Blog
-
Diversité fantôme
- Par Thierry LEDRU
- Le 18/04/2025
- 0 commentaire
Sachant que la population planétaire continue à croître et que l'extension humaine dans les zones naturelles ne sera jamais freinée volontairement, que restera-t-il de la biodiversité dans cent ans ?
"Nous avons été surpris par l'ampleur du résultat" : une nouvelle étude pointe l'impact majeur de l'homme sur la baisse de la biodiversité. Quand vous vous promenez en forêt en France, vous voyez en moyenne seulement 20 % des plantes que l'on pourrait observer s'il n'y avait pas d'activité humaine".
L'un des sites étudié en France. • © Christophe Carcaillet - CNRS
Contact(s)
Imprimer
Fil d'Ariane
La diversité fantôme, ou « dark diversity », révèle l’impact mondial des activités humaines sur l’érosion de la biodiversité
04 avril 2025
Résultats scientifiques
Une étude publiée dans la revue Nature, menée par l’Université de Tartu (Estonie) et impliquant plus de 200 scientifiques à travers le monde, dont plusieurs chercheurs français du CNRS, met en lumière l’effet majeur des activités humaines sur l’érosion de la biodiversité végétale. L’analyse simultanée de la diversité observée et de la diversité qui, au vu de ses caractéristiques, devrait être présente, révèle que de nombreuses espèces de plantes natives sont absentes de leurs habitats naturels, notamment dans les régions les plus impactées par l’activité humaine.
En résumé
La "diversité fantôme" désigne les espèces qui pourraient naturellement occuper un environnement en raison de leurs besoins écologiques, mais qui en sont absentes pour des raisons historiques.
Une équipe de chercheurs internationale a analysé le potentiel de la diversité végétale de plus de 5 000 sites dans le monde, en mesurant la part de diversité réellement présente, révélant l’impact inapparent des activités humaines sur la végétation.
Dans les régions fortement affectées par les activités humaines, les écosystèmes ne contiennent que 20 % des espèces qui pourraient s’y établir, contre 35 % dans les régions les moins impactées, un écart causé par la fragmentation des habitats, favorisant la part de la diversité fantôme.
La végétation naturelle est souvent dépourvue de nombreuses espèces qui pourraient y être présentes, en particulier dans les régions fortement touchées par les activités humaines. Une nouvelle étude coordonnée par des chercheurs de l’Université de Tartu (Estonie) et impliquant plus de 200 scientifiques du réseau de recherche DarkDivNet, dont des chercheurs français du CNRS, des universités PSL, Claude Bernard-Lyon 1, de Toulouse et de Bordeaux, a mis en lumière ce phénomène.
Pour réaliser cette étude, l’ensemble des espèces végétales de près de 5 500 sites répartis dans 119 régions du monde ont été recensées. Grâce à ce travail, les chercheurs ont identifié la "diversité fantôme" (dark diversity), c’est-à-dire les espèces natives susceptibles de vivre sur ces sites, mais qui en sont actuellement absentes. Cette approche permet d’évaluer le potentiel de la diversité végétale, et de mesurer la proportion de celle qui est réellement présente, soulignant l’impact inapparent des activités humaines sur la végétation.
Dans les régions fortement affectées par la présence humaine, les écosystèmes ne contiennent que 20 % des espèces qui peuvent s’y établir. Les mesures classiques de la biodiversité, comme le simple comptage d’espèces, ne détectent pas cette différence, en raison des variations naturelles qui masquent l’ampleur des conséquences anthropiques. Celles-ci peuvent être mesurées à l’aide de l’indice d’empreinte humaine, incluant la densité des populations, l’usage urbain ou agricole des terres, ainsi que les infrastructures routières et ferroviaires.
L’équipe de scientifiques révèle que la diversité d’un site se retrouve négativement influencée par cet indice et la plupart de ses composantes, dans une zone pouvant atteindre plusieurs centaines de kilomètres. Ce constat alarme sur l’étendue des conséquences des activités humaines, plus importantes qu’on ne le pensait, affectant même les aires protégées.
La pollution, l’exploitation forestière, les déchets, le piétinement et les incendies d’origine anthropique peuvent exclure certaines plantes de leurs habitats. Cependant, l’impact humain est moins prononcé lorsqu’au moins un tiers de la région environnante est naturelle, soutenant ainsi l’objectif mondial de protection de 30 % des terres de la planète.
Richesse végétale en fonction de l’empreinte humaine, sur fond de carte des sites étudiés dans le projet DarkDivNet.
Cette étude dévoile l’importance de préserver les écosystèmes au-delà des aires protégées. Le concept de diversité fantôme offre aux défenseurs de l’environnement un outil précieux pour identifier les espèces absentes pourtant adaptées à un milieu, et suivre ainsi les bienfaits de la restauration des écosystèmes.
* Le terme dark diversity se réfère à celui de dark matter, ou matière noire en français, qui est une matière hypothétique dont les scientifiques soupçonnent la présence dans l'Univers mais qui reste indétectable à ce jour.
Référence de la publication
Pärtel, M., Tamme, R., Carmona, C. P., Riibak, K., Moora, M., Bennett, J. A., Chiarucci, A., Chytrý, M., Francesco, D. B., Eriksson, O., Harrison, S., Lewis, R. J., Moles, A. T., Öpik, M., Price, J. N., Amputu, V., Askarizadeh, D., Atashgahi, Z., Aubin, I.,. . . Zobel, M. (2025). Global impoverishment of natural vegetation revealed by dark diversity. Nature. Publié le 2 avril 2025.
Laboratoires CNRS impliqués
Centre de Recherche sur la biodiversité et l’Environnement (CRBE - CNRS/IRD/Univ. Toulouse III - Paul Sabatier/Toulouse INP)
Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux (EPOC, Bordeaux INP/CNRS/Univ. Bordeaux)
Laboratoire d'Ecologie des Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés (LEHNA - CNRS / ENTPE / Université Claude Bernard)
Contact
Auréle Toussaint
-
"Les danseurs aux pieds nus"
- Par Thierry LEDRU
- Le 18/04/2025
- 0 commentaire
Oui, j'ai espéré que la crise des taxes douanières déclenche un frein conséquent sur la mondialisation et l'énorme commerce planétaire mais je ne considère évidemment pas le cowboy comme un défenseur de la vie, de la biodiversité, de l'écologie. Tous les produits chinois destinés aux USA sont déjà en route vers l'union européenne. On n'arrête pas les cargos...
Je ne cible pas l'individu comme l'unique représentant du chantre de la croissance. En France aussi, nos politiciens ne comprennent que le langage de l'économie, de la création d'emplois, du développement.
Un exemple parmi beaucoup d'autres :
«Assez de ces danseurs aux pieds nus» : le département du Rhône coupe les subventions de trois associations environnementales
Par Antoine Sillières, Le Figaro Lyon
Publié le 18 avril 2025 à 17h40
«Ils veulent réduire les dépenses ? On va réduire les dépenses ! Ça va être vite fait», s’est emporté le président du département, Christophe Guilloteau, avant de faire voter la suppression des subventions, approuvée à la quasi-unanimité de l’assemblée. MATTHIEU DELATY / Hans Lucas via AFP
Le président du département, Christophe Guilloteau (LR), a annoncé la suppression des subventions accordées à trois associations environnementales qui avaient critiqué un projet de port de plaisance sur la commune d’Anse, le mois dernier.
Christophe Guilloteau (LR) n’a visiblement pas goûté la critique. Visé par plusieurs associations environnementales dans une lettre dénonçant l’impact écologique d’un projet de port de plaisance, le président du département du Rhône a décidé de couper les subventions accordées à trois d’entre elles pour l’année en cours. France Nature Environnement, la Ligue de Protection des Oiseaux et Arthropologia vont ainsi perdre entre 24.000 et 29.000 euros de subsides départementaux chacune. Elles ont demandé un rendez-vous avec Christophe Guilloteau à ce sujet.
Ce dernier s’est montré particulièrement véhément à la tribune du conseil départemental le 4 avril. Il a d’abord mentionné la lettre envoyée le 31 mars dernier qui demandait l’arrêt du projet de création du port du Boredelan, dans la commune d’Anse. Projet qui prévoit «l’artificialisation d’une surface équivalente à 30 terrains de football» sur une zone humide selon les associations contestataires. Un projet à 39,5 millions d’euros dont les signataires de la lettre interrogeaient le montant.
«Ils veulent réduire les dépenses ? On va réduire les dépenses ! Ça va être vite fait», s’est emporté le président du département avant de faire voter la suppression des subventions, approuvée à la quasi-unanimité d’une assemblée largement acquise à sa cause. Christophe Guilloteau a vanté un «projet économique» «soutenu par tant d’hommes et de femmes» depuis «tant d’années». «Moi, je ne suis pas prêt à ce que mes enfants mangent tous des graines et fassent de la bicyclette tous les jours», a-t-il encore lancé.
«On ne nous paie pas à rien faire les pieds nus»
«J’en ai assez de ces associations de danseurs aux pieds nus, qui viennent nous expliquer ce que nous, élus, devons faire sur nos territoires», a encore tempêté Christophe Guilloteau, annonçant une refonte du modus operandi avec les structures subventionnées. «En tant qu’association naturaliste nous sommes dans notre rôle de contrepouvoir quand on alerte sur l’impact d’un projet qui va détruire une zone humide, rétorque Hugues Mouret, directeur scientifique d’Arthropologia, dénonçant un écolo bashing simpliste. Ces zones humides sont essentielles pour la préservation du vivant et on ne sait pas les refabriquer (sic), les compensations ne sont jamais à la hauteur de ce qu’on a détruit».
À lire aussi Lyon : une plainte déposée par les écologistes contre Laurent Wauquiez après ses attaques envers l’OFB
Les trois associations sont suffisamment établies pour ne pas voir leur survie menacée par cette coupe brutale. Mais certains programmes en souffriront. Pour Arthropologia, les 24.000 euros du département servaient à financer un programme scientifique d’études sur l’activité pollinisatrice des abeilles sauvage, «donc la protection alimentaire des populations», éructe Hugues Mouret. «Il ne s’agit pas de subvention de fonctionnement, poursuit-il, on ne nous paie pas à rien faire les pieds nus». Et de préciser que l’essentiel des revenus de l’association ne provient pas de fonds publics.
Donald Trump réautorise la pêche commerciale dans un vaste sanctuaire marin de l'océan Pacifique
Créé par George W. Bush et étendu par Barack Obama, le sanctuaire abrite des récifs coralliens vierges et des espèces en danger.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié le 18/04/2025 08:13
Temps de lecture : 2min
Donald Trump présente le décret élargissant les droits de pêche dans le Pacifique, à la Maison Blanche; le 17 avril 2025. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)
Il fait presque deux fois la taille du Texas. Donald Trump a signé un décret, jeudi 17 avril, visant à réautoriser la pêche commerciale dans un vaste sanctuaire marin situé au beau milieu de l'océan Pacifique et abritant l'un des écosystèmes les plus vulnérables au monde.
Le "Pacific Remote Islands Marine National Monument" avait été créé en 2009 par le président George W. Bush, puis largement étendu en 2014 par Barack Obama(Nouvelle fenêtre). Il comprend aujourd'hui plus de 1,2 million de kilomètres carrés d'eaux protégées, autour de sept îles et atolls de l'océan Pacifique. La pêche commerciale ainsi que l'extraction de ressources, notamment minières, y étaient jusqu'ici interdites, mais la pêche traditionnelle et de loisir continuaient d'être permise.
Selon le président américain, cette interdiction de pêche commerciale "désavantage[ait] les pêcheurs commerciaux honnêtes des Etats-Unis" en les poussant "à pêcher plus loin au large dans les eaux internationales pour rivaliser avec des flottes étrangères mal réglementées et fortement subventionnées". Et "une pêche commerciale correctement gérée ne mettrait pas en danger les objets d'intérêt scientifique et historique" protégés par le sanctuaire, a-t-il affirmé.
Des environnements marins immaculés et vulnérables
Les zones maritimes qui composent le sanctuaire abritent des récifs coralliens vierges ainsi que de nombreuses espèces en danger, parmi lesquelles des oiseaux de mer et certains requins et baleines, et figurent parmi les environnements tropicaux marins les plus immaculés et vulnérables de la planète, notamment face au changement climatique.
Autant de zones qui seront, avec ce décret, désormais en partie accessibles à la pêche commerciale. L'interdiction est ainsi levée sur de larges zones au large des îles et atolls, "pour les navires battant pavillon des Etats-Unis".
Des permis de pêche pourront également être "délivrés à des navires battant pavillon étranger pour qu'ils puissent transporter des poissons pêchés par des pêcheurs américains", est-il encore détaillé(Nouvelle fenêtre). Dans ce texte, Donald Trump demande également à son gouvernement d'"amender ou abroger toutes les réglementations contraignantes qui restreignent la pêche commerciale" dans le sanctuaire.
Depuis son retour à la Maison Blanche le 20 janvier, le républicain, ouvertement climatosceptique, s'attaque à nombre de normes environnementales et assume mener une politique de dérégulation pour favoriser l'économie.
-
L'oppression du monde humain.
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/04/2025
- 0 commentaire
On a vendu la maison dans la Creuse et on est arrivé dans notre nouvelle région.
On avait besoin de faire des achats alimentaires et de bricolage. Comme on ne connaît pas encore le secteur et qu'on est à fond dans l'aménagement de la maison, on n'a pas cherché les magasins qu'on apprécie et on s'est juste contenté d'aller au plus près. Vingt kilomètres de route de montagne.
Zone commerciale, des voitures dans tous les sens. Quand on a vécu quatre ans dans la Creuse, on en oublie qu'il ne faut surtout pas "descendre" en ville un samedi matin... Erreur d'ermites. Et là, déjà, on a commencé à se sentir mal, oppressés.
Magasin de bricolage, on savait ce dont on avait besoin, pas question de faire toutes les allées mais quand on passe du petit magasin local en zone rurale à un magasin de bricolage de grande surface, le choc est rude. Des gens qui déambulent dans les allées, à se demander s'ils savent pour quelles raisons ils sont là. On regarde les panneaux affichés en hauteur pour trouver le rayon qui nous intéresse. On est effaré de tout ce qui est à vendre, tous les rayons débordent de produits, les allées sont étroites et à chaque extrémité, des produits "soldés" sont présentés. On finit par passer à la caisse et on s'enfuit.
Episode 2, le cauchemar. On entre dans un "hyper", incapables de retrouver dans nos mémoires notre dernier passage dans ce genre de lieu. Et là, c'est bien plus qu'un malaise, on bascule dans l'oppression, la sensation d'enfermement, l'étouffement. Cette profusion de produits est totalement folle, on passe au pas de charge dans les rayons boucherie, charcuterie, poissonnerie, plats préparés, des milliers d'animaux morts, des allées qui doivent faire trois kilomètres de long, avec des étagères de cent mètres de haut et des gens qui se grimpent les uns sur les autres pour attraper les produits "en promotion". Mais qu'est-ce qu'on fait là ? C'est quoi ce monde ? Qui sont tous ces gens, que font-ils là, à discuter, à regarder toutes les étiquettes, à ouvrir des compartiments, avec des caddies déjà remplis ? Et où sont les fruits et légumes ? On a juste besoin de quelques légumes. Pourquoi est-on entré ici ? C'est une jungle. Il faut qu'on sorte avant de perdre connaissance.
On avait des cartons à déposer à la ressourcerie, des objets que les anciens propriétaires ont laissés et qui ne nous serviront pas. On reprend la route, on cherche, on suit attentivement le GPS vocal sur mon smartphone, on voit en une matinée plus de monde qu'en un mois dans la Creuse...On trouve enfin le lieu, on dépose nos cartons et on s'enfuit.
La nausée.
On remonte en altitude.
On savait déjà que nous n'étions pas "normaux". Mais on n'imaginait pas que c'était à ce point-là.
-
Trump et la décroissance
- Par Thierry LEDRU
- Le 04/04/2025
- 0 commentaire
Finalement, Trump, le climatoseptique, ne sera-t-il pas le meilleur allié du climat en effondrant l'économie mondiale ?
2 400 milliards de dollars évaporés : jeudi noir à Wall Street après Trump
La Bourse de New York a connu sa pire journée depuis la crise du Covid-19. Les investisseurs craignent une guerre commerciale et une récession mondiale.
Par P.B. avec Reuters
Publié le 04/04/2025 à 02h54
Temps de lecture : 2 min
Le grand plongeon. La Bourse de New York a dévissé, jeudi, enregistrant sa pire journée depuis juin 2020, en pleine pandémie, alors que les droits de douane annoncés la veille par le président américain Donald Trump ont exacerbé les craintes d'une guerre commerciale totale et d'une récession économique à l'échelle mondiale.
Dans le détail, l’indice Dow Jones a cédé près de 4 %, soit 1 679 points, le S & P 500 a reculé de 4,8 % et le Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques, a chuté de presque 6 %. Au total, quelque 2 400 milliards de dollars de valorisation boursière ont été effacés parmi les 500 principales entreprises cotées.
Les Big Tech et les banques massacrées
Alors que l'essentiel de sa production d'iPhone est basé en Chine, Apple a chuté de 9,2 %, du jamais-vu sur une séance en cinq ans pour la firme à la pomme. L'entreprise doit au total faire face à des droits de douane cumulés de 54 % : 34 % de droits réciproques imposés à Pékin, auxquels s'ajoutent des droits préexistants de 20 %. Le géant du commerce en ligne Amazon a également plongé de 9 % et le fabricant de puces graphiques Nvidia de 7,8 %.
À LIRE AUSSI Tarifs douaniers : le scénario noir d'une « Trumpcession » pour l'économie mondiale
Les détaillants ont particulièrement reculé, à l'image de Nike et Ralph Lauren, en repli respectivement de 14,4 % et 16,3 %, dont les principaux sites de production sont situés au Vietnam, en Indonésie et en Chine, trois pays visés par d'importants droits de douane américains.
Les grandes banques américaines comme Citigroup et Bank of America et JPMorgan Chase & Co, particulièrement sensibles aux risques économiques, ont toutes perdu entre 7 % et 12 %.
40 % de risque de récession
« Les droits de douane annoncés par Donald Trump posent un risque important pour l'économie mondiale dans un contexte de croissance atone », a déclaré la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). Kristalina Georgieva a estimé dans un communiqué qu'il était important d'éviter les mesures qui pourraient affecter davantage l'économie mondiale et a appelé les États-Unis et leurs partenaires commerciaux à travailler de manière constructive pour réduire les tensions.
À LIRE AUSSI « Inutile de chercher : il n'y a aucune logique économique chez Trump »
Si les droits de douane sont maintenus, « les risques de récession augmenteront probablement de manière significative », a indiqué Deutsche Bank dans une note, tandis que Bank of America a souligné que l'économie pourrait être poussée « au bord de la récession ». « Notre indicateur de probabilité implicite de récession basé sur le marché boursier suggère que les actions intègrent déjà (environ) 40 % de probabilité d'une récession d'ici la fin de l'année », ont écrit les analystes de HSBC.
En six semaines, le S & P 500 a perdu 12 %, impactant directement la retraite par capitalisation de millions d’Américains. Donald Trump a réagi à bord d’Air Force One : « C’est ce à quoi on s’attendait. C’était un patient malade. Il a subi une opération. Mais l’opération est terminée. Et maintenant, on le laisse se stabiliser. »
-
Coupes rases.
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/03/2025
- 0 commentaire
Depuis quatre ans qu'on est là, on n'a jamais vu autant de coupes rases. On marche beaucoup, on court dans les bois, on roule à VTT et à vélo de route. Il n'y a pas une sortie où on tombe sur des zones ravagées. Ne pas entendre un concert de tronçonneuses, c'est devenu rare. A croire que tous les "exploitants" forestiers du pays sont ici.
Demain, on part, on a vendu la maison. On change de région. Ici, dans dix ans, il n'y aura plus de forêts, de vraies grandes et riches forêts. Il n'y a aura que des plantations de résineux.
On recommence tout à zéro. On laisse 350 m² de potager, une mare et plus de deux-cents plantations.
"C’est pas de la gestion forestière, c’est du pillage" : en Creuse, l'association Canopée dénonce les coupes rases
Ce mardi, l’association Canopée est passée par la Creuse et les coupes rases qui sévissent à Châtelus-le-Marcheix et laissent les habitants dans un profond désarroi.
Article réservé aux abonnés
Par Julie Ho Hoa
Publié le 25 mars 2025 à 20h16 •
A Châtelus-le-Marcheix, dans l'ouest de la Creuse, plusieurs coupes rases ont défiguré le paysage. Le même constat est fait dans le reste du département. © BARLIER Bruno
« Ça me donne envie de pleurer, franchement. » Régine Foltzer n’ose même pas se retourner vers la coupe rase qu’elle est venue dénoncer. Un pan de massif épluché à perte de vue, des sols retournés jusqu’aux rives du Thaurion qui coule en contrebas. Pas loin d’une dizaine d’hectares d’une forêt de feuillus coupée à blanc sur des parcelles appartenant « à un groupement forestier, des gens qui n’habitent même pas là ».
@Bruno Barlier
Les premières coupes ont eu lieu il y a un an et depuis « ça s’amplifie. Dans tous les coins de la commune et partout autour, partout sur la Creuse », constate cette habitante de Châtelus-le-Marcheix et ancienne adjointe. Elle a profité du passage en Creuse du chargé de campagne forêts françaises de Canopée, Bruno Doucet, pour organiser un rassemblement sur cette coupe rase « d’une ampleur impressionnante ».
Une forêt entière de feuillus destinée au chauffage et au papier
En longeant les grumes de chênes et de hêtres de bons diamètres, on croise les estampilles « CBB » (pour Comptoir des bois de Brive, filiale de découpe de Sylvamo), « tritu » (pour trituration c’est-à-dire broyage) ou encore « chauffage ». Ce bois est sans doute destiné, en grande partie, à l’usine papetière de Saillat-sur-Vienne (Haute-Vienne), une autre partie à faire des plaquettes ou des granulés.
Cette vidéo peut vous intéresser
Feed digiteka
@ Bruno Barlier
@ Bruno Barlier
« J’ai vu qu’il y avait un petit peu de hêtres, beaucoup de chênes, quelques résineux aussi plus bas. C’était une forêt qui était mélangée, qui est venue naturellement il y a peut-être 60-80 ans. Donc c’est le genre de forêt que l’on peut tout à fait améliorer, sans la détruire, avec d’autres pratiques sylvicoles », explique Bruno Doucet.
Partager :
Châtelus-le-MarcheixEconomieEnvironnement
-
L'ouragan Rachid
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/03/2025
- 0 commentaire
Humour ^^
C'est très bien interprété et les dialogues sont ciselés.
-
L'individuation : Carl Gustav JUNG
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/03/2025
- 0 commentaire
Je m'intéresse beaucoup au peuple Kogis et eux ne disent pas qu'il s'agit de devenir "adultes" mais de devenir "des êtres humains" quand nous ne sommes pour l'instant que des hommes et des femmes. Ils nous appellent d'ailleurs "les petits frères" ce qui sous-entend comme Jung que nous devons grandir.
« S’il répugne à ce point à devenir conscient du problème, c’est que cela exigerait de mettre en cause cette image de la Terre inépuisable et de “s’expliquer” avec un des archétypes les plus puissants qui soient, celui de la Mère. […] Alors, nous devons nous assumer, seuls, être réellement conscients, adultes. »
— Carl Gustav Jung, La voie des profondeurs
Ecole Jungienne de Psychanalyse Animiste - EJPA
orSnetosdp11gr0g1 g73t6mhhm804git42ht69,0c942mac2s:83ia89 tu ·
Devenir adulte : pourquoi l’individuation est devenue une urgence planétaire
Il est des mots qu’on relègue, trop vite, aux marges de la pensée. Parce qu’ils semblent appartenir à une époque plus lente, ou à des sphères plus intimes. Le mot individuation fait partie de ceux-là. Long, peu sonore, presque austère, il ne séduit pas d’emblée. Il ne fait pas frémir les foules. Il n’a rien d’un mot à la mode. Il parle d’un travail intérieur, patient, profond — tout ce que notre monde, saturé de bruit et de vitesse, apprend à fuir.
Et pourtant, c’est peut-être l’un des mots les plus essentiels de notre temps.
Carl Gustav Jung l’écrivait déjà avec force : l’individuation n’est pas un luxe réservé aux « belles âmes », ni un privilège d’initiés. Ce n’est pas une coquetterie psychologique, ni une quête réservée à ceux qui ont « du temps pour eux ».
C’est une nécessité vitale.
Vitale pour l’individu, bien sûr, qui a besoin de devenir un être entier, en lien avec ce qu’il porte d’unique et de profond. Mais vitale aussi pour le monde.
Car sans êtres individués, aucune évolution véritable n’est possible.
On voudrait croire encore que les solutions viendront d’en haut : des décisions politiques, de la science, d’une technologie salvatrice. On voudrait croire qu’un jour, le monde se réveillera, comme par enchantement, unifié, solidaire, raisonnable.
Mais cette croyance est une illusion dangereuse. Elle nous dispense de la transformation à faire en nous.
Le réel, lui, ne cesse de nous alerter.
Les signes sont là : l’épuisement des ressources, la disparition des espèces, les dérèglements climatiques. Un monde qui s’effondre lentement, et un autre qui peine à naître.
Nous le savons — et pourtant nous agissons comme si nous ne savions pas.
C’est là que le regard de Jung devient éclairant. Il ne s’arrête pas aux comportements, ni aux discours. Il va chercher la racine inconsciente, celle qui anime secrètement notre rapport au monde.
Et ce qu’il pointe, c’est un archétype non intégré : celui de la Grande Mère — la Nature comme source inépuisable, comme matrice fertile et indulgente. Cet archétype est puissant, ancien, fondamental. Il a nourri l’imaginaire de l’humanité pendant des millénaires. Mais aujourd’hui, il est devenu piégeant.
Tant que nous projetons sur la Terre l’image d’une mère toute-puissante, qui pourvoit sans jamais faillir, nous restons dans une posture d’enfant.
Un enfant qui prend, sans penser aux conséquences. Un enfant qui exige, sans mesurer les limites.
C’est cela que l’individuation vient renverser.
Car s’individuer, ce n’est pas s’isoler. Ce n’est pas se retirer du monde dans une tour d’introspection.
C’est au contraire entrer dans une responsabilité vivante, c’est oser faire face à ce qui nous habite, et en tirer les fruits les plus clairs.
C’est quitter la dépendance à l’archétype maternel pour devenir un adulte psychique : capable de discernement, de choix, de fidélité à soi-même.
Ce n’est pas un chemin confortable. Il demande du courage. Il demande de traverser ses zones d’ombre, d’assumer ses contradictions, d’écouter ses rêves, ses peurs, ses intuitions.
Mais c’est le seul chemin qui rende le monde habitable autrement.
À ce titre, l’individuation n’est pas une option secondaire.
Elle est devenue, comme l’écrit Jung, « la condition sine qua non de la survie de l’espèce ».
Ce sont les êtres individués qui résistent aux propagandes, aux fanatismes, aux engourdissements de masse.
Ce sont eux qui tiennent debout quand tout vacille.
Ce sont eux, aussi, qui peuvent faire émerger des formes nouvelles de présence au monde — des formes qui ne soient plus fondées sur la prédation, mais sur la coopération, l’écoute, le respect du vivant.
Christiane Singer disait qu’il y a, au cœur de chacun, un lieu inviolable, un sanctuaire où « quelque chose ne meurt pas ».
C’est ce lieu-là que le travail d’individuation permet de rejoindre.
Et ce lieu, aujourd’hui, est notre ressource la plus précieuse.
Il ne s’agit pas de réparer la Terre comme on colmate une fuite. Il s’agit d’aimer autrement. D’entrer en relation avec le monde depuis un autre endroit.
Moins enfantin. Moins exigeant. Plus humble.
Plus libre, aussi.
Alors oui, il faut le redire, avec des mots simples mais graves :
notre époque a besoin de femmes et d’hommes qui acceptent de devenir adultes.
Non pas dans un sens moral ou civique, mais dans un sens symbolique, psychique, spirituel.
Des êtres reliés. Intérieurs. Lucides.
Non pas parfaits, mais engagés.
Capables de faire silence en eux, pour mieux entendre ce qui appelle, ce qui meurt, ce qui espère.
Le monde n’attend plus d’idées. Il attend des êtres.
Et l’individuation est peut-être le plus grand acte politique et poétique qu’il nous reste à accomplir.
« S’il répugne à ce point à devenir conscient du problème, c’est que cela exigerait de mettre en cause cette image de la Terre inépuisable et de “s’expliquer” avec un des archétypes les plus puissants qui soient, celui de la Mère. […] Alors, nous devons nous assumer, seuls, être réellement conscients, adultes. »
— Carl Gustav Jung, La voie des profondeurs
-
JARWAL LE LUTIN : sur la peur
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/03/2025
- 0 commentaire
Puisque la peur est un sujet récurrent et que ça n'est pas prêt de se calmer, il reste toujours la possibilité de lire ce qu'en dit Jarwal: )
"Ils avancèrent avec les mêmes précautions, les sens aux aguets, suspendus au silence oppressant. Ils débouchèrent soudainement au bord d’un puits opaque. Un gouffre de ténèbres. Jarwal pointa son doigt vers le fond et n’aperçut qu’un vide insondable dans les rougeurs coulantes.
« Sept mètres de large, précisa Maïeul. Mais pour le fond, je ne sais pas. Déjà huit mètres pour ce que ton doigt éclaire Jarwal.
-Merci pour ces mesures, Maïeul. »
Jarwal plongea une main dans sa besace et en sortit un petit sac noué par un lacet. Il le libéra et fit couler dans sa main une poignée de graines.
« L’occasion rêvée pour vérifier une de mes préparations. On peut supposer qu’au fond de ce trou, il y aura un peu de terre. Ça devrait suffire. »
Il demanda aux enfants de reculer de quelques pas.
« Les incantations sont puissantes et il est préférable de ne pas être dans leur champ immédiat. »
Le lutin se dressa au bord du gouffre. Il tendit la main portant les graines.
« Helichryse, Gaulthérie, Lentisque, Ravintsara, Callophylum, Rejoignez les forces de la Terre et venez-nous en aide. »
Jarwal vida le précieux chapelet. Personne n’entendit les graines atteindre le fond. Le lutin rejoignit ses compagnons. Ils perçurent alors quelques grattements, comme des rongeurs œuvrant à une mission d’exploration, des fouilles minutieuses puis des craquements de tiges, comme des croissances vives, des entrelacs de lianes, des racines fouissant l’humus, des frondaisons fracassantes.
Jarwal tendit le doigt pour éclairer l’espace circulaire et les enfants virent apparaître dans une arabesque frénétique des lacis de feuillages entremêlés, des réseaux de branches grossissant à vue d’œil, s’embrassant comme une foule bigarrée et joyeuse, un mélange hirsute dansant des farandoles endiablées, dénouant des tiges comme des pollens de pissenlit dans la brise, une sarabande passionnée, des étreintes enflammées de ramures colorées.
Le lutin attendit que les croissances se calment, que les branches s’épaississent au seuil du trou, que les arborescences fusionnent jusqu’au-dessus de leurs têtes et il invita ses amis à le suivre. Il s’engagea en équilibre sur les branches croisées et tendit la main.
Adeline, aidée par sa vision nocturne, s’élança la première. Hoel aida Florie à saisir un bois épais et tous les autres enfants suivirent le même itinéraire.
Arrivés au centre du puits, les pieds et les mains œuvrant à l’avancée, les corps cheminant ardemment dans le fouillis végétal, dominant les noirceurs sinistres, quelques murmures s’éveillèrent, des échanges de craintes dans le chambardement inextricable qui gênait la progression.
« J’ai vu quelque chose qui rampait.
-Moi aussi, je crois bien, mais ça sautait plutôt.
-Et moi, ça grimpait vers nous. »
Les regards affairés vers les profondeurs ténébreuses.
« Là, un serpent ! cria Adeline.
-Là, des rats ! ajouta Maïeul, soixante-douze exactement !
-Moi, je vois des scarabées, quelle horreur ! cria Thibaud. Ah ! je hais les scarabées ! Vite, vite, il faut sortir de là ! »
Jarwal, occupé à trouver un passage praticable, n’avait pas la possibilité de regarder précisément et il s’efforçait d’entraîner derrière lui les enfants paniqués. Il atteignit le bord opposé et scruta les abysses encombrés. Les branches grouillaient de bêtes, serpents, araignées, scarabées, rats, rongeurs de toutes sortes, un mélange hétéroclite et incompréhensible qui montait inexorablement. Hoel s’activait de son mieux pour sortir ses compagnons du puits.
« Il n’y a rien, les enfants, ce sont vos peurs ! Vous faites apparaître ce que vous redoutez, reprenez-vous ! »
Florie s’extirpa des lacis et se dressa immédiatement devant le puits. Les enfants passèrent un à un dans son dos et reculèrent dans l’ombre.
« Vous n’êtes pas les bienvenus, chers amis, lança la petite fille en s’adressant aux ribambelles d’animaux grimpant vers eux. Vous n’avez rien à faire là. Excusez mes amis, ils se sont trompés. Je sais bien que vous n’êtes pas dangereux. Ce sont les peurs de mes amis qui vous énervent, vous n’y êtes pour rien. Pardonnez-leur, je vais leur expliquer, vous pouvez retourner chez vous, ils ne vous dérangeront plus. »
Les serpents, les rats, les légions de scarabées et d’araignées velues se figèrent sur place, comme saisis par les paroles. Les éclaireurs firent demi-tour et entraînèrent dans leur mouvement de repli l’ensemble des troupes. En quelques secondes, les branches furent vidées de toutes présences animales.
L’immobilité des plantes instaura le silence.
Florie rejoignit ses compagnons en souriant.
« Ils ne sont pas méchants, vous savez. Mais ça les met en colère quand on a peur d’eux, c’est comme s’ils ne pouvaient pas s’empêcher de faire comme on pense. Alors, ils font peur.
-Merci Florie, pour ton aide, ajouta Jarwal. Je suis exactement du même avis que toi. J’ajouterais même que le phénomène inverse est tout aussi vrai. Si on les aime, ils ne peuvent pas s’empêcher de nous aimer aussi. »
Les autres enfants écoutèrent attentivement.
« Ce sont nos pensées qui font tout ça ? demanda Thibaud.
-Ce sont elles qui créent la réalité à laquelle tu crois. C’est ça l’essentiel Thibaud. Et ta réalité n’est pas celle des autres. La réalité d’un scarabée pour Florie, c’est un remarquable insecte, solide, opiniâtre, persévérant, d’une force herculéenne pour sa taille. Ton regard n’est pas le sien et dès lors, ta réalité n’est pas la même. Pourtant, il y a une vérité identique, au plus profond, au cœur de cette vie de l’insecte, comme de tout ce qui existe. C’est l’énergie créatrice. C’est la seule réalité. Mais, c’est justement celle qu’on ne parvient pas tous à voir. C’est là tout le drame de la vie des humains.
-Et tu la vois cette énergie ? demanda Florie.
-Oui, chère enfant. Je suis un lutin. J’ai appris des choses différentes de vous. Nous n’avons pas les mêmes objectifs que les humains. Ce qui nous importe, c’est d’être au cœur de la vie comme elle est au cœur du nôtre. »
Le silence dans le petit groupe, comme une concentration des pensées, le saisissement de l’essentiel.
« Moi, je la vois cette énergie, » annonça une voix menue.
La seule enfant qui ne s’était pas encore présentée. Jarwal éclaira le doux visage, des yeux si pénétrants qu’il en fut troublé, un sourire énigmatique, comme une âme ancienne qui s’amusait de son enveloppe juvénile.
« Je m’appelle Ysaline.
-Que vois-tu, chère enfant ? demanda le lutin.
-Des bulles qui pétillent comme l’eau d’un torrent. Et le courant ne diminue jamais.
-Où vois-tu ces bulles Ysaline ?
-Partout. Dans toi, et les autres, et les branches, et les animaux, et les pierres, tout, partout. Elles pétillent tout le temps, elles virevoltent comme des flocons, c’est beau. »
Cette émotion en lui, Jarwal ne l’oublierait jamais. Il s’approcha et posa un baiser sur le front de la petite.
« Tu es un trésor Ysaline. »
L’enfant lança un rire cristallin.