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"Laughing heart" De Charles Bukowski
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/03/2022
Il y a quelques temps déjà que j'écoute ce morceau de musique et je tenais à trouver l'origine des paroles.
Et j'ai enfin trouvé.
C'est un poème de Bukowski. Et j'aime infiniment.
Quand à l'accompagnement musical, il me fascine par sa justesse.
The Laughing Heart (traduction en français)
Artiste : Charles Bukowski
The Laughing Heart
Your life is your life
don't let it be clubbed into dank submission.
Be on the watch.
There are ways out.
There is a light somewhere.
It may not be much light, but
it beats the darkness.
Be on the watch.
The gods will offer you chances.
Know them.
Take them.
You can't beat death, but
you can beat death in life, sometimes.
And the more often you learn to do it,
the more light there will be.
Your life is your life.
Know it while you have it.
You are marvelous.
The gods wait to delight
in you.
La coeur hilare
Ta vie c'est ta vie
Ne la laisse pas se faire matraquer par une froide soumission.
Sois sur tes gardes.
Il y a des issues.
Il y a une lumière quelque part.
Peut-être qu'elle éclaire peu
Mais elle bat l'obscurité.
Sois sur tes gardes.
Les dieux vont t'offrir une chance.
Rencontre-les
Prends-les sous ta coupe.
Tu ne peux pas battre la mort, mais
tu peux battre la mort dans ta vie, parfois.
Et plus tu apprends à le faire,
Plus il y aura de la lumière.
Ta vie c'est ta vie.
Sache-le tant que t'es en vie.
Tu es merveilleux.
Les dieux attendent de se délecter
en toi.
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la zone ultime.
- Par Thierry LEDRU
- Le 27/02/2022
"« Ce n'est pas un état dans lequel on se met, c'est un état qu'on trouve. Et si vous prenez conscience que vous êtes en train d'accomplir quelque chose d'extraordinaire, vous vous déconcentrez, et vous sortez donc de “la zone.” »
"La zone" (lien)
Un tour de vélo aujourd'hui et il y avait longtemps que je n'avais pas expérimenté cette fameuse "zone" à vélo. L'avantage de prendre de l'âge, c'est que le potentiel physique se réduit et que le temps nécessaire pour basculer dans cet état "second" se raccourcit. C'est en tout cas le cas pour moi. Je l'ai vécu dernièrement dans une sortie de trail. Cet espace temps pendant lequel la fatigue se révèle intense, où les muscles sont en feu et où pourtant, il devient impossible de ralentir parce que le plaisir est plus puissant que la brûlure musculaire, où l'euphorie est plus stimulante que l'envie de tout relâcher.
Et c'est délicieux.
Mais la suite l'est encore plus. Jusque-là, cette euphorie est consciente, on est encore dans la pensée, on est concentré, on s'applique, on cherche le geste juste, on se parle intérieurement, on récite les connaissances, on fait appel à l'expérience, on est dans le savoir. On pourrait penser que sur un vélo, il n'y a pas grand-chose à savoir : on pédale et c'est tout. J'en suis environ sur le plan kilométrique à cinq fois le tour de la Terre et je sais combien le cyclisme n'est pas qu'une histoire de force musculaire. C'est certain qu'entre les premières sorties en janvier et maintenant, les muscles sont plus affûtés. Mais ça ne fait pas tout. Le contrôle mental, l'observation de la consommation d'énergie, la position du corps, le relâchement des épaules, la rotation des jambes et le mouvement du pied, la poussée de la jambe vers le bas et la traction de l'autre vers le haut, l'analyse du relief, l'usage juste des vitesses, le souffle, l'usage du poids du corps en danseuse, il existe de multiples paramètres incontournables. Et lorsque tout ça est en place, alors, l'entrée dans la "zone" est envisageable.
Mais il reste un point essentiel : que le corps devienne le maître et que le mental se retire puis que tout disparaisse. Corps et mental et que tout se fasse dans un "no man's land" que j'appelle la "zone tampon". Et c'est cette dimension que j'aime par-dessus tout dans les activités d'endurance.
Il s'agit en fait d'être là, totalement là.
La "zone, ça n'est pas pour moi un état "qu'on trouve", c'est elle qui nous trouve. Parce que la volonté est une pensée, et de vouloir trouver la zone, c'est l'empêcher d'advenir.
Inspiration, expiration...Les mouvements du ventre et de la poitrine. Tant que j'y pense, comme à tout ce que j'ai cité avant, c'est un état de pensée. Et la "zone" est un état de "non pensée". C'est un état de perfection.
La concentration est une forme de pensée silencieuse qui visualise un phénomène intérieur et le fait d'en prendre conscience et de le verbaliser est une autre forme de pensée.
Arrêter volontairement de se concentrer c'est encore un état de pensée. Et même à chercher à saisir ce qui reste implique la réflexion et le fonctionnement cérébral.
Il faut aller vers l'état de conscience qui consiste à réaliser qu'on ne pense à rien... Puis il faut se placer dans cet espace où s'établit la césure entre la conscience et la pensée...Car comment concevoir qu'une pensée puisse prendre conscience d'elle-même ? Une pensée pense mais elle n'agit pas en dehors d'elle-même, elle ne peut pas se séparer de ce qu'elle est ou alors, c'est qu'elle ne penserait plus. La pensée ne peut pas se conscientiser sans s'évaporer. Une pensée concientisée n'est plus une pensée, elle est la conscience. Et nous devrions ne penser que consciemment pour penser vraiment. Sinon, ça serait comme imaginer qu'une pomme puisse se manger elle-même. Elle ne peut qu'être mangée. La pensée, de la même façon, ne peut pas vouloir s'observer elle-même au risque de se dévorer. C'est donc qu'il y a une autre entité. Et c'est là que la conscience surgit.
Alors, dans cet espace qui marque la césure entre ma pensée et la conscience que j'en ai, il y a un lieu où rien ne se passe. Ni pensée, ni même conscience. Rien. C'est la zone tampon. C'est là que se situe le "no man's land". Et rien n'est plus intense que cet homme-là alors qu'il semble ne plus être là... Il est même possible et incommensurablement intense de le vivre dans le cadre de la sexualité. Lorsque l'étreinte amoureuse n'est plus la rencontre entre deux individus mais l'état de pureté absolu de l'amour. Et lorsque l'activité physique entre dans cette dimension-là, qu'il s'agisse du trail, du vélo, de la marche en montagne, comme de n'importe quelle activité associée à la durée, c'est d'amour qu'il s'agit. L'amour de la vie en soi, la puissance de l'énergie et elle peut s'avérer ne plus avoir de limites connues. C'est là que courent par exemple les ultra-trailers, au-delà du connu, dans une dimension nourrie par la puissance de vie, nourri par l'amour de la vie en soi.
Et c'est pour cela que j'aime autant l'endurance dans le sport. Il y a inévitablement dans cet état des moments de rupture, des instants pendant lesquels la conscience revient puis les pensées et alors il faut de nouveau se concentrer, rétablir les rituels, l'usage contrôlé du souffle, l'application physique, la quintessence des gestes, une forme de douceur envers soi-même, sans chercher à forcer, pour que le mental retourne se coucher, puis laisser venir l'absence ou la présence mais une présence qui ne relève pas de la conscience de soi. Juste de la conscience d'être au-delà. Et l'au-delà de soi n'a pas besoin de conscience. C'est la beauté ineffable de la "zone".
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LES ÉGARÉS (roman 14)
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/02/2022
Franck, un lecteur, m'a fait part d'une particularité, prise en compte dans la dimension du chaminisme et ignorée, bien évidemment, par la médecine occidentale.
Un traumatisme est susceptible d'entamer une partie de l'âme. Et l'individu, sans comprendre les raisons profondes, souffrira toute sa vie de cette amputation.
J'ai vécu quelques traumatismes. L'un d'entre eux a eu un impact considérable.
J'avais 16 ans, je veillais Christian, mon frère, cliniquement mort, dans une chambre d'hôpital. Jours et nuits. Charlotte était une infirmière de nuit.
Puis est venu Roger...
Puis est venu le temps d'écrire tout ça. Parce qu'il m'aurait fallu une thérapie et que je ne l'ai jamais demandée.
Un bout de mon âme est peut-être parti le jour où Roger s'en est allé. Un autre à la mort de mon frère. Un autre lorsque j'ai frôlé la mort, si près que le frisson est toujours là. Que faut-il réaliser pour que le morceau d'âme perdu réintègre son calice ? Faut-il même y croire ? Si j'allais en parler avec les médecins qui m'ont suivi, ils me proposeraient des anxiolytiques. Je n'en ai aucunement besoin.
Je sais qu'il existe des médiums. J'ai eu la chance d'en croiser une. Hélène. Je n'en connais pas d'autre et ça n'est pas le genre de démarche que l'on demande à n'importe qui. Je ne crois qu'au hasard en sachant qu'il n'existe pas. Il faut lui donner un autre nom : coïncidence, destin.
"Rien au ciel n'est écrit" disait le philosophe. A moins que nous ne sachions pas lire.
LES ÉGARÉS
"C'est le lendemain soir que l'épreuve en cours se renforça encore davantage.
Il faisait les cent pas dans le couloir. Il avait besoin régulièrement de vider en marchant le trop plein de douleurs. Lui qui n’aimait pas particulièrement cette activité lancinante, il avait découvert dans ces couloirs austères l’apaisement de ce baume, la quiétude de ces gestes simples, la tranquillité intérieure qui émanait de ces allers-retours. L’absence. Laisser tomber sous les semelles les chargements de pensées.
Une aide-soignante poussait un brancard roulant. Il avait regardé rapidement le visage éteint, le pansement volumineux qui entourait le crâne. Il avait cru reconnaître son ami de classe.
Chambre 21. Il avait vérifié l’identité du blessé auprès d’une infirmière. Il ne s’était pas trompé.
Il avait questionné l'infirmière. Elle avait raconté.
« Il roulait en mobylette derrière le tracteur de son père, ils avaient labouré un champ, ils rentraient à la ferme et le père a pilé pour éviter un chien. Ton ami n’a pas réagi assez vite. Il est venu s’empaler sur les barres de coupe. Une dans le crâne, elle a perforé le casque, une autre dans le poumon droit. Coma profond. Y a pas beaucoup de chance qu’il s’en sorte d’après le chirurgien. Faut attendre. »
Il se souvient du ton dénué d’émotions. Un compte-rendu anodin, juste une énumération de faits, comme s’il s’agissait d’un objet abîmé, un pantin malmené, juste un cas de plus, un dossier médical, un lit occupé, un numéro de chambre, « le patient du 21. »
Il avait imaginé le père. Il le connaissait. Un homme bourru, silencieux, amoureux de sa terre. Roger ne voulait pas reprendre la ferme. Il n’aimait que les livres. Son père lui en voulait. L’ambiance à la maison était conflictuelle. Lourde. Roger ne voulait pas céder. Il rêvait de devenir professeur de français.
Il avait demandé à Charlotte l’autorisation d’aller voir Roger. Une supplique. Elle avait hésité pendant plusieurs jours puis devant sa détermination, elle avait accepté. Personne n’en saurait rien.
Il lui lisait des livres.
....
Il n’aurait jamais imaginé à quel point la Mort était une garce.
Chaque nuit, il allait voir Roger. Ses parents étaient venus deux fois pendant la première semaine. Plus jamais depuis. Les médecins avaient dit que ça ne servait à rien de rester. Ils les avaient écoutés et puis les animaux de la ferme avaient besoin de soins eux aussi. Ils ne pouvaient pas les laisser.
Roger n’avait jamais réagi, à aucune de ses visites. Le respirateur sur lequel il était branché insufflait un air purifié dans ses poumons inertes. Quand il se penchait au-dessus du visage inexpressif, il avait du mal à comprendre qu’un geste aussi essentiel puisse être ignoré par le cerveau. L’état apparent de Roger était pourtant moins désastreux que celui de Christian. Il sentait néanmoins à quel point, dans cette poitrine artificiellement gonflée, la vie n’avait plus beaucoup d’emprise.
Continuer malgré tout à offrir à Roger le bonheur des mots partagés. Ces mots qui les faisaient vibrer de bonheur. Ils partageaient souvent leurs lectures, s’enflammaient dans des discussions passionnées.
Sartre, Camus, Le Clézio, London, Gandhi, Schoendeorffer, Koestler, Gide, Mauriac …
Ils avaient adoré tous les deux « La longue route » de Moitessier. Tant de poésie, tant d’amour envers l’océan, tant de révélations aussi. Ils rêvaient qu’à leur tour ils parcourraient un jour les mers du sud. Leurs discussions passionnées dans la cour du lycée, leurs recherches endiablées dans les rayons de la bibliothèque, les pages qu’ils recopiaient, les passages qu’ils récitaient.
Cet amour des mots.
Cette journée-là avait été particulièrement éprouvante. Une nouvelle opération pour Christian, la cheville gauche, rien ne se consolidait. Les chirurgiens avaient opté pour une arthrodèse. Boulonner les fracas osseux et vivre peut-être avec un pied bloqué. Mais vivre.
Chaque anesthésie nourrissait l’état comateux. Impossible de savoir si le réveil aurait lieu. Les chirurgiens avaient refusé les premiers jours de le placer en coma artificiel. Malgré les crises de folie furieuse que les douleurs intenables déclenchaient, il était trop dangereux d’ajouter des drogues puissantes avec des effets difficilement contrôlables.
À chaque fois qu’il voyait Christian partir au bloc, il ne savait pas s’il le reverrait vivant et il priait pendant des heures dans le fauteuil de la chambre, dans les couloirs, près d’une fenêtre, sur un banc du parc, près de l’ascenseur par lequel il devait réapparaître.
Il priait.
Il se souvient bien de ces phrases répétées jusqu’à l’assèchement de sa volonté. Il se surprenait parfois à les murmurer dans la solitude de ses pensées.
« Tiens le coup, Christian, tiens le coup. T’as fait le plus dur maintenant. Tu ne dois pas lâcher. »
Il n’avait jamais mêlé Dieu à ses suppliques. Impossible d’oublier cette haine du premier jour. Dieu … Dans l’éventualité de son existence, il ne pouvait l’absoudre de toutes les souffrances propagées.
Christian était revenu.
Et lui, épuisé par l’attente, il s’était senti vaciller dans ses fibres, dans son esprit laminé, dans son énergie consumée.
Une immense fatigue. Comme si l’immobilité de cette vie d’attente le fossilisait insidieusement, comme si des relents d’anesthésiants flottaient dans les airs et l’empoisonnaient.
Lorsque ses parents étaient arrivés après leur journée de travail et qu'ils avaient pris le relais, il avait raconté ce que les infirmières avaient bien voulu lui expliquer puis il était allé dormir. Il prendrait sa veille à 5 heures. Il avait immédiatement sombré dans un sommeil de tombe. Vidé de toute pensée.
Au petit matin, quand ses parents avaient repris le chemin du travail et qu’il avait réintégré son poste de garde, recroquevillé dans son fauteuil, il avait pensé qu’il n’était pas allé voir Roger au début de la nuit. Jusque-là il avait instauré un horaire fixe. De vingt heures à vingt et une heures. Que Roger puisse se repérer dans sa journée.
Il avait oublié. L’épuisement avait voilé sa conscience et la mission qu’il s’était fixé avait succombé cette fois sous le fiel poisseux de la torpeur.
Charlotte était entrée. Elle venait toujours le voir avant de quitter le service au matin. Il avait deviné sur les joues les sillons des larmes séchées, la brillance triste des yeux embués.
« Yoann, je préfère que ce soit moi qui te le dise. »
Il avait deviné. Un pressentiment. Une culpabilité déjà nourrie par son abandon au sommeil.
« Roger est mort cette nuit. »
Il avait mis les mains sur ses oreilles. L’impression effroyable qu’il allait vomir son cœur.
Un coup de sabre dans le ventre.
Le dégoût.
Il aurait voulu tuer la Mort. L’étrangler de ses mains, la regarder perdre son souffle, l’entendre suffoquer, serrer sa gorge décharnée, sourire devant son visage qui blanchit, les yeux qui se révulsent, le gargouillis infâme des dernières bulles d’air.
Tuer la Mort revenait à se servir d'elle et donc à lui donner vie.
L’absurdité de l’idée l’avait renvoyé à sa trahison.
Il avait abandonné Roger et ses envies de meurtre n’étaient que des subterfuges pour se supporter.
Le dégoût. La honte.
Effondré, en larmes, la tête dans les mains.
Charlotte s’était accroupie devant lui et l’avait enlacé.
« J’ai pleuré pour Roger, Yoann, mais aussi pour toi. Roger ne pouvait pas s’en sortir. C’était un coma irrémédiable. Je n’aurais pas dû te laisser le voir, te laisser croire que tu pouvais réussir avec lui ce que tu as fait avec Christian. Je n’ai pas réalisé la mission que tu t’imposais. Et c’est pour toi aussi que j’ai mal. Je sais que tu vas t’en vouloir. Je sais que tu vas te sentir coupable. J’ai vécu ça si souvent. Mais tu n’y es pour rien, Yoann. Les gens ne partent pas à un instant précis. Ils partent, c’est tout. Rien n’est prévisible. Roger aurait pu mourir alors que tu étais à ses côtés. Et j’aurais dû y penser. Je m’en veux terriblement du mal que je t’ai fait. Je n’aurais jamais dû accepter. C’est une faute impardonnable. »
Il était sorti du carcan de ses larmes, il avait ouvert ses mains. Oh, ce visage, cette douceur en souffrance, ce petit éclat étrange dans la prunelle de son œil droit, une surprise génétique lui avait-elle dit, toujours cette envie de poser sa tête contre sa poitrine, de s’abandonner… Tant d’émotions mêlées.
Il s’arrête. La pente s’est renforcée sans qu’il ne s’en aperçoive. Le chemin trace de longues diagonales vers une brèche étroite, une entaille rectiligne dans la muraille rocheuse.
Il s’assoit et sort la gourde.
Son amour pour Charlotte. Ce serrement de ses entrailles, cette chaleur qui ruisselait comme une lave délicieuse, ce désir d’étreintes, cette plongée offerte dans la lumière de ses yeux, les arabesques fluides de son corps en mouvement, les mélodies câlines de sa voix mesurée, la danse de ses mains sur le tempo de ses mots. Il imaginait la douceur de ses seins.
Découvrir l’amour dans l’antre de la Mort. Charlotte l’avait protégé et cette attitude avait incrusté dans son âme la nécessité d’une compagne protectrice, une gardienne de cœur, une soignante attentive.
Leslie …
Ce n’est pas elle qu’il aimait mais le prolongement irréfléchi de ses traumatismes, le maintien pervers d’une identification névrotique.
Il avait pris forme dans le cocon désinfecté des murs de l’hôpital. Sa vie entière portait les stigmates des coups, des blessures, des refoulements, des peurs et les baumes inventés n’étaient que des palliatifs.
Il n’avait aimé que dans le sillage des jours sombres.
La Faucheuse avait rogné en lui les bourgeons d’amour avant qu’ils n’éclosent. Il n’en restait que des pustules nécrosées et il devinait au plus profond de son âme les branches tordues portant des résidus de bonheurs morts nés, des fœtus pourris, gangrenés, des embryons avortés.
Découvrir l’Amour dans l’antichambre de la Mort et n’en jamais sortir.
Il aurait voulu voir Roger une dernière fois mais Charlotte avait déjà envoyé le corps à la morgue. Elle avait rejeté sa requête.
« Ça ne servirait qu’à augmenter ta douleur Yoann. Garde en toi le souvenir de ton ami vivant. C’est ce qu’il aurait voulu. »
Il n’avait pas insisté.
Juste avant de partir, elle avait tenté de lui sourire mais il avait lu dans ses yeux une détresse immense.
Un mort et deux âmes torturées.
À quel point le combat contre le monstre était inégal. Sa haine s’était renforcée et il avait juré d’être encore plus intraitable et vigilant.
Il ne la laisserait plus jamais l’endormir.
« Le seul moyen de tuer la Mort, c’est de rester en vie. Chaque jour qui passe, c’est une bataille gagnée. Elle, elle ne l’emportera qu’une seule fois. L’enjeu, c’est de la ridiculiser et de l’humilier le plus longtemps possible. »
Il s’était assis au bord du lit de Christian en psalmodiant ce sermon. Il serait un guerrier indestructible.
Il avait retenu ses larmes en les noyant sous les promesses.
L’attente de Roger. Combien de fois il l’a imaginée ?
Cette porte qui s’ouvre, l’ami qui vient s’asseoir et parler, cette vie reliée, connectée, la solitude repoussée, la détresse étouffée pendant une heure, les retrouvailles avec les mots adorés, les phrases qui grandissent, les idées qui bouleversent.
Roger l’avait sûrement attendu, tendu, crispé, angoissé, incapable d’appeler à l’aide. La Mort qui le frôle, murmure à son esprit appesanti qu’il est temps de lâcher prise, que ce calvaire est inutile, ce refus qui s’étiole, cette fissure qui grandit, les sanglots qui l’étouffent. La peur qui monte en lui comme une bête immonde. Elle ronge les murailles, use les résistances, s’infiltre, serpente. De son corps répugnant suintent des semences assassines, des jus gluants qui grignotent les ultimes barrières. Le désespoir qui gonfle, l’étouffe, l’air qui lui manque, les soubresauts de sa poitrine, la panique qui l’étreint, les soubresauts, ce cri impossible, quelques spasmes profonds comme des séismes moribonds et l’abandon.
L’abandon, comme une pierre qui coule et voit s'éloigner la lumière.
La Mort qui se couche sur lui avec un rictus immonde, un baiser fatal, l’ectoplasme glacé qui l’enlace, l’envahit, le pénètre par tous les pores, envahit ses cellules, les derniers frissons.
Une ultime colère envers l’ami qui l’a trahi, celui qui l’a abandonné, celui qui l’a oublié.
Mourir dans un sursaut de haine.
Cette épouvantable honte avec laquelle il a grandi. Comme un poison en lui."
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Le Kintsugi
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/02/2022
Qu’est-ce que le Kintsugi ?
Le Kintsugi est l’art japonais de réparer des pièces de poterie cassées avec de l’or. La traduction de kintsugi est «jointure en or» alors que kintsukuroi signifie «réparation en or». Cette technique de réparation japonaise permet de réparer et d’embellir des porcelaines ou céramiques brisées. L’idée est d’utiliser les défauts et les imperfections pour créer une œuvre d’art encore plus forte et plus belle. Chaque fissure est unique et au lieu de réparer un article comme neuf, la technique vieille de 400 ans met en évidence les « cicatrices » dans sa conception même.
La philosophie du Kintsugi
La philosophie du Kintsugi est de considérer la casse et la réparation comme faisant partie de l’histoire d’un objet, plutôt que comme quelque chose à masquer. Non seulement il n’y a aucune tentative de cacher les dégâts, mais la réparation avec l’or met littéralement en valeur les cicatrices pour les sublimer.
Le Kintsugi peut nous apprendre une leçon importante avec une métaphore. Parfois, en réparant des choses qui se sont cassées, nous créons en fait quelque chose de plus unique, beau et résistant. C’est une sorte d’expression physique de l’esprit de mushin. Mushin est souvent littéralement traduit par « sans esprit », mais porte des connotations d’exister pleinement dans le moment, de non-attachement, d’équanimité au milieu de conditions changeantes. Les vicissitudes de l’existence au fil du temps, dont tous les humains sont concernés, ne pourraient être plus claires que dans les cassures, les chocs et les éclatements auxquels la céramique est également soumise.
https://www.abacor.fr/kintsugi/
"Dans l'épreuve, ne cherche pas l'adversaire ; cherche l'enseignement."
Mikao Usui
Qui parmi nous, n'a pas été brisé ? Qui n'a pas connu d'épreuves redoutables ? Se réparer de façon à ce que la cassure en vienne à embellir l'individu, à ce qu'elle apporte une révélation, un éveil, voilà le chemin.
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Agnès Stevenin : Dans le silence de l'amour.
- Par Thierry LEDRU
- Le 17/02/2022
Je ne me permettrais pas de commenter. Juste que c'est magnifique.
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A CŒUR OUVERT : le cerveau du cœur
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/02/2022
Je me demande souvent à quel point nous pouvons nous octroyer une quelconque once de liberté étant donné que nous sommes engagés dans un processus si intense, si ancien, si prégnant, que toute lucidité peut en être exclue.
Nous affirmons notre personnalité à travers des fonctionnements qui relèvent de l'attachement. Et il s'agit bien du verbe "attacher".
Dès lors, il faut s'interroger sur ce que nous aimons, sur les supports multiples que nous nous efforçons de maintenir, de développer ou même de découvrir.
D'où viennent ces désirs ? D'où viennent les passions ? D'où viennent nos émois et nos volontés de les explorer ? Est-il possible finalement de remonter à la source de ce que nous aimons et bien plus important encore d'en comprendre la quintessence ? Y a-t-il eu, à un moment, un événement déclencheur ? Est-ce qu'il s'agit davantage de multiples expériences qui, une fois accumulées, sont devenues essentielles?
Est-ce qu'il y a eu tout au long du processus un état de clairvoyance, une lucidité qui permettrait d'affirmer que le choix s'est fait en pleine conscience ou bien au contraire s'agit-il d'une succession d'errances, de fourvoiements, d'illusions, de conditionnements, de réactions ?
Sommes-nous capables d'agir ou seulement de réagir ?
Existe-t-il un état intérieur qui puisse valider le statut d'individu conscient ?
Et si cela n'est pas possible, quel est le chemin que nous pouvons emprunter pour parvenir à nous extraire de ce sac émotionnel que nous transportons depuis le premier jour (et même avant) ? Car il s'agit bien des émotions et de leurs effets et rien d'autre. Nous sommes des individus extraordinairement pointus dans la réception des émotions. C'est dans leur gestion que le bât blesse.
Il faudrait donc que nous parvenions à ne plus aimer ce que nous aimons pour savoir si, réellement, cet amour a un sens et s'il est justifié qu'il soit maintenu. Apprendre à ne plus aimer pour aimer réellement, sortir du cadre aimant lorsqu'il n'est qu'un mirage et découvrir ce qui peut être aimé, sans aucun a priori, ce qui peut être aimé sans que rien ne soit dicté par l'histoire personnelle, sans que rien ne vienne canaliser l'énergie, sans que rien ne s'immisce dans l'émotion avant qu'elle ne jaillisse. Il faudrait aimer sur un coup de foudre, sans aucune donnée initiale, sans aucun apport antérieur, sans que l'histoire passée ne vienne influer sur l'instant.
Est-il envisageable d'aimer sans savoir pourquoi ? Et plus important encore de n'en pas chercher la raison ? N'est-ce pas une forme d'amour qui serait au-delà de l'amour connu ? Au-delà de tout ce qui a été expérimenté mais qui n'aurait aucune influence ?
Pour y parvenir, il faudrait apprendre à s'asseoir et à ne plus penser, à ne plus rien nommer, à ne plus reconnaître, apprendre à se taire, apprendre à contempler, explorer le vide émotionnel en soi, non pas un vide mort, non pas un néant abyssal mais un vide libérateur, un vide déraisonné, un vide déshumanisé.
"Déshumanisé". Le terme fait peur et renvoie à des individus sombres. C'est encore et toujours l'impact social, éducatif, historique. Je parle d'individus "déshumanisés" dans l'optique de l'accès à cette liberté intérieure qui projette l'individu bien au-delà du connu, bien au-delà de ce qu'il pense de lui-même, de ce qu'il sait, de toutes ses certitudes, de toutes ses convictions, de tout ce qu'il a assimilé et qui le remplit.
Il faudrait aimer dans un état d'éveil. Un éveil épuré.
« Tu sais Paul, le cœur est bien autre chose qu’une pompe. J’ai lu pas mal de choses sur le sujet. J’avais rencontré un scientifique dans un colloque que je suivais pour un article, des discussions passionnantes qui m’avaient donné envie d’en savoir davantage. Mais, tu as bien dû te documenter toi aussi.
-Absolument pas Diane, rien du tout, j’ai posé là-dessus une chape de béton. Je serais même incapable de t’expliquer clairement ce qui est arrivé à mon cœur et tout autant pour te dire comment celui-ci fonctionne exactement. J’ai vécu tout ça comme si je n’étais pas concerné et je ne comprends pas vraiment pourquoi. Et d’un point de vue technique, ça ne m’intéresse toujours pas. De toute façon, je ne maîtrise rien là-dedans, je suis complètement dépendant de cette technologie. Avant, j’en étais dépendant d’un point de vue professionnel, je vendais tout ce qui était le plus techniquement avancé avec la nécessité d’être le premier à le faire, je connaissais parfaitement les usages de tous les appareils, les extensions, les améliorations successives, je restais à la pointe de l’évolution. Maintenant, il s’agit de ma survie et je réalise que je ne connais pratiquement rien de cette technologie.
-Parce que ça serait une connaissance, Paul alors que tu vis désormais une quête de compréhension. Il ne te servirait à rien de t’encombrer.
-Oui, c’est sans doute l’explication. Qu’est-ce que tu voulais me dire à propos du cœur ?
-Et bien, il y a beaucoup à dire en fait. Et il est possible que ça puisse t’aider à comprendre ce trouble qui te poursuit.
-Je n’en souffre pas en tout cas. Aujourd’hui, c’est juste une impression étrange. Mais je t’écoute.
-Est-ce que tu sais que le cœur a des neurones ?
-Comme dans le cerveau ? Non, je l’ignorais.
-En fait, la plupart de nos organes en disposent. Des neuroscientifiques ont fait cette découverte. Le cœur a son propre système nerveux. Il possède au moins quarante mille neurones, autant que dans divers centres sous-corticaux du cerveau. Le cerveau du cœur et son système nerveux relaient de l’information au cerveau du crâne, créant un système de communication à double sens. Le dicton populaire qui parle de « l’intelligence du cœur » avait raison. En Occident, la science considérait que notre pensée résultait de la somme des interconnexions entre les neurones et les synapses baignant dans une centaine d’agents chimiques. Et puis, les dernières avancées de la neurobiologie ont découvert ce que la médecine chinoise traditionnelle enseignait depuis des millénaires.
-C'est-à-dire ?
-Pour eux, l’activité neuronale est répartie au sein de l’organisme. Le cœur en a une part importante. Chaque organe assume une facette de la vie intérieure. Et pas seulement physiologique. Selon eux, les poumons sont le siège de la vie végétative, le foie contrôle l’imagination et la créativité, la rate assimile les expériences et la connaissance, les reins génèrent l’esprit de décision et la volonté, les intestins séparent le pur de l’impur et le cœur entretient la conscience, l’énergie centrale qui gouverne les quatre autres, il est le nœud, c’est le Shen, le discernement dans les pensées, l’intelligence du cœur n’est pas qu’une expression populaire, c’est une réalité profonde. Mais si un de ces esprits viscéraux est déficient, il aura une influence néfaste sur le Shen. Tout est lié et interdépendant. Le cerveau apparaît comme un centre de tri, un récepteur qui coordonne, il gère les cinq sens mais reste sous l’emprise des esprits viscéraux. Il n’est pas ce super ordinateur que nous imaginons ici.
-Est-ce que ces interprétations ont une base scientifique ou sont-elles juste des traditions ?
-Je me méfie considérablement des preuves apportées par la science. C’est une entité subjective qui ne valide bien souvent que ce qui lui permet de renforcer le paradigme en cours et par conséquent les démonstrations antérieures. Une question d’argent dans le fond. Il vaut mieux pour les chercheurs travailler sur des projets qui seront subventionnés par les laboratoires. Mais tout le monde, heureusement, ne se soumet pas à ce genre de pressions.
-Tu veux dire que de m’avoir enlevé mon cœur et en plus de m’avoir équipé d’un cœur artificiel pourrait expliquer ce changement radical dans ma vie ? Non pas simplement parce que j’ai eu un infarctus mais parce que je vis sans ces neurones du cœur ?
-Je ne sais pas mais c’est une piste.
-Tu disais que pour les Chinois, le cœur est le siège de la conscience ?
-Oui, c’est ça. Et c’est logique d’un point de vue symbolique. Il est le souffle vital.
-Mais alors, pourquoi est-ce que je suis bien plus conscient aujourd’hui que dans toute ma vie ? Pourquoi est-ce que j’ai réalisé avec une violence infinie que tout ce qui me portait en avant était dérisoire ? Puisque je n’ai plus de cœur, je devrais être privé de cette lucidité. »
Elle s’arrêta et le fixa. Comme figé intérieurement.
« Qu’est-ce qu’il y a Diane ?
-Une idée soudaine.
-C’est quoi ?
-Attends, c’est tout mélangé. »
Il se tut et attendit. Les yeux rivés sur son visage.
« Est-ce que ça voudrait dire que cette conscience originelle est détournée au fil du temps ? À travers l’éducation, l’environnement familial, scolaire, sociétal, professionnel et que les neurones du cœur finissent par absorber des données qui les pervertissent ? Et que, désormais, étant donné que tu en as été nettoyé, cette conscience originelle ressurgit ? »
Elle s’arrêta.
« Ton cerveau ayant géré tout ça pendant cinquante ans a gardé en mémoire l’ensemble des données. Par contre, ces données ne sont plus alimentées par ton cœur. Alors, elles s’effacent ou elles perdent de leur importance. Tu vois ?
-Le cœur influencerait le cerveau ? La façon dont on vit, tout ce que le cœur perçoit, toutes les expériences contribueraient donc à donner au cerveau les éléments favorables à la constitution de l’ego ? C’est ça ? Le cerveau reçoit, trie, dissèque, interprète, il se fait son film. Les émotions qu’il disperse dans le corps sont réalimentées par les organes et selon la puissance des réactions, ces émotions deviennent des empreintes indélébiles, c’est ça ?
-Et selon l’interprétation et la résonnance, le cerveau du crâne va conduire l’individu à vivre de nouvelles expériences similaires, des nourritures identiques ou en tout cas destinées à développer cet individu. Mais au départ, le cœur a une importance considérable, primordiale. La petite enfance nourrirait le cœur et formerait le cerveau. Regarde juste l’exemple de la fête de Noël. Les parents achètent des cadeaux aux enfants, ils s’en servent et finissent par les délaisser et ils se mettent à espérer les cadeaux à venir. Le conditionnement matériel se met en place. Il s’agit de posséder. Cette fête pourrait être l’occasion de proposer aux enfants des expériences de vie, un voyage ou même une sortie en forêt, aller construire une cabane et y passer la nuit ou projeter de le faire, n’importe quoi d’autre mais dans la dimension existentielle, celle des choses vécues et non celle des choses reçues. Bien sûr que les enfants sont heureux de recevoir les cadeaux qu’ils ont attendus et tout le mal vient de là. Leur cœur est touché et la mémoire activée. Avoir devient la source de leur être.
-Et donc, j’ai perdu tout ça. Ou en tout cas, ça n’est plus alimenté et c’est pour ça que je me suis retrouvé aussi paumé.
-Pas paumé mais en décalage. Tu t’es peut-être plutôt retrouvé. C'est-à-dire l’individu originel que la vie avait l’intention de promouvoir.
-Ça nous amène très loin tout ça.
-Effectivement. C’est même assez effrayant.
-Mais est-ce que tu sais comment vivent les gens qui ont reçu un greffon humain ? Est-ce qu’ils sont déstabilisés comme je le suis ?
-Je ne sais pas Paul. On peut imaginer qu’un greffé bénéficie toujours des données enregistrées par son donneur et qu’elles correspondent suffisamment à son style de vie. Des individus ayant une vie radicalement différente, je ne pense pas que dans le monde occidental, ça soit très fréquent. On peut donc considérer que les greffés ne seront pas aussi désemparés que toi. Dans ton cas, il n’y a plus rien. Plus de neurones, plus de flux électrique naturel.
-Et pourtant, c’est une histoire qui me tient à cœur ! ajouta-t-il en souriant.
-Le cœur a ses raisons que le cerveau ignore! répliqua-t-elle. Et le tien aussi, peut-être.
Il aimait son sourire. Elle le regardait profondément.
Un crépitement dans sa poitrine, l’idée que l’emballement de l’organe n’avait aucun sens, que ça ne pouvait pas être généré par cette machine en lui, que le cerveau en était le décideur, que l’intelligence de ce cœur était une illusion. Comment son cœur pourrait-il s’emballer de lui-même ? C’était inconcevable.
« Qu’est-ce qui se passe Paul ? » demanda-t-elle, soucieuse.
Il hésita quelques secondes.
« Une émotion très forte, Diane, un bonheur que je n’imaginais plus pouvoir vivre. Et mon cœur qui s’emballe. »
Elle s’approcha. L’horizon disparut derrière les contours de son visage. Il posa ses mains sur ses joues, il la regarda intensément, le besoin de lire son accord, elle souriait.
Ils s’embrassèrent. »
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Cet amour en toi
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/02/2022
Cet Amour en toi
il consume les peaux mortes
son rayonnement te parfume
sens les particules qu'il t'apporte
saisis tout ce qu'il te donne
oublie ce que tu hais
découvre ce que tu es
cet Amour en toi
crie-le, écris-le
et crois-le, il ne te trompe pas
pleure, tremble, frissonne
cours, marche, danse
puise dans les gouffres lumineux
jouis, aime, ris, laisse le t'éblouir
les forces consumées sont des Soleils en croissance
un jour, tu comprendras la Présence.
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The shift project
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/02/2022
Jean Marc Jancovici est pour moi une référence incontournable. Clair, objectif, lucide, capable de se projeter de façon réaliste, en évitant le catastrophisme qui n'a pour seul effet que de couper toutes initiatives. Jancovici est une pointure qui n'a pas attendu les problèmes actuels pour se faire connaître, en surfant sur une vague médiatique. Il est là depuis bien longtemps et c'est justement cette ancienneté qui lui donne tout son crédit. S'il y a bien un projet qui mérite d'être suivi de près, à mon avis, c'est bien celui-là.
PLAN DE TRANSFORMATION DE L’ÉCONOMIE FRANÇAISE (PTEF): PUBLICATION DU LIVRE ET
SORTIE DU SITE WEB !
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Toute l’équipe du Shift Project est fière et heureuse de vous annoncer la publication de son nouveau livre aux éditions Odile Jacob, fruit de deux ans de travaux : « Climat, crises : le Plan de transformation de l’économie française (PTEF) » !
A cette occasion, nous sommes ravis de mettre à votre disposition des contenus inédits et exclusifs à retrouver sur le tout nouveau site web entièrement dédié au PTEF : rendez-vous sur ilnousfautunplan.fr.
Nous présenterons le livre et nos propositions lors d’un Live spécial le 7 février à 18h sur Zoom, en présence notamment de Laurent Berger (CFDT), Patrick Martin (MEDEF), Estelle Brachlianoff (Veolia), Eva Sadoun (Mouvement Impact France), Jean-Marc Jancovici et de toute l’équipe du Shift Project. Programme et inscriptions ici.
« La question que nous nous sommes posée peut se résumer ainsi : que faut-il faire pour mettre l’économie française en cohérence avec une baisse des émissions planétaires de 5% par an, compatible avec nos engagements climatiques, tout en permettant à chacun(e) de trouver un emploi ? » Jean-Marc Jancovici, Président du Shift Project
Lancé en mars 2020 par le Shift Project, le PTEF ou Plan de transformation de l’économie française est un vaste programme opérationnel pour nous emmener vers la neutralité carbone, secteur par secteur. Né dans le sillage de la crise sanitaire, ce plan vise à proposer des solutions pragmatiques pour transformer l’économie, en la rendant moins carbonée, plus résiliente et créatrice d’emplois. Notre objectif est de convaincre un maximum de décideurs politiques et économiques de planifier la transition, avec des propositions concrètes et chiffrées.
« C’est ce plan de marche visant la décarbonation effective de nos activités que nous avons essayé de construire. Derrière les chapitres qui suivent, il y a l’apport de dizaines de collaborateurs, de centaines de contributeurs et de milliers de relecteurs. Si ce plan parvient à faire un tant soit peu la différence dans les débats à venir, nous n’aurons pas perdu notre temps. »
Disponible en librairie dès aujourd’hui, aux Editions Odile Jacob.
UN TOUT NOUVEAU SITE WEB POUR METTRE NOS PROPOSITIONS À L’HONNEUR !
Pour suivre toutes les actualités sur le Plan de transformation de l’économie française, rendez-vous sur le site dédié ilnousfautunplan.fr. Vous pourrez y retrouver :
Nos propositions détaillées secteur par secteur ;
Des infographies résumant ces propositions (état des lieux du secteur, leviers de décarbonation et perspectives à horizon 2050) ;
Des vidéos exclusives de nos chefs de projets
Des contenus dédiés à la mise en récit du Plan de transformation de l’économie française
UN LIVE SPÉCIAL POUR PRÉSENTER LE LIVRE ET NOS PROPOSITIONS
Nous organisons le 7 février prochain de 18h à 21h une grande présentation publique en ligne, en présence d’invités politiques et économiques de premier plan (Laurent Berger, Estelle Brachlianoff…), de Jean-Marc Jancovici et de toute l’équipe du Shift Project : les inscriptions sont ouvertes ! Pour retrouver le programme complet et toutes les informations sur cet événement, rendez-vous sur la page dédiée.
Retrouvez-nous le 7 février prochain sur Zoom et en direct sur notre page Facebook.Une interview à écouter pour se faire une idée.