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La chasse à la marmotte
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2023
Ben voyons...Elles dérangent les agriculteurs...Elles endommagent les terres...Parce que les agriculteurs qui balancent des tonnes de produits chimiques dans le sol sont respectueux de la terre, eux.
Il y a des jours où vraiment, vraiment, ce monde me révulse.
Le retour de la chasse à la marmotte, animal protégé
La préfecture de Savoie a autorisé la chasse aux marmottes, car les agriculteurs les accusent d’endommager leurs terres. Des associations ont attaqué l’arrêté.
La chasse à la marmotte est ouverte. La préfecture de la Savoie a autorisé le 10 septembre l’abattage du petit rongeur à la demande des agriculteurs. Ils lui reprochent de creuser des terriers qui provoqueraient « des blessures aux bovins, parfois aux exploitants avec des entorses, des casses de matériel de fauche, des dégradations de tuyaux d’arrosage... » L’année dernière, 427 marmottes ont été abattues dans le département.
Le petit mammifère est pourtant un animal protégé par l’annexe III de la Convention de Berne, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. Sa gestion doit être réglementée afin de maintenir sa population hors de danger. Aucun comptage officiel des marmottes n’existe en Savoie, mais l’avenir de l’animal paraît bien sombre. La faute à l’artificialisation des sols, la destruction de ses habitats de reproduction et surtout au dérèglement climatique. La baisse de l’enneigement affecte sa période d’hibernation. Chaque hiver, la neige isole les terriers des rongeurs en sommeil. Si la couche est trop fine, le froid force les marmottes à consommer leurs réserves d’énergie jusqu’à mourir de dénutrition.
Las, la préfecture de la Savoie assure que le rongeur alpin causerait des dégâts agricoles suffisants pour justifier sa chasse. « Malgré leur aspect de bonhomie et d’attrait pour le grand public, les marmottes commettent des dégâts dans les herbages, font des amas de terre et de pierres en surface qui, en souillant le fourrage lors de la récolte, le rendent moins attractif et entraînent des bris et une usure des machines agricoles », ont justifié les services de l’État lors de la consultation publique sur le projet d’arrêté préfectoral d’ouverture de la chasse pour la saison 2023-2024. Le danger serait tel que les marmottes pourraient « porter atteintes aux habitations ».
Aucun chiffre n’estime les dégâts causés par les marmottes
Contactées pour connaître l’ampleur exacte de ces dégâts, ni la Direction départementale des territoires (DDT) de la Savoie chargée du dossier, ni la préfecture, ni la FDSEA des Savoie, le syndicat agricole majoritaire, n’ont répondu à Reporterre. « Nous n’avons aucun élément sérieux ni données officielles nous démontrant que les marmottes pullulent et occasionnent des dégâts pouvant justifier leur chasse », souligne Pauline di Nicolantoni, la présidente de l’association Justice Animaux Savoie (Ajas).
Pour mettre un terme à l’abattage des marmottes, l’Ajas et les associations de défense de l’environnement Aspas, Animal Cross, Aves, FNE Savoie et One Voice ont déposé le 10 octobre un recours en référé devant le tribunal administratif de Grenoble pour faire annuler l’arrêté préfectoral. « Nous souhaitons stopper la chasse avant la clôture de la saison le mois prochain, puis nous entamerons un recours sur le fond pour y mettre un terme définitif dans les années à venir », précise Pauline di Nicolantonio.
La chasse aux marmottes est déjà interdite dans le Cantal, les Pyrénées-Orientales, la Drôme, la Haute-Garonne, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme.
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Qui fait le plus peur entre le lion et l’humain ?
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2023
Dans la savane,qui fait le plus peur entre le lion et l’humain ?
Mercredi 11 octobre 2023LECTURE
ÉCOUTER (5 MIN)
Provenant du podcastCamille passe au vert
'Le lion est le roi des animaux, et des prédateurs. Mais à leur grande surprise, des scientifiques ont constaté que ce n’est pas de lui que les autres animaux de la savane ont le plus peur : c’est de l’humain ! Et cela, grâce à une expérience passionnante !
Une étude géniale est parue la semaine dernière dans la revue scientifique Current biology : « La peur de l’humain, ‘super prédateur’, imprègne la savane sud-africaine ». Des chercheurs de l**’Université de l’ouest en Ontario, au Canada, du laboratoire « écologie de la peur »** - c’est un domaine de recherche, les effets de la peur sur le vivant - sont allés en juin 2018 en Afrique du sud, poser des caméras et des haut-parleurs spécialement conçus pour l’expérience près de différents points d’eau dans la savane. Quand les animaux sont détectés à 10 mètres, la caméra se déclenche pour filmer, et des enregistrements d’une durée de 10 secondes sont diffusés par le haut-parleur : soit des sons d’oiseaux, soit des sons de chiens, soit des coups de feu, soit des sons d’humains en train de parler normalement, sans crier, dans les 4 langues les plus utilisées là-bas, soit des sons de lions, en train eux aussi de communiquer entre eux, sans trop d’agressivité. Le lion étant le plus grand prédateur, les scientifiques pensaient que c’est lui qui ferait le plus peur aux autres animaux. Mais pas du tout !
Il y a une "énorme peur des humains de la part de la vie sauvage !" s’étonne Liana Zanette, professeure de biologie et auteure principale de l’étude :
"Il y avait deux fois plus de chances qu’ils fuient juste en pensant qu’un humain était là, comparé aux lions, et ils déguerpissent du point d’eau 40% plus vite , qu’en entendant les sons de lions"
Et ses résultats concernent 18 espèces sur 19 étudiées !
"Tout le monde ! Les girafes, les zèbres, les phacochères, les éléphants, les léopards, les hyènes : tout le monde a peur des humains !"
Seuls les lions ne sont pas dedans, mais parce qu’ils n’ont pas récolté assez de données à leurs sujets, ils sont encore en train de travailler dessus.
Il y a tout un tas de graphiques, courbes et calculs pour le démontrer, mais aussi des vidéos, fascinantes : ils ont analysé des milliers d’images.Exemple : des rhinocéros paisiblement dans l’eau, ils entendent les sons de lions, ils partent, mais tranquillement... idem avec des zèbres, ou des girafes, qui marquent même un temps d’arrêt, ils partent, oui, tous, mais sans trop paniquer. La même chose arrive avec les sons de coups de feu.
Mais avec les voix d’humains, une girafe part très vite en courant, des antilopes, une hyène, et même un léopard qui lâche carrément sa proie, une antilope morte, avant de détaler.
Mais l’un des contrastes les plus marquants, c’est avec les éléphants. Liana Zanette raconte :
"Ils n’aiment vraiment pas les lions, et les éléphants savent qu’ils peuvent se défendre contre eux. Donc ce qu’ils font souvent en entendant un son de lion, c’est qu’ils se regroupent, s’approchent du haut-parleur, et il est arrivé que certains éléphants soient si furieux en pensant qu’un lion est là, qu’ils fracassent la caméra"
“Ils ne font jamais ça avec les humains”, dit Liana Zanette, “ils ne s’approchent jamais, ils partent du point d’eau à la place et n’attaquent absolument jamais. C’est un bon exemple que les animaux savent qui sont leurs ennemis, et ils peuvent vraiment nous l’indiquer à travers ces réactions comportementales.”
La chercheuse précise aussi qu’il n’y a aucune chance que ce soit juste un effet de surprise, les voix humaines inconnues de ces animaux sauvages, c’est un son qu’ils connaissent tous, elle est catégorique.
Et tout cela a des conséquences :
« Vous ne mangez pas autant... vous avez bien vu le léopard lâcher sa proie… ou alors, faut quitter le point d’eau, et en trouver un autre. Et on sait grâce à d’autres études qu’on a faites que la simple peur des prédateurs peut réduire le nombre de petits que peuvent engendrer des partenaires de 53%, entraînant des modifications dans les populations. On sait également que la peur peut avoir des effets en cascade dans la chaîne alimentaire, on l’a montré aussi »**
Effets qui s’ajoutent à ceux du changement climatique, à la perte d’habitat, mais un point positif pourrait sortir de tout ça : utiliser la peur des humains comme un outil de conservation. En diffusant par exemple des enregistrements dans des zones où il y a beaucoup de braconnage, pour les cornes de rhinocéros en particulier... ça permettrait de les éloigner, d’un point d’eau, oui, mais surtout du danger.
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Jardin partagé.
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/10/2023
Evidemment que c'est une voie à suivre. La Creuse est un territoire modèle :)
En Creuse, il y a déjà une liste d'attente pour profiter d'une parcelle au tout nouveau jardin partagé de Saint-Vaury
Publié le 12/10/2023 à 10h04
Inauguration du jardin partagé à Saint-Vaury © Floris Bressy
La commune de Saint-Vaury a inauguré samedi 7 octobre un jardin partagé qui profite à quatorze familles. Le projet est victime de son succès. Il y a déjà une liste d’attente pour bénéficier d’un lopin de terre en plein cœur du bourg.
Colyne, 11 ans, est la benjamine du jardin partagé. Jean-Pierre, 75 ans, est le doyen. Le hasard du tirage au sort leur a attribué des parcelles voisines. Ils se sont lié d’amitié. « On ne se connaissait pas avant, confie le septuagénaire. J’ai discuté avec ses parents. On va faire un barbecue. Il y a tout ce qu’il faut sur place : des bancs, des tables… »
Ouvert il y a seulement six mois, le jardin partagé de Saint-Vaury semble déjà remplir l’une de ses promesses : créer du lien social, de la convivialité entre les habitants. Depuis le mois de mai, les jardiniers ont pris possession de leur petite parcelle de 25 m2. Ils n’ont pas de loyer à payer.
Des familles ukrainiennes
Des familles ukrainiennes accueillies dans la commune y cultivent des légumes. Le maire Philippe Bayol a rappelé la genèse du projet, lors de l’inauguration, samedi dernier : « C’est une idée qui a germé dans notre campagne électorale, ça faisait partie du programme solidaire de notre campagne. » Preuve que ce jardin répond à un réel besoin, « les quatorze parcelles ont été prises d’assaut, il y a même une liste d’attente ».
Il faut dire que le cadre est agréable, « bucolique » comme l’a souligné le maire. Le grand terrain de 2.400 m2 est situé dans le bourg de Saint-Vaury, sur les hauteurs de la ville, juste à côté de la chapelle Saint-Michel. La commune l’a acheté en 2019 à une propriétaire privée, Marie-Christine Dallier, qui souhaitait que cette friche reprenne vie. Son vœu a été exaucé. « C’est un vrai bonheur », a-t-elle lancé, samedi, en voyant les parcelles fleuries.
Les arbres ont été conservés. Des bancs et des tables en bois ont été installés par les services techniques de la commune. Un chalet permet d’entreposer le matériel mis à disposition des jardiniers (outils, brouettes, arrosoirs).
C’est le CFA du lycée d’Ahun qui a réalisé l’aménagement du jardin. « Beaucoup de partenaires ont été associés au projet : le centre hospitalier de Saint-Vaury, le collège, l’école », a détaillé Armelle Martin, adjointe au maire. Le centre hospitalier de La Valette a d’ailleurs une parcelle pour faire des activités thérapeutiques.
Un jardin bio
En ce début d’automne, il reste quelques légumes et des fleurs dans les carrés potagers. « Le jardin est destiné à produire des légumes que les gens vont consommer. C’est un projet social », a rappelé Philippe Bayol. La charte de fonctionnement précise que la culture doit être bio.
Sébastien a pu bénéficier d’une parcelle. Il habite dans le bourg de Saint-Vaury, tout près du jardin partagé. « Nous avons un terrain, mais il est trop petit pour faire un potager », explique le père de famille. Avec son épouse, ses deux enfants et sa belle-mère, il a pu faire pousser tout un tas de légumes cet été : courgettes, pommes de terre, salades, poivrons… « On voulait montrer aux enfants comment les légumes poussent, comment on jardine, poursuit-il. Et il y a le plaisir de manger de bons légumes. On a eu pas mal de courgettes et de tomates. » Sa belle-mère, Odile, a fait de la ratatouille qu’elle a congelée.
Colyne, la plus jeune à être titulaire d’une parcelle, a aussi eu une belle récolte. « C’est elle qui a tout planté. Son papa a juste préparé le terrain », raconte sa mère. L’adolescente aime jardiner. Elle a un grand potager à la maison, mais elle voulait venir ici pour retrouver ses copines ukrainiennes de l’école. Cabanes, goûter et pique-niques partagés ont animé le jardin cet été.
Des lectures et des concerts
« Il y a eu une diversité de légumes époustouflante, se réjouit Claude Lutrat, adjoint à l’environnement. Pour cette première saison, le bilan est positif. Et ce n’est qu’un début. » La mairie aimerait que les jardiniers constituent une association pour assurer la pérennité du site.
Elle souhaiterait aussi que le jardin devienne un lieu culturel et de rencontres. « Il y a la possibilité de créer des événements sur ce terrain, assure Armelle Martin. Actuellement, l’atelier tricot vient au jardin. Pourquoi pas développer des activités culturelles autour de ce jardin et avec la chapelle, comme des lectures ou des concerts ? »
Quel coût ?
Le projet de jardin partagé a coûté 50.000 euros. Il a été subventionné à 80 %. Les différents partenaires financiers sont l’Europe (Leader), la région Nouvelle-Aquitaine et la commune. La propriétaire du terrain a presque « donné » la parcelle de 2.400 m2 à la commune (elle a été vendue 1.500 €). -
Guerre
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/10/2023
Depuis que je suis enfant, j'entends parler de la guerre entre Israël et la Palestine.
Je n'ai aucun avis là-dessus sur le plan idéologique, politique et autres "raisons" de ce conflit sans fin.
Prendre parti, c'est cautionner les morts du camp opposé et je m'y refuse.
Sur le plan humain, c'est juste d'une tristesse infinie.
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Une étoile parmi les autres.
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/10/2023
Lecteur, prends encore une longue respiration ! Sens l'air frais qui monte dans ton nez. Les atomes qui entrent en toi ont été respirés d'innombrables fois dans les derniers milliards d'années.
Leur carrière a commencé dans les eaux tièdes où la vie est née sous forme de microscopiques organismes marins. Ils sont passés par les branchies des trillobites ainsi que dans celles des grands poissons aux carapaces rigides. Ils ont été aspirés par les vaisseaux dressés à la verticale des fougères, des prêles géantes et des ginkgos aux feuilles dorées. Ils ont été accueillis dans les premières ébauches de poumons des Léviathans de l'époque jurassique. Ils se sont intégrés dans le parfum subtil des plantes à fleurs pour séduire les insectes transporteur de pollens.
Et pense aussi aux innombrables êtres humains, tes ancêtres, qui ont profité de cette manne indispensable lentement apprêtée par la nature avec le concours de microscopiques organismes marins, toujours à l'œuvre dans les océans. Au-dessus de la surface, au-dessus de chaque vague, le lent flux des nouvelles molécules d'oxygène se poursuit continuellement.
Hubert REEVES ( 13/07/1932 - 13/10/2023)
Extrait "Là où croît le péril... croît aussi ce qui sauve."
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A CŒUR OUVERT : prélude
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/10/2023
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« J’étais avec toi Diane. »
Juste un murmure, une voix monocorde.
« Je t’ai vue de l’intérieur. Et c’est moi qui t’ai guidée. Tu as vu ce que je te montrais. »
Elle s’interdit de l’interrompre.
« Nous n’existons pas Diane. Nous ne sommes que des formes. C’est la vie qui est là, elle est partout, c’est elle le flux électrique, c’est elle qui nous anime. Tu vas me dire que tu le sais bien mais je te parle d’autre chose. La vie m’a emporté, elle m’a fait courir dans tout ce qu’elle anime, dans toutes les structures qu’elle imagine, dans tout ce qu’elle crée, tout est relié, tout est connecté, tout est constitué du même courant, j’ai abandonné tout ce que je croyais être, je connais la vie des herbes, je connais les molécules des parfums, j’ai vu par-delà les yeux, j’ai couru dans les veines des antilopes, j’ai ressenti le bonheur de l’eau qui coule dans les ruisseaux, mais tout ça n’était pas moi, tu comprends, nous ne sommes rien que des formes, nous n’avons pas d’existence propre, tout ça n’est que notre imagination, notre raison, notre prétention, notre ego, des identifications qui nous rassurent, je n’ai pas survécu, c’est la vie qui s’est lancé un défi en moi. »
Six mois plus tôt…
Il venait de quitter Clermont-Ferrand. Il avait récupéré les clés de la location dans une agence immobilière. Direction Murol, puis Besse avant d’atteindre les Monts du Cézallier. Trois valises dans le coffre. Personne à ses côtés. L’impression pesante qu’il n’était même pas là. Des mois que ce vide incompréhensible s’était installé.
Les yeux attentifs à la route et l’esprit concentré sur un passé déchu. Radio éteinte, juste le ronflement du moteur, l’habitacle comme un refuge fermé, cette nécessité de rétablir la chronologie des évènements, une voix intérieure qui se raconte, un dialogue entre l’homme d’hier et celui qui roulait vers ailleurs, un dédoublement salvateur, l’obligation d’observer le champ de ruines, un regard renvoyé par un miroir inquisiteur...
« Paul Laskin, cinquante-trois ans, responsable d’une grande entreprise, secteur informatique et high-tech, une rentabilité exceptionnelle, une croissance exponentielle, cotée en bourse, actionnaire principal, un portefeuille rempli de stock-options, une très grosse somme, un travail de fou, une famille avec laquelle je ne passais pas assez de temps mais au moins, elle n’était pas dans le besoin matériel. Manque affectif certainement. C’est au bureau que c’est arrivé. Le 2 février. Il était vingt et une heures. Préparation d'une rencontre capitale avec des financiers. Une obligation de fonds pour accroître l’export. Des jours de travail, des nuits à réfléchir, à me questionner dans tous les sens. L’euphorie du projet et l’épuisement de son fardeau. Alice, ma femme, avait téléphoné pour me dire qu’elle était rentrée très tôt, Chloé avait de la fièvre. Le médecin était passé. Je n’avais pas vraiment écouté. C’est en reposant le combiné que j’en ai pris conscience. Et puis, la douleur est arrivée, comme un coup de poignard. J’ai ouvert la bouche pour appeler à l’aide mais rien n’est sorti. L’étau de fer rougi qui broyait ma poitrine vrillait les sons dans ma gorge. La terreur, les mains serrées sur mon cœur, comme pour empêcher l’arrachement des tissus, une incompréhension totale, aucun signe précurseur, la certitude de la mort. Je suis tombé sur le bureau au moment où la porte s’ouvrait. J’ai juste eu le temps de reconnaître Philippe, mon associé.
Et puis, plus rien.
J’ai ouvert les yeux dans la chambre d’hôpital. J’ai compris que j’étais vivant. Il n’y avait personne. Ça m’a fait un mal de chien que personne ne me veille…Que personne ne soit là pour m'expliquer.
J’ai pleuré tout seul. Je me suis souvenu soudainement de mes dernières larmes. Comme un éclair. La mort de mon grand-père, j’avais douze ans. Un rappel incongru. Si longtemps que je n'avais pas pleuré. C'est bizarre mais je me souviens m'être réjoui que ça revienne. L'impression qu'un barrage avait sauté et que des mers de larmes allaient pouvoir s'écouler. C'était comme un soulagement.
Des tuyaux, des machines, les murs blancs de la chambre, j’ai posé une main sur ma poitrine, le souvenir de cette douleur atroce, j’ai senti les battements réguliers, l’idée infantile que j’étais intact, que mon intégrité physique était préservée.
Je me suis assoupi. J'étais fatigué. C'était étrange. Je ne dormais pas. Je flottais. J'ai vu mes pensées s'éteindre comme des fins d'étoiles.
Et puis, un médecin est passé. Compte-rendu de la lutte. Une voix neutre et des paroles sans appel. J’avais perdu. La violence de l’attaque avait été fatale à mon cœur. Il ne s’en remettrait pas.
« Tout ça ne tient plus qu’à un fil, Monsieur Laskin. C’est l’intervention de votre associé qui vous a évité le pire.»
Il est reparti. J'ai fermé les yeux pour recommencer à flotter.
...
Seul dans la chambre.
Le nombre de fois où les larmes ont jailli sans prévenir. Cette petite fille que j’ai vue en rêve. La seule échappée dont je disposais encore. L’enfant tenait la main de sa mère. Elle avait levé les yeux vers moi. Une si belle innocence, tout ce que la vie offrait à l’origine et que j’avais perdu. Cette idée que c’était la vie elle-même qui m’avait regardé. Incompréhensible. Des idées folles qui jaillissaient de nulle part.
Ce n’est pas ce que j’avais perdu qui me tourmentait jusqu’à l’insomnie mais tout ce qui avait surgi.
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Les Restos du cœur
- Par Thierry LEDRU
- Le 06/10/2023
Un indicateur très inquiétant de l'état de la société française...
L'association a confirmé qu'elle devrait restreindre l'accès aux distributions alimentaires dès novembre. Entre l'hiver 2021-2022 et 2022-2023, le nombre de repas offerts avait déjà augmenté de 20%.
Article rédigé parfranceinfo
France Télévisions
Publié le 06/10/2023 16:16
Temps de lecture : 2 min
Des bénévoles distribuent des denrées alimentaires à Grigny (Essonne) le 6 septembre 2023. (TERESA SUAREZ / MAXPPP)
Alors que l'inflation frappe de plein fouet les ménages les plus modestes, les Restos du cœur ont confirmé mercredi 4 octobre lors d'une audition devant l'Assemblée nationale que l'association serait contrainte de refuser des bénéficiaires. "A partir de novembre, nous allons baisser les dotations du nombre de personnes [et] nous réduisons aussi les critères d'accès à l'aide alimentaire", a affirmé Jean-Yves Troy, délégué général de l'organisme.
Patrice Drouet, président des Restos du cœur, avait déjà lancé un message d'alerte en ce sens sur le plateau de TF1 début de septembre. La cause de ces restrictions : l'inflation. La hausse des prix sur l'alimentaire a renforcé les demandes d'aides et rend plus difficile l'approvisionnement des Restos du cœur en denrées comestibles.
Quelque 28 millions de repas supplémentaires en un an
Alors qu'entre 2012 et 2022, le nombre de repas distribués était resté relativement stable, entre 130 et 140 millions de repas, la demande d'aide alimentaire a explosé en 2023, selon les rapports annuels consultés par franceinfo. Lors de la 38e campagne de l'hiver dernier, l'association a distribué quelque 28 millions de repas de plus que l'année précédente, soit 170 millions en tout.
L'association avait bien connu une hausse marquée de ses distributions de repas à la suite de la crise de 2008, mais celle-ci avait été beaucoup moins brutale. Les Restos du cœur avaient alors offert 30 millions de repas supplémentaires en quatre ans.
Prévus initialement pour ne durer que lors de l'hiver 1985, l'organisme créé par Coluche n'a pas cessé ses activités depuis bientôt 40 ans. Le nombre de repas distribués a augmenté dans la foulée de la hausse de la précarité, mais aussi grâce au déploiement de l'association et de ses antennes partout en France.
Un trou budgétaire de 35 millions d'euros
L'association traverse actuellement de graves difficultés financières : il manquait 35 millions d'euros pour boucler son budget annuel début septembre. En réponse, le gouvernement a annoncé une aide supplémentaire de 15 millions d'euros. Le milliardaire, Bernard Arnault a également déclaré qu'il ferait un don à hauteur de 10 millions d'euros. Les dons de particuliers et d'entreprises ont afflué.
Toutefois, ces mesures n'ont pas complètement rassuré Patrice Drouet, "On a encore beaucoup d’incertitudes sur les prochains mois, les prochaines années", redoutait le 8 septembre le patron de l'association au micro de France Bleu.
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Mantes religieuses dans le jardin
- Par Thierry LEDRU
- Le 05/10/2023
C'est la première fois qu'on en voit depuis deux ans et demi qu'on habite ici.
Quatre aujourd'hui en plus des lucanes cerf-volants, longicornes, papillons et des oiseaux en pagaille. Tout ce petit monde se partage le territoire pour notre plus grand bonheur.
J'ai demandé à des connaisseurs en insectes d'expliquer ce que j'ai vu et photographié hier. Il s'agit donc de deux femelles, dont une qui était gravide. Je dis bien "était" car elle a mal fini...Il semble probable, au vu de son absence de combativité, qu'elle était victime d'un ver gordien.
Pour avoir partagé ces photos sur ma page FB, un interlocuteur disait que "la nature est vraiment cruelle". Puis après quelques échanges, nous en arrivions à la même conclusion : Il y a une différence fondamentale entre l'instinct et la conscience. Dans la nature, il n'y a que l'humain qui fasse du mal consciemment.