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Le libre penseur
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/04/2011
La libre-pensée ou libre pensée (expression attribuée à Victor Hugo dans un discours de 1850) est l'attitude philosophique consistant à refuser tout dogmatisme, religieux ou autre, et à ne se fier qu'à sa raison (rationalisme). Dans sa forme, l'expression est ambigüe puisque si la pensée peut être libre par rapport aux autorités, elle ne peut se libérer de la réalité.
Le problème, à mes yeux, est que la raison, est particulièrement formatée et ne concourt pas à la liberté. Elle n'en est qu'un outil. Elle ne libère pas l'ouvrier. Si on considère qu'un libre penseur est un esprit qui a la capacité à s'opposer à des dogmes, il n'est pas libre pour autant puisqu'il réagit à des paramètres auxquels il s'oppose. Il lutte dans la geôle des conditionnements qu'il combat. Ce combat, lui-même, est une enceinte qui l'amène à adopter des attitudes, des réactions, des conflits, des confrontations d'idées. Mais on peut tout de même lui accorder un certain hommage devant la difficulté de la tâche. Il ne me viendrait pas à l'idée de critiquer un Voltaire par exemple...
Plutôt que "libre penseur", je préfère l'expression du "penseur qui se libère".
On peut se demander s'il ne convient pas d'arrêter de penser pour atteindre la liberté. C'est sans doute pour ça que j'aime autant l'effort physique de longue durée... Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de pensée mais un état de plénitude intérieure nourrie par l'énergie qui vibre dans les fibres. C'est la Nature finalement qui est le plus doux garant de la liberté. L'humanité est un amalgame de pensées qu'on cherche à gérer et dès lors on perd sa liberté de ne plus penser. Le "libre penseur" est celui qui s'est libéré de la pensée...
Cette réalité dont on ne peut se défaire, il est tout de même permis de ne pas la commenter. Ce qui n'élimine pas l'observation. La pensée est tournée vers l'autre. Là, en ce moment, si je pense, ça n'est pas pour moi mais pour transmettre ce que je porte et que je connais.je n'avais pas besoin d'écrire ce texte pour éprouver cette liberté de non-pensée. En décidant de la partager, j'entre de nouveau dans le cadre des pensées afin de constuire un texte éventuellement compréhensible. Je me soumets dès lors à cette nécessité. Mais je l'ai identifiée, j'en connais les détours. Et je sais qu'il me suffira d'aller marcher demain en montagne pour qu'elle s'efface.
Le libre penseur est celui qui a établi en lui-même le cheminement favorable à l'émergence d'une pensée soumise à sa raison et non d'une pensée intrusive et qui possède également le cheminement permettant de se libérer de cette pensée lorsqu'elle n'a plus de raison d'être.
Le libre penseur ne peut pas être attaché à son désir de liberté au risque de créer une entrave. S'il n'existe qu'à travers son originalité, il en devient dépendant. Que sera-t-il s'il ne trouve plus de pensées formatées à combattre ? Un libre penseur enchaîné à l'absence de combat. Le libre penseur qui est conditionné à son désir de liberté ne peut pas être libre...
Il n'y a bien que l'absence de pensées qui puisse être source de liberté.
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La maladie ou le "mal l'a dit"
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/04/2011
Et si nous n'entendons pas ce que le "mal" nous dit, c'est la maladie qui prend le relais. Il y a des signes précurseurs et au lieu de nous précipiter chez le médecin allopathe, qui d'ailleurs devrait apprendre à dire "allo, il y a quelqu'un?", au lieu de s'acharner à faire taire ce que le mal dit, si nous apprenions à nous entretenir avec nous-mêmes, si nous apprenions à aimer la vie qui est là au lieu de nous plaindre des conditions de vie qui sont devenues douloureuses, si nous parvenions à comprendre pourquoi le mal nous parle et à en retirer le bien qu'il contient, cette évolution vers une compréhension plus fine de nous-mêmes, si nous abandonnions cette habitude inculquée d'entrer en conflit avec le mal alors qu'il est là pour notre bien, peut-être est-ce que ça irait mieux...
Je ne rejette pas la médecine allopathique, la techno-science et les formidables avancées qui sont les siennes. Les chirurgiens qui vont sauver les accidentés de la route ou les combattants lybiens n'ont pas à se poser de questions sur les tréfonds de l'âme de celui qui agonise... Je rejette par contre les techniciens qui ne sont plus que des "urgentistes". La technique en soi est vide de toute compassion si elle n'est pas accompagnée par l'écoute envers ce que le "mal a dit". Ce technicien n'est sinon qu'un mécanicien et on sait tous que nos voitures retombent inévitablement un jour en panne...
Les traitements qui sont construits sur l'idée de la causalité sont des traitements fragmentaires. "Une douleur, une cause," est un raisonnement éminemment simpliste.
Le corps est le reflet d'un monde intérieur qui ne s'arrête pas à l'usure d'une pièce, à l'encrassage d'une tuyauterie, à la rupture d'une durite. Ce qui importe, c'est de remonter à la source du problème et non de se contenter de l'effet visible. Si un garagiste s'arrêtait à vous vendre un bidon d'huile sans essayer de trouver la fuite, vous le traiteriez de charlatan...C'est surprenant que certains médecins se satisfont d'un médicament sans savoir pourquoi celui-ci est devenu à leurs yeux indispensables et que nous retournions les voir lorsque le traitement n'a aucun effet durable et que la perte d'huile s'obstine à réapparaître...
L’homéopathe qui s’astreint à faire un état des lieux avant de se diriger vers un traitement fait preuve de cet égard indispensable envers le patient. Et si celui-ci s’appelle « patient », c’est bien qu’il est capable de faire preuve de patience envers la guérison. Il n’est pas dans l’attente immédiate d’un effet mais dans l’obtention d’une compréhension de ce qu’il est et de ce que le mal lui dit. La guérison viendra en son heure. Et si l’individu emprunte une « voie express » pour arriver à destination, il ne s’en plaindra pas.
Hippocrate, lui-même, estimait que le médecin devait prendre en charge, non pas la maladie, mais le patient. Rien que ce regard holistique marque une distanciation immense avec la pratique de « ces techniciens de surface » qui s’intéressent à la pièce sans observer, analyser, parcourir, ausculter l’architecture entière et plus encore l’architecte lui-même…
C’est ce regard spirituel qui manque effroyablement. Cette voie également tournée vers l’architecte et non uniquement la structure. Il reste en plus de ce travail envers la conscience intime de l’architecte à l’accompagner dans la conscience de ce qui constitue l’énergie permettant l’existence de l’architecte…J’entends déjà certains médecins arguer que ça n’est pas de leur ressort. Effectivement, ça n’est pas « uniquement » de leur ressort. C’est aussi à l’école de le faire, aux familles, aux médias, à la culture, aux individus entre eux.
« L’homme n’est rien d‘autre que la Nature prenant conscience d’elle-même, » écrivait Elisée Reclus au XIXème siècle.
La maladie n’est-elle pas dès lors le symptôme d’une Nature qui souffre d’une inconscience envers elle-même ? Ou d’une indifférence, d’un éloignement destructeur ?
Là encore, lorsque je lis les textes concernant les indiens Kogis, j’ai du mal à considérer que nous sommes dans une voie de progrès et que eux sont restés figés dans une culture ancestrale et primitive. Je dirais plutôt qu’ils ont continué à avancer dans une voie de connaissance spirituelle et que nous avons foncé tête baissée dans une voie mécaniste. Non seulement nous ne nous intéressons pas assez à l’énergie constituant la vie des architectes mais nous avons en plus perdu de vue les architectes eux-mêmes dans le fatras de leurs architectures.
Effroyable désastre.
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Intérieur, extérieur...
- Par Thierry LEDRU
- Le 06/04/2011
J'en suis de nouveau là...Cette impression extrêmement puissante que la "réalité" que je perçois n'est qu'une infime partie de ce qui est. Des bouleversements qui surviennent, des marées de frissons, totalement inattendus, n'importe quand, en pleine nuit ou au volant de ma voiture, en vélo ou au moment de taper dans une balle de tennis, en croisant le regard d'un de mes élèves dans la classe, en regardant par la fenêtre, en suivant des yeux ma princesse qui traverse le salon, en entendant la voix de ma fille, en contemplant la lune ou en écoutant le chant du rouge-gorge qui ne quitte plus notre jardin...Comme une enveloppe qui se déchire.
Je n'ai plus peur désormais...
"VERTIGES"Extrait.
« Il ouvre les yeux…
Un disque ardent rayonne au-dessus des montagnes. Des cascades de bleu glacé caressent les pentes de neige endormies. Un calme d’une froideur métallique emplit l’espace. Là-haut, une veilleuse s’est allumée et répand sur les choses envoûtées une lumière féerique, une limpidité cristalline. Aucun chuchotement n’ose troubler l’immobilité des montagnes. L’air, lui-même, est suspendu à cette vapeur bleutée. Le relief a perdu son agressivité, les pointes se sont nivelées, les cassures se sont comblées. Cette sublime phosphorescence attendrit l’ensemble et éveille une harmonie totale. Une cloche de verre semble protéger de toute intrusion ce lieu sanctifié. La lune donne sa clarté comme une bénédiction.
Il a l’impression que le disque blanc s’ouvre sur un autre monde, comme un hublot pour des spectateurs curieux…Il se sent observé…Cette idée voyage longuement dans son corps étalé, au creux de son cocon de neige. Cette atmosphère si intense résonne en lui comme dans une coque vide. Il se fond dans cette étreinte qui par moments s’adoucit de pâleurs ou se charge de mauves.
Il ne sait pas ce qui l’a réveillé…
Est-ce cette vibration subtile qui s’est insinuée dans son ventre, comme une onde souterraine remontée des âges glacés, ou cette mélodie de silences aigus qui a transpercé la carapace de son cerveau éteint ?
Il est trop près de la vie de la montagne, il ressent trop profondément l’ineffable beauté qui l’entoure pour pouvoir mourir. Il le comprend brutalement sans pouvoir l’exprimer. Les idées jaillissent en lui comme un flot libéré. La vie du monde est en lui et le soutient. Tant que ses yeux restent fixés à la Terre, il ne peut pas partir…Mourir, c’est retourner ses yeux au-dedans de soi et oublier l’Univers.
Cette phrase se grave dans son cerveau. Hypnotisé, il entreprend dans sa tête le lent processus de l’homme qui se lève. Ses genoux soudés par le froid se déplient en craquant, les coudes parviennent à se bloquer pour supporter le poids du corps, le dos, sculpté par la douleur, retrouve dans sa mémoire une posture acceptable.
Il est debout…Du moins, ses jambes le portent. Pour le reste du corps, trop tordu, il ne s’agit pas d’une position connue.
Le glacier s’étire devant lui, nonchalamment, maquillé par endroits d’embruns scintillants qui offrent à la lune leurs miroitements étoilés. Des clairières de lumière diffuse guident les présents de l’astre vers des étendues insatiables. Dans cette cérémonie amoureuse, tout n’est qu’offrande.
Comme un somnambule fasciné, il chemine lentement entre les crevasses ouvertes. Il perçoit dans ses os les craquements de la glace et son sang est teinté par la nuit bleutée…Il se croyait vidé de tout mais il comprend maintenant qu’il s’est simplement retourné…Son intérieur est dehors…Il a déjà ressenti cela, autrefois, sur un sommet…Peut-être n’est-ce pas si loin d’ailleurs. Il ne parvient plus à distinguer le temps qui passe. Il est assailli de sensations inconnues. Il saisit avec une précision extrême la rotation de la Terre, les courants d’air dans l’atmosphère, les soulèvements des océans aimantés par la lune, les mouvements indicibles de la croûte terrestre…Il en est presque effrayé. Tout ce qu’il capte est si éloigné de l’humain. Pourquoi lui donne-t-on à connaître tout cela ? Qui est responsable ?
Il ne distingue plus son corps.
Il regarde sa main et il aperçoit dans les rides des sillons d’étoiles filantes. Il emmène cette main vers l’endroit supposé de sa joue, mais il ne reçoit aucune information connue. Il a peur de disparaître dans l’espace, et, simultanément, il comprend que c’est déjà fait.
Il ne s’agit plus simplement d’une cellule au bout d’un doigt, travaillant aveuglément pour cette zone limitée, ignorante du corps qui la porte, il ne s’agit plus d’un individu vivant à l’intérieur d’un espace inconnu, insensible à l’immensité qui le contient. Il est entré ailleurs…Dans une dimension synergétique, dans un état d’ultime clairvoyance.
La cellule, au bout du doigt, est intimement liée au Tout…Et dans son entité, simple et unique, le Tout est inscrit…
Il devine alors combien il n’est pas lui. Mais bien plus. Sans savoir ce que c’est…Il est incapable de continuer sa découverte. Tout va trop loin. Il a l’impression brutalement que sa conscience est en expansion, qu’elle est inscrite dans le même élan qui porte l’Univers, qu’à l’intérieur de son crâne en fusion, un processus s’est engagé, qu’il ne contrôle rien et que ce n’est qu’un début.
Il voudrait être sûr de ne rien oublier mais sitôt pensée, l’idée disparaît. Il en ressent une profonde injustice. Plus il tente de se concentrer, moins il comprend…Il doit s’abandonner, il le sent. Tout ce qui se passe d’ailleurs, n’est que ressenti. La raison est trop restrictive. Il faut s’en dépouiller. Ne rien vouloir. Ce serait encore trop humain. Et l’humain est si faible. Il faut autre chose. Et c’est en lui, il en est certain. Mais où ?
Devenir la sensation pure.
Ne pas vivre dans le monde mais vivre du monde.
Non, la solution n’est pas en lui, il le sent, il le sait, la solution, c’est le monde…
Etre soi, c’est se défaire de soi et entrer dans la complicité avec l’espace, avec la matière vivante qui grandit inexorablement, comme sa conscience. L’Univers est en lui, il le comprend et il s’étend avec lui, sur sa lancée.
Il dérive dans des courants de lumière inconnue. L’étendue des révélations qui s’éveillent le bouleverse.
Une étrange impression de chaleur se pose sur son visage. Pourtant, rien à l’horizon n’indique la venue du soleil. Il voudrait comprendre mais sitôt prononcée, cette volonté anéantit toutes ses chances de saisir. Il cesse de penser et se laisse porter par sa marche lancinante.
Il écoute avec sa peau, et de nouveau une tiédeur le frôle.
Des courants solaires se sont insinués dans la nuit. Eclaireurs de l’astre, ils annoncent au monde l’élévation prochaine. Des effluves bienfaisants caressent sa peau. Il est heureux.
Il voit avec sa peau !
Jamais il n’aurait cru cela possible. Devant cette conscience nouvelle, il cherche encore à comprendre comme s’il ne pouvait pas se défaire de cette habitude. Il sait que quelque chose a changé. Mais il ne sait pas ce que c’est. Le mot « clarté » revient sans cesse. Il pressent qu’il ne s’agit pas du soleil ou d’une lumière visible mais d’un regard sur lui-même. Une compréhension mystérieuse qui lui avait toujours échappé. A la fois, et de nouveau de façon imprécise, il devine combien il lui reste de chemin à parcourir.
Intérieurement.
Comme si le fait d’avoir entamé une découverte, d’avoir entrouvert une porte inconnue, lui ouvrait un horizon gigantesque, un panorama infini de consciences, toutes, à mesure de leur éloignement, plus profondes les unes que les autres. Un sentiment d’excitation le gagne, remplacé aussitôt par une inquiétude profonde. Est-il capable de voir plus loin, a-t-il les capacités d’apprendre encore ? Et apprendre quoi ? Il ne sait pas ce qu’il reste à découvrir. Il ne domine rien.
Il n’est pas en apprentissage.
Il est en révélation.
Les idées l’épuisent. Tout va si vite. Il al ‘impression d’être ouvert. Et que toutes les idées existantes tombent en lui, c’est effrayant et bouleversant à la fois. Il voudrait continuer mais il ne sait pas dans quel sens diriger ses pensées…
Diriger…
Quel mot prétentieux ! Il en rirait s’il en avait la force. Qu’est-il donc s’il ne contrôle pas ses progrès, si tout lui arrive, si tout vient en lui mais qu’il ne soit pas capable de faire venir. Y a-t-il l’homme qu’il voit, qu’il peut toucher, sentir, et puis, caché derrière une conscience primaire et immédiate, un autre lui-même, différent, conscient d’autres consciences, connaissant d’autres connaissances, vivant une autre vie, une vie secrète, étouffée, maintenue cloîtrée comme si les révélations à dire faisaient peur. Et laquelle de ces deux vies, ou peut-être plus, est la plus réelle ? Celle du monde des vallées n’est-elle donc qu’un songe ? Celle-ci, loin de tout et surtout des hommes, est-elle encore une vie ? Ou juste une fuite ? Faut-il vivre parmi les autres quand on veut se connaître ? Ou la grande solitude est-elle la condition unique et indispensable ?
« Alors jusqu’ici, je n’ai jamais vécu ? »
La question est tombée. Il n’a pas pu la retenir. Dans le flot de pensées qui l’assaille, ce jugement implacable s’est imposé.
Il essaie de se sauver en se remémorant des évènements importants qu’il aurait réellement dominés, quelque chose qu’il aurait conduit, totalement, de l’essence même de l’idée à sa conception, de sa réalisation à sa conclusion et enfin l’enseignement à en retirer. Il ne trouve rien…Les idées lui ont été données, les cheminements ont été tracés, les enseignements lui ont échappé. Rien n’est de lui. Il n’a pas agi, il a réagi...Subir, seul ce mot lui convient. Un dégoût de soi, mêlé d’une épouvantable tristesse, le submerge…Rien ne lui appartient et surtout pas lui-même. Il le sent et c’est une douleur effroyable.
Il a été vécu. A travers l’autre, celui qui s’appelle Jonathan. Lui, le vrai, ne s’est éveillé qu’ici. Sa vie au grand jour commence.
S’il parvient à rester à la surface. Si Jonathan ne reprend pas la place.
Il cherche à établir une liste d’actes à accomplir pour rester maître de lui-même. Il ne trouve rien. Il est épuisé. Tout s’embrouille. Il découvre et ne peut rien retirer de cet enseignement. Il apprend sans comprendre pleinement. Tout continue à tomber en lui. Est-ce qu’il faut s’en contenter ? N’est-ce pas déjà un merveilleux chemin ? Que faut-il pour rester conscient ? Et penser que l’on est conscient, est-ce une preuve suffisante ? N’y a-t-il pas encore tromperie ? Penser que l’on pense à soi, est-ce un acte de maîtrise, une certitude d’avoir atteint un degré supérieur de conscience ? Celui qui est en moi possède-t-il un jugement impartial, totalement objectif ? Il a peur. Les mots sont effrayants. Il ne se souvient même pas les avoir appris un jour. Ils tombent en lui comme dans un gouffre béant. Le flot ne s’interrompt plus. Il sent pourtant, que cette fois, il doit se laisser porter, que cette fois, tout ce qui se passe en lui est bon à prendre. Même s’il s’agit toujours d’un état de dépendance, même si les idées ne sont pas à lui mais en lui, il convient simplement pour l’instant de les laisser éclater au grand jour, de les saisir le plus fidèlement possible, de les préserver enfin. Et peut-être un jour de les comprendre. Il doit cesser d’avoir peur…
Mais puisque ces idées sont en lui, elles doivent bien lui appartenir ! Tombent-elles de l’Univers dans un esprit prêt à les accueillir ou remontent-elles d’une mémoire gigantesque ? Tout est-il déjà inscrit quelque part à l’intérieur ? Cette connaissance suprême, comment la conserver, l’approfondir, la développer si elle disparaît sans prévenir, s’il est impossible de la contrôler. Si tout est perdu à chaque fois, comment atteindre la félicité ? Où la mémoire range-t-elle cette béatitude, cette lucidité extrême, cette complicité avec l’Univers ? Existe-t-il quelque chose de durable ?
Il n’a pas le temps de finir une phrase qu’une autre survient, qu’un flot de pensées absorbe le précédent, qu’une question s’impose avant le début de l’esquisse d’une réponse. Il est noyé de mots. Chaque révélation en appelle dix autres. Il croit devenir fou…Conscience, Univers, clairvoyance, harmonie, osmose, béatitude…Des mots ignorés semblent avoir pris vie en lui et s’écrivent dans un foisonnement inaltérable.
Comme si tout avait déjà été là.
Il descend… -
Un sacré fatras.
- Par Thierry LEDRU
- Le 02/04/2011
Et qui pourtant sert encore de fondations...Consternant.
Georges Minois sur le sujet des Textes bibliques. Un ouvrage intitulé "Les origines du mal : une histoire du péché originel".
Voici un résumé trouvé sur internet.
"Pourqui les hommes sont-il mortels ? Pourquoi souffrent-ils tellement et font-ils souvent souffrir leurs semblables ? Depuis l’Antiquité, des hommes élaborent des explications surnaturelles. Le premier livre de la Bible en présente une qui aura un impact énorme sur les croyances et la vie d’une multitude d’hommes. Vers le VIe siècle avant notre ère, les rédacteurs de la Genèse ont imaginé un récit qui attribue l’essentiel de la responsabilité au Diable (le tentateur, jaloux de la nouvelle créature de Dieu), à Ève (la première à commettre « la » faute) et à Adam (qui s’est laissé séduire par sa femme).
Le récit de la consommation du fruit défendu occupe une place minime dans l’Ancien Testament. Il n’est pas mentionné dans les Évangiles. C’est Paul de Tarse (St Paul) qui a lancé l’idée que le Christ s’est incarné et a subi le supplice de la croix, pour que Dieu le Père pardonne le péché commis par Adam et Ève, un péché qui a scellé le sort de l’Humanité entière : l’expulsion de l’Éden, la transmission de ce péché à tous les hommes, la condition d’être mortel, les souffrances de l’accouchement, la domination de la femme par l’homme, l’obligation de travailler, la honte de la nudité.
Jusqu’à la fin du IVe siècle, les chrétiens ont avancé des opinions contradictoires sur la culpabilité d’Adam et Ève et sur l’impact de ce péché (le mal est alors souvent expliqué par l’action du Diable). Augustin d’Hippone (St Augustin), un évêque africain obsédé par le problème du mal, est l’inventeur de l’expression « péché originel » et le grand artisan d’une lecture littérale du récit de la Chute. Il organise des conciles à Carthage, qui aboutissent à l’affirmation de la doctrine du péché originel par le pape en 418. Á partir de ce moment, le problème est réglé pour l’Église. Simplement les théologiens consacreront une énergie considérable à comprendre, à expliquer et à justifier une idée qui paraîtra, au fil des siècles, de plus en plus incompréhensible et même scandaleuse : Dieu, tout-puissant et infiniment bon, a condamné sans pitié l’humanité entière à d’injustes souffrances, par la faute de ses deux premières créatures et n’a accepté de pardonner que parce que son Fils bien-aimé a subi un supplice effroyable.
Au XVIe siècle, l’interprétation du récit de la Chute devient une « pomme » de discorde entre catholiques et protestants. C’est alors que l’Église romaine veut en quelque sorte clôturer le procès d’Adam. Aussi le concile de Trente fait-il du péché originel un dogme. Désormais tout catholique qui refuse le caractère historique du récit biblique est hérétique et encourt l’anathème. Autres dogmes du même concile : tous les hommes — à l’exception de la mère du Christ, « l’Immaculée Conception » — héritent du péché originel et doivent être baptisés pour qu’il soit effacé. Les enfants sans baptême ne peuvent aller au ciel. Leur âme va dans un endroit déjà imaginé par Thomas d’Aquin au XIIIe siècle : les limbes.
L’Église s’interdit de revenir sur les dogmes qu’elle a proclamés et ne peut donc faire autrement, aujourd’hui, que de continuer à affirmer, comme « vérités essentielles de la foi », le caractère historique du péché d’Adam et le rachat de ce péché par le supplice du Christ. Ces dogmes sont donc répétés dans la dernière version du Catéchisme de l’Église catholique, publié par le Vatican en 1997 (éd. française en 1998 aux éd. du Cerf). L’Église reconnaît toutefois le caractère irrationnel de ses explications : « La permission divine de l’activité diabolique est un grand mystère » (Catéchisme, § 395), « La transmission du péché originel est un mystère que nous ne pouvons comprendre pleinement » (§ 404).
G. Minois montre que, tout au long de l’histoire du christianisme, des auteurs ont imaginé des interprétations symboliques du récit biblique : par exemple Pélage au IVe siècle ou Lamenais au XIXe. Ces conceptions ont été systématiquement refusées par l’Autorité catholique et les protestants fondamentalistes. L’énoncé de ces conceptions valait à leurs auteurs l’excommunication de l’Église et autres sanctions (à commencer par Pélage, qui fut expulsé de Rome et dont les biens furent confisqués).
À partir des années 1960, la question du péché originel a suscité une profusion de spéculations théologiques, publiées parfois dans un langage incompréhensible pour le commun des mortels. À titre d’exemple, citons Louis Panier, professeur à la Faculté théologique de Lyon, qui s’exprime en langage lacanien. Après avoir rappelé qu’il ne sait pas ce qu’est le péché originel, mais que le texte biblique contient « une vérité qui me concerne en tant que sujet », Panier réinterprète tous les éléments du récit. Par exemple, le fait que Dieu ait dit à Ève, en la chassant du paradis, « ton mari dominera sur toi » serait à entendre comme ceci : « Dieu n’établit pas le pouvoir des hommes, il révèle à la femme la faille “insue” où il sera question pour elle d’entendre l’altérité de la parole. » (Le Péché originel, éd. du Cerf, 1996, p. 96). Sa conclusion : « Le péché originel concerne donc ce qui en chaque homme structure l’humanité, pour autant que pour chaque “un” l’unicité est signifiée, posée sous un signifiant qui se détache dans le réel (dans la chair du monde), ce sur quoi s’établit cette humanité singulière. » (p. 146). On en vient à se demander s’il faut embrasser la foi lacanienne pour conserver la foi dans le catholicisme.
L’ouvrage de Minois fait voyager à travers toute l’histoire de la culture chrétienne. En effet, la doctrine du péché originel a façonné l’image occidentale de l’homme. Elle a alimenté la culpabilisation du plaisir sexuel (pour beaucoup de théologiens, Adam et Ève ont commis le péché de la chair), mais aussi de la désobéissance et même de la connaissance scientifique. Elle a justifié l’ordre social (l’homme étant foncièrement incliné au mal, il faut de la violence pour maintenir l’ordre) et la misogynie – Paul de Tarse (St Paul) a affirmé que « ce n’est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui, séduite, se rendit coupable de transgression ». Le péché originel n’a pas seulement occupé les théologiens, il a été l’objet de réflexion pour de nombreux philosophes : Pascal, Leibniz, Kant, Hegel… Au XVIIIe siècle, il est devenu la cible privilégiée des rationalistes. Au XIXe, Adam sera « tué » par le darwinisme. Les chrétiens qui accepteront la théorie de l’évolution en maintenant l’Adam historique devront se livrer à des contorsions intellectuelles qui aboutiront à la doctrine actuelle de l’Église : le corps est « tiré d’une matière déjà existante et vivante », mais chaque « âme » est créée par Dieu.
Minois consacre le dernier chapitre du livre aux progrès de la biologie et de la médecine, nouveaux « arbres de la connaissance ». Pour bon nombre de croyants, il y a là des risques de désobéissance à Dieu tout à fait comparable à celle d’Adam et Ève. On peut dès lors se demander si des représentants de religions, qui ont imposé des règles absurdes, ont leur place dans les comités d’éthique."
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1057 -
Divin dilemme.
- Par Thierry LEDRU
- Le 02/04/2011
Osho, « maître spirituel » s’évertuait à condamner les religions. Je ne vais pas le blâmer…
Je suis par contre surpris par le raisonnement dont il usait.
Selon lui, Dieu ne peut pas exister étant donné que la création n’est pas achevée et que l’évolution est une théorie acceptée par tous les esprits objectifs depuis Darwin.
Dieu, en tant qu’être parfait, n’aurait pas pu se tromper dans sa création. Les Textes disent que ça lui a pris six jours et qu’ensuite, comme tout cela lui plaisait, il est parti se reposer…Est-ce qu’il aurait pu se tromper à ce point-là et ignorer que cette création ne resterait pas figée ? Qu’elle lui échapperait en quelque sorte…
C’est impensable si on accorde à Dieu le fait d’être parfait.
Voilà, en résumé. Je ne vais pas m’étendre sur le fait que tout ceci n’est issu que de Textes écrits par des humains et par conséquent hautement subjectifs…Le débat est sans fin.
Ce qui m’interpelle, c’est l’idée que Dieu, dans l’éventualité de son existence bien entendu (mais ça n’est pas le sujet), aurait nécessairement opté pour une création figée. Cette phrase « il vit que tout était bien », ne signifie pas obligatoirement, à mon sens, que les données insérées dans l’Univers et sur la Terre étaient définitivement intangibles. Il peut au contraire s’agir simplement d’une « mise en marche », comme les éléments précurseurs indispensables à l’évolution. Dieu est peut-être intéressé par l’évolution et non adepte d’une vie cristallisée. Comment d’ailleurs concevoir qu’un Dieu imaginerait que la Vie puisse être une création enkystée alors que tout ce que nous voyons de la Vie clame le contraire.
A mon sens, l’erreur de Dieu aurait été de croire (c’est amusant d’associer ce verbe à Dieu) que la Vie n’évoluerait pas.
Imaginons maintenant qu’il savait très bien ce qu’il faisait et, qu’une fois, insufflé les éléments vitaux, il se serait reposé pour voir la suite.
Dieu serait un « expérimentateur » et non un simple Créateur.
Regardons les artistes, peintre, dessinateur, musicien, écrivain. Leurs créations sont figées. C’est ce qui les pousse d’ailleurs à en créer une autre. Celle qui est terminée n’a plus aucun intérêt. Comment imaginer que Dieu se serait éreinté à créer quelque chose qui n’aurait plus aucun intérêt ?
L’évolution est bien plus intéressante à observer. Dieu ne serait pas qu’un artiste. Sa création n’a pas de limite parce qu’elle est une expérience. Nous sommes quelques-uns des expérimentés. Pas nécessairement les plus pertinents si on observe les dégâts occasionnés à l’expérience.
Se pose dès lors le problème de l’intérêt de l’expérience.
Si nous considérons que Dieu continue à observer l’évolution comme un expérimentateur assidu, on est en droit de se demander s’il n’est pas un peu déçu. Avait-il imaginé un tel désastre quant à l’ensemble des éléments insérés dans l’expérience ? Cette espèce humaine est éminemment un sérieux problème. Complexe, inattendue, brutale et parfois aimante, destructrice et parfois géniale, indifférente et parfois compatissante.
Imaginons que Dieu dans son interrogation pèse le pour et le contre. Il a déclenché l’expérience mais n’est jamais intervenu, comme tout bon scientifique. Il faut aller à terme sans influer sur les évènements naturels. Bon, très bien mais là, cet homme met en danger la totalité de l’expérience. Que faire ? C’est intéressant d’imaginer un Dieu perturbé ! Ca l’humanise !
Mais que peut-il faire ? Intervenir pour extraire cet élément qui échappe à toute raison (ou qui se sert de sa raison contre lui-même…) afin de laisser l’expérience se poursuivre tranquillement ? Après tout, on peut envisager une multitude de voies évolutives une fois l’humanité retirée du manège…Ca peut être intéressant pour Dieu alors que là, franchement, il doit un peu s’en mordre les doigts…Ca sent le roussi (radioactif entre autre.) Et puis, après tout, c’est lui le patron. Le bocal lui appartient.
En même temps, c’est un constat d’échec et ça, c’est dur à encaisser, même quand on est Dieu.
Se peut-il que cet homme change de voie un jour prochain, évolue enfin vers une conscience non duale et cesse de se prendre pour le nombril du monde ? Dieu a bien dû voir que tous ces êtres humains ne sont pas à mettre dans le même sac. Ils sont, tout de même parfois, d’une richesse intérieure éblouissante et il serait malheureux de se passer de ces grands moments de bonheur que ces êtres lui procurent. Cruel dilemme divin. D’autant plus que Dieu ne peut pas demander son avis à qui que ce soit. Ca doit le miner un peu parfois d’ailleurs cette solitude. Heureusement qu’il y a parfois ces « Eveillés » qui se connectent. Tiens, oui, c’est vrai. Ca serait vraiment malheureux de supprimer l’humanité et de se priver de l’immense sérénité de ces individus. Et puis cette multitude d’enfants, comment les condamner alors qu’ils n’ont encore rien pu décider ? Ca serait injuste.
Que peut-il faire ? S’il veut rester objectif, et on est en droit d’espérer que Dieu le soit, il ne peut pas laisser ses émotions l’envahir et lui dicter une décision arbitraire et inique.
Du coup, il est peut-être retourné s’asseoir et il regarde la suite.
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Le déconditionnement.
- Par Thierry LEDRU
- Le 31/03/2011
Finalement, quand je lis des livres sur la spiritualité, je vois souvent apparaître la nécessité de désapprendre, de "se libérer du connu." Comme si toute cette connaissance accumulée n'était qu'un paravent dressé devant la réalité.
Je m'interroge dès lors sur mon rôle d'enseignant. Je participe à cette obstruction, à ce conditionnement, à cet éloignement de la réalité. Les concepts dont j'use ne sont que des idées formatées.
Je me souviens d'une histoire racontée par Anthony De Mello.
"Je suis prisonnier de guerre depuis un an, j'attends que mon gouvernement paie une rançon pour que je sois libéré. Mes geôliers, avec lesquels j'ai lié une certaine amitié, décident un matin de me montrer mon pays, en m'amenant à la frontière. Nous montons dans un véhicule et nous roulons pendant quatre heures. J'imagine déjà les paysages que j'aime. Enfin, nous arrivons à destination, nous descendons du camion et mes geôliers me laissent contempler les montagnes, les vallées, mon pays, mon beau pays.
Quelques instants après, un geôlier s'approche et me dit.
Nous n'avons pas pu aller jusqu'à la frontière en fait. C'est trop dangereux. Nous sommes encore dans mon pays. Le tien est au-delà de ces montagnes."
Nous remontons dans le véhicule. Je suis abasourdi, assommé. A quoi ai-je réagi ? D'où venait cette émotion ? Uniquement ce conditionnement lié à mon imagination, à la transformation de la réalité, une interpétation associée à mes désirs. Je ne voyais pas ce qui existait mais ce que j'espérais voir, ce que mes souvenirs contenaient, jusqu'à me priver de toute perception sensée. Il ne s'agissait d'ailleurs même pas de mes sens mais d'une déraison qui usait des sens pour valider ce à quoi elle était attachée. Je ne voyais pas ce qui existait mais ce que je voulais voir exister.
"Mon pays" n'était qu'un concept, une représentation mentale, un concept partagé par des millions de concitoyens que j'imaginais être ceux de mon peuple, de ma patrie. D'autres concepts...
Mes geôliers luttaient pour le maitien de leurs propres concepts et ils étaient finalement aussi enfermés que moi."
Tout cela est consternant...
Et mon travail avec les enfants consistent justement à les faire adhérer par une multitude de connaissances, à un conglomérat gigantesque de concepts, d'appartenance, de limitations dans leurs perceptions innées de la réalité.
Lorsqu'ils auront grandi, certains d'entre eux apprendront peut-être à "se libérer du connu."
Ils devront apprendre à regarder un arbre sans pour autant le nommer et lui donner toutes les caractéristiques scientifiques qu'ils auront amassées, ils apprendront à regarder l'Océan, les nuages, un pissenlit, une sauterelle, un ver de terre, un grain de poussière.
Non pas regarder avec leurs yeux, écouter avec leurs oreilles, non pas user de leurs sens mais apprendre à ressentir sans rien saisir de connu, totalement vidés de tout pour qu'enfin la réalité les emplisse.
Mais pourquoi perdre tout ce temps, et pourquoi perdre en route ceux et celles qui ne recontreront jamais l'intersection leur permettant de changer de voie ? Combien d'individus perdus en route en les conduisant sur un chemin tout tracé, intentionnel, matérialisé, scientifiquement prouvé, religieusement adoré, socialement reconnu.
C'est effrayant. Et ce que je fais vivre à ces enfants est effrayant.
C'est pour ça que j'écris les histoires de Jarwal le lutin.
Je sais aujourd'hui qu'il s'agit de me purifier, de me laver de ces souillures dispensées depuis si longtemps. Et que je continue à propager parce que je n'ai socialement pas le choix...
C'est pour ça aussi que je dis désormais que c'est Jarwal qui m'écrit. Il me libère d'un fardeau, il m'aide à rester debout.
Il trace pour moi une autre voie.
J'ai autre chose à donner aux enfants que des cartes du monde et des frises historiques, des classifications scientifiques et des règles de langage. Juste des concepts.
C'est insignifiant.
Je n'espère rien par rapport à l'existence de Jarwal. Il ne sera peut-être pas lu, jamais découvert. Mais je sais ce qu'il me donne et je l'aime infiniment.
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Jarwal le lutin : l'instant présent
- Par Thierry LEDRU
- Le 31/03/2011
Et bien, quand je trouve un moment, j'écris, je rêve de Jarwal la nuit, je pense à lui en vélo.
J'ai besoin de lui. C'est lui qui m'écrit.
TOME 3
Chapitre 1
Jarwal et les enfants s’installèrent à l’abri de leur cercle de pierres. Le petit Lac vert devant leurs yeux comblés de douceurs, les montagnes rayonnantes de soleil, des nuages blancs étirés courant sur les plaines célestes, le silence de la Terre.
Ils avaient œuvré ensemble à la construction de leur refuge, un assemblage de dalles et de roches qu’ils s’étaient acharnés à déplacer, à porter, à réunir, attentifs aux indications de Jarwal, maître d’ouvrage. Des rires et de la sueur, des efforts partagés, un lieu de vie à bâtir, une empreinte dans la nature accueillante, un point de rencontre, un abri offert aux marcheurs, aux voyageurs inconnus, un cadeau pour les jours de vent.
Ils s’étaient engagés dans la tâche sans aucune réticence. Ils avaient appris des Kogis le don de soi. Des escaliers dans la montagne, au cœur de la forêt luxuriante, un ouvrage à préserver, à entretenir, pour soi et tous ceux qu’on ne connaissait pas, des êtres humains qui béniraient les ouvriers disparus, un devoir de mémoire, des générations plus tard. Aucune prétention devant le travail achevé. Juste un bonheur à offrir, le ciment de l’amour.
Jarwal, assis en tailleur, reprit le Livre et l’ouvrit délicatement. Il le posa sur ses jambes et regarda les enfants. Des yeux brillants comme des étoiles, des sourires contenus, une attente délicieuse. Ce regard intérieur qui se posait sur des émotions en croissance, des germes de ravissement qu’il suffisait de laisser grandir, sans jamais devenir la plante elle-même, sans jamais s’identifier à cette joie éphémère.
L’absence de Gwendoline avait étouffé en lui ce bonheur de l’instant. Les enfants lui avaient permis de revenir à la vie. La douleur du passé n’était qu’une émotion inventée. Il était responsable de sa tristesse, de la source de ses émotions, comme un flot auquel il s’était abandonné.
Il devait l’expliquer aux enfants, révéler ses faiblesses pour les valider et les comprendre.
« Vous savez mes amis, j’étais triste tout à l’heure. Et je vous remercie de ce délai que vous m’avez accordé, j’en avais besoin, il fallait que je laisse s’éteindre cette douleur. La disparition de Gwendoline est une souffrance qui rejaillit parfois et les émotions débordent, comme si elles sortaient de leur lit.
-C’est la même chose pour moi, Jarwal, avoua Léo. Parfois, je me mets en colère et après, quand je suis redevenu calme, je me dis que ça ne servait à rien.
-Si quelqu'un vous insulte, les enfants, si quelqu’un vous fait du mal, la colère que vous ressentez, elle n'est pas venue en vous depuis l'extérieur, ce ne sont pas les mots qui sont tombés en vous comme un chargement néfaste. Cette colère, c'est vous qui lui avez donné vie. C'est une incapacité à maîtriser ce qui se passe en vous. L'autre n'est pas responsable. Les émotions n'ont aucune existence si vous les ignorez. Si vous vous y abandonnez, c'est vous qui leur donnez vie. L'autre, d'ailleurs, est satisfait du mal que vous fabriquez en vous en imaginant qu'il en est le responsable. Vous lui donnez la puissance dont il rêvait. Vous succombez à vous-mêmes. Et non à lui. Si par contre, vous décidez d'observer en vous ce qui survient, vous devenez le maître de vos émotions étant donné qu'au lieu de vous soumettre à leur puissance, vous vous placez au-dessus d'elles. C'est votre conscience qui analyse et qui vous apprend le contrôle. Cette conscience agit comme un Maître intérieur, il est là et il regarde, il s'amuse de cette agitation qui aimerait vous emporter et à laquelle vous ne succombez pas. La colère retombe comme un soufflé qui dégonfle. Votre "agresseur" s'en trouve d'ailleurs totalement ébahi, stupéfait, vous êtes là, vous le regardez avec un détachement qu'il ne comprend pas parce que ça n'est même pas lui que vous observez mais vous-même. Lui, il a disparu et ses paroles sont tombées dans un puits sans fond. Il n'y a plus de colère parce que votre observation intérieure a pris le pas sur cette émotion insignifiante et inutile. C’est vous que vous observez et pas lui. Et cette agression verbale devient un cadeau inestimable. Vous êtes le Maître intérieur.
-Je ne vais quand même pas remercier celui qui m’a mis en colère ? contesta Léo.
-Et pourquoi pas ? rétorqua Jarwal. Etant donné qu’il te permet de mieux te connaître, tu peux lui en être reconnaissant.
-Ça risque d’être difficile quand même.
-Et je le comprends bien, Léo. Moi-même, j’ai du mal à concevoir la disparition de Gwendoline comme quelque chose de positif… Je continue à apprendre. Qu'en est-il maintenant si l'émotion propagée est de la joie ? Est-ce que je dois l'accueillir et la laisser m'emporter ou est-ce que je dois également l'observer ? Il convient pour ma part de la laisser s'étendre en sachant que l'autre n'en est pas responsable et que vous ne pourrez pas lui reprocher de ne pas la prolonger. C'est vous qui avez laissé s'étendre cette joie. Pas l'autre. Un ami qui ne vous offre plus cette joie n'est pas responsable de votre déception. C'est encore vous. C'est votre façon de commenter la vie à travers vos émotions. Ca n'est pas la vie réelle mais ce que vous en faites, une image de la vie peinte par vos émotions. Vous pouvez en profiter tout en restant conscient qu'il ne s'agit que d'une illusion, un jeu éphémère, un moment de bonheur que vous vous donnez mais que l'autre n'a pas à entretenir sinon vous le prenez en otage de votre bonheur alors qu'il n'y est pour rien. La personne dont je dois me méfier, c'est celle qui me fait croire que le bonheur est durable, qui voudrait que cette joie ne disparaisse jamais. Et cette personne, c'est moi-même. Les autres ne sont pas responsables. C'est ce qu'on apprend de plus beau quand on aime.
-Et quand tu as dit tout à l’heure que tu voulais arrêter un peu de lire, j’étais déçu, avoua Rémi.
-Et moi aussi, ajouta Léo.
-Mais c’est nous qui avons créé cette déception, commenta Marine. Ce qui était important en fait, c’était que nous comprenions que tu avais besoin d’une pause.
-Et vous l’avez fait, mes chers amis.
-Et toi alors Jarwal ? Cette tristesse pour Gwendoline. Comment fais-tu ? demanda Marine, un peu gênée de cette intrusion dans la vie du lutin.
-Et bien, parfois, je n’y arrive plus, cette tristesse me submerge, elle m’emporte. Je ne suis pas infaillible. Alors, j’essaie d’observer cette émotion sans chercher à l’étouffer. Je sais aujourd’hui, avec ma longue expérience, que la vie reprendra le dessus. Ma tristesse ne changera rien à la situation, elle ne ferait que cacher la réalité de l’instant.
-Et donc, quand je suis impatient que tu lises ton histoire, je m’empêche de profiter de l’instant présent, c’est ça ?
-Oui, exactement Rémi. La construction de notre abri aurait pu être gâchée pour toi si tu étais resté attaché à cette pensée de ce qui allait advenir. Et ça n’aurait pas fait arriver plus vite cette lecture. En plus, à chaque minute, tu aurais trouvé que l’abri ne montait pas assez vite, tu te serais peut-être mis en colère, tu aurais reproché à Léo de ne pas travailler assez ou tu aurais travaillé n’importe comment, tu aurais bâclé la tâche.
-Il faut donc observer les émotions et comprendre qu’elles nous appartiennent ?
-Oui, c’est ça Marine. Je ne dis pas qu’il faut les rejeter, ça serait absurde mais il faut comprendre qu’elles viennent de nous et que nous en sommes donc responsables. Ne t’invente pas des armées d’ennemis pour excuser tes propres faiblesses. C’est une devise que je me répète parfois.
-Et bien, moi, l’émotion que je vois, c’est l’envie de connaître la suite de l’histoire et là, c’est tout de suite ! lança Léo.
-Ah, ah, cher Léo, on y vient, on y vient. »
Les garçons s’allongèrent, Marine s’assit en tailleur. Jarwal tourna les pages, lentement, toujours avec cette précaution respectueuse. Il lissa le papier, une caresse délicate, il fixa les mots, silencieux, comme s’il devait rétablir un contact, accorder son esprit à ce qui allait suivre.
Il respira profondément et commença.
« Jarwal s’était réveillé en sursaut.
Il ne lui restait que très peu d’images de son rêve. Un visage très marqué, comme un parchemin millénaire labouré par le temps, des yeux perçants et pourtant très doux, des jets de fumée projetés sur son front. Un choc intérieur à chaque fois, comme une lutte engagée dans les tréfonds de son âme. Une voix qui répétait inlassablement une mélopée envoûtante.
La forêt vibrait sous les effluves de lumières naissantes. Les oiseaux de nuit entamaient leur silence diurne. D’autres les remplaçaient en accueillant la clarté.
Gwendoline bougea à ses côtés. Jarwal la regarda dormir. Des rayons délicats, glissant entre les feuillages qui les protégeaient, dessinaient des reflets apaisants sur ses joues, des aubes pâles qui habillaient sa peau.
Elle lui avait dit qu’il s’appelait Jarwal, qu’il était un lutin, qu’il avait déjà combattu Jackmor, qu’un Indien Kogi était venu lui demander de l’aide. Et qu’elle était venue le rejoindre parce qu’elle avait senti qu’il était en danger. Elle lui avait dit qu’ils s’aimaient. Il ne s’en souvenait pas et il avait pourtant ouvert les bras au milieu de la rivière, une force incompréhensible en lui, quelque chose qui le dépassait, au-delà de la raison. Et elle était apparue au milieu d’une gerbe d’eau.
Elle poussa un petit soupir et s’étira en ouvrant les yeux.
« Bonjour Gwendoline.
-Bonjour mon amour.
-Tu as bien dormi ?
-Parfaitement bien puisque je t’ai retrouvé. »
Une question le taraudait, ce vide en lui qu’il devait combler, toutes ces inconnues qui se bousculaient.
« Je voulais te demander quelque chose ? Comment es-tu arrivé ici ?
-Comme toi mon amour, en suivant le chemin de l’eau. C’est Kalén qui te l’a enseigné et j’ai retenu tout ce qu’il te disait, sans que tu le saches. Et Léontine aussi.
-Pourquoi l’as-tu fait sans me le dire ?
-Parce que tu ne voulais pas que je prenne le risque de venir ici. Ce voyage comporte des risques.
-En quoi ça consiste ?
-Il s’agit de se fragmenter pour rejoindre les particules d’eau qui enveloppent la Terre. Elles agissent comme des chemins.
-Se fragmenter ?
-Oui, reprendre notre forme initiale en quelque sorte. Nous sommes constitués principalement d’eau comme tout ce qui vit. Et cette eau a une mémoire. Chaque particule contient la totalité de ce que nous sommes. Et pour reprendre notre forme terrestre, il est nécessaire de trouver un point d’eau. Comme un placenta.
-Qui est Kalén ? Tu m’as juste dit qu’il s’agissait d’un jeune Kogi. Mais qui est ce peuple ?
-Kalén est un chaman, le fis d’Izel qui était le plus grand chaman de ce peuple. Ils vivent dans les forêts et les montagnes, nous sommes en Colombie. Jackmor est venu avec une armée de Conquistadors pour les voler. Voler leur or. Ils les font travailler dans une mine, ils les maltraitent. Jackmor a tué Izel parce qu’il contestait ses ordres.
-Pourquoi Kalén est-il venu demander mon aide ? Qu’est-ce qu’il attendait de moi ?
-Il espérait que tu l’aides à transporter son peuple dans une vallée perdue, loin de Jackmor et de ses hommes. Il n’a pas suffisamment de connaissances et d’énergie pour le faire tout seul et personne de son peuple ne peut l’aider. Il n’y a qu’un chaman et c’était Izel. Kalén n’avait pas fini sa formation auprès de son père. »
Jarwal retomba dans le silence, les yeux dans le vague. Une lourde tristesse.
Comment pourrait-il aider Kalén alors qu’il ne se souvenait plus de rien, qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il fallait faire pour déclencher cette fragmentation ? Il n’était qu’une enveloppe vide, un ectoplasme translucide.
« Je ne peux rien pour Kalén et son peuple. Je n’ai plus aucune connaissance. Je ne suis plus le Jarwal que tu as connu.
-Non, c’est faux. Totalement faux. Tu es toujours le lutin que j’aime. Je suis persuadée que cette perte de mémoire ne durera pas. Il faut retrouver Kalén. Il pourra nous aider. Allez, levons-nous et cherchons ce village dont tu as parlé hier. Est-ce que tu te souviens du chemin que tu as suivi pour arriver ici ? »
Ils quittèrent leur abri sommaire et s’étirèrent au soleil.
« Oui, je m’en souviens. C’est ce qu’il y avait avant que j’ai oublié. Un peu comme si je venais de naître alors qu’au contraire, j’ai disparu.
-Tu n’as pas disparu. Tu es toujours là, tu es bien réel. Ta mémoire n’est pas ce que tu es. Quelle soit alourdie par les drames, enjôlée par les bonheurs ou vide de tout, elle n’est qu’un message que tu portes. Elle n’est pas la vie.»
Elle le serra dans ses bras.
« Le lutin que j’aime est bien réel. Il est là, même si une partie de son passé a disparu. Et pour moi, rien n’a changé dans cette réalité. »
Jarwal laissa vibrer en lui cette reconnaissance inconditionnelle, comme une existence inaltérable, une vie préservée par-delà les épreuves, par-delà les effacements. Le bonheur de l’amour.
Léontine vint bourdonner devant leurs yeux.
« Bonjour petite mouche, lança Gwendoline.
-Bonjour mes amis ! Il y a par ici des fruits délicieusement sucrés. Je ne regrette pas d’être venue. Mais ils sont hors de portée pour vous, j’en suis désolée.
-Et bien, nous nous contenterons des galettes que j’ai apportées.
-Et je les adore, s’extasia Jarwal.
-Ce sont tes préférées, je les ai faites juste avant de partir, je savais que ça te ferait plaisir.
-Et bien, je les aime sans m’en souvenir. L’impression que je n’en avais jamais mangé avant.
-C’est d’ailleurs bien ce qu’on devrait faire à chaque fois qu’on mange. Faire comme si c’était la première fois et ne pas se servir des émotions passées. Sinon, on finit par manger sans même en apprécier les délices.
-Tu vas me dire que c’est un bienfait que ma mémoire se soit évaporée ?
-Et pourquoi pas ? C’est peut-être bien souvent un fardeau au lieu d’être une chance.
-Ou alors, c’est qu’on ne sait pas réellement en user et qu’on oublie de la maîtriser.
-Et voilà, je savais bien que tu étais toujours le lutin que j’aime ! s’exclama Gwendoline. Tu aimes toujours autant raisonner ! »
Elle lui souriait de tout son être, une lumière qui émanait de ses yeux, comme une marée de joie, un courant libéré, une certitude validée.
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JARWAL LE LUTIN : Commentaire (1)
- Par Thierry LEDRU
- Le 29/03/2011
Une grande lectrice de romans jeunesse (bibliothécaire de profession) à laquelle j'ai demandé son avis en mettant en ligne sur un forum le chapitre 2 du tome 1, la rencontre entre Jarwal et les trois enfants.
Beaucoup de bonheur pour moi.
Florine.
"Tout d'abord je remarque que c'est la fille qui est la chef de file, ça n'est pas pour me déplaire car c'est rare dans la littérature jeunesse ou les filles et femmes sont encore souvent vu comme timides et sans entrain... Je t'avais dit que certains thèmes sont un peu redondants en littérature jeunesse notamment la lutte du bien contre le mal, mais ce qui est important aussi c'est que souvent ces théories véhicules des concepts et valeurs importantes pour l'enfant / l'ado... donc ensuite, tout dépend comment on se sert de ces thèmes et comment on fait ressortir ces valeurs, sans que ce soit trop moraliste...
Un bon roman (jeunesse) est un roman qui donne des pistes sans donner de véritable ligne de conduite : à l'enfant (l'ado) de construire et placer ces galons avec cela. Le fait d'un (ou plusieurs) enfants élus est du déjà vu mais est essentiel pour que l'enfant puisse s'identifier au personnage principal... Je me dis que peut-être que ton texte est autant adapté à des garçons qu'à des filles (ce qui n'est pas toujours le cas) -mais nous allons voir la suite je n'en suis qu'à l'intro-
Présenter cela par le biais de l'histoire me parait un bon point pour toi, les enfants sont souvent passionnés d'histoire et ça permet aussi de leur donner des pistes pour leur culture générale qu’ils retiendront sans peine. Enfin ce qui me parait important c'est que outre certaines valeurs que tu vas certainement aborder, tu abordes aussi le thème de la transmission, des valeurs donc, des savoirs mais aussi d'une certaine part de rêve. J'entame donc le chapitre Le vocabulaire m'a l'air recherché... ("erratique", "miroitante", "éberlués") aussi tu utilises des images ("posé dans un écrin de pierres plates" ) ce qui ne peut à mon avis qu'ouvrir les jeunes à la lecture : ça n'est pas en se mettant à leur niveau qu'on les fait progresser ! ça non ! c'est à eux d'évoluer, ils en sont grandement capables. Donc j'apprécie ce point, car on lit encore trop de roman au style et au vocabulaire totalement plats...
"Léo essayait de reconnaître un de ses copains sous un fabuleux déguisement. Rémi se demandait comment cet étrange individu avait pu apparaître aussi soudainement, sans qu’ils n’aient rien entendu."
J'aime bien ce passage car je trouve que ça donne vie aux personnages, ça leur octroie une véritable indépendance et une prestance. Ils sont capables de se poser des questions et de chercher des réponses, ils ne sont pas naïfs... Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, en fait je trouve que ça leur donne une vrai consistance et un certain caractère.
"-Beaucoup de choses sont possibles Marine. Sauf celles qu’on juge impossibles. Ce sont nos pensées qui construisent la réalité". J'aime bien cette phrase aussi, qui invite l'enfant à se questionner, c'est en somme une note philosophique (et la philosophie, on est capable d'en faire à tout âge comme tu le sais ) La façon dont parle Jarwal le lutin me plait, elle est intriguante et invite à la réflexion (j’ai aimé l’exemple du grain de sel). De même que la notion de progrès. « Il ne s’agit pas d’abandonner le Progrès mais de savoir l’utiliser en toute conscience. » « Il faudrait que vous deveniez des porte-parole, que vous propagiez ces histoires » finalement c’est une histoire de conteurs ! au final : J’aime beaucoup cette histoire, c’est un roman que j’aimerais avoir dans la bibliothèque et que je conseillerais avec plaisir !
Au niveau de la forme : rien à redire, c’est fluide à lire, le vocabulaire est recherché. Au niveau du fond : cela implique de la réflexion, il y a une pointe de « suspense » qui donne envie d’en savoir plus, l’histoire renferme des valeurs importantes qui peuvent aider à se construire. Pour ton objectif « philosophique » je pense que ça doit être atteint sans problème vu cet extrait ! et c'est ce qui est plaisant, d'autant plus quand c'est mêlé à une histoire bien ficelée empreinte d'imaginaire.
Vraiment je trouve cela très bon (c’est même bien mieux que certains ouvrages que j’ai pu lire à vrai dire) Ça me donne envie de lire tout le roman… Surtout tiens moi au courant de son avancement. Le tome 1 est-il déjà édité ? si oui chez quel éditeur ? (tu peux me donner ces renseignements par mp si tu le veux)
Quel talent que de savoir écrire surtout ne t’arrête pas !