Blog

  • "Connarovirus..." Irène Grosjean

    "Le microbe n'est rien ; c'est le terrain qui est tout." Pasteur

    Cet homme-là n'imaginait sûrement pas en créant le vaccin où on en serait aujourd'hui. Je sais très bien que des millions de personnes ont été sauvées par les différents vaccins et je connais les dégâts causés par exemple par la polio. Loin de moi l'idée de contester l'idée même du vaccin de façon catégorique. La problématique est bien plus compliquée que ça. Mais c'est un autre débat. Que les humains entretiennent le "terrain", ça serait déjà immense...

     

  • Coronavirus pour rire.

    Je l'aime bien ce texte-là. :) 

     

    "⚠ Le Coronavirus est-il dangereux ?
    Pour les gens jeunes et en bonne santé, en gros, ça va être une sorte de grosse grippe. C'est jamais agréable mais, normalement, vous allez survivre.
    Pour les vieux, les gens avec des maladies chroniques ou fragiles, oui, cela peut-être dangereux. Mais ça, c'est logique.
    Si tu roules une pelle en étant malade à ton cousin qui a la mucoviscidose, déjà, c'est que t'as pas bien compris le principe de la mucoviscidose (et aussi de la consanguinité, mais c'est une autre histoire)

  • Coronavirus : juste une alerte de plus.

    De nombreux scientifiques alertent depuis des décennies sur les risques du réchauffement climatique sur les terres polaires couvertes par le permafrost. Et le coronavirus et autres syndrômes respiratoires, c'est dérisoire comparé aux virus contenus dans le sol depuis des millénaires : 

    https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/la-fonte-du-permafrost-une-menace-climatique-et-sanitaire_130005

    La fonte du permafrost, une menace climatique et sanitaire

     

    Par Sciences et Avenir avec AFP le 05.12.2018 à 15h45

    Le réchauffement climatique est à l'origine de la fonte du permafrost qui recouvre 25% des terres émergées. Les sols gelés menacent, en fondant, de libérer des virus oubliés et des milliards de tonnes de gaz à effet de serre (GES) qu'ils emprisonnent depuis des millénaires, au risque notamment d'accélérer le réchauffement climatique.

    Permafrost

    Le permafrost recouvre 25% des terres émergées de l'hémisphère nord, notamment en Russie, au Canada et en Alaska.

    AFP/ARCHIVES - MLADEN ANTONOV

    Pergélisol en français, permafrost en anglais, ces sols gelés toute l'année recouvrent 25% des terres émergées de l'hémisphère nord, notamment en Russie, au Canada et en Alaska. Ils peuvent être composés de micro-lentilles de glace ou de grosses masses de glace pure, sur une épaisseur de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres. Ils renferment quelque 1.700 milliards de tonnes de carbone, soit environ le double du dioxyde de carbone (CO2) déjà présent dans l'atmosphère. Avec la hausse des températures, le permafrost se réchauffe et commence à fondre, libérant progressivement les gaz qu'elle neutralisait jusque-là. Et le phénomène devrait s'accélérer, selon les scientifiques.

    Vers une accélération du réchauffement climatique

    La fonte du permafrost hypothèque déjà l'objectif, énoncé par l'accord de Paris, de contenir le réchauffement climatique à moins de +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle, selon une étude scientifique publiée en septembre 2018 dans Nature Geoscience. Ses auteurs décrivent un cercle vicieux : les gaz émis par le permafrost accélèrent le réchauffement, qui accélère la fonte du permafrost. D'ici à 2100, ce dernier pourrait, selon le scénario le moins noir, diminuer de 30% et libérer jusqu'à 160 milliards de tonnes de GES, alertait en 2015 la chercheuse Susan Natali, du Woods Hole Research Center.

    Des virus oubliés pourraient être libérés

    Outre ses effets climatiques, la fonte du permafrost, qui abrite des bactéries et virus parfois oubliés, représente aussi une menace sanitaire. Pendant l'été 2016, un enfant est mort en Sibérie de la maladie du charbon (anthrax), pourtant disparue depuis 75 ans dans cette région. Pour les scientifiques, l'origine remontait très probablement au dégel d'un cadavre de renne mort de l'anthrax il y a plusieurs dizaines d'années. Libérée, la bactérie mortelle, qui se conserve dans le permafrost pendant plus d'un siècle, a réinfecté des troupeaux. Et la menace ne se limite pas à l'anthrax. Des chercheurs ont découvert ces dernières années deux types de virus géants, dont l'un vieux de 30.000 ans, conservés dans le permafrost. Dans ces régions arctiques, que la fonte du permafrost a rendues plus accessibles pour l'industrie minière et pétrolière, les scientifiques préviennent que certains de ces virus pourraient se réveiller un jour si les hommes remuent trop en profondeur les sous-sols.

    Les dégâts matériels vont s'accumuler

    Enfin, la fonte du permafrost cause également de coûteux dégâts matériels : bâtiments écroulés, glissements de terrain, routes et tarmacs instables. Selon un rapport de Greenpeace publié en 2009, les compagnies russes dépensaient à l'époque jusqu'à 1,3 milliard d'euros par an pour réparer les pipelines, immeubles et ponts déformés par les effets du réchauffement et de la fonte des terres gelées.

  • "Les émotions de la Terre" de Glenn Albrecht

     

    Philosophe australien de l’environnement, Glenn Albrecht, à l’origine du concept de « solastalgie », nous invite à exprimer nos émotions vis-à-vis de la Terre pour mieux affronter le désastre écologique en cours. Nous l’avons rencontré à Paris.

    https://usbeketrica.com/article/ne-nous-laissons-pas-envahir-par-l-anxiete-face-a-la-crise-climatique?fbclid=IwAR3zbf-FedJMBwJDzYpyLvSxRvgLWSuFb11I4G5WHu9o05bUQWEIqTSZ4sg

    Dans les années 2000, Glenn Albrecht ressent un choc émotionnel face au spectacle désolant qu’offre la Hunter Valley, une région au nord de Sydney soumise à l’exploitation minière, à la dynamite et aux pelleteuses. « Un bouleversement psychique personnel » auquel s’ajoutent les témoignages des habitants qui partagent avec lui ce sentiment de détresse face à un paysage familier qui, soudain, ne l’est plus. Le philosophe australien forge en 2003 le terme de « solastalgie », à partir du mot anglais solace (réconfort) et du suffixe grec algia (douleur). La solastalgie est décrite comme le « sentiment de désolation causé par la dévastation de son habitat et de son territoire. » Mais aussi comme « le mal du pays que vous éprouvez alors que vous êtes toujours chez vous. »

    17 ans plus tard, à l’heure de l’urgence climatique, alors que des méga-feux ont ravagé l’Amazonie puis l’Australie, la solastalgie, reconnue dans le milieu acédémique, a fait du chemin. Le philosophe australien est de moins en moins seul à s'intéresser aux impacts psychologiques de la dégradation continue de l’environnement, et les témoignages d’« éco-anxieux » ont fait leur apparition dans les journaux. Mais Glenn Albrecht, 65 ans, a eu le temps d’approfondir son terrain de recherche. Il en propose une synthèse dans Les émotions de la Terre. Des nouveaux mots pour un nouveau monde, dont la traduction vient de paraître aux éditions Les Liens qui libèrent.

    Au premier chapitre, il raconte son enfance passée dans le bush australien en compagnie des serpents venimeux - une enfance « peu habituelle, même pour les Australiens », reconnaît-il joyeusement quand nous évoquons, avant d'entamer l'interview, ce lien à la vie sauvage peu commun. Mais il déploie surtout, au long de l’ouvrage, la défense d'une nouvelle relation au vivant. Naviguons donc de la colonisation britannique de 1788 à aujourd'hui, de l'Anthropocène au Symbiocène, en s'autorisant quelques détours par Avatar ou l' « eutierrie » ressentie face à Gaïa.

    Usbek & Rica : Au coeur de votre travail, il y a la conviction que le langage est crucial pour mieux comprendre et affronter la crise climatique. Pourquoi ?

    Glenn Albrecht : D’abord parce que les mots dont nous disposons ne suffisent plus. Rendez-vous compte : nos langues ont été développées à une époque où nous vivions dans de petites villes médiévales, alors que plus de la moitié de l’humanité vit aujourd’hui dans d’énormes mégalopoles… Nous n’avons pas le langage adapté pour parler du réchauffement climatique à l’échelle mondiale, de l’extinction des espèces, de pollution, etc.

    « Si même les Inuits, qui ont 30 mots pour parler de la neige, n’en ont pas pour parler des bouleversements en cours, il y a un manque à combler »

    Les Inuits ont utilisé un mot de leur culture, « uggianaqtuq », qui désigne « un ami qui agit bizarrement », pour l’appliquer au climat. Si même les Inuits, qui ont 30 mots différents pour parler de la neige, n’ont pas de mots pour décrire les bouleversements en cours, il y a a priori, pour nous tous, un manque à combler. 

    La deuxième raison, c’est que les mots que nous avons utilisés pour essayer de changer les choses - comme « durable », un mot que j'ai longtemps été fier d'employer à l'université, ou « résilient » - ont été récupérés par les forces qui veulent que le monde reste exactement comme il est… Ils ont été pervertis. On parle d’ailleurs de « résilience perverse » pour qualifier la résilience de ceux qui veulent surtout ne rien changer à tout ce qui est nuisible pour l’environnement.

    Je pense donc qu’il nous faut de nouveaux mots. Et ceux-ci doivent déranger, perturber, de la même façon que les manifestations de rue perturbent l’ordre établi. Ils doivent nous permettre d’avoir une pensée critique sur la situation actuelle. Certains mettent les mains dans des arm-locks pour bloquer des ponts, ou font des sittings devant le Parlement. Moi, je perturbe avec des mots.

    Les mots que vous proposez ne se limitent pas aux conséquences négatives du réchauffement. Vous qualifiez aussi les émotions positives que nous ressentons au contact de notre environnement.

    Ces mots positifs sont là pour nous aider à empêcher l’extinction d'émotions que nous n’avons jamais pris la peine de nommer. Tout simplement parce qu’elles étaient simples, accessibles à tous. Le concept d’Eutierrie ( « sentiment positif et réconfortant d’unité avec la Terre et avec ses forces vives, où les limites entre le soi et le reste de la nature sont effacées, et où un profond sentiment de paix et de connexion envahit la conscience », ndlr), par exemple, correspond à ce que ressentent les religieux lors d’un moment extatique, ou les surfeurs quand ils prennent la vague parfaite, mais à ce que chacun d’entre nous peut ressentir au contact de son environnement. Mais de plus en plus difficilement : on peut de moins en moins faire abstraction du son de l’hélicoptère ou des plastiques sur la plage. Même au sommet de l’Everest, vous verrez des tonnes de déchets... Je parle d'« extinction de l’immersion ». En créant ces mots, en les utilisant, en les partageant, j’aspire à ce que l’on devienne de plus en plus conscients des problèmes en cours. 

    Glenn Albrecht, ©Réda Settar 

    Vous espérez empêcher la disparition de ces émotions-là, ou bien faut-il accepter qu’une partie d’entre elles disparaisse malgré tout ?

    Je n’accepte aucune disparition de quoi que ce soit. Je crois fermement que nous devons résister à tous les niveaux, y compris celui du langage, et combattre l’extinction de ces émotions-là. Elles font partie de ce qui fait de nous des humains. Sans elles, nous perdons une partie de notre humanité, et notre connexion aux autres formes du vivant. Donc toute mon énergie est dirigée vers l’éducation et la sensibilisation à travers ces mots, qu’ils viennent d’autres chercheurs ou que je les ai créés moi-même.

    « Les humains ont jusqu’à présent bâti leur succès, en tant qu’espèce, sur les émotions terranaissantes (l’amour, l’empathie, etc.) », écrivez-vous, lesquelles « ont prévalu sur les émotions destructrices, sinon les humains se seraient eux-mêmes rayés de la surface de la Terre depuis longtemps ». À votre sens, cette prévalence ne peut que se poursuivre.

    Parce que nous n’avons pas le choix ! Vous serez d’accord avec moi, la vie est préférable à la mort, il y a une sorte de binarité que même un enfant de maternelle peut comprendre. Mais c’est aussi que nous n’avons d’émotions négatives que parce que nous avons en nous l’opposé : vous ne pouvez ressentir de la solastalgie que parce que vous éprouvez de l’attachement et de l’amour pour un endroit, un paysage. Toutes les émotions négatives, la solastalgie, l’anxiété, la crainte, tous ces sentiments apocalyptiques sont légitimes. Mais si on les laisse nous submerger, nous serons paralysés, et nous ne ferons rien, ce qui n’est pas acceptable.

    « Notre culture n’a même pas 300 ans ! Et nous sommes déjà en train de provoquer des changements qui pourraient mener à notre propre destruction ?! »

    L’Australie est peuplée depuis 80 000 à 120 000 ans par des populations indigènes. La colonisation britannique n’a commencé qu’en 1788. Vous comparez d’ailleurs cette colonisation à l’Anthropocène, « arrivé comme une force colonisatrice refoulant toutes les expressions de cultures antérieures. » Que peuvent-nous apprendre aujourd’hui les Aborigènes, que vous avez beaucoup étudiés, et qui ne représentent aujourd'hui plus que 3% de la population du pays ?

    Nous avons tendance à considérer la planète comme un dépotoir, sans penser à l’impact de la pollution sur nos vies, notre santé, sur les autres. Une culture qui peut traverser des centaines de millénaires a clairement quelque chose à nous dire. Notre culture n’a même pas 300 ans ! Et nous sommes déjà en train de provoquer des changements qui pourraient mener à notre propre destruction ?!

    Je dirais que les Aborigènes ont deux choses cruciales à nous apprendre. D’abord leur relation à la nature, dans laquelle ils ne font pas de distinction entre l’humain et le non-humain, qui sont interconnectés. L’éthique environnementale fait partie de leur culture. Ils ont - par exemple - des animaux totems : il est de ton devoir de protéger ton totem : tu ne le manges pas, tu ne l’exploites pas, tu veilles sur l’endroit où il vient se reproduire, et tu n’exploites pas l’eau, la nourriture des espaces qui pourraient provoquer l’extinction des espèces qui y vivent.

    Et puis les Aborigènes ont également réussi à vivre des centaines de milliers d’années dans un immense pays sans se battre en permanence. Leur modèle, que j’admire énormément, est celui d’un lien très fort de chacun à sa région. Vous apprenez tout sur votre région, sa géographie, sa faune, sa mythologie, et vous vous identifiez au paysage, et parce que vous grandissez avec ce fort sentiment d’appartenance, d'identité, cela n’a pas de sens pour vous d’aller prendre la place de quelqu’un d’autre. Si bien que chaque peuple protégeant sa région, le territoire entier devient protégé. En Australie, si vous allumez un feu chez vous sans respecter vos voisins, vous risquez de brûler leur maison… Donc il faut communiquer, échanger, et il y a un sens de la justice qui est dans leur culture.

    « Les Aborigènes sont toujours là, ils résistent, pendant que nous paniquons à cause d’un virus »

    Ce que j’ai appris des cultures traditionnelles, et pas seulement des Aborigènes, c’est que si vous ne voulez pas que votre culture soit éphémère, il faut respecter cet amour pour le paysage. L’amour n’est pas qu’une affaire d’humains. Cette intense identification à un lieu est parfois vue comme négative, comme si c’était synonyme de nationalisme ou de xénophobie. Je ne pense pas que le peuple aborigène était xénophobe. Ils ont d’ailleurs accueilli les Européens. Sauf que les Européens ont érigé des barrières, abattu les arbres, tué les animaux, empoisonné l’eau et tué les Aborigènes ! Ils ont vécu une première colonisation, et en vivent aujourd’hui une seconde, sous une autre forme, avec le problème du réchauffement climatique. Mais ils sont toujours là, pendant que nous paniquons à cause d’un virus. Ce peuple a connu bien pire. Ils résistent. Ils préservent leur culture. Ils continuent de respecter et d’aimer le pays, et ils essaient d’inviter le reste de l’Australie à faire de même. Mais nous ne sommes pas encore prêts.

    Quel impact ont eu les mégafeux sur la population australienne, et comment envisagez-vous les années à venir d’un point de vue politique, puisque le climato-scepticisme du Premier ministre Scott Morrison ne semble plus toléré par la population 

    Les feux ont réveillé le gouvernement - même s’ils ont pu créer l’inverse chez certains,  en les menant vers des formes encore plus extrêmes de déni. Pour beaucoup d’Australiens, les feux ont été un choc psychologique très fort. Les politiques sont désormais complètement déconnectés de la population, c’est de plus en plus évident.

    « Les politiques australiens ne sont pas idiots, ils sont corrompus »

    Je pense que le reste du monde regarde l’Australie en se disant « Comment diable un pays peut-il être gouverné par de tels idiots ? ». Mais à mon sens, ils ne sont pas idiots. Ils sont corrompus. Des partis, des think-tanks, sont financés par les industries du pétrole, du charbon et du gaz. Les allers-retours entre les cadres de ces industries et le monde politique sont permanents. Tous sont pro-pétrole, pro-charbon, pro-gaz, car leur futur et leur fortune en dépendent. Peu importe, alors, les preuves qui leur seront présentées.

    Mais les Australiens se réveillent. Et je pense qu’il y aura une période de conflit. La droite et la gauche sont d’ailleurs aussi coupables l’une que l’autre : la gauche essaie de protéger les emplois dans l’industrie, et la droite de faire du profit grâce à ces réserves abondantes. En tout cas, les structures politiques traditionnelles représentant la droite et la gauche ne sont plus capables de régler ces problèmes. C’est probablement le cas pour tous les pays, au-delà du cas de l’Australie.

    « Nous devons étendre la démocratie pour qu’elle soit adaptée au vivre ensemble avec d’autres formes du vivant »

    La prochaine ère politique devra embrasser ce que j’appelle le Symbiocène, une nouvelle ère dans laquelle nous nous écarterons de l’Anthropocène et des politiques d’exploitation et d’écocide. C’est l’idée de « symbiocratie », qui vise à étendre la démocratie pour inclure les non-humains : ce n’est pas mon idée, mais je l’ai simplement nommée pour secouer les gens et souligner le fait qu’il va falloir gouverner davantage que demos, le peuple. Nous devons étendre la démocratie pour qu’elle soit adaptée au vivre ensemble avec d’autres formes du vivant. C’est l’une des transformations les plus importantes qui doit se jouer dans la sphère politique. Est-ce que cela viendra des Verts ? D’un nouveau parti ? Avons-nous d’ailleurs besoin de partis pour cela ? Ou d’un engagement démocratique très intense au niveau local ? Quoi qu’il arrive, cela ne peut pas continuer comme avant. Le vote des Australiens ne vaut rien : quel que soit notre vote, nous obtenons le même résultat, plus d’exploitation, plus de pollution, et la plus grande contribution par tête d’émissions de gaz à effet de serre. En tant qu’Australien, cela me fait honte, et cela doit changer.

    Forêt dans la ville de Mallacoota, en Australie, le 2 janvier. Crédits : Ninian Reid, Flickr (CC BY 2.0).

    « Solastalgie » est un terme que vous avez imaginé pour tous ceux qui, face à une nature dégradée, un paysage détruit, éprouvent « le mal du pays tout en étant chez eux ». Le problème n’est-il pas qu’une majorité d’entre nous, surtout les habitants des villes coupés de toute vie sauvage, ne voit pas la nature disparaître, ou ne perçoit pas quotidiennement l’impact du réchauffement climatique ? Certains parlent d’« amnésie environnementale »...

    Si, en effet. Nous le savons grâce au travail de personnes comme Richard Louv, qui a écrit sur le « trouble du déficit de nature » chez les enfants, dans un livre lu par des centaines de milliers de personnes à travers le monde (Last Child in the Woods: Saving Our Children From Nature-Deficit Disorder, paru en 2008, ndlr). Dans les villes, nos enfants sont de moins en moins en contact avec la nature sauvage. En Australie, il fait si chaud qu’il est difficile de rester dehors et les enfants passent leur temps dans des écoles, des voitures, des centres commerciaux à air conditionné. Donc oui, comment une telle culture pourrait-elle être sensible à la destruction de son paysage et aux dérèglements du climat ?

    Eh bien, les feux ont changé cela. Ils ont touché près de deux tiers de la population, directement pour ceux ayant perdu leur terrain ou leur bétail, ou indirectement. Malheureusement, c’est la Terre qui nous réveille. Gaïa - si nous lui conférons une forme de « volonté », ce à quoi je ne souscris pas, mais c’est un moyen poétique d’expliquer la situation - nous dit que nous avons été trop loin.

    Avatar ©Sam Worthington, Copyright Twentieth Century Fox France 

    Par ailleurs, nous avons aujourd’hui des moyens fantastiques pour permettre aux gens de mieux comprendre l’interconnexion des êtres vivants, de prendre conscience des problèmes en cours. Prenons l’exemple d’Avatar : ce film a touché des millions de personnes, et même si je ne cautionne pas ses aspects hollywoodiens, il m’a prouvé que les gens pouvaient avoir d’intenses expériences émotionnelles de façon virtuelle, y compris en ressentant de la solastalgie à l’endroit d’une planète fictionnelle et de personnages de fiction.

    « Nous avons aujourd’hui, très nettement, un déficit de biophilie »

    Et cela ne marche pas que pour les enfants : à la fin du film, de nombreux adultes voulaient revenir à Pandora… Je parle dans le livre du terme « biophilie », proposé par le biologiste Edward O. Wilson comme étant une tendance innée à se concentrer sur la vie et les processus biologiques, et plus tard par le psychanalyste Erich Fromm comme étant indispensable à la socialisation des humains. Nous avons aujourd’hui, très nettement, un déficit de biophilie. Il faut donc être créatifs dans la façon dont nous voulons le surmonter. Or, pour chacune des émotions qui peut être ressentie dans une forêt, il y en existe une qui est virtuelle. Il y a la solastalgie, et la solastalgie virtuelle !

    Que conseillez-vous à ceux qui en revanche ressentent bel et bien, aujourd’hui, de la solastalgie, ou toute forme de détresse liée à l’urgence climatique ?

    Dès le premier article que j’ai écrit sur la solastalgie, j’ai expliqué que c’était un état réversible. Mais il y a eu un malentendu, et certains ont cru que je définissais une maladie mentale médicalement définie et une lésion du cerveau. Or il s’est toujours agi d’un état existentiel, émotionnel. Et la solution à la solastalgie, c’est de s’attaquer au problème. C’est un concept intrinsèquement politique. Une politique de protestation envers ce qui vous provoque cette détresse, cette douleur, ce sentiment de mélancolie. Et si vous le souhaitez, vous pouvez réparer, redonner vie à un paysage abîmé, vous pouvez aller planter des arbres pour alléger votre souffrance psychologique, vous pouvez vous associer à d’autres pour réaliser que vous n’êtes pas le seul à ressentir ça, que ce n’est ni votre faute ni une faiblesse de votre part. La solastalgie est une réponse rationnelle à une situation irrationnelle qui vous a été imposée.

    « J'offre le Symbiocène comme un horizon, un futur alternatif qui signera la défaite de l’Anthropocène »

    C’est à cette situation qu’il faut s’attaquer, que ce soit comme ce que fait Extinction Rebellion en luttant contre les énergies fossiles, ou comme ce que fait Greta Thunberg en utilisant la grève de l’école pour expliquer aux plus jeunes qu’il n’y aura pas de futur si on ne s’attaque pas au climat. Je parle de « génération Symbiocène » pour qualifier cette génération dont la protestation me semble totalement appropriée. C’est la bonne façon d’agir. C’est non-violent. C’est éducatif.

    Je crois que je ne fais qu’ajouter une couche à cela en offrant le Symbiocène comme un horizon, un futur alternatif qui signera la défaite de l’Anthropocène. Nous pouvons imaginer un bien meilleur futur, qui soit une source d’espoir et de créativité. Il s’agit en réalité de solliciter l’intelligence humaine. Nous sommes censés être Homo Sapiens. Mais depuis quelques centaines d’années nous avons agi de façon vraiment stupide en polluant, en empoisonnant notre propre environnement, en empoisonnant nos enfants… Tout ça en exploitant et en brûlant des choses… La technique la plus simple qui soit ! Il est temps que notre intelligence nous mène dans une autre direction.

    Mais pour vivre dans un monde qui sera malgré tout totalement différent, car il va être difficile de remplacer le pétrole par d’autres énergies renouvelables, surtout dans des délais raisonnables…

    Je ne suis pas d’accord, je pense que nous le pourrons. Je ne vois pas pourquoi dans quelques décennies, très rapidement, nous ne pourrions pas remplacer toute l’énergie venant du pétrole par des énergies renouvelables. Je pense qu’il faut accélérer l’économie du Symbiocène et ralentir l’économie de l’Anthropocène. Je veux que notre énergie intellectuelle dédiée à la technologie aille furieusement plus vite, que l’on innove et investisse de telle façon que chaque élément de l’anthropocène qui soit toxique, non-biodégradable, non-renouvelable, ait une alternative. Nous commençons à le faire. Nous commençons à éliminer les plastiques à usage unique, nous utilisons de la cellulose pour construire des briques, des champignons pour produire des habits et des micro-organismes pour produire de l’électricité. Il est assez simple d’imaginer ce futur, même à partir des innovations actuelles. Et vous pouvez imaginer combien celles-ci pourraient aller vite si on arrêtait de subventionner les énergies fossiles, si nos universités les soutenaient, alors que nos investissements actuels sont écocidaires.

    Je ne dis pas que ça va être facile, mais c’est conceptuellement possible. C’est thermodynamiquement bon. C’est fondé sur les relations symbiotiques et la façon dont la vie fonctionne. Donc je pense être sur la bonne voie. Les autres sont sur la mauvaise !

    « Ne soyons pas catastrophistes, ne nous laissons pas envahir par la paralysie et l’anxiété »

    Adopter le Symbiocène comme horizon, ce n’est donc pas imaginer un futur dans lequel on consommera moins et on se déplacera moins, en avion ou même en voiture, ce qui métamorphoserait nos façons de vivre ?

    L’avion électrique existe déjà. Si nous le chargeons avec des énergies renouvelables, nous volerons « gratuitement ». Aujourd’hui, nous extrayons d'immenses quantités de pétrole, nous poussons 400 personnes dans un avion, et nous appelons ça l’économie. Eh bien, c’est stupide ! Ne soyons pas catastrophistes. Ne nous laissons pas envahir par la paralysie et l’anxiété. Cela nous empêcherait de travailler à ce futur. Cela va prendre toute notre énergie, aucun d’entre nous ne doit rester inactif, il y a tant à faire... C’est à cela que nos enfants devraient être éduqués, dès aujourd’hui. Les enfants du Symbiocène sont les plus importants, dans cette histoire. Or on continue de les éduquer dans la perspective d’un effondrement de l’Anthropocène, sans emplois.

    Des centaines d’écrivains et penseurs disent que tout est perdu (ou en tout cas qu'il faut préparer l'après, à l'instar de Pablo Servigne, cité en quatrième de couverture, louant « un livre d'une importance capitale », ndlr). Les catastrophistes dominent. J’ai pris délibérément le chemin opposé. Presque pour les embêter. Mais aussi parce que je crois avoir la science avec moi. Je dois défendre sans relâche le Symbiocène et c’est l’objet de mon prochain livre, qui s’y consacrera. Le monde académique a l'air de trouver que les théories de la catastrophe sont excitantes. Je trouve ça dommage. Et je veux davantage de gens avec moi. Je me sens seul parfois ! Dirigeons-nous vers un monde qui soit beau, bon, vrai. Bienvenue dans le Symbiocène !

  • Une photo particulière

     "A CŒUR OUVERT " est sorti, en numérique et en papier.


    Je suis donc venu l'ajouter à la photo de famille. Sept romans.

    Sur cette image se trouvent des nuits d'écriture, des jours de correction, des rêves dans lesquels les personnages venaient me parler, des dizaines de visages, des dizaines de personnalités, des rencontres, des drames, des amours, les montagnes, la nature, la révélation, l'illumination, la quête, le moi, le Soi, l'ego, le mental, les émotions, la conscience, l'amour de la vie. 

    1583522381-p3060004.jpg

  • Cohabitation entre loups et éleveurs

     

    Entretien avec Antoine Nochy, philosophe et écrivain, l’un des plus grands pisteurs français formé à Yellowstone. Bertrand Sicard est un spécialiste des loups, vice-président de Ferus, association de protection des grands prédateurs (ours, loups et lynx) et président fondateur de Vita Sylvae Conservation.

    https://www.marianne.net/societe/retour-du-loup-les-eleveurs-doivent-s-adapter-cette-chance-inesperee-pour-la-france

    "Le loup c’est l’animal que nous rêvons d’être, alors que nous sommes trop souvent des moutons que certains rêvent de programmer."

    "Le loup c’est l’animal que nous rêvons d’être, alors que nous sommes trop souvent des moutons que certains rêvent de programmer." - JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

    SOCIÉTÉ

    Faune

    Retour du loup : "Les éleveurs doivent s’adapter à cette chance inespérée pour la France"

    Propos recueillis par Bertrand Rothé

    •  

    Les loups sont de plus en plus nombreux en France, hier en Charente, il y a quelques semaines en Charente-Maritime. Dans les deux cas leur présence a été authentifiée par l’Office nationale de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS). Mais l’animal ne colonise pas que nos territoires, il occupe aussi notre esprit.

     

    Marianne : Les Français aiment-ils les loups ?

    Bertrand Sicard : Les sondages qui se succèdent montrent que la population française est majoritairement favorable au retour du loup et à sa conservation, mais le sujet reste très clivant. L’opposition vient surtout des éleveurs ovins, confrontés à une difficile cohabitation. Pour comprendre la place qu’occupe le loup à la fois dans les médias, au cinéma et dans les documentaires, il faut comprendre le lien culturel fort qui existe entre le loup et nos contemporains. Il est partout, dans les comptines pour enfants, les fables de la Fontaine, mais aussi nos territoires. Observez nos campagnes, regardez une carte IGN : le Bois du loup, le Trou du loup, le Champ du loup… En plus, il a un statut particulier. S’il a été honni par des générations d’agriculteurs, le bon sens populaire sait sa singularité. Il est intelligent avec de grandes capacités d’adaptation, fidèle à sa famille et redoutablement culotté, n’hésitant pas à prendre des risques et apparaissant souvent là où on le l’attend pas.

    Antoine Nochy : Nous avons cohabité jusqu’au milieu du XXe siècle avec lui. Notre organisation sociale et politique en garde encore les traces. Cela nous différencie des Anglais qui les ont éradiqués au XIe siècle. La tradition pastorale en est un exemple. Après avoir détruit les loups et les ours, les Anglais ont clôturé leurs champs très tôt parce que c’était suffisant pour protéger les troupeaux. C’est en partie pour cela que leur exode rural précède le nôtre de plus d’un siècle, faisant des Anglais les pères du capitalisme. En France, les gardiens des troupeaux sont indispensables car toute éradication définitive des grands prédateurs est impossible, nous sommes le cul de sac de deux continents. Tant que nos voisins auront des loups, certains viendront sur notre territoire. On n’a connu que soixante années sans loup, de 1930 au début du XXIsiècle. Le loup fait partie de notre environnement.

    Bertrand Sicard : Il y a aussi l’espoir écologique qu’apporte le loup. Nous vivons dans l’angoisse d’une grande crise écologique. Pris en tenaille, nous citadin avons le choix entre continuer à consommer comme si de rien n’était ou intégrer les injonctions du GIEC : abandonner l’avion, réduire nos déplacement en voiture, manger moins de viande, ne plus prendre de bains mais des douches… changer de vie. Difficile arbitrage. Remettre en cause le libéralisme mondialisé semble difficile. Le loup apparaît alors comme un talisman contre l’apocalypse écologique. Son retour serait la preuve vivante de la résilience de la nature. Le loup dissone alors dans le discours anxiogène. Si un prédateur de grande taille recolonise l’espace, alors la situation écologique ne doit pas être aussi catastrophique et ça ne sert à rien de changer nos comportements. Nous nous accrochons à cet espoir. Comme le dit Alain Bougrain-Dubourg, le loup est un guide pour la nature.

    Antoine Nochy : Dans ce cas, le symbole est à la mesure de notre bêtise. Le loup est surtout un signe et une réalité. On passe trop de temps sur les symboles et pas assez sur les signes. Le GIEC ne se trompe pas, il aurait même tendance à sous-évaluer les phénomènes. Les signes sont là, la réalité aussi. La nature a commencé à s’adapter, le retour du loup le montre. Il cherche l’endroit de sa survie. On l’oublie trop souvent, mais le loup n’a pas été réimplanté sur notre territoire, il a choisi d’y revenir, peut-être seulement de le traverser, qui sait ? Comme le dit Bertrand Sicard, il est intelligent et agile. Il remonte vers le nord. Les arbres ne peuvent pas se déplacer, les grands prédateurs, si. Un article récent de La Recherche nous annonce que pour suivre les changements climatiques « les espèces forestières devraient migrer de 6 à 7 km par an, ce qui est impossible ». Il va nous falloir trente ans pour prendre en compte le phénomène climatique, trente ans avant de commencer à réagir. Il sera alors tard. A bas bruit, la nature a déjà commencé son adaptation, le loup se cherche de nouveaux espaces, il a compris. Pas l’homme.

    LIRE AUSSI"Pour que l'élevage puisse survivre, il faut que le loup craigne à nouveau l'homme"

    Bertrand Sicard : A cela s’ajoute un dernier élément encore plus confus, plus refoulé, une forme de projection, d’identification. L’urbain lobotomisé a besoin d’aventures, il se rêve résistant, voire révolutionnaire. Mangé par les bullshit jobs à la Graber, il a besoin de s’échapper. Coincé par ses objectifs à deux chiffres, épuisé par des open space invivables il rêve de déployer son énergie vitale... Ceci explique le succès des livres de Sylvain Tesson, mais aussi le développement des stages de survie et les randonnées extrêmes, tout comme le succès du dernier film de Jean-Michel Bertrand « Marche avec les Loups » : une ode à la patience et la lenteur, tout ce que la société de consommation exècre. Défendre le loup, ce grand prédateur, avec sa souplesse, son intelligence animale, sa violence, est une échappatoire à la modernité. Dans l’histoire le loup a toujours préféré disparaître que de se soumettre à l’homme. Le loup c’est l’animal que nous rêvons d’être, alors que nous sommes trop souvent des moutons que certains rêvent de programmer.

    Et puis de l’autre côté, il y a les éleveurs...

    Antoine Nochy : Dans le milieu agricole, avant de se poser de la question du loup, il faut d’abord parler des éleveurs. Ici, l’amour est rarement dans le pré. Le Parisien vient de faire la Une d’un de ses articles sur les verbatim de l’un d’entre eux : « Avant on était admirés, aujourd’hui on se fait insulter ». Socialement c’est un métier difficile à assumer, les éleveurs sont subventionnés. Il faut le répéter, les traités de libre échange et la pression de la grande distribution sont catastrophiques pour les petits éleveurs. En plus, c’est un métier éprouvant. Un vêlage, quand cela se passe mal, est une épreuve physique. Il n’y a pas de vacances, il faut être là 365 jours par an. Pour terminer, beaucoup d’éleveurs vivent seuls. Conséquence connue : un agriculteur se suicide tous les deux jours en France. L’arrivée du loup peut être la goutte qui fait déborder leur vase, leur casserole. Euthanasier des moutons pris dans les barbelés dont les gigots ont été mangés jusqu’à l’os est très violent. Ils n’ont pas choisi ce métier pour ça et la plupart n’ont pas envie non plus de tuer des loups. Ce n’est pas leur métier. C’est ce qui rend compliquée la cohabitation.

    Bertrand Sicard : C’est sûr, les citadins ont du mal à imaginer que les agriculteurs aiment leurs bêtes, et Antoine a raison : la plupart des éleveurs refusent de s’armer. Mais attention le métier de paysan-éleveur n’a jamais été un métier de bisounours. Rappelons quand même que 5% du cheptel ovin disparaît chaque année par maladie, accident, attaque de chien divagant, vol, etc. A Ferus, mon association, nous prônons une cohabitation apaisée qui passe par un réapprentissage de la culture de protection. Cette protection s’appuie sur le fameux triptyque, berger, chien de protection, parc de contention de nuit. Quand il est correctement mis en œuvre, il est très efficace.

    Antoine Nochy : Je connais des éleveurs qui sont vraiment traumatisés par ces attaques. Il en y a qui mettent la clé sous la porte. Certains sont au bord du suicide. A chaque fois qu’un troupeau est attaqué, c’est souvent la même histoire. Les paysans appellent l’ONCSF. Malgré la conscience professionnelle et l’engagement des fonctionnaires, le temps administratif et les moyens ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. En cinq attaques les producteurs de fromage mettent la clé sous la porte. Les procédures d’indemnisation sont trop longues, fastidieuses et le nouveau plan loup complexifie les choses. Ces tâches administratives viennent s’additionner à d’autres. On ne devient pas éleveur pour remplir des formulaires. Et à chaque fois ce sont les petits agriculteurs qui trinquent, ceux qui ne pratiquent pas le hors sol, ceux qui mettent leurs animaux dans les champs, les producteurs de l’agriculture de qualité, et ça c’est une catastrophe.

    Bertrand Sicard : Etre pour le loup ce n’est pas être contre les éleveurs. Loin de nous l’idée de négliger la détresse des éleveurs. Les éleveurs doivent s’adapter à cette nouvelle donne qui est une chance inespérée pour la France. Ils doivent être fiers de participer au retour de la biodiversité si nécessaire dans notre société de plus en plus aseptisée. Beaucoup d’éleveurs sont déjà équipés et réussissent très bien dans leur mission de protection, mais ceux-là on n’en parle jamais. C’est le même phénomène partout, les plus véhéments sont ceux que l’on entend le plus. Un « bon client » des médias c’est un homme qui se plaint. On ne parle pas des trains qui arrivent à l’heure.

    Dans le programme « Pastoraloup » des bénévoles de notre association surveillent de jour comme de nuit les troupeaux et aident à l’implantation de parcs de contention. Les éleveurs en sont généralement très contents. Il faudrait le développer, mais nous manquons de moyens et les syndicats agricoles font barrage.

    Antoine Nochy : L’enfer est pavé de bonnes intentions, il faut faire attention. Les éleveurs qui pratiquent la transhumance ou l’élevage en plein champ ne veulent pas du hors-sol. Ils élèvent leur troupeau dehors par choix, ils sont heureux de voir leurs brebis brouter. Ils savent que les loups vont les contraindre à parquer leurs animaux, c’est ce qu’on les invite à faire aujourd’hui. Ils savent que c’est un pas de plus vers une industrialisation de l’élevage qu’ils refusent avec raison.

    Vous avez dit que c’est un problème que les éleveurs ne veulent pas tuer les loups, pourquoi ?

    Antoine Nochy : Le vivant ce n’est pas comme la machine, le vivant s’adapte, si on laisse le loup tuer des moutons et des vaches, c’est une mauvaise direction comportementale. Un loup qui a pris du plomb dans les fesses ne revient pas et informe ses congénères. Il y a suffisamment de gibier dans la nature pour les gros prédateurs. Dans les campagnes du XIXe siècle, il n’y avait pratiquement plus de gibier, aujourd’hui il y a trop de sangliers, trop de chevreuils… Je pense que c’est une solution bien plus intelligente que l’éradication de 17 ou 19 % de la population des loups comme on le propose aujourd’hui. Les éleveurs intelligents en sont conscients, il va falloir cohabiter avec le loup, on n’a pas le choix, autant que cela nous rende plus intelligents."

  • A CŒUR OUVERT : Inconnaissance de Soi

    Coeurouvertwhite

    Je suis surpris parfois de réaliser à quel point tout ce que j'ai écrit dans mes romans agit en moi comme des rappels de ce que je dois atteindre... Comme si "l'écrivain" était là pour ramener l'individu égaré sur une voie d'éveil... Comme si parlait en moi une entité plus "haute", comme une aimantation destinée  à m'extraire des miasmes quotidiens.

    Chacune de mes méditations oeuvrent à retrouver cette conscience de la vie en moi...Et je sais combien, hors de cet état, il m'est difficile de maintenir la plénitude...

    "INCONNAISSANCE DE SOI

    Illumination

    Cela consiste à déposer ses charges, ses fardeaux, son passé et toutes les identifications qui s'y sont greffées. Il s'agit des fardeaux d'ordre mental. Ils peuvent bien entendu avoir des répercussions sur le physique. Cette conscience temporelle dont nous disposons peut se retourner contre notre plénitude. Elle installe une tension émotionnelle, majoritairement inconsciente.

    Pour entrer dans cette acceptation libératrice, il est indispensable d'établir la liste des traumatismes, des tourments, des obsessions, de les identifier tous, lucidement, et de prendre conscience qu'ils ne sont pas ce que nous sommes. Ils sont l'image que nous avons donnée de la vie mais ils ne sont pas la vie. La vie n'est rien d'autre que l'énergie qui vibre en chacun de nous, au cœur de notre existence. Elle ne mérite pas d’être salie, alourdie, morcelée par cette vision temporelle à laquelle nous nous attachons. Les pensées que nous avons établies comme l'étendard de notre puissance est un mal qui nous ronge. L'ego y prend forme et se détache dès lors de la conscience de la vie. L'individu se couvre d'oripeaux comme autant de titres suprêmes. Ça n'est que souffrance et dans la reconnaissance que nous y puisons, nous créons des murailles carcérales. L'illumination consiste à briser ce carcan. L'individu n'en a pas toujours la force, il manque de lucidité, d'observation, il est perdu dans le florilège d'imbrications sociales, familiales, amoureuses, professionnelles.

    Il se fie à son mental, nourri inlassablement par les hordes de pensées.

    Survient alors, parfois, le drame. L'évènement qui fait voler en éclat les certitudes, les attachements, les conditionnements. La douleur physique se lie à la souffrance morale. «  J’ai mal et je suis mal. » Les repères sont abolis, les références sont bannies. L'individu sombre dans une colère insoumise, il en appelle à l'aide, il condamne, maudit, répudie, nie, rejette, conspue, insulte le sort qui s'acharne sur lui alors qu'il est lui-même le bourreau, le virus, le mal incarné. Il va tenter de marchander, de trouver des coupables ou des aides extérieures, il a construit consciencieusement les murs de sa geôle et jure qu'il n'y est pour rien. S'installe alors peu à peu l'épuisement. Le dégoût de tout devant tant de douleur. Ça n'est qu'une autre forme de pensée, une autre déviance, une résistance derrière laquelle se cache l'attente d'une délivrance, un espoir qui se tait, qui n'ose pas se dire. Une superstition qu'il ne faut pas dévoiler.

    La colère puis l’écœurement, des alternances hallucinantes, des pensées qui s'entrechoquent, des rémissions suivies d'effondrements, rien ne change, aucune évolution spirituelle, juste le délabrement continu des citadelles.

    Cette impression désespérante de tout perdre, de voir s’étendre jour après jour, l’étendue des ruines, comme une maladie qui s’étend.

    Il ne reste que l'illumination. Elle est la seule issue. Car lorsqu'il ne reste rien de l'individu conditionné, lorsque tout a été ravagé jusqu'aux fondations, lorsque le mental n'est plus qu'un mourant qui implore la sentence, lorsque le corps n'a plus aucune résistance, qu'il goûte avec délectation quelques secondes d'absence, cette petite mort pendant laquelle les terminaisons nerveuses s'éteignent, comme par magie, comme si le cerveau lui-même n'en pouvait plus, c'est là que les pensées ne sont plus rien, que le silence intérieur dévoile des horizons ignorés.

    Révélation.

    Illumination.

    Je ne suis pas ma douleur.

    Je ne suis rien de ce que j’ai été.

    Je suis la vie présente en moi. Je suis l'énergie, la beauté de l'ineffable. »

  • Mal de dos et yoga

    En juin 2019, à quelques jours de mon départ à la retraite, un radiologue m'a diagnostiqué une "sténose canalaire lombaire", associée à une "ossification du ligament jaune"...

    Je vous passe les détails anatomiques mais ce résumé laisse imaginer ce que représente ce diagnostic :

     

    "Même en cas de sténose canalaire très sévère, il est rare d’observer une complication neurologique comme une paralysie. La diminution de la sensibilité sur une jambe ou un pied est plus fréquente. Cependant, progressivement la compression prolongée des nerfs peut engendrer des troubles moteurs, à type de faiblesse musculaire, pouvant aller jusqu’à la paralysie. "

    http://neuro-med.fr/pathologie/stenose-canal-lombaire/

     

    Dans mon cas, cette pathologie est particulière car elle est d'origine traumatique : une première hernie discale à 25 ans avec une opération totalement ratée et au dire du deuxième chirurgien qui m'a opéré à 37 ans, c'était "une véritable boucherie."... Il est rare d'entendre un chirurgien plomber de la sorte un collègue, ce qui laisse imaginer sa stupéfaction quand il m'a ouvert le dos...

    Résultat, j'ai eu une troisième récidive à 44 ans et cette fois, j'étais devenu "inopérable" en raison de cette "ossification du ligament jaune" et de l'excroissance qui en a résulté...Tout ça est très brièvement résumé et considérablement simplifié...Dans les derniers mois, j'ai passé plusieurs examens, IRM, neurologie, angiologie et toutes les conclusions concordent...En un mot, c'est la m...isère...

    1583347898-p3020080.jpg (4288×3216)

     

    Oui, c'est "moche"...Comme une crête qui pousse sous la peau...

    P9110006P9110003

    Là où ça s'est sérieusement compliqué, c'est lorsque sont apparus les premiers effets neurologiques dans la jambe gauche, celle où le nerf sciatique est englobé au niveau des hernies opérées...Des fourmillements très intenses, principalement la nuit, avec en supplément des crampes extrêmement violentes, toujours la nuit...Des mois durant...Les orteils en éventail, le mollet tendu comme s'il allait se déchirer, et parfois la cuisse qui se mettait de la partie...Obligé de me lever pour prendre appui sur le pied et libérer la tension, plusieurs secondes très longues...Nathalie réveillée en sursaut...Une période compliquée et quelque peu anxiogène... "On va où là?"

    Je ne veux pas de traitement chimique et je suis inopérable.
    Il fallait donc que je trouve autre chose.

    Depuis plusieurs années, Nathalie et moi, nous nous massons une à deux fois par semaine. On a une table pliante de kiné. Nous avons beaucoup appris sur l'usage des huiles essentielles.

    J'ai parfois écrit ici sur les bienfaits du massage. 

    Massage aimant

    Le massage tantrique

    Massage ayurvédique.

     

    Malgré tout, les symptômes neurologiques ne disparaissaient pas et portaient atteinte à mes capacités physiques. Mon mollet gauche a perdu une partie de sa masse musculaire et la cheville s'est fragilisée : deux entorses successives en montagne.

    Il fallait que je trouve autre chose.

    J'avais arrêté de suivre les cours de yoga où Nathalie se rend trois fois par semaine. Il m'était devenu trop difficile de voir constamment mes limites et je savais en même temps qu'il s'agissait d'un effet psychologique qui ne m'aidait pas.

    J'ai donc cherché à établir un programme personnel à faire à la maison. 

    Et j'ai fini par trouver. 

    Cet enchaînement de postures a été "miraculeux"...Une séance quotidienne. Il aura suffi de quinze jours pour que les effets prennent une ampleur inespérée...

    Je n'ai plus de fourmillements, plus de crampes, je marche en montagne sans craindre de me tordre la cheville à chaque sortie, je skie sans ressentir de faiblesses musculaires dans la jambe gauche.

    Il ne s'agit pas pour moi ici d'étaler ma vie privée mais de montrer à quel point le yoga dans la multiplicité de ce qu'il propose peut apporter une solution que la médecine traditionnelle n'aura pas. 

    Le yoga n'est pas qu'une "gymnastique d'entretien". Il agit également sur la psyché... Très profondément. Tout autant que la méditation que je pratique également.

    Il faut essayer, persévérer, chercher, se faire accompagner si nécessaire. Ou trouver sa propre voie de guérison.

     

    Aujourd'hui, on est remonté Là-Haut. Ski de randonnée. Que du bonheur. 

    Sténose canalaire ou pas, je continuerai tant que je pourrai mettre un pied devant l'autre.

    1583349038-p3040104.jpg (4288×3216)