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  • Jean Jouzel, climatologue

    Réchauffement climatique. Jean Jouzel, climatologue : "Nous n'avons que trois ans pour agir"

     

    Le climatologue Jean Jouzel tire la sonnette d'alarme au JDD sur les risques du réchauffement climatique. Selon lui, la planète subira des conséquences dramatiques si les émissions de gaz ne sont pas stabilisées d'ici à 2020.

    Le climatologue Jean Jouzel s'alarme sur l'évolution du réchauffement climatique. (Eric Baudet/Divergence pour le JDD.)

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    "Pas besoin de faire de catastrophisme : la situation est catastrophique." L'avertissement fait froid dans le dos. Le climatologue et ancien vice-président du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) Jean Jouzel, dresse un bilan bien sombre sur l'évolution du réchauffement climatique. "Pour espérer rester en deçà de 2°C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle, il faudrait que le pic d'émissions de gaz à effet de serre survienne au plus tard en 2020", souligne le climatologue. Nous n'avons que trois ans devant nous." Face au réchauffement climatique, il prévoit notamment des étés de plus en plus chauds, jusqu'à 6 à 8°C de plus dans les années à venir. "On n'est plus dans le futur : ce sont les enfants d'aujourd'hui, ceux des cours d'école, qui pourraient subir ces étés à 50°C", s'inquiète Jean Jouzel.

    À quoi ressembleront nos étés demain ?
    Ils seront plus chauds en moyenne. Pour vous donner une idée, en juin, juillet et août 2003, les températures étaient supérieures de 3 °C par rapport à un été de référence du XXe siècle. Si rien n'était fait pour lutter contre le réchauffement, cela pourrait devenir banal au-delà de 2050. Les étés caniculaires seraient encore plus chauds, jusqu'à 6 à 8 °C de plus, avec deux problèmes majeurs. D'une part la mortalité : même si on est mieux préparés, la canicule de 2003 avait causé 15.000 décès en France et 70.000 morts en Europe ; d'autre part, les feux de forêt, avec 73.000 hectares brûlés ce même été. Et dans certaines mégapoles comme Paris, des îlots de chaleur urbains se formeront, où le mercure grimpera encore de 6 à 8 °C supplémentaires, entraînant des problèmes de santé accentués en cas de pollution.

    Certaines régions en France connaîtraient des journées à plus de 50 °C, selon une récente étude.
    C'est un travail très utile car il rend le phénomène concret. Si on n'agit pas, la planète se réchauffera en moyenne de 4 à 5 °C d'ici à la fin du siècle par rapport à l'ère pré­industrielle. La limite à ne pas ­dépasser, c'est + 2 °C. Si on respecte les accords de Paris, on sera entre les deux, entre + 3 et + 3,5 °C. Or il est difficile de faire comprendre qu'un degré de plus nous fera basculer dans un autre climat. Ces chercheurs ont compilé les données de températures journalières et travaillé avec un modèle de Météo France d'une résolution de 12,5 kilomètres. Si rien n'est fait, vers 2075, les maximales journalières seront certaines années plus chaudes de 12 à 13 °C dans l'est de la France, de 8 °C en Bretagne. Et cela sur des températures dépassant déjà 40 °C! On atteindrait ainsi 50 à 55 °C dans certaines régions.

    "À l'horizon 2050, ce risque de feux apparaîtra dans le centre et l'ouest de la France, jusqu'ici épargnés"

    Une canicule en juin, des incendies massifs en juillet… La France est-elle déjà en surchauffe?
    L'été est plus chaud et plus précoce. Au 15 juin, on a désormais un climat de début juillet 1960. La saison s'étend, avec des canicules plus précoces en juin ou plus tardives en septembre. Le lien avec le réchauffement climatique est certain, et celui-ci est dû depuis 1950 avec une quasi-certitude aux activités humaines. Ce contexte fait craindre que les sécheresses actuelles du ­Bassin méditerranéen (40 °C et plus de 60 morts dans un incendie au Portugal, pénurie d'eau en Italie, le sud de la France en proie aux flammes) soient de plus en plus fréquentes et aiguës. Les incendies augmentent partout et les ingrédients sont connus : la température, la sécheresse, le vent, mais aussi l'urbanisation et la négligence humaine. À l'horizon 2050, ce risque de feux apparaîtra dans le centre et l'ouest de la France, jusqu'ici épargnés.

    Boira-t‑on bientôt du vin de Bordeaux cultivé en Finlande?
    Il y a dix ans, lorsqu'on disait qu'il faudrait planter des vignes en ­Angleterre car les vins deviendraient trop alcoolisés avec la chaleur, les gens nous prenaient pour des fous. Aujourd'hui, les maisons champenoises investissent toutes dans le sud de l'Angleterre. Cette préoccupation de l'adaptation au climat est devenue quotidienne pour la profession. Pour les vignerons et les producteurs de fruits, la succession d'hivers doux suivis de gelées tardives est aussi très néfaste.

    Votre frère, qui a repris la ferme familiale en Bretagne, ne croit pas au réchauffement!
    Exact, comme beaucoup de paysans qui reprennent le credo de Claude Allègre, il pense que nous sommes dans un cycle comme il y en a déjà eu par le passé. En ­revanche, j'ai beaucoup d'espoir en voyant mes sept petits-enfants. Récemment, j'ai entendu deux de mes ­petites-filles de 9 et 10 ans parler trente minutes d'éoliennes et d'énergies renouvelables…

    "Les engagements actuels ne sont pas à la hauteur de l'enjeu. L'urgence est là."

    Il ne reste que trois ans pour agir, comme le rappelle un groupe de scientifiques, politiques et économistes dans la revue Nature.
    Oui, nous n'avons que trois ans devant nous. C'était écrit dès 2007 dans le rapport du Giec. On l'a réécrit depuis, ça reste vrai! Pour espérer rester en deçà de 2 °C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle, il faudrait que le pic d'émissions de gaz à effet de serre survienne au plus tard en 2020. L'accord de Paris a transformé ce diagnostic des scientifiques en un objectif d'atteindre ce pic "le plus tôt possible", sans date. Nous écrivions aussi qu'il fallait diminuer de 40 à 70 % les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 et atteindre la neutralité carbone d'ici à 2100. C'est un défi. Le dialogue entre scientifiques et politiques fonctionne au niveau international, mais les engagements actuels ne sont pas à la hauteur de l'enjeu. L'urgence est là.

    Le discours des scientifiques n'est-il pas trop timide?
    On n'a peut-être pas été bons, mais on n'arrête pas de sonner l'alarme ! Tout a été dit dans le premier rapport du Giec en 1990. Les conséquences du réchauffement étaient perçues comme virtuelles. C'était "cause toujours, on verra après". Malheureusement, les faits sont là. Avec la fonte des glaces, le niveau de l'eau s'est élevé de 20 cm depuis 1900. Il augmente de 3 mm par an, et cela risque de s'accélérer. La Bretagne s'est réchauffée de 1,5 °C depuis le milieu du XXe siècle, les gens de ma génération l'ont vu. Tout ce qu'on prédisait se réalise, et on n'exagère pas ! Hélas, la prise de conscience ne se fait que par les extrêmes. La canicule de 2003 qui a touché toute l'Europe de l'Ouest a eu un effet pédagogique, de même que le rapport de l'économiste Nicholas Stern selon lequel ne rien faire coûterait plus cher que d'agir. Ce message a été un choc pour les entreprises.

    "Si le Sahel et la Corne de l'Afrique deviennent plus secs, les réfugiés seront encore plus nombreux"

    Que dire aujourd'hui pour alerter les consciences?
    J'ai longtemps dit qu'en Europe de l'Ouest le réchauffement était perceptible mais pas encore dangereux. Je change mon discours : il est déjà dangereux. Ces catastrophes ont des coûts humains, financiers, en pertes de biens. Je le répète, on n'est plus dans le futur : ce sont les enfants d'aujourd'hui, ceux des cours d'école, qui pourraient subir ces étés à 50 °C. On n'échappera pas d'ici à 2100 à une hausse de 40 cm à 1 m du niveau de la mer ; peut-être pas loin de 2 m, selon des études récentes. L'île de Sein ou l'île de Ré seraient coupées en deux. Et si le réchauffement se maintient sur plusieurs siècles, le Groenland pourrait finir par fondre, provoquant une élévation de 7 mètres.

    Et cela ne vous rend pas catastrophiste?
    Pas besoin de faire de catastrophisme : la situation est catastrophique. Alarmiste, je le suis si on ne fait rien. Le réchauffement est inéluctable, mais en le limitant à 2 °C nous pourrons nous y adapter pour l'essentiel. Du moins dans les pays riches. Car la principale conséquence du réchauffement, c'est l'accroissement des inégalités. Il diminue les endroits où il fait bon vivre sur la planète. Partout, les premières victimes sont les moins fortunées : cela a été vrai en France lors de la canicule de 2003 et pour ­Xynthia : les maisons les plus touchées par la tempête étaient celles construites sur des terrains pas chers. C'est vrai ailleurs. Le réchauffement a des effets sur l'instabilité et le risque de conflits au Moyen-Orient. Cet été, on a relevé 54 °C au Pakistan et en Iran. Au Moyen-Orient et de la Corne de l'Afrique jusqu'à la Libye, le mercure va grimper de 5 à 6 °C… À ces températures, il n'y a plus d'activité extérieure possible. On compte déjà 65 millions de déplacés sur la planète. Si le Sahel et la Corne de l'Afrique deviennent plus secs, les réfugiés seront encore plus nombreux.

    Malgré ce diagnostic sévère, vous restez optimiste. Par foi en l'homme?
    À mes yeux, un monde sans pétrole, où on fait mieux avec moins, est tout aussi désirable. À l'échelle planétaire, si on s'y met, 50 % de l'énergie pourrait venir du renouvelable en 2050. Créer un mode de développement différent, c'est enthousiasmant ! Cela suppose des innovations, des emplois. Il faut donner l'espoir et l'envie : ceux qui ont acheté une voiture électrique ne reviendront pas à l'essence. Mon principal reproche à Claude Allègre et ses soutiens, c'est de laisser croire qu'on trouvera toujours des solutions quand les catastrophes arriveront. Ce n'est pas vrai pour le réchauffement climatique. C'est la pure vanité humaine. Personne n'arrêtera l'élévation des mers. Les refuges vont rétrécir. Il sera difficile de garantir la sécurité alimentaire pour 10 milliards d'habitants.

    "J'ai été agréablement surpris lorsque Macron a cité l'accord de Paris comme une action majeure du quinquennat Hollande"

    Se donne-t‑on les moyens d'y faire face en France?
    Le moment approche où il sera trop tard pour mettre en place les solutions. Or trop de freins administratifs à l'action persistent. En Allemagne, un projet éolien voit le jour en quatre ans ; en France, en huit ans ! Dans le golfe du ­Morbihan, ils veulent construire des hydroliennes, ils n'y arrivent pas. Il y a 3.000 éoliennes en mer en Europe, zéro en France. Entre l'appel d'offres et la réalisation, cinq à dix ans s'écoulent, et des technologies plus performantes apparues entre-temps ne peuvent pas être utilisées. Ces barrages sont aberrants. Accélérer ces projets, c'est l'un des grands chantiers de Nicolas Hulot.

    Sentez-vous un climat favorable depuis sa nomination et l'élection d'Emmanuel Macron?
    J'ai soutenu Benoît Hamon. Mais j'ai été agréablement surpris lorsque Macron a cité l'accord de Paris comme une action majeure du quinquennat Hollande. Pour Hulot, le travail consistera avant tout à mettre en œuvre les lois existant sur la transition énergétique et la biodiversité. Ce n'est pas si facile. La France est à 16 % d'énergies renouvelables, nous n'atteindrons pas l'objectif fixé à 23 % en 2020. Le ministre dit qu'il veut faire mieux que la loi. Très bien, mais remplissons déjà le contrat !

    Avec le retrait des États-Unis de l'accord de Paris, les chances de réussir à le mettre en œuvre ne sont plus que de 10 %, selon le climatologue américain Michael Oppenheimer.
    Je ne suis pas loin de ce diagnostic. Je dirais qu'il reste 20 à 30 % de chances. L'effet le plus dommageable du retrait américain est indirect : c'est l'impact auprès des autres pays signataires. Chacun d'eux devait détailler en 2018 les outils pour atteindre ses objectifs. Puis vers 2019, rediscuter des moyens de faire mieux, de relever l'ambition. C'est indispensable, car on est dans les choux par rapport à l'objectif de 2 degrés maximum ! Désormais, les autres pays pourront dire : "Les USA ont quitté le navire, pourquoi faire plus ?" Le succès de Paris, c'était d'être quasi universel. Trump a rompu cette confiance. Mais s'il y voit un intérêt pour sa politique intérieure, il pourrait faire un geste. Il a déjà fait savoir que Washington participerait aux négociations hors de l'accord, il pourrait aussi revenir sur sa promesse de cesser le soutien aux organisations internationales environnementales. Comme le dit le Nobel d'économie Joseph Stiglitz, c'est le seul grand projet pour l'avenir : réussir à continuer à se développer dans ce monde limité. Tenir compte de l'écologie, et pas seulement de l'économie.

     

  • Climatiseurs et dissonance cognitive

     

    Thierry Ledru

    "Selon la théorie de la dissonance cognitive, lorsque les circonstances amènent une personne à agir en désaccord avec ses croyances,cette personne éprouvera un état de tension inconfortable appelé dissonance, qui, par la suite, tendra à être réduit, par exemple par une modification de ses croyances dans le sens de l’acte."


    On a donc avec les épisodes répétés de canicule des millions de personnes dans le monde qui s'équipent en climatiseur et on sait de façon irréfutable que ces climatiseurs renforcent encore le réchauffement climatique. 
    Malgré tout, les installateurs et les équipementiers croulent sous les commandes et tout le monde se plaint de la chaleur...
    La dissonance cognitive prend forme lorsque les consommateurs considèrent que leur confort individuel devient prioritaire au regard de l'impact planétaire et qu'ils s'efforcent d'oublier ou de continuer à ignorer les conséquences de leurs actes personnels.
    "Je ne suis pas responsable de cette canicule alors je m'en protège. "
    La responsabilité du phénomène est atténuée par le confort retrouvé. Le problème s'efface dans le plaisir.

    On peut bien évidemment élargir le phénomène à bien d'autres domaines.

    Qui aujourd'hui n'a pas entendu parler de la maltraitance animale et de l'impact considérable de l'élevage bovin pour l'alimentation humaine ? Combien ont décidé de ne plus manger d'animaux?

    Qui aujourd'hui n'a pas entendu parler de la pollution engendrée par le commerce mondial et l'achat de produits alimentaires venant de l'autre côté de la planète ? Combien ont décidé de ne plus acheter ces produits ? 

    Qui n'a pas entendu parler de la pollution considérable de l'atmosphère par les avions de grandes lignes ? Combien ont décidé de se passer des vacances dans les pays "exotiques" à la nature si belle ? 
     

    Le plaisir individuel est à la source de l'état désastreux de la planète. Pas uniquement de décisions politiques n'ayant pour seuls objectifs que de garder le pouvoir et ses privilèges.


    Réchauffement de la planète : le cercle vicieux de la climatisation

    Des milliards de nouveaux climatiseurs vont être installés dans le monde sur les prochaines décennies. Mais ces appareils consomment beaucoup d'énergie.

    Source AFP

    Modifié le  - Publié le  | Le Point.fr

    Le climatiseur est l'un des premiers achats réalisés lorsque le niveau de vie s'améliore en pays émergent.

    Le climatiseur est l'un des premiers achats réalisés lorsque le niveau de vie s'améliore en pays émergent.

    © BELGA/AFP/ Patrick Lefevre

     

    Dans certains pays où il fait très chaud l'été, les populations peuvent s'offrir depuis longtemps maintenant quelques instants de fraîcheur. Comment ? Grâce aux climatiseurs. Un été humide et torride devient alors plus supportable en Géorgie américaine, ou encore en Australie. Problème : la climatisation contribue discrètement mais sûrement et de façon croissante au réchauffement de la planète. Car plus il fait chaud, plus il y a de climatiseurs en circulation, et plus il y a de climatiseurs, plus il fait chaud. Des milliards de nouveaux appareils vont être installés dans le monde dans les prochaines décennies, au fur et à mesure que les habitants de pays émergents au climat étouffant obtiennent les moyens de s'acheter ces biens, aussi essentiels en Chineet en Inde que peut l'être le réfrigérateur.

    Or ces appareils consomment énormément d'électricité, de l'électricité aujourd'hui générée principalement par des centrales au charbon ou au gaz... et qui émet donc des gaz à effet de serre, réchauffant le climat. À moins d'un changement radical de trajectoire, les émissions de dioxyde de carbone liées à la climatisation devraient presque doubler entre 2016 et 2050, selon un rapport publié mardi par l'Agence internationale de l'énergie. En quantité de CO2 supplémentaire rejeté dans l'atmosphère, c'est comme si l'on ajoutait une Afrique actuelle au monde, soit près d'un milliard de tonnes de CO2 environ par an.

    Les cas de la Chine, l'Inde et l'Indonésie

    Les climatiseurs ont un autre effet réchauffant, bien plus direct et ressenti par chacun : ils réchauffent les villes car chaque appareil rejette dans la rue la chaleur qu'il a pompée pour refroidir l'intérieur d'un logement ou d'un bureau. Une étude de 2014 a simulé la hausse de température, de nuit, à un degré Celsius en centre-ville. Le cercle vicieux est renforcé par la hausse continue du niveau de vie dans le monde. À commencer par la Chine, l'Inde et l'Indonésie, trois pays qui contribueront pour moitié à la hausse mondiale de consommation électrique pour la climatisation. Au Brésil, en Thaïlande ou en Indonésie, quand les revenus d'un ménage augmentent, c'est souvent l'un des premiers achats.

    L'urbanisation rapide, notamment en Inde, accélère encore le phénomène : les machineries urbaines, pas seulement la climatisation, créent de la chaleur, une chaleur qui est à son tour absorbée par le béton... Il existe aujourd'hui environ 1,6 milliard de climatiseurs installés dans le monde, dont environ la moitié aux États-Unis et en Chine. Environ 135 millions de nouveaux appareils sont vendus chaque année, trois fois plus qu'en 1990, selon le rapport de l'AIE. Rien qu'en Chine, le premier marché mondial, 53 millions ont été vendus en 2016. En Inde, seuls 4 % des ménages sont équipés en climatisation. Tout indique que la demande va exploser dans les prochaines décennies.

    Le climatiseur, « angle mort » du débat énergétique

    « Le monde va subir une crise du froid », affirme le directeur de l'Agence internationale de l'énergie, Fatih Birol. Pour lui, la question des climatiseurs est « l'angle mort » du débat énergétique actuel. Les solutions, détaillées dans le rapport, existent, comme développer l'énergie solaire donc le pic de production, en journée, correspond au pic de consommation des climatiseurs ; ou améliorer l'isolation énergétique des bâtiments. Mais la priorité, selon l'organisation, est de durcir les normes sur la consommation électrique des appareils. Les technologies plus économes existent, mais les consommateurs plébiscitent encore largement les appareils énergivores et moins chers, notamment aux États-Unis.

  • Tourisme de masse (3)

    Haro sur le tourisme de masse

     

    http://media.lesechos.fr/infographie/tourisme-masse/

    La planète s’affole devant des flux de touristes toujours plus nombreux : 1,3 milliard en 2017, selon l’Organisation mondiale du tourisme, en hausse de 7% sur un an. Et aucun signe de ralentissement en vue. Ni les crises économiques, ni les tensions géopolitiques n’ont durablement infléchi cette croissance. On attendrait 500 millions de visiteurs supplémentaires pour 2030, dont la moitié viendrait de Chine.

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    Geneviève Thibaud & Jules Grandin

    Les pays d’Europe accueillaient plus des deux tiers des touristes internationaux en 1980, l’Amérique du Nord 16%, les autres régions du monde se partageant les miettes. En 2017, l’Europe capte 51% des arrivées, l’Amérique toujours 16%, mais l’Asie-Pacifique 24%, avec l’émergence de la Chine passée au 3e rang (4e, en 2016) des destinations touristiques. Et même au premier rang, en incluant Macao et Hong Kong.

    La Chine dans le « Top 5 » des destinations

    Evolution des 20 premières destinations touristiques, en 1980 et 2016

    Flourish logoA Flourish data visualisation

    L’asphyxie menace déjà certains sites. Les habitants de Barcelone, de Palma, ou de Venise, manifestant régulièrement leur exaspération devant les nuisances provoquées par ces hordes de touristes, les autorités ont fini par réagir, à coups de restrictions sur les locations saisonnières, de réglementation ou d’interdiction. A tel point que la tendance est à l’inventaire des sites à éviter absolument. Tour d’horizon de ces destinations en « overtourism » mises sous surveillance.

    Les sites fermés

    THAÏLANDE

    Maya Bay

    Immortalisé par Danny Boyle, dans le film « La Plage » avec Leonardo DiCaprio, ce lagon aux eaux cristallines est devenu un spot mondial attirant 5 000 curieux/jour. Au péril de l’environnement. 77% du corail aurait disparu, selon les scientifiques.

    Les autorités ont fini par juger que Maya Bay, comme une vingtaine d’autres sites de plongée, avait besoin d'une pause. L’accès est fermé jusqu’en septembre prochain, pour permettre de transplanter du corail d'autres endroits mieux préservés. Par la suite, le nombre de visiteurs pouvant accoster sera limité à 2 000 par jour.

    PHILIPPINES

    île de Boracay

    Cette île paradisiaque de l’archipel des Visayas accueillait plus de 2 millions de visiteurs par an, avant que Rodrigo Duterte, le président philippin, n’annonce sa fermeture pour six mois, jusqu’en octobre prochain. Face à "ce cloaque surpeuplé", selon ses mots, il était urgent de nettoyer les déchets et de dépolluer. Malheureusement cette opération serait un préliminaire à la construction d’un vaste complexe de loisirs.

    AUSTRALIE

    Uluru

    C’est sans doute le rocher le plus connu et le plus photographié de la planète : il a été rendu célèbre par une image de Charles et Diana, le couple royal britannique, posant devant cette falaise lors d’un voyage en 1983. Les touristes se contenteront de l’admirer de loin. L'ascension de cette formation rocheuse, sacrée pour les Aborigènes, sera interdite à partir du 26 octobre 2019.

    MEXIQUE

    Chichen Itza

    L’escalade de la pyramide de Kukulkan de ce site maya est désormais interdite, et la salle du trône est fermée.

    Les quotas

    INDE

    Taj Mahal

    Le site accueille entre 10 000 et 15 000 visiteurs/jour, un chiffre pouvant atteindre 70 000 le week-end. Une surfréquentation qui fragilise particulièrement les fondations du palais. Depuis janvier dernier, les autorités ont limité le nombre de visiteurs quotidiens à 40 000. Cette restriction ne concerne pas les touristes étrangers. Elle ne s'applique qu'aux Indiens, sauf s'ils acquittent le droit d’entrée réservés aux étrangers de 1 000 roupies (13 euros). La visite ne peut plus excéder trois heures.

    ITALIE

    Venise

    Pour éviter le « Venexodus », l’exode des habitants face à la marée de touristes, la municipalité a lancé un grand plan de régulation : gel de la  création de nouveaux hôtels dans le centre-ville, réduction du nombre d'appartements en location touristique, des itinéraires alternatifs pour désengorger certains passages grâce à des capteurs placés à des endroits stratégiques, déploiement de policiers municipaux...

    En attendant, les navires de croisière géants (plus de 96.000 tonneaux) ne passeront plus devant la place Saint-Marc. Ils devront accoster à Marghera, sur un nouveau terminal qui devrait être achevé en 2019.

    GRÈCE

    Santorin

    Sur l’île, le nombre de visiteurs a été limité à 8 000 par jour, alors que l’an dernier pendant la haute saison, 10 000 à 13 000 croisiéristes étaient enregistrés.

    PÉROU

    Machu Picchu

    En 2016, 1,4 million de touristes ont visité le site, dépassant la limite quotidienne des 2 500 fixée par l’Unesco. Pour éviter l’inscription du site sur la liste du Patrimoine mondial en péril, depuis juillet dernier, le Pérou a instauré de nouvelles règles visant à restreindre le nombre d’entrées : les touristes étrangers devront prendre un guide, afin d'éviter les attroupements de foule, emprunter l'un des trois itinéraires balisés durant un créneau horaire déterminé, limiter leur visite à 4 heures. Enfin, cannes à selfies, nourriture, ombrelles, chaussures à talons, poussettes, animaux et instruments de musique devront rester au vestiaire.

    COLOMBIE

    Caño Cristales

    Au cœur de terres minées par des luttes entre factions rivales, aujourd’hui pacifiées, la destination a rouvert assez récemment. Mais les cohortes de touristes, 16 000 en 2016, dans un écosystème fragile préoccupent les autorités. En décembre dernier, l'accès a été restreint.

    EQUATEUR

    Iles Galapagos

    Laboratoire vivant d' espèces uniques au monde (iguanes terrestres, tortues géantes, etc.), qui inspira à Charles Darwin sa théorie de l’évolution par la sélection naturelle, l île met le tourisme sous haute surveillance. Les visiteurs, désormais limités à 200 000 par an, signent une charte de bonne conduite. La marine militaire patrouille en mer.

    CHILI

    Ile de Pâques

    Véritable musée à ciel ouvert, les fameuses statues Moai ne se laissent plus approcher sans billet vendu par les autorités locales ou les agences de voyage, instauré il y a deux ans. Le nombre de visiteurs est limité à 100 000 et la durée du séjour ne peut excéder 60 jours.

    Réglementation, loi, taxe

    NÉPAL

    Mont Everest

    Accéder au toit du monde se paye cher. Le permis d'ascension (« autorisation de sommet ») obligatoire pour tout étranger désireux d’accéder à un pic du Népal, se monnaye entre 10 000 et 15 000 dollars. En ajoutant la pension complète, l'équipement, le sherpa etc, l'expédition sur l'Everest coûte en moyenne 55 000 à 70 000 euros par personne. Depuis 2015, les grimpeurs « novices » sont écartés tandis que l'accent est mis sur la formation de petites cordées afin d'éviter les embouteillages sur les sentiers. Par ailleurs, pour lutter contre l’accumulation de déchets, chaque randonneur doit redescendre avec ses ordures (8 kg de déchets en plus de son matériel), sous peine de poursuites.

    BHOUTAN

    Le contraire du tourisme de masse. Ce pays très soucieux de préserver sa culture n’a entrouvert ses frontières aux étrangers qu’en 1974. Les restrictions demeurent nombreuses : les visiteurs, à l'exception de ceux provenant des pays voisins (Inde, Maldives, Bangladesh), doivent obtenir un visa d'un voyagiste agréé et s’acquitter d’une taxe journalière de 200 à 250 dollars selon la saison. Paradoxalement, ces mesures assez drastiques ont pu attirer des touristes soucieux d’authenticité. Le flux n’a de cesse de grossir: +412 % depuis 2010.

    NOUVELLE-ZÉLANDE

    A une hausse des frais de visas pourrait s’ajouter l'instauration d'une taxe de 35 dollars néo-zélandais (21 euros) imposées aux touristes étrangers, l’an prochain. Celle-ci servirait à financer des infrastructures publiques dont manque certaines régions du pays.

    JAPON

    Mont Fuji

    Les visiteurs sont désormais invités à ramener leurs déchets, ne pas s’écarter des sentiers, ne pas faire de graffitis sur les pierres, etc. Un quota est également à l’étude.

    TANZANIE

    Kilimandjaro

    Les touristes doivent impérativement passer par un guide local, engager des porteurs et s'acquitter des droits d'entrée du parc. L'ascension est interdite aux moins de 10 ans.

    ITALIE

    Florence

    Le Kärcher pour empêcher les pique-niques devant les monuments de la ville : les policiers municipaux arrosent les marches des églises à l'heure du déjeuner pour empêcher les touristes de s'asseoir avec leur sandwich. La ville compte 5 866 touristes au km2.

    ISLANDE

    A l’éruption d'Eyjafjallajökull, qui a placé l'Islande sur la carte du tourisme, s’est ajoutée l’exposition offerte par la série culte « Game of Thrones », (les saisons 2,3, 4 et 7 y ont été tournées) et des vols bon marché. Résultat, des visiteurs toujours plus nombreux : 50 000 en 1994, 2,2 millions en 2018, pour seulement 330 000 habitants. On frôle l’overdose. Si le tourisme a sauvé l'économie à plat après la crise bancaire, les autorités entendent désormais mieux réguler ces flux de voyageurs pas toujours très soucieux d’environnement. En commençant par les encourager à signer une charte de bonne conduite. Sur un mode humoristique, « le serment islandais », se décline en huit principes essentiels comme « lorsque l’appel de la nature se fera sentir, je n’y répondrai pas sur la nature » ou encore « je suivrai la route qui mène à l’inconnu, sans jamais sortir des sentiers battus ».

    ETATS-UNIS

    Canyon de Zion (Utah)

    Face aux embouteillages géants, les autorités ont interdit l’accès aux voitures d’avril à octobre.

    ANTARCTIQUE

    Une des dernières terres de conquête du tourisme mondial, l’Antarctique fait incontestablement rêver. Malgré la cherté de la destination, les croisiéristes, en particulier américains, se bousculent, obligeant les compagnies qui opèrent dans le secteur à s’accorder sur des règles. Les débarquements sont interdits aux paquebots de plus 500 passagers. Quant aux excursions terrestres, elles sont limitées à 100 personnes sur un même site à condition de stationner moins de trois heures

    Restrictions à la location

    FRANCE

    Paris, Bordeaux, Nice

    AMSTERDAM

    Pays-Bas

    Durcissement des règles autour des activités touristiques, comme les calèches et les « beer bikes », interdiction des cars et bateaux touristiques en centre-ville, augmentation de la taxe de séjour : la ville multiplient les initiatives. Les locations saisonnières sont également visées. Elles seront même interdites dans certains quartiers du centre pour les durées très courtes.

    ROYAUME-UNI

    Londres

    La ville a limité la location saisonnière, pour les particuliers, à un maximum de 90 jours dans l'année.

    ALLEMAGNE

    Berlin

    La municipalité a interdit aux particuliers la location saisonnière d'appartements entiers.

    Les destinations qui explosent

    Cinq des dix destinations qui affichent les plus fortes croissances se situent en Chine ou en Inde. Ce qui laisse présager d'un futur raz de marée, d’autant que ces chiffres ne tiennent pas compte des touristes voyageant dans leur propre pays, estimés à entre 3 et 4 milliards. Ainsi, sur les 750 millions de touristes visitant l’Inde, seuls 16 millions sont étrangers, les Indiens formant l’immense majorité (98%). A un tourisme international croissant s’ajoute un tourisme national véritablement exponentiel. Aucune raison, par exemple, que la classe moyenne des pays d’Afrique sub-saharienne n’échappe à cette vague de fond.

    Evolution du nombre de touristes internationaux, entre 2000 et 2017

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    Deux capitales asiatiques sur le podium

    En tête du classement des villes les plus visitées l’an dernier, on retrouve Hong Kong suivi de Bangkok, qui dépasse Londres depuis 2015. Les capitales asiatiques dominent le classement mondial des destinations grâce à l’inexorable montée en puissance de la Chine. A un tourisme urbain plus culturel, associé quelquefois au shopping (Dubai, Singapour, Londres), ou religieux (Rome, La Mecque) s’ajoute un tourisme balnéaire ultraconcentré. A Cancun, Pattaya ou Phuket, le nombre de touristes au mètre carré affole les compteurs, pour une population locale, elle, quasi-inexistante. L’entre-soi du tourisme de masse poussé à son comble.

    « Top 30 » des villes accueillant le plus de touristes

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    Note : L’OMT mesure les entrées de visiteurs internationaux passant une nuit hors de leur pays d’origine. Les voyages de vacances, de détentes ou de loisir ont représenté la moitié des arrivées.

    SOURCES : OMT, Euromonitor, AFP, The Guardian, BBC, le Monde.

  • "La sous-ciété"

    La "sous-ciété"


    Il m'est impossible d'utiliser le terme de société pour désigner cet environnement social et surtout spirituel dans lequel j'évolue. D'autant plus en lisant tout ce que la société Kogis a mis en place et cette osmose fascinante dans laquelle ce groupe humain évolue depuis des siècles.
    Si j'utilise le terme de "sous-ciété" pour désigner le monde occidental, c'est parce qu'il s'agit à mes yeux d'un espace de basse synergie. 
    Une société digne de ce nom existe au contraire dans une haute synergie. Cette synergie prend forme dès lors que les individus ont opté pour une exploration lucide de leur implication dans une harmonie constante au regard de la Nature et du flux vital.

    Ce n'est pas le système occidental qu'il faut blâmer. Ce soi-disant système n'a aucune existence spontanée, il n'est que le reflet de l'état de conscience des gens qui le composent. Un système n'est que l'amalgame de composants. Les individus sont ces composants et le système est activé par les liens qui unissent les composants. 
    Un moteur de voiture n'a pas d'existence en soi, ce sont les liens entre chaque composant qui lui donnent ce semblant d'existence. Il est totalement absurde de dire qu'un moteur ne fonctionne pas. Il s'agit d'identifier le composant défectueux. Pas d'accuser l'ensemble.

    Le terme de "société" correspond à un paradigme extrêmement puissant. Les individus ont été conditionnés à s'en remettre à ce système et à quelques groupes ou individus chargés d'entretenir le système. Un paradigme est une "super théorie". Il propose les modèles de pensées auxquels chaque composant du système va apprendre à se référer. On trouve des paradigmes dans le domaine scientifique mais le concept de "société" s'établit dans un espace psychologique et philosophique, même si cette "philosophie" est indigne de la philosophie en tant que telle.

    Inutile de se référer à des données politiques, économiques, sociales, historiques. Tout cela n'est que l'habillage d'un formatage philosophique.

    Un paradigme se nourrit de schémas mentaux. Ceux qui nous concernent dans cette "sous-ciété" de basse synergie s'établissent au coeur de l'ego. Ces schémas mentaux sont destinés à préserver le paradigme. Une fois que les schémas mentaux sont appliqués à la masse entière, le paradigme devient une "réalité". Il ne s'agit pas du "réel" mais d'une interprétation des phénomènes dans le cadre du paradigme. 
    La "réalité" est instaurée de façon à propager le fonctionnement institutionnel. Non pas gouvernemental mais un fonctionnement philosophique. C'est là qu'il faut dépasser la condamnation infantile de la "société". La "société" est un moteur dont chaque individu est un composant.

    Même les leaders de cette "sous-ciété" ne sont pas conscients de l'illusion dans laquelle ils évoluent. Ils ont simplement adopté les schémas mentaux de leurs pairs et les ont développés pour leurs propres intérêts. Personne, parmi les leaders, qu'ils soient politiques ou économiques, n'est conscient du courant qui les emporte. On ne demande pas à un carburateur d'être conscient de son appartenance à un moteur. On lui demande d'effecteur sa tâche avec soin. Les leaders de cette "sous-ciété" ne sont que des carburateurs et ils n'ont aucune vision verticale de l'ensemble. Ils se pensent "décideurs" quand ils ne sont que les copistes des écrits de leurs prédécesseurs.

    Les manipulations dont ils sont régulièrement accusés ne s'établissent toujours qu'au coeur de ce paradigme. Les schémas mentaux sont modulables mais nourrissent toujours le paradigme. La prochaine élection n'est que la confrontation de schémas mentaux dans une "réalité" illusoire et perverse. Aucun changement de paradigme n'est envisagé car cela signifierait que les leaders prendraient le risque de ne plus être les leaders. Leur objectif n'est que de porter une étiquette différente de celle de leur adversaire. La philosophie interne au système reste la même dans un jeu de chaises musicales sous la direction d'un orchestre archaïque et fondamentalement conservateur.

    L'idée fondamentale est de modifier quelque peu les composants du moteur pour lui donner un rendement différent et si possible "meilleur" au regard de la "réalité" instaurée afin de justifier les privilèges qui sont accordés aux solistes. Mais il n'est pas question de réfléchir à la justesse du moteur lui-même. On ne touche qu'aux schémas mentaux. Pas à la source de ces schémas.

    Les individus sont donc responsables du paradigme en se sens qu'ils l'entretiennent à travers les schémas mentaux qu'ils ont adoptés. Le système n'existe qu'à travers cette adhésion. Non seulement comportementale mais bien avant tout philosophique.

    Si ce paradigme nourrissant cette "sous-ciété" existe, c'est en raison de notre fonctionnement. Nous sommes encapsulés dans un moi tout puissant et tout ce qui ne participe pas à cette identité est extérieure à ce moi. Cette scission est à la source de la dualité et de la basse synergie si dévastatrice. 
    Ce modèle fondamental conditionne toute la "réalité" qui convient au maintien du paradigme. Le système s'auto-entretient à travers le figement philosophique des individus. 
    On peut parler désormais avec la mondialisation de "méta-modèle" ou "méta-paradigme", c'est à dire ce qui est au-delà du paradigme lui-même. Comme un moteur qui fonctionnerait de lui-même, sans aucun pilote...Mû par sa propre énergie. Un mouvement perpétuel. Ou qui se croit perpétuel...

    La société des Kogis est organisée autour d'une idée radicalement différente de celle du moi encapsulé. C'est celle de l'unicité. Il n'y a pas de séparation mais une osmose qu'il faut entretenir. L'individu n'est pas qu'un composant d'un moteur. Il est conscient du moteur et du rôle qu'il tient au coeur de ce système. Il n'agit pas en restant centré sur le fonctionnement de la pièce qui le constitue et de son rôle parcellaire parce qu'il n'est jamais dissocié du moteur lui-même. On pourrait comparer cela également avec une cellule constituant le bout infime d'un doigt. Cette cellule aurait conscience de l'existence de l'individu auquel elle appartient malgré le gigantisme de l'ensemble dans lequel elle évolue. C'est une vision macroscopique qui donne à l'existence de l'individu une énergie bien plus puissante que celle d'une cellule qui se croit isolée et toute puissante. Le moi n'est plus une entité en elle-même mais un réceptacle de l'énergie vitale qui anime un ensemble d'une complexité infinie. Il ne s'agit pas pour autant de la négation de l'individu étant donné que l'individu puise dans cette appartenance une nourriture spirituelle d'une plénitude inconcevable pour la plupart des occidentaux et impossible à saisir dans le champ limité du moi encapsulé.

    Le moi encapsulé est séparé du flux vital parce que ses schémas de pensées créent un voile opaque. 
    Ça n'est pas la vie qui l'anime mais lui qui donne à la vie l'image d'une réalité qui convient au maintien de son identité. Les pensées, les sentiments, les perceptions, les réflexions, les actes, les intentions sont irrémédiablement au service de ces schémas. Là encore, le fonctionnement est terriblement pervers étant donné que chaque instant de l'existence participe à l'édification puis au renforcement de l'identification. Le moi existe à travers lui-même et s'auto-persuade de la justesse de son raisonnement. On retrouve par conséquent à l'échelle de l'individu le fonctionnement inhérent au paradigme de l'ensemble. C'est en cela que le système qui apparaît comme responsable du mal être des individus est un leurre. Le moi accuse un système qu'il a lui-même constitué parce que dans cette lutte, le moi, lui-même, se renforce et se sent exister.

    Même les individus qui disent oeuvrer à la constitution d'une quête spirituelle ne sont parfois que des ego établissant dans une démarche philosophique le renforcement de leur moi pour la simple raison qu'ils reproduisent un fonctionnement individuel au coeur duquel se trouve toujours le moi encapsulé. C'est en cela qu'il me semble extrêmement délicat de parvenir à rompre les schémas de pensées et tous les conditionnements qui en découlent lorsque l'individu a déjà évolué dans la dimension enivrante de la "sous-ciété".
    Il faut se désintoxiquer pour entrer dans une autre vision de l'existence...

    L'avenir de l'humanité appartient aux groupes ethniques ayant su préserver depuis des millénaires une vision uniciste de l'existence.

    Les "sous-ciétés" modernes voient bien parfois s'éveiller quelques individus "dé-capsulés" mais ils ne seront sans doute jamais suffisamment entendus pour que des schémas de pensées opposés prennent suffisamment de puissance pour parvenir à insérer dans la masse un nouveau paradigme.

    Je rêve parfois d'une intervention de la vie elle-même. Que le réel en vienne à s'imposer à la réalité. Par la force si nécessaire.

  • Le jour d'après

    C'est le titre d'un film apocalyptique.

    Ici, on en a un scénario réel.

    On va où là ?...

    Dès mercredi, l'humanité aura épuisé les ressources de la planète pour 2018

    L'humanité aura consommé au 1er août l'ensemble des ressources que la nature peut renouveler en un an et vivra "à crédit" pendant cinq mois, selon l'ONG Global Footprint Network, qui souligne que cette date survient de plus en plus tôt.

    Le 1er août est "la date à laquelle nous aurons utilisé plus d'arbres, d'eau, de sols fertiles et de poissons que ce que la Terre peut nous fournir en un an pour nous alimenter, nous loger et nous déplacer et émis plus de carbone que les océans et les forêts peuvent absorber", explique Valérie Gramond de WWF, partenaire du Global Footprint Network.

    "Il nous faudrait aujourd'hui l'équivalent de 1,7 Terre pour subvenir à nos besoins", souligne WWF dans un communiqué.

    Cette date est la plus précoce jamais enregistrée depuis le lancement du "jour du dépassement" au début des années 1970, où la date retenue était celle du 29 décembre. En 2017, il était intervenu le 3 août.

    Le mouvement "s'est accéléré à cause de la surconsommation et du gaspillage", explique Valérie Gramond, qui rappelle que dans le monde, environ un tiers des aliments finissent à la poubelle. "On met à mal la capacité de la planète à se régénérer", en puisant par exemple dans les stocks de poissons, ajoute-t-elle.

    La situation diffère fortement selon les pays. "Nous avons des responsabilités différentes: des petits pays avec peu de population, comme le Qatar et le Luxembourg, ont une empreinte écologique extrêmement forte", souligne Pierre Cannet de WWF. Si l'ensemble de l'humanité vivait comme eux, le "jour du dépassement" interviendrait dès les 9 et 19 février. A l'inverse, dans un pays comme le Vietnam, la date retenue est celle du 21 décembre.

    "On doit passer du cri d'alarme à l'action", estime Pierre Cannet, qui s'inquiète de la reprise des émissions de CO2 au niveau mondial en 2017 après trois années de stabilisation.

    Sur le site internet du "jour du dépassement" sont présentées différentes solutions pour inverser la tendance: revoir la façon dont sont pensées les villes, développer et privilégier les énergies vertes, lutter contre le gaspillage alimentaire et la surconsommation de viande, limiter l'expansion démographique.

    Chacun peut calculer son empreinte écologique sur http://www.footprintcalculator.org/.

    https://www.linfodurable.fr/des-mercredi-lhumanite-aura-epuise-les-ressources-de-la-planete-pour-2018-5310

  • Apiculteurs et lobby agrochimique

    Alors, on a donc aujourd'hui un gouvernement qui va piocher dans les caisses de l'état pour aider les apiculteurs. Très bien pour les professionnels, ils en ont considérablement besoin. Mais quand on sait d'où vient le problème et il faut être un sacré crétin de ministre pour le nier, cet argent devrait être pris sur les bénéfices pharaoniques des chimistes comme Bayer et Monsanto et pas sur l'argent du contribuable. D'autre part, quand des nouvelles de ce genre tombent, il convient d'aller chercher ce qui a été dit quelques années en arrière étant donné que les politiciens ont une propension à oublier leurs propos aussi rapidement que la terre absorbe les arrosoirs que j'y déverse en ce moment...Et c'est là que je me marre parce que le Foll a dit en 2013 que les décisions à prendre ne devaient pas créer de concurrence déloyale envers les autres pays de l'UE et que par conséquent, l'interdiction des néonocotinoïdes ne pouvait être prise unilatéralement. C'est dingue... Le choix de la France est donc de continuer à empoisonner depuis 2013 pour faire comme les voisins...Et donc, maintenant que le massacre des abeilles est évident, l'état débloque une enveloppe pour compenser les pertes. Vive l'UE...Un monde de fous.


    Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert a annoncé ce lundi une aide de trois millions d'euros afin d'aider les apiculteurs touchés par les mortalités d'abeilles à renouveler leurs essaims.

    Une ruche d'abeilles noires Une ruche d'abeilles noires © AFP - FRED TANNEAU

    Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert va "mettre en place un dispositif d'aide exceptionnel pour les apiculteurs impactés", a t-il annoncé ce lundi. Ce dispositif "sera effectif d'ici fin septembre, et prendra la forme d'une aide au renouvellement du cheptel apicole (aide à l'achat d'essaims)", a t-il ajouté. "L'enveloppe consacrée à cette aide sera d'un montant de trois millions d'euros".

    L’enquête qualitative menée par la Direction Générale de l’Alimentation (DGAL) auprès des Directions Régionales de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF) sur les mortalités apicoles de l’hiver 2017/2018, a en effet "mis en lumière une augmentation par rapport aux hivers précédents en Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Provence-Alpes-Côte-D’azur et Bourgogne-Franche-Comté principalement", selon le ministère de l'Agriculture. 

    Stéphane Travert © AFP - BERTRAND GUAY

    Une aide pour le renouvellement des essaims 

    Afin de répondre au besoin de trésorerie des apiculteurs touchés, une avance sera versée rapidement dès la demande effectuée. Les apiculteurs auront ensuite jusqu'à la fin du printemps 2019 pour réaliser les achats d'essaims et transmettre les factures, selon le texte.

    Les critères pris en compte pour l'attribution de l'aide sont en cours de définition, en lien avec les organisations professionnelles apicoles. Le dispositif sera articulé avec les aides déjà mises en place par les collectivités territoriales et notamment les Conseils Régionaux.

    Un taux de mortalité pouvant monter jusqu'à 80%

    Depuis plusieurs années, les apiculteurs français subissent des pertes moyennes de 30% de leurs cheptels en hiver, selon l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf).

    Durant l'hiver 2017/2018 "on a franchi un cap supplémentaire", avec des taux de mortalité pouvant grimper à 40%, 50% voire 80%, avait indiqué en juin Gilles Lanio, président de l'Unaf.


     

    ARTICLE DE 2013

    Un plan d'aide aux apiculteurs mais sans nouvelle interdiction de pesticide

    avec AFP

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    Le gouvernement a lancé vendredi un plan sur trois ans pour redynamiser l'apiculture française ne prévoyant aucune nouvelle interdiction de pesticide, au grand dam des apiculteurs qui estiment que "sans abeille, pas de miel".

    Le gouvernement a lancé vendredi un plan sur trois ans pour redynamiser l'apiculture française ne prévoyant aucune nouvelle interdiction de pesticide, au grand dam des apiculteurs qui estiment que "sans abeille, pas de miel". — Jean-Francois Monier afp.com

    Le gouvernement a lancé vendredi un plan sur trois ans pour redynamiser l'apiculture française ne prévoyant aucune nouvelle interdiction de pesticide, au grand dam des apiculteurs qui estiment que «sans abeille, pas de miel».

    C'est chez un couple d'apiculteurs de son fief de la Sarthe que le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a dévoilé les grandes lignes de ce «plan pour le développement durable de l'apiculture» destiné à «faire de la France l'un des grands pays apicoles de l'Union européenne». Son constat: la filière manque cruellement de bras et d'ailes puisque plus de 50% du miel consommé en France est importé. Et elle n'est pas suffisamment structurée: plus de 90% des apiculteurs ont moins de 30 ruches et seuls 1.600 (4%) sont «professionnels». Pour y remédier, le ministre veut créer une spécialité «apiculture» dans les BAC pro et BTS. L'objectif: 200 à 300 installations par an, a-t-il détaillé.

    Son plan, doté de 40 millions d'euros sur trois ans, ne prévoit cependant aucune nouvelle interdiction de pesticide. En juin, Stéphane Le Foll avait interdit le Cruiser OSR sur le colza. Pour améliorer «la préservation de la population d'abeilles», le ministre prévoit de créer un observatoire des résidus de pesticides dans l'alimentaion de l'abeille et d'«organiser rationnellement la lutte» contre le frelon asiatique, grand prédateur d'abeilles classé comme «nuisible» en 2012.

    «Zéro néonic et l'abeille vivra»

    «Ce plan va dans le bon sens» et jamais aucun plan apiculture n'a dégagé autant de moyens, commente Olivier Belval, président de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf), qui dit représenter 700 apiculteurs professionnels et 40% des apiculteurs. Mais «2013 sera une année avec pesticides et nous sommes déçus», ajoute-t-il.

    «On n'arrive pas à maintenir nos cheptels. L'abeille quitte la ruche, ne revient pas, elle meurt. Alors, ça sert à rien de donner des subventions de soutien au cheptel, la question est politique et environnementale», s'agace Gaëlle Brossier, secrétaire générale de la Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP), qui représente environ 150 professionnels. Une quinzaine d'entre eux, remontés contre le ministre, l'attendaient vendredi à l'entrée de l'exploitation vendredi avec des pancartes «zéro néonic et l'abeille vivra», en référence aux néonocotinoïdes accusés d'être dangereux pour les abeilles. «Ca fait quatre ans que je suis installée, j'ai 350 ruches et j'en ai perdu 40. Pour s'en sortir, il faut élever en forêt car dans les champs c'est plus possible», s'inquiète Gaëlle Grossier.

    Stéphane Le Foll se dit conscient du problème. Mais plutôt que de prendre des décisions en France, il plaide que «le mieux est de les prendre à l'échelle européenne» pour éviter de mettre les agriculteurs français en situation de «concurrence déloyale». La Commission européenne a proposé la semaine dernière d'interdire pendant deux ans l'utilisation de certains pesticides sur quatre types de cultures (maïs, colza, tournesol et coton). «La France soutiendra la position de la Commission», a assuré le ministre, avec l'espoir qu'elle soit adoptée à l'échelle européenne pour l'été. Mais «il faut aussi qu'on se donne le temps de régler l'ensemble des autres problèmes. Est-ce que ça a un impact ou pas sur les productions de céréales ? (...) Quelles sont les alternatives ?», a-t-il demandé.

    Pour l'Union des industries de la protection des plantes (IUPP, pesticides), «la réussite d'un tel plan ne passera que par un travail collectif et multi-partenarial, basé sur le respect et la compréhension de tous les acteurs impliqués».


     

    Il y a en bas de ce deuxième article le nom d'un organisme qui semble promouvoir "une agriculture saine pour le bien de tous", l'IUPP, et après quelques doutes et donc de recherches, je tombe sur un article qui décrypte toute la dialectique réjouissante du lobby et tout ce que ça cache... Effarant. Le pouvoir financier qui oeuvre à des décisions favorables à l'usage de tous les produits chimiques imaginables et qui fait une promotion de dingue auprès des agriculteurs...On n'est pas prêt de sortir la tête du sable...Les politiciens ne sont pas au service de la population et ne le seront jamais parce que les sommes pharaoniques qui sont en jeu les hypnotisent et que les accointances avec les lobbies seront toujours les plus fortes.

    https://www.humanite.fr/lobby-agrochimique-cachez-ces...

    En faisant croire, à travers cette exposition, que les pesticides ne sont pas si dangereux et que leur emploi est indispensable, l’Uipp espère rendre ces molécules «	socialement plus acceptables	». Un leurre. Michaël Adelo pour Le Siècle Vert

    En faisant croire, à travers cette exposition, que les pesticides ne sont pas si dangereux et que leur emploi est indispensable, l’Uipp espère rendre ces molécules « socialement plus acceptables ». Un leurre. Michaël Adelo pour Le Siècle Vert

    LOBBY AGROCHIMIQUE. CACHEZ CES PESTICIDES QUE JE NE SAURAIS VOIR

    Vendredi, 18 Mai, 2018

    Alexandra Chaignon

    Tout ce que vous avez voulu savoir sur les produits phytopharmaceutiques : c’est ce que promet une exposition éphémère présentée par Monsanto et consorts...

    Hasard du calendrier ? Pas sûr… Alors que se déroulera, samedi, la 6e édition de la Marche mondiale contre Monsanto-Bayer et consorts, l’Union des industries pour la protection des plantes (Uipp) inaugurait cette semaine en grande pompe la Cité du siècle vert : un « espace végétal éphémère » – comprenez un lieu d’exposition – de 850 m2 destiné à faire « découvrir le monde de la santé des plantes et son histoire ». Pour un public non averti, sensible à la préservation de l’environnement, l’intitulé peut paraître séduisant. D’où la nécessité de le décoder.

    Car, ici, tout est question de dialectique. « Chaque mot a été validé par l’Académie de l’agriculture », soutient d’emblée Eugénia Pommaret, la directrice de l’Uipp. Ici, on parle « protection des cultures », « santé des plantes », « chimie de synthèse ». Mais pas de pesticides. C’est pourtant l’enjeu de cette exposition, dont l’ambition est de « rétablir des vérités sur les bénéfices des solutions de protection des cultures, trop souvent ignorées, voire systématiquement décriées ». Revenons d’ailleurs sur cette organisation professionnelle qu’est l’Union des industries pour la protection des plantes : les 22 entreprises adhérentes, parmi lesquelles on retrouve Monsanto-Bayer et Syngenta, représentent… 95 % du marché des produits phytosanitaires. Mais, là aussi, silence. De là à penser qu’il s’agit d’une vaste opération de greenwashing, il n’y a qu’un pas…

    L’IMPASSE TOTALE SUR LES CONSÉQUENCES SANITAIRES DE CES PRODUITS...

    « Nous sommes bien conscients de l’interpellation, voire des inquiétudes, que les Français peuvent avoir autour des phytosanitaires. L’objectif de cette exposition est justement de faire de la pédagogie auprès du grand public », résume Eugénia Pommaret, qui assure avec aplomb vouloir « récréer un espace apaisé pour la discussion avec nos détracteurs ».

    Nul doute que la polémique sur le glyphosate a poussé cet organe de lobbying à sortir du silence. Il n’a d’ailleurs pas lésiné sur les moyens : simulateur de conduite de tracteur, laboratoire de chimie pour retracer le parcours d’une molécule, conférences scientifiques, témoignages d’agriculteurs… Le tout étayé de raccourcis et d’arguments massues, à l’image du « chemin en 12 étapes », consacré à « l’évolution des pratiques et des solutions de protection des plantes des cent dernières années ». En bref, un panégyrique bourré de raccourcis et d’omissions.

    Plants de patates malades… Tout commence par les années 1910, pour comprendre comment on a maîtrisé le mildiou, ce champignon qui décimait les cultures. Puis comment, en 1920, le désherbage mécanique a soulagé le travail des femmes, « qui étaient considérées comme la solution de désherbage ». Viennent ensuite les années 1930-1940, où « les enfants allaient à la chasse aux insectes ravageurs plutôt qu’à l’école »… Et comment le machinisme les « a sortis des champs ». « Et ce n’est pas si lointain », ponctue Eugénia Pommaret… Le raccourci est plus qu’orienté. Mais la fervente porte-parole de la filière a bien compris que c’est ce type d’anecdote que retiendront les scolaires.

    Autre vitrine, autre époque : entre 1940 et 1950, c’est l’époque où il faut produire plus pour nourrir plus de monde ; les hommes découvrent les pouvoirs de la chimie moderne. Herbicides, insecticides, fongicides : c’est le début des pesticides. Puis arrivent les années 1960 et la prise de conscience de l’impact sur l’environnement, grâce notamment au travail des ONG : « Il faut le dire », souligne Delphine Guey, la directrice de la communication de l’Uipp, soucieuse de rétablir une certaine vérité. Mais si l’exposition mentionne l’interdiction de l’insecticide DDT, elle fait totalement l’impasse sur les conséquences sanitaires de ces produits, alors que des scientifiques dénoncent déjà leurs ravages… On passe donc à l’essor du biocontrôle au début des années 1980, ou « comment les coccinelles et autres insectes sont devenus les alliés des agriculteurs », souligne la directrice de l’Uipp, qui n’hésite pas à rappeler que plus de 50 % des produits biologiques sont aujourd’hui fabriqués par les géants de l’agrochimie ! Et depuis, avec la génétique, la robotique, la protection des plantes, etc., l’agriculteur est mieux outillé pour assurer « le développement d’une agriculture performante et d’une alimentation sûre ».

    DES ALLÉGATIONS LOURDES DE SOUS-ENTENDUS ET DE NOMBREUX OUBLIS

    Pas de contre-vérités, certes. Mais des allégations lourdes de sous-entendus, comme ces chiffres sur la prétendue « réalité agricole » : « Sans protection contre les maladies du blé, 34 milliards de baguettes de pain seraient perdues chaque année » ; « en soixante ans, les doses moyennes (de pesticides – ndlr) pour protéger un hectare ont été divisées par 34 ». Pourtant, l’utilisation des produits phytosanitaires a bondi de 22 % depuis 2008 ! En outre, études et expériences s’accumulent pour prouver qu’il est possible de se passer de ces produits dangereux.

    Et surtout on constate de nombreux oublis. Quid de la disparition des abeilles à cause des néonicotinoïdes ? Quid de la pollution des eaux ? On nous dit que l’exposition a été validée par des scientifiques. Mais aucune mention n’est faite des études menées depuis trente ans et montrant que ces substances sont bel et bien à l’origine de diverses maladies. Aucune allusion non plus au Circ, cette agence rattachée à l’OMS, qui, en 2015, a classé cinq pesticides, dont le glyphosate, comme cancérogènes « probables »… Interrogée à ce sujet, la directrice de l’Uipp rétorque que les produits « sont systématiquement évalués quand ils arrivent sur le marché », tout en se déchargeant sur « les autorités sanitaires, qui décident si un produit peut être présenté sur le marché ». Et d’insister sur la « transparence » des industriels. Un comble quand on sait que ces mêmes industriels ne produisent jamais leurs données toxicologiques…

    En faisant croire que les pesticides ne sont pas si dangereux et que leur emploi est indispensable, l’Uipp espère rendre ces molécules « socialement plus acceptables ». Une véritable campagne d’intoxication !

    La polémique sur le glyphosate a poussé les industriels à sortir du silence. Leur objectif : « rétablir la vérité ».

    Alexandra Chaignon

     

    LA LECTURE DU SITE DE L'IUPP est digne d'un bad trip aux pesticides, des éléphants roses qui planent à quinze mille mètres et nous proposent "un monde meilleur..." Il serait vraiment temps que les agriculteurs ouvrent les yeux...Et leur conscience...

    http://www.uipp.org/Qui-sommes-nous/Notre-vision

    NOTRE VISION

      

    L’Union des Industries de la Protection des Plantes (UIPP) en collaboration avec l’ensemble de la filière agricole travaille à garantir une agriculture moderne, innovante et respectueuse de la santé et des ressources naturelles, ce afin d’assurer une production durable des cultures françaises.

    Notre vision

    Les produits phytopharmaceutiques font partie des outils mis à la disposition d’une agriculture durable et moderne. Ils contribuent à répondre aux besoins des populations et à leur donner accès à une alimentation saine, de qualité et en quantité suffisante.

    En réduisant les pertes dues aux maladies, mauvaises herbes et insectes ravageurs, la protection des plantes s’inscrit aujourd’hui pleinement dans une démarche de raisonnement systématique. Les interventions sont ajustées en fonction de chaque situation et uniquement si cela est nécessaire.

    Produits et solutions de la la protection des plantes et des cultures 

    Nos entreprises adhérentes proposent une palette d’outils de protection des plantes variés, ainsi que des solutions qui aident les professionnels à les utiliser. L’ensemble de ces solutions permettent une intervention raisonnée et adaptée.

    • Les produits de synthèse
    • Les produits d’origine minérale, destinés notamment à l’agriculture biologique, notamment le cuivre et le souffre à l’état naturel.
    • Les produits  de biocontrôle : organismes vivants (coccinelles, larves, etc.), médiateurs chimiques (phéromones, kairomones) ou autres substances naturelles.

    Un suivi des produits est opéré sur la durée après leur mise sur le marché. Et pour une meilleure utilisation, nous proposons un accompagnement et des services à la disposition des professionnels de l’agriculture, comme les Outils d’Aide à la Décision, qui permettent de déterminer les seuils d’intervention.

     

     

     

    •  

  • Tourisme de masse (2)

    Thierry Ledru

    18 min · 

    Une solution très simple pour l'habitat: les habitations à l'année sont exonérées de taxe d'habitation et toutes les maisons louées pour les touristes ont une taxe triplée. Ça va déjà calmer tous ceux qui participent au saccage de leur région. 
    Deuxièmement, tous les emplois à l'année voient les taxes amputées de moitié et tous les emplois d'été doivent être associés à un logement de qualité. Ça va calmer les patrons qui se plaignent de ne pas avoir de personnel mais sont lespremiers à vouloir profiter du tourisme. On a le même problème ici dans les stations de ski où les saisonniers se "logent" dans des camions et "dorment" sur les parkings les plus reculés, parfois sans aucun accès direct à l'eau potable.
    Tous les commerces à touristes 'hors alimentaire" doivent également être surtaxés.
    Toutes les agences touristiques qui se contentent de faire du transport doivent être taxées afin que cet argent soit utilisé par les associations de sauvegarde du patrimoine. 
    Mais, bon, tout ça, faut du courage dans les municipalités et de la solidarité dans la population...Donc... :(

    Autre remarque qui n'a rien à voir mais qui s'impose malgré tout : tous les gens qui sont sur cette photo sont en surpoids...

    Quand les touristes ne sont plus les bienvenus

     Par Emilie Tôn, publié le , mis à jour à   
    Les falaises d'Etretat accueillent environ un million de visiteurs chaque année.

    Les falaises d'Etretat accueillent environ un million de visiteurs chaque année.

     

    Emilie Tôn

    Villes "muséifiées", gentrifiées, vidées... Les habitants acceptent de moins en moins les désagréments du tourisme de masse.

     

    "Les croisiéristes qui débarquent à 1200 sur les falaises pour prendre deux-trois photos en coup de vent et puis s'en vont, clairement, nous n'en voulons pas. Chaque année, nous accueillons déjà environ un million de visiteurs. Sur un territoire en vallée encaissée extrêmement contraint de 4 km², ça devient compliqué à gérer." Pour Pierre-Antoine Dumarquez, le constat est simple et il le dresse sans que le cri des mouettes, qui l'entourent, ne vienne le perturber.  

    "Etretat est une commune de 1300 habitants, confrontée à un vieillissement de la population qui, en plus, est en phase décroissante.Si cette population à l'année continue de diminuer, ce sont les commerces et les écoles qui sont en danger", poursuit le premier adjoint au maire et président de l'Office du tourisme de la cité balnéaire. Avec ses falaises mythiques, sa plage, ses nombreux restaurants et ses maisons en brique, le petit village normand a tout ce qu'il faut pour attirer les touristes. Trop, peut-être, pour les "autochtones", qui se trouvent noyés sous cette marée de visiteurs et les désagréments qu'ils provoquent. 

     

    Ecoutez Emilie Tôn parler de la "tourismophobie", de ces Français que l'afflux de touristes commence à chasser des villes où ils habitent (sur SoundCloud). 

    LIRE AUSSI >> Venise, Amsterdam, Dubrovnik... Ces villes n'en peuvent plus du tourisme de masse 

    Les médias français s'en sont fait largement l'écho : à l'étranger, les habitants de San Sebastian, Barcelone, Amsterdam ou encore Gérone se sont mobilisés pour protester contre ce qu'ils perçoivent comme des hordes de touristes débarquant sur leurs terres. Le développement d'une offre de voyage low cost, complétée par l'uberisation des locations de vacances, grâce aux plateformes de type Airbnb, n'a cessé de faire grossir leurs rangs. Au point de pousser les locaux, mécontents de vivre dans des cartes postales aux apparences trompeuses, à se fédérer.  

    "Tourists go home", réclament-ils sur les murs de leurs villes. Comme les Vénitiens, ils n'ont pas envie que les locations de vacances fassent exploser les prix de l'immobilier et ne contraignent les leurs au déménagement. Et pour cause, en trente ans, la cité flottante a perdu la moitié de ses résidents. Ainsi qu'une grande partie de ses commerces de proximité, remplacés au fil des ans par des boutiques et restaurants attrape-touristes.  

    "Nous ne voulons pas de touristes dans nos immeubles, ceci n'est pas une station balnéaire", indique cette bannière sur la plage de La Barceloneta, en août 2017

    "Nous ne voulons pas de touristes dans nos immeubles, ceci n'est pas une station balnéaire", indique cette bannière sur la plage de La Barceloneta, en août 2017

    afp.com/Josep LAGO

    Peut-on s'attendre à une gronde "tourismophobe" similaire dans l'Hexagone ? Car elles sont nombreuses les communes, comme Etretat, à souffrir d'une trop grande attractivité. "C'est possible", avertit Marie Delaplace, professeure d'aménagement à l'École d'urbanisme de Paris (EUP) de l'université Paris-Est Marne-la-Vallée. "Dans certaines zones, les habitations sont complètement retirées du marché pour devenir des logements pour touristes. Il est plus rentable de louer quelques jours par-ci, par-là, plutôt qu'au mois." Vincent, administrateur de la page Facebook du "Front de libération Bordeluche (FLBP)", qui ironise avec humour sur les Parisiens de passage dans sa bonne ville de Bordeaux, confirme : "Dans le quartier Saint-Pierre, il n'y a plus que des Airbnb. Ça rapporte bien plus que de les louer à des étudiants." 

    Selon un recensement réalisé par l'Insee en 2015, Le Grau-du-Roi comptait ainsi 81% de résidences secondaires. La plupart servent principalement d'appartements-vacances mis en location pendant la saison estivale. Sur les 662 logements qu'affiche la commune de Germ, dans les Hautes-Pyrénées, seuls 3% sont occupés à l'année. A l'exception d'une poignée de moines, personne ou presque ne vit encore au Mont-Saint-Michel. Aux Baux-de-Provence, 22 irréductibles résistent dans le centre historique aux "touristes-envahisseurs". Dans certaines villes du littoral breton, le taux de résidences secondaires atteint aussi les 80%. Sur l'ensemble de la région, il ne représente pourtant que 12%.  

    "Ce sont des dizaines de milliers de logements inoccupés les trois-quarts de l'année et dont la vente fait monter les prix de l'immobilier sur le littoral", s'énerve Ewan Thébaud, du collectif indépendantiste Dispac'h. Le jeune homme regrette les conséquences d'un tel phénomène. "Comment un jeune ou un couple de jeunes, avec peu de revenus, peut-il s'installer dans ces secteurs-là quand le prix d'une maison descend rarement en dessous de 200 000 euros et peut facilement dépasser les 600 000 euros ? C'est le pouvoir de l'argent contre toute logique de développement durable des territoires. Nous réclamons que les élus prennent le problème à bras le corps." 

    Des villes gentrifiées

    Au bar-tabac d'Etretat, installé dans une petite maison de briques à deux pas de la mairie, la serveuse confie une situation similaire. "Les propriétaires mettent tout en location-vacances. Beaucoup de gens qui travaillent ici vivent dans les campagnes alentours. C'est moins cher." Malgré son parc hôtelier de 296 chambres, le petit village normand a vu les plateformes de location prendre de plus en plus d'importance ces dernières années, au point d'inquiéter sérieusement la municipalité. "Rien que sur Airbnb, il y a 8000 arrivées de voyageurs par an. Etant donné le rendement annuel de 10000 euros par logement, les gens cherchent à acheter. Les résidences secondaires représentent désormais 50% de notre parc immobilier. Sans compter celles qui sont dans les communes voisines...", explique la directrice de l'office du tourisme, Magalie Thuillier.  

    Avec le temps, la responsable a observé une gentrification du centre de la commune causée par l'affluence de touristes hébergés dans ces propriétés. Une hausse des prix qui n'est pas sans conséquences pour les Etretatais. "Je ne peux pas faire mes courses dans les commerces du village, ça coûte trop d'argent. Mes enfants m'emmènent plus loin, en grande surface, pour les commissions", confie la dame en charge de l'entretien des toilettes publiques. Pas grand-chose à faire non plus le soir, surtout pour les plus jeunes, comme l'explique son fils, un grand gaillard âgé d'une vingtaine d'années. "Ici, on vient voir la falaise et on repart. Si on veut sortir, on doit aller au Havre."  

    Et pour travailler, il faut prendre la route dans la même direction. "Mon fils a eu de la chance, il a décroché un apprentissage à la boucherie", dit fièrement cette mère de trois enfants aux cheveux grisonnants. "Mais les autres ont dû partir, car travailler dans les hôtels et les restaurants, ce n'est pas possible l'hiver, quand ils sont vides", souffle son garçon.  

    LIRE AUSSI >> Tourisme: la face cachée du nouveau record français 

    En Bretagne, Ewan Thébaud observe les mêmes départs. "Surtout chez les jeunes, qui se tournent vers les grandes villes comme Nantes, Rennes et Brest où il y a plus d'emplois stables." Pourtant, à Etretat, les emplois ne manquent pas. "Bien que le taux de chômage soit supérieur à la moyenne, les restaurateurs ne parviennent pas à recruter", souligne le premier adjoint Pierre-Antoine Dumarquez. Comment l'expliquer ? "Il est difficile de trouver du personnel dans ces zones où le marché de la résidence secondaire a fait grimper les prix des logements. Cela élève le niveau de salaire demandé", développe l'universitaire Marie Delaplace.  

    Faudrait-il également réglementer Airbnb et ses clones ? Depuis le 1er juillet, la plateforme s'est engagée à collecter directement la taxe de séjour dans les 23 000 communes françaises qui l'appliquent, avant de la reverser aux collectivités. Mais certaines villes ont décidé de prendre des mesures supplémentaires. "Pour éviter la spéculation immobilière dans le centre-ville et l'hyper centre-ville, la ville de Bordeaux a par exemple limité le nombre maximum de nuitées par logement à 120 par an", indique Fabien Raimbaud, chargé de projets à la Mission des offices de tourisme de Nouvelle-Aquitaine (Mona). Idem à Paris, où 20 000 logements ont déjà disparu du marché traditionnel pour rejoindre les plateformes de location. "Nous aimerions imposer la même chose à Etretat, pour que les habitants puissent revenir. Mais cette mesure ne concerne que des villes de plus de 200 000 habitants", regrette Pierre-Antoine Dumarquez, qui prévoit d'interpeller le gouvernement à ce sujet à la rentrée.  

    "Tout sature"

    Sans hébergement, difficile de faire venir de nouveaux habitants. D'autant que l'image d'une ville saturée par le tourisme fait déjà office de repoussoir. "Nous aimons venir pour une balade. Mais je n'apprécierais pas vivre tous mes étés entre les vendeurs de glace et les touristes qui prennent des photos. Il y a des jours où c'est vraiment insupportable", confie du haut de la falaise une Havraise, qui s'est offerte un bol d'air frais en compagnie de sa fille après une journée au bureau.  

    A Bordeaux, c'est l'authenticité - réelle ou fantasmée - perdue qui créé cette sensation de saturation. "Depuis toujours, les Bordelais se retrouvent au marché des Capucins le dimanche matin pour grignoter et s'envoyer un verre de blanc. Maintenant, il y a tellement de monde qu'ils n'y vont même plus", râle Vincent du FLBP. Il le sait : cette muséification des centres-villes et villages poussent les habitants à les déserter pour vivre en périphérie, où les embouteillages sont moins nombreux, les places de stationnement plus disponibles et les commerces plus accessibles. "Les nouveaux arrivants ou les touristes ont causé une surchauffe : la ville est en sous-capacité pour le tram, les routes, les hôtels, les plages. Tout sature." 

    Avec les foules, vient également l'imprudence, comme à Etretat, où la municipalité a dû mettre en place une brigade pour dissuader les touristes de traverser le "trou à l'homme" - un tunnel sous la falaise qui dessert une plage isolée - lorsque la marée s'apprête à monter. "Les gens ne font pas attention et paniquent ensuite lorsqu'ils sont pris au piège, isolés par la mer", soupire Pierre-Antoine Dumarquez. Les avertissements signalétiques, la pédagogie de l'office du tourisme, la brigade présente sur place et même la création d'une amende... Rien n'y fait. En 2017, les secours sont intervenus 27 fois, aidant en tout 130 personnes au trou à l'homme. "Puisqu'en France les secours sont gratuits, c'est la collectivité qui paye. Rien qu'en patrouille, ça nous coûte 10 000 euros par an." Et c'est sans compter le coût écologique. "La surfréquentation des falaises fragilise aussi le site, où sont installées des espèces protégées, développe Magalie Thuillier. Les gens dépassent le sentier balisé. Ils créent de nouveaux cheminements à force de piétinement." 

    A Bayonne, où les Fêtes ont démarré ce mercredi, les habitants sont également lassés de mettre de leur poche pour la casse causée par le million de visiteurs qui y participent à chaque édition. Cette année, pour la première fois, les non-résidents ont dû payer un bracelet d'entrée à 8 euros, pour compenser les frais. "Les Bayonnais viennent surtout le mercredi et le jeudi, pas le week-end, pour éviter la foule, car les touristes viennent avant tout pour faire la fête. Ils ne respectent pas les traditions et les festivités", réagit Ludivine, habitante des lieux. "Les contribuables bayonnais en avaient assez de payer pour le nettoyage, la réparation et la sécurité. Ils râlaient, donc ce bracelet est peut-être une bonne chose !" 

    Peut-être inspiré par ce qui se passe côté espagnol, au pays basque français, aussi, ça commence à gronder. Aux revendications identitaires traditionnelles s'est ajoutée une petite dose de tourismophobie. Des autocollants "Parisien dégage, t'as Paris plage" sont apparus. A Biarritz, les locaux se sentent cernés et les élus sont invités à réagir. Et vite. 

    Y trouver son intérêt

    Pour éviter les effets nuisibles du tourisme de masse, Fabien Raimbaud, de la Mona, estime que les collectivités doivent proposer des activités en dehors des centres touristiques. "A Lyon, les agents de l'office de tourisme vont à la rencontre des visiteurs dans les rues pour leur proposer des visites différentes, selon qu'ils sont là pour la première fois ou qu'ils connaissent déjà bien la ville."  

    Pour aller plus loin encore, le spécialiste du tourisme propose, en plus de faire de la pédagogie dans les écoles, d'impliquer les habitants sur le modèle des greeters, comme cela se fait à Paris où des bénévoles donnent de leur temps pour faire visiter la capitale autrement. "Ce qui est désagréable, lorsque l'on vit dans un quartier touristique, c'est de voir les touristes uniquement comme une externalité négative. Mais si, pour des raisons diverses, on les héberge ou on échange avec eux, on peut aussi y trouver son intérêt", affirme la chercheuse Marie Delaplace. 

    Mieux encore, pour éviter la saturation pendant les trois mois d'été : proposer des activités tout au long de l'année, pour mieux étaler la fréquentation touristique. "Etretat est à 2h30 de Paris, ce qui est un avantage et, en même temps, un inconvénient. Dès qu'il y a un rayon de soleil, les Franciliens débarquent en masse", constate Magalie Thuillier. Face à elle, des tracts pour toutes sortes d'événements : un salon du livre, des pièces de théâtre, un festival de l'image, des randonnées... "Nous essayons de ne pas les concentrer l'été. D'autant qu'à ce moment de l'année, les gens préfèrent la plage", sourit la directrice de l'office du tourisme, qui peut aujourd'hui se vanter d'accueillir des visiteurs de la Saint-Valentin à la Toussaint.  

    Dernière solution pour ne pas nuire à la qualité de vie des habitants : privilégier et faire la promotion d'un tourisme "de qualité". "Les cars qui déversent des foules pour une heure ou deux, sans consommer quoi que ce soit, ça ne créé que des nuisances. Nous, nous voulons des gens qui s'intéressent aussi au patrimoine historique et culturel du site", développe Pierre-Antoine Dumarquez, qui précise : "Sans pour autant faire un tri par l'argent." 

    Ces mesures sont-elles suffisantes pour réconcilier locaux et touristes ? "Je l'espère !", souffle Romain, un habitant de Biarritz, ville qui a perdu 15% de sa population en dix ans, au profit des résidences secondaires. Et il prévient : "Les gens en ont marre, tout le monde se barre. Si rien n'est fait, il ne restera que les touristes !" Mais Biarritz sans les Biarrots, est-ce vraiment encore Biarritz ? 

  • Qui est prêt à s'engager ?

    Thierry Ledru

    À l’instant · 

    Ce constat du réchauffement climatique, les scientifiques en parlent et publient des études depuis trente ans mais de l'autre côté, on trouve les politiciens et les financiers qui ne s'intéressent qu'à la croissance du PIB et à l'économie (qui porte très mal son nom puisqu'elle n'économise rien du tout)...Du coup, la solution ne viendra jamais des gouvernements qui ne prendront pas le risque électoral de promouvoir la décroissance et donc, c'est à chaque individu de s'engager dans cette voie. Mais qui le veut réellement ?...Qui par exemple va décider de changer de régime alimentaire quand on sait de façon irréfutable que la consommation de viande a un impact considérablement dévastateur sur le climat ? Qui va décider de ne plus prendre l'avion pour aller visiter des pays exotiques quand on sait que la pollution atmosphérique des avions est gigantesque ? Qui va décider d'acheter du bio local quand on sait que de la viande venant des quatre coins du monde est vendue en France, tout autant que des fruits et légumes hors saison ou des fruits exotiques venus par cargos et que ces cargos représentent une pollution mille fois plus importante que les véhicules individuels ? Qui va demander aux gouvernements d'abandonner la promotion effrénée du véhicule individuel au profit du transport ferroviaire en relançant ces centaines de lignes abandonnées au profit des trains à grande vitesse entre grandes villes ?

    Il suffit d'imaginer quelques secondes tous ces grands patrons d'industrie et leur pouvoir immense pour comprendre que tout ça n'arrivera jamais depuis le haut de la pyramide...Donc, soit on s'engage individuellement, soit on accepte le désastre en cours.

     

    Le cercle arctique est en train de brûler

     

    par 

    incendie forêt feu

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    Crédits : iStock

    Une vague de chaleur intense alimente les feux de forêt en Europe du Nord, avec au moins 11 incendies qui font rage dans le cercle polaire, rapporte The Guardian. La Suède est le pays le plus touché.

    De multiples communautés ont été évacuées et des milliers de personnes ont été invitées à rester à chez elles avec leurs volets et leurs fenêtres fermées pour éviter l’inhalation de fumées nocives. « C’est certainement la pire année que j’ai connue », explique Mike Peacock, chercheur universitaire et résident local. « Alors que nous sommes habitués à voir des incendies chaque année, 2018 s’annonce vraiment excessif ». Rappelons que le cercle arctique enregistre actuellement des températures localement supérieures à 30 °C – une tendance qui devrait se poursuivre dans les prochains jours.

    Les climatologues préviennent par ailleurs que l’Arctique et d’autres régions qui connaissaient normalement une très faible activité de feu deviennent de plus en plus vulnérables aux incendies de forêt, peut-on lire dans The Guardian« Ce que nous voyons avec cette vague de chaleur mondiale, c’est que ces zones de vulnérabilité au feu s’élargissent maintenant, avec les landes au nord-ouest de l’Angleterre et maintenant ces feux suédois en sont une conséquence », note Vincent Gauci, professeur d’écologie à l’Open University, au Royaume-Uni. « Lorsque de tels écosystèmes riches en carbone connaîtront l’aridité et la chaleur et qu’il y aura une source d’inflammation, plus d’incendies se produiront ».

    Irlande, Écosse ou Canada en passant par le Moyen-Orient, rappelons qu’il y a deux semaines, de nombreux endroits dans l’hémisphère Nord ont vu le thermomètre grimper, conduisant à des températures étouffantes. Quelques records ont d’ailleurs été établis : Denver, par exemple, a égalé son record historique de la plus haute température avec 40,5 °C le 28 juin. Montréal a également enregistré sa température la plus élevée jamais enregistrée depuis 147 ans, soit 36,6 °C le 2 juillet.

    En Europe, Greycrook, en Écosse, a provisoirement établi sa température la plus chaude jamais enregistrée : 33,2 °C le 28 juin. Quriyat, à Oman, affichait le 28 juin dernier la plus chaude du monde (pour une ville) : 42,6 °C.

    Source

    Qui va considérer que le sort des oies bernaches mérite d'être pris en compte ? 

    Les oies migratrices sont épuisées par le réchauffement climatique

     

    par 

    oie migration oiseau

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    Crédits : Pixabay / Free-Photos

    Chaque printemps, des milliers d’oies bernaches migrent depuis le nord de l’Europe et le nord-ouest de la Russie vers leurs aires de nidification d’été dans l’Arctique. Long de 3 000 kilomètres, le voyage prend habituellement environ un mois. Mais de nouvelles recherches ont montré que la hausse des températures dans l’Arctique pousse les oies à faire le voyage en une semaine. Et elles sont épuisées.

    Vous retrouverez les oies bernaches (Branta leucopsis) en Europe, en Russie, au Royaume-Uni, au pays de Galles et dans l’Arctique. Jusqu’à ces dernières années, elles arrivaient dans l’Arctique au moment où la fonte des neiges exposait leurs sites de nidification et initiait la croissance des plantes. Les oiseaux pondaient presque immédiatement leurs œufs, qui pouvaient alors éclore une trentaine de jours plus tard. Mais au cours des dernières décennies, les choses ont changé. Les températures dans l’Arctique se réchauffent de plus en plus tôt dans la saison – environ un jour par an – ce qui exerce une pression considérable sur les oiseaux migrateurs.

    Les oies essaient néanmoins de faire face. Les scientifiques ont découvert que les oiseaux partent toujours à peu près à la même période chaque année, mais ils ont raccourci leur temps de déplacement vers l’Arctique. Un voyage qui prenait en moyenne un mois prend maintenant environ une semaine seulement, le but étant de ne pas raccourcir le temps passé sur les sites de nidification.

    Au lieu de déposer rapidement leurs œufs comme elles le font habituellement lorsqu’elles arrivent en Arctique, les oies épuisées ont en revanche besoin de plus d’une semaine pour récupérer et accumuler suffisamment d’énergie avant de pouvoir commencer à nicher. Au moment où les animaux sont prêts à pondre leurs œufs, les herbes et les plantes dont ils se nourrissent poussent déjà depuis quelques semaines. En conséquence, les oisons sortent de leurs œufs après la saison de croissance maximale plutôt que pendant celle-ci, ce qui entraîne chez eux un déclin du taux de survie.

    Les chercheurs prédisent que les oies bernaches pourraient ne pas être en mesure de suivre un tel réchauffement continu, et que par conséquent leur population pourrait en souffrir. Pour elles, la clé serait de partir plus tôt.

    Source

     

    Après les inondations, une vague de chaleur mortelle inquiète le Japon

     

    En 2100, 75% des terriens pourraient être touchés par des vagues de chaleur mortelles

     

    La Terre en surchauffe : de nombreux records de chaleur ont été battus dans le monde cette semaine