Blog
-
Permis de tuer
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/01/2023
- 0 commentaire
**************************************************
**************************************************
**************************************************
**************************************************
**************************************************
**************************************************
**************************************************
**************************************************
****************************
Voilà ce que représentent 428 croix.
Plus de 400 personnes ont été tuées par des chasseurs en vingt ans
« La parole se libère peu à peu. Les habitants paraissent de moins en moins enclins à supporter l’accaparement de l’espace par une minorité pratiquant un jeu mortel hors de toute raison. »
14 novembre 2022 - Maïté Debove
Forêts est le seul livre en France à faire un tour d’horizon aussi complet sur notre monde végétal. Intelligence et communication, protection des forêts, déforestation… bien d’autres sujets vous attendent pour vous émerveiller et vous donner une dose d’inspiration positive.
- Thème : Intelligence et communication, protection des forêts, déforestation, santé…
- Format : 300 pages
- Impression : France
En France, 3403 accidents de chasse ont eu lieu et 428 personnes ont été tuées par des chasseurs en 20 ans. Le collectif Un jour un chasseur a rendu hommage aux victimes dans le manifeste Chasser tue (aussi) des humains, et demande des réformes rapides afin de véritablement enrayer le problème.
Le collectif « Un jour un chasseur » est né du regroupement de plusieurs habitantes rurales, après la mort tragique de leur ami Morgane Keane. Ce jeune homme de 25 ans a été tué accidentellement par un chasseur le mercredi 2 décembre 2020, alors qu’il se trouvait à cent mètres de sa maison afin de couper du bois, dans sa propriété, dans le Lot.
Elles ont décidé de s’atteler au difficile travail du ravivement de la plaie et de briser l’omerta afin de faire en sorte que ces tragédies ne se reproduisent plus. Le but est également de « libérer la parole des oubliés de la ruralité ». Les autrices rappellent que 21 millions de Français vivent actuellement à la campagne, dont une vaste majorité de personnes qui ne sont pas des chasseurs. 46 % des chasseurs vivent dans une ville de 20 000 habitants, dont 10 % à Paris.
« Nous refusons d’accepter la banalisation de ces drames, que le terme “d’accident” vise à normaliser et à rendre supportable. Qu’ils provoquent la mort, des blessures physiques, ou entraînent des séquelles psychologiques, il est de notre devoir et de celui des autorités et du gouvernement de les dénoncer, de leur faire face et de ne surtout pas tolérer l’intolérable » expliquaient-elles dans une pétition lancée en septembre 2021
Cette pétition demandait une meilleure sécurité et un plus grand contrôle de la chasse. En deux mois, elle avait reçu plus de 120 000 soutiens. Le collectif avait été reçu à la Haute-Assemblée en décembre.
Lire aussi : Une pétition s’impose au Sénat pour mettre fin aux dérives meurtrières de la chasse
Il avait alors formulé 5 propositions principales: arrêter la chasse le mercredi et le dimanche, donner une formation plus stricte aux chasseurs et renforcer les règles de sécurité, effectuer un contrôle des armes de chasse et comportements à risque, appliquer des sanctions plus dissuasives à l’encontre des chasseurs ayant provoqué des accidents mortels ou corporels, et libérer la parole et la reconnaissance des victimes de la chasse par l’Etat.
A la suite de ça, une mission parlementaire sur la sécurisation de la chasse avait été mise en place. Le travail, rapporté par le sénateur de l’Ain LR Patrick Chaize, sous la présidence de Maryse Carrère, une sénatrice des Hautes-Pyrénées membre du groupe Rassemblement Démocratique et Social Européen, avait demandé 48h d’auditions de 70 personnes, avant d’être rendu public, ce mercredi 14 septembre 2022.
Le rapport s’est avéré être extrêmement décevant pour le collectif. La co-fondatrice, Mila Sanchez, a estimé que le travail est loin d’être à la hauteur des préconisations des associations, alors que toutes les pistes étaient sur la table. Elle explique pour France3Régions :
« Les deux seules choses sur lesquelles nous avons été entendus sont le seuil d’alcoolémie maximal, similaire à celui du code de la route, et l’obligation de fournir un certificat médical annuel comme pour tous les sports avec une arme. En revanche, nous n’avons pas été suivi sur l’interdiction de la chasse pour les mineurs. »
Lire aussi : Chasser sous l’emprise d’alcool est toujours légal, une faille juridique dangereuse
Un jour un chasseur reprend donc ses 5 revendications dans son livre, afin de promouvoir et d’avancer vers un véritable changement. Dans la préface, le naturaliste Pierre Rigaux note :
« La parole se libère peu à peu. Les habitants paraissent de moins en moins enclins à supporter l’accaparement de l’espace par une minorité pratiquant un jeu mortel hors de toute raison. »
Si les accidents ont diminué ces dernières années, le collectif a tout de même recensé 39 incidents depuis septembre 2022, dont 82 % ayant lieu le week-end. Outre la publication de son livre, le collectif continue ainsi son combat auprès des pouvoirs publics.
« Nos représentants ne répondent pas, ou n’ont pas envie de répondre aux attentes. On va contacter le ministère de l’Intérieur. Si ce n’est pas suffisant, on ira plus haut. Nous en réfèrerons à l’Union Européenne. »
Lire aussi : En campagne, témoignages et actions se multiplient contre la tyrannie des chasseurs
-
Syndrome de Stockholm
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/01/2023
- 2 commentaires
Syndrome de Stockholm
https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2009/revue-medicale-suisse-201/syndrome-de-stockholm
Il désigne la propension des otages ayant partagé longtemps la vie de leur geôlier à sympathiser avec eux et à adopter leur point de vue. L’histoire du syndrome remonte à un hold-up dans une banque commis à Stockholm en 1973 par deux évadés de prison qui prennent en otage quatre employés. Après six jours de négociation, ils libèrent les otages qui vont s’interposer entre les forces de l’ordre et leurs ravisseurs, qu’ils iront visiter par la suite en prison.
Le syndrome est caractérisé par: 1) le développement d’un sentiment de confiance des otages vis-à-vis de leurs ravisseurs, dans la mesure où ces derniers arrivent à justifier leur acte; 2) la naissance d’un sentiment positif des ravisseurs envers leurs otages et 3) l’apparition d’une hostilité des victimes envers les forces de l’ordre.
Il s’agit d’un phénomène paradoxal de fraternisation entre agresseurs et agressés, comme on l’a rencontré lors de la Première Guerre mondiale entre soldats français et allemands, justifiant le dicton qu’à la guerre on «devrait toujours tuer les gens avant de les connaître».
Je réfléchis à quelque chose depuis quelque temps, c'est encore chaotique dans ma tête mais ça commence à prendre forme. Certains vont penser à la lecture de la suite que tout ça relève d'un pur délire mais tant pis.
Il convient tout d'abord d'identifier les différents protagonistes.
1) Nous sommes les otages, tous autant que nous sommes.
2) Il n'y a pas de preneurs d'otages à proprement parler.
3) Il convient de s'intéresser à la notion d'égrégore pour identifier « le preneur d'otages. »
Wikipedia : Un égrégore (ou eggrégore) est un concept désignant un esprit de groupe constitué par l'agrégation des intentions, des énergies et des désirs de plusieurs individus unis dans un but bien défini.
Dans le management, l'égrégore d'équipe est perceptible dans l'atmosphère d'équipe (ou la dynamique de groupe), qui peut être pesante ou enthousiasmante, étouffante ou inspirante. Il est affecté par l'état des relations et par l'adhésion profonde ou non de chacun dans le projet commun. Il résulte des moments vécus et constitue une dimension de la dynamique de groupe dont l'équipe peut prendre soin1,2.
Dans l'ésotérisme, il s'agirait d'une force qui aurait besoin d'être constamment alimentée par ses membres au travers de rituels établis et définis.
Le terme, apparu dans la tradition hermétiste, a été repris par les métaphysiciens, qui l'ont chargé d'un fort potentiel subversif.
Autant cet égrégore peut avoir un effet positif lorsqu'il est associé à une élévation spirituelle, autant il peut devenir la source d'un conditionnement lorsque des intentions perverses le sous-tendent.
Voilà le « preneur d'otages »
Gurdjieff l'avait évoqué. « La plus dangereuse mécanisation consiste à être soi-même une machine. »
Il me semble que la cassure entre l'humain et la nature est absolue, qu'il existe désormais une négation complète de l'univers du vivant et je ne vois pas la nature comme responsable de quoi que ce soit.
C'est la mécanisation de l'existence qui porte en elle les causes de ce désastre. Une certaine forme de folie, d'aveuglement qui consiste à penser que l'homme est au-dessus de tout, qu'il possède le pouvoir, jusqu'à en oublier les lois naturelles.
Les individus ( et j'en fais partie) sont mécanisés, extraits de leur lien avec la nature, ignorant des réalités, envoûtés par une idée de croissance agissant comme un aimant. Non seulement, la nature est ignorée mais la vie humaine elle-même est bafouée. Rien ne compte en dehors de cette course à la croissance.
On joue avec des allumettes parce qu'on a construit des camions de pompiers.
Les humains sont donc de véritables machines travaillant seulement sous la pression d'influences extérieures.
Les gouvernants, eux-mêmes, sont des machines. Ils ne sont pas des conducteurs de machines. Ils vivent eux aussi sous les influences d'égrégores qui les dépassent.
Les connaissances qui sont développées depuis la révolution industrielle ne sont pas attachées à une voie spirituelle mais à une mécanisation des individus. La croissance est l'intention première.
La médecine, par exemple, est de la mécanique. L'aspect holistique de l'homme est ignoré.
La psychologie qui ne fonctionnerait pas en systémique est de la mécanique.
L'environnement est d'ailleurs un mot très révélateur dans l'usage qu'on en fait actuellement. On considère à travers ce terme que la nature nous environne, ce qui revient à dire que nous n'en faisons pas partie, que nous nous en sommes extraits, que nous sommes des entités à part. L'environnement est ce qui est extérieur à nous. Consternant.Nous sommes d'ailleurs devenus nous-mêmes notre environnement étant donné que nous sommes autour de nous-mêmes et non dans une exploration de l'intérieur. Nous vivons hors de nous comme nous vivons hors sol, hors de la nature, hors de la réalité de la vie.
Nous sommes notre propre environnement parce que nous vivons dans une agitation mécaniste qui nous a privé de notre propre centre. Nous ignorons jusqu'à l'existence du noyau.
Là où l'expression écologiste est encore plus absurde, c'est lorsque nous prenons en considération le fait que chacun de nos actes a un effet sur nous-mêmes en portant atteinte à cet "environnement". Lorsque nous comprendrons que la disparition des orangs-outans est une atteinte à nous-mêmes, nous comprendrons qu'il n'y a pas d'environnement mais une unité absolue.
Les scientifiques dénoncent l'acidité de plus en plus forte des océans et des dangers immenses que cela fait courir à toute la chaîne alimentaire. Comment est-il possible que les humains en viennent à ignorer la source de toute la vie ?
Sommes-nous donc condamnés à être des assassins jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien ?
Oui, c'est bien de cela dont il s'agit. Nous sommes devenus des machines assassines parce que nous sommes les otages d'un égrégore que nous adorons.
Le syndrome de Stockholm est d'une puissance redoutable. Il n'y a pas de rébellion mais une adhésion séculaire qui se transmet de génération en génération. La plus grande partie des otages refuse de rejeter l'égrégore. D'autant plus que la conscience d'être un otage n'existe pas. Tout le problème est là. Et lorsque cette conscience émerge, la puissance de la machine engendrée par l'égrégore réduit considérablement la possibilité de s'échapper. Les rebelles risquent même d'être confrontés à la vindicte des autres otages qui considèrent que cette rébellion est absurde, injustifiée, voire même qu'elle risque de les mettre en danger. Chaque otage est un rouage et ne doit pas s'extraire de la machine.
Il me suffit de lire les commentaires d'articles concernant l'état de la planète sur les réseaux sociaux pour voir à quel point l'adhésion à l'égrégore archaïque est d'une puissance infernale.
« En ce monde, nous marchons sur le toit et nous regardons les fleurs. » Kobayashi Issa.
La coupe du monde de football est un élément de l'égrégore. Tous otages, tous complices, des rouages de la machine.
Tout ce qui contribue à renforcer l'hégémonie de l'égrégore, sa pérennité, l'adhésion des petits d'hommes, l'éducation scolaire, la futilité et l'ignorance, le transfert de savoirs mécanistes, les désirs matériels, la puissance de l'avoir, tout cela relève de l'égrégore.
Nous sommes des otages consentants.
-
Un vocabulaire révélateur
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/01/2023
- 0 commentaire
Ce vocabulaire mensonger est bien évidemment le reflet de notre positionnement à l'égard de la nature.
Mes parents passaient un temps infini à arracher ces "mauvaises herbes" qui abîmaient leur pelouse et à tenter de tuer ces "maudites taupes" qui défiguraient leur jardin, un jardin entièrement dédié à la décoration. Rien de consommable. Ils étaient fiers que leur jardin reçoive le prix du plus beau jardin dans la commune...
J'étais jeune et je n'attachais aucun intérêt à ce jardin, ni d'ailleurs à l'idée d'y installer un potager. Il a fallu que je grandisse.
Aujourd'hui, notre terrain nous nourrit et nous utilisons le paillage et le broyat pour limiter l'extension des adventices ("herbes envahissantes"). Les rats taupiers mangent une partie des légumes et tracent des galeries dans tous les sens. Rien à faire contre eux, il faut accepter le partage. On a installé divers abris naturels pour attirer des prédateurs : tas de pierres et de bois morts pour les serpents et les mustélidés. En espérant qu'un renard veuille bien venir se servir également :) Je vais ajouter deux nichoirs spécialement adaptés aux oiseaux noctures, chouettes et autres. On a un très grand tilleul pour les fixer.
On ne peut pas chercher à profiter des bienfaits de la nature en excluant tout ce qui nous dérange.
Animaux « nuisibles » et « mauvaises » herbes
"L'emploi des mots, les psychologues nous le répètent depuis longtemps, influencent nos prises de position et notre comportement. Il y a des expressions qu'il importerait d'extraire de notre vocabulaire, à cause de leurs connotations négatives injustifiées.
Dans un contexte écologique, je veux évoquer ici les expressions « mauvaises herbes » et « animaux nuisibles ». Ce sont, bien sûr, de vieilles expressions, nées dans des contextes aujourd'hui dépassés. Leur utilisation prolonge un état d'esprit que nous avons toutes raisons de vouloir faire disparaître, à cause des implications négatives nocives qu'ils perpétuent.
Les mots « espèces nuisibles » et « mauvaises herbes » ne sont que le reflet d’un préjugé séculairement ancré, selon lequel les plantes et les animaux sont là pour nous servir ou nous réjouir, et que nous avons sur eux un droit discrétionnaire.
Ces mots sont la traduction directe de notre égocentrisme (ou anthropocentrisme), de notre ignorance et de notre étroitesse d’esprit. Les animaux considérés comme nuisibles ne le sont que par nous, et il en est de même des herbes prétendues mauvaises.
En réalité, nous ne sommes qu’une espèce parmi tant d’autres. Ajoutons, en passant, que, face aux extinctions multipliées d’espèces dont nous sommes aujourd’hui responsables, nous mériterions, seuls, le qualificatif d’espèce hautement nuisible à l’harmonie et à la préservation de la biodiversité."
Les études scientifiques des dernières décennies ont profondément transformé notre regard sur la nature et sur les organismes vivants qui cœxistent avec nous.
Sur notre planète, toutes les espèces vivantes sont intégrées dans des écosystèmes dont elles sont toutes dépendantes, et dans lesquelles elles jouent un rôle spécifique. Les populations sont maintenues en équilibre par un jeu permanent de reproduction et de prédation.
Quelles sont les implications de ces réflexions dans le monde concret dans lequel nous vivons ?
La prolifération de certaines espèces peut devenir indésirable par rapport aux objectifs des êtres humains : cultures, élevages, préservation de l'habitation et du territoire. Souvent ces proliférations sont dues à l'élimination, par notre zèle intempestif, des prédateurs naturels qui contribuaient à l'équilibre des populations.
C'est ici que l'attitude globale face à la nature doit intervenir. Elle imposera ses exigences sur le choix de l'action à entreprendre. Une intervention peut-être justifiée, à la condition qu'une étude scientifique appropriée ait désigné sans ambiguïté l'espèce ou les espèces responsables du problème.(...)
Mais revenons à notre question de vocabulaire. Que suggérer pour remplacer ces expressions ?
Au lieu de « mauvaises herbes », on peut dire par exemple « herbes sauvages ». Dans notre jardin, nous utilisons « plantes non invitées ». Et l'on peut remplacer « animaux nuisibles » par « animaux indésirés ».
Chacun ici peut faire preuve d'imagination. Toutes les suggestions sont bienvenues …"
Hubert Reeves ( Astrophysicien et vulgarisateur scientifique)
-
TOUS, SAUF ELLE : le cerf
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/01/2023
- 0 commentaire
Voilà ce que je tente de décrire : la reconnaissance, la vie commune, l'énergie similaire, la création.
Cette tétralogie n'est pas une histoire apocalyptique, même si l'effondrement est général. Le chaos est le reflet de notre perdition.
Mais il contient également l'ouverture vers un autre état de conscience.
Elle avait rejoint le potager.
Alors que le soleil répandait sa chaleur sur la terre, elle avait senti dans le corps d’une tomate des parfums d’énergie, comme une vibration moléculaire, une agitation euphorique. Elle l’avait détachée de sa tige avec une infinie reconnaissance. Elle avait posé ses lèvres sur la peau brillante, une bise tendre et aimante. Panier en osier à la main, elle avait béni chaque offrande.
Elle avait pensé alors à tous ces animaux abattus, chaque jour, à chaque instant et que personne ne remerciait. Il ne restait d’eux que le nom attribué aux diverses tranches dans leur présentoir.
Rien de l’animal n’existerait plus.
Elle se réjouissait, en observant le potager, de ce flux de vie qui emplissait le lieu. Rien ici ne disparaîtrait jamais. La tomate était un élément du corps, une partie renouvelable, une offrande pour les soins prodigués. Elle avait vu les dizaines de petits sachets de graines collectées par Raymond et minutieusement étiquetés. Courges, courgettes, choux, tomates, aubergines, concombres, cornichons, fèves, haricots, lentilles, betteraves... Raymond lui avait expliqué le concept du potager permanent. « La terre nous nourrit, on l'aide un peu, on récupère les graines, celles des meilleurs plants, ceux qui seront donc le mieux adaptés, on n'achète rien, on laisse monter en graines certaines plantes et puis on les recueille et on les classe. C'est ça le travail du jardinier. Il entretient un peu, il organise, il arrose quand c'est nécessaire et il favorise le développement d'un potager permanent, un potager résistant, abondant. Il ne faut rien forcer, il faut observer. C'est la terre qui t'apprend à la soigner. »
Elle aimait ce partage respectueux.
Elle continua sa cueillette. Amoureusement.
Lorsqu’elle se leva pour rejoindre le carré d’oignons blancs, elle sentit un regard posé sur elle, un contact qu’elle n’identifia pas, une présence secrète. Elle balaya lentement des yeux le paysage proche : la maison, la grange, le terrain attenant, les blocs rocheux puis l'orée de la forêt.
Là, dans une immobilité totale, dans l’ombre des feuillages et le camouflage des couleurs, elle reconnut un cerf. À vingt mètres. La puissance de sa masse, l’ampleur de ses bois, la noblesse de son port de tête. Les yeux la fixaient. Aucun mouvement, rien, pas même un frémissement d’oreilles, pas un frisson, juste ce regard perçant, ces yeux ronds qui semblaient tracer dans les airs un invisible rayonnement.
Elle sentit battre dans sa poitrine le cœur aimant de l’animal. Une sonorité de tambour sur laquelle elle s’accorda, une cohérence cardiaque, une ligne constituée de pulsations rondes et de silences allongés, comme un chemin dessiné sur l’écran du monde, à travers l'espace qui les séparait.
Elle n’esquissa aucun geste, elle en élimina même la moindre pensée, que rien d’inquiétant ne soit diffusé par cette passerelle, par ce mélange unifié de leur écho, qu’aucun trouble émotionnel ne vienne féconder les peurs irréelles, que l’humain s’efface et qu’il ne reste qu’une vie commune.
Elle ne chercha pas à exprimer clairement l’intensité des ressentis car elle connaissait l’empoisonnement inévitable.
Ne pas réfléchir, ne rien vouloir d’autre que le silence intérieur, ne pas s’étourdir, ne chercher que la paix de la disparition.
Ne plus être là, comme une forme humaine, mais se diluer dans la marée de molécules agitées, dans la convergence rétablie des entités similaires.
Le cerf sortit du couvert des arbres, dans une série de petits pas majestueux. Le réseau de ses bois l’auréolait d’une couronne. Le soleil enflamma sa robe de coulures dorées.
Laure s’appliqua à maintenir en elle le calme de son cœur.
Le cerf avança de nouveau, quelques pas de plus puis il se figea, à quelques mètres, la tête haute, les yeux brillants. Une brillance de ténèbres, un noir piqueté d’étoiles.
Elle connaissait ce regard. Il était en elle à tout jamais.
Oui, évidemment.
Il était là. Une certitude qu'il était inutile de vouloir expliquer.
Il était là.
Figueras.
-
Le loup, régulateur naturel
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/01/2023
- 0 commentaire
Drôme : les chasseurs se plaignent de la diminution des sangliers causée par… les loups
https://lareleveetlapeste.fr/drome-les-chasseurs-se-plaignent-de-la-diminution-des-sangliers-causee-par-les-loups/
« Les loups s’attaquent aux proies les plus fragiles, ce qui permet à la nature de se régénérer et de permettre aux espèces d’être plus fortes. Le loup est la meilleure chose qui puisse arriver à un écosystème. »
9 décembre 2022 - Laurie Debove
Forêts est le seul livre en France à faire un tour d’horizon aussi complet sur notre monde végétal. Intelligence et communication, protection des forêts, déforestation… bien d’autres sujets vous attendent pour vous émerveiller et vous donner une dose d’inspiration positive.
- Thème : Intelligence et communication, protection des forêts, déforestation, santé…
- Format : 300 pages
- Impression : France
C’est ce qu’on appelle « l’arroseur arrosé ». Alors que certaines fédérations de chasse refusent désormais de payer les dégâts causés par la prolifération des sangliers dans d’autres départements, celle de la Drôme se plaint de ne plus en avoir assez à chasser à cause du loup. Revenu en force sur le territoire, ce canidé sauvage régule bien mieux les populations d’herbivores que les humains armés.
L’ingérence des chasseurs
En quarante-cinq ans, le nombre de sangliers en France a été multiplié par vingt. Il y en aurait aujourd’hui entre 1 et 2 millions dans l’Hexagone. Dans les vignes, les prairies ou les champs de maïs, leur prolifération entraîne chaque année 20 à 30 millions d’euros de dommages agricoles en France.
Dans les années 1960, les chasseurs avaient demandé à payer eux-mêmes le montant des dégâts causés par « le grand gibier » pour devenir les « régulateurs officiels » des herbivores des forêts. Seulement en 2019, l’indemnisation de ces dégâts a représenté un budget de 77,3 millions d’euros ce qui fait que les chasseurs ne veulent plus payer. Une demande rejetée en début d’année par le Conseil Constitutionnel.
« Les chasseurs ont fait tellement de choses pour gonfler les populations en les croisant avec des cochons domestiques, le fameux cochonglier qui est une pratique aujourd’hui interdite sauf en enclos, ou en les nourrissant. Face aux dérives, un décret a été promulgué il y a un mois pour interdire aux chasseurs de nourrir artificiellement les sangliers pour les maintenir à un endroit fixe, preuve que même l’Etat cherche à reprendre la main sur cette situation catastrophique » explique Richard HOLDING, naturaliste et chargé de communication à l’ASPAS, pour La Relève et La Peste
En plus d’interdire les tirs sélectifs épargnant les laies reproductives et les lâchers de sangliers, ce nouveau décret punit désormais le nourrissage des sangliers (betteraves, patates et baguettes de pain) par une amende de 750 euros. L’agrainage reste paradoxalement toujours autorisé, sauf dans certains départements qui prennent les choses en main comme l’Indre-et-Loire.
Lire aussi : L’Indre-et-Loire interdit aux chasseurs de nourrir les sangliers pour limiter leur prolifération
Dans la Drôme, au contraire, le nombre de sangliers a diminué de plus de la moitié depuis 2018 grâce aux loups qui sont de plus en plus présents dans le département. Mais au lieu d’accueillir avec plaisir cette aide inattendue, les chasseurs se plaignent d’avoir moins de sangliers à disposition : alors qu’ils ont tué 20 000 sangliers en 2018, ils en ont abattu deux fois moins en 2021 et ne devrait en tuer « que » 7000 à 8000 cette année.
« Les chasseurs considèrent les loups comme des concurrents directs puisqu’eux ont besoin de chasser pour se nourrir et vont s’attaquer aux chevreuils, cerfs, chamois, mouflons ou sangliers. Leur prédation se voit clairement : j’ai moi-même eu l’occasion de l’observer en trouvant des crottes de loup pleines de poils de sangliers dans la nature. Les chasseurs sont de plus en plus mobiles avec le prix du permis de chasse divisé par deux en 2018 (de 400€ à 200€, ndlr).
Ce cadeau de Macron a eu un impact assez énorme : avant, les chasseurs se contentaient de rester dans leur département car le permis national était beaucoup plus cher ; aujourd’hui, ils viennent de très loin pour chasser à la journée. On n’est plus du tout dans cette chasse à l’ancienne où les locaux chassent autour de chez eux, je croise partout des grands pick-ups de chasseurs avec des immatriculations d’autres départements. S’ils n’ont plus autant de gibier à disposition, cela casse le business de la chasse et rend les chasseurs en colère » analyse Richard HOLDING, naturaliste et chargé de communication à l’ASPAS, pour La Relève et La Peste
Lire aussi : La cohabitation des loups et des ours est bénéfique pour les proies
Le rôle essentiel des prédateurs naturels dans les écosystèmes
L’argument avancé par les chasseurs n’est pourtant pas d’ordre économique mais écologique. Pour eux, la « présence excessive » du loup, soit environ 250 individus selon leurs estimations, serait une menace pour la faune sauvage qui risquerait de disparaître.
« Clairement, la Drôme a de plus en plus de loups mais les loups ne connaissent pas les limites administratives et les meutes évoluent certainement à cheval entre plusieurs départements. Ils se déplacent de plusieurs dizaines de kilomètres par nuit, ce sont des animaux très mobiles. Quand ils chassent, ils vont rester plusieurs jours sur un secteur puis partir ailleurs pour se faire oublier et tromper la vigilance des animaux sauvages. Chaque meute a son propre territoire, donc une population de loups ne peut pas pulluler sur un secteur car ils sont vraiment dépendants de la quantité de gibier disponible. Même les naissances s’adaptent à ce facteur, un phénomène courant chez les renards et d’autres prédateurs » détaille Richard HOLDING, naturaliste et chargé de communication à l’ASPAS, pour La Relève et La Peste
Pour les chasseurs, les loups seraient notamment responsables de la diminution des mouflons, qui seraient passés de 900 individus il y a 20 ans à seulement une quinzaine de nos jours. Or, le mouflon n’est pas originaire des Alpes. Il a été introduit petit à petit au milieu du XXe siècle, sans aucune étude préalable, pour des raisons cynégétiques.
« L’espèce a été importée par les chasseurs, pour leur plaisir. Alors que le chamois, lui, est une espèce endémique qui souffre beaucoup du changement climatique et de la sur-chasse humaine. » rappelle Richard HOLDING, naturaliste et chargé de communication à l’ASPAS, pour La Relève et La Peste
Lire aussi : En France, il y a plus de loups et moins d’attaques : un signe encourageant pour la coexistence
Pourtant, Michel Sanjuan, vice-président des chasseurs de la Drôme en charge du loup et du grand gibier, explique à FranceBleu que « si on ne change pas le statut d’animal protégé du loup, on court à la catastrophe » et aimerait avoir l’autorisation d’abattre ce prédateur naturel.
« Les loups s’attaquent aux proies les plus fragiles, ce qui permet à la nature de se régénérer et de permettre aux espèces d’être plus fortes. Le loup est la meilleure chose qui puisse arriver à un écosystème. Ils ont ce rôle de régulation qui les assainit et profite à la végétation car les cervidés et les ongulés deviennent plus méfiants et plus mobiles, ce qui laisse plus de marge aux forêts pour se régénérer. Le problème, c’est qu’en France on ne laisse pas assez de temps et d’espace à la régulation naturelle. Clairement dans les zones où les loups sont présents il faudrait arrêter tout type de chasse et voir le résultat » plaide à l’inverse Richard Holding
On dénombrait entre 10 000 et 20 000 loups en France à la fin du 18ème siècle, contre 920 aujourd’hui. Malgré cela, des abattages légaux et illégaux de loups continuent d’avoir lieu dans le pays. Pour l’ASPAS, la solution n’est pas de les tuer, une bonne coexistence avec les éleveurs inquiets passe par le triptyque présence du berger, clôtures électrifiées et surtout chiens de protection.
Les études le prouvent, il n’y a aucun risque les loups fassent mourir toute la faune sauvage dont ils dépendent. Il n’y a que l’espèce humaine qui soit assez stupide pour se condamner toute seule.
Pour aller plus loin : Les prédateurs naturels sont bien plus efficaces que les chasseurs dans l’équilibre des forêts
-
Au-delà des romans
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/01/2023
- 0 commentaire
Voilà ce sur quoi je veux travailler dans le tome 4 : l'énergie.
Non pas la création d'énergie à des fins productivistes mais en tant que fondation de tout ce qui existe. Je pense qu'il est primordial, vital et urgent de changer notre rapport à la création. L'hégémonie destructrice de l'humanité est une folie absolue qui nous conduit, tous, à des temps douloureux. Cette fameuse "liberté" d'agir comme bon nous semble est l'élément premier de la situation actuelle. Non, nous ne sommes pas libres dans le sens où nos actes n'auraient aucune conséquence car il s'agit dès lors d'une liberté égocentrée, une exigence individuelle qui condamne l'ensemble.
"Les héros sont tous morts" explore la dimension de la tentation.
"Tous, sauf elle" établit les germes du chaos.
"Le désert des Barbares" décrit l'effondrement.
« Reset » développe les fondements d’une nouvelle conscience.
Moi : entité mêlée à un environnement social et ne réagissant qu'à travers lui. (tome 1)
Je : entité ayant décidé de se libérer de ce conditionnement. (tome 2 et 3)
Soi : entité incluant le Je dans une osmose avec l'Un, c'est à dire l'ÉNERGIE. (tome 4)En 1942, Jacobson s'est aperçu que lorsqu'une personne s'imaginait en train de courir, l'image mentale de son corps en mouvement avait un impact sur son physique et ses muscles. On sait à quel point les sportifs professionnels usent de ces travaux sur la pensée.
Bien avant Jacobson, les techniques du yoga avaient déjà découvert l'impact de la visualisation, utilisées maintenant dans diverses thérapies (la PNL, la sophrologie, l'hypnose, la méditation...)
L'image mentale permet de développer le pouvoir créatif de l'individu et de le conduire vers des changements positifs de sa vie. Cette technique est appuyée par les découvertes de certains scientifiques "quantiques" comme Fritjof Cappra.
D'après leurs travaux, notre univers physique ne serait pas constitué de matière mais d'une force appelée ÉNERGIE. La matière serait la forme la plus condensée de cette énergie mais elle se révélerait, à des niveaux d'analyse subtils, tels que les niveaux atomiques, sous la forme de particules de plus en plus fines, les unes à l'intérieur des autres, pour finalement se réduire à l'état d'énergie pure.
D'un point de vue physique tout ce qui existe serait énergie et l'être humain ferait partie intégrante de cette énergie. L'énergie émet des vibrations, à des vitesses différentes, qui lui conféreraient des qualités différentes, du plus subtil au plus grossier. La pensée, serait selon les philosophies orientales et certains physiciens quantiques, une énergie relativement subtile. Il s’agirait donc d’apprendre à maîtriser de l’énergie.
Une des lois de l'énergie est qu'un niveau vibratoire d'énergie tend à attirer l'énergie de même qualité et de même vibration. Ainsi, selon cette approche, quelqu'un qui développe sans cesse des énergies négatives attirera les personnes émettant le même type d'énergie. L'inverse est évidemment possible.
Cette théorie rejoint le concept de synchronicités décrit par Jung. Il existe une coïncidence significative ou une correspondance entre deux évènements physiques qui ne sont pas causalement reliés l'un à l'autre, des idées analogues ou identiques se présentant simultanément à différents endroits. Ni les unes, ni les autres de ces manifestations ne peuvent s'expliquer par la causalité sur laquelle repose notre vision cartésienne du monde physique.
Ainsi nos pensées mobiliseraient une énergie qui tendrait à attirer et à créer la forme correspondante sur le plan matériel.
Selon Shakti Gawain, ce processus est un processus d'ouverture de la conscience au cours duquel l'individu découvre ses inhibitions, ses limites, ses conditionnements et parvient à les dépasser.
Abraham Maslow a également travaillé dans cette voie." Vers une psychologie de l'être". Bien d'autres encore.
Chaque "école" de pensée use de termes différents mais l'idée reste la même.
L'énergie.
Les scénarios de ces quatre tomes sont des supports mais ils n'ont aucun intérêt en eux-mêmes.
Je ne veux pas écrire des histoires qui n'auraient aucun prolongement existentiel. Il en est du sens de la création artistique.
-
Avatar 2 : une analyse
- Par Thierry LEDRU
- Le 04/01/2023
- 0 commentaire
Un article ajouté/rédigé par Marguerite Roussarie | 03/01/2023 | Lu 266 fois
https://www.legaliondesetoiles.com/Avatar-La-Voie-de-l-Eau--Avatar-The-Way-of-Water--2022_
⚓️TAGS : 2022, AVATAR, Britain Dalton, CCH Pounder, CHRONIQUES TERRIENNES EN PARLE, Cliff Curtis, Giovanni Ribisi, James Cameron (réalisation), James Cameron (scénario), Joel Moore, Josh Friedman (scénario), Kate Winslet, Matt Gerald, Michelle Yeoh, Oona Chaplin, Sam Worthington, Sigourney Weaver, Stephen Lang, Zoe Saldana
Affiche et synopsis
AUTRE(S) ARTICLE(S) :
Avatar | 2009
Avatar : La Voie de l'Eau | Avatar : The Way of Water | 2022
Présentation
Le film événement de cette année c'était la suite d'Avatar sorti en 2009. Inutile je crois de préciser de quoi je parle, il est impossible de passer à côté du premier film culte alors rentrons dans le vif du sujet : voir Avatar 2 "La voie de l'eau" au cinéma, cela en vaut-il la peine ?
Oui et non : cela dépend sûrement de votre affection pour le premier film, de votre amour du cinéma, et des conditions pour le voir. Si vous n'avez pas aimé le premier film, en toute logique vous n'aimerez pas ce deuxième, qui est une caricature (en ultra pire) du premier. Si vous avez aimé le premier vous pourriez aimer le deuxième. Côté conditions, je l'ai vu en 3D HFR, normalement c'est le nec plus ultra : le principe est de filmer avec plus d'images à la seconde pour que ce soit plus confortable. Sauf qu'il m'a fallu presque une heure pour m'y habituer. Les gros plans ça allait, le mouvement ça allait, mais associez les deux : c'était flou ! Je n'ai pas compris pourquoi, mais c'était très désagréable. De plus, pour la première fois depuis que je vais au cinéma j'ai dû mettre mes bouchons d'oreilles tellement c'était fort. Autant dire que le matraquage visuel et auditif était éprouvant, cela a même rendu malade mon accompagnatrice. Cela va avec le reste du film qui veut tellement en mettre plein la vue qu'il est too much.
Lire la suite de l’article de Marguerite Roussarie pour le Galion des Etoiles :
Avatar : La Voie de l'Eau | Avatar : The Way of Water | 2022 (legaliondesetoiles.com)