ce qu'ils sont et de leurs effets. Il s'agit d'observer ces effets et de les corriger par une pleine conscience bienveillante.
Oui, je peux avoir peur quand je repense aux opérations. Mais ce qui a été inévitable à un moment ne l'est pas nécessairement plus tard.
Oui, je peux être optimiste quand je repense à mes guérisons et mes retrouvailles avec la montagne. Mais ce qui a été possible à une époque ne l'est peut-être plus.
Ce qui existe est là, maintenant. Et il est vain et même néfaste de vouloir réguler l'instant par le filtre du passé, tout comme de vouloir projeter cet instant dans un avenir rêvé.
La vie ne se rêve pas.
Elle s'éprouve.
"Agir dans le non-agir".
J'ai mis très longtemps à réaliser pleinement ce que cette expression pouvait signifier pour moi. Je ne dis pas que mon interprétation est universelle. Elle me convient et c'est suffisant.
Il est par conséquent aussi essentiel d'examiner les pensées que les émotions. "Qu'est-ce qui se passe en moi en ce moment ? "
Il ne s'agit pas d'analyser avec méfiance mais juste d'observer. La méfiance créerait un état d'inquiétude et donc de résistance ce qui ajouterait à l'émotion une part néfaste, un système de parasites qui s'entretient et transforme l'émotion elle-même.
Il serait absurde que j'observe un phénomène que mon observation elle-même transforme...
Il convient juste de laisser s'étendre cette émotion comme si elle était un visiteur de passage. Elle n'est pas moi mais un élément rapporté, événementiel, provisoire. Si je m'identifie à elle, si je la considère comme une part de moi, je ne suis plus observateur mais dépendant d'elle. Je et elle se mêlent. Et je ne suis plus.
Le problème vient de la charge énergétique diffusée par cette émotion, par cette pensée corporelle, par ce ruissellement de colère ou de joie. La fréquence vibratoire de l'émotion lorsque celle-ci prend le pas sur l'observation amplifie la pensée et le phénomène interne se renforce.
Le mental adore ces situations. Il y trouve un terreau favorable à son expansion. Les pensées se nourrissent des émotions et les émotions fabriquent de nouvelles pensées. Le mental va même s'efforcer d'entretenir cette anarchie intérieure en multipliant les pensées, soit pour résister aux émotions, soit pour les amplifier.
La résistance aux émotions, lorsqu'elles se révèlent désagréables, n'est pas une issue. Elle génère de nouvelles pensées émotionnelles. Ce chaos interdit toute observation. L'individu n'est plus qu'un flot d'excroissances instrumentalisées. En luttant contre ces émotions mortifères, il en génère d’autres…
La paix est exclue de ce champ de bataille.
La pensée est d'ordre intellectuel et l'émotion d'ordre physique. Lorsque les deux entités agissent de concert, et que la conscience en est bannie, l'individu est en sommeil. Il rêve son existence et ne contrôle rien. À celui-là, tout arrive mais il ne fait rien. Il est sans cesse en réaction. Il réagit mais n'agit pas. Pour agir, il faut être dans le non-agir. C'est là tout le paradoxe.
Le non-agir est un état d'observation neutre. Le fait de ne pas générer de résistances conduira l'émotion à s'éteindre d'elle-même. Elle ne sera pas niée pour autant mais elle ne trouvera pas d'ancrage dans le mental. Parce que ça n'est pas le mental qui l'observe mais la conscience. Il ne s'agira dès lors qu'une bougie qui finira par épuiser sa réserve de cire...
Ce qui importe, c'est d'œuvrer au silence intérieur. Imaginez que la bougie s'est éteinte. Vous êtes dans le noir mais cette obscurité est une lumière intérieure. Vous décidez vous-mêmes des éblouissements et de leur durée.
Lorsque je suis ému par la beauté des montagnes, lorsque je suis dans ce silence intérieur, rien ne vient s'interposer. Je laisse l'émotion s'étendre et je l'honore. L'instant le plus beau n'est pas l'euphorie mais le retour à la paix. Car c'est dans le silence qui suit que la conscience se révèle. Je suis celui qui a rétabli l'obscurité lumineuse. Aucune lutte intestine, juste l'observation.
Si je cherchais à amplifier cette émotion réjouissante, si je cherchais à l'associer à des pensées discursives, à la prolonger par des raisonnements, des exagérations, des embrasements inventés, je me conditionnerais à vivre la même illusion lorsqu'une émotion néfaste jaillira dans une autre situation.
Il n'y a pas de choix à opérer. Ça serait l'établissement d'un mensonge. Si je m'abandonne à l'euphorie des émotions joyeuses, je m'abandonne symétriquement et simultanément au désastre des émotions douloureuses.
On se retrouve de nouveau dans l'image de la balance et des deux plateaux. Je ne peux pas consciemment désirer remplir le plateau des bonheurs et vider celui des malheurs. C'est une tricherie irréalisable.
Je peux par contre tenter de m'installer au milieu de la balance et apprendre à observer les déséquilibres, l'alternance des situations favorables ou défavorables, sans jamais mêler ma conscience aux pensées émotionnelles qui accompagnent ces troubles de l'existence.
Et c’est là que naîtra la joie d’être soi, une joie bien plus vaste qu’une émotion éphémère.
-
Réunion de parents
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/10/2018
Réunion de parents d'élèves
Vendredi soir, j'ai vécu ma dernière réunion de classe avec les parents d'élèves. Ils étaient nombreux d'ailleurs à s'être déplacés.
C'est toujours émouvant d'avoir en face de moi, non pas les enfants mais leurs parents, bien souvent assis à la même place.
J'ai donc expliqué ma façon de travailler. J'avais écrit au tableau les deux parties de la soirée : une présentation des supports de travail, classeurs, porte-vue et cahiers, puis la deuxième partie dans laquelle je décrivais ma vision de l'enseignement et les différents points que je souhaitais aborder :
L'enfant et l'élève / Le contenant et le contenu / La connaissance de soi / La gestion émotionnelle / « L'ascension » vers la connaissance / Le chemin balisé par les « lampadaires et la fierté du chemin parcouru.»/
L'enfant et l'élève : J'accueille des enfants et non pas des élèves. Ils ne sont pas élèves, ils sont enfants en situation d'élèves. Ce qui m'importe prioritairement, ça n'est pas de leur apporter des connaissances extérieures, scolaires, culturelles mais que le travail nécessaire pour acquérir cette connaissance leur serve d'exploration intérieure afin qu'ils se connaissent, en tant qu'individu et non uniquement comme élève. Cette observation sera le moteur des apprentissages et ces mêmes apprentissages joueront le rôle de carburant.
Le contenant et le contenu : Il ne sert à rien de vouloir verser du contenu dans un contenant ou du carburant dans un moteur incomplet. Il n'est pas prêt à le recevoir.
On peut imaginer une outre percée. L'outre n'est pas responsable de cet état. On lui demande d'être une outre alors qu'elle n'est encore qu'une peau qui n'est pas reliée, pas constituée, pas cousue.
Les difficultés que rencontrent certains enfants ne relèvent pas de leurs responsabilités mais de celles des adultes qui n'ont pas su accompagner l'enfant dans la constitution de son « étanchéité » et qui ont voulu le charger d'un contenu dont il ne peut pas encore supporter la charge.
Et l'enfant se verra ensuite propulser dans un enchaînement de « thérapies » multiples et diverses, menées par des adultes chargées de corriger les déficiences du monde adulte...Sans que ce monde adulte n'observe lui-même les causes réelles de la difficulté de l'enfant. Oh, bien sûr qu'il y aura plein de raisons « dys » et d'explications d'ordre familial ou culturel etc etc etc...Mais, la question du seul développement de l'enfant hors de son statut d'élève : qui se pose cette question ?
La connaissance de soi : Le travail scolaire n'est pas une finalité. La finalité, c'est la connaissance de soi. Le travail scolaire est un moyen. Les difficultés, tout comme les réussites, sont des expériences enrichissantes, non pas prioritairement, dans les savoirs acquis mais dans l'acquisition de l'être. Il ne s'agit donc pas de tourner exclusivement les enfants vers le monde extérieur de la connaissance mais de les amener à inverser ce regard, simultanément, afin d'observer l'espace intérieur et d'analyser les tourments, les joies ou la sérénité.
La gestion émotionnelle :
Cette gestion émotionnelle a pour finalité de donner les moyens aux enfants d’installer le calme en eux. Ce calme nécessaire aux apprentissages. On peut imaginer sinon un moteur qui refuse de démarrer ( enfant apathique) ou un moteur qui s’emballe (hyperactivité). C’est donc là, dans cette observation, que le contrôle des émotions peut se construire. Il ne sert à rien d’avoir peur devant un travail. Rien de bon ne peut en sortir. C’est un parasitage et une limitation de l’exploitation du potentiel. C’est comme un morceau de sucre dilué dans le carburant… Il n’est pas sain, non plus, d’aborder le travail dans une confiance excessive. Les erreurs d’inattention surviendront inévitablement parce que l’euphorie entrave la lucidité.
L’ascension vers la connaissance
On peut comparer le chemin de la connaissance à une ascension himalayenne. On a le camp de base, (le savoir acquis) puis les camps d’altitude. Le premier camp est atteint et du matériel est déposé avant un retour au camp de base. L’acclimatation se fait par des allers-retours qui demandent beaucoup de temps et d'énergie.
Lorsque l’individu se sent prêt, physiquement et moralement, il remonte au camp 1, s’y repose quelques heures puis monte jusqu’à un endroit favorable à l’installation du camp 2...Du matériel y est de nouveau déposé afin de faciliter le prochain retour et la montée vers le camp 3...Parfois, du camp 2, les individus redescendent jusqu’au camp de base pour s’y reposer profondément.
Il en est ainsi des apprentissages scolaires. Tout se fait par paliers et non pas de façon linéaire et il est sain et parfaitement justifié que chaque individu éprouve le besoin de se reposer dans un territoire déjà connu et accueillant. Il n’y a pas d’échec à prendre son temps, ni même à ne pas pouvoir monter au camp 4 quand les autres y parviennent. Peut-être que le camp 4 suffit au bonheur de celui-là…
Il y a un risque sournois dans cette ascension, c’est que l’individu soit irrémédiablement poussé vers l’instant à venir, vers le pas à faire, vers le mètre à gagner et que cette pression constante finisse par lui gâcher le bonheur d’être là… Comme un empoisonnement des nourritures spirituelles.
Il est primordial de ne jamais perdre de vue la joie profonde de la vie, là, dans l’instant, sans aucune autre intention que le saisissement de l’énergie en soi.
Le chemin balisé par les lampadaires et la fierté du chemin parcouru.
Il est utile de montrer aux enfants un schéma symbolique de leur cheminement et je l’appelle « la voie des lampadaires ».
L’individu est éclairé par une lumière diffuse, un lampadaire au-dessus de lui. Au loin, devant lui, il distingue une autre lumière, un autre lampadaire. Pour l’atteindre, il doit accepter de traverser un champ d’obscurité, une zone incertaine.
Il pourrait décider de rester sous le lampadaire d’origine mais plus il attend et plus la lumière s’étiole. Elle ne s'éteindra pas mais sa lueur faiblit. Plus celle-là diminue, plus celle qui est devant lui, là-bas, rayonne. Il doit absorber la lumière disponible, là où il se trouve, s’en charger et engager la traversée. C’est un moment fortement émotionnel. Tout comme l'est la traversée.
Lorsque l’individu parvient sous le deuxième lampadaire, il s’accorde un temps de repos puis il dirige ses regards vers l’horizon, là-bas, où brille un autre lampadaire.
Il existera toujours un lampadaire devant soi.
Il tiendra à chacun de décider d’y aller ou pas.
Deux heures à parler. Je m’étais donné ça comme limite. Mais, j’aurais pu y passer deux heures de plus.
Je pense que ça intéressait les parents. De toute façon, j’ai toujours pensé qu’on ne pouvait intéresser un interlocuteur qu’au regard de sa propre implication. Il n’y a que les hommes et femmes politiques qui sont suffisamment pervers pour parvenir à faire croire qu’ils sont impliqués, compétents et intègres.