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  • Activer la Kundalini

    Nathalie Vieyra, enseignante en Tantra et Wutao, intervient dans cet article.

    Elle a lu mon roman KUNDALINI et m'a accordé l'honneur d'une préface. 


     

    "L'Alchimie interne ne consiste pas à faire brûler jusqu'à la cendre la matière, mais bien à faire rougeoyer et entretenir la braise. Faire chauffer le chaudron alchimique et respirer pour faire circuler les énergies à travers toutes les cellules du corps." Nathalie Vieyra


    Article


    © GORBASH VARVAR


    PUBLIÉ LE 30/03/2018
    • Catherine Maillard
      Auteur

     

    Magazine » Pratique

    SANTÉ & BIEN-ÊTRE

    Activer sa Kundalini

    La mystérieuse énergie du « serpent enroulé en spirale » qui réside en chacun de nous peut se déployer et nous aider à gagner en santé, en conscience, et en créativité…

    Sa simple évocation s’entoure d’une aura de mystère et provoque tour à tour fascination et crainte... La kundalini, qui signifie « enroulé en spirale » en sanscrit – ou encore énergie des profondeurs selon les écoles non dualistes Kaula, Trika, et Krama – est couramment symbolisée par un serpent, lové au bas de la colonne vertébrale, dans la région du sacrum, siège du chakra racine. Ses pouvoirs ont fait l’objet de nombre de fantasmes et d’écrits et son déploiement, appelé communément « montée de kundalini », pourrait, lorsqu’il est complet, amener à l’Éveil. Toutefois, au-delà de ce Graal que peu d’élus atteignent avec de profonds bouleversements à la clé, la contacter aurait bien des vertus, plus ordinaires, et vecteurs de puissants leviers de changements. La percevoir et l’activer présente de nombreux bénéfices, tant sur le plan physiologique et sexuel, qu’énergétique, et bien sûr spirituel. Zoom sur les pratiques pour contacter cette onde, vibration, énergie vitale, ou libido, si difficile à décrire, et pourtant disponible pour chacun d’entre nous.

     

    Stimuler son énergie vitale

    « De la libre circulation de cette énergie subtile vont dépendre notre vitalité et une meilleure santé, y compris sur le plan sexuel. »

    Nathalie Vieyra, enseignante en tantra.

    Telechargement 1

    La respiration, indissociable de l’énergie, joue un rôle majeur pour la canaliser. Techniquement, se trouve sur le devant de la colonne vertébrale une sorte de canal, appelé sushumma, dans lequel voyage l’énergie. Une technique de respiration, dite de « la flûte creuse », va permettre de « réveiller » le serpent lové au bas de la colonne, pour qu’il s’élève, « créant ainsi une sorte de musique céleste, d’où son nom », ajoute notre experte. Irriguant en premier lieu notre bassin, cette pratique va dynamiser le fonctionnement de nos organes et redonner à notre corps les conditions d’une plus grande vitalité.

    ? En pratique

    Assis, les deux ischions bien ancrés dans le sol, la colonne érigée, une main posée sur votre ventre et l’autre sur le coeur, pratiquez une série de respirations spécifiques. Inspirez, expirez, par la bouche ouverte, juste derrière les incisives, en plongeant avec le souffle, jusqu’à la base de la colonne vertébrale. « De ce socle va naître une petite vague, une vibration, qu’on va faire grandir, pour déployer cette énergie vers le haut », précise Nathalie Vieyra. Il s’agit de focaliser son attention sur ses sensations. Tranquillement, sans rien forcer. Peu à peu, va s’ensuivre une douce transe, au fur et à mesure que cette énergie emplit votre bassin. Vous pouvez pratiquer allongé, si vous le désirez, à raison d’une quinzaine de minutes pas jour, pour commencer à sentir des résultats.



     

    Ouvrir son troisième œil

    « Tant que la kundalini repose inerte en nous, elle correspond à nos énergies inconscientes, obscures. Éveillée et maîtrisée, lorsqu’elle se dresse, elle devient un précieux allié de la conscience pour mettre de la lumière. »
    Nathalie Vieyra

    Certaines méditations profondes vont permettre d’activer cette onde subtile, et d’ouvrir la vision du 3e oeil. L’une d’elles, dite « du regard », favorise un état d’ouverture propice à l’expansion de conscience. Les yeux, dans la tradition tantrique, sont les fenêtres de l’âme. La praticienne partage « combien la libre circulation de cette énergie interne, opérant un travail subtil sur nos ombres, peut procurer une sensation d’unité… souvent indescriptible, la fusion avec le Tout. »

    ? En pratique

    Assis l’un en face de l’autre (ou face à un miroir, si vous êtes en solo), plongez votre regard dans celui de votre partenaire. Imprimez un doux mouvement de bascule du bassin, d’avant en arrière, en restant connecté à l’énergie lovée au bas de la colonne. Entrez dans un mouvement continu, sans relâche, « pour accrocher le serpent » comme si vous chevauchiez « l’énergie ». Le bassin va « chauffer ». Le principe consiste à « baratter », pour la laisser monter jusqu’au 3e oeil. Se crée alors une vague d’énergie connectée bassin/regard, d’où va jaillir un profond sentiment d’unité, à soi, à l’autre, au cosmos.



     

    Expérimenter une sexualité sacrée

    Le périnée, aux vertus encore méconnues, s’avère un élément important de la bonne circulation de la kundalini et d’une sexualité épanouie.

    Situés au niveau du premier chakra, les muscles de cette région s’appellent muscles pubo-coccygiens, et leur mobilisation est essentielle. Sur le plan anatomique, il y a huit séries de muscles qui vont de l’os pubien au coccyx, l’os caudal. « Sa mobilisation en conscience, associée à des pratiques tantriques, participe à une véritable transformation intérieure, fondée sur la libération de l’onde orgasmique », écrit Shakti Malan, diplômée d’anthropologie et enseignante en tantra.

    ? En pratique

    Exercice de Kegel, du nom de son inventeur, le Dr Arnold Kegel, gynécologue. Portez votre attention sur la zone du périnée. Pour le situer, si besoin, asseyez-vous sur une balle de tennis ; votre point d’équilibre est votre périnée. Contractez-le dans une inspiration profonde (5 sec), relâchez dans une expiration (10 sec). Sentez comme le simple fait d’y porter votre focus va activer, chauffer cette zone. Poursuivez. Inspirez, contractez, expirez, relâchez. (Le temps de relâchement doit être le double de la contraction). Faites l’expérience avec une intensité plus grande. Observez la différence de sensations… Gardez le haut de votre corps détendu… Peu à peu, l’énergie de la kundalini va se déployer, sans effort. En l’accompagnant avec le souffle, vous devriez ressentir une vague de plaisir à travers le corps. C’est la manifestation d’une bonne circulation de notre énergie vitale. Trois séries de 10 pratiques par jour.



     

    Gagner en liberté avec la méditation

    « La méditation Kundalini d’Osho, est l’une des plus pratiquées dans le monde. »
    Avi Fédida, enseignant de méditation.

    Sans doute parce que la pratiquer régulièrement permet de mettre en mouvement cette énergie « vitale », facilement, et de gagner en liberté. Agrandir son champ de conscience donne moins de pouvoir à nos peurs, et davantage d’espace à la joie. Selon l’enseignant, « il y a au fond de nous un joyau de pure joie sans cause extérieure, un état qui est la nature même de notre être et disponible à tout moment ». Son conseil : devenir le disciple de l’énergie, plutôt que chercher à la maîtriser.

    ? En pratique

    La méditation kundalini est constituée de quatre phases. 1) Debout, les pieds au sol, bien ancré, on pose le focus sur le chakra racine. La séquence débute par un quart d’heure de secousses à partir du bas de la colonne, siège de la kundalini. Une fois le mouvement imprimé « volontairement », l’énergie prend le relais. « Des émotions peuvent émerger, le principe étant de les libérer à travers leur mise en mouvement », prévient Avi Fédida. 2) Célébration par une danse. Toujours arrimé au foyer du bassin, le « serpent » se déroule pour emplir l’espace du coeur et transmuter les émotions en amour… « Se détacher, se désidentifier est la clé », ajoute notre expert. 3) L’assise en musique. Une fois le champ émotionnel nettoyé, l’énergie peut monter en prière jusqu’au centre de la conscience. Elle poursuit son parcours ascensionnel jusqu’au 3e oeil. 4) En silence, intériorité. Phase d’intégration. Quand tout est libéré, mon espace intérieur peut se déployer, mon champ de conscience s’élargit : sentiment d’unité cosmique !



     

    Créer et interagir avec le monde

    « Le kundalini yoga vise à harmoniser l’ensemble des systèmes glandulaires, endocriniens, immunitaires. »
    Caroline Bénézet, enseignante certifiée au prestigieux centre parisien Le Tigre.

    Cette pratique repose sur une série de postures dynamiques, reliées au souffle, des méditations et des mantras. Comme son nom l’indique, la kundalini, « partie dormante du prana », est au coeur de la pratique. Son activation va permettre « une interaction créative et spontanée avec le monde », selon les propos de son fondateur Yogi Bhajan ; plus concrètement, l’alignement corps/coeur/esprit, qui permet de faire les choix les plus proches de ceux de son âme.

    ? En pratique

    Un des véhicules de l’énergie spécifique à cette méthode est la pratique des mantras. « Ils sont la projection créative du mental par le son, permettent le nettoyage du subconscient et l’intégration d’affirmations positives, par la répétition », précise Caroline Bénézet. Le mantra Ong Namo Guru Namo signifie « je salue le principe qui va de l’obscurité à la lumière », se pratique en ouverture. Il se chante trois fois de suite, sur une seule expiration, le dos droit, les paumes jointes au niveau de la poitrine, les pouces contre le sternum. L’attention se porte sur le 3e oeil, entre les sourcils.

     

  • Je lance un appel.

    Au cas où des lecteurs et lectrices de ce blog auraient également été amenés à lire un de mes romans, je serais touché et enchanté de lire leurs avis sur les pages des sites proposant mes textes à la vente. Il est bien évidemment essentiel dans l'éventualité d'un achat que des personnes puissent lire divers commentaires. Rien ne vaut ces avis pour se faire une idée... En espérant bien entendu que ces romans vous aient plu.

    En septembre, KUNDALINI, mon cinquième roman publié, sera mis en vente et je tenterai d'obtenir des invitations dans les librairies de la région pour des séances de dédicace. Ces librairies ne les acceptent que si elles pensent que l'auteur a une certaine portée auprès des clients... Très difficile à obtenir par conséquent.

    Il est encore plus difficile d'obtenir un article dans un journal, une revue ou un site internet.

    Seule la participation des lecteurs et lectrices peut y contribuer quand on est un auteur inconnu et sans soutien médiatique. 

    Le site de la librairie DECITRE, la FNAC ou AMAZON proposent ce genre de participation aux lecteurs et lectrices.

    En parler à votre libraire attitré est également un soutien très fort et participe d'ailleurs à la pérénité de ces professionnels confrontés aux mastodontes d'internet...

    Merci à vous. 

  • "Les fin-du-mondistes"

    L'expression est révélatrice de cette image négative de ce mouvement de pensées et de leurs applications dans la vie quotidienne.

    Pour les médias et une bonne partie du grand public, les "survivalistes" (terme de plus en plus pratiqué) sont fans de films apocalyptiques à la Mad Max et de zombies décimant les rares survivants réfugiés dans des caves d'immeubles désertés par une humanité mourante.

    Bon... Les mentalités évoluent quelque peu ces derniers temps. L'actualité y pourvoit. 

    Il viendra un temps où les survivalistes seront enfin perçus pour ce qu'ils sont : des pompiers qui cherchent à éviter l'extension des brasiers, des individus qui par leur engagement quotidien oeuvre à péréniser l'existence de tous, humains, animaux et plantes, des gens ni pessimistes, ni optimistes mais réalistes, attentifs à l'information la plus crédible possible et à son partage.

    Le chemin est encore long...

     

    La canicule donne des arguments aux "fin-du-mondistes"

     

    Après le passage d'un incendie géant en Californie, le 7 août 2018.

    Après le passage d'un incendie géant en Californie, le 7 août 2018. - JOSH EDELSON / AFP

    Incendies, canicule, disparition de la biodiversité… Les mauvaises nouvelles sur l'état de notre planète s’accumulent, au point que certains se sont spécialisés dans la prévision d'un effondrement de la société: la "collapsologie". 

    "Si on ne prend pas les bonnes décisions, c’est une société entière qui s’effondre littéralement, qui disparaît. Je trouve que cette question-là est une question assez obsédante". Cette phrase ne sort pas de la bouche d’un auteur de science-fiction ou d’un fervent survivaliste. Elle a été prononcée par Edouard Philippe lui-même lors d’un Facebook Live en compagnie de Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, en juin dernier. Le Premier ministre a également évoqué plusieurs fois un livre qui l’aurait marqué: Effondrement, comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie (2005), de l’Américain Jared Diamond.

    L’ouvrage fait partie de toutes les bonnes bibliothèques chez les "collapsologues", du latin "collapsus", qu’on peut traduire par "effondrement". En France, le terme a été popularisé par le chercheur indépendant Pablo Servigne. Ingénieur agronome de formation, il est l’auteur avec Raphaël Stevens de Comment tout peut s’effondrer, petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes (éd. Anthropocène Seuil). Selon lui, la collapsologie est "l’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder, en s’appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition et sur des travaux scientifiques reconnus".

    "Très peu de gens savent aujourd’hui survivre sans supermarché"

    La dernière étude de ce genre a été publiée lundi dans la revue Proceedings of the national Academy of Science (PNAS), et décrit un effet domino mêlant réchauffement climatique, fonte des glaces et déforestation, qui pourrait bien transformer notre planète en "étuve" dans les prochaines décennies. Et donc créer un cataclysme tel que le décrit Pablo Sevigne dans son livre.

     

     

    "Dans nos sociétés, très peu de gens savent aujourd’hui survivre sans supermarché, sans carte de crédit et sans station-service. Lorsqu’une société devient 'hors-sol' (…), la population devient entièrement dépendante de la structure artificielle qui la maintient dans cet état. Si cette structure, de plus en plus puissante, mais vulnérable, s’écroule, c’est la survie de l’ensemble de la population qui pourrait ne plus être assurée".

    Collapsology@collapsology

    Scientists say: Domino-effect of climate events could push Earth into a ‘hothouse’ state and... "hope they are wrong" https://bit.ly/2LZqORV 
    W. Steffen et al., "Trajectories of the Earth System in the Anthropocene"
    http://www.pnas.org/content/early/2018/07/31/1810141115 …

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    En France, quelques associations ou fondations se penchent sur ce thème, qu’on ne peut pas à proprement parler qualifier de science en tant que telle. Elles organisent des conférences, lancent des études et collectent des données. C’est le cas par exemple du comité Adrastia (du grec ancien adrasteia: "auquel on ne peut échapper"). "Notre référence, c’est le rapport du Club de Rome en 1972, réalisé par des scientifiques américains irréprochables", explique Dominique Py, professeure des universités en informatique et secrétaire générale de l’association. "Ils avaient monté un modèle basé sur des équations mathématiques, qui tournait avec différentes hypothèses. La conclusion, c’est que dans tous les cas, on allait vers un effondrement, sauf si on avait pris des mesures drastiques dès les années 70. Ce qu’on n’a pas fait".

    "Un aveuglement qui pourrait se payer cher"

    "On n’est pas survivaliste, au sens où on ne cherche pas à se réfugier avec des armes et des munitions au fond des bois", assure Yves Cochet. L'ancien ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement dans le gouvernement de Lionel Jospin est désormais président de la fondation Momentum, lancée il y a huit ans pour se pencher sur le sujet, et se revendique lui-même collapsologue.

    "Aujourd’hui, c’est toujours la fuite dans la surconsommation, la politique de l’autruche", déplore celui qui fut aussi député et député européen. "Il y a peut-être plus de gens qui se disent au courant, mais aussi que du moment où leur patron leur fout la paix et que leur famille va bien, on n’en fait pas plus. C’est un aveuglement qui pourrait se payer cher".

    D’autant plus que les collapsologues n’ont pas vraiment l’impression que les pouvoirs publics aient pris la mesure de la situation. "Il est possible que certains dirigeants puissent avoir, en tant que livre de chevet, plus ou moins feuilleté un livre comme celui de Diamond", reprend Yves Cochet. "Mais dans les politiques publiques réelles ou les décisions budgétaires annuelles, on n’en voit pas la moindre trace, hélas". "Certains commencent à se préoccuper de ça", nuance Dominique Py. "Il y a une association qui s’appelle SOS Maires, où ils réfléchissent à la manière dont ils vont pouvoir préparer leur commune à de la résilience et de l’adaptation vis-à-vis des bouleversements qui vont se produire".

     

     

    "Peut-être que la Syrie ne va jamais se relever et est déjà dans l’effondrement"

    "Les dirigeants savent très bien ce qu’il se passe. Mais on veut faire des compromis avec la nature, et pas faire de compromis sur notre niveau de vie, alors que c’est la seule chose à faire", assure Alexia Soyeux. Il y un an, cette ancienne responsable marketing dans la gastronomie a lancé Présages, une série de podcasts où elle explore l’univers des "risques d’effondrement de nos sociétés industrielles" à travers des entretiens avec des spécialistes du sujet.

    Selon elle, "beaucoup de gens ont envie de faire comme si de rien n’était. La morale écocitoyenne permet de se dédouaner une fois qu’on a bien fait son tri sélectif et qu’on achète bio. Mais les vrais sujets qui font basculer les choses, c’est réduire considérablement ses transports en avion ou ne plus manger de viande. Des choses qu’on n'a justement pas envie de faire".

     

    L’idée est donc aussi de tenter de réveiller les consciences, "parce que le grand public n’est pas assez informé", mais aussi pour "parler de l’effondrement de notre monde au présent, parce qu’on voit bien que c’est maintenant que les choses sont en train de basculer, alors qu’on parle toujours de 2100", reprend Alexia Soyeux.

    Mais un "collapsologue" sérieux ne vous donnera jamais de date précise ni de cause principale à un cataclysme. "Ce qu’on peut dire, c’est que la situation va se dégrader, mais de manière inégale, et pas à la même vitesse partout", explique Dominique Py. "Peut-être que la Syrie ne va jamais se relever et est déjà dans l’effondrement. Peut-être que c’est ce qui se passe au Venezuela, qui est dans une situation de crise économique liée au fait qu’il a passé son pic pétrolier. Peut-être qu’en Europe, ce sera tous les ans un peu plus de chômage, un peu plus de misère. Un effondrement, ce n’est pas une date, c’est un processus".

  • "On vous avait prévenus"

    C'est bien cela que nous finirons par entendre mais lorsque nous l'entendrons vraiment, il sera bien tard...Il n'est pas envisageable que toutes ces études soient erronées. Certaines sont véritablement apocalyptiques, d'autres gardent une forme d'espérance mais toutes, en tout cas, pointent l'urgence absolue.

    Si on cherche dans les discours politiques, l'émergence d'une volonté de décroissance économique, le résultat est un néant absolu.

    Si on cherche la proposition d'une réduction de la croissance démographique, le résultat est le même.

    Si on cherche la réduction drastique de la consommation des ressources non renouvelables, on se heurte aux clichés du retour dans la grotte de Lascaux.

    De la même façon, lorsque l'association L214, alerte sur la consommation considérable d'eau potable pour l'élevage industriel, les commentaires des internautes tournent tout cela en dérision ou se montrent même parfois particulièrement violents. Le barbecue d'été est sacré.

    "Une vache ne boit pas 7000 litres d'eau par jour..."

    Bon, très bien. N'en parlons plus. 

    On fera le point dans dix ans. 

     

     

    Quand le sage montre le climat, l’économiste regarde l’inflation

     

    Par Jean-Joseph Boillot, Conseiller économique au club du CEPII — 

    Sur l’archipel arctique canadien en 2017.
    Sur l’archipel arctique canadien en 2017. Photo David Goldman. AP

    Alors qu’apporter une réponse économique à la crise climatique relève désormais de l’urgence absolue, les spécialistes persistent à se focaliser sur des indicateurs à la pertinence illusoire. Et les dirigeants se murent dans un «silence caniculaire».

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       Quand le sage montre le climat, l’économiste regarde l’inflation

    «On entend l’arbre qui tombe mais pas la forêt qui pousse.» Ce proverbe africain bien connu peut être rangé au musée. Désormais, la forêt tombe sous l’effet du changement climatique et ce sont les économistes qu’on n’entend pas. Alors que les climatologues retiennent de plus en plus sérieusement le troisième scénario mis sous le tapis de l’accord de Paris d’une augmentation de 3 à 4 °C de la température de la planète d’ici à 2025-2030, les économistes se sont plutôt passionnés en juin pour la montée à 2 % de l’inflation en Europe, ou pour le demi-point de croissance mondiale que pourrait coûter la guerre commerciale déclenchée par Trump. Puis ils sont partis en vacances comme le Président et son gouvernement dont le seul devoir d’été est de préparer les «grandes» réformes de la rentrée dont le plan pauvreté et la Constitution.

    Comme si la grande tâche de l’heure n’était pas le bouleversement climatique en cours et de se lancer dans des réformes fondamentales. Par exemple, pour inverser nos émissions de gaz à effet de serre (GES) qui continuent d’augmenter ; ou encore pour reculer drastiquement le fameux «jour du dépassement» tristement fêté le 1er août pour la planète, mais bien silencieusement en France le 5 mai, jour d’épuisement de notre biocapacité annuelle.

    On entend les climatologues qui poussent (des cris d’urgence), mais les économistes continuent de tomber dans leur discrédit, qui se mesure par exemple au millimètre linéaire de leur rayon dans les librairies. Et ce n’est pas surprenant. L’inflation, par exemple ? Tant mieux, en réalité, si les prix montent. Les Français ne sont pas des imbéciles. Ils répondent comme tout le monde à des incitations comme les prix ou à des réglementations. Ce qui est vrai pour le tabac est tout aussi vrai pour les émissions de CO2. De même pour l’alimentation aux prix maintenus artificiellement très bas, comme pour la viande ou le lait, grâce à des méthodes de production de plus en plus intensives fondées sur une agrochimie destructrice rendue possible grâce à un système de puissants lobbys.

    Ce dernier n’hésite pas à jouer du chantage sur la faim dans le monde pour exporter les trois quarts de la production française alors que cela tue les agricultures des pays en développement. En particulier en Afrique, où l’exode rural s’accélère, premier facteur de migration bien avant les guerres. Ce qui nous ramène au commerce international, dont le libre-échange le plus intégral serait censé apporter des gains de pouvoir d’achat alors que c’est un vaste système de dumping environnemental et social où les prix ne reflètent surtout pas la rareté des ressources de la planète. Tout particulièrement parce que les lobbys du transport maritime et aérien ont discrètement réussi à sortir de l’accord de Paris et ne supportent aucune contrainte sur leurs énormes émissions de CO2 ou leur pollution bien connue, qui n’ont rien à envier à la Chine en bilan total.

    A de rares exceptions près, les économistes des pays riches sont toujours obsédés par le paradigme du progrès linéaire et quantitatif. Leur véritable traumatisme ces derniers mois a été le débat lancé par l’ancien secrétaire d’Etat au Trésor américain Lawrence Summers sur la stagnation séculaire de la productivité et donc de la croissance, près d’un million d’occurrences sur la Toile. Or, de l’avis de tous les climatologues, seule une division par quatre de nos émissions de gaz à effet de serre permettrait au mieux d’éviter la catastrophe. Et ne nous faisons pas d’illusions. Son impact sur le vaudou du taux de croissance ne peut être que négatif en effet. Le concept de décroissance - pourtant dû à un grand économiste mathématicien, Nicholas Georgescu-Roegen - n’a toujours pas droit de cité dans les manuels d’économie, et très rares sont les travaux de recherche entrepris pour en comprendre les mécanismes et la mise en œuvre.

    La quatrième révolution industrielle en cours n’est vue par les économistes standards qu’au travers des points de croissance supplémentaires qu’elle pourrait apporter pour compenser le risque de stagnation séculaire. Elle devrait être, au contraire, un formidable atout pour gérer la décroissance d’une façon intelligente, et notamment inclusive sur le plan social tant l’explosion des inégalités ces dernières années a un lien étroit avec celle des risques sur la planète. C’est ce que vient de montrer une étude passionnante sur le tourisme de masse à l’échelle mondiale qui ne fait que reproduire le mode de vie des élites. Les inégalités de prélèvement des ressources de la planète sont aujourd’hui de l’ordre de ce qu’elles étaient sous l’Ancien Régime.

    Et ici, les économistes savent bien que le seul système d’incitation par les prix pèche en termes d’équité et qu’il n’est d’ailleurs pas toujours le plus efficace en présence de déficiences de marché. Il leur faut donc imaginer des systèmes de taxation, de quotas, de réglementation et surtout de réformes de structures qui permettraient d’atteindre le Facteur 4 d’ici à 2030, c’est-à-dire demain.

    Ce qui compte in fine n’est pas le PIB ou le revenu national brut, mais bien le revenu net, notamment de tous les dégâts du soi-disant «progrès», surtout ceux à venir qui constituent une dette vis-à-vis de nos enfants. C’est une révolution conceptuelle pour les économistes. Ils ont commencé leur mutation avec ce fameux rapport commandé à l’ère Sarkozy sous la direction des Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz et Amartya Sen (Richesse des nations et bien-être des individus, Odile Jacob, 2010). Mais ils n’ont toujours pas concrètement franchi le Rubicon dans leurs conseils aux dirigeants. D’où leur silence caniculaire cet été.

    Or, les prédictions d’un autre scientifique (Safa Motesharrei) publiées dans un papier remarqué de 2014 (1) mentionnent la probabilité très sérieuse d’un effondrement de notre civilisation lié aux inégalités et à la surexploitation des ressources. Elles rejoignent celles des climatologues et des scientifiques de la nature qui envisagent de plus en plus sérieusement une rupture systémique brutale des grands équilibres de la planète et le scénario graduel très diplomatique de l’accord de Paris. Les économistes connaissent pourtant ce type de phénomène. C’est celui des hyperinflations comme dans l’Allemagne des années 30 ou au Venezuela aujourd’hui. C’est celui des crises financières. Ils savent que pour les arrêter, il faut une réaction radicale des autorités monétaires. Cette fois, la réaction doit être aussi radicale mais dans tous les domaines de la relation entre les ressources de la planète et nos systèmes de production et de consommation. La France a besoin de bien autre chose qu’un plan canicule et les économistes doivent se mobiliser pour en dessiner les contours. Voilà une vraie grande réforme pour la rentrée.

    (1) Safa Motesharrei, Jorge Rivas, Eugenia Kalnay : «Methodological and Ideological Options Human and nature dynamics (Handy) : Modeling inequality and use ofresources in the collapse or sustainability of societies», Ecological Economics 101 (2014), pp. 90-102.

  • Glacier et bouquetins

    Quatre jours en Haute Maurienne, cols et sommets à plus de 3000 mètres dans des paysages magnifiques, lacs glaciaires, marmottes, bouquetins, des vallons déserts, des itinéraires à vue, carte et jumelles, des torrents pour la baignade, des kilomètres avalés avec un bonheur immense, des descentes à la "trottinette" dans une concentration euphorisante, les fleurs, les papillons, quelques passages mémorables, la recherche de l'itinéraire avec une trace, un cairn ou rien du tout et donc "au mieux"...Les nuits dans le camion, caché au bout des pistes désertes.

    Que du bonheur.

    Chose étonnante au regard de l'âge qui s'accumule (56 ans), on enchaîne plus facilement aujourd'hui les journées de marche (4 à 5 h de montée, 2 h de descente) qu'il y a quelques années, autant Nathalie que moi. Il est clair pour nous que notre régime alimentaire en est la raison principale. 

    La plupart du temps désormais, nous ne mangeons pas à midi. Un petit-déjeuner et un repas complet le soir. Un biscuit "montagne" fait maison à midi et 1 litre d'eau. Aucune sensation de faim. Un massage à chacun le soir après un bain dans l'eau froide des torrents et on repart le lendemain sans aucune courbature et toujours la même énergie. 

    On a même pris l'habitude d'effectuer les descentes de sommets en trottinant. Pour quelqu'un qui a eu cinq hernies discales, dont deux opérées, il y a des médecins qui ne comprendraient pas... 

    Nous ne sommes absolument pas des "cas" mais juste deux personnes sportives avec une hygiène de vie très simple.

    C'est ce qui nous désole quelque peu d'ailleurs quand on voit "l'état" physique des gens de notre génération dans une bonne majorité...Et même des plus jeunes. De tout l'été, nous n'avons jamais été "dépassés" par qui que ce soit et lorsqu'on descend en trottinant, on voit des jeunes qui nous regardent passer avec interrogation.

    Et ce bonheur du corps en action, il est tellement euphorisant qu'à peine rentrés à la maison pour l'entretien du potager (il pleut enfin), l'envie de remonter nous prend déjà :)

    La magie de la montagne.

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  • L'effet domino

    Quand je reprends des ouvrages scientifiques écrits il y a vingt et même trente ans, toutes les projections sur le réchauffement climatique engendré par l'activité humaine se révèlent justes. Rien ne vient me laisser croire que les études actuelles seraient fausses. 

    On vient de passer quatre jours en haute Maurienne à courir sur des sommets à plus de 3000 mètres. Là, où j'ai connu des glaciers lorsque j'avais vingt ans, il ne reste que des moraines ruinformes et quelques îlots glaciaires en fin de vie. Une simple observation. 

    Alors, on fait quoi ? On attend que les gouvernements prennent des mesures draconniennes ? Ils ne le feront pas. 

    Il existe une phrase fondamentale pour comprendre le fonctionnement de la sphère politique et elle a été prononcée par Al Gore...Elle est bien évidemment appliquée par tous ses condisciples. Elle met simplement en exergue le fait que la priorité absolue, c'est de ne prendre de décisions qu'à partir du moment où elles contribueront au pouvoir alors que toutes les décisions qu'il faudrait prendre pour combattre le réchauffement climatique à travers les comportements humains condamneraient le gouvernement qui les mettrait en action. 
     

    "Le minimum d'actions, de dépenses, d'investissements (...) scientifiquement nécessaire pour combattre le réchauffement de la planète dépasse largement le maximum politiquement faisable pour ne pas perdre les prochaines élections. "

    Les politiciens, d'où qu'ils viennent, n'ont qu'un objectif : préserver leurs privilèges et pour que cela se fasse, ils oeuvrent au maintien du système qui leur a permis d'arriver au sommet de l'échelle sociale. Rien d'autre.

    Ce mois de juillet est le plus chaud depuis 1990 et patati et patata, le moins arrosé depuis Louis XIV, le plus sec depuis la disparition des dinosaures, les nuits les plus brûlantes depuis la chute de Sodome et Gomorrhe, et patati et patata... Les infos se délectent de ces grands titres. C'est très vendeur depuis quelques temps. 

    Mais ça n'est pas ça LE problème. 
    Ce qu'il faut surtout entendre, c'est que les records précédents étaient étalés dans le temps, sur des décennies, qu'il s'agissait d'épisodes éphémères. 
    Là, maintenant, ce qu'il faut comprendre et retenir, c'est que les records tombent année après année et qu'ils seront sans doute battus l'année prochaine. 
    Les vendeurs de climatisation se frottent les mains et la première option dans les automobiles neuves, c'est encore la climatisation. 
    On voit donc comme principale réaction des populations, le moyen de se protéger des effets de la chaleur.
    Mais quand il y a un incendie, les pompiers ne cherchent pas à se protéger de la chaleur, ils cherchent à éteindre les flammes. Ensuite, ils se réjouiront de la baisse des températures.
    Alors, on fait quoi ? 
    Combien sont les individus ayant conscience qu'ils ont un rôle à tenir dans l'extinction des flammes ? Combien comprennent qu'après avoir été des pyromanes (et moi aussi) ils doivent devenir des pompiers.
    C'est ça le problème.

    Voilà cinq ans que nous ne mangeons plus d'animaux. Par respect pour eux, pour ne plus être complices de leurs souffrances mais également parce que l'élevage industriel contribue considérablement à la dévastation de la planète. Il y a sur ce blog toutes les études disponibles pour en prendre conscience.

    Voilà cinq ans que nous boycottons la grande distribution et le consumérisme, que nous boycottons au mieux tout ce qui est en plastique, tout ce qui est issu du pétrole. Bien entendu que nous ne parvenons pas à tout rejeter. Malheureusement. Mais nous avons malgré tout très fortement diminué notre consommation. Nathalie fabrique elle-même tous les produits de soins et d'hygiène (savons, dentifrices, produit vaisselle, lessive...), tous nos produits alimentaires sont conservés dans des bocaux en verre, le potager de la maison contribue à 80 % de notre alimentation, nous n'achetons aucun aliment "exotiques" ou hors saison, nos achats sont bio ET local car il est absurde de se dire "écolo" en consommant des produits qui ont traversé des océans et ont voyagé sur des milliers de kilomètres en camions. 

    Tout doit être analysé, réfléchi et jugé au regard de l'empreinte carbone du produit.

    On en vient même à penser que ces millions de personnes en surpoids, non pas pour une maladie ou un traitement quelconque, mais par simple goinfrerie, devraient être taxées au regard de l'impact qu'elles ont de par leur alimentation. Elles prennent bien plus que ce dont elles ont besoin et sans aucune capacité de jugement sur l'impact que leur consommation effrénée a sur l'ensemble de l'humanité et de la vie. 

    C'est despotique ? 

    Non, ce qui l'est, c'est leur indifférence, leur immaturité, leur insouciance, leur bêtise puisqu'il est impossible aujourd'hui de ne rien comprendre à l'état de la planète. Ces gens-là imposent à la planète entière leur mode d'existence. C'est cela le despotisme. Le fameux "Après moi, le déluge"... 

    Voilà environ dix ans maintenant que j'entends mes élèves s'interroger et me questionner sur l'état de la planète. Ils entendent les informations, ils en comprennent partiellement les données mais ce qui est incontestable, c'est que leurs peurs sont de plus en plus fortes. 

    "Le monde des adultes, c'est un cauchemar et je n'ai pas du tout envie d'en faire partie." 

    C'est un garçon de ma classe qui a dit cela. Il avait dix ans. 

    Il existe d'ailleurs aux USA un mouvement juridique qui permet à des enfants d'attaquer des multinationales. Un premier jugement leur a été favorable. 

    C'est cela le monde que nous leur proposons ? 

    Un monde où les enfants vont devoir se protéger des adultes ? 

    Qui donc est mature ? Qui donc est responsable ? 

    Eux ou nous ?


     

     

    Un terrible "effet domino" menace de transformer notre planète en une étuve

     

    Par Sciences et Avenir avec AFP le 07.08.2018 à 12h28

    Même si l'humanité réduit les émissions de gaz à effet de serre la planète elle-même pourrait perturber les efforts des hommes et basculer dans un état durable d'étuve, selon une étude publiée lundi 6 août 2018.

    Effet domino

    Image d'artiste de la Terre, pour moitié sans eau.

    ©MARK GARLICK / SCIENCE PHOTO LIBRA / MGA / SCIENCE PHOTO LIBRARY/AFP

    C'est un scénario catastrophe. Mais un scénario plausible. D'ici quelques années, la température moyenne de la Terre pourrait se stabiliser à +4°C ou +5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, bien au-delà de l'objectif de l'accord de Paris sur le climat (+2°C maximum), révèle une étude de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), publiée lundi 6 août 2018. Voici les grandes lignes de cette étude conduite par une équipe internationale de chercheurs. 

    Si les calottes polaires continuent de fondre, les forêts d'être décimées et les émissions de gaz à effet de serre de battre chaque année des records, la Terre va inéluctablement franchir un "point de rupture". De nombreux mécanismes interconnectés pourraient alors se produire les uns à la suite des autres, conduisant à rejeter des quantités colossales de CO2 et de méthane dans l'atmosphère, contribuant alors encore plus au réchauffement global de la planète. Ces "points de bascule" sont liés à des températures au-delà desquelles la libération de ces gaz serait inéluctable. "Quand un seuil critique est atteint, le processus de réactions s'auto-entretient", note l'étude, qui s'inquiète que la Terre puisse approcher un seuil la condamnant à devenir alors une étuve. Et si ce processus s'enclenche, "il sera conduit par des mécanismes puissants, intrinsèques, bio-géo-physiques, difficiles à corriger par une quelconque action humaine, et qui ne pourra ni être inversé, ni guidé, ni ralenti" affirme l'étude. 

    • "Puits de carbone" affaiblis

    Les forêts et les océans ont absorbé ces dernières décennies plus de la moitié des émissions de carbone. Mais les forêts rétrécissent et les océans montrent des signes de saturation en CO2, selon de récentes études. Leur rôle d'éponge risque de s'affaiblir.

    • Permafrost

    Le méthane et le CO2 emprisonnés dans le permafrost, sol censé être gelé en permanence en Russie ou au Canada, correspond à environ 15 années d'émissions humaines. Une véritable bombe climatique à retardement. En cas de dégel, ces gaz relâchés -- pour l'instant en quantité négligeable-- accélèreraient le réchauffement, libérant encore plus de gaz.

    Les "points de bascule" du climat, bombes à retardement (AFP - Simon MALFATTO)

    • Hydrates de méthane

    De manière similaire, les hydrates de méthane, composés ayant l'apparence de la glace présents dans les fonds marins, sont également vulnérables au réchauffement, mais les scientifiques ne savent pas à quel rythme. Ils sont suspectés d'être à l'origine d'épisodes rapides de réchauffement il y a plusieurs millions d'années, et représentent donc une menace potentielle.

    • Dépérissement des forêts 

    Un réchauffement de 3°C pourrait condamner à terme au dépérissement 40% de la forêt amazonienne, selon une étude publiée en 2016 dans le magazine Nature Climate Change. Et les incendies, pas pris en compte dans ce modèle, pourraient accélérer cette destruction susceptible de relâcher dans l'atmosphère des milliards de tonnes de CO2.

    • Moins de banquise

    Le miroir blanc glacé de la banquise renvoie 80% des rayonnements du soleil. Mais avec la fonte de cette glace de mer, l'océan qui la remplace absorbe à l'inverse 80% de ces radiations, accélérant le réchauffement. Dans l'Arctique, le premier été sans banquise devrait avoir lieu avant le milieu du siècle. Une situation susceptible de se reproduire tous les quatre ans dans un monde à +2°C. Les scientifiques s'accordent pour dire qu'il existe une température de bascule au delà de laquelle la calotte glaciaire recouvrant la terre de l'Antarctique ouest et du Groenland fondra. Mais leurs estimations sur cette température varient entre +1°C et +3°C. L'autre question ouverte est le temps que cette glace mettra à fondre, libérant des volumes énormes d'eau douce dans les océans. Les conséquences seraient dévastatrices : deux-tiers des mégalopoles sont installées moins de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer, tout comme les plaines agricoles qui les nourrissent. La fonte des glaces de l'Antarctique Ouest et du Groenland conduirait à une hausse du niveau de la mer de 13 mètres. La calotte de l'Antarctique Est, plus sensible au réchauffement qu'estimé précédemment, représente 12 mètres potentiels supplémentaires.

    Vers un nouveau mode de fonctionnement terrestre

    Tous ces mécanismes sont interconnectés, selon les auteurs de l'étude, et l'un d'entre eux pourrait en déclencher un autre, puis un autre. "Ces événements en cascade pourraient pousser le système Terre dans son ensemble dans un nouveau mode de fonctionnement", note Hans Joachim Schellnhuber, coauteur et directeur du Potsdam Institute for Climate Impact Research. 

    Les émissions de gaz à effet de serre ont déjà provoqué une hausse de 1°C de la température moyenne de la Terre, augmentant les probabilités et l'intensité des canicules, des sécheresses ou des tempêtes. Le risque d'évènements en cascades pourrait survenir dès 2°C estime l'étude. Petite pointe d'optimisme toutefois, il n'est pas impossible, si l'humanité prend maintenant des mesures drastiques de réduction d'émission des gaz à effet de serre, d'infléchir ce scénario catastrophe vers celui d'une terre "stabilisée". Ce dernier avait précédemment estimé qu'une Terre à +4 ou +5°C ne pourrait pas abriter plus d'un milliard de personnes. Les impacts d'un tel changement sur nos sociétés seraient alors "massifs" et "abrupts".

  • Tous dans le même brasier

    Il est clair que la situation m'interpelle beaucoup et que j'y réfléchis énormément. 

    C'est de toute façon le thème principal de la trilogie en cours, "Les héros sont tous morts" et les suites.

    Lorsque je lis tous les articles et toutes les études scientifiques que je trouve, je me dis que finalement, c'est une "chance" ou une opportunité ce qui arrive parce que c'est sans doute la première fois dans l'histoire de l'humanité que l'ensemble des terriens est confronté au même danger : le climat. 

    Il est clair également que jusqu'ici, les divers problèmes, en tous lieux, ne concernaient que les humains sur place. Pas les autres. Et par conséquent, aucune mesure planétaire n'a jamais été envisagée.

    Là, maintenant, nous sommes tous dans le même brasier.

    C'est aussi la métaphore des grenouilles dans le chaudron... 

     


    La vie dans un monde trop chaud

    Par Aurore Coulaud et Aude Massiot — 

    Kineta, près d’Athènes, le 24 juillet.
    Kineta, près d’Athènes, le 24 juillet. Photo Valérie Gache. AFP

    Plus fréquentes et intenses, les vagues de canicule font sentir leur impact sur la santé et l’environnement. Cette année, c’est tout l’hémisphère Nord qui passe un été hors-norme, entraînant décès et hospitalisations.

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       La vie dans un monde trop chaud

    A Qurayyat, ville aride du sultanat d’Oman, la température n’est pas descendue en dessous de 42,6°C entre le 25 et le 26 juin. Sur toute une journée, aucun point de la planète n’a jamais connu une telle température. Cet épisode extrême n’est que la pointe émergée de l’iceberg de records de chaleur observés à travers le monde depuis le début de l’année. Ils ont causé plus de 70 morts au Canada et encore davantage au Japon. En Californie, des incendies gigantesques dus à la sécheresse intense font rage et ont tué six personnes depuis le début du mois.

    «Il y a une très grande cohérence entre les prédictions de l’évolution du changement climatique et les observations de terrain, affirme Robert Vautard, climatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement du CNRS. En Europe, le réchauffement est même plus rapide que prévu. Dans les prochaines décennies, les vagues de chaleur vont se multiplier et s’intensifier partout sur la planète.» Les années 2016, 2015, 2017 et 2014 ont été, dans cet ordre, les plus chaudes jamais enregistrées. 2018 pourrait bientôt se placer en haut de la liste, selon l’Organisation météorologique mondiale.

    À LIRE AUSSI «La lutte pour le climat est contraire aux libertés individuelles»

    Face à ce scénario, les pouvoirs publics commencent à s’inquiéter des impacts sur la santé humaine, alors que de nombreux pays ne sont pas armés pour protéger leur population. Le 26 juillet, des parlementaires britanniques ont alerté, dans un rapport, que la chaleur pourrait causer 7 000 morts par an d’ici 2050 si le gouvernement n’adaptait pas les infrastructures du pays. Dans le Sahel, la saison sèche (au printemps) a vu les températures atteindre des niveaux presque mortels. Le chercheur-climatologue François-Marie Bréon précise que «la durée est aussi importante que la température elle-même» car elle favorise le risque de mortalité pour les personnes vulnérables.

    Une étude scientifique publiée en 2017 dans la revue Nature concluait qu’actuellement, près de 30 % de la population mondiale est exposée, au moins 20 jours par an, à des températures et de l’humidité au-delà du seuil létal. Pour 2100, ce pourcentage s’élèverait à environ 48 % si on réduit drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES), et à 74 % si ces dernières continuent d’augmenter (ce qui est en train d’arriver). Sous l’effet conjugué d’une forte humidité et d’une température de plus de 35°C, le corps humain ne peut plus se refroidir par la transpiration.

    Chikungunya

    «La chaleur affecte aussi la qualité et la quantité d’eau et de nourriture disponible pour les communautés qui vivent dans ces circonstances climatiques extrêmes pendant très longtemps, décrit Shubhayu Saha, professeur à l’université Emory à Atlanta, spécialiste des impacts du changement climatique sur la santé publique. La sécheresse provoque des incendies qui dégagent des fumées toxiques pour l’homme et les animaux.»

    Le dérèglement climatique a aussi des effets de long terme sur la santé, mais qui restent encore peu étudiés. Selon l’Association américaine de psychiatrie (APA), l’exposition à de hautes températures est associée à un accroissement de la consommation d’alcool pour lutter contre le stress et à une hausse des admissions dans les hôpitaux et aux urgences des personnes souffrant de troubles mentaux et psychiatriques, ainsi que du nombre de suicides. «On a découvert un lien entre les événements météorologiques extrêmes et une augmentation des comportements agressifs et de la violence domestique», décrit l’APA. «Le désagrément causé par une température trop chaude ou trop froide touche notre système immunitaire, lui-même lié au mental», rappelle le Pr Emmanuel Rusch, médecin de santé publique au CHU de Tours.

    Autre conséquence : la transformation des possibilités de transmission des maladies infectieuses. «Les écosystèmes changent, la répartition des insectes aussi, souligne le spécialiste. Il y a dix ans, en Indre-et-Loire, il n’était pas possible d’imaginer la transmission de maladies infectieuses comme le chikungunya véhiculé par le moustique tigre. Aujourd’hui, c’est différent.» Marie Carrega, adjointe au secrétaire général de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), confirme : «On s’attend à une remontée des maladies qu’on n’avait plus l’habitude de voir en Europe.» C’est aussi ce que prédit une étude de la revue scientifique britannique Scientific Reports parue l’an dernier et selon laquelle plus de 63 % de 157 agents pathogènes ou maladies (concernant l’homme et l’animal) sont liées au moins à un facteur climatique et pourraient donc évoluer sous l’effet du réchauffement.

    Chaleur est aussi synonyme de pollution de l’air. De la frontière nord de la France à la vallée du Rhône en passant par Paris, l’épisode de canicule de la semaine dernière s’est accompagné d’une hausse des concentrations en polluants atmosphériques. «La pollution à l’ozone[qui prend la forme du smog, ndlr] se produit de manière concomitante avec la hausse des températures, affirme Robert Vautard. L’air chaud circule lentement et s’alimente en pollution à son passage au-dessus des régions industrielles et au fort trafic routier.» Respirer beaucoup d’ozone peut provoquer crises d’asthme, encombrements des bronches et irritations oculaires.

    Est-on prêt à faire face à ces menaces ? «En France, il a fallu attendre la canicule de 2003 pour développer un plan de prévention et d’adaptation efficace, souligne le chercheur. Il n’est basé que sur les observations, pas sur les prévisions climatiques établies par les scientifiques.» Aux Etats-Unis, plus de 130 groupes de protection des travailleurs ont déposé, le 17 juillet, une requête auprès de l’administration Trump pour l’élaboration d’un plan pour les personnes travaillant en extérieur. La série de canicules de cet été a déjà provoqué la mort de plusieurs personnes, notamment des agriculteurs.

    Selon l’Organisation internationale du travail, les chaleurs extrêmes pourraient conduire à des pertes de productivité au travail équivalentes à 2 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale. Car «notre activité économique tout comme notre bien-être dépendent du climat», rappelle François-Marie Bréon. En France, le code du travail, par exemple, prévoit pour les travailleurs du BTP la mise à disposition de lieux de repos, mais aussi «de l’eau potable et fraîche, à raison de trois litres au moins par jour et par travailleur» et même «l’arrêt du travail en cas d’intempéries». Mais on est encore loin des bons réflexes de l’Espagne et du Portugal, qui décalent leurs horaires à cause de la chaleur.

    Océan saturé de chaleur

    Les hommes ne sont pas les seuls touchés. Animaux et végétaux sont aussi bouleversés par la fournaise. En France, certains oiseaux et arbres ont débuté leur ascension vers des altitudes plus fraîches, mais risquent d’être coincés par les hauteurs dans les prochaines décennies. Plus alarmant encore : les océans captent 93 % de la chaleur liée aux émissions de GES. «Ce réchauffement des eaux entraîne la fonte des glaces aux niveaux des pôles et la montée du niveau des mers,développe Françoise Gaill, coordinatrice du conseil scientifique de la plateforme Océan et Climat. Il participe à leur acidification, ce qui a de graves impacts sur certaines espèces marines, notamment les mollusques et les coraux.» Des populations de poissons ont déjà commencé à migrer vers le nord pour éviter de cuire. «Nous savons que l’océan a une limite de chaleur qu’il peut capturer, mais nous ne la connaissons pas encore, reprend la chercheuse. Atteindre ce seuil de saturation aura des conséquences dramatiques pour tous les écosystèmes, les humains y compris.» 

  • Enfants contre adultes

     

    Thierry Ledru

    6 min · 

    A l'origine, les adultes ont pour mission de protéger les enfants. Il est clair que ça n'est plus le cas au niveau planétaire. Désormais, les enfants apprennent à se protéger contre le monde adulte...

    Des enfants du monde entier attaquent leurs gouvernements sur le réchauffement climatique

     

    Repéré par Victor Métais —  — mis à jour le 25 juillet 2018 à 10h11

    Et ça fonctionne!

    Une usine au loin dans un champ | Thomas Hafeneth via Unsplash CC License by

    Une usine au loin dans un champ | Thomas Hafeneth via Unsplash CC License by

     

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    Temps de lecture: 2 min — Repéré sur Quartz

    En 2015, un groupe de vingt-et-un jeunes Américains et Américaines a décidé de poursuivre le gouvernement en raison du réchauffement climatique. Dans l’affaire Juliana vs. US, les plaignants ont affirmé que le gouvernement avait violé «le droit de vie, de liberté et de propreté des jeunes générations» en adoptant des politiques promouvant l’utilisation d’énergie fossiles, malgré les études mettant en cause le rôle des émissions de CO2 dans le processus de réchauffement climatique.

    Malgré son apparence extrême, cette revendication a été acceptée à plusieurs reprises. Le 20 juillet dernier, la cour d’appel des États-Unis pour le neuvième circuita rejeté la tentative de révocation de l’affaire par l’administration Trump. L’affaire sera jugée au tribunal le 29 octobre prochain. «Avec le soutien de la cour fédérale, nous gagnons en puissance»,affirme Avery M., une plaignante de 12 ans. «Le gouvernement fédéral essaie de nous mettre des bâtons dans les roues mais nous persévérerons. Nous sommes optimistes et avons le courage suffisant pour continuer à défendre nos droits constitutionnels.»

    Un des problèmes auquel font face ces jeunes gens est que la Constitution américaine ne fait pas état du réchauffement climatique, l’influence de l’Homme sur l’environnement n’étant pas une des préoccupations du XVIIe siècle. Mais les juges estiment que, depuis le siècle dernier et à partir du moment où les gouvernements ont été au courant des conséquences désastreuses de leur politique énergétique, ils sont allés à l’encontre de la Constitution –les principes de vie et de liberté perdant tout leur sens sur une planète inhabitable.

    Les enfants ont aussi dénoncé le fait, qu'à cause des politiques passées et (parfois) présentes, leur génération soit disproportionnellement accablée par les effets du réchauffement climatique. À ce titre, ils affirment avoir été victime de discrimination.

    À LIRE AUSSI Le réchauffement climatique pourrait bientôt détruire internet

    Un mouvement d'ampleur mondiale

    En avril dernier, la jeunesse colombienne a réussi à convaincre la cour suprême de justice de son pays de revenir sur la décision de ne pas donner suite à une affaire mettant en cause le gouvernement et cette jeunesse dans le cadre du réchauffement climatique. Les jeunes plaignants et plaignantes affirmaient que la déforestation de l’Amazonie et le réchauffement des températures que cette dernière induit, menaçaient leur droit constitutionnel de bénéficier d’un environnement sain. La cour suprême de justice colombienne a décrété que la partie colombienne de l'Amazonie était considéré comme une personne morale. De ce fait, le gouvernement a le devoir de protéger cet espace.

    Ce mouvement a aussi touché la Norvège, la Belgique, les Pays-Bas. Ainsi, ces différents enfants, à travers le globe, ne se rendent pas nécessairement compte qu’ils font partie d’un mouvement collectif international. Cependant ce dont ils se rendent compte est que le «réchauffement climatique est déjà destructeur». Sahara V. affirme en ce sens que ce phénomène «ne cessera pas tant que les gouvernements ne prendront pas de mesures significatives pour l’arrêter plutôt que pour en être acteur».