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Bonjour le Monde
- Par Thierry LEDRU
- Le 25/03/2012
Il fait beau, les oiseaux chantent, les neiges resplendissent sur les sommets.
Mis à jour le 25.03.12 à 09h04Les forces de sécurité turques ont tué 15 militantes kurdes lors d'une intervention vendredi dans la province de Bitlis, près de la frontière avec l'Irak, a annoncé samedi le ministère de l'Intérieur.
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) compte des femmes dans ses rangs mais il est rare que tant de combattantes participent à des affrontements contre les forces turques.
Reuters
Je vais aller faire du vélo. -
Conflit
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/03/2012
Un terrible dilemme...
Je prends un livre de Krishnamurti, n'importe lequel, j'ouvre à n'importe quelle page et je lis.
Des évidences, des chemins de paix intérieure.
Je vais sur google actualité ou sur n'importe quel site d'informations et je lis.
Et le conflit surgit.
Cette impression nauséeuse que rien dans l'organisation du monde ne favorise l'émergence d'une conscience unifiée et l'abandon des conditionnements.
Et puis cette seconde pensée qui me dit que si, malgré les innombrables philosophes et Maîtres, cette organisation est toujours valide, c'est qu'il y a une raison.
L'intérêt. Le pouvoir, l'argent, la puissance, la manipulation, la hiérarchie.
Si l'Humanité n'a pas évolué spirituellement, et à mon sens elle ne l'a pas fait, c'est parce que les résistances communautaires à cette évolution se sont montrées plus puissantes que les volontés individuelles.
Et c'est effroyablement désespérant.
Les films de guerre, de pouvoir, de destruction, la littérature à base de sérial killer, de boucheries, de découpages de viande et autres noirceurs innommables, tout ce qui fait le top ten de la "culture people" a encore de beaux jours à vivre.
Paris Match va sûrement doubler ses ventes avec les photos de l'assaut du Raid...Ou les visages des enfants assassinés.
Faut que je décroche moi... Je me fais du mal...Je tombe dans le piège...
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André Lorulot
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/03/2012
André Lorulot
http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_LorulotAndré Lorulot, né Georges André Roulot, est un libre penseur et anarchiste individualiste français né le 23 octobre 1885 à Paris dans le quartier du Gros-Caillou et mort en 1963 à Herblay. Il exposa à de nombreuses reprises ses idées anticléricales, notamment dans son livre le plus célèbre Pourquoi je suis athée, paru en 1933 et préfacé par Han Ryner. Il a longtemps présidé la Fédération nationale de la libre pensée et dirigé son journal La Calotte.
À l'école, il se distingue pour ses aptitudes en histoire. La croyance en Dieu est pour lui un moyen de s'évader de la misère dans laquelle il vit, mais il perd la foi vers quinze ans. Il est contraint de quitter l'école à l'âge de quatorze ans pour travailler chez un éditeur parisien. Il devient petit à petit libre penseur, athée, matérialiste, antireligieux, démocrate, socialiste et s'engage dans la lutte sociale. Les premières manifestations auxquelles il participe sont organisées par la Libre Pensée.
Il lit Le Radical et La Petite République de Jean Jaurès, il s'abreuve des œuvres de Jules Guesde, de Lafargue et de Jean Jaurès, ainsi que des publications du Parti Ouvrier belge. Il hésite entre différents courants politiques et il est anarchiste un certain temps, mais écœuré par les divisions et les vaines querelles entre les partis progressistes (socialistes, anarchistes…).
Passionné par la lecture et l'écriture, il est directeur de la revue L'Anarchie de 1909 à 1911, puis il fonde L'Idée libre en 1911 et La Calotte en 1930, ce qui lui permet d'échapper à la censure des grands journaux face à ses idées révolutionnaires et son combat pour les droits des femmes.
Son entrée en politique coïncide avec le moment le plus polémique de l'affaire Dreyfus. Il se passionne pour ce combat qu'il mène aux côtés des dreyfusards libres penseurs, dont Émile Zola, Georges Clemenceau, Jean Jaurès et Sébastien Faure, et les républicains, socialistes, libertaires, syndicalistes. À l'école déjà, il prend la défense d'un de ses camarades, un Juif nommé Roos, et encaisse les coups avec lui. Ce fut sa « première prise de contact avec l'injustice ». Il dénonce les « faussaires de l'État-Major » et la « tourbe des décerveleurs antisémites ».
Mais il n' échappe pas à la justice qui le condamne plusieurs fois à des peines de prison tout au long de sa vie pour des motifs mineurs (avoir sifflé lors du passage du roi d'Espagne en visite à Paris en 1905, provocation de militaires à la désobéissance…). Il est notamment emprisonné un an pour avoir commenté une phrase antimilitariste d'Aristide Briand qui appelait à la révolte contre les officiers. Briand était alors Ministre de la Justice. « J'étais donc poursuivi par Briand pour avoir cité un texte de Briand », fait remarquer Lorulot. Son avocat était Gustave Hervé. En prison il collabore à plusieurs journaux sous des pseudonymes, dont le journal tchèque « Prace », mais la Censure impériale autrichienne coupait les trois-quarts de ses articles. Il est aussi condamné à 15 mois de prison pour sa brochure « L'Idole Patrie ».
Évolutions[modifier]
Il a participé à une expérience de société communiste à la Colonie libertaire de Saint-Germain-en-Laye. Il rencontra la militante anarchiste et enseignante Émilie Lamotte qui devint sa compagne jusqu'à la mort de celle-ci en 1909.
Après la première guerre mondiale il se consacre à la réorganisation de la Libre Pensée. Il s'éloigne petit à petit de l'anarchisme et soutient la Révolution bolchévique dans les années 1920.
En 1924, il fut initié franc-maçon à la Loge "L'Équerre" de Moulins.
En 1933 un passeport pour le Maroc lui est refusé par les autorités françaises. La raison en est que son nom figurait dans le dossier « Service des anarchistes », mais également que le gouvernement italien s'était plaint auprès du gouvernement français qu'il critiquait Mussolini dans ses conférences. Pour obtenir son passeport André Lorulot a dû prendre l'engagement de ne pas critiquer M. Mussolini au cours de ses conférences au Maroc. Mais pour se venger il débutait toutes ses conférences par : « Je me suis engagé, pour obtenir un passeport, à ne pas attaquer M. Mussolini. Ne soyez donc pas surpris de mon silence forcé et veuillez ne pas l'interpréter dans un sens défavorable ».
Il donne des conférences dans toute la France et en dehors sur des thèmes très divers, liés à l'actualité, tels que « Fusilleurs et Fusillés » au lendemain des fusillades de Narbonne et de Villeneuve-Saint-Georges, « Les vrais bandits » au moment de l'affaire des « bandits tragiques », « Dieu existe-t-il ? », « Morale laïque ou morale religieuse ? », « La faillite de la politique », « Peut-on vivre sans autorité ? », « Pour ou contre la dictature ? » au début de la Révolution russe, « La véritable éducation sexuelle », « La guerre en Abyssinie », « L'Espagne en feu », « L'Église et la Guerre », « Pourquoi je suis athée », « Pour ou contre la confession », « La vérité sur Lourdes », « L'Église et l'Amour », « Faut-il autoriser les congrégations ? », « L'Église et les travailleurs », « Peut-on vivre sans religion ? », « L'Église et le fascisme », « Faut-il croire aux miracles ? », « Un socialisme peut-il être chrétien ? », « La faillite du Christianisme », « Jésus-Christ a-t-il existé ? », « La religion peut-elle sauver le Monde ? », « Dieu », etc. Ce travailleur infatigable a publié un nombre impressionnant de brochures et a tenu 2 500 à 3 000 conférences. Il fait également de nombreux débats contradictoires avec les cléricaux.
Il est adhérent pendant de nombreuses années de la Société des Gens de Lettres mais il en démissionne pendant l'Occupation « parce que ladite Société faisait célébrer, avec l'argent des adhérents, des messes pour le repos de l'âme de certains écrivains ! »
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l'abbé Bergey de la Gironde demande son arrestation.
Décédé en mars 1963, Lorulot a été incinéré au Père Lachaise, en présence d'une foule émue. Il a été l'objet de très nombreux hommages de tout horizon (anarchie, partis politiques, franc-maçonnerie), en présence de nombreuses fédérations départementales de la Libre Pensée.
http://www.lombreduregard.com/lettres-recyclees/catechisme-du-parfait-mouton-andre-lorulot-extrait
Mélanie Talcott : blog : "L'ombre du regard"
Définition du Parfait Mouton
Êtes-vous un bon mouton ?
– J’ai l’orgueil d’être un Mouton Parfait.Quels sont les principes du vrai Mouton ?
- Ce sont les principes de la Sainte Trinité Sociale : Je crois à l’Autorité ; je crois à la Routine ; je crois à l’Imitation.Sur quoi ces principes sont-ils basés ?
– Ils sont basés sur l’Obéissance et la Soumission.Comment dirigez-vous votre conduite ?
– J’exécute les ordres qui me sont donnés, sans les discuter ni même les examiner. J’observe pieusement les traditions de mes Ancêtres et les habitudes de mon entourage ; je fais ce qu’on a toujours fait ; je copie ce que font les autres.Pourquoi le Mouton a-t-il été créé ?
– Pour être tondu. Il ne saurait exister pour le Mouton de satisfaction plus grande que celle qui consiste à être tondu très souvent. Tous les sacrifices et tous les renoncements sont agréables au cœur du Mouton.Du chef et de l’Autorité
Comment êtes-vous devenu un Parfait Mouton ?
- Je n’ai eu aucun effort à fournir. Il m’a suffit au contraire de m’abandonner avec une complète inertie.A quoi faut-il s’abandonner ?
- A l’autorité de nos chefs.Quels sont donc vos chefs ?
- Nous ne les choisissons pas, ils s’imposent.Pourquoi les laissez-vous donc s’imposer ?
- Parce que nous craignons de faire des efforts et d’engager une lutte, au cours de laquelle nous serions certainement vaincus, puisque nous sommes des Moutons.Quels sentiments éprouvez-vous à l’égard de vos Chefs ?
- Des sentiments de crainte et d’admiration, parce qu’ils sont plus forts et plus volontaires que nous.N’avez-vous jamais désiré devenir vous-même un Chef, afin d’exercer le commandement ?
- Je suis un Mouton trop Parfait pour me griser de semblables chimères. Je suis né pour être Mouton et je le resterai.Vous ne souffrez donc pas de votre situation ?
- Pourquoi en souffrirai-je, puisqu’elle correspond, d’une façon parfaite, à mon état d’esprit, à ma conception de la vie ; je dirai même à mon tempérament physiologique….Un bon Mouton ne doit avoir aucune idée personnelle. Il est même préférable qu’il n’ait pas d’idée du tout…Le Mouton a-t-il le droit de changer de Chef ?
- Oui, à condition que ce changement lui soit imposé par une contrainte extérieure. En aucun cas, il ne doit se permettre d’en changer lui-même. Si on lui impose un changement d’autorité, il doit se soumettre docilement et se ranger du côté du plus fort. Un bon Mouton doit bêler : « Vive Machin » avec autant d’entrain que « Vive le Pape ! » ou « Vive la République », si on lui commande.Antiquité de l’esprit moutonnier
L’esprit Moutonnier est donc très ancien ?
- Il remonte aux premiers temps de l’Histoire…et même beaucoup plus haut. Nos premiers et très lointains ancêtres étaient déjà des Moutons ! ! L’Homme ne descend donc pas du Singe, mais du Mouton.Donnez des renseignements à ce sujet
– Les premiers Hommes étaient des Moutons plus parfaits que ceux d’aujourd’hui, car l’esprit moutonnier a malheureusement tendance à s’affaiblir et à perdre du terrain. Le clan primitif n’aurait pu se maintenir si les liens qui unissaient nos sauvages précurseurs n’avaient été solidement cimentés. La tribu vivait dans une discipline sévère ; ses membres obéissaient à un chef implacable, qui possédait sur eux le droit de vie et de mort. Au sein même de la famille, le père avait également le droit de tuer sa femme et ses enfants, lorsque bon lui semblait. La religion de ces hommes, fort voisine encore de la sorcellerie, exerçait sur leurs actions un contrôle de tous les instants. Le moindre manquement, la plus légère violation des règles communes, entraînait le massacre immédiat du réfractaire.Cet état d’esprit s’est-il perpétué dans les sociétés civilisées ?
– Ce qu’on appelle Civilisation ne peut manquer d’amoindrir la servilité des sujets, car le progrès des connaissances humaines rend l’individu moins facile à domestiquer. Les dirigeants sont obligés de faire davantage de concessions quand les masses sont trop éclairées. Mais notre principe reste inattaquable et l’on y revient toujours : les sociétés les plus autoritaires sont également les plus durables.De la vie personnelle du Mouton
Êtes-vous heureux ?
- La vie du Mouton est beaucoup plus agréable que ne le supposent les esprits forts. Nous n’avons aucun souci à nous faire. Il nous suffit, comme je vous l’ai déjà dit, d’exécuter les ordres qui nous sont donnés.Parlez de votre vie personnelle.
- Le Mouton n’a pas d’autres satisfactions que les satisfactions collectives.Quelles sont les distractions du bon Mouton ?
- Toutes celles qu’il peut partager avec les autres Moutons. L’Individu ne vaut que par la Société, et n’existe que pour elle. Certains prétendent que l’Individu a le droit de vivre pour lui-même. Il ne faut pas les écouter. Ce sont des personnages subversifs et destructeurs de toute Morale et de toute Civilisation. L’Individu doit vivre uniquement pour la Société. L’esprit moutonnier doit être considéré comme le fondement de toutes nos institutions.Pensez-vous que l’esprit moutonnier puisse être remplacé par d’autres principes ou par un autre idéal ?
- Cela est impossible. Rien de durable et de grand ne s’est fait dans le monde que par la Discipline aveugle. L’Individualisme, voilà l’ennemi !André Lorulot…
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Et maintenant ?
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/03/2012
Et bien, les services de renseignement vont continuer leurs enquêtes, elles vont chercher des complicités, les familles vont pleurer les victimes, les voisins vont reprendre leurs existences, les politiciens vont continuer leur campagne, ceux qui sont en place vont sûrement chercher à être plus performants...
Plus performants...
Mais toujours dans le même registre. Rien de fondamental ne sera remis en question.
J'ai du mal encore à avoir une vision claire de tout ce que ce drame génère en moi. Comme si des années de réflexions venaient de me sauter à la gorge. Vous vous demandez sans doute, lecteurs et lectrices, pourquoi j'attache autant de temps à essayer de comprendre ce qui s'est passé mais, existentiellement, je pense que tout ça valide ce cheminement philosophique que je tente de mettre en place ici et dans ma vie.
Ce qui me désespère quelque peu, c'est d'imaginer l'ampleur de la tâche dans ce renversement complet du paradigme identitaire.
Tout ce qu'il faudrait abandonner... C'est absolument gigantesque.
Juste un constat très simple.
Aucun enfant n'aurait idée de tuer un semblable pour une question de religion, pour une question de territoire, d'Histoire, d'honneur (Pour les autres "valeurs" menant au meurtre, voir les adultes...)
En parler avec eux suffit à les révulser. Je me demande d'ailleurs s'il est si "éducatif" d'enseigner l'Histoire. Cette impression que le monde adulte insère dans leurs esprits, l'idée effroyable que l'Histoire de l'Humanité n'est qu'une succession épouvantable de conflits, de guerres, de souffrances et que finalement, ça a un côté "normal" puisque ça dure depuis la Préhistoire... Il est indispensable en tout cas de porter une attention bienveillante aux progrès...La médecine, l'hygiène, l'espérance de vie, la mortalité infantile, l'éradication partielle des épidémies, la disparition partielle de l'esclavage, la situation des enfants, la lutte féminine, les loisirs, la qualité de vie, le partage des richesses...(oups...pas au point ça...). La liste des progrès est immanquablement ternie par les désastres en cours.
Guerres, assassinats, prostitution infantile, pédophilie, viols, tortures, misère, exploitation des enfants, déforestation, pollution des sols, pollution de l'eau, de l'air, de la nourriture, empoisonnement de la vie...(Pas le courage de finir la liste...)
J'en reviens donc inexorablement au même problème. Qu'en est-il de l'évolution spirituelle ?
L'évolution matérialiste montre ses limites depuis bien longtemps déjà. L'embrigadement identitaire vient de nous montrer, encore une fois, l'extrême folie qu'elle contient. Les folies à venir sont immanquablement en gestation puisque les "victimes" mettent en avant leurs identités communautaires. C'est une histoire de fous, en quelque sorte...
Syrie, Mali, Soudan, Afghanistan, Irak, Iran, Corée du Nord, Etats-Unis, (oui, oui, je les mets bien évidemment dans la liste). Liste non exhaustive bien entendu. (Pas le courage de la continuer. C'est d'ailleurs effarant de voir à quel point quand on essaie d'établir un état des lieux de l'Humanité, on peut être vite abattu...)
Je suis fatigué. Je n'arrive pas à dépasser le cadre du constat et à construire un autre paradigme, non pas parce que je ne parviendrais pas à l'imaginer mais parce que le travail titanesque que son adhésion représenterait relève de l'utopie la plus folle. Je suis par conséquent fou moi aussi...
Rendu fou par la folie des hommes.
Tiens, c'est curieux mais ce constat me renvoie de nouveau vers le tueur fou de Toulouse...
Vous en voulez encore un peu ? Lisez ce qui suit...
Un monde de fous... Je ne cautionne rien de tout ça mais le 11 septembre, par exemple, ça ne s'oublie pas...
Cette impression de fous (encore) que la Vérité, c'est tout ce qui ne se dit pas.
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-etrange-relation-entre-mohamed-113234L’étrange relation entre Mohamed Merah et Bernard Squarcini
Un jeune de banlieue particulièrement perturbé qui entre en confidence avec les fonctionnaires des services spéciaux français : on aura tout vu, décidément, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Car ne nous leurrons pas : c'est bien ce qui s'est passé, au point aujourdhui d'en arriver à regarder tout autrement ce qui s'est passé à Toulouse. En ce moment, on le voit tous les jours, les américains, via leurs drones tueurs, liquident un par un tous leurs anciens amis talibans. Sysématiquement. Ceux qui les ont tant aidés jadis à repousser les soviétiques en Afghanistan. J'avais écrit il y a quelque temps qu'ils effectuaient un solde de tout compte, ce faisant. Partir du pays, certes, mais en ne laissant derrière eux rien qui puisse ressurgir un jour de leurs agissements et de leurs compromissions avec ceux qu'ils vitupèrent tous les jours depuis qu'ils se sont retournés contre eux. En France, nous ne possédons pas de drone (sinon des copies israéliennes recarossées par Serge Dassault, pour nous les vendre à un prix exorbitant). Mais nous pratiquons de même, en éliminant ceux qui, à un moment de leur vie, ont pactisé avec des services placés aujourd'hui au pied du mur et forcés de révéler leurs liaisons douteuses. Et même apeurés par les possibles révélations, à en avoir pris les devants aujourd'hui dans les colonnes du Monde.
Mohammed Merah lui aurait dit, à lui où à un de ses fonctionnaires "de toute façon, je devais t'appeler pour te dire que j'avais des tuyaux à te donner, mais en fait, j'allais te fumer (*)," finit par lâcher Bernard Squarcini dans une interview sollicitée au journal le Monde pour tenter de masquer son rôle délétère dans ce qui devient une histoire sordide, comme si les meurtres d'enfants d'une école juive ne l'avaient pas encore assez été. Qu'est-ce qui peut faire qu'un paumé de banlieue de 23 ans puisse parler sur ce ton à l'instance la plus haute, en France, des services de sécurité du pays ? D'où lui est venu cette familiarité, à ce jeune meurtrier qui écrivait pourtant à son juge sur un ton très respectueux ? Pourquoi en était-il arrivé à autant de familiarité avec ce fonctionnaire ou ses subordonnés ? Pourquoi en être arrivé à vouloir souhaiter tuer celui qu'il aura eu pendant des mois comme interlocuteur privilégié ? S'est-il senti trahi ? Pourquoi en est-il arrivé, avant de voir sa vie se terminer au bout de l'entonnoir qu'il s'était construit, ou qu'on lui avait fabriqué, à vouloir dire qu'il avait "mis la France à genoux ?" En quoi pouvait-il penser l'avoir fait en commettant de pareils actes ?
Pour une raison simple : on lui avait confié un rôle. Un double rôle, à l'évidence. Le jeune jihadiste devait en avoir à nous dire, en effet. Et mort, Bernard Squarcini s'est empressé de parler à sa place. Tellement rapidement que le soupçon n'est même plus supposé. Le lendemain même où le pantin terroriste été retrouvé en bas de son immeuble criblé de balles, l'homme qui avait demandé à le rencontrer à l'automne 2011 est venu aussi vite parler à sa place, pour nous dresser un tableau hallucinant du personnage, mais aussi et encore plus de ses propres relations avec lui. A dresser le tableau de quelqu'un qui le connaissait très bien depuis... 2007. Celui d'un jeune de banlieue sans le sous, ou vivant d'un RSA (un peu plus de 400 euros par mois) ayant déjà fait tamponner son passeport dans neuf pays, et non des moindres. Mais laissons donc le "Squale" en dresser lui-même la longue liste : "il a passé du temps chez son frère au Caire après avoir voyagé au Proche-Orient : Turquie, Syrie, Liban, Jordanie, et même Israël. A Jérusalem, la police découvre un canif dans son sac puis le relâche. Ensuite, il se rend en Afghanistan en passant par le Tadjikistan. Il prend des parcours qui sont inhabituels et n'apparaît pas sur nos radars, ni sur ceux des services extérieurs français, américains et locaux. Il arrive le 13 novembre à Kaboul, il est contrôlé le 22 novembre à Kandahar et il rentre en France le 5 décembre 2010." Neuf pays vous ai-je dit : oui, car à la liste, il faut aussi ajouter le Pakistan et même... l'Iran, qui comme chacun le sait, est un pays où l'on rentre très facilement... c'est bien connu !!! "Un autre élément troublant sur les déplacements de Mohamed Merah reste à éclaircir : sa présence en Iran "à deux reprises" d'après une source militaire française en Afghanistan. Interrogée par Le Monde, mercredi, la DCRI, chargée du contre-espionnage et de la lutte antiterroriste, a démenti ce séjour" apprend-t-on encore ce jour.
En fait, fort étrangement, ce n'est même pas le gros poisson de la sécurité française qui prend les devants en 2010. C'est le jeune de banlieue, fiché pourtant comme délinquant à surveiller par la police ou la médecine psychiatrique, qui décroche son portable et appelle Squarcini en personne : et il ne le fait pas alors qu'il est rentré, non, il le fait... à partir du Pakistan même. Tout le monde sait bien que c'est d'un naturel fou, pour un gamin de Toulouse qui avant ses voyages à 21 ans n'a jamais mis les pieds au dehors de la ville rose, à part une petite incursion en Espagne, d'appeler de son propre chef les services de renseignements français, au prix où sont les communications téléphoniques, même au fin fond d'une échoppe de communication pakistanaise : " Mohamed Merah l'appelle le 13 octobre 2011 car il n'est pas en France à ce moment-là, il est au Pakistan. "Dès que je rentre, je vous contacte", a-t-il dit. Le 3 novembre, il rappelle de l'hôpital Purpan, à Toulouse, ou il est hospitalisé pour une hépatite. "Dès que je sors, je viens vous voir", assure-t-il. Il fait preuve d'une excellente coopération, d'éducation, et de courtoisie" raconte le chef du renseignement français. Car, fait totalement hallucinant pour celui qui a déjà eu maille à partir avec la police locale (au point de vouloir dégommer son représentant !) ; et vient de sortir d'une période de 9 mois de prison (pour une condamnation à 18 mois, preuve qu'emprisonné il s'est montré plutôt coopérant, pour une tête brûlée manifeste), celui qui possède un casier judicaire lesté de 15 condamnations pour des faits sérieux (dont des agressions physiques), vient tranquillement causer le bout de gras avec un fonctionnaire de la police du plus haut niveau (Squarcini parlant d'un de ses afjoints comme interlocuteur). Et c'est lui qui propose le rendez-vous ! Un fonctionnaire un peu à côté de ses dossiers, puisqu'il oublie de lui parler ce jour-là d'une interdiction de prendre un avion américain, pour le cas où il y aurait une prochaine fois de programmé pour ses talents évidents de voyageur sans le sou vaillant.
Les autres services secrets, ceux de la concurrence pourrait-on dire, qui ont stipulé en 2011 que la rixe à laquelle a participé notre excité vient de lui fermer définitivement la porte des voyages sur les lignes US. C'est la deuxième fois, en prime, que les services US envoyaient la menace à leurs collègues français. la première fois, c'était en 2010... et ce sont eux qui avaient payé le retour à la case départ du Toulousain. Ce que raconte, toujours à sa façon, son illustre confident Squarcini : "après un simple contrôle routier à Kandahar, en Afghanistan, en novembre 2010, qui est effectué par la police afghane. Ils le remettent aux Américains qui l'ont forcé à remonter dans l'avion pour rentrer à Kaboul. La direction de la sécurité et de la protection de la défense (DPSD), un des services de renseignement des armées, nous a signalé l'incident". Un an avant que le jeune homme se propose de venir s'expliquer, les gens à qui il s'adressaient savaient déjà tout de lui, via l'ambassade française au Pakistan et celle d'Afghanistan qui avaient averti la France du "cas" Mérah. On a dit qu'il avait un "lourd passé", à Toulouse. Ailleurs aussi, sans nul doute !
Un cas passionnant en effet : débarqué devant les fonctionnaires, raconte toujours l'homme à l'allure du prédateur des mers, dont il a gardé le surnom, voilà notre étrange Phileas Fogg de banlieue venir étaler ses photos de vacances, assure le proche de Nicolas Sarkozy, avec un Merah qui le prend bien entendu au mot, dans une séquence qui tourne au surréalisme : "il vient à l'entretien avec sa clé USB qui contient ses photos de voyages. Il demande à s'allonger sur la table pour pouvoir discuter parce qu'il est malade, dit-il. Il explique en photos tout le parcours touristique qu'il a réalisé au Proche-Orient, en Afghanistan et au Pakistan. " Un fonctionnaire des services de renseignement qui feuillette un album de photos "familial" ou de randonnée et semble s'en contenter, avouez que c'est tout aussi rare qu'un tueur en scooter qui circule sur un engin dont on connait la trajectoire au mètre près grâce à sa puce émettrrice incorporée ! Sidérante scène !!! Racontée ce jour par Bernard Squarcini en personne !
Alors, reprenons un peu nos esprits, choqués à la fois par les crimes commis et par ce qu'on lui a demandé de faire quelques mois auparavant, à ce Mohammed en scooter. Les américains, a-t-on dit, ont déclaré le jeune banlieusard persona non grata au Pakistan. Très bien, découvrons exactement pourquoi, en examinant où notre photographe de vacances s'est rendu pour remplir sa clé USB. Pour cela, il suffit de demander à son frère. Ou à sa mère, tiens, plutôt. Cette dame, qui semble bien avoir eu tout le mal du monde à élever ses enfants après que son mari ne l'ait quittée pour rentrer en Algérie, s'est depuis remariée. Avec un monsieur dont le nom de famille est Essid. Un nom que les fonctionnaires de la DGSE de l'époque connaissaient bien : ce monsieur a en effet lui-même un fils, qui s'appelle Sabir Essid. En 2007, en Ariège (et donc a proximité immédiate de Toulouse), il avait fait parler de lui, ce garçon. Et pas qu'un peu, car la presse titrait alors "une filière terroriste démantelée à Toulouse". Une filière où des noms étaient apparus. Et mieux encore : une filière bien connue de la DGSE ! Qui emmagasine dans ses ordinateurs regroupés en "clusters" dans une immense salle blanche des millions de fichiers, sur des prérendants au terrorisme... ou sur les groupes de djihadistes, alors que Mérah continue à être présenté comme un "loup solitaire"...
A l'époque, comme récemment, on avait indiqué la méthode pour les "surveiller" : "La détection d'un islamiste radical parti pour l'Afghanistan ou envisageant de le faire commence souvent dans le secret du bureau d'un magistrat antiterroriste ou d'un policier de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Les enquêtes en cours sur les « nouvelles filières afghanes » permettent d'identifier les membres des groupes plus ou moins organisés envoyant des « volontaires ». Chaque individu et ses proches font l'objet d'une surveillance. Les écoutes téléphoniques, les interceptions Internet, les témoignages recueillis dans l'entourage, l'aide éventuelle d'indicateurs permettent souvent de « découvrir » un ou plusieurs nouveaux djihadistes." Une méthode qui n'a donc pas marché, mais le Figaro comme le Squale ont la solution à ce dysfonctionnement : "Cette détection ne connaît qu'une seule faille : elle suppose l'existence d'un réseau, même informel. Un homme seul partant par ses propres moyens a des chances de passer inaperçu. Selon les déclarations du procureur de la République de Paris, ce serait le cas de Mohamed Merah, parti pour l'Afghanistan sans passer par des « facilitateurs » liés à des groupes radicaux". D'où le pilonnage de la presse actuellement pour présenter la thèse du loup... agissant seul. En Ariège, c'est vrai que les loups on connaît... "Chercheuse à la chaire d'histoire du monde arabe du Collège de France, Nora Benkorich note que dans la mesure où des témoignages et plaintes ont montré que Merah pouvait avoir un comportement dangereux, les autorités "ont plutôt intérêt à miser sur un loup solitaire chez qui les meurtres ne pouvaient pas être anticipés", note finement Rue89.
En 2007 en prime, c'était déjà une répétition, car"ce n'est pas la première fois que de jeunes extrémistes se revendiquant d'Al Qaïda font parler d'eux à Toulouse" écrivait alors la Dépêche. "Preuve de l'enracinement d'un phénomène inquiétant dans les cités, comme du travail de fond de la mouvance salafiste. Fin 2006, en Syrie, non loin de la frontière avec l'Irak, deux jeunes hommes sont arrêtés. L'un est un Albigeois de 28 ans, Thomas Barnouin, l'autre un Toulousain de 22 ans, Sabri Essid. « Des frappés qui étaient prêts à se faire sauter en Irak », lâche alors une source proche de l'enquête. Expulsés en France, les deux jeunes sont cueillis à Roissy par la police qui les attend." Des jeunes, en 2006, provenant des mêmes quartiers : "Issus des quartiers de la Reynerie, de Papus, des Izards, Stéphane Lelièvre, Imad Djebali, Mohamed Megherbi et Sabri Essid, ainsi que l'Albigeois Thomas Barnouin, partageaient leur vie entre petits boulots et prières à la mosquée. Ils s'étaient mis en tête de résister aux Américains présents en Irak". Regroupés par ce que la Dépêche résume ainsi sans hésiter : "c'était le bureau de recrutement pour le djihad islamique". Le salafisme toulousain, c'est donc comme le cassoulet du même coin ; aujourd'hui, c'est la version réchaufée qui est celle la plus prisée. Dès 2007, on savait tout de la filière, comme quoi les "entraînements" armés n'avaient pas lieu au Pakistan mais... en Egypte : 'La filière toulousaine, elle, fonctionnait depuis plusieurs mois, et aurait recruté une dizaine d'apprentis djihadistes, dont certains auraient rallié la Syrie en bus. « Il y avait une première phase d'endoctrinement, explique un enquêteur. Puis, les jeunes étaient envoyés en Égypte, pour des séjours de plus en plus longs. » Une phase de préparation, plus dure, était ensuite organisée : stages sportifs, conditionnement à base de vidéos de combats de djihad. Les candidats djihadistes devaient compléter leur « formation » en Égypte, dans une école du Caire, avant d'atteindre l'Irak, via la Syrie.'Les officiers de la DGSE, qui les"cueillent" à leur descente d'avion de Syrie, à une époque où ce pays coopérait avec la France, Sarkozy commençant un rapprochement certain avec El-Hassad. Une DGSE qui en ramasse plein ses filets, de salafistes : "Le lendemain, le 14 février 2007, un vaste coup de filet est aussitôt déclenché par la Sous-direction anti-terroriste, la Police judiciaire et les RG. A Reynerie, à Papus, aux Izards, dans la banlieue parisienne et dans le village d'Artigat en Ariège, onze personnes sont interpellées. Dans les filets des enquêteurs : des jeunes de nationalité française. Certains sont originaires du Maghreb. Beaucoup sont de récents convertis à l'islam. À Artigat, un couple franco-syrien, âgé d'une soixantaine d'années, est soupçonné d'avoir joué les prédicateurs. Le 23 octobre 2007, dans la même affaire, lors d'une seconde vague d'interpellations dans la Ville rose et le Lot, les policiers arrêtent un Toulousain. Officiellement étudiant, il aurait formé au combat rapproché les deux candidats au Jihad. Des cités toulousaines à l'Irak, c'est toute une filière d'endoctrinement, d'acheminement et de combat que les policiers estiment avoir démantelée". La Syrie, comme zone d'envoi pour passer en Irak, et aller se faire un bel avenir (mais plutôt bref) de kamikaze, pour la simple raison que le gourou religieux ariègeois était (et est toujours) Syrien d'origine ! Des gens "surveillés de près" à l'époque : "les membres du réseau toulousain étaient étroitement surveillés depuis plusieurs mois par les renseignements généraux, la police judiciaire et la sous-direction antiterroriste (SDAT)." Au point de les attendre au bas de l'échelle de coupée à leur retour, ce que Bernard Squarcini ne sait plus faire (ou ne souhaite plus faire) en 2010 et 2011, au retour des deux voyages de Mohammed Mérah ! Le Figaro semble lui aussi depuis avoir oublié sa description forte du cas de Thomas Barnouin, devenu Thomas-Abdelhakim... et son itinéraire à la Merah !
Un Barnouin déjà très "écouté".... "Il quitte Médine juste avant un coup de filet des services de sécurité saoudiens. Mais sa trace n'est pas perdue pour autant. Les Saoudiens ont enregistré ses communications téléphoniques avec deux amis toulousains, auxquels il a donné rendez-vous en Syrie. Durant ses trois ans à Médine, Barnouin est resté également en contact avec les autres membres du réseau toulousain, démantelé en février par les policiers français. Parmi les huit hommes mis en examen, le cerveau du groupe, cheikh Olivier Qorel, 60 ans, Français d'origine syrienne, habitant Artigat, un village de l'Ariège. C'est lui qui convainc Sabri Essid, un compagnon de Barnouin, d'aller rejoindre ce dernier en Syrie, via la Bulgarie et la Turquie. « Tu retrouveras ta copine au paradis, mais avant vend ta voiture et règle tes dettes » lui enjoint Qorel."
Un prototype de Mohammed, que ce Barnouin, comme le décrit le Figaro, qui oublie régulièrement qu'il détient des trésors qui disent le contraire de ce que sa direction actuelle aux ordres lui fait écrire : "comme la plupart des 25 à 30 djihadistes français, partis depuis quatre ans dans l'ancienne Mésopotamie, il n'avait pas d'expérience militaire. Si ce n'est les exercices de combat rapproché, auxquels les membres du réseau toulousain s'entraînaient régulièrement à cinq heures du matin dans une cité de la Ville rose. « Pour être prêt physiquement le jour où l'on devrait partir pour la guerre sainte », reconnaîtra l'un d'entre eux. « Même si on est loin des camps d'al-Qaida en Afghanistan, ce n'est tout de même pas très rassurant », s'inquiète un policier. D'autant que sur leurs ordinateurs, les enquêteurs ont retrouvé un florilège de vidéos islamistes. L'une d'elles livrait la recette de fabrication d'une bombe artisanale. Une autre martelait que « la meilleure mort, c'est la mort au combat ». Pas besoin de s'entraîner au Pakistan, donc : une "cité" toulousaine suffit !
Une filière qui atterrit donc logiquement en prison, après un procès en juin 2009 où apparaît un autre nom, comme "sympathisant " : celui d'Abdelkader Merah "soupçonné mais pas inquiété" dit la Dépêche. Le frère de l'autre. Un frangin qui a une emprise notable sur son petit frère, une emprise religieuse que les policiers connaissent là encore très bien : "son voyage en Irak aurait été facilité par son frère Abdelkader connu des services de police français pour avoir participé à l'organisation d'une filière islamiste basée dans la région toulousaine en direction de ce pays. Ce frère et sa sœur, considérés comme les "religieux de la famille Merah", selon un policier de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), auraient séjourné au Caire dans une école coranique où la proximité avec les réseaux salafistes régionaux ont permis de mettre sur pied cette filière." C'est fou ce qu'il connaît sur cette famille, notre requin élyséen ! Et c'est fou ces facultés à ne pas se rappeler du rôle "militaire" du grand frère, à entraîner les jihadistes en Egypte, dans son fief !
Fait tout aussi sidérant : qui donc retrouve-t-on comme porteur d'oranges à la prison où sont enfermés les salafistes désireux de finir en martyrs explosés, dont le fils du futur beau père de Merah ? Mohammed Merah en personne, pardi, alors âgé de 19 ans ! "En 2008, Mohamed Merah avait obtenu un permis pour rendre visite en prison à Sabri Essid, ex-grutier, l'un des principaux protagonistes de ce groupe. Les services de police notent, à cette époque, qu'il lui apportait de l'argent. Sabri Essid a été arrêté, les armes à la main, à la frontière entre la Syrie et l'Irak." Un beau-frère embrigadé dans un mouvement salafiste, Mohammed qui le rempace, mais qui n'est pas considéré comme membre du groupe ? On croît rêver ! Cela, l'année même ou le "Squale" devient le directeur de la DCRI (officiellement créée le 1er juillet 2008 par décret du Président de la République, une nomination qui a l'art de rendre furax les anciens de la DST et des RG, forcés à fusionnner). Une volonté Elyséenne, de "surveiller de plus près le terrorisme", le dada d'un président qui crée alors avec "Mam" une sorte de Homeland Security à la française, calqué entièrement sur le modèle US. Un Président qui vient également de nous balancer il y a deux jours une tirade sur l'apprentissage de l'islamisme extrémiste en prison... à partir de l'exemple de quelqu'un qui ne l'était pas alors, en prison, mais qui allait porter des oranges à un taliban en herbe !!! Condamnera-t-il aussi les porteurs d'oranges ?
Les voyages, c'est bien connu, ça coûte. Neuf pays, ça coûte bonbon quand on ne gagne... rien, comme cela était le cas pour le tueur toulousain. De l'argent provenant de où alors ? A coup sûr, en 2007 et 2008, du groupe qui soutient notre autre salafiste près à aller jouer les bombes vivantes en Irak. Un mouvement qui envoie aussi ses recrues au Pakistan, via un obscur mouvement ouzbèke, ce qui va arriver illico à notre Mohammed, remplaçant sur le pouce du beau-frère purgeant sa peine de prison : il a en effet été "pris en charge par le Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO), qui a pour tâche, depuis la chute des talibans en 2001, d'encadrer les "étrangers" qui viennent combattre "les infidèles" en Afghanistan ou les forces de sécurité pakistanaises qui tentent, périodiquement, de les déloger. Le MIO, qui intègre aussi les combattants déclarés d'Al-Qaida, opère sous l'autorité du Tehrik-e-Taliban Pakistan (Mouvement des talibans du Pakistan, TTP)."
Le Tehrik-e-Taliban ? Voilà qui devient passionnant. C'est en effet le mouvement de Baitullah Mehsud, celui qui est soupçonné d'avoir commandité l'assassinat de Benazir Bhutto ! Les américains, là-bas, avaient leur "envoyé spécial" de la CIA, Michael Headley, qui n'a pas fini mort, lui mais a hérité depuis de la prison à vie sans qu'on ne sache dans quelle prison exactement (façon Ali Mohammed, que sa propre femme cherche toujours aujourd'hui !) ou ont même un successeur (Raymond Davis), qui se fera bêtement prendre dans un sorte de rixe en pleine rue. Les français ne semblant avoir personne, là-bas. Sauf, il est vrai, un jeune "touriste" de 22 ans, qui arrive même à se faire engager dans les mêmes camps d'entraînement que surveillait également Headley... malgré un stature qui n'est pas d'athlète, et qui prend des photos de "touriste" de la région... avant de sagement les rapporter sur une clé USB à qui vous savez. Tout cela avant de se faire repérer pour "faits de droit commun" et de se retrouver à l'ambassade de France, renvoyé par la police pakistanaise, qui prend soin quand même d'aller consciencieusement vider sa chambre d'hôtel (car notre banlieusard a débarqué àl 'hôtel et non en chambre d'hôtes comme il en existe des milliers là-bas).
Un parcours bien singulier, donc, que celui de notre photographe du dimanche... pakistanais. Qui n'a donc pas beaucoup d'amis à Toulouse, à-t-on appris depuis, parlait peu, mais s'épanchait beaucoup chez les fonctionnaires de la DRCI. "Les éléments détenus par les services spécialisés montrent donc des liens entre le tueur présumé de Toulouse, le MIO et le TTP qui lui ont permis d'accéder à cette zone dangereuse, l'ont formé et encadré. Ces connexions avec des structures terroristes reconnues remettent en cause le statut de "personnage solitaire" de Mohamed Merah. Il est par ailleurs surprenant qu'il ait échappé au contrôle de la CIA ou de son homologue française, la DGSE, qui prêtent une attention toute particulière aux combattants djihadistes étrangers venus dans la région et qui constituent une menace terroriste majeure pour leur pays d'origine". Une DGSE qui n'a toujours pas digéré les prérogatives étendues dont s'est emparé le vorace Squale. Une DGSE qui serait passé à côté de la plaque... Mérah. Pas d'amis ou peu à Toulouse, mais un correspondant privilégié qui lui parlera, à sa demande, derrière la porte où il s'était retranché pour ses dernières heures d'existence : "c'est d'ailleurs avec ce fonctionnaire qu'il a "souhaité parlé" lors des négociations avec le RAID, semblant avoir établi avec lui "un rapport de confiance" avoue encore Squarcini. Un "rapport de confiance" qui en dit long, très long, sur les étranges relations entre le terroriste toulousain et les services secrets français.
Sur France-Info, avant-hier, un commentateur avisé avait évalué l'impressionnant arsenal saisi chez Mohammed Merah à environ 5000 euros au bas mot. Le jeune désœuvré, apprenti carrossier ayant acheté son stock grâce à des "cambriolages", présentés depuis hier comme de "simples larcins". Personnellement, voyez-vous, je verrais davantage des revenus provenant de ventes de photos, mais bon, je ne sais pas combien ça se vend, des paysages pakistanais où apparaîtrait un bout de camp du TTP ! Comme ça, par simple analyse et le flair émanant de la déclaration ahurissante de Squarcini, à peine le corps de son "correspondant" refroidi. Car il existe de sales histoires qui sentent fort mauvais, et celle d'un jeune de banlieue prenant aussi souvent l'avion pour se balader autant en deux ans à l'art de remuer des remugles que n'aurait pas renié l'as en la matière, Charles Pasqua, le formateur d'un certain... Nicolas Sarkozy. "Charly" avait en son temps réussi à envoyer au Burkina Faso des prétendus terroristes islamistes qui ne l'étaient en rien, islamistes. Envoyés là-bas sans le sou, ils y sont encore, et pensent toujours à lui, pour sûr.
Envoyé, revenu et... poussé à agîr, mais cette fois en France. Une chercheuse en histoire du monde arabe au Collège de France, Nora Benkorich va plus loin encore : « J'ai lu beaucoup de mémoires de djihadistes, et ce sont tous des radicaux très extrêmes dans leur islamisme. Le côté bon vivant de Mohamed Merah montre, au contraire, qu'il n'a pas agi par conviction profonde. Il faut donc s'interroger sur les moteurs de ses actions. Et parmi les hypothèses, il y a celle d'une commande, d'une influence exercée par d'autres personnes sur lui afin qu'il commette ces assassinats. » Ce qu'on découvrira peut-être en épluchant les participations de Mérah à des blogs et notamment au site du groupe Forsane Alizza, dissous par Guéant en janvier dernier, et ses forums où l'on pouvait s'inscrire pour un entraînement à la guérilla urbaine ! Bien monté en sauce, nôtre jihadiste devient vite chaud comme un cassoulet devenu trop bouillant !
Mohammed Méeah, lui, s'est retrouvé en apprenti-taliban ayant fleurté de trop près avec des apprentis sorciers, qui ont fini par décider de se passer de ses services après l'avoir bien manipulé. J'ai vu ce soir son appartement, ravagé par le tir de 300 cartouches diverses et l'envoi de grenades. En voyant sa cuisine, j'ai pensé à un tir de HellFire à partir d'un drone, dans les zones tribales du Pakistan ! On vient d'apprendre qu'il a été atteint de plusieurs balles (dont deux mortelles,) la plupart, souligne le médecin légiste, tirées dans le dos. Ce qui est en complète contradiction avec Amaury de Hautecloque, le responsable du RAID, dont le témoignage sur France 2 le 23 mars, laisse plutôt pantois. Ses armes "non létales" qui laissent 300 douilles vides et qui criblent quand même le corps du forcené restent une belle vue de l'esprit, comme l'est aussi la nouvelle idée de l'usage de lacrymogène, survenue après que le web ne se soit emparé des reproches à faire à ce ratage manifeste. Jamais auparavant il n'y avait eu allusion à son usage. Son "je donne l'ordre à mes hommes de ne pas riposter", les riverains on pu l'entendre, en effet, et nous aussi en direct sur BFM : Mérah a tiré une trentaine de projectiles (il aurait possédé sur place trois Colt 45), en face dix fois plus. Son "honoré de se mesurer au Raid" une auto-admiration même pas déplacée, plus que gênante. Les crimes de Merah ont été les pires de ses seize dernières années en France Mais j'aurai aimé, tout criminel odieux qu'il ait pu être, l'entendre nous dire ce qu'il faisait en novembre 2011 dans le bureau de quelqu'un venu hier nous dire qu'il venait lui rapporter ses photos de vacances d'un endroit régulièrement bombardé par des drones, car infesté de terroristes talibans qui tuent eux aussi femmes et enfants.
On a parlé de fiasco, pour l'intervention. Personnellement, je pense que pour Bernard Squarcini c'est une superbe réussite. La France ne possède pas de drone tueur, mais arrive à faire exactement la même chose sans.
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Cellule psychologique
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/03/2012
Autre chose encore qui me tourmente.
Dans les situations de catastrophe, de drames, de morts, de violences comme celle qui vient par exemple de se produire, il est mis en place une "cellule psychologique", une assistance destinée à réduire autant que possible les impacts émotionnels. Si cela est fait, c'est bien que la psychologie est reconnue d'utilité publique, que les progrès effectués dans cette discipline lui confère une légitimité qui doit être partagée.
Mais pourquoi cela se fait-il en bout de chaîne ? J'en reviens à ce déploiement d'hommes et de technologies dans les services de renseignement. Le choix de l'implication la plus forte se fait dans les conséquences des dérives et non dans leur prévention.
Puisque les effets de la psychologie sont reconnus, pourquoi n'est-elle pas beaucoup plus utilisée en amont et non seulement pour atténuer les effets des drames ? Bien entendu que c'est impossible dans le cas d'un tsunami par exemple. Mais dans le cas de la tuerie de Toulouse, il s'agissait d'intervenir en amont pour que la catastrophe n'ait pas lieu. Le tsunami était humain et il était prévisible.
J'ai bien une esquisse de réponse à ma dernière question mais je n'arrive pas à me dire que c'est possible...
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Constat d'échec.
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/03/2012
Un député UMP salue «la mort d'un salaud». Dans un communiqué, le député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca se félicite de l'assaut final, qui a «mis hors d'état de nuire un islamo-fasciste» et salue «la mort d'un salaud». «Justice a été faite... et bien faite !», conclut-il.
"Si ton royaume a besoin des gendarmes, c'est que ton royaume est déjà mort. "Antoine de Saint Exupéry "Citadelle".
"Ils l'ont eu ce salaud."
"Dommage qu'il n'ait pas souffert".
"Il a eu ce qu'il méritait."
"On va être tranquille maintenant. "
Bien entendu que je suis epouvanté par la mort des enfants et des adultes. Bien évidemment que je suis opposé à toute forme de violence. Bien évidemment que je pense à cette femme qui a perdu son mari et ses deux enfants, à cette petite fille assassinée ou à cette jeune femme enceinte dont le compagnon est mort.
Qu'on ne vienne pas me reprocher de prendre parti pour cet homme.
Maintenant, je tente de poser mes émotions premières et d'observer le parcours de cet homme et de comprendre autant que possible ce qui l'a mené là. Il ne s'agit pas de compatir jusqu'à en oublier les victimes mais de comprendre comment lui a pu devenir victime de son existence.
Je pense que l'orsqu'on n'a plus d'estime pour sa propre vie, on en perd l'estime de la vie des autres.
Alors pourquoi était-il dans cet état-là ?
Il n'est pas né assassin, il l'est devenu.
Je m'interroge sur le fait que son désir de rentrer dans l'armée ait été anéanti par son casier judiciaire. Il était prêt à se soumettre à une autorité "légale" et ce rejet l'a peut-être conduit à se soumettre à une autorité fanatique. L'armée ne se sent donc pas capable de prendre en charge et d'accompagner psychologiquement un individu qui lance un appel ? Son casier judiciaire, à l'époque, comportait une condamnation pour vol et conduite sans permis. Etait-ce suffisant pour refuser son engagement ? Un premier séjour en prison avait permis d'établir un profil psychiatrique pour lequel les "experts" préconisaient une aide. L'armée ne pouvait-elle le faire ? Je ne porte pas de jugement, je pose une question. Si l'armée forme des individus au combat et donc à l'éventualité de tuer, on peut supposer qu'elle sait aussi prendre en charge la partie existentielle que cela représente.
J'ai travaillé comme éducateur sportif avec des adolescents délinquants caractériels. Certains avaient déjà opéré des attaques à main armée. Il y avait à l'époque des structures, des professionnels, un encadrement. La politique sociale aurait-elle tiré un trait là-dessus. La politique répressive l'aurait-elle emporté ? Je pose une question...
Je m'interroge sur le fait que l'école publique voit ses postes de rééducateur, psychologue scolaire, enseignants disparaître année après année. Très facile d'imaginer ce que cet enfant (oui, il a été enfant...) a pu connaître. Un rejet.Une incapacité à prendre en charge les tourments de cet enfant. Avant qu'il ne soit embrigadé. Par dépit, par dégoût, par colère. Parce que le rejet est une souffrance indescriptible.
Je m'interroge sur le fait que le milieu familial n'ait pas été accompagné. Une maman qui ne parvenait plus à gérer son fils. Un père absent. Tout le monde le savait. Assistante sociale, éducateurs de rue. Des "espèces" en voie de disparition. Le royaume est encadré par les forces de l'ordre...Qu'on nous donne le coût annuel du maintien en l'état du RAID...Qu'on nous donne le coût annuel d'une cohorte d'éducateurs, d'enseignants, de psychologues, ceux qui oeuvrent à la prévention...
Je m'interroge sur le fait que des jeunes, par perte de repère, par rejet, par désoeuvrement ne finissent par trouver de sens existentiel que dans les mouvements fondamentalistes. Bien évidemment que le fonctionnement identitaire dont j'ai déjà parlé tient un rôle considérable dans ces parcours de vie.
Si l'individu ne se sent ni français, ni algérien, ni travailleur, ni mari, ni chrétien ou musulman, ni militaire, ni reconnu en quoique ce soit, ne devrait-on pas finir par considérer que ces identifications sont bien plus dangereuses que favorables?
Je m'interroge sur le fait que l'éducation nationale, par la bouche de Luc ferry ou autres "sommités" de la philosophie intellectuelle considère que toute tentative d'éducation philosophique et existentielle à l'école primaire est vouée à l'échec.
Comment se fait-il alors que mes élèves soient capables de prendre en considération le fait que cet homme avait certainement épouvantablement souffert pour en arriver là alors que des adultes ne sont capables que de proférer des paroles de haine, d'exclusion, de s'exprimer avec une violence verbale similaire à l'extrême violence dont il a fait preuve ?
La violence verbale ne tue pas, je le sais bien. Elle nourrit par contre les meurtres à venir. En quoi cette violence verbale va-t-elle favoriser l'apaisement et la recherche de la compréhension exacte de ces faits ?
Comment se fait-il que des enfants soient capables d'éprouver une certaine compassion dans la fin dramatique de cette vie tout autant que pour la mort des enfants ?
Comment se fait-il qu'ils soient capables de prendre en considération le fait que cet homme a lui aussi été un enfant?
Je leur ai parlé de l'humiliation, je leur ai demandé d'imaginer la souffrance psychologique et de ressentir ce que cette souffrance pouvait générer ?
Ils m'ont immédiatement parlé de la colère. Comment se fait-il qu'ils soient capables de le comprendre ?
Sans doute parce que ces identifications carcérales ne les ont pas encore totalement formatés. Qu'ils sont encore capables de s'exprimer comme des êtres humains et non comme des hommes désireux que l'état les protège et maintienne le fonctionnement névrotique dans lequel ils se reconnaissent.
Ces individus vont pouvoir reprendre leurs habitudes et espérer simplement que les gendarmes du royaume les protège de la folie. La folie dont ils ne veulent pas entendre parler, qu'ils ne veulent pas voir, dont on doit les débarrasser, comme de la mauvaise herbe.
Non, la justice n'a pas été faite. La justice n'est pas une entité de répression mais une entité de prévention. Les salauds sont ceux qui le récusent et ne voient dans cette justice que le glaive.
Qu'ils lisent Saint Exupéry s'ils en ont par miracle entendu parler.
Quant aux individus qui se réjouissent de la mort d'un homme, qu'ils apprennent à observer la haine qu'ils propagent. Et ils comprendront davantage la violence prochaine qui les saisira. Puisque leur violence verbale aura nourri les prochaines dérives.
J'entends ce soir des critiques envers les services de renseignement qui n'auraient pas mesuré la dangerosité de cet homme ou qui n'auraient pas agi en conséquence. Et avant ? Bien plus tôt ? Y a-t-il une responsabilité au niveau de l'Etat ? Notre Président vient de dire que "de chercher des explications serait une faute morale." Ah, oui, c'est certain que vu comme ça ...
Je vais pleurer la mort des enfants, la mort des hommes. Et la mort de celui que le royaume avait condamné depuis longtemps déjà.
Je ne participerai pas à la condamnation verbale parce que je ne veux pas nourrir les drames à venir. Et j'aurais honte de me présenter devant de jeunes enfants en portant en moi des pensées de haine.
Cet homme-là, aussi, a été un enfant. Et il est trop facile de condamner l'adulte sans savoir exactement tout ce qui s'est passé avant.
Tout le monde dit que le RAID a fait son boulot. Mais c'est un constat d'échec lorsqu'il doit intervenir. C'est là le fond du problème.
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L'identité nationale.
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/03/2012
Identité nationale.
« C’est la France qui est attaquée. »
« C’est toute la communauté juive qui est sous le choc. »
« Nous avons affaire à un Salafiste djihadiste. »
« La nation est solidaire contre le terrorisme qu’il soit islamiste ou autre. »
« La France a été trop laxiste envers les fondamentalistes. »
Etc. etc. etc.
Bien. Et maintenant que toutes ces paroles identitaires ont été proférées, est-ce qu’il y aura quelqu’un pour remonter à la source des problèmes ?
Est-ce qu’il y aura quelqu’un qui parviendra à expliquer que ces identifications nationalistes, religieuses, communautaires, historiques, sociales, sont à la source de tout cet épouvantable gâchis.
Gâchis de vies humaines, exacerbation des haines, des carcans, des peurs, des fantasmes, des accusations, des amalgames.
Parce que le chef de l’Etat met en avant la « résistance » de la France, il entretient les scissions.
Parce que le gouvernement israélien fustige les attaques envers le peuple élu, il entretient les scissions.
Parce que le mot « islamisme » est utilisé, les médias entretiennent les scissions.
Personne ne veut admettre que le fonctionnement même des peuples est totalement suranné. Que ce schéma de pensées a conduit l’Humanité à des désastres épouvantables et que d’autres viendront. Personne ne conteste le fait que les politiciens se servent de ces pensées archaïques pour leurs intérêts personnels. Celui-là va proclamer que celui-là s’est trompé et que lui fera mieux…Mais toujours dans le même paradigme identitaire.
Le conflit israélo-palestinien a commencé le 14 mai 1948.
Faut-il un autre exemple pour valider l’idée de l’identification et de ses conséquences ?
Je ne suis pas catholique, ni musulman, ni juif, bouddhiste, hindouiste, protestant, orthodoxe, jaïnisme, sikhisme, taôiste, mormons, témoin de Jéhovah, créationniste, adventiste, ni sunnite, chiite, salafiste…Je ne suis pas athée ni agnostique.
Je suis un être humain. Et c’est encore terriblement insignifiant au regard de ce qui vibre en moi. Je suis de l’ordre de l’ineffable. TOUT COMME LES AUTRES ETRES HUMAINS.
Et c’est parce que cet ineffable était insupportable au regard des ego que les identifications sont apparues. Et les épouvantables gâchis.
J’enseigne l’Histoire de l’Humanité depuis tente ans à de jeunes enfants. Avec un sentiment de honte qui ne disparaîtra jamais.
J’ai entendu parfois des adultes dire que ces « différences » représentaient la richesse de l’Humanité et qu’il serait désastreux que les êtres humains abandonnent ce patrimoine historique, qu’il est impossible de renier les parcours de vie de nos ancêtres, leur engagement, leur découverte, leur évolution. Cette trahison conduirait l’Humanité à une uniformisation épouvantable…
Comme si les identifications religieuses, historiques, nationales, sociétales représentaient le fondement de l’humain.
Non, c’est faux. Ceux qui sont attachés à cette vision de la vie n’ont jamais éprouvé la vie mais juste les oripeaux des existences formatées.
Je ne pleurerai jamais la disparition d’un enfant juif, musulman, catholique, hindouiste, bouddhiste, français, européen, africain, japonais, noir, blanc, jaune.
Je pleurerai simplement la disparition des enfants.
Et je tenterai difficilement de ne pas en vouloir aux adultes qui ont propagé les haines.
Et je continuerai à œuvrer dans mon coin à l’éventuelle transformation des consciences des enfants. Travail de fourmi à qui on aurait arraché les pattes…Dérisoire à l’échelle de la planète, insignifiant au regard de l’ampleur gigantesque de la tâche.
Mais j’y gagne au moins la possibilité de m’estimer un peu. Je partirai de cette Terre en ayant fait ma part du travail.
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Minute de silence (spiritualité)
- Par Thierry LEDRU
- Le 20/03/2012
Minute de silence
Alors, donc, nous avons reçu « l’ordre » d’effectuer une minute de silence dans les écoles.
Et de nous débrouiller pour expliquer le pourquoi du comment aux élèves.
Il aurait donc fallu que j’explique à mes élèves de CM2 les liens très étroits de la politique française avec la communauté juive, « l’intérêt » évident que les politiciens avaient immédiatement cerné à travers ce drame effroyable.
Je m’en suis tenu à honorer avec mes élèves la mémoire de ces enfants.
Pas d’enfants « juifs » mais juste d’enfants.
J’ai malgré tout précisé que je ne soutenais pas, et depuis longtemps, la politique du gouvernement israélien et que mon adhésion à cette minute de silence n’était pas une reconnaissance de ce gouvernement.
Juste la reconnaissance de vies brisées. Des vies d’enfants. Et j’aurais refusé cette minute de silence s’il n’y avait pas eu d’enfants assassinés.
Je n’adhère pas pour autant aux comparaisons faites envers les enfants syriens, afghans, irakiens, africains…
Comment pourrions-nous attribuer une échelle de valeur à la vie d’un enfant, quel qu’il soit. Ces enfants français ne mériteraient pas qu’on les pleure parce que des enfants meurent partout dans ce monde ? En quoi en sont-ils responsables ? Que pouvaient-ils y faire ? Ils en étaient certainement plus émus d’ailleurs que des milliards d’adultes rassasiés de paix et de bien-être…
Non, je pleure ces enfants-là tout autant que ceux qui aujourd’hui sont morts de faim, de froid, de soif, de maladie, de violence, sous les coups des adultes.
Aucune comparaison n’est possible. C’est un enfant mort. Et un autre, un autre, un autre, un autre, un autre, un autre, un autre, un autre, un autre, un autre, un autre…
Pas un enfant juif, syrien, africain, afghan, tibétain,…Juste un enfant, et un autre, et un autre, un autre, un enfant, un enfant, un enfant…