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  • "L'effondrement et la joie"

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    Alexia Soyeux

    L’effondrement et la joie

    Il est temps. Il est temps d’articuler, de dire, d’écrire.

    Depuis que j’ai découvert l’étude de l’effondrement de notre civilisation, qu’on appelle la collapsologie, je me sens beaucoup mieux. Disons, mieux.

    Avoir mis un mot sur ce sentiment diffus et persistant que tout va s’effondrer m’a procuré un soulagement immense.

    LiekeLand

    La lecture de Comment tout peut s’effondrer m’a donné de la force. Le visionnage des premiers épisodes de la web série documentaire NEXT m’a réconfortée. Pouvoir tracer un lien entre les faits, les articles, les données, et les ressentis, m’a soulagée.

    Tout peut s’effondrer. Voila, c’est dit. Je ne suis donc pas folle, ou pas seule à être folle.

    Et cela fait naître des sentiments, des émotions, des peurs, des craintes, des doutes. Cela fait d’abord s’effondrer.

    Les faits sont durs, solides et implacables.

    Bien sur, il y a des initiatives, des petits pas, des inspirations, des mouvements, des aménagements ; des personnes, des projets, des communautés à soutenir absolument, qui préparent le monde d’après.
    Alors ne faudrait-il pas être résolument optimiste et vivre l’instant présent avec foi dans l’avenir et l’humain ?

    Rien ne nous invite à l’optimisme aveugle. Et, plus encore, optimisme ou pessimisme : là n’est pas la bonne question.

    L’optimisme acharné est un frein à l’action. Tout comme le pessimisme résigné, qui immobilise toute tentative contre des puissances jugées omnipotentes.

    Entre ces deux vues, il est nécessaire de regarder le monde en face, avec lucidité et clairvoyance, pour faire jaillir d’autres imaginaires de ce monde d’après, sans céder à la panique et la paralysie.

    Pour reprendre la métaphore de la voiture de Pablo Servigne et Raphaël Stevens : nous avançons donc à toute vitesse, le réservoir est quasiment vide, nous dévalons la piste, la voiture va de plus en plus vite et sort de la route.

    Nous avons dépassé des frontières et franchi des seuils de façon dramatique et irréversible, et, non, on ne peut pas rectifier le tir. Il n’y a pas de solution, car ce n’est pas une crise de plus, crise qui sous-entendrait un retour futur à la normale.

    On ne parle pas ici de la ritournelle du “c’était mieux avant”. Encore moins d’un “ce sera mieux après”. Certains parleront de sirènes de mauvaise augure, d’oiseaux de malheur, de prophétie autoréalisatrice.

    On parle ici de faits, de publications scientifiques, mais aussi d’émotions et d’intuition.

    L’effondrement est causé par la chute massive de la biodiversité, l’épuisement des ressources fossiles, et les conséquences en chaîne qui s’en suivent : climat et catastrophes climatiques, pollution, crises économiques, financières, tensions géopolitiques et sociales.

    La collapsologie étudie ainsi les processus d’effondrement des sociétés humaines, de façon systémique, contre la pensée en silo, et permet de tisser des liens entre les domaines.

    Croissance, chômage, réchauffement, anthropocène, pétrole, biodiversité, ressources, consommation, famines, guerres : même combat.

    L’effondrement qui vient, l’effondrement qui pourra advenir entre 2020 et 2030, c’est un déclin brutal et global de notre civilisation thermo industrielle. Ses causes sont multiples, et personne ne les ignore. Mais les stratégies d’évitement de la psyché humaine sont immenses et vont du déni pur à la dissonance cognitive, en passant par la mauvaise foi ou la simple inaction.

    Pourquoi ne fait-on rien ? Parce qu’on tourne la tête, parce que le discours médiatique diffuse des raccourcis qu’on ne parvient pas à saisir, dont on ne parvient pas à prendre la mesure, et que l’esprit humain est ainsi fait qu’il ne peut craindre que des choses qu’il connaît déjà.

    Parler de 2 degrés de réchauffement, cela ne fait peur à personne, en tout cas à pas grand monde. Même 5 degrés, qui a peur de 5 degrés ? Qui comprend que 5 degrés, c’est la différence entre une période glaciaire et la période dans laquelle on vit ? Quel impact de la vue d’un ours polaire famélique sur la vie des gens ? Est-ce que cela produit un électrochoc ?

    Parler d’effondrement, c’est douloureux parfois, cela suscite de la colère, parce que cela implique de renoncer à une certaine vision de l’avenir et du progrès.

    Comme tant d’autres, je suis usée d’entendre et de lire ces avertissements murmurés, ces formules sans force, les “si nous continuons comme ca”, “à ce rythme là”, “il sera bientôt trop tard”, “nos enfants nous accuseront”.

    Il ne sera pas bientôt trop tard : il est trop tard. Mais trop tard pour quoi exactement ? Trop tard pour que les choses continuent comme si de rien n’était. Trop tard pour que la planète puisse continuer de nous abriter paisiblement.

    La planète montre ses limites, tandis que l’on avait toujours voulu la voir comme une source infinie de ressources, dans laquelle on pourrait éternellement puiser, tranquillement.

    Nous avons dépassé tous les seuils, et ce qui se profile n’est a priori pas vraiment une décroissance douce et choisie, une sobriété plus ou moins heureuse, une transition sympathique pleine de pâquerettes.

    Nous allons vers un effondrement massif de nos sociétés telles qu’on les connait aujourd’hui ; il faut faire face à cette réalité, pour s’y préparer, rapidement, psychologiquement, concrètement. Pas pour se barricader avec des conserves de sardines et des packs d’eau. Mais pour commencer à mettre en place d’autres mécanismes sociaux que ceux de la compétition acharnée et de la lutte de tous contre tous.

    Parler d’effondrement, c’est faire face au réel.

    Bien que ce mot fourre-tout désigne plutôt la mosaïque d’effondrement qui commence à advenir, il est urgent de s’y confronter.

    Collapsologie & courbe de deuil — Matthieu Van Niel

    Faire entrer le mot d’effondrement dans le réel, c’est convoquer un ensemble d’imaginaires chargé de violence et de barbarie, des scénarios hollywoodiens dystopiques sans fondements. Il nous faut dépasser les images fantasmées pour se mettre en action.

    Il est urgent de lire Pablo Servigne et Raphaël Stevens.

    “En mettant des mots sur des intuitions partagées par beaucoup d’entre nous, ce livre redonne de l’intelligibilité aux phénomènes de “crises” que nous vivons, et surtout, redonne du sens à notre époque. Car aujourd’hui, l’utopie a changé de camp : est utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant. L’effondrement est l’horizon de notre génération, c’est le début de son avenir. Qu’y aura-t-il après ? Tout cela reste à penser, à imaginer, et à vivre… “

    Il est urgent de se documenter, de diffuser la prise de conscience, de regarder la web série NEXT de Clément Montfort, de lire ou regarder Yves Cochet, Gaël Giraud, Jean-Marc Jancovici (malgré sa délicate position sur le nucléaire), Vincent Mignerot, Dennis Meadows….

    Puis, après la prise de conscience, faire face à soi : comment vivre avec l’effondrement ? Comment ne pas sombrer dans un puits d’angoisse infinie ? Comment ne pas considérer chaque chose de la vie comme vaine et futile ? Comment ne pas se rendre fou ?

    Travailler la résilience, imaginer le monde d’après, tout en vivant avec force dans le présent.
    Aller vers l’autre, commencer à vivre autrement, retrouver des réflexes d’entraide et de coopération. Se tourner vers le mouvement de la transition.
    Retrouver des perspectives par la reconnexion à soi, aux autres, à la nature,
    Etre à la hauteur de la bonté et de la beauté de l’humain et du monde, malgré tout.

    Cultiver l’émerveillement, le lien, la vie, la joie.

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    Quelques recommandations

    A voir :

    A lire :

    • Comment tout peut s’effondrer, Pablo Servigne et Raphaël Stevens
    • Les limites à la croissance (dans un monde fini), Dennis & Donella Meadows, Jorgen Rangers
    • L’âge des low tech ; vers une civilisation techniquement soutenable, Philippe Bihouix
    • Dormez tranquilles jusqu’en 2100 ; et autres malentendus sur le climat et l’énergie, Jean-Marc Jancovici
    • Ils changent le monde ; 1001 initiatives de transition écologique, Rob Hopkins
    • L’Entraide, l’autre loi de la jungle, Gauthier Chapelle & Pablo Servigne
    • Transition 2017, Vincent Mignerot
    • Ecopsychologie ; retrouver notre lien avec la Terre, Michel Maxime Egger

  • Krishnamurti : une crise de conscience

     

    « Nous disions combien il était important de provoquer dans l’esprit humain la révolution radicale. La crise est une crise de conscience, une crise qui ne peut plus accepter, aucunement, les vieilles normes, les vieux modèles, les anciennes traditions et, en considérant ce que le monde est maintenant, avec toute la misère, les conflits, la brutalité destructrice, l’agression, et ainsi de suite… l’homme est resté tel qu’il était, il est toujours brutal, violent, agressif, cupide, compétitif, et il a construit une société sur ces bases.

    Ce que nous essayons de faire dans toutes ces discussions, ces discours ici est de voir si nous pouvons radicalement apporter une transformation de l’esprit, ne pas accepter les choses telles qu’elles sont, mais de les comprendre, de les étudier, de les examiner. Donnez votre cœur et votre esprit dans tout ce que vous recherchez. Une façon de vivre autrement. Mais ça dépend de vous et de personne d’autre, car dans ceci, il n’y a pas d’enseignant, d’élève, il n’y a pas de chef, ni de gourou, il n’y a pas de maître, pas de sauveur, vous êtes vous-même le professeur, l’élève, vous êtes le maître, vous êtes le gourou, vous êtes le chef, vous êtes tout ! Comprendre, c’est transformer ce qui est. »

    Jiddu Krishnamurti

  • Je suis en colère

    Quand je relis tout ce que j'ai écrit sur ma page Facebook aujourd'hui, je me dis que j'aurais mieux fait, encore une fois, de fermer ma grande g... et de m'asseoir sur ma colère. 
    Parce qu'au final, ça sert à quoi ? Je suis qui pour aller balancer mes certitudes à tout va ? Et en dehors de déclencher le zapping sur une autre page, quel effet ça aura ? 
    Seulement, la semaine dernière, il y a une petite fille de ma classe que j'ai vue pleurer quand j'ai parlé des effets de la déforestation en Amazonie, pour remplacer la jungle par des prairies à bovins, des bovins pour les étals des bouchers et des champs de soja pour nourrir les bovins. Et j'ai vu qu'elle essuyait ses yeux, rapidement, pour que personne ne la voit. 
    Alors, je fais quoi moi avec la détresse de cet enfant ? 
    Je ferme ma gueule ? Ça n'a pas de valeur les larmes d'un enfant, ça ne mérite pas qu'on se mette en colère ? 
    Mais alors, qu'est-ce qui peut faire bouger cette humanité ? 
    Faudra-t-il attendre la mort des enfants ? 
    Ah, mais c'est déjà le cas en fait... ça meurt à la chaîne... L'alimentation, la pollution de l'air, de l'eau, des plantes, le bonheur de vivre, tout ça, les bombes, les guerres des adultes, les famines, l'eau qui n'est plus potable, les épidémies, les enfants cancéreux...Quand j'étais enfant, jamais je n'entendais parler du cancer des enfants. Est-ce que ça existait mais que le sujet était tabou ou est-ce que leur nombre augmente sans cesse ? Je n'en sais rien mais je sais que ça existe et que c'est incompréhensible à mes yeux en dehors de déréglements exogènes. 
    Et là, j'entends chaque parent prier pour que ça n'arrive pas au sien, à son cher enfant, à la chair de sa chair...Et il vient d'où cet enfant sinon de la vie sur Terre ? C'est pas la petite graine du papa dans la fleur de la maman, non, ça c'est juste un amusement pour donner envie, l'enfant il est le fruit de la vie sur Terre. 
    Je suis en colère.

    En colère aussi contre les gens qui s'émeuvent en regardant les informations à la télévision et qui attendent que les "dirigeants" prennent des décisions efficaces et qui pour patienter vont continuer leur petite vie en s'efforçant d'oublier voire même d'ignorer le désastre en cours. Alors, premièrement, pour les dirigeants, le monde est un business et rien d'autre et nous sommes, tous autant que nous sommes, le carburant de ce business. Les malades emplissent le tiroir caisse des laboratoires pharmaceutiques. Et aucun d'entre eux ne rêverait de l'éradication des maladies, du cancer comme du reste. Les industriels de l'agro-alimentaire répondent à la demande des consommateurs, rien de plus. Ils comptent l'argent et ils ne compteront jamais les morts puisque les vivants réclament leur dose quotidienne. 

    Nous sommes les dirigeants de nos choix. Il suffit donc de ne plus choisir ce qui contribue à l'extension du désastre. 

    Quand j'étais adolescent, j'ai vu ce film : Network

    Plusieurs passages m'ont considérablement marqué et encore aujourd'hui, je réalise que dans l'écriture de la trilogie en cours, je reprends cette idée. 

    Le monde est un business et tout le reste, c'est de l'enfumage, des évènements secondaires pour occuper les esprits. Et dans le registre de l'abêtissement de la masse, les dirigeants et leurs valets ont atteint un niveau remarquable, une réussite totale. Il n'y a rien à attendre des dirigeants, quels qu'ils soient pour une raison très simple, évidente, incontestable : ils n'existent qu'avec le soutien des financiers qui entretiennent le business du monde.

    Alors, oui, parfois, j'en ai assez et je crie par la fenêtre de mon ordinateur.

  • La réalité de la "viande"

    Mauricio Pereira, ancien employé des abattoirs de Limoges (Pascal LACHENAUD / AFP)

    Dans un récit qui paraît ces jours-ci, cet ancien ouvrier d'abattoir retrace les étapes de sa prise de conscience sur l'inhumanité de la filière viande.

    Par 

    Il y a deux ans, Mauricio Garcia Pereira est devenu le lanceur d’alerte de sa profession. Cet ancien ouvrier des abattoirs de Limoges a dénoncé la mise à mort et la découpe de vaches alors même qu’elles sont à quelques jours de mettre bas – une pratique banale, quotidienne, légale. Intitulé "Ma vie toute crue" (1), le récit qui paraît ces jours-ci retrace les étapes de sa prise de conscience sur l'inhumanité de la filière viande.

    Un soir de l’hiver 2013, Mauricio Garcia Pereira a pété les plombs,  sept ans après ses débuts sur la chaîne de production à "faire" (c’est ainsi qu’on dit dans les abattoirs)  chaque jour entre 250 et 300 bêtes pour une paye de 1.450 euros nets. "Des années gâchées", écrit-il aujourd’hui.

    Dans sa quarante-deuxième année, Mauricio Pereira a embauché un matin dans un bâtiment de tôle grise à l’écart de la ville, là où une petite centaine de salariés travaillent à assommer, tuer, découper, vider les animaux dits "de boucherie"  (entre guillemets car un débat est en cours initié par les antispécistes qui réfutent ces catégories : pourquoi l’agneau et pas le chaton ?) et sans imaginer le coût moral à venir d’une telle activité.

    C’est que dans la ferme parentale à Dusseldörf, Mauricio Pereira  a ressenti plus d’une fois cet amour instinctif de l’enfant qui  tient un animal dans ses bras. Plus tard, les spectacles de tauromachie l’ont fait pleurer et pourtant, pendant des années, il a pu se lever à l’heure où fleurit la campagne pour prendre le chemin de l’usine, mais en prenant soin de respirer par la bouche. Surtout ne pas sentir l’odeur de la mort portée par le vent à un kilomètre à la ronde.

    La petite musique de l’auto-persuasion l’a aidé. Tenir bon, se dire que c’est un métier utile pour tous, que nourrir les gens est une noble tâche. Ne pas craquer, penser au CDI qui vient. Et puis un beau jour, ce fut la découverte de trop. Un de ces moments dans la vie où l’esprit et le corps se cabrent et que tout en soi dit non. Il faisait alors un remplacement à la boyauterie, là où arrivent les viscères et les panses sur un tapis roulant.

    "Putain,  un fœtus !"

    A ce poste, les gars doivent découper l’herbière (l’œsophage des ruminants), enlever la rate, retourner la panse pour séparer le petit estomac du gros. Les herbières d’un côté, les rates et la graisse de l’autre, les tripes dans une boîte en inox.

    Soudain est arrivée sur la chaîne une grosse poche d’un rose irisé.  Mauricio a posé son couteau, palpé la chose toute chaude et s’est glacé : "Putain,  un fœtus !" Il a essuyé la sueur sur son front, attrapé son couteau pour fendre la poche et en sortir un veau. Un petit mâle marron de race limousine, entièrement formé, d’un bon mètre et d’une vingtaine de kilos, des mini sabots d’un jaune fluo couverts de placenta, qui tirait vers lui une minuscule langue rose. Là, c’est son cœur qui a saigné.

    Il a délicatement posé l’animal sur le plan de travail et couru à toute allure chercher son chef pour lui dire qu’il y avait erreur, qu’il fallait tout arrêter, tout de suite, appeler les vétérinaires, vite ! Son chef, il a trouvé ça drôle comme scène.  Et il a bien ri,  ses mains sur les hanches :

    "Ça, c’est pas un problème Mauricio, ça arrive tout le temps. Tu fais le tri comme d’habitude et, le fœtus, tu le jettes dans ce bac, là." 

    Et il a poussé le veau inanimé dans la poubelle. Les heures suivantes, trois ou quatre fœtus sont encore passés. Ce qui n’était pas un problème pour son chef, en est devenu un immense pour Mauricio.

    Un nouveau remplacement deux mois plus tard à la boyauterie a achevé de le dévaster. Ce jour-là, après avoir coupé un premier cordon ombilical et regardé rouler le fœtus jusque dans le bac à déchets, Mauricio, pris d’une impulsion, a sorti son portable pour faire des photos. Il prend alors conscience qu’on jette à la poubelle une quinzaine de veaux plus ou moins mort-nés tous les soirs. Et qu’entre ces murs, il n’y a ni éthique ni respect. Sa vision des choses, le sens de son travail : tout est alors remis en question. Une digue lâche.

    Image extraite d'une vidéo de l'association L214 dénonçant la mauvaise manipulation des animaux dans deux abattoirs du Sud de la France. (Crédit : AFP PHOTO / L214)

    Ne pas casser l’ambiance

    En vérité, le  doute était là depuis longtemps, à voir tant de détresse et d’affolement dans le regard des bêtes qui vont mourir. Ces choses-là sont tues pour ne pas casser l’ambiance à l’heure des repas mais un animal sent que sa fin est proche et s’accroche à la vie.

    Il y a des vaches qui avancent tête baissée et d’autres qui se cabrent. Celles qui se laissent tomber de tout leur poids et refusent d’aller plus loin dans l’étroit "couloir de la mort" malgré les coups de bâton et les décharges électriques. Les scènes de panique sont quotidiennes. Des vaches veulent fuir et se hissent par-dessus la rambarde ; à l’usine de Limoges on a vu une génisse de 700 kilos folle de peur galoper tout au long de la chaîne.

    Il y a toutes celles qui se réveillent une fois suspendues par une patte, les yeux révulsés. Ces images se télescopent avec ce que la science et l’éthologie ont révélé sur l’esprit animal, son affectivité, sa sociabilité, et sur le système nerveux pareillement sensible à  la douleur des animaux humains  et des animaux non humains  – la distinction est de Darwin.

    Un contresens biologique

    Les séquences se superposent aussi avec ce que savent les chercheurs en alimentation. Avaler toute cette viande est un contresens biologique qui engendre les maladies les plus graves. Cette industrie aggrave par ailleurs, en important de quoi nourrir les bêtes d’élevage, le malheur des pays pauvres. Alors à quoi bon tout ça ?

    Depuis son poste de travail, Mauricio concentré sur sa tâche s’est longtemps efforcé de ne pas penser. Ne pas voir dans sa  globalité ce qui se passait autour de lui. Il écrit :

    "Le jour où tu comprends que tu n’es qu’un tout petit ouvrier de merde, un rien du tout qui patauge dans le sang et la merde animale, les larmes te viennent."

    Tant de sentiments paradoxaux étaient refoulés par la nécessité qui fait loi. Séparé, deux enfants, une pension alimentaire. Par le souvenir de dix années d’intérims divers et de galères sans lendemains, de mois à vivre dans sa voiture. Par le découvert chronique et l’absence d'autre perspective de  travail. Certes. Mais tout de même.  Des vaches pleines. "Comment peut-on les tuer, nom de Dieu ?" La question l’a hanté.

    L’affaire est rentable

    Aucune loi ne l’interdit. Après l’émotion suscitée par les révélations de Mauricio et de L214, un amendement déposé pour mettre fin à cette pratique a été rejeté en décembre 2016. Lorsqu’ils achètent une vache pleine, les grossistes savent ce qu’ils font. Mais ils savent aussi qu’ainsi empesée la vache sera plus docile et facile à conduire à l’abattoir et surtout plus grasse.

    Avec une vingtaine de kilos supplémentaires, l’affaire est bien rentable. Rentabilité. Le mot explique à lui seul toutes ces souffrances. Celles des hommes, celles des bêtes. N’aurait-on pas là, l’illustration de ce qu’un capitalisme obèse et jamais repu peut produire de plus inhumain ?

    "Au fil des années, les indignations se sont accumulées. Je suis en colère contre l’abattage des vaches gestantes, sur lequel nous fermons tous les yeux. A l’abattoir les irrégularités sont partout."

    Les irrégularités, ce sont les vétérinaires qui restent dans leur bureau et circulent le moins possible dans l’usine, les inspecteurs de la santé publique vétérinaire qui s’annoncent poliment une semaine avant tout contrôle. Les irrégularités, ce sont les égouts de la triperie régulièrement bouchés qui donnent "l’impression de travailler dans des piscines de merde" et  le matériel obsolète. Les irrégularités, ce sont les accidents du travail, nombreux et la cadence augmentée. A enchaîner trop vite les gestes avec de grands couteaux, on peut se blesser très grièvement. Qui se soucie des intérimaires sous-payés repartis estropiés ? Quant aux blessures psychiques, elles ne sont pas même inventoriées. Les plus sensibles picolent et fument des joints pour supporter tout ça.

    "Les cadences sont au maximum, 170 ou 180 bêtes par heure ; on est à fond la caisse, tout le monde se gueule dessus, on fait plus d’erreurs et de mauvais gestes. On sait que si on veut avoir une chance de sortir du boulot pas trop tard, on ne doit pas arrêter la chaîne. S’il se présente moins de bêtes, la journée est un peu plus calme, et nous pouvons enfin travailler dans de bonnes conditions."

    Il a tapé "L 214"

    Et puis un soir en février 2016, chez lui, tandis qu’une télé débitait ses infos en continu, Mauricio Pereira a relevé la tête. On annonçait qu’un groupe militant  étrangement baptisée L 214  (2)  allait diffuser des images difficilement supportables, prises dans un abattoir. Il a regardé. Il a trouvé tout ça bien en deçà de sa réalité. Alors sur internet, il a tapé "L 214" et trouvé un numéro de téléphone. C’est Brigitte Gothière, cofondatrice de cette association créée en 2008, qui a décroché. Il lui a dit :

    "– Je travaille à l’abattoir municipal de Limoges, le plus grand de France où l’on tue chaque jour sans exception des vaches gestantes. Parfois on attend exprès une vingtaine de minutes avant d’ouvrir la vache pour que le veau prêt à naître se noie dans le liquide amniotique. La mère est déjà morte depuis un bon moment mais on voit encore son ventre qui remue. Si on ouvrait la poche et qu’on secouait le veau, il pourrait vivre.

    – On fait ça en France ?

    – Tous les jours. Tout le monde est au courant et tout le monde ferme sa gueule. "

    Tout est allé très vite ensuite. Mauricio Pereira a accepté de faire une série de films avec une caméra cachée, lesquels ont eu le retentissement qu’on sait. Mais par ce livre rigoureux, on en découvre davantage encore sur le revers glaçant du productivisme industriel et de l'animal ravalé au rang de matière première au même titre que le cacao ou le café, et pas plus. 

    La liste est longue au fil de cette confession singulière, de ce qui déraille dans un milieu qui favorise l’expression d’une mauvaise virilité. " 'T’es un homme ou un pédé ?". Cette phrase est un refrain classique et l’écho d’un management  plein de violences.

    "On ne se rend plus compte de rien" "Comme un ouvrier ne peut pas mettre un coup de bâton à son chef, c’est à l’animal qu’il le met. On assiste à des scènes épouvantables, auxquelles on s’habitue finalement très vite. La bête est arrivée à l’abattoir ; de toute façon elle s’apprête à mourir. Certains ouvriers ne comprennent donc pas vraiment pourquoi ils ne pourraient pas taper.Qu’est-ce que ça change au fond ? Parfois c’est même un jeu. Il faut dire qu’il y a tellement de tensions à évacuer, tellement de frustrations… A force d’entendre les chefs nous parler comme à des animaux, on devient complètement cinglé. On fait des selfies avec des carcasses pour se marrer un peu. On ne se rend plus compte de rien."

    Bien sûr, après tout ce barouf, il a quitté son usine à l’issue d’une procédure de licenciement à l’amiable et son directeur a reconnu qu’il n’avait "pas tout à fait tort". Depuis, il ne mange plus du tout de veau, d’agneau, de cochon de lait. Il y a quelque temps, il se sentait souvent abattu malgré les petits mots manuscrits d’enfants et les messages de soutien venus de toute la France. Les cauchemars étaient toujours là et ses nuits difficiles. Il est allé voir une psychologue, ancien médecin du travail, qui a posé un diagnostic : état de choc post-traumatique. Tout comme l’ouvrier, dirait-on,  avec qui il entretient une correspondance par email. C’est un homme d’une trentaine d’années, dix ans d’usine au compteur dans une autre ville de France, affecté à l’assommage pendant six ans, à la triperie pendant trois, et le reste en arrêt maladie. Il lui a écrit ceci :

    "Je voudrais bien raccrocher, je n’en peux plus. Mais j’ai des crédits, une famille à nourrir, je suis coincé. C’est un métier inhumain et traumatisant, je n’arrive même plus à me regarder dans une glace. Moi, je suis pour le travail bien fait, quand je vois toutes les bêtes se faire saigner alors qu’elles sont à demi conscientes, ces cochons qui se relèvent, ça me rend fou."

    L’an dernier à l’occasion de la parution du livre d’Olivia Mokiejewski, "le Peuple des abattoirs" (3)  nous avions déjà publié un article sur ce même sujet. Un ouvrier contrarié par la tonalité de l’article nous avait écrit pour dire que cette vision sombre du métier n’est pas partagée par tous, tant s’en faut et que, lui, aime son travail et qu’il le fait avec fierté. Dont acte. Mais pour les hommes traversés par les tourments insondables de la souffrance éthique, Mauricio Garcia Pereira est un porte-parole digne et droit.

    (1)   Plon, 173 p., 15,90 euros

    (2)   L’article L 214 du Code rural stipule que " tout animal, étant un être sensible, doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. "  

    (3)   Grasset

     

  • Essence méditative

    Le sens de la pratique méditative

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    ESSENCE MÉDITATIVE·LUNDI 7 MAI 2018

    https://www.facebook.com/notes/essence-m%C3%A9ditative/le-sens-de-la-pratique-m%C3%A9ditative/231395827610111/

    Qu'est ce que la méditation?

    La méditation est une pratique permettant par la stase du corps et celle du mental de s’apaiser profondément et de retrouver une unité corps/esprit/énergie.

    Comment médite t-on?

    Il existe plusieurs types de méditation, à chacun de trouver celle qui lui semble le plus accessible pour commencer à bénéficier de ces bienfaits.

    Le principe est toujours identique: il s'agit de définir un point de méditation et de poser son attention dessus. Cela peut être le souffle, une image mentale, une musique spécifique.

    Ce point permet d'auto-contrôler sa pratique méditative.

    Le but de la méditation n'est pas de faire le vide (l’humain n'étant pas vide par essence il serait impossible d'y parvenir) mais simplement de ne pas donner prise à ses pensées, ses émotions, ses sensations.

    Méditer c'est être pleinement présent à soi et au monde.

    Pourquoi méditer?

    Vous pouvez méditer:

    • pour réduire votre stress
    • pour apaiser le flot de vos pensées
    • pour réguler un trop plein d'émotion
    • pour évacuer vos ruminations mentales
    • pour vous sentir mieux

    Vous pouvez méditer pour toutes sortes de raisons car la liste des bienfaits de la méditation est longue.

    La méditation Pleine Conscience vous reconnecte à vous même et vous permet de retrouver votre sérénité naturelle ainsi qu’une harmonie avec votre environnement.

    Le cheminement du méditant

    La méditation est indéniablement une pratique permettant d'apaiser son mental, mais ceci n'est que la première étape du parcours du méditant.

    Une fois cette relaxation du flot de pensées atteinte, les mécanismes limitants liés au mal être de la personne émergent.

    Il y a donc, comme dans toute évolution de vie, une phase d'entre deux où on goûte à la fois au mieux être apporté par cette pratique, et où on est aussi confronté aux racines émotionnelles de notre mal-être.

    La transformation de ce mal être se fait par le lâcher prise avec l’ego.

    Quand ce processus se réalise, le bonheur naturel émerge durablement.

    Y a t il des contres-indications à la méditation?

    Comme expliqué précédemment, la méditation n'est pas une pratique de bien être immédiat et inconditionnel.

    C'est un processus de déconstruction de ses schémas fermés qui conduit à une restructuration de soi dans une unité d'être.

    La méditation est donc contre indiquée en cas de troubles mentaux et de fragilités psychiques car elle pourrait renforcer le côté déstructuré de la personne.

    Il est bon de rappeler également que la méditation est un outil de cheminement vers un mieux être mais ne se substitue en aucun cas à un suivi médical.

    Pour conclure la pratique méditative est par essence une pratique de transformation véritable et profonde qui unifie l'être.

  • Réfléchir sur l'huile de palme

     

    Voilà donc un cas concret.

    Il s'agit de "réfléchir" au problème de l'huile de palme et d'identifier très clairement un choix personnel et s'y tenir.

    1) Soit, c'est un problème qui ne me concerne pas et donc, je choisis de continuer à consommer les produits qui me plaisent.

    2) Soit, je me sens concerné par cette situation et donc, je choisis d'identifier les produits concernés et je décide d'apprendre à m'en passer.

     

    C'est 1 ou 2. 

    Collaborateur ou Résistant.

    La neutralité n'est qu'une collaboration passive qui sert de prétexte aux exploitants pour cautionner leurs actes et leurs "réflexions". 

    Aucun d'entre eux n'a d'autre intention que de s'enrichir en usant de la neutralité des masses ou du choix délibéré de profiter de tout, en dépit de toute raison commune. 

    Soit, nous décidons d'être le carburant du moteur des tronconneuses, soit nous décidons d'ériger par nos consciences et nos actes des barrières métalliques autour des forêts pour que les chaînes s'y brisent.

    Mais, ce qui est une certitude, c'est que nous sommes et serons responsables de l'existence des générations futures. Si le mot "futur" a encore un sens. 

     

    “J’AI VU LE SCANDALE DE L’HUILE DE PALME” : UN TÉMOIGNAGE EXCEPTIONNEL

    Parce qu'il est nécessaire de mettre des images sur des mots, voici un reportage qui, déjà, touche bien au delà des seules personnes sensibilisées.

    Par

     Axel Leclercq

     -

    Publié le 27 mars 2018 à 17:21 - Mis à jour le 7 avril 2018 à 22:34

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    L’huile de palme serait à l’origine d’une catastrophe écologique. Mais de quoi parle-t-on vraiment ? En quoi se gaver de pâte à tartiner, manger des biscuits ou se laver les cheveux (oui, on trouve aussi de l’huile de palme dans des shampooings) pose un problème à qui que ce soit ? Pour avoir une réponse à cette simple question, il n’y a qu’à jeter un œil à cette vidéo édifiante, passionnante et bouleversante qui, et c’est une excellente nouvelle, remporte actuellement un gigantesque succès d’audience sur Youtube.

    Julien Donzé (plus connu sous le nom de Le Grand JD) est parti sur l’île de Bornéo pour voir de ses propres yeux à quoi ressemblait la culture de l’huile de palme et quelles pouvaient être les conséquences de ce business juteux sur l’homme et la nature.

    Accompagné de Bernard Genier, un journaliste de la télévision suisse qui s’était déjà rendu sur place il y a 17 ans, il a alors observé l’inimaginable : des forêts vierges rasées à perte de vue, des terres infinies rongées par les pesticides où plus rien ne pousse (à part des palmiers, bien sûr) et, pire que tout, des peuples autochtones menacés et condamnés à vivre sur des terres réduites à peau de chagrin.

    Alors voilà. Si vous avez le courage de savoir en quoi l’huile de palme est à l’origine d’une catastrophe écologique, c’est maintenant…

    En moins de trois jours, cette vidéo a déjà été vue près d’un million de fois. Un chiffre qui doit nous réjouir : il y a fort à parier que c’est un million de personnes qui, désormais, liront les étiquettes avant de remplir leur panier de courses. Et encore, ça n’est qu’un début.

    N’attendons pas que des lois viennent changer la règle du jeu. Tant qu’il y aura des fortunes à gagner, on trouvera toujours des gens prêts à raser la jungle et à éliminer ses habitants (Bernard Genier l’explique très bien dans la vidéo). Mais dès lors que plus personne n’acceptera de cautionner ce massacre par ses achats, alors, ce qui reste sera sauvé.

    Cette vidéo ne prêche pas que les convaincus. Pourvu qu’elle tourne encore et encore. Il y a urgence.

     

    A savoir aussi que cette situation de la destruction des forêts primaires est connue depuis plus de dix ans et si le problème existe toujours, c'est que les consommateurs consomment...

  • Ecrire, lire, écrire, lire...

    C'est fou l'écriture d'un roman ce que ça peut vous amener à faire : lire la réglementation des armes à feu en Nouvelle Zélande, trouver l'adresse d'un magasin informatique à Bombay, l'emplacement d'un lac d'altitude dans la Sierra Nevada de Santa Marta en Colombie, étudier la carte de l'Irak, de la Turquie et de l'Europe de l'est, chercher la distance entre Paris et Istanbul, lire des dizaines de documents et articles scientifiques, visionner des dizaines de vidéos, analyser des données économiques et les comparer d'un site à un autre, étudier le réchauffement climatique, trouver l'adresse d'une banque à Dunedin, chercher les procédures d'ouverture de compte bancaire à l'étranger, apprendre les différentes versions du réel à travers les peuples premiers, tenir à jour le registre de tous les personnages, égrener des éléments disparates pour que l'ensemble du puzzle se forme, au fil des pages et sur trois romans...ou quatre...ou plus...Je ne sais pas où je vais mais c'est magnifique d'être perdu de la sorte.

    L'écriture d'une trilogie... Je découvre en fait la particularité de ce travail. Un élément du tome 1 peut avoir une importance considérable dans le tome 3 et il est particulièrement délicat de mettre ainsi en place des éléments disparates sur une telle longueur. 

    Hier soir, j'ai envoyé un mail à mon éditrice pour lui dire que j'avais oublié un détail dans le tome 1, "Les héros sont tous morts". Je voulais savoir s'il était possible de le rajouter avant la publication de la version papier. Et pendant la nuit, je me suis réveillé et immédiatement, j'ai réalisé que cet "oubli" n'était pas dans le tome 1 mais dans le tome 2 que je suis en train d'écrire... Là, j'ai compris à quel point, je m'étais embarqué dans une aventure aux horizons lointains. Au point d'en perdre de vue mes repères habituels dans l'écriture et à ne plus savoir qui est où, qui fait quoi, qui a fait quoi avec qui...

    Tout ça pour dire que l'écriture, c'est un vaste chantier, une construction monumentale, qui occupe un espace et un temps immense, que l'engagement de l'auteur se doit d'être intégral.

    J'ai longtemps refusé de m'attribuer le terme d'écrivain. Je ne m'en sentais pas le droit au regard de l'excellence de ces écrivains qui avaient empli mes jours et mes nuits. Je disais juste que j'aimais écrire.

    Maintenant, j'arrive à me le dire, intérieurement. "Tu es écrivain."

    M Ollier, professeur de lettres en seconde qui me rend un devoir et qui me dit en souriant : "Un jour Ledru, vous serez édité".

    J'aime repenser au visage de cet homme. Il ne disait pas cela comme une boutade. Il en était persuadé. 

  • Extinction massive

    Cet homme-là n'est pas un "déglingué apocalyptique" mais un des esprits les plus éveillés qui soient.

    Le cri d'alarme d'Hubert Reeves: "La disparition des vers de terre, aussi grave que le réchauffement climatique"

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    Le cri d'alarme d'Hubert Reeves: "La disparition des vers de terre, aussi grave que le réchauffement climatique" - © LOIC VENANCE - AFP

    RTBF

      •  

    C'est un sage qui jusque là avait plutôt la tête dans les étoiles. Aujourd'hui, il nous revient avec un cri d'alarme très terre à terre: Hubert Reeves, le célèbre astrophysicien, continue à 85 ans son combat pour sauver la planète: "Nous sommes en train de vivre un anéantissement biologique" alerte-t-il, en passage au museum de sciences naturelles de Bruxelles, "une extinction de masse des animaux".

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    Il continue donc à parcourir le monde avec des livres et des conférences pour faire passer un message:  il faut sauver notre biodiversité, il est urgent de sauver toutes ces espèces en train de disparaître.

    "La diminution des vers de terre, ça ne fait pas la une des journaux. Cependant, c'est tout aussi grave que le réchauffement climatique. Il faut alerter sur l'importance de préserver la nature sous cette forme qui est proche de nous mais que la plupart du temps nous ignorons, parce que ça marche tout seul"

    Notre civilisation est en train de surexploiter toutes les ressources de la nature au détriment des animaux ou des insectes qui peuplent la terre et ses océans, prévient-il.

    "C'est une situation d'alerte. Il faut prendre conscience que les décisions qui se prennent aujourd'hui vont influencer l'humanité pendant des milliers d'années."

    En attendant, de nombreux scientifiques l'ont déjà constaté, une extinction majeure des espèces est en cours. La dernière avait conduit à la disparition des dinosaures ...il y a 66 millions d'années.

    "Nous avons déjà éliminé la moitié des espèces vivantes. Ca correspond à ce qu'on appelle une extinction de masse. La sixième depuis un milliard d'années, mais la plus grave car la plus rapide. Auparavant, cela prenait des milliers d'années, maintenant, c'est des décennies. La vie peut s'adapter, mais pas à cette vitesse"

    Un message d'urgence qu'il veut à tout prix faire passer aux plus jeunes, en expliquant la biodiversité dans une BD. On y parle des vers de terre, ces véritables ingénieurs des mines, ou encore du nécessaire retour du loup. Un message reçu 5 sur 5 par tous les enfants, scotchés ce matin pendant une bonne heure à leur chaise...