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  • Sécheresse en Himalaya

     

    Mais non, tout est normal, les écologistes sont des illuminés. Il ne faut rien changer et puis de toute façon, l’Himalaya on s'en fout, c'est loin.

    Un jour, tout le monde comprendra ce que signifie l'expression "bombe climatique" mais ça sera trop tard.

    "C'est donc presque un quart de la population mondiale qui va subir de plein fouet d'ici quelques mois les conséquences du bouleversement climatique."

     

     

    Sécheresse en Himalaya : il ne neige plus sur les glaciers et près de deux milliards de personnes vont être touchées

    Le monde est à nous Isabelle Labeyrie et La rédaction internationale Du lundi au vendredi à 6h53 et 8h23, le samedi et le dimanche à 7h24 et 9h24

    Il n'a presque ni plu ni neigé sur l'Himalaya depuis cet automne. C'est une région qui concerne 1,9 milliard de personnes qui est touchée. Non seulement l'agriculture est impactée, mais l'avenir des rivières est compromis par la fonte des glaces mise en péril.

    Article rédigé par Isabelle Labeyrie

    Radio France

    Publié le 02/02/2024 12:12 Mis à jour le 02/02/2024 12:12

    Temps de lecture : 2 min Un guide avec des visiteurs lors d'une balade à cheval devant les pistes de ski généralement couvertes de neige à cette période de l'année dans une station de ski de Gulmarg dans le massif de l'Himalaya, le 17 janvier 2024. (TAUSEEF MUSTAFA / AFP)

    Un guide avec des visiteurs lors d'une balade à cheval devant les pistes de ski généralement couvertes de neige à cette période de l'année dans une station de ski de Gulmarg dans le massif de l'Himalaya, le 17 janvier 2024. (TAUSEEF MUSTAFA / AFP)

    Gulmarg est l'un domaines les plus hauts et les plus spectaculaires au monde. Il emmène les skieurs jusqu'à près de 4 000 mètres d'altitude. Or - scène à peine croyable dans cette zone du Cachemire indien - ces contreforts de l'Himalaya qui auraient dû être tout blancs sont restés désespérément bruns et secs en décembre et janvier.

    La patinoire de la station, construite récemment, s'est transformée en pataugeoire. Les remontées mécaniques ont été fermées, les hôtels sont restés vides avec un personnel désœuvré... Du jamais vu en 20 ans. Certes, il a enfin neigé le 31 janvier et depuis deux jours l'espoir renaît, mais cela ne suffira sans doute pas à rattraper la saison. 

    "J’ai tous les jours envie de pleurer", se lamente auprès de l'AFP Mubashir Khan, organisateur de voyages "aventure". 70% de ses réservations ont été annulées. Son entreprise est au bord de la faillite et il a même dû suspendre son projet de mariage. 

    L'agriculture impactée

    La région est en fait victime d'une sécheresse exceptionnelle. Depuis l'automne, il ne tombe pas de pluies, pas de neige, et les températures affichent en moyenne six degrés de plus que la normale.

    Le manque d'eau pourrait aussi avoir un impact désastreux sur l'agriculture, pilier économique de la région. En raison du réchauffement climatique, les cultivateurs ont déjà abandonné le riz pour planter des arbres fruitiers, moins voraces en eau. Ils sont maintenant impuissants, aucune évolution ne leur est annoncée pour février, alors que les pommiers, poiriers et autres abricotiers sont déjà en fleurs, avec plus de... deux mois d'avance.

    Si les glaciers n'arrivent pas à se reconstituer cet hiver, il n'y aura pas de fonte des neiges et pas d'eau dans les fleuves cet été pour arroser les vergers. L'Himalaya est déjà fragilisé par la fonte précoce et continue de ses glaciers, mais "la période de sécheresse actuelle est un événement météorologique extrême", un de ces phénomènes qui "devraient devenir plus intenses et plus fréquents à l’avenir", indique le climatologue Shakil Romshoo, de l’Université islamique des sciences et technologies du Cachemire.

    "Le troisième pôle"

    Cette situation concerne un énorme bassin de population : on parle du "grand Himalaya", qui inclut les massifs de l'Hindou Kush et du Karakoram. En gros, une zone qui s'étend au nord de l'Inde mais aussi au Pakistan, en Afghanistan et en Chine. On appelle d'ailleurs cette région "le troisième pôle", parce que ses champs de glace abritent la plus grande réserve d'eau douce au monde en dehors des régions polaires. Elle est la source de dix systèmes fluviaux différents qui fournissent irrigation, électricité et eau potable à plus de 1, 9 milliard de personnes.

    C'est donc presque un quart de la population mondiale qui va subir de plein fouet d'ici quelques mois les conséquences du bouleversement climatique. Au Cachemire, les autorités ont déjà alerté les habitants sur les fortes perturbations qui les attendent : risques de pénuries d'eau et vastes incendies de forêts.

    Début janvier, l’Organisation météorologique mondiale a annoncé que 2023 avait été "de loin" l’année la plus chaude jamais enregistrée. La température mondiale moyenne annuelle était de 1,45°C au-dessus des niveaux préindustriels (entre 1850 et 1900), et rien ne montre que la tendance est à la baisse.

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  • Une image très claire

     

     

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    Biodiversité et faune sauvage Loire Anjou Touraine

     

    (cliquez pour accéder à la page FB)

     

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    A un moment où on s'interroge sur ce que sera l'agriculture de demain, une image vaut mille mots.

    En tant que consommateur nous pouvons aider les paysans qui font bien les choses: Achetons local et bio en priorité.

    Les élus doivent aussi aider massivement les paysans en bio et en agroforesterie.

  • Vignobles et changement climatique

     

     

    ReportageAgriculture

    Colère des vignerons : « Le vrai souci, c’est le changement climatique »

     

    Colère des vignerons : «<small class="fine d-inline"> </small>Le vrai souci, c'est le changement climatique<small class="fine d-inline"> </small>»

    Cause majeure de la crise agricole, le changement climatique est pourtant peu abordé par les manifestants. Sécheresse, inondations... Ces vignerons occitans racontent leur désarroi et leurs craintes pour l’avenir.

    Montpellier (Hérault), reportage

    Dans les allées bruyantes du salon Millésime bio, la fronde agricole paraît lointaine. Les sourires des vignerons sont avenants et les regards affables — chacun tente d’attirer le chaland vers ses bouteilles. Mais dès qu’on prononce le mot « climat », les visages se ferment. « Le changement climatique, c’est LE vrai souci », lâche Nathalie Caumette, qui cultive 15 hectares sur le territoire rocailleux de Faugères, dans l’Hérault.

    Alors que le sujet semble absent des débats et des manifestations des agriculteurs, les producteurs de vin semblent tous sur la même longueur d’onde résignée : « Les problèmes économiques, administratifs, on apprend, on peut s’en sortir… mais le climat, ça nous tombe dessus, et on ne peut pas y faire grand-chose », précise la viticultrice héraultaise. Elle décrit ses ceps, en souffrance « parce qu’il n’a pas plu depuis un an et demi : la vigne peut supporter la sécheresse, une année ou deux, mais s’il s’arrête de pleuvoir, on n’y arrivera pas ». Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales : les viticulteurs languedociens ont été parmi les premiers « agriculteurs en colère », mobilisés dès novembre dernier.

    Lire aussi : Sécheresse, inondations, gel… Des vignerons racontent le changement climatique

    Ainsi Lise Bowen, vigneronne bio dans l’Aude, partage la détresse de ses camarades révoltés. Elle qui détient avec son compagnon 13 hectares de vignes dans les Corbières peine à joindre les deux bouts. « En 2023, il a davantage plu à Marrakech [au Maroc] que chez nous, commente-t-elle. Les grappes de raisin étaient toutes petites, on a récolté moitié moins que d’habitude. »

    Elle appréhende avec angoisse l’année à venir : « Si ça continue, on n’aura aucune récolte. » Le couple parvient difficilement à se sortir un Smic pour deux, et le chaos climatique pourrait bien être le coup de grâce : « Déjà que tous les prix ont augmenté, les bouteilles, les bouchons, les étiquettes... Avec le manque de pluie, on est dans la totale incertitude pour l’avenir. »

    Lise Bowen et son compagnon parviennent difficilement à se sortir un Smic pour deux. © David Richard / Reporterre

    « On travaille 70 heures par semaine, et on galère à se sortir des revenus décents, approuve Nathalie Caumette. On est sur le fil du rasoir, alors quand on a des variations de rendements de 50 % d’une année sur l’autre à cause des aléas, ça devient carrément difficile. » D’après Nicolas Richarme, président de l’association SudVinBio, « la récolte de 2023 a été du même niveau que celle de 2022 sauf que nous avions 8 000 hectares en plus de cultivés ». Sans parler d’hécatombe, il admet une « situation très compliquée » pour nombre de ses collègues.

    Nicolas Richarme, vigneron bio dans la vallée du Rhône, parle d’une « situation très compliquée » pour nombre de ses collègues. © David Richard / Reporterre

    « On a l’impression de n’avoir plus que deux saisons »

    L’aridité n’est pas la seule épine dans le pied de vigne. Dans le Gers où il est installé, Julien Franclet souffre de « l’excès d’eau » : « Des pluies abondantes au printemps, des successions de jours humides et chauds, et c’est le mildiou assuré ! » explique-t-il. À cause de ce redoutable champignon, le vigneron, qui cultive 21 hectares de Côtes de Gascogne, a perdu 90 % de sa récolte l’an dernier.

    Mais ce n’est pas tout. « Les hivers doux font bourgeonner les plantes très tôt, et les rendent vulnérables face aux gelées printanières, détaille-t-il. Et les canicules estivales peuvent bloquer la maturation des fruits. » Voire brûler littéralement les plants, comme en 2019. « Un bon temps, pour les agriculteurs, c’est un temps qui change, qui ne dure pas, résume-t-il. Là, on a l’impression de n’avoir plus que deux saisons : une humide et une sèche. »

    Julien Franclet, vigneron bio dans le Gers, a perdu 90 % de sa récolte l’an dernier. © David Richard / Reporterre

    Des constats corroborés par la littérature scientifique. « Le changement climatique affecte le cycle de vie de la plante, qui débourre plus tôt, au risque de subir le gel, et dont les raisins arrivent plus vite à maturité, entraînant des vendanges plus précoces, autour de trois semaines dans toutes les régions, détaillait dans Reporterre le chercheur Jean-Marc Touzard. La plante transpire plus, a donc plus besoin d’eau et produit moins si elle est en stress hydrique. »

    « On va vers la fin du vin tel qu’on le connaît »

    Il citait également la plus forte teneur en sucre des raisins — et donc la hausse du degré d’alcool des vins — ainsi que la baisse de leur acidité. Pour le scientifique, si la vigne n’est pas menacée en tant que telle, « on va vers la fin du vin tel qu’on le connaît, avec une qualité liée à un terroir, à un équilibre entre sol, climat, cépage et pratiques viticoles ».

    Les vignerons occitans sont en première ligne face au dérèglement climatique, mais bien d’autres secteurs agricoles se retrouvent concernés. « D’ici 2050, on aura des pertes de rendement assez importantes pour les cultures qui poussent en été, notamment le tournesol, le maïs, le fourrage, la vigne », expliquait l’agroclimatologue Serge Zaka dans une vidéo du Greenletter club. L’arboriculture est également frappée de plein fouet.

    « Il n’y a pas de recette miracle. Il faut s’adapter »

    Face à ce désastre annoncé, beaucoup cèdent au chant des sirènes technologiques. De plus en plus de cultivateurs optent pour l’irrigation. Dans l’ancien Languedoc-Roussillon — première région viticole de l’Hexagone — un cinquième des vignes y sont désormais arrosées, une surface qui a doublé en dix ans. Une solution qui laisse sceptiques les agriculteurs bio : « Arroser, mais avec quelle eau ? » interroge Lise Bowen. « Les années de forte sécheresse, les vignes irriguées ne s’en sortent pas mieux que nous », observe aussi Nicolas Richarme, à la tête d’un domaine de 100 hectares dans la vallée du Rhône.

    Alors chacun et chacune tente de trouver des solutions, à son échelle. « Il n’y a pas de recette miracle, estime Julien Franclet. Il faut s’adapter à son terroir, et au climat de l’année. » D’après lui, les cultivateurs bio s’en sortiront mieux « car on a moins d’artifice qu’en conventionnel, on est donc toujours en train d’anticiper et d’observer ». Certains expérimentent des méthodes agroécologiques — un moindre travail du sol, pour qu’il retienne mieux l’eau, un entretien de la vigne pour favoriser son enracinement. D’autres encore prennent la voie de la diversification. 

    Laurent et Marie Maynadier cultivent désormais principalement de l’aloe vera. © David Richard / Reporterre

    Laurent et Marie Maynadier cultivent 18 hectares de vignes dans le village méditerranéen de Fitou, dans l’Aude. Enfin cultivaient. Car ils diminuent peu à peu les surfaces viticoles. « Ça fait dix ans qu’on voit les effets du changement climatique, tout devient peu à peu désertique ici, décrit le vigneron. L’an dernier, il n’a plu que 240 mm, alors qu’il en faut au moins 350 pour que la vigne se porte bien. »

    Après quelques tâtonnements, le couple a testé plusieurs plantes plus adaptées aux milieux arides. Ils ont finalement opté pour l’aloe vera. Avec le soutien de l’Agence de l’eau, ils espèrent développer la culture de ce cactus dont le gel est prisé pour les cosmétiques… tout en gardant un peu de vignoble. « Nous sommes la treizième génération de vignerons sur le domaine, nous ne voulons pas être la dernière », conclut Laurent Maynadier.

    L’avenir de la viticulture, comme de l’agriculture, dépendra largement des choix politiques. Les producteurs, exsangues financièrement, ne pourront pas faire de transition sans accompagnement. Les subventions iront-elles à l’irrigation ? Ou soutiendront-elles la bio et les pratiques agroécologiques ?

    Pour le moment, l’enveloppe de 230 millions d’euros — soit 2 % du budget annuel de la Politique agricole commune en France — annoncée par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau devrait surtout soutenir l’arrachage de ceps, avec ou sans replantation. « Cela permettra aux viticulteurs qui se décideraient à se retirer de la production vitivinicole de rester dans l’activité agricole et d’investir dans d’autres productions agricoles, adaptées aux territoires et à leur climat », a expliqué le ministère dans un communiqué. Pas sûr que cette annonce soit suffisante face au chaos climatique.

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  • Le plan Écophyto

     

     

    On ne pourra pas sauver l’environnement sans les agriculteurs. Mais la réciproque est tout aussi vraie.

    Noé

    https://noe.org/ecophyto-arret-sortir-crise-agricole-aberration

    Le plan Écophyto mis à l’arrêt pour sortir de la crise agricole : une aberration pour la protection de la biodiversité et la santé publique.

     

    Face à la gronde légitime des agriculteurs ces derniers jours en France, le gouvernement Attal a annoncé hier parmi une série de mesures, « mettre en pause » le plan Écophyto dont l’objectif est de réduire l’usage des pesticides en France. Une décision a priori accueillie avec satisfaction par les agriculteurs et par la FNSEA, qui a alors appelé à la levée des barrages routiers. Cette mise à l’arrêt du plan Écophyto est pourtant extrêmement inquiétante tant d’un point de vue écologique que sanitaire. Une décision qualifiée même de criminelle par l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint que nous ne pouvons qu’approuver. Nos équipes vous expliquent.

    02 février 2024

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    Retrouvez les vidéos de notre série de webinaires: "Rapprocher les mondes naturaliste et agricole" animés par Noé et ses partenaires

    Écophyto : un plan lancé en 2008 pour réduire les produits phytosanitaires

    L’objectif du premier plan Écophyto imaginé après le Grenelle de l’environnement de 2008 était clair : réduire de 50% l'utilisation des produits phytosanitaires, plus connus sous le nom de pesticides (fongicides, insecticides, herbicides) dans un délai de 10 ans.
    Mais c’était sans compter sur une succession d’incessants reports depuis 2018 à l’initiative des différents gouvernements. En 2023, Élisabeth Borne annonce un autre report et une consultation pour établir une nouvelle version du plan Écophyto à horizon 2030 cette fois-ci.

     

    Pour les gouvernements qui se sont succédé en France depuis 2018, la réduction de l’usage des pesticides peut attendre apparemment. 

    Les pesticides : des produits qui tuent la biodiversité et les êtres humains


    Symboles d’un modèle agricole dominant en France et totalement à bout de souffle, les pesticides empoisonnent la terre, l’eau, l’air, tuent les pollinisateurs et nuisent gravement à notre santé.

    La France, dont 50% de la surface est occupée par des terres agricoles, est l’un des pays les plus consommateurs de pesticides au monde ! 90% de ces pesticides sont utilisés par l’agriculture. Et pourtant, il est prouvé que les pesticides tuent. Tuent la biodiversité et tuent les êtres humains.

    Une expertise scientifique de l’
    INRAE1 soutient en 2022 « qu’il apparaît de façon robuste que les produits phytopharmaceutiques sont, dans les zones agricoles, l’une des causes principales du déclin des invertébrés terrestres, dont des insectes pollinisateurs et des prédateurs de ravageurs (coccinelles, carabes…), ainsi que des oiseaux ». Selon une tribune publiée aujourd’hui dans Le Monde : « En trente ans, les pesticides ont éliminé 80 % des insectes, et en quinze ans ils ont tué 30 % des oiseaux : on voit s’effondrer la pollinisation par les insectes, qui donne graines et fruits, et disparaître la régulation des insectes indésirables par les oiseaux ».

    Mais les pesticides ne se contentent pas de cela. Ces poisons infiltrent les sols, puis les cours d’eaux et provoquent aussi la disparition d’amphibiens. On estime que la moitié des cours d'eau et près d'un tiers des nappes souterraines françaises sont pollués et présentent des traces significatives de pesticides.




    Ainsi, pour détruire certains champignons, insectes ou « mauvaises herbes » qui pourraient porter préjudice aux cultures, les pesticides employés par certains agriculteurs détruisent tout simplement toute la nature.

    Et le constat est tout aussi inquiétant concernant la santé humaine. Même avec une faible exposition, les pesticides peuvent avoir de graves conséquences. La
    Fondation pour la Recherche Médicale affirme en 2022 que les pesticides sont à l’origine de certains cancers, de troubles cognitifs, des affections touchant la vessie, les reins, la thyroïde. Les pesticides seraient aussi responsables d’une plus forte infertilité masculine et de malformations in-utero !

    Et les premières victimes humaines de ces pesticides, ce sont les agriculteurs ! Le Monde poursuit en citant ces quelques chiffres terrifiants : « les résidus de pesticides […] empoisonnent les agriculteurs eux-mêmes, qui présentent des surcroîts de cancers (+20% de myélomes et +50% de lymphomes, selon l’étude Agrican) ou de maladies de Parkinson et d’Alzheimer ». 

     

    La solution de facilité pour régler une crise agricole systémique


    Alors nous y voilà.

    Face à des décennies d’inconscience, car oui le plan Écophyto c’est une procrastination criminelle depuis plus de 15 ans, de la part des différents gouvernements qui se sont succédé à la tête de notre pays. 

    Face encore et encore à des arbitrages court-termistes qui placent l’intérêt des lobbys des produits phytosanitaires au-dessus de l’intérêt général et de l’urgence qu’il y a à protéger la biodiversité et notre santé.

    Face à un porte-parole du monde agricole, Arnaud Rousseau, patron de la FNSEA, plus proche du dirigeant d'entreprise du CAC40 que du paysan en colère qu’il prétend représenter (il est à la tête d’un empire agroalimentaire qui pesait 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022, +32% sur un an). 


     

    L’avenir de l’agriculture ne se fera pas sans la nature et la biodiversité

    L’écologie n’est pas le mal des agriculteurs. Pas plus qu’elle ne devrait être le bouc-émissaire facile de la crise agricole.

    On ne pourra pas sauver l’environnement sans les agriculteurs. Mais la réciproque est tout aussi vraie. L’agriculture fonce droit dans le mur si elle ne replace pas l’environnement au cœur de ses préoccupations. La mise en arrêt du plan Écophyto résonne comme une honte pour les défenseurs de la biodiversité que nous sommes, mais présage aussi d’un atterrissage encore plus violent dans les années futures…

     

    L’agriculture doit impérativement s’engager sur un nouveau chemin en lien étroit avec la biodiversité qui lui assure des services écosystémiques indispensables, tels que la pollinisation, le stockage de l’eau, la régulation du climat et des ravageurs ou encore la fertilité des sols. Les récents travaux scientifiques soulignent l’importance de la biodiversité pour s’assurer de la résilience et de la durabilité des systèmes agricoles.

    Et ce chemin existe, est souhaité par des agriculteurs et agricultrices que nos équipes côtoient et appuient, est possible et est indispensable pour assurer l’avenir de l’humanité. Rien que ça.

    C’est justement pour accompagner l'agriculture sur ce chemin que nos politiques publiques (comme le plan Écophyto ou encore la PAC - Politique agricole commune) devraient se montrer à la hauteur.

    ---
    1Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.

  • Cocktail explosif.

    C'est fou ça... La liste des produits chimiques...Cocktail délicieux.

    Une visite sur le site de RAPPEL CONSO est nécessaire pour savoir de quoi on est susceptible de mourir en se nourrissant. Quand on pense aux conseils nutritionnistes du genre "mangez des légumes tous les jours". Oui, mais lesquels ?

    Plusieurs lots de céleris sont concernés par ce rappel (illustration)

    Plusieurs lots de céleris sont concernés par ce rappel (illustration) © Maxppp - Christian Watier

    C'est une information repérée par nos confrères de Ouest-France. L'enseigne Leclerc, fondée dans le Finistère, rappelle des légumes qui contiennent trop de pesticides. Du céleri branche, des légumes pour garbure et un mélange de légumes pour soupe aux choux de la marque Cœur de jardin sont concernés. Le site internet Rappel Conso précise qu'il s'agit d'un dépassement "LMR pesticides - 1,4 dimethylnaphtalène - fludioxonil - prothioconazole desthio - bixafen".

    Cela concerne plusieurs départements : l'Aisne, les Ardennes, l'Ariège, l'Aube, l'Aude, l'Aveyron, le Cantal, la Charente-Maritime, la Corrèze, les Côtes d'Armor, la Creuse, la Dordogne, le Finistère, la Haute-Garonne, le Gers, la Gironde, l'Hérault, les Landes, le Lot, le Lot-et-Garonne, la Marne, la Haute-Marne, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse, le Morbihan, la Moselle, l'Oise, les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées-Orientales, la Seine-et-Marne, le Tarn, le Tarn-et-Garonne et l'Yonne.

    Numéros de lots

    Pour le céleri branche, les lots sont les suivants : 46521, 46517, 46564, 46565, 46611, 46608, 46654, 46700, 46688, 46748, 46747, 46798, 46797, 46852, 46851, 46905, 46901, 46949, 46996, 46992, 47035, 47034, 47079, 47080.

    Pour les légumes pour garbure : 46516, 46511, 46563, 46568, 46601, 46612, 46658, 46691, 46684, 46738, 46743, 46790, 46800, 46847, 46853, 46893, 46906, 46960, 46985, 46906, 47036, 47027, 47075, 47082.

    Pour le mélange de légumes pour la soupe au choux : 46511, 46520, 46568, 46571, 46612, 46614, 46684, 46687, 46743, 74742, 46800, 46799, 46853, 46854, 46906, 46907, 46995, 46994, 47027, 47037, 47082, 47081, 47126.

    Les consommateurs qui ont acheté ces produits sont invités à se rapprocher de leur point de vente.

     

    Voici le lien vers le site RAPPEL CONSO, dont la lecture fait froid dans le dos. La liste des produits posant problème est juste hallucinante.

    Bon appétit.

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    Mélange de légumes pour soupe au choux

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    Caractéristiques principales du produit rappelé

    Fruits et légumes

    jeudi 1 février 2024

    Mélange de légumes pour soupe au choux

    Marque : coeur de jardin

    Réf. Fiche : 2024-01-0251

    № de Version : 1

    Origine de la fiche : SCAFEL LECLERC

    Nature juridique du rappel : Volontaire (sans arrêté préfectoral)

    Informations transmises par le professionnel
    Générer une affichette récapitulative (au format PDF) 

    Informations d'identification du produit rappelé

    Catégorie de produit Alimentation

    Sous-catégorie de produit Fruits et légumes

    Nom de la marque du produit coeur de jardin

    Noms des modèles ou références Mélange de légumes pour soupe au choux

    Identification des produits

    GTINLotDate

    335239716303346511, 46520, 46568, 46571, 46612, 46614, 46684, 46687, 46743, 74742, 46800, 46799, 46853, 46854, 46906, 46907, 46995, 46994, 47027, 47037, 47082, 47081, 47126Date de durabilité minimale entre le 20/01/2024 et le 03/02/2024

    Date début/Fin de commercialisation Du 11/01/2023 au 26/01/2024

    Température de conservation Produit à conserver à température ambiante

    Zone géographique de vente Départements :  AISNE (02), ARDENNES (08), AUBE (10), GERS (32), LANDES (40), LOT-ET-GARONNE (47), MARNE (51), HAUTE-MARNE (52), MEURTHE-ET-MOSELLE (54), MEUSE (55), MOSELLE (57), OISE (60), PYRENEES-ATLANTIQUES (64), HAUTES-PYRENEES (65), SEINE-ET-MARNE (77), YONNE (89)

    Distributeurs Leclerc

    Informations pratiques concernant le rappel

    Motif du rappel dépassement LMR pesticides - 1,4 dimethylnaphtalène - fludioxonil - prothioconazole desthio - bixafen

    Risques encourus par le consommateur Dépassement des limites autorisées de pesticides

    Conduite à tenir par le consommateur Ne plus consommer
    Rapporter le produit au point de vente
    Détruire le produit

    Numéro de contact 0553983636

    Modalités de compensation Autre (voir informations complémentaires)

    Date de fin de la procédure de rappel mardi 6 février 2024

    Informations complémentaires publiques Le consommateur doit se rapprocher de son point de vente. La Société APIHA SAS LES JARDINS D’AQUITAINE se tient à la disposition des consommateurs pour répondre à leurs questions au numéro de téléphone ci dessus

  • La police de l'environnement : l'OFB

    Quand on n'a rien à se reprocher, on ne craint aucunement d'être contrôlé par la police. Alors, donc, ce rejet de l'office de la biodiversité, qu'est-ce qu'il signifie ?...

     

    Pourquoi l’OFB, la police de l’environnement, se retrouve visée par la colère des agriculteurs

     

    L’office français de la biodiversité, l’équivalent de la police de l’environnement, est visé par la colère des agriculteurs. Elle opère tout au long de l’année plusieurs contrôles dans les champs.

    Par Maëlle Roudaut

    https://www.huffingtonpost.fr/environnement/article/pourquoi-l-ofb-la-police-de-l-environnement-se-retrouve-visee-par-la-colere-des-agriculteurs-

    Un brassard de l’OFB, l’Office français de la biodiversité, au bras d’un agent de la police de l’environnement.

    NICOLAS TUCAT / AFP

    Un brassard de l’OFB, l’Office français de la biodiversité, au bras d’un agent de la police de l’environnement.

    AGRICULTURE - « On est agri, pas bandit », « OFB du balai », « Office français des blaireaux ». Au cœur de la manifestation des agriculteurs s’exprime une vive colère envers les agents de la police de l’environnement, aussi appelée Office Français de la biodiversité (OFB). Au point que ses agences sont directement prises pour cible par des actions fortes.

    Ce mercredi 31 janvier au matin, les agents de l’OFB de Dijon n’ont pas pu accéder à leurs bureaux. Des litres de fumier avaient été déversés devant leur porte la veille au soir. Dans le Nord et dans l’Orne, les sièges de l’OFB ont eux été enrubannés, avec quelques bottes de pailles pour sécuriser le tout.

    « L’OFB fait un travail de contrôle, certes, mais avant tout un travail de répression dans le monde agricole. Et c’est une répression un peu abusive », a estimé Jean-Baptiste Goutte, président des Jeunes agriculteurs de l’Orne, auprès de Ouest-France, lors de cette action. Que se cache-t-il derrière ce fameux sigle ?

    À quoi sert la police de l’environnement ?

    L’OFB compte 3 000 agents, dont 1 700 inspecteurs de l’environnement, qui ont des pouvoirs de police administrative et judiciaire. Toute l’année, ces inspecteurs contrôlent les agriculteurs, les chasseurs, les pêcheurs mais aussi les particuliers, les collectivités et les entreprises, pour s’assurer du respect des normes environnementales.

    Ils veillent par exemple à l’application des normes sur les pesticides, d’arrachage de haies ou encore de respect des arrêtés sécheresse. Selon leurs observations, les agents de l’OFB peuvent délivrer un procès-verbal, un avertissement judiciaire, une amende, ou un simple avertissement.

    La plupart des sanctions concernent la réglementation espèces protégées, la chasse et la qualité de l’eau, et beaucoup restent de simples avertissements. « Quand on fait un contrôle, c’est à 70 % de la pédagogie et de la discussion », estime Eric Gourdin, secrétaire général UNSA-Ecologie et membre du conseil d’administration de l’OFB, interrogé par l’AFP.

    Un mouvement « d’OFB bashing »

    Alors que la colère des agriculteurs a pris la forme d’une mobilisation nationale depuis plus d’une semaine, les syndicats de l’OFB dénoncent une forme d’acharnement envers les agents de la police de l’environnement. « Face à l’OFBbashing du moment, il est bon de rappeler que le nombre d’exploitations agricoles est de 400 000 et que les contrôles agricoles de l’OFB, sont au nombre de 3 000, soit 0.75 % de contrôles. Loin, très loin du soi-disant harcèlement », fait valoir sur X (ex-Twitter) le Syndicat national de l’Environnement (SNE-FSU).

    La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) renchérit, et dénonce de son côté une « scandaleuse campagne de dénigrement des agents de l’OFB, qui ont la difficile mission de faire respecter le droit de l’environnement ». Le directeur général de l’OFB Olivier Thibault a quant à lui dénoncé dans une lettre interne « une stigmatisation infondée de notre établissement », et assuré « son plein soutien à tous les agents qui ont subi et subissent encore des attaques et des dégradations ces derniers jours ».

    « Faut-il vraiment être armé pour contrôler une haie ? »

    La colère des agriculteurs envers l’OFB, déjà portée par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, n’a été que renforcée par les annonces de Gabriel Attal vendredi dernier. Le Premier ministre a assuré que l’OFB allait désormais passer « sous la tutelle des préfets » afin de « faire baisser la pression » des contrôles. Le préfet supervisait déjà les actions administratives des agents de l’OFB, mais n’avait pas d’influence sur leurs missions judiciaires.

    « Que va devenir l’OFB ? Va-t-on pouvoir continuer à faire notre métier correctement ? », s’interroge Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du SNE-FSU, jointe par l’AFP. « Nous craignons une mainmise sur les politiques environnementales, d’autant qu’on connaît la propension des préfets à favoriser les intérêts locaux », confie-t-elle.

    Plus encore, Gabriel Attal s’est interrogé publiquement devant les agriculteurs : « est-ce qu’il faut vraiment être armé quand on vient contrôler une haie ? ». Une déclaration qui fait bondir les agents de l’OFB. « Pourquoi on est armé ? Parce qu’on a affaire à toutes sortes de gens qui nous menacent régulièrement », lui répond Eric Gourdin, membre du conseil d’administration de l’OFB. Un monument aux morts au centre de formation du Bouchet (Loiret) en témoigne : il porte les noms de « peut-être une trentaine de collègues qui ont été tués » dans l’exercice de leurs fonctions.

    Pour apaiser les tensions, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a rendu une visite, imprévue et discrète, à des agents de l’OFB à Vincennes ce mardi, pour « rappeler l’attachement du gouvernement aux missions qu’ils exercent et pour condamner les dégradations subies », a expliqué le cabinet ministériel, sans plus de précisions.

  • Reporterre : " L’écologie peut sauver l’agriculture"

     

     

    Cette crise du monde agricole aura au moins le mérite de braquer les projecteurs sur tout ce qui ne va pas et de voir ce qui pourrait et devrait être fait.

     

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    Agriculture

    L’écologie peut sauver l’agriculture : voici comment

     

    L'écologie peut sauver l'agriculture : voici comment

    Prix planchers, audit sur les dettes agricoles, moratoire sur le libre-échange, Sécurité sociale de l’alimentation… Les écologistes fourmillent d’idées pour répondre à la crise agricole. Seront-ils entendus ?

    C’est une bataille de récits, un conflit sur notre vision de l’avenir. En pleine crise agricole, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) fustige les règles environnementales, arcboutée dans la défense du modèle productiviste. Le gouvernement lui prête la main et a annoncé ce jeudi 25 janvier un vaste « chantier de simplification des normes ». Gabriel Attal devrait présenter cet après-midi des mesures concrètes pour essayer de convaincre les agriculteurs de rentrer chez eux.

    En face, les écologistes tentent de se faire entendre et ont fait de nombreuses propositions. Reporterre en fait le tour. Car, oui, l’écologie peut sauver l’agriculture, en garantissant le revenu des agriculteurs, en donnant accès à tous et à toutes à une alimentation de qualité et en engageant dès maintenant une transition agroécologique qui protège la biodiversité.

    1 — Assurer un revenu digne

    Au cœur de la crise actuelle, la question du salaire des agriculteurs et des agricultrices est centrale. Dans un communiqué, la Confédération paysanne a appelé à ce que les paysans soient mieux rémunérés. « Ce n’est pas en demandant à pouvoir détruire des haies, en instrumentalisant le sujet des jachères, en éludant la question du partage équitable des terres et de l’eau, en négociant des avantages pour la production d’agrocarburants, que nous résoudrons en profondeur les problématiques de notre métier de paysan », argue-t-elle. Au contraire, c’est en s’attaquant aux règles du jeu néolibéral que les paysans pourront enfin respirer.

    Concrètement, la Confédération paysanne demande un moratoire sur les accords de libre-échange, l’arrêt des négociations en cours avec la Nouvelle-Zélande ou dans le cadre du Mercosur pour éviter des formes de concurrences déloyales et la compétitivité généralisée entre les différentes agricultures du monde.

    Lire aussi : « Ça nous a anéanti » : le libre-échange tue l’agriculture française

    Elle exige une loi pour interdire tout prix agricole en dessous des prix de revient et l’établissement de « prix planchers ». Elle appelle aussi à ce que la loi Egalim sur le partage de la valeur ajoutée au sein de la filière soit pleinement respectée. « L’État devrait jouer un rôle d’arbitre mais en réalité, il laisse faire », regrette Mathieu Courgeau, éleveur laitier en Vendée et coprésident du collectif Nourrir.

    Fin novembre, un rapport de la Fondation pour la nature et l’Homme (FNH) révélait comment la répartition de la valeur s’était dégradée ces dernières années, notamment dans la filière laitière. Entre 2001 et 2022, la part de l’éleveur dans le prix d’une brique de lait conventionnel a baissé de 4 %, celle des industries agroalimentaires a augmenté de 64 % et la grande distribution de 188 %. « La répartition de la valeur est de plus en plus inégale, alors que la consommation et les prix augmentent, il y a très peu de ruissellement au sein de la filière », note Élyne Étienne de la FNH.

    « En 2021, la grande distribution a fait 145 millions d’euros de bénéfices dans son rayon laitier. » © E.B / Reporterre

    Les négociations commerciales sont asymétriques et les paysans écrasés sous le poids des firmes agroalimentaires. L’association plaide pour des contrats tripartites et une taxation à hauteur de 15 % des bénéfices engendrés par les entreprises agroindustrielles et les enseignes de grande distribution afin de financer un fonds mutualisé pour la transition agroécologique. « En 2021, la grande distribution a fait 145 millions d’euros de bénéfices dans son rayon laitier, les entreprises agroalimentaires 697 millions d’euros, elles doivent contribuer au changement d’agriculture et accompagner, elles aussi, les agriculteurs dans des pratiques plus vertueuses », souligne Élyne Étienne.

    Du côté du parti Les Écologistes, on réclame « un allégement des charges qui pèsent aujourd’hui sur les agriculteurs ». « J’entends leur colère, leur angoisse légitime, qui vire trop souvent au désespoir », assure à Reporterre Marie Toussaint, tête de liste du parti aux élections européennes. Elle propose de réaliser un audit national des dettes paysannes, en particulier pour les petites exploitations, puis d’annuler les dettes dues à la Mutualité sociale agricole (MSA, le régime de protection sociale de la profession).

    Marie Toussaint plaide également pour une garantie de revenus pendant trois ans. « On veut un modèle agroécologique, mais aujourd’hui les agriculteurs et agricultrices n’ont aucune visibilité sur leurs revenus, du fait du modèle économique dans lequel ils sont enfermés, poursuit-elle. Pour engager des transformations dans les années qui viennent, ils ont besoin d’y voir clair. On doit leur garantir une prévisibilité. » L’élue écologiste évoque un revenu minimum garanti, qui passerait par un salaire fixe défini, ou encore par une régulation des volumes produits. « Tout ça doit être organisé avec eux et avec chaque filière », estime-t-elle.

    2 — Engager la transition alimentaire

    Les écologistes ne défendent pas seulement une transition agricole mais une transition de tout le système alimentaire. Pour y arriver, ils parient sur une mesure phare, qui a pris de l’ampleur ces dernières années : la Sécurité sociale de l’alimentation. Des expérimentations existent déjà notamment dans la Drôme. Notre ancien chroniqueur Mathieu Yon en est d’ailleurs une des chevilles ouvrières. Des expériences se déroulent aussi à Montpellier.

    Concrètement, ses promoteurs proposent la sanctuarisation d’un budget pour l’alimentation d’au moins 150 euros par mois et par personne, intégrée dans le régime général de Sécurité sociale. Ce budget devra être établi par des cotisations garantes du fonctionnement démocratique de caisses locales de conventionnement. Chacune de ces caisses, gérées par les cotisants, aurait pour mission d’établir et de faire respecter les règles de production, de transformation et de mise sur le marché de la nourriture choisie par les cotisants.

    « La Sécurité sociale de l’aliment permet de s’extraire de l’agro-industrie »

    Cette Sécurité sociale de l’alimentation permettrait à tous les habitants d’un territoire de décider, main dans la main avec les paysans, de ce qu’ils veulent manger et des conditions dans lesquelles ces aliments vont être produits. « Cette démarche permettrait de s’extraire des choix agricoles guidés par l’agro-industrie, la recherche de volumes, d’export, de nouveaux marchés, qui ont fait oublier la raison première de l’agriculture : nourrir la population », racontait à Reporterre Nicolas Girod, ex porte-parole de la Confédération paysanne.

    À court terme, les écologistes et les Insoumis proposent de reprendre une mesure proposée par la Convention citoyenne pour le climat et de créer un chèque alimentaire. « On pourrait évidemment aller plus loin mais ce serait déjà une avancée alors que des millions de personnes peinent à bien se nourrir en France, insiste la députée La France insoumise (LFI) Manon Meunier. Il faut ouvrir de nouveaux débouchés pour l’agriculture de qualité et la rendre accessible à tous. » L’approvisionnement local et bio dans la restauration collective et le soutien au circuit court sont également jugés prioritaires. Le groupe parlementaire de LFI a par exemple déposé une proposition de loi pour favoriser la viande française dans la restauration collective.

    3 — Financer l’agro-écologie

    Le nerf de la guerre reste cependant la question des financements et des aides publiques. Les écologistes plaident pour une réorientation des subventions de la politique agricole commune (PAC) pour accompagner les agricultrices et agriculteurs dans des pratiques plus vertueuses d’un point de vue environnemental.

    Dans un rapport publié le 25 janvier, le Haut Conseil pour le climat (HCC) a souligné que les scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050 étaient ceux qui développaient l’agriculture biologique et l’agroécologie sur 50 % de la surface agricole. « L’agroécologie est plus large que juste l’agriculture biologique, précise Corinne Le Quéré, présidente du HCC. On parle de diversification des cultures, de plantation d’arbres et de haies qui fournissent de l’ombrage aux troupeaux, qui protègent les cultures des températures élevées en plus de stocker du carbone… » Pour développer ces pratiques, le HCC insiste : il faut davantage de financement. Le Réseau Action Climat soutient aussi une rémunération plus sérieuse des services écosystémiques rendues par l’agriculture, afin d’être plus incitatif pour les paysans et les paysannes.

    Ces pratiques agricoles écologiques ne sont pas encouragées par le projet de loi de finances 2024, dénoncaient en novembre 2023 une centaine de paysans et d’élus. © Nnoman Cadoret / Reporterre

    Pour l’instant, la PAC est à la peine. Les mesures agro-environnementales et climatiques, dites Maec, l’un des principaux dispositifs destinés à soutenir la transition agroécologique, représentent moins de 7 % du budget PAC de la France pour la période 2023-2027. « La faiblesse du budget qui leur est alloué ne permet pas, dans plusieurs régions (Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes notamment), de répondre aux demandes des agriculteurs et conduit à des tensions et des renoncements, note le récent rapport de la députée La France insoumise Manon Meunier.

    Pour pallier ces insuffisances, le gouvernement a décidé en décembre dernier d’ajouter 150 millions d’euros au budget des Maec. Un chiffre encore insuffisant selon le coprésident du groupe Nourrir, Mathieu Courgeau, qui est agriculteur : « Beaucoup de paysans qui se sont lancés dans cette démarche l’année dernière n’ont pas encore été payés ». Il estime plus globalement que le gouvernement devrait mieux soutenir la filière bio.

    « Seulement 7 % de bio dans la restauration collective »

    En 2023, le ministère de l’Agriculture avait lancé un plan d’aide de 10 millions d’euros destiné à l’agriculture biologique. Un montant jugé trop bas. Tout comme l’objectif de 20 % de produits bio dans la restauration collective, obligatoire depuis janvier 2022. Aujourd’hui, nous sommes seulement à 7 %. Mais l’État pourrait aider les collectivités pour monter ce chiffre à 40 ou 50 %, dit Mathieu Courgeau. Cela permettrait sans doute d’inciter les paysans à se convertir car en 2022, seulement 11 % de la surface agricole utile (SAU) était cultivée en agriculture biologique.

    Pour restaurer la confiance des consommateurs envers ces produits et enrayer la crise du bio, le rapport Meunier préconise une meilleure transparence sur les labels, notamment le « Haute valeur environnementale » que certains agriculteurs estiment trompeur, voire le considèrent comme un concurrent déloyal à l’agriculture biologique.

    Dans la Drôme, un réseau d’agriculteurs réintroduit de la vie sauvage dans leur ferme. © Charlie Delboy / Reporterre

    En attendant les annonces du gouvernement, les défenseurs de l’agriculture paysanne restent fébriles. « Faire des normes environnementales la cause du problème agricole est une imposture », dit Manon Meunier. Le problème doit être pris à la racine. En cinquante ans, la surface moyenne d’exploitation est passée de 21 hectares à 69 hectares (en 2020), plus de quatre exploitations sur cinq ont disparu, 70 % des haies ont été éliminées, la polyculture a diminué. En quarante ans, le nombre d’agriculteurs a été divisé par quatre et la France est devenue le deuxième pays européen le plus utilisateur de pesticides, rappelle la députée dans son rapport. En parallèle, la biodiversité s’est effondrée : les populations d’oiseaux ont diminué de 43 %, plus de 40 % des eaux de surface sont affectées par des pollutions diffuses, et les sols sont de plus en plus dégradés. Il y a urgence à agir pour une transition agricole juste et écologique, plaide-t-elle.

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  • Agriculteurs, FNSEA et autres

    424680577 10231331624858961 6829090312011820739 n

     

    Bien évidemment que je suis au mieux le mouvement actuel.

    Bien évidemment, je ne soutiens aucunement tous les agriculteurs-éleveurs, inconsidérément. S'il y a bien une catégorie professionnelle dans laquelle les disparités sont immenses, c'est bien celle-là.

    Bien évidemment, je soutiens totalement les paysans maraîchers bio.

    Pour ce qui est des éleveurs, étant donné que je ne mange pas les animaux, je m'abstiens. J'ai du mal à croire qu'un éleveur qui condamne ses bêtes à l'abattoir puisse affirmer qu'il les aime. Qu'il ne les maltraite pas serait déjà bien. Si vous n'avez jamais entendu, pendant des heures, meugler une vache à qui on vient d'enlever son veau, allez vous balader en campagne. C'est effroyable, ça me déchire le ventre. Oui, je sais, il y a des gens qui rigolent quand je dis ça.

    Bref...Pour ce qui est de la FNSEA, voici leurs demandes en résumé :

    424672863 10231332184472951 4338587448987011380 n

    Voilà qui est clair. Maintenant, voyons le cas du Sieur ROUSSEAU, patron de ce syndicat.

     

    https://www.humanite.fr/social-et-economie/agriculteurs/a-la-tete-de-la-fnsea-qui-est-arnaud-rousseau-le-businessman-qui-voulait-passer-pour-un-paysan?

    À la tête de la FNSEA, qui est Arnaud Rousseau, le businessman qui voulait passer pour un paysan ?

     

    Arnaud Rousseau, président de la FNSEA depuis 2023, est un patron avant tout. L’écologie et l’Europe lui servent d’épouvantail pour masquer le monde qui le sépare de l’éleveur du Gers, qu’il prétend représenter avec son syndicat.

    Social et Économie

    3min

    Mise à jour le 26.01.24 à 12:43

    Pierric Marissal

    Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, élu en 2023, est aussi dirigeant d'une grosse quinzaine d'entreprises.
    © BERTRAND GUAY / AFP)

    Arnaud Rousseau a un grand nombre de casquettes, ou plutôt de chemises. Si celle-ci est à carreaux, il incarne l’agriculteur et le dirigeant de la FNSEA, principal syndicat du secteur. Lorsqu’elle est bleu pâle avec cravate en soie, on est face au grand patron, habitué des assemblées générales d’actionnaires et qui parle en millions d’euros.

    Arnaud Rousseau est un homme très occupé. On le retrouve administrateur ou dirigeant d’une grosse quinzaine d’entreprises, de holdings et de fermes : directeur de la multinationale Avril (Isio4, Lesieur, Matines, Puget, etc.), administrateur de la holding du même nom, directeur général de Biogaz du Multien, spécialisé dans la méthanisation, administrateur de Saipol, leader français de la transformation de graines en l’huile, président du conseil d’administration de Sofiprotéol, qui finance des crédits aux agriculteurs. La liste est longue.

    Sur le même thème

    En direct. Colère des agriculteurs : ce que leur répond Gabriel Attal

    Comme patron d’exploitations agricoles, il ne possède pas moins de 700 hectares, principalement des céréales oléagineuses (colza, tournesol) mais aussi du blé, de la betterave, du maïs, et de l’orge. Il est aussi maire (sans étiquette) de sa commune Trocy-en-Multien (Seine-et-Marne) et vice-président de la communauté de communes du pays de l’Ourcq.

    Deux classes d’agriculteurs bien différentes

    Sur sa biographie officielle du groupe Avril, il est dit qu’Arnaud Rousseau a « un parcours atypique ». Pour un agriculteur, certes, beaucoup moins pour un dirigeant, puisqu’il est diplômé de l’European Business School de Paris et qu’il est passé un temps par le courtage de matières premières agricoles, c’est-à-dire leur mise en vente sur les marchés financiers.

    Ces contradictions se retrouvent dans ses prises de position. Il défend une agriculture productiviste française pour nourrir les Français, mais consacre ses champs à une production majoritairement destinée à l’export. Il soutient les agriculteurs qui se plaignent de l’augmentation des taxes sur le gazole non routier (GNR), mais il a entériné cette hausse cet été, lors des négociations avec le gouvernement sur le projet de loi de finances.

    Sur le même thème

    « Les grands céréaliers ne manifestent pas, ils sont au ski » : pourquoi la mobilisation des agriculteurs est concentrée dans le Sud-Ouest

    Avec ses homologues grands céréaliers, il est l’un des principaux bénéficiaires de la PAC, quand les petits éleveurs, ceux-là mêmes dont la colère déborde dans le Sud-Ouest, sont les plus lésés. Ce sont deux classes d’agriculteurs bien distinctes, aux intérêts antagonistes. C’est pourquoi il ne peut répondre aux demandes des manifestants sur la hausse du GNR, qu’il a validée, ni sur les marges des groupes agroalimentaires, lui qui en dirige un. Alors, Arnaud Rousseau a un bouc émissaire tout trouvé : l’Europe et ses normes écologiques.

     

    Pour ceux qui en veulent encore plus, je les invite à lire l'article très détaillé sur cet individu dans le numéro de CAPITAL (impossible de copier l'article)

    Il est ici

    : https://www.capital.fr/economie-politique/agriculteurs-en-colere-les-jolies-affaires-darnaud-rousseau-leader-de-la-fnsea-et-patron-davril-1491442?

     

    Il est donc indispensable de bien différencier les forces en présence :

    422932387 1057838972135645 6399386492553871604 n

    La FNSEA, les JA (Jeunes Agriculteurs), et la coordination paysanne, trois syndicats qui ont la même vision.


    La confédération paysanne s'est totalement démarquée.

    Ici, une vidéo qui présente la version de ce syndicat et les problématiques du monde agricole :

     

    Ce qui se passe en ce moment a une importance considérable et les agriculteurs ont une occasion rêvée pour réinvestir le coeur des Français. Et ça n'est pas en suivant les directives de la FNSEA qu'ils y parviendront. Beaucoup de gens, aujourd'hui, savent ce qu'ils en coûtent de continuer à exploiter la terre impunément.

     

     

    https://www.generations-futures.fr/actualites/agrican-cancers-pesticides-agriculteurs/

    Enquête AGRICAN : professions agricoles et survenue de cancers

     

    Cette fin d’année 2020 est l’occasion pour l’enquête AGRICAN de dévoiler ses derniers résultats dans son 3ème bulletin (Bulletin Agrican Novembre 2020). Pour rappel, cette étude, la plus grande au monde sur le sujet, a été mise en place à partir de 2004 et a pour objectif de mettre en évidence un éventuel lien entre les expositions professionnelles aux pesticides ou certaines activités particulières et la survenue de cancers. En outre, le propos est également étendu à certaines maladies non cancéreuses, parmi lesquelles des maladies neuro-dégénératives (maladies de Parkinson et d’Alzheimer notamment) ou respiratoires (bronchite chronique, asthme) et aux troubles de la reproduction et du développement de l’enfant. La plupart de ces maladies ont été sélectionnées car elles semblent plus fréquentes en milieu agricole que dans la population générale.

    Comment s’est déroulée l’étude ?

    Les résultats de cette enquête reposaient dans un premier temps sur un questionnaire d’inclusion, remplit par plus de 180 000 affiliés MSA répartis en 11 départements français. Les participants étaient majoritairement des hommes (55%). L’âge moyen des individus était de 63 ans et variait entre 20 et 105 ans. Entre 2015 et 2018, un questionnaire de suivi a de nouveau été envoyé aux participants afin de mettre à jour les données, notamment par rapport à des changements de situations (activités professionnelles, alimentation, tabagisme, évolution de l’état de santé, …).

    Une fois l’ensemble des réponses recueillies, le suivi des décès et des diagnostics de cancers sur plusieurs années permet de savoir si certaines maladies peuvent se déclarer plus fréquemment en fonction de secteurs agricoles particuliers, ou de l’utilisation de certains pesticides ciblés. Pour ce faire, l’étude mesure les associations entre les expositions professionnelles et les maladies en comparant, au cours du temps, le nombre de personnes développant la maladie parmi les participants exposés (à un secteur ou à une tâche ou à une nuisance donnée) au nombre de personnes devenues malades parmi les participants non soumis à l’exposition étudiée. Même si cela ne suffit généralement pas à dire que l’exposition est une cause de la maladie, les études épidémiologiques permettent l’obtention d’éléments de preuve solides, à mettre en relation avec d’autres études sur le sujet afin d’en vérifier la cohérence.

    Incidence de cancers

    La première conclusion est que les femmes et hommes de la cohorte ont une mortalité 25% inférieures à celle de la population générale. Cette observation trouve notamment sa source dans un tabagisme bien moindre chez les travailleurs agricoles et dans le phénomène « d’effet du travailleur sain », soit un biais de sélection du fait que la cohorte n’inclue pas les personnes dont l’état de santé est trop précaire et incompatible avec une activité professionnelle. Une meilleure alimentation et activité physique dans ce secteur professionnel par rapport à la population générale est également une explication probable.

    En comparaison avec la population générale, les cancers sont légèrement moins fréquents chez la population de la cohorte AGRICAN. Plus particulièrement, 20 cancers sont apparus à une fréquence différente entre les membres de la cohorte et la population générale :

    6 cancers ont été retrouvés plus fréquemment chez les personnes interrogées: mélanome de la peau chez les femmes (+29%), myélome multiple chez les hommes (+20%) et chez les femmes (+21%), cancer de la prostate (+3%), cancer des lèvres chez les hommes (+55%), l’ensemble des lymphomes chez les hommes (+9%) et les femmes (+7%), lymphome plasmocytaire/maladie de Waldenström chez les femmes (+58%) et les hommes (+49%)

    14 cancers ont été retrouvés moins fréquemment dans la cohorte AGRICAN: cancers du poumon (-42% chez les hommes et -33% chez les femmes), de la cavité orale et du pharynx (-43% chez les hommes et -36% chez les femmes), du foie (-25% chez les hommes et -31% chez les femmes), de l’anus (-51% chez les hommes et -54% chez les femmes), de la vessie (-34% chez les hommes et 22% chez les femmes), de l’œsophage (-22% chez les hommes et -28% chez les femmes), du sein (-14%), du rectum (-17% chez la femme), du col de l’utérus (-40%), du côlon (-13% chez l’homme), du pancréas (-21% chez l’homme), du larynx (-44% chez l’homme), de l’estomac (-12% chez l’homme) et du mésothéliome (-54% chez l’homme).

    23 autres cancers ne présentaient pas de différence de fréquence d’apparition.

    Même si certains cancers sont retrouvés moins fréquemment chez les travailleurs agricoles qui ont participé à l’enquête, ces différences s’expliquent à nouveau par les habitudes de vie plus favorables parmi ces derniers.

    Impacts des pesticides

    A contrario, l’étude montre un excès de risque pour certains cancers. Ainsi, AGRICAN met en évidence l’influence des pesticides dans l’apparition de plusieurs cancers.

    Tout d’abord, les analyses montrent un excès de risques de cancers de la prostate chez les personnes utilisant des insecticides sur bovins, chez les éleveurs de porcs et chez les agriculteurs exposés via le traitement de semences, le semis et l’utilisation de pesticides (relevé pour des cultures de blé et/ou d’orge, de tabac, de pommes de terre et l’arboriculture). Ces résultats sont cohérents par rapport à d’autres études épidémiologiques qui montrent une élévation du risque de cancer de la prostate chez les agriculteurs, de +8% à +26%. L’INSERM a d’ailleurs conclut en 2013 à un lien fort entre l’exposition professionnelle aux pesticides et l’apparition de cancers de la prostate.

    D’autre part, un excès de risque a également été observé pour trois cancers hématologiques :

    Myélome multiple: un excès de risque de 40% a été observé chez les personnes utilisant des pesticides sur les cultures, augmentant avec la durée d’utilisation. La désinfection des locaux d’élevage, l’utilisation d’insecticides sur les animaux et la désinfection des machines à traire ont également été pointé du doigt.

    Leucémies lymphoïdes chroniques: un excès de risque de 50% chez les personnes utilisant des pesticides sur cultures, augmentant avec la durée. Cette association est particulièrement forte pour les cultivateurs de blé/orge, de maïs, de tournesol et en viticulture.

    Lymphome diffus à grandes cellules B: un risque plus élevé a été mis en relation avec l’application d’herbicides en prairies, de pesticides en viticulture et sur la culture du tabac.

    Il existe de nombreuses études concernant l’apparition de cancers hématologiques et l’exposition aux pesticides. Les résultats de l’enquête AGRICAN sont cohérents par rapport aux travaux précédents, notamment ceux réalisés au niveau français, qui concluaient à une élévation du risque de certaines hémopathies malignes chez les agriculteurs et qui montraient des augmentations de risque chez les utilisateurs de pesticides.

    Par ailleurs, il a été mis en évidence que les utilisateurs de pesticides avaient en moyenne deux fois plus de risque de développer une tumeur du système nerveux central que les autres participants de la cohorte. Plus particulièrement, de nombreuses substances actives de la famille des carbamates sont mises en causes, car elles multiplient le risque de gliomes et/ou méningiomes par des facteurs allant de 2 à 4. Malgré ces résultats, il reste aujourd’hui difficile d’identifier exactement les molécules responsables de l’apparition de cancers, notamment du fait des multi-expositions. L’INSERM avait conclu en 2013 à un niveau de preuve limité entre l’exposition aux pesticides et la survenue de ce type de cancers.

    Enfin, l’étude s’est également intéressée à la maladie de Parkinson, maladie caractérisée par une destruction de certaines cellules du cerveau et qui toucherait aujourd’hui près de 200 00 personnes en France. Une fréquence plus élevée de malade chez les éleveurs, les cultivateurs et les utilisateurs de pesticides a été montré. Ceci n’est pas étonnant puisque la maladie de Parkinson est reconnue comme maladie professionnelle pour les travaux exposant aux pesticides. Deux substances actives de la famille des dithiocarbamates (zinèbe et zirame) ont notamment été mis en cause dans AGRICAN. Encore une fois, ces résultats semblent cohérents par rapport aux autres études réalisées sur le sujet puisqu’elles s’accordent à dire que l’exposition aux pesticides entraîne une augmentation du risque de maladie de Parkinson entre 50% et 100%. Les fongicides dithiocarbamates ont déjà été suggéré comme entraînant un risque accru, parmi d’autres familles telles que les organochlorés.

     

    Bon appétit.