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    On peut désormais relier la sécheresse de 2022 aux activités humaines

     

    17 février 2023

    RÉSULTAT SCIENTIFIQUE TERRE ET ENVIRONNEMENT

    Le rôle du changement climatique d’origine anthropique dans l'aggravation des épisodes de sécheresse a souvent été évoqué dans le débat public, mais ce lien n’avait pas été étudié jusqu'à présent. Une nouvelle étude, impliquant des scientifiques du CNRS (voir encadré), a mis en évidence que le changement climatique lié aux activités humaines contribue à la survenue d’épisodes de sécheresse prolongés comme celui qui a affecté l'Europe de l'Ouest et la région méditerranéenne en 2022. 

    Cette étude aborde la question de l’impact du changement climatique anthropique sur la survenue d’épisodes de sécheresse en appliquant la méthode des analogues de circulation, où on recherche dans les archives météorologiques pour la période 1836-2021 des conditions atmosphériques passées similaires. En comparant les sécheresses des périodes antérieures au réchauffement climatique (1836-1915) avec les plus récentes (1942-2021), et en excluant la variabilité interannuelle et interdécennale en tant que facteurs possibles, l’équipe de recherche a pu identifier la contribution du changement climatique anthropique.

    La sécheresse de 2022 a été associée à une anomalie anticyclonique persistante sur l'Europe de l'Ouest. Les analogues de circulation de la période 1942-2021 présentent d’une manière générale des anomalies anticycloniques plus étendues et plus intenses qui causent des températures plus élevées à la surface, par rapport à celles de 1836-1915. Or ces caractéristiques exacerbent la sécheresse en augmentant la zone affectée et en intensifiant le dessèchement des sols par l'évapotranspiration.

    Les résultats de cette étude soulignent l'importance de poursuivre les efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atténuer les effets du changement climatique. 

    Laboratoire CNRS impliqué

    Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE) / OVSQ / IPSL

    Tutelles :  CNRS / CEA / UVSQ

    Pour en savoir plus

    Davide Faranda, Salvatore Pascale, Burak Bulut. Persistent anticyclonic conditions and climate change exacerbated the exceptional 2022 European-Mediterranean drought. Environmental Research Letters, 2023.  

    Référence image : article sur le site du LSCE

    Lire l'actualité sur le site internet de l'Institut national des sciences de l'Univers du CNRS (INSU)

    www.insu.cnrs.fr

     

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    "Qui aurait pu prédire la crise climatique ?" : la petite phrase d'Emmanuel Macron agace les scientifiques

     

    Lors de ses vœux aux Français samedi soir, le chef de l'Etat a laissé entendre que le réchauffement climatique, dont les "effets spectaculaires" ont été bien visibles en France en 2022, était un événement inattendu. Le premier rapport du Giec sur le sujet date pourtant de 1990.

    Article rédigé par

    Thomas Baïetto

    France Télévisions

    Publié le 02/01/2023 12:24Mis à jour le 02/01/2023 17:41

     Temps de lecture : 3 min.

    Le président de la République, Emmanuel Macron, le 31 décembre 2022 à l'Elysée. (JULIEN DE ROSA / AFP)

    Le président de la République, Emmanuel Macron, le 31 décembre 2022 à l'Elysée. (JULIEN DE ROSA / AFP)

    C'est une petite phrase qui ne passe pas. Lors de ses vœux aux Français pour l'année 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, a laissé entendre que personne n'avait prévu le changement climatique, dont les "effets spectaculaires" ont été particulièrement visibles en France en 2022 (incendies, vague de chaleur, sécheressesurmortalité...). Reprenant le fil des "inimaginables défis" qui ont marqué l'année écoulée, il a évoqué la guerre en Ukraine, puis lancé lors de son allocution : "Qui aurait pu prédire la vague d'inflation ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ?"

    Les scientifiques, qui alertent précisément sur ces risques depuis des décennies, n'ont pas apprécié. Au téléphone, Jean Jouzel ne masque pas sa déception. Cette figure de la climatologie française, qui a soutenu Anne Hidalgo lors de la présidentielle 2022, se souvient très bien d'une réunion à l'Elysée en septembre 2013 pour présenter les conclusions du cinquième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). Dans la salle, François Hollande, président, et son secrétaire général adjoint, un certain Emmanuel Macron. "Cela fait dix ans quand même, je ne comprends pas qu'il ait pu dire ça", regrette-t-il.

    "J'aurais pu parier que, pendant son mandat, il y aurait au moins une année d'événements extrêmes. La surprise, ce serait qu'une année comme 2022 n'existe pas."

    Jean Jouzel, climatologue 

    à franceinfo

    Gonéri Le Cozannet, géologue et co-auteur du dernier rapport du Giec, a, lui, "ri jaune" en découvrant les propos du chef de l'Etat dimanche sur les réseaux sociaux.

    "Un des arguments de l'inaction"

    "Au début, j'ai cru que c'était sorti de son contexte. J'ai regardé et j'ai trouvé ça assez stupéfiant. Il y a déjà eu six rapports du Giec, 27 COP, des alertes dans les années 1970 et 1980... On ne peut pas dire qu'on ne l'avait pas prévu", commente-t-il. Le géologue voit dans cette sortie présidentielle une maladresse de communication – le discours a été relu et enregistré – révélatrice : "Que personne n'ait relevé cette phrase, cela montre que les enjeux ne sont pas compris".

    Un avis partagé par Magali Reghezza-Zitt, géographe et membre du Haut Conseil pour le climat (HCC), créé en 2018 par Emmanuel Macron. "C'est un discours qui rate le sens de l'histoire. Il aurait pu être tenu dans les années 1980, pas en 2022", observe-t-elle.

    Elle voit dans le président de la République un "symbole de cette classe dirigeante, économique et politique, tous bords confondus, qui n'a pas pris la mesure du problème". La géographe identifie également un "discours de capitulation" face au réchauffement climatique. "Il reprend un des arguments de l'inaction [le "on ne savait pas"], comme s'il anticipait que c'était perdu et qu'il commençait à se dédouaner avant même d'avoir essayé" de régler le problème. 

    Dire en 2022 qu'on ne savait pas, c'est simplement une 'fake news'.

    Magali Reghezza-Zitt, membre du Haut Conseil pour le climat 

    à franceinfo

    En 2022, la France n'a quasiment pas réduit ses émissions de gaz à effet de serre, moteur du réchauffement climatique.

    Un premier rapport dès 1990

    D'autres scientifiques ont réagi sur Twitter. Valérie Masson-Delmotte, climatologue et coprésidente du groupe de travail 1 du Giec, a cité la phrase présidentielle, en l'accompagnant d'un message de mai 2022 où elle listait les principaux risques de ce réchauffement en Europe. Ces dernières années, elle est venue plusieurs fois à l'Elysée (voir ici et ) pour expliquer le problème.

    Christophe Cassou, climatologue et auteur du dernier rapport du Giec publié en 2022, propose pour sa part d'en envoyer un exemplaire au président de la République.

    Le premier rapport du Giec, l'institution de référence sur le sujet, date de 1990. Si les connaissances ont progressé depuis, on pouvait déjà y lire (PDF, en anglais) que la consommation d'énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) et la déforestation par l'homme augmentait l'effet de serre et réchauffait notre planète. Les scientifiques y parlaient déjà (PDF, en anglais) de sécheresse, de vague de chaleur et de feux de forêts.

    Chaque rapport publié depuis est venu confirmer ces connaissances. "Ce qui se produit aujourd'hui, c'est ce que nous avions anticipé", confirme Jean Jouzel, qui a participé aux premiers rapports. Contacté par franceinfo, l'Elysée n'avait pas encore réagi au moment de la publication de cet article.

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  • "Le mythe de la suprématie humaine"

     

     

    Accueil/Livres/Le Mythe de la suprématie humaine (Derrick Jensen)

     

    Le Mythe de la suprématie humaine (Derrick Jensen)

     

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    Dans ce livre iconoclaste, le philosophe écologiste Derrick Jensen s’en prend à la croyance quasi universelle en une hiérarchie naturelle au sommet de laquelle trôneraient les êtres humains. Selon lui, cette croyance, qu’il nomme « suprémacisme humain », se trouve au fondement du ravage contemporain de la vie sur Terre, entamé il y a plusieurs millénaires avec l’essor des premières civilisations.

      

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    Éditions LIBRE

    Description

     

    Dans ce livre iconoclaste, le philosophe écologiste Derrick Jensen s’en prend à la croyance quasi universelle en une hiérarchie naturelle au sommet de laquelle trôneraient les êtres humains. Selon lui, cette croyance, qu’il nomme « suprémacisme humain », se trouve au fondement du ravage contemporain de la vie sur Terre, entamé il y a plusieurs millénaires avec l’essor des premières civilisations.

    Afin de mettre en lumière l’inanité du suprémacisme humain, Jensen explore les étonnantes et complexes réalités de la vie non humaine que nous avons nonchalamment tendance à ignorer, des cultures au sein des communautés de porcs et de chiens de prairie à l’utilisation créative d’outils par les éléphants et les poissons, en passant par la perspicacité des chenilles et des champignons. Il souligne également l’incapacité de l’establishment scientifique et des institutions dominantes en général (médias, gouvernements, etc.) à examiner sérieusement les questions morales et éthiques liées à la place de l’humanité au sein du vivant, et soutient qu’un changement radical de vision du monde est nécessaire (mais non suffisant) pour libérer la Terre de l’empire d’une culture mortifère.

     

     


    https://www.cairn.info/revue-pour-2016-3-page-81.htm

     

    2016/3

    Contre la suprématie des hommes

    Comment l’antispécisme récuse-t-il la domestication animale

    Marianne Celka

    Dans Pour 2016/3 (N° 231), pages 81 à 88

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    1Le spécisme se définit comme étant ce que le racisme et le sexisme sont respectivement à la race et au sexe, c’est-à-dire la non-prise en compte des intérêts de certains aux bénéfices d’autres. Le terme s’est récemment institutionnalisé dans l’Hexagone (accompagné d’autres occurrences nouvelles comme véganisme et végan) en faisant son entrée dans les dictionnaires, mais lorsqu’il est précisé par les auteurs animalistes, le spécisme se conçoit comme une discrimination qui « prétexte des différences, réelles ou imaginaires mais sans rapport avec ce qu’elles sont censées justifier », à savoir la domination (physique et morale) des hommes sur les animaux. En ce sens l’antispécisme soutient que « pour la même raison que l’on refuse le racisme et le sexisme, ou les autres discriminations arbitraires entre humains, il faut refuser le spécisme qui est la discrimination fondée sur l’appartenance des individus à d’autres espèces que l’humanité » [1][1]Voir le site francophone dédié à la critique antispéciste :…. Le spécisme serait donc une idéologie du mépris que rien ne justifie et qui, en réalité, ne serait qu’une émanation de la loi du plus fort. Si l’antispécisme connaît aujourd’hui une importante vitalité et participe désormais – sans toujours dire son nom – aux discussions politiques classiques, il devient nécessaire d’en saisir la critique et d’en comprendre les enjeux.

    L’antispécisme : une critique politique de la « suprématie des hommes »

    2Bien que le néologisme soit initié par le cercle d’Oxford en 1970 avec les mots du philosophe Richard D. Ryder, il était déjà en germe aux prémices du mouvement pour la libération animale dont les racines sont plus anciennes. Le rejet de spécisme se trouve déjà en creux dans l’écologie profonde ou deep ecology des Transcendantalistes de la seconde moitié du XIXe ou encore chez Henry Salt dès 1914 lorsqu’il pose cette question : « toutes les vies valent-elles d’êtres vécues ? » [2][2]Pour la pensée animaliste d’Henry Salt, voir Regan T., Singer…, soulignant ainsi l’intolérable condition animale à l’ère industrielle. Ce n’est qu’à partir des penseurs animalistes de la seconde moitié du XXe que le discours antispéciste se précise et en même temps se clive entre diverses postures parfois antagonistes.

    Principes et contradictions

    3La question antispéciste ne fait pas consensus et en son sein il est nécessaire de distinguer deux types au moins de positions : celle dite « réformiste » et celle dite « radicale ». La première vise à l’amélioration des conditions de vie des animaux dans le cadre de la Déclaration Universelle des Droits de l’animal (1978) alors que la seconde conteste radicalement la possession et les traitements des animaux dans les sociétés humaines. Ces deux directions sont également appelées, welfarisme et abolitionnisme. Lorsque l’abolitionnisme s’oppose au fait d’exploiter les animaux de manière générale et absolue, le welfarisme lui, s’oppose à la manière dont les animaux sont exploités tout en acceptant dans une certaine mesure qu’ils le soient [3][3]Voir Jeangène-Vilmer J.-B., 2011, L’éthique animale, Paris,….

    4Le welfarisme est le plus souvent une posture utilitariste telle que prônée par l’auteur d’« Animal liberation » Peter Singer. Pour lui, l’égalité animale se fonde sur « l’égalité de considération des intérêts » et non sur l’égalité des droits. Ainsi il considère qu’il existe des différences intrinsèques entre hommes, entre animaux et entre animaux humains et non-humains. Lorsque nous prenons en compte l’égale considération des intérêts, alors « les animaux non-humains, les nourrissons humains et les débiles mentaux humains sont dans la même catégorie » [4][4]Peter Singer, L’égalité animale expliquée aux humain-es, trad.…. Dans cette perspective, ôter la vie à un être dont la capacité mentale est inférieure au niveau nécessaire à la conception d’un avenir et de projets n’engendre pas les mêmes conséquences morales que la mise à mort d’un être qui en aurait les capacités. L’égale considération des intérêts proposée par Singer se déploie ainsi comme un système assumé d’analogies et de raisonnements par l’absurde qui doivent selon les cas conduire notre agir et c’est en cela qu’il se démarque profondément de l’abolitionnisme.

    5La posture abolitionniste représentée notamment par Tom Regan et Gary Francione, se donne pour objectif de lutter pour l’abolition de toutes les activités dans lesquelles il est fait usage de l’animal. La distinction entre welfaristes et abolitionnistes est toutefois ambiguë et complexe puisqu’elle engendre plusieurs antagonismes. En effet, il existe des abolitionnistes anti-welfaristes et des abolitionnistes welfaristes, les premiers militant contre le fait d’améliorer les conditions de vie et d’exploitation des animaux tandis que les seconds au contraire considèrent que l’amélioration des conditions est un premier pas nécessaire afin qu’advienne plus tardivement l’abolition définitive de l’exploitation animale. Francione est le chef de file du courant abolitionniste anti-welfaristes, et lorsqu’il les nomme « néo-welfaristes », il marque à leur égard un désaccord profond et fondamental. Lui-même se présente comme un promoteur de la « politique du pire » ou encore de la « prise d’otage », c’est-à-dire qu’il s’agit de laisser les animaux existant à ce jour à leur « triste » sort afin qu’ensuite on ne puisse plus voir naître aucun animal dans les conditions d’une suprématie humaine.

    Droits des animaux et Théorie des Droits des animaux

    6Le développement croissant de la question animale s’est étoffé, au cours des dernières années, de nombreuses critiques internes qui visent la conceptualisation crédible de ce qui pourrait guider l’institutionnalisation de nouvelles manières d’être et d’agir avec les animaux. Les ouvrages sur le sujet se multiplient et ambitionnent de donner des pistes de réflexion qui sont aussi des pistes politiques pour la reconfiguration du statut des animaux, que ce soit dans la nature ou dans le cadre d’une société civile. L’ambiguïté et les contradictions de la critique antispéciste ont été fort bien discutées par les auteurs du récent ouvrage Zoopolis (2016), Will Kymlicka et Sue Donaldson, eux-mêmes penseurs de la Théorie des Droits des Animaux (TDA) qui tente de compléter et d’améliorer les préceptes des Droits des Animaux (DA). Ils ont su faire la démonstration des limites théoriques et pratiques des deux courants majeurs de l’antispécisme, l’utilitarisme hédoniste de Singer et l’abolitionnisme de Francione, ce dernier niant par principe – et cela constitue la critique la plus saillante – l’inextricabilité des relations hommes-animaux que ce soit dans le cadre d’une « suprématie humaine » ou non, rappelant à juste titre que depuis que les hommes se sont réunis en communautés, les animaux ont toujours entretenu des relations de proximité et de réciprocité avec eux.

    7Pour leur part, les auteurs de Zoopolis proposent de nouvelles perspectives dans la considération des intérêts des animaux à vivre une vie sans violence tout en considérant le postulat selon lequel il n’y a pas de sociétés humaines sans animaux. Ainsi, ils suggèrent trois nouvelles catégories animales : sauvages (sujets de leur propre souveraineté territoriale), domestiques citoyens (dont nous avons, en tant que nous les avons façonnés et rendu dépendants, la responsabilité) et liminaires résidents (qui ne sont pas domestiqués mais qui vivent dans les sociétés humaines). Là aussi, les trois catégories posent un nombre non négligeable de contradictions et de limites à la fois théoriques et pragmatiques sans que les auteurs ne puissent encore y pallier mais la pertinence du propos réside toutefois dans l’idée selon laquelle les hommes et les animaux ne peuvent qu’entretenir des relations de réciprocité dans ce que d’aucuns ont pu nommer des « communautés hybrides » [5][5]Voir le colloque intitulé « domestication et communautés…. Bien que l’antispécisme ne se reconnaisse pas en tant que critique du capitalisme industriel et financier, préférant s’inscrire dans une critique plus profonde de la « suprématie des hommes » sur les animaux, il semble incontournable de comprendre comment la cadence de ce capitalisme ainsi que les effets qu’il engendre sur la condition animale (élevage intensif et cadence des abattages) constitue un moteur essentiel pour le jaillissement d’un ressentiment collectif à l’endroit de l’exploitation des animaux.

    Domestication et sensibilité animaliste

    8L’accélération ininterrompue du productivisme relatif à l’exploitation industrielle des animaux doit être comprise comme le contexte historique, économique et social à partir duquel les critiques de la condition animale se sont renouvelées. Ce contexte moderne de l’exploitation animale est dominé par l’idéologie du progrès faisant des sciences et des techniques le moyen d’une constante amélioration des environnements humains. La zootechnie correspond à cet ensemble technoscientifique visant le perfectionnement de la production dans le domaine de l’élevage. Elle s’est mise en place de manière connexe à l’industrialisation et à l’apparition des chaînes de montage, participant de facto à une dynamique générale au cœur des processus de production et accompagnant ainsi la rationalisation du monde occidental. La viande en particulier, produite à la chaîne, participe de ce que Max Weber nommait la démagification du monde, qui est aussi un élan vers la réification des êtres humains et non-humains. À partir de là, il est clair que la société moderne est devenue en quelque sorte « zoophagique », dans le sens d’une propension jamais atteinte dans la consommation carnée perçue et vécue comme indice de progrès, et le débit des abattages selon les modalités des chaînes de production n’a de sens qu’en relation avec l’intensification du rythme de la vie sociale métropolitaine [6][6]Pour ce qui concerne l’accélération du rythme de la vie sociale….

    Domestication et exploitation

    9On peut faire remonter les racines de la sensibilité animaliste jusqu’à la philosophie antique dont certains penseurs professaient déjà les vertus morales et physiques d’un végétarisme éthique. Plus près, les Transcendantalistes ont enrichi cette sensibilité des philosophies hindouistes et bouddhistes sans pour autant se défaire d’un certain attachement à la morale chrétienne notamment protestante. Aujourd’hui, l’animalisme que nous connaissons ne peut pas se comprendre sans la prise en compte de la déliquescence du mythe moderne du progrès. Il y a, depuis les transcendantalistes R. W. Emerson et D. H. Thoreau, une dimension critique forte érigée à l’encontre du modèle technique et industriel d’exploitation des ressources, à l’encontre de l’adage cartésien aussi qui prétendait que l’homme pouvait se rendre « comme maître et possesseur de la nature ». Cette critique s’est cristallisée à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale au moment où la société de consommation est devenue d’avantage consumériste. Le renouveau de la sensibilité animaliste doit se comprendre en opposition avec ce consumérisme de la chair animale caractéristique des cinquante dernières années.

    10La critique politique et rationaliste antispéciste devient hypercritique lorsque le véganisme s’instaure comme le seul mode de vie exempt de toute souffrance animale, lorsqu’elle déborde les cadres du strictement rationnel et que, dès lors, elle propose une relecture de l’histoire des hommes en société produisant amalgames et confusions, en particulier à l’endroit de la domestication, de l’élevage et de l’exploitation. C’est que cette critique, devenue hypercritique (nourrie par moult références politiques, historiques, scientifiques, parascientifiques, religieuses, etc.), repose sur une vision binaire du monde (bien/mal, faste/néfaste, sauvage/civilisé [7][7]Celka M., 2009, « L’homme de la condition postmoderne dans son…), sur une vision eschatologique aussi considérant que nous vivons depuis l’origine des sociétés dans le péché de l’entre dévoration des espèces, l’une des conséquences terribles de la Chute et de l’éviction de l’Éden primordial [8][8]Celka M., 2012, « Veganisme et idéologie du pathos », in Les…. C’est donc à partir d’une ambition sotériologique que l’animalisme reconfigure les questions relatives à la souillure (Mary Douglas) faisant de la viande le symbole du péché. La relecture de l’histoire par la sensibilité animaliste en vient à rejeter la notion même de domestication animale perçue comme le terreau de notre domination et comme l’erreur première, primordiale, à partir de laquelle se sont multipliés les actes néfastes à l’égard des animaux. L’exploitation industrielle de la condition animale (entendons ici élevages concentrationnaires et abattages à la chaîne) a été une manière rationaliste, et un temps perçue comme progressiste, de faire de l’élevage (élevage intensif, de même que les cultures intensives) mais dès que les croyances en ce mythe du progrès se sont essoufflées, la pensée radicale animaliste, pourrait-on dire, « a jeté le bébé avec l’eau du bain » en récusant l’ensemble historique de nos réciprocités domestiques avec les animaux, sans plus jamais admettre que « l’élevage et les animaux d’élevage participent de la construction de nos sociétés » [9][9]Porcher J., 2004, Bien-être animal et travail en élevage,… et qu’il y a nécessairement participation de l’animal dans le processus de domestication.

    Meat Is Murder [10][10]Deuxième titre de l’album éponyme des Smiths dont les paroles…, le tabou de la viande

    11Il serait erroné de discuter du développement de la domestication et de l’élevage vers une exploitation industrielle des ressources, en particulier pour ce qui concerne la viande, sans soulever le processus plus général dans lequel il s’inscrit. Ce processus a été largement discuté par Norbert Elias [11][11]Elias N., 2011 (1939), La dynamique de l’Occident, Paris,…, il s’agit de la constante aseptisation des mœurs et donc aussi (et surtout) de notre rapport à la chair. Lorsqu’il montre cette subtile instauration de la pudeur dans les relations sociales, la manière dont celle-là pénètre les sphères publiques et intimes de l’homme occidental, il nous indique le déploiement d’une sensibilité qui s’exacerbe. Du point de vue de la commensalité (et cela est un indice fort pour les mœurs en général), la découpe de la viande qui était jusqu’alors opérée ostensiblement à table au milieu des convives, s’est, à ce moment historique, déplacée vers les coulisses. De la même manière, la mise en exil de l’abattage et de la découpe des carcasses coïncident avec ce changement de la sensibilité qui, selon Noélie Vialles, « ne veut plus voir la mise à mort ni reconnaître dans la viande quelque rapport avec l’animal mort » [12][12]Vialles N., 1987, Le sang et la chair : les abattoirs des pays…. La viande devient de moins en moins animale et se transforme en un objet exsangue.

    12Il est crucial de comprendre ce processus pour ensuite saisir la manière dont les images dévoilées par les associations de type L214 heurtent la sensibilité collective. Elles font force de persuasion et de dissuasion par l’obscénité dont elles font preuve. Une obscénité qui trahit ce processus de civilisation dont les rouages visaient à mettre un voile sur les aspérités les plus grotesques, tragiques et bestiales de notre condition humaine. En révélant la brutalité qui se cache derrière les portes des abattoirs pourtant aseptisés, ces images-choc témoignent de l’animalité de cette viande que nous avions soigneusement faite chose et dont l’origine animale devient dès lors comme un tabou. C’est en effet le grand tabou de la chair et du sang qui est comme jeté aux visages de ceux qui regardent ces images. Elles confrontent notre sensibilité à la cruauté de la mort que le processus industriel avait repoussé aux marges de la société. Obscénité aussi de cette mort industrielle des animaux – dont le récit du progrès se tarit toujours davantage – qui ne fait plus sens et exige d’en renégocier l’utilité, la moralité et les modalités d’exercice.

    Conclusions

    13Suivant l’irréductible processus de civilisation – en tant qu’il est la dynamique de l’Occident [13][13]Elias N., op. cit. – les critiques antispécistes rejettent toujours plus loin cette animalité qui nous tient. Lorsqu’il est question de considérer l’abattage des animaux comme un meurtre, c’est là une manière de perfectionner l’humanité en se dégageant du tragique charnel de la condition de mortel, destin commun qui unit les hommes et les animaux. Dans le cadre d’une renégociation sociétale de nos manières d’être et d’agir avec les animaux, plusieurs directions se mettent en place. Les propositions antispécistes, notamment dans ce qu’elles ont d’abolitionniste, considèrent dans leur grande majorité qu’il serait préférable de ne plus entretenir de relations réciproques avec les animaux (au nom de l’émancipation de tous les sujets « sentients ») afin de se doter d’un mode de vie certifié « sans cruauté » (c’est le sens du veganisme) permettant tout à la fois aux animaux de vivre libérés de notre domination et de nous délivrer nous-mêmes en retour de nos « instincts » les plus bas. En ce sens, le discours antispéciste (au-delà des contradictions et des antagonismes internes), reprend à son compte, et selon ses propres modalités, les contours du mythe de l’« exception humaine » dans la mesure où seuls les animaux-humains seraient capables de faire justice à tous les animaux humains et non-humains en proposant des modalités de l’expérience plus justes que la nature ne le permet puisqu’elle autorise qu’un animal en mange un autre.

    14Cependant, en rejetant la domestication dans les arcanes d’une prétendue domination destructrice, en considérant qu’elle est le péché que les hommes ont commis et qu’elle n’est que le fait de la soif de violence des hommes à l’égard des autres, les discours antispécistes négligent la réciprocité intrinsèque qui en est, en réalité, la condition sine qua non. De plus, domestiquer l’environnement, les plantes, les animaux, a constitué pour les hommes les cadres de leur propre domestication. Cela est une seule et même chose et nous pouvons nous poser la question de savoir ce qu’il adviendrait d’une société qui refuse le principe même de domestication, que deviendrait une société qui, au nom l’émancipation de la cruauté humaine et animale, se détournerait des interactions réciproques entre les hommes et les animaux. Il devient évident qu’aujourd’hui les limites du tolérable et de la justice se redessinent selon les exigences d’une sensibilité contemporaine et selon les moteurs aussi de pensées radicales ; toutefois, il nous faut être attentifs aux conséquences d’une bonne volonté qui pourrait bien, in fine, se retourner contre une humanité retranchée de toute animalité.

    Notes

    [1]

     

  • Vol de nuit

    J'ai écrit ce texte en 2013.

    Il s'est passé beaucoup de choses depuis. 

    Des événements qui contribuent à nourrir cette interrogation :  Qui étais-je ?

    La nuit dernière, j'ai rêvé que je volais. J'étais au-dessus des montagnes, je sentais l'air sur moi, je possédais une vision d'une puissance incroyable, j'ai vu des fleurs alors que je planais à des centaines de mètres du sol, j'ai passé des cols enneigés et je voyais des hardes de chamois. Il n'y avait aucune émotion sinon une parfaite tranquillité.

    Puis j'ai passé une ligne de crêtes entre deux sommets et j'ai plongé vers une vallée verdoyante, une rivière coulait en son milieu, des forêts immenses, des prairies, des champs de fleurs et puis j'ai vu une femme qui marchait dans l'herbe et je suis descendu vers elle. Je me suis posé devant elle. Et à cet instant, je suis redevenu un homme. Elle est venue vers moi, je n'ai pas vu son visage ou je ne m'en souviens pas.

    Elle m'a dit  :"Il n'y a plus personne."

    Et je me suis réveillé.

    Je ne compte plus les rêves dans lesquels je vole. Comment est-il possible de ressentir une situation aussi improbable avec une telle acuité. Je sens le mouvement de mes ailes et leurs effets sur le vol, je contrôle parfaitement mes trajectoires et je dispose d'une vue aussi large que précise, une capacité à englober la totalité des horizons tout autant que les éléments les plus infimes.

    Un rêve ancien...

    On a passé l'été à courir les montagnes dans tous les sens en vivant dans notre petit fourgon. Toujours cachés dans les forêts, sur les pistes, dans les chemins. Jamais de camping, jamais à côté de quelqu'un d'autre, une recherche constante de solitude. Au bord d'un torrent où on se baigne, au bord d'un lac ou au fond des bois. Levés à sept heures, parfois plus tôt, six, sept parfois dix heures de marche, 2000 mètres de délivelée, des sommets isolés, une solitude parfois stupéfiante, une journée entière sans rencontrer une seule personne mais des bouquetins,  des chamois, des marmottes, des aigles, des vautours et le silence de l'altitude ou le vent, cette lumière si particulière, cette lente dispersion des pensées anarchiques, un cheminement intérieur qui ramène à l'essentiel, l'effacement des manques, l'élaboration scrupuleuse des besoins essentiels, de l'eau, un peu de nourriture et beaucoup d'attention...

    Peut-être est-ce l'explication de ce rêve qui est revenu. Comme un retour aux sources, à une vie ancienne et les valeurs qui me concernent le plus profondément.

    Je sais qu'il s'agissait de moi et pourtant je voyais le personnage, très précisément. Un vieil homme, un teint basané, comme un Indien, debout, nu. Dans une grotte taillée, comme une kiva indienne. Une lumière violette autour de lui-moi. Une aura très douce. Devant lui-moi se tenait allongé, en apesanteur, une femme nue, elle aussi. Totalement détendue, les bras le long du corps. Je la massais puis je l'ai pénétrée, doucement, longuement et je savais qu'il n'y avait rien de sexuel dans cet acte mais une volonté de guérison...

    J'étais un chaman.

    Le corps de la femme s'est auréloée d'une lumière violette, similaire à celle qui émanait de moi. Mon sexe agissait comme un diffuseur d'énergie et cette énergie se diffusait dans le corps de la femme. Il n'y avait aucune parole, aucun bruit, aucune interférence, la grotte embaumait l'espace d'une paix ineffable puis mes mains se sont posées sur son ventre et l'ont massé dans un mouvement circulaire. Son ventre était dur, comme marqué par d'anciens traumatismes, strié de cicatrices fossilisées. Lentement, ces marques se sont effacées, comme absorbées par les tissus. La lumière violette continuait à grandir autour de lui-moi puis elle a illuminé l'intérieur du ventre de la femme.

    Je n'éprouvais aucune émotion, aucun plaisir, aucune intention, aucune volonté. Rien. je faisais juste ce que je devais faire.

    Je n'ai distingué à la fin que cette lumière.

    Je me suis réveillé.

    Qui étais-je ?

    J'ai eu ce sentiment étrange, sur un des nombreux chemins de montagne où nous avons marché que j'étais déjà venu là. Une certitude, une évidence. Comme si je reposais mes pas dans des empreintes mémorisées dans la pierre.

    Il y a quelques années, après avoir regardé un documentaire sur l'hypnose, j'ai proposé à mon plus jeune garçon de tenter l'expérience...

    Il m'a fallu cinq minutes pour qu'il soit totalement dans un état "second". Ma femme était là. Nous nous sommes regardés, interloqués.

    J'ai "réveillé" mon garçon et nous n'avons jamais recommencé.

    Je ne compte plus les occasions pendant lesquelles, j'observe parfois dans le regard de certains interlocuteurs une étrange absence au bout de quelques instants, comme s'ils n'étaient plus vraiment là. Je n'ai jamais aimé cela. 

    Qu'est-ce que ce rêve essayait de me dire ?

    J'ai rêvé, lorsque j'étais cloué au lit, avec mes hernies discales d'auras bleutées qui me parlaient, comme des paroles d'anges qui me susurraient d'avoir confiance...

    "Tu n'es pas au fil des âges un amalgame de verbes d'actions conjugués à tous les temps humains mais juste le verbe être nourri par la Vie divine de l'instant présent".

    Qu'on ne vienne pas me dire qu'il puisse s'agir de paroles communes à nos rêves habituels...

    Je ne suis pourtant pas monté à huit mille mètres cet été...Je n'ai pas consommé de champignons hallucinogènes.

    Je ne pense pas être fou...

    Qui étais-je ?

  • La protéodie ou les effets de la musique sur les plantes.

    Des études passionnantes.

     

     

    Les effets de la musique sur les plantes

     

    http://esev.e-monsite.com/pages/les-effets-de-la-musique-sur-les-plantes.html

    Rites ou croyances, jusqu'à la fin du Moyen Age en Europe, les hommes utilisaient des rituels agraires accompagnés de musique et de chants pour aider la germination et la pousse des récoltes. Carl Linné, un botaniste suédois du XVIIIème siècle, énonce des hypothèses sur les rythmes auxquels semblent obéir les plantes. Aujourd’hui dans quelques tribus indiennes d’Amérique et d’Afrique, ces rituels sont encore utilisés. Les aborigènes d’Australie quant à eux, utilisent des chants pour faire pousser leurs plants de tomates. Bien que ces rituels soient souvent des actes religieux on peut se demander si ces chants ont vraiment un impact sur les plantes. Si certains scientifiques ne croient pas à cette théorie, des entreprises n’hésitent toutefois pas à la mettre en pratique. Ainsi, au Japon, la société Gomei-kaisha Takada a déposé un brevet en 1991 sur l’utilisation de certaines musiques pour améliorer la fermentation des levures employées pour la fabrication des sauces soja.

    5.1 Quelques expériences

    Pour commencer, nous avons recensé, ci-dessous quelques expériences réalisées à travers le monde par des scientifiques pour démontrer que la musique avait un effet sur les plantes.

    Marcel Vogel  (chercheur en chimie aux laboratoires de recherche d’IBM à San José, Californie) a entrepris des expériences musicales sur les plantes, et avec des morceaux tels que Nuits dans les jardins d’Espagne de De Falla, il a constaté  des oscillations rythmées de leur part.

    Mrs. Dorohy Rettallack au Collège Buell Temple à Denvers, dans le Colorado a avancé que l'écoute de Bach ou de Ravi Shankar influençait favorablement les cultures. Elle va même jusqu'à prétendre que cette influence varie en fonction du type de musique. Ainsi le rock aurait un effet négatif sur les plantes. Celles-ci ploieraient avant de se mettre à dépérir puis à mourir. En 1969, la chercheuse fit des expériences pour prouver cette hypothèse en testant plusieurs sortes de musiques sur plusieurs types de plantes (maïs, pétunias, courges, etc.). Dans son livre : The sound of music and plants, elle présente ses expériences et ses conclusions sur cette théorie.

    Première expérience : Dans cette expérience la chercheuse mit dans trois chambres différentes des plantes et leur fit écouter la même tonalité mais avec des durées différentes. Dans la première pièce, elle la fit écouter 8 heures de cette tonalité, dans la deuxième pièce elle fit écouter pendant trois heures avec des pauses, dans la troisième pièce elle ne fit rien écouter. Les plantes de la première pièce sont mortes au bout de quatorze jours. Les plantes de la deuxième, ont poussé et sont plus saines que celles de la troisième pièce. Cette expérience a montré que le son avait un effet sur les plantes et que quand elles étaient mises en présence de musique avec des pauses elles poussaient mieux qu’avec une tonalité en continu ou sans tonalité.

    Deuxième expérience : La chercheuse mit un premier groupe de plantes dans une pièce branchée à une radio locale de rock et dans une autre pièce un autre groupe branché à une radio de musique classique. Elle fit écouter à chaque groupe trois heures de musique.

    Les plantes écoutant de la musique rock ont grandi au début mais sont devenus anormalement hautes, avec des feuilles plus petites que les autres plantes, elles consommaient plus d’eau et leurs tiges se dirigeaient à l’opposé du poste de radio. Certaines plantes sont même mortes. A l’inverse les plantes soumises à de la musique classique étaient plus saines et leurs tiges se dirigeaient vers le poste de radio. De plus, ces plantes présentaient des racines plus grosses et plus longues que celles de l’autre groupe.

    Cette expérience semble démontrer que la musique a bien un effet sur les plantes et que cet effet peut être positif ou négatif en fonction du type de musique.

    Troisième expérience : en rapport avec les anciens rituels agraires, Mrs Retallack fit une expérience avec un groupe de plantes, qui «écouta» de la musique indienne d’Amérique du nord, un deuxième groupe qui «écouta» la musique de Bach avec un orgue et un troisième groupe qui « n’écouta » aucune musique. Les plantes ont mieux poussées avec la musique indienne qu’avec la musique de Bach. Ces dernières ont mieux poussé que celles qui n’avaient pas de musique. Aucune des deux musiques n’a tué les plantes. Cette expérience peut montrer que les rituels agraires avaient bien un effet sur les plantations.

    Expérience réalisée à Paris où l'air est très pollué, par Joël Sternheimer.

    Des algues microscopiques ont été placées dans un petit bac avec de l'eau. Pendant dix jours, dix minutes par jour, on leur a passé́ une musique stimulant plusieurs protéines de photosynthèse, processus par lequel les algues fixent le CO2 de l'air, gardent le carbone pour se développer et rejettent de l'oxygène. En quelques jours, on pouvait observer la formation des bulles d'oxygène. Au final, on a pu mesurer un dégagement d'oxygène seize fois supérieur chez les algues qui avaient reçu de la musique par rapport aux algues témoins.

    Cela ouvre des perspectives pour lutter contre la pollution de l'air en stimulant la photosynthèse des plantes qui poussent dans les villes.

    ​5.2 Explications théoriques

    En 1992, Joël Sternheimer, professeur à l’université européenne de la recherche, s’est intéressé aux effets de la musique sur les plantes, dépose le brevet du « Procédé de régulation épigénétique de la synthèse protéique » qui permettrait d’expliquer, entre autre, l’influence de la musique, ici appelé protéodie, sur des organismes vivants.

    Il affirme : « une mélodie spécifique peut stimuler ouf inhiber la synthèse d’une protéine au sein d’un organisme », et que « chaque protéine peut être caractérisée par sa musique, qui est une vision de la protéine à une autre échelle ».

    Joël Sternheimer est soutenu en cela par Jean Marie Pelt, le célèbre scientifique qui pense que Joël Sternheimer nous donne peut-être la clef, ou l’une des clefs des effets de la musique sur les plantes. Il déclare : « lorsque les plantes « écoutent » la mélodie appropriée, les ondes acoustiques sont transformées « microphoniquement » en ondes électromagnétiques elles-mêmes sources « d’ondes échelle » et elles se mettent à produire la protéine spécifique à cette mélodie ».

    En 1996, Joël Sternheimer, a fait au Sénégal des expériences sur des plants de tomates. Il a étudié l’effet de la musique sur la protéine TAS 14 (protéine de résistance de la tomate à la sécheresse). Cette protéine aide les plants à résister à la sécheresse. Pour cela Sternheimer a passé trois minutes par jours de la musique aux plants de tomates pour stimuler la TAS 14. Il a de plus, placé des plants « témoins » élevés dans des conditions normales.

     Les résultats obtenus sont remarquables. Les plants soumis à l’écoute de la musique eurent une croissance nettement supérieure. Les pieds de tomates faisaient en moyenne 1.70 mètres, les tomates étaient plus grosses et parfois même éclatées à cause d’un excès d’eau alors que ces plantes avaient en réalité consommé moins d’eau par rapport aux autres plants, cultivés avec un arrosage selon l’habitude de la région.

    Plants de tomates n'ayant pas reçu la protéodie

    Plants de tomates ayant reçu la protéodie

    5.2.1 La protéodie

    Comment une musique, appelée ici  protéodie, peut-elle influencer la croissance des plantes et donc intervenir sur l’auxine (hormone de croissance indispensable au développement des plantes) ?

    Tout d’abord, la protéodie intervient sur la synthèse des protéines mais ne les crée pas. De même elle ne crée pas d’auxine. Effectivement, la protéodie est une musique et une musique reste une onde sonore. Une onde sonore ne crée pas d’élément biologique, il faut donc se pencher sur la synthèse des protéines.

     

    Lors de la synthèse d’une  protéine, lorsque les acides aminés s’accrochent au ribosome, leur perte de liberté et leur stabilisation provoquent au niveau de la fixation, un comportement non plus « particulaire » mais ondulatoire. C’est là que les recherches de Joël Sternheimer interviennent. Il traduit  ce comportement ondulatoire en une « onde d’échelle », c'est-à-dire qu'elle relie entre elles des échelles différentes - ici l'échelle de chaque acide aminé à l'échelle de la protéine en formation. Cette onde d’échelle a été ensuite transposée par M. Sternheimer dans des fréquences audibles par l’homme en les convertissant en notes de musique. Effectivement, chaque acide aminé, lorsqu’il s’accroche au ribosome, émet un comportement ondulatoire différent, donc une onde d’échelle différente, et donc une fréquence audible différente. Les recherches de Joël Sternheimer l’ont donc amené à créer un code universel de notes, chacune correspondant à l’un des 20 acides aminés.

    En fonction de la complexité de la composition des protéines, qui peuvent regrouper aussi bien une dizaine d'acides aminés que des centaines, on obtient une véritable mélodie, une partition variant donc d'une dizaine à plusieurs centaines de notes.

    Sternheimer a constaté que lorsqu’on joue l’enchaînement dans le domaine audible des fréquences des acides aminés d’une protéine, on observe une augmentation de la synthèse de cette protéine. La séquence des sons spécifiques à la synthèse ou à l’inhibition d’une protéine est appelée Protéodie. Pour inhiber une protéine, c'est-à-dire freiner sa fabrication, il suffit d'avoir la mélodie "symétriquement opposée". Très schématiquement, si la mélodie qui stimule est dans les "graves ", celle qui inhibera sera dans les "aiguës ". Chaque acide aminé possédant son équivalent en note stimulante et en note inhibitrice, on disposera de deux décodages, deux mélodies pour chaque protéine.

     

    5.2.2 Tempo, volume sonore et temps d'exposition

    D’autres expériences ont pu démontrer que le temps d’exposition, le volume sonore et le tempo avaient également une importance sur le développement des plantes.

    5.2.2.1 Temps d'exposition

    Le temps d’exposition quotidienne de la plante à la protéodie à une grande importance sur son efficacité. En effet, une trop longue exposition entraîne une forte concentration de la protéine synthétisée et aura  l’effet inverse à celui attendu. La protéine sera alors inhiber pour retrouver une concentration normale.

    Le temps d’exposition idéal semble être de 5 minutes par jour. 

    5.2.2.2 Volume sonore

    Le volume sonore a également une influence sur l’efficacité d’une protéodie. Plus le volume sonore est fort, plus la protéodie est efficace.

    5.2.2.3 Tempo

    Le tempo idéal est de 120 noires par minute. En effet, il s’agit d’un tempo « moyen ». Un tempo trop lent ou trop rapide semble néfaste à la croissance de la plante.

    5.2.3 Pour aller plus loin: la génodique

    La Génodique est la science développée à partir de l'étude des Protéodies. Actuellement, environ 1200 protéodies ont été décodées en 20 ans par Joël Sternheimer, correspondant à la stimulation ou l’inhibition de protéines. Au vu de la connaissance que l’on a aujourd’hui, le génome humain contient quelques 25 000 gènes, soit plus encore de protéines, sans compter les virus, les bactéries, l’ensemble des règnes animal et végétal, avec lesquels un dialogue peut s’établir. Le travail se poursuit donc vers le développement de nouveaux décodages, ainsi que la documentation des effets des protéodies (effets bénéfiques, ressentis, statistiques et fréquences d’affinités sur la population, …).

    5.3 Perspectives des effets de la musique sur les plantes

    Ces recherches et ces expériences offrent des alternatives douces à l'utilisation de traitements chimiques sur cultures et aux plantes transgéniques, technologies onéreuses pour les pays du tiers monde et potentiellement nocives.

    L’utilisation de la musique ouvre des perspectives pour lutter contre la pollution de l'air en stimulant la photosynthèse des plantes qui poussent dans les villes.

    D'autres expériences doivent encore être réalisées sur une plus grande échelle en diffusant la TAS 14, mais aussi d'autres musiques moléculaires pouvant notamment influer sur le goût des aliments ou sur leur conservation.

    Même si de nombreux scientifiques sont encore sceptiques quant aux effets de la musique sur les plantes, les recherches, en particulier celles de Joël Sternheimer semblent offrir des voies de réponse à beaucoup de maux de notre époque et un champ d'application énorme, notamment dans les pays en voie de développement. Elles permettraient d'accroitre les potentiels de certaines cultures sans pour cela jouer aux apprentis sorciers.

    Amélioration des qualités gustatives et de conservation des avocats grâce à l’inhibition de l'expression de la Polygalacturonas d'avocat : à gauche les avocats « musicaux », et à droite les avocats témoins.

     

     

  • "La source noire" de Patrice Van Eersel

     

    Enième lecture de ce livre qui se lit comme un roman bien qu'il s'agisse d'une enquête, d'un documentaire.

    Bien évidemment que de me replonger dans cet ouvrage est lié à la situation actuelle de mes parents et des multiples questionnements qui s'imposent.

    Tout cela a-t-il un sens ? Comment le vivre au mieux ou au moins pire, comment les accompagner vers cette fin ?

    A chaque fois que je vais les voir, je leur prends les mains, je les enlace, je les embrasse, je leur parle, je tente de faire remonter des souvenirs joyeux, et si possible de les faire rire. Je sais qu'ils ne se souviendront de rien dix minutes après mais l'instant n'est-il pas la seule réalité qui compte ? Ou même la seule et unique réalité, tout le reste, tout ce qui émane de notre mémoire n'étant qu'un film virtuel, une illusion proposée par notre cortex mais qui au final nous éloigne de l'instant, nous en prive, et nous conduit même à nous leurrer.

    Sommes-nous les victimes de notre propre potentiel au point de nous alourdir ?

    Mais alors, cette perte de mémoire chez mes parents ne serait-il pas une remise à niveau, une réinitialisation du cerveau identique à celle du nouveau-né qui n'a aucun souvenir et vit l'instant dans son intégralité ?

    Le grand âge est-il un retour à la source ? 

     

    "Je demeure incrédule : le meilleur moment de leur vie aurait été celui de leur quasi-mort ? C’est inconcevable. Je suis contraint, je l’avoue, d’arrêter ma lecture toutes les cinq minutes et de me frotter les yeux. Est-ce un rêve ? Suis-je bien en reportage aux Etats-Unis, en train de lire un ouvrage scientifique ? Je me pince. Mais je ne rêve pas."

     

    La source noire : Révélations aux portes de la mort

     

    INFOSCRITIQUES (10)CITATIONS (11)FORUM

    La source noire : Révélations aux portes de la mort par Van Eersel
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    EAN : 9782253041924
    445 pages

    LE LIVRE DE POCHE (01/06/1987) AUTRES EDITIONS

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    4.01/5   96 NOTES

    RÉSUMÉ EDITEURRÉSUMÉ MEMBRES

    HISTORIQUEMODIFIERLIRE

    De la mort, nous avons tout oublié, tout ce que notre culture avait érigé en sagesse. Même la science est devenue ignorante. Tellement que des savants tirent la sonnette d'alarme. Il faut, disent-ils, réhabiliter l'agonie, écouter les mourants, étudier ce passage aussi capital que la naissance. Psychiatres, cardiologues, chirurgiens, biologistes et physiciens, dans les laboratoires les plus sophistiqués des Etats-Unis, d'Europe, mais encore en Inde et partout dans l... >Voir plus


    Contributeurs : 
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    nalaimo

    nalaimo

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    04 septembre 2012

    Ce livre m'a fait l'effet d'un coup de poing.

    Ce qu'il propose, sans l'annoncer, c'est une véritable révolution de la manière de concevoir la vie de l'homme et sa place dans l'univers.

    Par le biais de ses recherches autour des expériences de morts imminentes, l'auteur amène à prendre conscience de la pauvreté de nos savoirs et de nos perceptions, de la force de certains dogmes scientifiques, du potentiel incroyable des recherches sur les NDE et sur la conscience,...

    Le propos est soutenu par des considérations scientifiques modernes et des références pluridisciplinaires scrupuleuses qui m'ont poussées plusieurs fois à arrêter ma lecture pour me dire "mais comment est il possible que l'on ne m'ait jamais parlé de ça ?"

    Comment, par exemple, admettre que les scientifiques quantiques fassent un lien aussi net entre leurs découvertes et la nécessité d'une vie spirituelle ? Stade incroyable où la science vient définitivement remplacer la religion pour se ramener à elle...

    La légereté avec laquelle l'auteur vous amène sur des sujets aussi sensible que la mort, la vie après la mort et la structure de notre réalité est un vrai plaisir...

    Ma critique n'est sans doute pas très bien construite, mais je désirais absolument faire part de cette lecture qui pour moi change vraiment beaucoup de choses.


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    tolbiac

    tolbiac

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    21 septembre 2015

    Voilà un documentaire pas du tout branché new-age. Pas barré du tout. La recherche journalistique amène le narrateur, qui est journaliste à se poser des questions, qui sont, (ça tombe bien), aussi les notre. Comment voir autrement notre univers ? Qu'est-ce que c'est que ces histoires de morts revenus d'ailleurs ? Comme ça se produit, d'où ça pourrait venir ? du cerveau ? Et qu'en est-il des cas d'enfants qui ne sont pas encore influencé par leur univers, par la pensée d'une culture ou d'une autre ? Qu'en est-il de la foi, du matérialisme ? Concrètement qu'est-ce qu'une EMI et que se passe-t-il avant, pendant, après ?
    Un livre qui remue nos convictions, qui questionne, qui donne à réfléchir, à partir du moment ou on accepte l'idée et qu'on n'est pas arcbouté sur des positions scientifiques qui réfutent ces milliers de cas et qui font passer ça pour une overdose dans une période de stresse terminal.
    Très intéressant et une lecture facile, par prise de temps, ni anxiogène malgré le sujet.

     


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    Tatooa

    Tatooa

    ★★★★★

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    29 mars 2014

    Une enquête sur les "near death experiments" très documentée et convaincante, même pour les dubitatifs. Disons qu'il y a de quoi se poser quelques questions intéressantes ! :op
    Pour ma part, quelques expériences personnelles m'avaient déjà convaincue de l'existence "d'autre chose" que le visible, mais cela fait du bien de lire les expériences d'autres gens.

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    Christian_Attard

    Christian_Attard

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    04 février 2018

    Voici, un livre essentiel pour qui veut tenter de comprendre ce qui se passe à l'approche de la mort et même après.
    Un livre que j'ai racheté pour l'avoir souvent prêté et une fois ne plus l'avoir récupéré.
    Il s'agit d'un enquête réalisée essentiellement aux Etats-Unis et auprès de personnes ayant parfois rejoint cet autre monde, ici évoqué.
    Des chercheurs comme 
    Raymond MoodyElizabeth Kubler-Ross, Michael Sabom, Kenneth Ring... nous dévoilent ici leur découvertes, leurs analyses des phénomènes d'approche de la mort.
    Expériences quantifiées, soupesées psychologiquement et statistiquement...
    On comprend l'universalité des perceptions, leur antiquité aussi. On peut ne pas y croire mais cette masse de témoignage fait sens et la profonde emprunte de ces visions péri-mortem ébranle les certitudes matérialistes les plus ancrées.


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    Kareban

    Kareban

    ★★★★★

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    18 juillet 2017

    Un très bel ouvrage qui recense notamment les travaux d'Elizabeth Kübler Ross, aujourd'hui de moins en moins citée dans les milieux universitaires car l'approche des expériences de mort imminente chez les patients en soins palliatifs dérange.
    Les recherches sur le sujet si populaires il y a vingt ans se voient enfouies sous une chape de plomb.

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    CITATIONS ET EXTRAITS (11) Voir plusAJOUTER UNE CITATION

    Tatooa

    Tatooa

    29 mars 2014

    Je demeure incrédule : le meilleur moment de leur vie aurait été celui de leur quasi-mort ? C’est inconcevable. Je suis contraint, je l’avoue, d’arrêter ma lecture toutes les cinq minutes et de me frotter les yeux. Est-ce un rêve ? Suis-je bien en reportage aux Etats-Unis, en train de lire un ouvrage scientifique ? Je me pince. Mais je ne rêve pas.

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    Tatooa

    Tatooa

    19 avril 2014

    Partout la nouvelle circule : il y a une femme peu ordinaire, une psychiatre (Ndr : E. Kübler-Ross), qui parle de la mort avec les mourants et qui prétend qu’il ne faut priver personne de la sienne, que la souffrance demeure une épreuve à adoucir, mais que la mort peut se métamorphoser en initiation et les mourants en professeurs de vie

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    Danieljean

    Danieljean

    26 décembre 2015

    ...j’étais parti aux États-Unis pour faire une enquête sur les NDE
    [expériences de mort imminente].

    J’étais tenaillé par une grande angoisse de la mort depuis l’âge de 17 ans.
    En arrivant là-bas, à ma grande surprise, j’ai découvert le champ des soins palliatifs.
    Si, avant mon départ, on m’avait dit qu’il existait des accompagnants de fin de vie,
    j’aurais pensé que c’étaient des fous furieux...
    ou des croyants.

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    Danieljean

    Danieljean

    26 décembre 2015

    La rencontre avec ma femme avait contribué à m’apaiser un peu,
    ainsi que certaines retrouvailles avec la nature.
    Mais grâce à ces accompagnantes de fin de vie,
    je me suis rendu compte que la mort n’est morbide
    que si on l’occulte.

    Et j’ai guéri de mon angoisse.

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    rkhettaoui

    rkhettaoui

    04 août 2017

    Quand une personne va mourir, son énergie vitale baisse, ses sens s'affaiblissent, ses rapports avec l'extérieur s'amenuisent et c'est un peu comme si l'on fermait progressivement les volets d'une maison. Enfermée à l'intérieur, la conscience ne perçoit plus rien du monde. En revanche, elle aperçoit son propre reflet dans les vitres aux volets fermés et s'imagine que c'est le monde. Evidemment, la conscience se trompe. Elle se monte un cinéma.

  • Personnes vulnérables

    Il y a plusieurs années déjà que mes parents ont basculé dans la catégorie des personnes vulnérables.

    Un discernement insuffisant, une confiance aveugle, un manque de lucidité. 

    Leur état cognitif ne leur permettait plus de ressentir les situations, de se méfier des bonimenteurs et ils sont légions. D'autant plus envers les personnes âgées, des proies idéales.

    Mes parents vivaient en Bretagne et j'habitais encore en Savoie quand les choses ont commencé à aller mal. 

    Même si j'allais les voir tous les ans, deux ou trois séjours de deux à trois semaines et que je leur téléphonais tous les dimanches soirs, il arrivait toujours des événements que je découvrais trop tard. Ils détestaient que je m'occupe de leur vie, que je les "surveille" comme ils disaient. 

    L'achat d'un mobilhome, quatre mille euros au-dessus de sa valeur réelle. Ils s'en sont servis deux semaines en deux ans avec un coût de trois mille euros par an pour l'emplacement. Un mobilhome vendu par un "ami" voisin. 

    La signature d'un contrat pour une mutuelle alors qu'ils en avaient déjà une. Six mois de procédure pour que je parvienne à faire annuler ce contrat. Signé lors d'un passage d'un "commercial" au domicile.

    Réfection totale du crépis de leur maison après le passage d'un "expert" qui leur a affirmé que la maison était attaquée par la mérule. Traitement de toute la charpente et remplacement de toute l'isolation des combles. Cette maison n'en avait absolument pas besoin. J'ai fini, après avoir découvert tout ça, par tomber sur le diagnostic fait pour l'achat. Tout était impeccable. Deux ans plus tard, il était impossible que de tels dégâts aient eu lieu. 

    Achat et construction d'une véranda avec un surcoût injustifié en fin de construction malgré la signature d'un devis. 

    Achat d'une voiture alors qu'ils avaient chacun un certificat  médical attestant de leur incapacité à conduire. Le vendeur ne leur a même pas fait essayer la voiture. Une vente deux mille euros au-dessus de l'argus. Menace de procédure judiciaire pour finir par récupérer 90 % de la somme. 

    Je ne compte plus en dix ans les situations dans lesquelles ils ont été grugés. 

    Il fallait que je les questionne à chaque appel pour savoir s'ils n'étaient pas encore tombés dans un piège commercial. Des panneaux solaires, une nouvelle cuisine, une nouvelle chaudière au fuel, trois tentatives d'arnaques que j'ai pu stopper à temps. 

    Et puis sont apparus des problèmes bien plus graves encore : la prise anarchique de médicaments. Leurs troubles de la mémoire : ils pouvaient prendre un médicament deux, trois fois de suite, croyant l'avoir oublié. Mon père hospitalisé pour avoir bu dans la même journée cinq sachets de movicol. Il s'est "vidé" et déshydraté, en pleine canicule. Délire et perte de conscience partielle.

    Sachant qu'ils prenaient des médicaments pour des troubles cardiaques, ça ne pouvait plus durer comme ça. J'ai mis en place un passage quotidien d'infirmiers et infirmères à domicile. 

    Puis est venu le problème des repas. Ma mère ne parvenait plus à cuisiner et mon père ne l'a jamais fait. Je me souviens d'une tarte aux oignons, ni la pâte ni les oignons n'étaient cuits. J'ai mis en place un portage de repas à domicile.

    Et puis est venu le problème de la propreté. Les troubles de la vue. Ils ne voyaient plus l'état de la maison, ni même celui de leurs vêtements. J'ai mis en place l'entretien de la maison et du linge deux fois par semaine. 

    Ma mère n'utilisait plus la machine à laver, elle ne savait plus s'en servir. Mon père non plus. Le linge "lavé" à la main dans une bassine.

    Puis ils ont commencé à se perdre dans le quartier, une promenade d'un kilomètre et ils ne trouvaient plus le chemin de la maison. Les gendarmes ou des voisins les ramenaient. Et parfois, l'un d'entre eux partait tout seul, sans même prévenir l'autre, sans téléphone portable, sans le carnet que je leur avais fait avec leur identité, leur groupe sanguin, la liste des médicaments qu'ils prenaient, mon téléphone.

    Des années de dégradation continuelle.

    Et de personnes vulnérables ils sont passés à celui de personnes en danger.

    Et j'ai réalisé un jour que j'étais devenu le parent de mes parents.

    Le médecin de famille, les infirmières, les personnes qui livraient les repas, le kiné qui a suivi ma mère après la deuxième opération pour une prothèse de hanche, tout le monde me disait la même chose : "Ils ne peuvent plus rester dans leur maison."

    Et c'était terrifiant parce que je savais qu'ils ne voudraient pas partir. Les problèmes de santé se sont multipliés.

    Chaque coup de  téléphone me faisait craindre le pire. 

    Lorsque le scandale Orpéa a éclaté, j'ai lu sur les réseaux sociaux de nombreux commentaires virulents contre les enfants qui placent leurs parents dans une maison de retraite, un ehpad, une structure d'accueil. C'est tellement facile quand on n'a aucune idée de ce que ça signifie de devoir s'occuper de ses parents, seul, à mille kilomètres de chez eux.

    On a déménagé dans la Creuse il y a deux ans et j'ai fini par trouver une structure à quarante kilomètres. La dernière année où ils étaient en Bretagne, j'ai fait huit séjours de deux semaines avec eux. Je gère la totalité des démarches administratives depuis cinq ans. 

    Je sais ce que j'ai fait pour eux, je sais ce que je fais encore, je sais ce que je ferai jusqu'à leur mort.

    Et pourtant, j'ai des bouffées de culpabilité. 

    Dans le village de Bessans et la vallée de la Haute Maurienne en général, on voit des maisons à trois étages, des bâtisses imposantes. Autrefois, les "vieux" vivaient en bas, les enfants devenus adultes étaient au premier étage et les jeunes enfants tout en haut. Les anciens s'occupaient du jardin, ils gardaient les enfants, ils cuisinaient, ils bricolaient, ils vivaient jusqu'au bout, chez eux. La maison passait de génération en génération. Aujourd'hui, pour posséder une maison de cette dimension, il faut en avoir hérité ou avoir un salaire de ministre. Mais même si ça avait été mon cas, je n'aurais pas voulu de mes parents à côté de moi et Nathalie. C'est sans doute cette constatation qui alimente la culpabilité.

    L'histoire familiale est complexe.

    Chacun fait comme il peut, au regard de ce qu'il porte. 

     

     

  • Acharnement médical

    Mes parents sont en fin de parcours. 

    AVC pour chacun d'entre eux, il y a quatre ans pour ma mère, trois ans pour mon père.

    Troubles cognitifs spatio-temporels majeurs et qui se sont considérablement aggravés, mois après mois.

    Dégénérescence sénile.

    Mon père est quasiment aveugle, glaucome sur chaque oeil. 

    Ma mère est atteinte par la dégénrescence maculaire, elle ne peut plus lire.

    Leur mémoire s'efface. Ils ne se souviennent plus de mon frère décédé, ni de son fils, ni de mes enfants, ni du prénom de ma femme.

    Ils se souviennent encore de moi. Je les vois une fois par semaine. J'ai réussi à trouver une place dans une résidence à quarante km de la maison. Je n'ai plus à faire 500 km pour aller passer du temps avec eux. 

    Si je m'en vais et que je reviens dix minutes après, ils se réjouissent de me revoir en ayant totalement oublié que je viens juste de les quitter. Ils sont heureux dans l'instant. Juste quand je suis là.

    La résidence est la plus renommée de tout le département, à juste titre, et j'admire infiniment le personnel. Des femmes dévouées, attentives, énergiques, toujours pleine d'entrain, une joie communicative, des animatrices qui redoublent d'inventivité. Beaucoup de résidents sont en fauteuil roulant. Certains ne communiquent plus du tout. Quand ils ne sont plus là, c'est qu'ils ont été hospitalisés ou qu'ils sont morts.

    Dans les trois dernières semaines, mon père est tombé deux fois, la nuit, en voulant aller aux toilettes. Perte de conscience, saignement important à la tête, points de suture, hospitalisation, de multiples examens.

    Dans la même période, ma mère est tombée et s'est fracturée le fémur. Opération lourde, avec une broche. Elle doit restée alitée encore trois semaines. Le personnel médical doit la sédater et l'immobiliser par des sangles ventrales parce qu'elle ne comprend pas qu'elle doive rester allongée. Elle ne parvient pas à parler tellement elle est "shootée".

    Mon père a 87 ans, ma mère 86.

    Depuis plus de dix ans, ils sont traités chmiquement pour des pathologies cardiaques. Sans ces traitements, ils seraient morts. A la suite de leur AVC, je leur ai fait remplir le formulaire des directives anticipées qui s'opposent à l'acharnement thérapeutique. Ils étaient encore suffisamment conscients à l'époque pour comprendre de quoi il s'agissait. 

    Mais aujourd'hui, quand je pars, je sais qu'ils pleurent tous les deux et j'ai suffisamment parlé avec eux pour savoir que plus rien ne les retient ici bas. Notre histoire familiale et la mort de mon frère à 39 ans a jeté une plaque de béton sur la question de la mort. Tout autant que pour la vieillesse. Mes parents ont été dans un déni absolu de leur dépérissement. Jusqu'à ce que ça leur tombe dessus. Ils adoraient marcher, c'était une habitude quotidienne avec celle de leur jardin et de leurs fleurs. 

    Je pense aujourd'hui que de les maintenir en vie, coûte que coûte, relève de l'acharnement médical. J'ai pris conscience de ça le jour où je me suis rendu compte que leur mort serait davantage un soulagement qu'un flot de tristesse. Non pas un soulagement pour moi mais pour eux.

    Les troubles de la mémoire sont dévastateurs sur l'individu. On n'imagine pas à quel point. Une personne âgée a toujours la possibilité de se réjouir des beaux souvenirs. Là, pour mes parents, il ne reste rien. Ils ne se souviennent pas de leur vie, de leur couple, des voyages, de leurs deux maisons. Ils ne se souviennent pas de mon frère. 

    J'ai demandé à mon père à quoi il pensait et il m' a répondu : " à rien" - Comment ça à rien ? - Ben non, j'ai plus rien."

    Effroyable.

    Un regard vide qui me fixait sans me voir.

    Quelques jours sans médicaments et son coeur s'arrêterait. Personne ne prendra cette décision. C'est impensable.

    C'est bien facile de se guausser d'avoir augmenté l'espérance de vie. Il aurait fallu se demander si ça en valait la peine, à tous prix, en toutes circonstances.

    Cette espérance de vie qui sert d'ailleurs d'argument pour le recul du départ à la retraite.

    La qualité de vie, voilà ce qui importe, voilà ce qui relève de l'humain avant de la confier à la médecine. La qualité de vie de mes parents, elle se limite à être en sécurité, accompagnés par un personnel compétent. C'est immense, énorme, magnifique, je ne dirai jamais le contraire. J'ai vu ces personnes âgées en Turquie et en Syrie, réfugiées sous des tentes. Mes parents sont nourris, chauffés, lavés, soignés, ils peuvent participer à des activités, à des groupes de paroles. Leur situation n'est pas dramatique.

    La question que je me pose aujourd'hui, c'est de savoir si elle a un sens.

    Je leur parle de la mort et de tout ce que j'ai lu sur le sujet. Je leur parle de ce que j'ai vécu. Et des quelques échanges que j'ai eus avec mon frère après sa longue période de coma, de ses souvenirs et des miens.

    Hier, je leur ai raconté des témoignages dans le livre "En route vers Oméga" de Kenneth Ring. Je leur ai lu aussi des passages de "La source noire" de Van Eersel. Et d'autres passages de "La vie après la vie" de Raymond Moody. Je ne sais pas ce qu'ils connaîtront le jour où ils mourront, personne ne peut le savoir mais il m'est toujours possible de leur apporter quelques visions moins cauchemardesques que celles qu'ils ont peut-être en tête. Je n'en sais rien puisqu'ils refusent d'en parler. Mais je sais pour m'occuper d'eux depuis de nombreuses années que la simple idée de la mort est une douleur profonde. 

    Il n'en est pas de même pour moi. J'ai déjà "voyagé" assez loin pour attendre l'inévitable exploration avec une très grande curiosité. 

  • Sauver tout ce qui vit

     

    Les sauveteurs, qu'ils soient professionnels ou pas, il faut les imaginer descendre dans les décombres, sous des dalles, au milieu des fers tordus, dans le chaos du béton, des gravats, de cette destruction effroyable. Comme dans toutes les catastrophes naturelles, la solidarité, l'entraide, le courage, la détermination, la volonté deviennent les maîtres mots, l'idée commune : sauver tout ce qui vit. L'humain dans ce qu'il a de plus puissant et de plus beau. 

    Mais qu'en restera-t-il dans quelque temps ? Peut-on espérer que cette solidarité reste ancrée à tout jamais ? Peut-on espérer que l'humain ne soit que cela, qu'il soit essentiellement nourri par tout l'amour qu'il porte ? 

    Encore une fois, l'actualité rejoint ce que j'écris. Le tome 4 de la tétralogie se concentre sur les survivants, sur les effets les plus profonds du traumatisme vécu. Que reste-t-il en soi lorsqu'on a connu le pire cauchemar ? Et faut-il donc que l'humain en arrive à de telles extrémités pour qu'émerge enfin l'amour de la vie, sans aucune restriction, de nationalités, de religions, de couleur de peau, et même au-delà de l'humain ?