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KUNDALINI : commentaire sur Amazon
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/12/2019
KUNDALINI : Sur Amazon : 5,0 sur 5 étoiles Merci pour la jolie aventure !
Révisé en France le 10 décembre 2019
Format: Format Kindle
"Un roman initiatique qui se lit facilement et que j'ai goûté, puis savouré au bord de la piscine cet été. Parfait.
On se laisse emmener par une belle histoire d'amour, les personnages sont attachants et je me suis surprise à penser à eux quand je posais le livre. Kundalini est un joli roman qui cumule beaucoup de qualités et qui ouvre de nouveaux horizons. A lire"https://www.amazon.fr/Kundalini-L%C3%A9treinte-%C3%A2mes-Lignes-blanches-ebook/dp/B07JG7FGXK
Disponible en librairie ou chez l'éditeur. (Beaucoup mieux que chez amazon...)
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KUNDALINI : gagner un exemplaire avec Spirivie
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/12/2019
Le site "SPIRIVIE" organise un tirage au sort pour un exemplaire de KUNDALINI.
Mille mercis à Gaelle Tournier de Gabriac et aux éditions du 38.
C'est sur Facebook que ça se passe.
Si vous avez un compte.
SpiriVie Formations (cliquez sur le lien)
5 h ·
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Les études scientifiques
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/12/2019
Il existe un problème majeur au regard de l'état de la planète. C'est la lecture qui est faite des études scientifiques.
Ce sont des lectures très souvent tronquées, très fortement résumées, perdant inévitablement de leur impact sur la masse.
Il suffit de lire les articles issus de France info ou d'autres médias "grand public".
Ces études, dans ce format restreint, ne sont pas prises au sérieux. Elles ne deviennent que des "actualités" au même titre que les faits divers et autres situations événementielles alors qu'elles sont bien au-delà du faits divers : elles sont notre avenir et non simplement, notre présent.
Voilà deux jours que je me suis attelé à lire cette étude.
Elle est tellement ardue et complexe pour moi que je ne peux pas l'assimiler à la première lecture. mais je m'accroche parce que je veux comprendre, parce que je veux posséder les connaissances permettant de contredire tous ceux qui tournent en dérision ou veulent ignorer ces études scientifiques, parce qu'il s'agit de la survie de tous et même de ces esprits obtus et limités...
L'étude est si longue que je ne peux pas la transférer intégralement ici...C'est bien souvent la première raison qui fera qu'elle ne sera lue que par d'autres scientifiques et que les autres attendront qu'elle soit résumée sur France Info...
Le site s'appelle "HORIZON 2060". Je ne serai sans doute plus là à cet horizon mais ce "prétexte" à ne rien vouloir savoir est tellement pitoyable et égoïste que j'ai du mal à imaginer que certains individus s'en contentent pour continuer à piller le seul lieu vivant connu actuellement dans tout l'Univers.
http://horizon2060.com/limites-planetaires/
Des limites planétaires en dépassement ?
I DE TOUTES FAÇONS, DES LIMITES
Les éléments de base de l’écosystème terrestre, l’hydrogène, l’oxygène, le carbone, l’azote, le potassium, le soufre se combinent, sous l’influence de l’énergie qui les traverse, pour créer et maintenir la vie. Ces éléments ne sont pas en quantités infinies : ils sont stockés dans des « réservoirs » (l’atmosphère, la lithosphère, l’hydrosphère), et sont constamment recyclés : des producteurs primaires (plantes, phytoplancton), grâce à la photosynthèse, permettent l’existence de producteurs secondaires : animaux, etc. Les décomposeurs de déchets (vers de terre, micro-organismes…) défont la matière organique pour en extraire les matériaux de base, et le cycle recommence.
Les matières et l’énergie utilisées par la population et les usines ne viennent pas de nulle part. Elles sont extraites de la planète. Et elles ne disparaissent pas. Lorsque leur usage économique est terminé, les matières sont recyclées ou bien constituent des déchets et des polluants, et la chaleur inexploitable de l’énergie se dissipe. Les flux de matière et d’énergie proviennent des sources de la planète, passent par le sous-système économique et finissent dans les exutoires de cette même planète sous forme de déchets et de polluants. Le recyclage et des modes de production plus propres peuvent considérablement réduire les déchets et la pollution par unité de consommation, sans pour autant les éliminer totalement. Les hommes auront toujours besoin de nourriture, d’eau, d’air sain, d’un toit et de bien d’autres éléments pour se développer, rester en bonne santé, mener des vies productives et générer à la fois des capitaux et une descendance. Quant aux machines et aux bâtiments, ils auront toujours recours à l’énergie, à l’eau, à l’air, à certains types de métaux, de produits chimiques et de matières biologiques pour pouvoir produire des biens et des services, être réparés et construire d’autres machines et d’autres bâtiments. Or il y a des limites au rythme auquel les sources peuvent produire ce dont nous avons besoin, et les exutoires absorber ces flux sans porter préjudice aux hommes, à l’économie ni au processus de régénération et de régulation de la planète (Meadows, Meadows, Randers, 2012, 97).
Ainsi l’économie humaine est un sous-système de la biosphère : elle ne peut s’en extraire. Le système économique compte largement sur le système écologique pour jouer un double rôle d’alimentation d’énergie et matières premières, et d’assimilation finale de ces déchets. Il s’ensuit que l’économie ne peut pas se développer sur le long terme si la biosphère est endommagée : c’est le problème de la soutenabilité (Boutaud, Gondran, 2009).
Or l’économie humaine utilise aujourd’hui tant de ressources capitales et produit tant de déchets qu’elle ne semble pas soutenable. Les sources se tarissent, les exutoires se remplissent et, pour certains, débordent. La plupart des flux ne peuvent être maintenus sur le long terme, même à leur débit actuel, a fortiori s’ils s’intensifient.
Dans les dernières décennies, les scientifiques ont constaté des signes de basculement dans les différents milieux naturels, des bassins / étangs, à l’échelle locale, aux récifs coralliens, voire au bassin de l’Amazone.
Une rapide montée des températures, ou une diminution drastique des nutriments, et les systèmes sont capables d’une brusque reconfiguration. Selon certains chercheurs, c’est ce qui s’est passé lorsque la diversité de la vie a explosé, il y a 540 millions d’années.
Mais alors que l’explosion des espèces au Cambrien et le réchauffement de l’Holocène ont été déclenchés par des changements à l’échelle de la planète, par la chimie des océans et/ou par l’intensité du rayonnement solaire, il y a, selon de nombreux chercheurs, une nouvelle force à considérer : 7 milliards de personnes qui exercent une influence combinée sur les processus de la planète, et sollicitent ses limites.
Nous commencerons leur examen, à tout seigneur tout honneur, par le rapport de (Meadows, Meadows, Randers, 2012) « Les limites à la croissance » qui actualise le célèbre rapport des mêmes en 1972 : « Halte à la croissance ».
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II » LES LIMITES À LA CROISSANCE «
II 1 LA DÉMARCHE
L’équipe à la base de la rédaction du rapport a développé un modèle « pour comprendre l’avenir dans ses grandes lignes, c’est-à-dire les différents modes ou schémas comportementaux qui vont présider à l’interaction entre l’économie humaine et la capacité de charge de la planète durant le siècle à venir ». La question centrale posée par le modèle est : comment la population mondiale et l’économie matérielle, toutes deux en plein essor, peuvent-elles interagir avec la capacité de charge limitée de la planète et s’y adapter durant les décennies à venir ?
Il s’agit de donner «une représentation, la plus fidèle possible, de l’écosystème mondial (…) [et] d’améliorer notre représentation mentale des problèmes planétaires à long terme». Les données utilisées se rapportent à la population, à l’industrialisation, à la production alimentaire, à l’utilisation des ressources naturelles et à la pollution.
Les auteurs constatent que les données de base sont en croissance exponentielle lorsqu’on les observe dans un avenir rapproché. Leurs simulations ne sont pas des prévisions, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas pour but de prévoir les valeurs précises des variables ni la chronologie exacte des évènements, mais elles constituent simplement les scénarios de ce qui a le plus de chance de se produire si les politiques, la croissance économique, la démographie et les technologies continuent de progresser comme c’était le cas au moment de l’étude.
Dans ce modèle, les stocks évoluent en fonction de flux comme celui des naissances et des décès (dans le cas de la population), des investissements et de la dépréciation (pour chaque stock de capital), des émissions de pollution et de leur neutralisation (pollution persistante) et (dans le cas des terres arables) de l’érosion des sols, de l’amélioration des terres et des terres supprimées au profit d’usages urbains ou industriels. Seule une fraction des terres arables est cultivée. En multipliant la surface de terres cultivées par le rendement moyen, on obtient la production totale de nourriture. Celle-ci, divisée par la population, donne la quantité de nourriture par habitant. Si cette dernière tombe en dessous d’un seuil critique, le taux de mortalité se met à augmenter (Boutaud, Gondran, 2009, 204).
II 2 LES SCÉNARIOS
Les auteurs présentent une dizaine de « simulations numériques » ou scénarios différents générés par leur modèle. Chaque simulation est réalisée à partir de la même structure informatique, mais à chaque scénario, certains chiffres sont modifiés pour tester différentes estimations des variables considérées ou pour intégrer des prévisions plus précises. Les 6 premiers scénarios sont cumulatifs, c’est-à-dire que le scénario suivant reprend toutes les hypothèses du scénario précédent, mais en modifie ou en ajoute une.
Examinons succinctement ces scénarios :
Scénario 1
En supposant que les tendances actuelles se poursuivent, l’interaction des variables aboutit au résultat que «l’expansion démographique et l’expansion économique s’arrêteront au plus tard au cours du siècle prochain, par suite d’une pénurie de matières premières». Les graphiques du scénario 1 montrent le comportement du modèle lorsqu’il fonctionne « tel quel », avec des chiffres décrivant de façon « réaliste » la situation moyenne qui a été celle de la seconde partie du XXe siècle et sans hypothèse technique ou politiques sortant de l’ordinaire. « Tout à coup, alors que le XXIe siècle est entamé depuis quelques décennies à peine, la croissance de l’économie s’arrête et s’inverse de façon assez soudaine. Cette discontinuité est principalement due à l’augmentation rapide du coût des ressources non renouvelables. Cette hausse se répercute sur tous les secteurs économiques et se traduit par des capacités d’investissement de plus en plus rares. » (Ibid., p. 250)
Ci-dessous les trajectoires des principales variables selon le scénario tendanciel :
Source : (Meadows, Meadows, Randers, 2012, 249)
Scénario 2
Si l’on modifie les hypothèses de départ en supposant un développement de la production industrielle dû à l’exploitation de l’énergie solaire, le reste sans changement, on aboutit à une pollution catastrophique et à un effondrement plus radical encore de la courbe de la population.
Scénario 3
Si l’on suppose que l’on maîtrise en outre la pollution, c’est la pénurie alimentaire qui va entraîner la chute de la production industrielle et l’élévation du taux de mortalité. Que le contrôle de la pollution s’établisse, en plus du recyclage des ressources à soixante-quinze pour cent, de la réduction de la pollution à vingt-cinq pour cent du taux de 1970 et du rendement doublé des terres cultivables, c’est l’épuisement des ressources naturelles, l’accumulation de la pollution et, finalement, la décroissance de la production alimentaire qui s’ensuivront. «En somme, quelles que soient les hypothèses que l’on formule, le résultat demeure sensiblement le même dès que l’on se contente de solutions purement techniques aux problèmes qui se posent. L’écosystème mondial se comporte toujours de la même manière: une croissance exponentielle de la population et des investissements, suivie d’un effondrement».
Scénario 4
Il suppose une amélioration des rendements agricoles ; alors, la détérioration de la fertilité des sols et la perte de terres arables du fait de l’érosion et de l’extension urbaine et industrielle finissent par annuler les effets positifs des nouvelles technologies sur les rendements, et la production totale de nourriture diminue. Cette « crise de l’érosion des sols » est à son maximum après 2070 lorsque survient une chute catastrophique des surfaces de terres arables, entraînant un effondrement quasi total avant 2100.
Scénario 5
Qu’à cela ne tienne, qu’en serait-il en ajoutant un programmes de lutte contre l’érosion des sols de la planète ? Si cette option permet de prolonger un peu au-delà de 2070 la période de bien-être humain, il n’est pour autant pas soutenable. Le scénario 5 se termine en effet par un effondrement causé par plusieurs crises plus ou moins simultanées : crise de ressources, crise de la nourriture et coûts élevés : après 2070, le coût des technologies et l’augmentation du coût d’obtention de ressources non renouvelables devenues de plus en plus rares nécessitent plus de capital que l’économie ne peut en fournir. Le résultat est un déclin assez abrupt.
Scénario 6
On simule alors le lancement pour le XXIe siècle d’un vaste programme d’éco-efficience dont le coût est élevé, mais dont l’objectif est une importante réduction de l’empreinte écologique des hommes. Cette puissante association de technologies permet d’éviter l’effondrement du scénario 5 lors du 3e tiers du XXIe siècle. Mais elle arrive un peu trop tard pour empêcher une baisse progressive du bien-être humain à la même période. Au terme d’un XXIe siècle quelque peu compliqué, une population stable comptant un peu moins de 8 milliards d’individus vit dans un monde façonné par les technologies de pointe et peu pollué, dont l’indice de bien-être humain est à peu près le même qu’en 2000.
Source : (Meadows, Meadows, Randers, 2012, 313)
on pourrait résumer ces différents scénarios en disant que l’empreinte écologique de l’homme tend à s’élever au-dessus du niveau soutenable et que ce phénomène déclenche une diminution forcée de cette même empreinte. Dans un monde complexe et fini, lorsqu’on supprime ou repousse une limite pour permettre à la croissance de continuer, on en rencontre une autre. Et lorsque cette croissance est exponentielle, cette autre limite arrive étonnamment vite (Meadows, Meadows, Randers, 2012, 317).
Le 2e enseignement est que plus un pays parvient à retarder ses limites face à des adaptations économiques et techniques, plus il risque de se heurter à plusieurs d’entre elles à la fois.
Scénario 7
La planète cherche à partir de 2002 à stabiliser sa population. Ce scénario suppose qu’à partir de 2002, tous les couples décident de limiter leur famille à 2 enfants et qu’ils aient accès à des moyens de contrôle des naissances efficaces. La production industrielle atteint un pic en 2040 puis baisse au même rythme à peu près que dans le scénario 2 et rigoureusement pour les mêmes raisons. On ne peut donc couper à l’effondrement si on ne stabilise que la population mondiale. La poursuite de la croissance du capital est tout aussi non soutenable que celle de la croissance démographique. Si elles ne sont pas contrôlées, chacune d’elles a pour conséquence une empreinte écologique qui dépasse la capacité de charge du globe.
Scénario 8
La planète cherche à partir de 2002 à stabiliser sa population et sa production industrielle par habitant. Ce monde a décidé de se fixer comme objectif une production industrielle par habitant d’environ 10 % supérieurs pour tout le monde à la moyenne mondiale de 2000. Cela se traduit concrètement par une avancée considérable pour les populations pauvres et à un changement des modes de consommation pour les populations riches. Mais cette économie n’est pas véritablement stabilisée. Elle se caractérise par une empreinte écologique au-dessus du niveau soutenable et elle contraint à un lent déclin après 2040. Une consommation limitée, une progéniture limitée et une certaine discipline sociale ne sont donc pas garantes à elles seules de la durabilité lorsqu’elles entrent en action trop tard, c’est-à-dire après que le système a dépassé ses limites. Pour demeurer soutenable, le monde du scénario 8 ne peut pas se contenter de contrôler sa croissance : il doit baisser son empreinte écologique en dessous de la capacité de charge de l’environnement et il doit accentuer sa restructuration sociale grâce à une exploitation concertée et appropriée du progrès technologique.
Scénario 9
La planète cherche à partir de 2002 à stabiliser sa population et sa production industrielle par habitant, et ajoute des technologies relatives à la pollution, aux ressources et à l’agriculture. Dans ce scénario comme dans le précédent, la population et la production industrielle sont limitées, mais on ajoute des technologies destinées à lutter contre la pollution, à préserver les ressources, à augmenter les rendements agricoles et à protéger les terres. La société qui en résulte est soutenable : près de 8 milliards d’individus connaissent en effet un niveau de bien-être élevé et une empreinte écologique en constante baisse.
Dans la société plus mesurée du scénario 9, la population croît plus lentement mais il n’est pas nécessaire de consacrer du capital à la poursuite de la croissance ni à la résolution de problèmes survenant cascade, si bien que les nouvelles technologies peuvent recevoir un soutien un soutien plein et entier. Mises en œuvre tout au long du siècle, elles réduisent de 80 % l’utilisation de ressources non renouvelables par unité de production industrielle et de 90 % la pollution générée par unité de production. Les services par habitant augmentent de 50 % par rapport à leur niveau de 2000. À la fin du XXIe siècle, il y a assez de nourriture pour tous. La pollution connaît un pic, mais diminue avant d’avoir causé des dégâts irréversibles. Le scénario 9 est l’illustration de la durabilité ; le système mondial est parvenu à un équilibre.
Scénario 10
Même scénario mais les changements sont introduits en 1982 et non en 2002. Si nous nous étions orientés vers la durabilité 20 ans plus tôt, nous aurions créé plutôt un monde plus sûr et plus riche et nous aurions connu moins de problèmes d’ajustement dans le secteur agricole.
II 3 DISCUSSION
Le rapport Meadows est extrêmement intéressant, pédagogique, et beaucoup plus nuancé que l’on ne pourrait croire a priori au vu des comptes-rendus qui en ont été faits. Le rapport ne cesse en effet d’attirer l’attention sur le fait que son objet n’est en aucun cas la prévision, mais bien plutôt la simulation sur la base d’hypothèses réalistes. Et les hypothèses sont réalistes puisque le modèle est calé sur la période 1900-1970, c’est-à-dire qu’il reproduit les évolutions constatées sur les 5 variables clés durant cette période. La preuve :
(Turner, 2008) a analysé les données relatives aux 5 paramètres clés ayant fait l’objet de simulation (démographie, production alimentaire, production industrielle, pollution et ressources non renouvelables) dans la publication de 1972. La conclusion est que le scénario de base standard élaboré dans les années 70 est fortement corroboré par l’observation empirique de la période 1970–2000 comme le montrent les graphiques ci-après :
Source : (Turner, 2008)
L’auteur conclut qu’en plus de la corroboration des données présentées, les questions contemporaines telles que le pic pétrolier, le changement climatique, la sécurité alimentaire et d’approvisionnement en eau résonnent fortement avec les dynamiques de rétroaction de « dépassement » et « d’effondrement » affichées dans le scénario tendanciel du rapport. À moins qu’il ne soit invalidé par d’autres recherches, la comparaison des données vient étayer la conclusion que le système mondial est sur une trajectoire insoutenable à moins d’une importante et rapide réduction des comportements de consommation, en combinaison avec le progrès technologique.
Source : (Turner, 2008)
Pour autant, on ne peut s’empêcher de ressentir un certain malaise devant ce « malthusianisme systémique » qui repose évidemment sur un grand nombre d’équations dûment calibrées, mais dont l’absence de théorie explicative est gênante. Un programme informatique est un programme informatique, certes, mais il en sort que ce que l’on y a entré, et si à la sortie la population est la cause de tous les problèmes, c’est que l’on y a entré que la population est la cause de tous les problèmes. Pour en rester à la population, on ne peut s’empêcher de ne pas être très convaincu par le recours à cette catégorie fourre-tout qu’est la population mondiale, qui met sur le même pied l’américain, le suédois, le centrafricain ou le somalien : les modes et niveaux de consommation de cette population, la distribution des revenus, etc. sont des variables explicatives qui paraissent bien supérieures. Derrière la froide abstraction des chiffres et des courbes, il y a des réalités humaines. Et de ce point de vue, le tracé des courbes d’effondrement de la population du scénario tendanciel posent question. Si l’on se reporte en effet au tableau de données fournies avec les courbes, la population mondiale atteindrait 7,46 milliards d’habitants en 2025 (contre 8,1 actuellement prévu selon la révision 2015 du service statistiques de l’ONU).
Puis elle diminuerait à :
–6,45 milliards en 2050, soit une perte en 25 ans d’un milliard d’habitants soit encore 13,5 % de la population mondiale de 2025 ;
–5,32 milliards en 2065 ;
–3,46 milliards en 2100 : soit 4 milliards de moins en 75 ans !
Pour mémoire, la 2e guerre mondiale a fait 60 millions de morts, soit 2,5 % de la population mondiale de 1939. Cependant les pertes du 3e Reich se sont élevées de 8 à 10,5 %, tandis que celles de l’Union soviétique, 20 millions de morts, se sont montées à 13,5 % de la population concernée de 1939 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_pendant_la_Seconde_Guerre_mondiale).
Il est peu crédible que l’humanité se laisse décimer tranquillement pendant 75 ans sans réagir de quelque manière que ce soit, et sans doute plutôt fortement !
Par contre, on sent bien que de tels taux appliqués à des statistiques de consommation auraient davantage de réalité.Au total,
« En confondant, par le recours à des moyennes mondiales, riches et pauvres, les modèles du MIT évacuent toute réflexion sur les usages de la croissance et sur les choix institutionnels qu’elle implique. En réduisant le débat au problème des limites physiques de l’univers, on laisse tomber les questions les plus épineuses : celles qui ont trait à une utilisation plus judicieuse des ressources et à une répartition plus équitable des richesses. D’ordre moral et politique, ces problèmes exigent la prise en considération des fins et des valeurs impliquées dans toute vie sociale. Parce qu’ils s’abstiennent d’aborder ces questions, les spécialistes du MIT prétendent à une neutralité inattaquable. Ils peuvent ainsi assigner une cause objective à la misère qui nous menace : l’explosion démographique dans le tiers-monde. Mais comment ne pas qualifier d’illusoire une neutralité qui élimine responsabilité historique et sociale des pays riches ? » (Mongeau, 2012)).
« Et ce d’autant que les auteurs procèdent à « une globalisation à outrance qui additionne des situations locales et prétend obtenir ainsi la juste estimation de la situation mondiale. Un modèle global suppose que l’ensemble des pays évolue au même rythme et que leurs cycles de croissance sont tous synchronisés dans le temps. Mais c’est plutôt le contraire que l’on observe dans le monde réel : les cycles d’évolution des pays sont déphasés les uns par rapport aux autres. Il en est de même en ce qui concerne l’épuisement éventuel des ressources non renouvelables : leur rareté ou leur abondance ne se font pas sentir au même moment pour chacune d’entre elles.
De nombreux scientifiques ont contesté les fondements du raisonnement. Ainsi, Samuel Farfari a résumé les critiques qu’il convient de faire au rapport Meadows : La principale raison pour laquelle ce club …s’est fourvoyé sur cette question comme sur d’autres, c’est parce qu’il pensait à une évolution linéaire de la technologie et estimait que les évolutions de la démographie, de la pollution et des besoins suivaient une tendance exponentielle. Cela ne pouvait que conduire à une interprétation catastrophique du futur. Petite erreur d’hypothèse mais grande divergence quant aux résultats.
[Plus concrètement :] « Il lui est d’abord reproché d’avoir fondé son modèle sur l’agrégation qui a toujours été considérée comme une démarche appauvrissante bien qu’inévitable en macroéconomie et qui, de ce fait ignore largement les problèmes de structure. Il est également reproché d’avoir appliqué un « principe d’accélération », qui veut qu’un output soit proportionnel à son stock en capital. Il est reproché d’avoir (implicitement) supposé que la même proportionnalité prévalait pour la pollution – qui est aussi un output ! La dernière critique faite est de ne pas avoir pris en compte les phénomènes de prix dans la mesure de la rareté des ressource et d’avoir retenu une hypothèse de croissance exponentielle de la technologie » (Mongeau, 2012, 95-102).
III DES « LIMITES PLANÉTAIRES » PHYSIQUES
III 1 LES LIMITES PLANÉTAIRES DU STOCKHOLM RESILIENCE CENTER
L’étude de (Rockström, Steffen, Noone, Persson, Chapin, Lambin, Lenton, Scheffer, Folke, Schellnhuber, 2009) « Planetary Boundaries » propose une approche dans laquelle la Terre est pensée comme un système dont l’équilibre et la stabilité dépendent de neuf limites interdépendantes.
L’idée à la base est que l’expansion rapide des activités humaines depuis la révolution industrielle a engendré une force géophysique planétaire équivalente à certaines des grandes forces de la nature ; nombre de scientifiques pensent que nous sommes entrés dans une nouvelle époque géologique qui a besoin d’un nouveau nom – l’Anthropocène.
Comme le reconnaissent et le revendiquent les auteurs, « le cadre proposé s’appuie sur et dépasse les approches type limites à la croissance (Meadows et al. 1972, 2004), normes minimales de sécurité (Ciriacy-Wantrup 1952 Bishop 1978 Crowards 1998), principe de précaution (Raffensperger et Tickner 1999) et « fenêtres tolérables » (WBGU 1995, Petschel-Held et al. 1999) ».
L’avancée majeure est que l’étude se concentre sur les processus biophysiques du système terrestre qui déterminent la capacité d’auto-régulation de la planète. Elle se fonde sur le concept de seuils liés aux processus de grande envergure du système terrestre, dont le dépassement peut déclencher des changements non linéaires dans le fonctionnement du système. Prises ensembles, les limites –valeurs basses des seuils– représentent «l’espace biophysique dynamique du système terrestre dans lequel l’humanité a évolué et prospéré ». Le respect de ces limites permet de définir le « champ d’action planétaire» disponible pour l’entreprise humaine.
III 1 1 La notion de seuil
Les seuils fixés dans les processus clés du système terrestre existent indépendamment des préférences, des valeurs ou compromis que font les peuples sur la base de leurs faisabilités politiques ou socio-économiques.
Selon les auteurs, des travaux ultérieurs devront se concentrer sur les dynamiques sociales qui ont conduit à la situation actuelle et proposer les voies et moyens permettant à nos sociétés de rester dans ces limites.
Les seuils sont définis comme des transitions non-linéaires dans le fonctionnement des systèmes couplés homme-environnement, comme le récent recul brutal de la banquise arctique causée par le réchauffement climatique anthropique. Les seuils sont des caractéristiques intrinsèques de ces systèmes et sont souvent définis par une ou plusieurs variables de contrôle, comme par exemple la température et la diminution de l’albédo dans le cas de la banquise.
Certains processus importants du système terrestre, comme le changement d’affectation des terres, ne sont pas associées à des seuils connus à l’échelle continentale ou mondiale, mais peuvent, par le truchement d’un déclin continu de fonctions écologiques-clés (telles que la séquestration du carbone par exemple), provoquer des effondrements fonctionnels, générant des évolutions qui déclenchent ou augmentent la probabilité d’apparition d’un seuil plus global dans d’autres processus (tels que le changement climatique).
Ces processus peuvent aussi déclencher des dynamiques non linéaires aux échelles inférieures (par exemple : franchissement de seuils concernant l’utilisation de l’eau et les nutriments dans les lacs, les forêts et les savanes à la suite d’un changement d’affectation des terres). Ces changements non linéaires peuvent devenir une préoccupation mondiale pour l’humanité s’ils se produisent à l’échelle de la planète.
Les seuils sont très difficiles à évaluer, car le système terrestre est très complexe. Aussi, au lieu de définir des valeurs pour chaque seuil, l’étude établit une plage de variation dans laquelle le seuil est supposé se trouver. L’extrémité inférieure de cette plage est définie comme étant la limite à ne pas franchir. Par conséquent, est ainsi défini un espace sûr, dans le sens que tant que le système est en dessous de la limite, il est nécessairement en dessous de la valeur du seuil. A contrario, si la limite est franchie, il entre dans la zone de danger.
III 1 2 Les processus limites
Après avoir fait une recherche exhaustive des processus clés du système terrestre et de leurs variables de contrôle associé, les auteurs ont identifié 9 processus pour lesquelles les frontières doivent être mises en place si l’on veut minimiser le risque de franchissement de seuils critiques pouvant conduire à des résultats très indésirables ou inacceptables.
Une modification inacceptable s’entend par rapport aux risques auxquels l’humanité a été confrontée lors de la transition holocène – anthropocène. L’environnement relativement stable de l’Holocène, la période interglaciaire actuelle qui a débuté il ya environ 10 000 ans, a permis l’agriculture et à des sociétés complexes de se développer et de s’épanouir.
Les auteurs ont identifié neuf processus planétaires fondamentaux et, en s’appuyant sur les connaissances scientifiques actuelles, proposent des quantifications pour sept d’entre eux. Ces sept processus sont : le changement climatique, l’acidification des océans, la concentration en ozone stratosphérique, les cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, l’utilisation mondiale de l’eau douce, le changement d’affectation des terres, et la vitesse de l’érosion de la diversité biologique. Les deux limites planétaires supplémentaires pour lesquels ils n’ont pas encore été en mesure de déterminer une limite sont la pollution chimique et la concentration atmosphérique des aérosols. Dans l’étude de 2009, ils estimaient que l’humanité avait déjà transgressé trois limites planétaires: le changement climatique, la perte de biodiversité et le cycle mondial de l’azote.
Processus de la biosphère Variable(s) de contrôle Limites proposées Valeur actuelle Changement climatique Concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère (parties par million en volume) 350,0 387,0 Changement du forçage radiatif (watts par mètre au carré) 1,0 2,3 (1,1-3,3 W/m2) La perte de biodiversité et l’extinction des espèces Rythme d’extinction des espèces (nombre d’espèces disparues par million d’espèces et par an 10,0 100 – 1000 Indicateur d’intégrité de la diversité biologique (BII)Variables provisoires dans l’attente de plus appropriées Maintenir le BII à 90% ou au-dessus; évalué par biomes ou àl’échelle régionale large (ex: Sud-Afrique), à celles des écosystèmes marins (ex: récifs coralliens) ou de grands groupes fonctionnels 84% pour Sud-Afrique seul L’affaiblissement de la couche d’ozone stratosphérique Concentration en ozone stratosphériques (unité Dobson) <5% de réduction par rapport au niveau pré-industriel de 290 DU (5% -10%), évalué selon latitude Transgressé seulement au-dessus de l’Antarctique (env. 200 DU) Acidification des océans État de saturation mondial moyen d’aragonite dans les eaux marines de surface ≥80% de l’aragonite saturation pré-industrielle moyenne de l’aragonite à la surface de l’océan, y compris variabilité naturelle journalière et saisonnière (≥80% – ≥70%) env. 84% Cycles biogéochimiques Azote : Quantités de N retirées de l’atmosphère pour les activités humaines (millions de tonnes/an 62,0 150,0 Phosphore : Quantités de P déversées dans les océans (millions de tonnes/an) 11,0 env. 22,0 Changement d’affectation des terres Global : part de la forêt par rapport à la couverture forestière originale global : 75 % (75–54 %). Les valeurs sont des moyennes pondérées de 3 frontières de biomes individuels 62% Biome : superficie actuelle de la forêt par rapport à la forêt potentielle biomes :
tropical : 85 % (85–60 %)
tempéré : 50 % (50–30 %)
boréal : 85 % (85–60 %)Surconsommation de l\’eau douce Consommation en eau douce (Km3/an) 4000 (4000 – 6000 km3/an) 2600,0 Présence d’aérosols atmosphériques Concentration globale de particules A déterminer Nouveaux polluants P. ex. quantité émise ou concentration de polluants organiques persistants, de plastiques, de perturbateurs endocriniens, de métaux lourds et déchets nucléaires, dans l’environnement mondial, ou effets de ces éléments sur l’écosystème et le fonctionnement du système terrestre A déterminer Source : (Rockström et al., 2009)
Source : (Rockström et al., 2009)
Représentation des neuf processus planétaires menacés par les activités humaines, de leur limite et de leur valeur actuelle.
III 1 3 Éléments de discussion
Le concept de frontières planétaires suggère que l’existence du monde que nous connaissons, et dont l’humanité a profité tout au long de l’Holocène, dépend de l’exercice de son rôle de gardien du globe. Il entraîne avec lui la nécessité d’un nouveau paradigme de développement bâti sur les possibilités offertes par une seule planète. Les frontières planétaires cherchent à fournir des mesures scientifiques pour réaligner politiques du développement, modèles d’entreprises et choix de mode de vie… Il n’est donc pas étonnant que, depuis sa publication en 2009, il ait suscité un vif débat au sein de la communauté scientifique mais aussi au-delà, et ce faisant, influencé les agendas des mondes économique et politique.
Sur le contenu
Voici les reproches communément adressés à l’étude du Stockholm Center :
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La technique du faux pivot
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/12/2019
Ce dont je parlais dans l'article précédent...Comme quoi, je ne dis pas que des bêtises ^^
Comment le gouvernement va enfumer les syndicats avec l'âge pivot, qui sera retiré pour faire passer la réforme
Publié le 13/12/2019 à 16:35
Thomas Guénolé
Politologue et essayiste.
Auteur de nombreux livres, dont Antisocial (Plon, 2018).
Edouard Philippe a annoncé l'instauration d'un âge d'équilibre à 64 ans, en-dessous duquel les futurs retraités subiront un malus sur leur pension. Thomas Guénolé estime qu'il s'agit d'une annonce provocatrice destinée à faire passer le reste de la réforme des retraites.
La technique du "faux pivot" est un stratagème très courant en négociation. Cela consiste à faire semblant de vouloir absolument quelque chose, pour finalement y renoncer, en échange de la chose que vous vouliez vraiment depuis le début. Vraisemblablement, c’est ce stratagème qu’Emmanuel Macron est en train d’utiliser pour tenter d’enfumer les syndicats et de vaincre la grève. Et, ironie du sort, le faux pivot qu’il utilise s’appelle d’ailleurs explicitement… "l’âge pivot" !
NÉGOCIATION EN PLUSIEURS ÉTAPES
Une fois cela compris, certaines choses qui étaient incompréhensibles deviennent immédiatement plus claires. En particulier, l’annonce du contenu de la réforme des retraites avant-hier par le Premier ministre Édouard Philippe, le 11 décembre, pouvait sembler de prime abord un incompréhensible ratage. Pourquoi avoir inclus "l’âge pivot" (devoir attendre ses 64 ans pour toucher sa pension de retraite sans malus), alors que la CFDT, seul grand syndicat à soutenir la réforme, avait dit et répété que c’était une ligne rouge ? La réponse la plus vraisemblable est ce "faux pivot" :
Cette manœuvre est déjà en cours d’exécution
- Étape 1, Emmanuel Macron utilise ce point précis comme chiffon rouge pour pousser la CFDT à rejoindre la grève.
- Étape 2, les grévistes sont galvanisés par l’émergence d’un grand front syndical uni qui inclut la CFDT.
- Étape 3, Emmanuel Macron abandonne l’âge pivot de 64 ans, qu’en fait il était déjà prêt à sacrifier pour faire passer tout le reste.
- Étape 4, la CFDT répond en arrêtant la grève, ce qui brise l’unité du front syndical et casse la dynamique de la grève ;
- Étape 5, après ce qui passe pour une énorme concession d’Emmanuel Macron (mais qui est en réalité un « faux pivot »), et à quelques jours de Noël, les syndicats qui continuent d’appeler à la grève, en particulier la CGT, sont présentés en boucle comme des extrémistes.
PLUSIEURS INDICES
Il suffit d’être attentif aux mots prononcés par divers lieutenants d’Emmanuel Macron, pour constater qu’à l’évidence cette manœuvre est déjà en cours d’exécution.
- Edouard Philippe, Premier ministre : "Si j’ai dit que j’étais ferme sur le principe d’un système universel, (…) il y avait tout une série de point sur lesquels nous pouvions améliorer la réforme, nous ne sommes pas fermés, ma porte est ouverte."
- Bruno Le Maire, ministre de l’économie : "Nous proposons l’âge pivot à 64 ans, avec un système de bonus et de malus (…). Est-ce qu’il y a de meilleures solutions ? Peut-être, venons en discuter. (…) Ce serait dommage que sur un point, qui est un pur point financier, un pur point d’équilibre, qu’il y ait un blocage, alors même que nous sommes ouverts à la négociation."
- Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, flattant ouvertement Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT : "C’est un homme qui incarne un peu la démocratie sociale à la française, qui sait prendre ses responsabilités."
- Gilles Legendre, président du groupe parlementaire macroniste à l’Assemblée : "Tout le monde, depuis hier, fait comme si la question de l’âge d’équilibre à 64 ans avait été décidée et fixée, c’est faux. La question de l’âge pivot je le dis solennellement, de l’âge d’équilibre, n’est pas décidée, en aucun cas."
C’est généralement la base qui décide qu’il faut lancer une grande grève
Il n’est toutefois pas certain que ce stratagème du "faux pivot", au demeurant assez grossier, parvienne à casser la dynamique de la grève. En effet, contrairement à une croyance très répandue, c’est généralement la base qui décide qu’il faut lancer une grande grève, et c’est généralement la base qui décide d’arrêter. Ou pas.
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La retraite et la croissance
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/12/2019
La retraite et la croissance
Un sujet éminemment critique en ce moment.
"Jusqu'à quand va-t-on devoir travailler ?
Combien toucherons-nous à la retraite ?
Comment est-ce qu'on pourra s'en sortir avec si peu ?
Dans quel état on sera si on doit partir à des âges aussi avancés ?
Jamais, je ne pourrai tenir jusque-là.
Il y a trop d'inégalités, trop de différences et bien souvent injustifiées.
Les métiers les plus exigeants et les plus utiles à la communauté ne sont pas reconnus, ni durant la carrière, ni par ricochet quand vient l'âge de la retraite.
Les riches sont de plus en plus riches et nous de plus en plus pauvres.
Les riches ont des couilles en or et nous des nouilles encore."
Etc etc...
Tout cela est justifié.
Il n'est pas de mon idée de critiquer les contestations. Il me suffit de regarder ma pension de retraite et celle de Nathalie. On compte chaque euro de dépense...Mais je n'ai que 57 ans. Je suis un « privilégié ». Même si je ne touche pas une somme mirobolante, je suis encore partiellement en état pour en profiter...
Je continue à penser, par contre, que le système de grève qui consiste à pénaliser la population elle-même, relève d'une époque révolue. Elle sert le gouvernement en créant des dissensions dans la population. Il suffit aux dirigeants d'attendre l'épuisement des masses contestataires et l'opposition grandissante de ceux qui n'en peuvent plus des grèves. C'est inévitable.
Il suffit également de proposer au départ des mesures outrancières puis de lâcher un peu de lest pour que l'essentiel finisse par être validé. Le système fonctionne depuis des lustres.
Il n'est qu'à regarder les archives des humoristes. Les mêmes thèmes reviennent périodiquement, retraite, coût de la vie, grandes fortunes et petites gens, délabrement du service public, enseignement, chômage, allocations, les « profiteurs », les fainéants, les assistés, les marginaux etc etc...
Rien ne change, sauf le nom des dirigeants. C'est un jeu de chaises musicales mais ils ont tous les mêmes paradigmes en tête.
Je m'étais dit il y a quelques temps qu'un mouvement de refus d'obéissance au regard du paiement des impôts, un mouvement de millions de personnes qui suspendraient les retraits automatiques ou n'enverraient pas les paiements aux dates exigées, ça serait peut-être plus efficace. Il s'agirait de se mettre hors la loi. Des millions de personnes hors la loi. Une situation inconnue, une ampleur gigantesque.
Oui, je rêve, je sais.
Mais le problème essentiel n'est pas là, pour moi.
La retraite, telle qu'elle est conçue depuis bien longtemps, repose sur le principe de la croissance.
« La retraite en France consiste en un système fondé pour l'essentiel sur le principe de la répartition, les cotisations sociales des actifs servant à payer les pensions versées aux retraités. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Retraite_en_France
Les cotisations sociales des actifs... Tout le problème est là.
Premièrement, l'avenir des actifs ne peut que s'assombrir. Le plein emploi n'existera plus jamais. Les périodes sans cotisations seront de plus en fréquentes.
Deuxièmement, cette nécessité des cotisations salariales suggère qu'il faut maintenir, coûte que coûte, la croissance du pays.
Et c'est là que se pose le nœud du problème. Nous ne devons plus nous soumettre à cette idée de croissance. Celui qui n'aurait pas une idée exacte de l'ampleur des dégâts générés par cette dictature de la croissance devrait s'informer. De toutes urgences.
Si nous continuons à éduquer nos enfants dans l'idée qu'il faut avoir un travail, gagner sa vie, consommer, produire, travailler, gagner sa vie, consommer,produire … l'avenir de l'humanité est des plus sombres. Et celle de l'ensemble du vivant sur la planète.
Je rappelle que la courbe d'espérance de vie aux États-Unis ne monte plus. Elle stagne. Si l'âge de la retraite en France et dans les autres pays européens continue à être repoussée et que l'espérance de vie s'inverse, ils vont l'avoir mauvaise les derniers arrivés... Il faudrait également connaître les conditions de vie avec des retraites de plus en plus faibles. Vivre longtemps dans un grand dénuement... Quel beau projet...
La croissance infinie est un rêve d'économistes. Et de politiciens.
Le rêve des scientifiques, c'est d'arriver à faire comprendre à ces deux entités entêtées que les ressources ne sont pas infinies et que la dévastation pour la croissance a atteint un niveau catastrophique.
Les retraites ont besoin des actifs, les actifs ont besoin de la croissance pour le rester.
Mais la croissance, telle qu'elle est élaborée depuis des lustres, condamne à plus ou moins long terme, les actifs, les retraités, les enfants, les oiseaux, les abeilles, les hérissons, les poissons, les plantes sauvages, les insectes, les pandas, les orangs-outans...
« Wouarf, mais on s'en bat les couilles de tes pandas, ça fera une belle descente de lit. Et de toute façon, l'intelligence artificielle apportera toutes les solutions. Tes abeilles, ça sera remplacé par des robots volants. T'es qu'un con de bobo écolo. »
Oui, je sais.
Je vais quand même relancer une petite idée dont on n'entend plus du tout parler.
Le revenu de base ou revenu universel ou d'autres appellations.
C'est clair que pour que ça soit instauré, il faut que chaque individu change de paradigme quant à l'idée de « bien gagner sa vie pour pouvoir consommer ».
L'idée est de consommer le moins possible en ayant une vie la plus sereine possible. Une sérénité qui se nourrit principalement du fait que l'atteinte écologique devient la plus faible possible.
Le dossier wikipedia est bien fourni. Pour ceux que ça intéresse.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Revenu_de_base#Respect_de_soi
Voici quelques exemples d'expérimentations :
Applications
Brésil
Un projet indépendant et privé est actuellement en place au Brésil à Quatinga Velho (en)77. Le projet commença en 2008, organisé par l'organisation à but non lucratif ReCivitas78.
Ce projet consiste à donner 30 R$ par mois (4,4 % du salaire minimum en 2013 selon le gouvernement fédéral), ce qui n'est pas suffisant pour répondre aux besoins de base. Selon les responsables du projet, ce revenu est juste suffisant pour aider les gens à satisfaire leurs besoins les plus basiques. Les enfants en bénéficient particulièrement. Le projet, avec des ressources financières extrêmement limitées, a entrainé d'important effets sociaux. Il a eux un impact positif sur les besoins de base et la qualité de vie des participants. Les résultats montrent également que le revenu de base a contribué à un développement durable du village79. Les coordinateurs du projet ont constaté des améliorations en termes de nutrition, de vêtements, de conditions de vie, de santé (particulièrement pour les enfants), de construction de nouvelles maisons, et d'amélioration des maisons existantes. Ils ont aussi noté une amélioration de l'estime de soi et des interactions sociales, une réduction de l'insécurité sociale, et une augmentation des attentes futures, particulièrement chez les enfants, des changements significatifs dans les relations de travail, dans les naissances, les migrations et la dépendance économique80.
États-Unis
En 1976, l'Alaska a mis en place l'Alaska Permanent Fund, un fonds souverain dont le capital est basé sur les revenus miniers et pétroliers de l'État, et dont les revenus alimentent depuis 1982 un dividende universel versé le 30 juin de chaque année81,82. En 1999 un référendum interdit à l'État d'utiliser « une partie » des revenus du fond (84 % d'opposants). Le montant maximum versé a été de 2 072 $ en 201583. Aujourd'hui, dans le territoire Cherokee, une partie des revenus générés par les casinos est redistribuée aux membres de la tribu amérindienne84.
Les 16 000 membres de l'Eastern Band of Cherokee Indians (en), basés en Caroline du Nord, reçoivent plusieurs milliers de dollars deux fois par an85. Ces paiements sont des dividendes issus des profits du casino Harrah's Cherokee (en), et sont distribués depuis 1996. Une étude des effets sur les enfants de la communauté a montré un déclin significatif de la pauvreté, des problèmes de comportement, de la criminalité, de l'abus d'alcool et de drogue, des problèmes psychiatriques, et une augmentation du nombre de diplômés. Les effets sont principalement constatés chez ceux qui étaient les plus jeunes quand les paiements ont commencé, et chez ceux que ces paiements ont sortis de la pauvreté86,87.
Iran
L'Iran est le premier pays à avoir introduit un revenu de base national en automne 2010. Il est versé à tous les citoyens et remplace les subventions sur l'essence, l'électricité et certains produits alimentaires88 que le pays appliquait depuis des années pour réduire les inégalités et la pauvreté. La somme correspond en 2012 à environ 40 US$ par personne par mois, 480 US$ par an pour une personne seule et 2 300 US$ pour une famille de cinq personnes89.
Macao
Article détaillé : Mécanisme de participation à la richesse.
Macao distribue un fonds à tous les résidents, permanents ou non, depuis 2008, dans le cadre du mécanisme de participation à la richesse (en) de la région. En 2014, le gouvernement a distribué 9 000 patacas (environ 1 127 $US) à chaque résident permanent, et 5 400 patacas (676 $US) aux non permanents, soit plus de 600 000 bénéficiaires90.
Expérimentations
Canada
Le concept a été expérimenté par le Programme Mincome dans les années 1970 à Dauphin au Canada91. Les résultats de cette expérience, pendant longtemps non étudiée, ont finalement montré que la désincitation au travail y avait été très faible durant la durée de l'expérience (quatre ans). De plus, d'autres conséquences positives non attendues ont été observées, comme l'augmentation de la durée des études des jeunes, une baisse de la criminalité et des hospitalisations92.
L'historien Rutger Bregman y fait référence dans une conférence TED93.
États-Unis
Aux États-Unis, quatre expérimentations sociales ont eu lieu entre 1968 et 1982. Ces expérimentations visaient à tester les comportements des citoyens vis-à-vis du travail s'ils touchaient un revenu garanti. Les chercheurs observèrent une désincitation plutôt faible au travail92.
Finlande
En 2015, le nouveau gouvernement finlandais de centre-droit s'est engagé à mettre en place une expérimentation de revenu de base94. Cette expérimentation a été réalisée à partir du 1er janvier 2017 auprès de 2000 demandeurs d'emploi tirés au sort et âgés de 25 à 58 ans ; l'échantillon était limité à des personnes en recherche d'emploi et bénéficiant déjà d'une allocation chômage. Le montant était de 560 € par mois pendant 2 ans qui se substituaient au système social existant en Finlande95. Ces 560 euros mensuels remplaçaient ainsi l'actuelle allocation chômage. Si les allocataires percevaient une compensation plus élevée auparavant, la sécurité sociale leur versait la différence. Leur couverture santé et leur allocation logement étaient maintenues. Le changement majeur introduit par cette expérimentation tenait dans le fait que chaque personne pouvait accepter un travail et continuer à recevoir son revenu universel, et ce quel que fût le salaire perçu.96.
En 2018, la Finlande a décidé d'abandonner le projet à la fin des deux ans prévus97.
France
En France, une « expérimentation citoyenne » a été lancée par l'association MonRevenuDeBase98 en novembre 2017. À chaque fois que l'association collecte 12 000 euros, elle les redistribue en désignant par tirage au sort une personne qui s’est inscrite sur le site, et qui recevra 1 000 euros par mois pendant un an, sans contrepartie99. L’inscription pour participer à la désignation au tirage au sort est gratuite. Pour l'association, présidée par l'écologiste Julien Bayou et composée de bénévoles, l'objectif est de sensibiliser l'opinion publique à la question du revenu de base mais également d'obtenir une loi d'autorisation des expérimentations pour que les territoires qui le souhaitent puissent tester cette innovation sociale.
L'expérimentation a reçu une grande attention médiatique100. Pour le premier tirage au sort, trois bénéficiaires ont été identifiés101.
Le 26 novembre 2017, 8 présidents de Conseils départementaux annoncent dans le JDD qu'ils vont tester le revenu universel102. À la date du 27 décembre 2018, le nombre de départements souhaitant expérimenter le revenu de base est monté à 18, et la député Valérie Rabault (PS) appelle ses collègues à voter pour une proposition de loi discutée en ce sens en fin Janvier 2019 103.
Inde
En partenariat avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) et copilotés par le chercheur britannique Guy Standing et l'activiste indienne Renana Jhabvala (en)104, des projets pilotes de revenu de base sont en cours dans des villages ruraux de l'Inde105 depuis janvier 2011 sur une base de 200 roupies par mois par adulte, et 100 roupies par enfant.
Près d'un an après le début de l'expérimentation, celle-ci a déjà montré des résultats positifs sur la nutrition, la santé, l'éducation, les infrastructures et l'activité économique106,107[source insuffisante].
Kenya
L'ONG GiveDirectly teste depuis 2017, et sur 12 années, un revenu universel de 20 $ dans un village défavorisé au Kenya108.
Koweït
Le Koweït démarre en février 2012 une expérience d'allocation universelle inconditionnelle109 mais limitée dans le temps pour ses 1,155 millions de citoyens de 1 000 dinars/citoyen (3 580 dollars/citoyen).
Namibie
Une expérimentation a été menée en Namibie, dans le secteur de Otjivero-Omitara (environ 1 000 personnes à 100 kilomètres de Windhoek)110. Elle consiste à distribuer chaque mois pendant deux ans (à partir du premier janvier 2008) à chaque habitant enregistré 100 dollars namibiens.
Au bout de quelques mois d'expérimentation, la criminalité a baissé, la sécurité alimentaire de la population a augmenté, l'absentéisme à l'école a diminué, et des micro-entreprises se sont mises en place qui revitalisent le tissu économique et social du village. Globalement les revenus des habitants du village ont augmenté de 29 %, soit plus que le revenu supplémentaire octroyé par le programme. Le chômage a également diminué dans le village65.
Ouganda
Un programme en Ouganda a versé 382 $US à 535 jeunes de 15 à 35 ans, choisis aléatoirement. Les résultats ont montré une augmentation des activités d'entreprise de 57 %, des heures de travail de 17 % et des bénéfices de 38 % par rapport à un groupe témoin n'ayant rien reçu111.
Royaume-Uni
Le gouvernement de Tony Blair a mis en place, en mai 2003, le Child Trust Fund (en), une mesure proposée par Bruce Ackerman afin de fournir à chaque enfant un « capital de base » à ses 18 ans18. Le programme a été arrêté en 2011112, et remplacé par le Junior Individual Savings Accounts (en) (ISA)113 car l'ISA aurait de meilleurs taux d'intérêts et une sélection plus large possible d'investissements114.
Le gouvernement dans le dispositif Child Trust Fund donnait de l'argent à chaque enfant. L'ISA ne donne pas d'argent mais offre un compte avec des avantages fiscaux.
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Jean-Marc Rochette
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/12/2019
Je lis beaucoup de bandes dessinées. Depuis mon enfance. Je n'ai jamais arrêté.
J'avais lu " Le transperceneige" il y a longtemps. Un souvenir impérissable. Et puis sont venus coup sur coup, "Le loup" et "Ailefroide". Chefs d'oeuvre. Réellement. Un dessin magnifique, deux histoires prenantes, l'amour de la nature, le rapport entre l'homme et le loup, la passion de la haute montagne, l'amitié dans la cordée, la douleur, la renaissance. Des thèmes qui me parlaient.
Un parcours de vie d'artiste qui génère en plus une once d'optimisme au regard de mes écrits. Je n'ai que 57 ans ^^. Sait-on jamais...
Jean-Marc Rochette, l'artiste maudit devenu auteur de best-sellers à 63 ans
Détail de la couverture de l'artbook de Jean-Marc Rochette - Copyright Editions Daniel Maghen Le dessinateur du Transperceneige, après des années difficiles, a remonté la pente en publiant coup sur coup ses meilleurs livres, deux récits de montagne âpres et universels devenus des best-sellers et bientôt adaptés au cinéma.
Jean-Marc Rochette avait tout pour devenir un artiste maudit. Fou de grimpe, il a failli laisser sa peau dans les Alpes à la fin de l’adolescence dans les années 1970. Auteur culte de la BD Transperceneige dans les années 1980, il a failli devenir fou dans les années 1990 avant de renaître grâce à la peinture dans les années 2000. Après des années de vaches maigres, le succès, le vrai, est enfin venu frapper à sa porte dans les années 2010.
Il y a eu, d’abord, le sud-coréen Bong Joon-ho, qui a fait du Transperceneige un blockbuster mondial. Il y eu, ensuite, Ailefroide (2018) et Le Loup (2019), deux récits de montagne âpres et universels devenus, contre toute attente, des best-sellers. À 63 ans, Rochette savoure cette année 2019, qui conclut avec une rétrospective à la Galerie Maghen (à Paris, du 10 décembre au 11 janvier) une période faste où il a publié trois livres, a reçu un prix et a fait l’objet d’une exposition à Grenoble. "2019, c’est une année comme tu en vis peu dans une carrière", sourit-il. Et cela ne s’arrête pas là: la série Transperceneige sera dévoilée après le Super Bowl en février sur la chaîne TNT et Netflix, et une adaptation du Loup en film d’animation est en cours chez Xilam (producteur de J’ai perdu mon corps).
Depuis mai, Rochette a vendu plus de 35.000 exemplaires de cette histoire dans la lignée de Bambi où un berger part à la chasse d’un loup qui a décimé son troupeau. "Le Loup est un livre très émotionnel. Il peut plaire à tout le monde", se réjouit le dessinateur. Malgré ses échecs répétés, Rochette a toujours fait preuve d’un optimisme indéfectible. Bien avant les sorties d’Ailefroide et du Loup, il savait que ses livres toucheraient le public: "Je suis toujours assez optimiste et donc un optimiste déçu. Comme je suis optimiste à presque tous les coups, à chaque fois je me disais que ça allait marcher et ça ne marchait jamais. Là, j’ai continué à le dire et ça a marché. C’est une question de persévérance dans l’optimisme."
Casterman 2019 - Le Loup de Rochette "Tout le monde est étonné que ça marche"
À Grenoble, une exposition consacrée à Rochette en mars dernier au Musée de l'Ancien Évêché a attiré 25.000 entrées dans une ville de 150.000 habitants. "Le Loup est lu par tout le monde dans la vallée. C’est bien de voir que ce fameux dessin qui a l’air si difficile pour le milieu de la BD ne l’est pas pour le grand public." A sa grande surprise, Le Loup résonne avec autant de force dans le reste du pays et réussit l’exploit de faire s’entendre "écolos et bergers sur un sujet où les mecs sont prêts à se battre".
"Tout le monde est étonné que ça marche", complète-t-il. "Quand j’ai fait Ailefroide, j’ai des copains qui étaient persuadés que ça ne marcherait pas. Le premier étant [Olivier] Bocquet [son co-scénariste d’Ailefroide, NDLR]. Il pensait que c’était une niche et qu’on en vendrait 5.000." Il en a vendu 60.000. Un exploit pour un livre rude retraçant sa jeunesse d’alpiniste et l’accident d’escalade qui a failli le tuer. En cela, Rochette se rapproche de son modèle, l’écrivain américain Cormac McCarthy dont les récits réputés difficiles séduisent un large public.
Avec le temps, Rochette a surtout appris que le public est roi: "la BD est un art populaire. Si tu fais un truc obscur, tu ne vas rien vendre." Avant d’en arriver là, Rochette a eu mille et une vies, qu’il raconte dans Vertiges, un ouvrage accompagnant l’exposition à la Galerie Maghen et contient une longue interview menée par la journaliste Rebecca Manzoni. Il s’y livre à cœur ouvert. On y comprend d’où vient son style, comment son trait souple des débuts est devenu rugueux au fil des années, de quelles souffrances il a été nourri: "J’ai un travail dit protéiforme, qui passait pour décousu, et là on découvre qu’il y a une cohérence totale", commente Rochette, qui n’a jamais cherché à séduire ou à faire des compromis avec son art.
Casterman 2019 - Ailefroide de Rochette "Depuis que je suis parti en Allemagne, je remonte"
Associé à un univers sombre et désespéré, Rochette a pourtant commencé sa carrière comme "auteur comique et burlesque", rappelle-t-il. En 1980, il publiait en parallèle et avec succès dans les revues (À suivre) et L’Écho des Savanes, Le Transperceneige et la BD animalière et satirique Edmond le Cochon. Une partie de son œuvre qui est désormais occultée: "J’adorais ça. Mais le public, à part Edmond, n’a jamais adhéré à mon burlesque." Après le succès du Transperceneige, il a donc enchaîné avec plusieurs récits de SF ambitieux (Requiem Blanc, Le Tribut), mais sans trouver de succès comparable.
Puis Rochette a travaillé pour L'Équipe. Il y commentait les buts de la semaine en dessin. Un confort matériel qui lui permettait de se consacrer à la peinture abstraite: "J’étais en décalage complet entre ce que je faisais toute la semaine et le dessin ultra-pragmatique que je faisais le samedi pour L'Équipe. C’était lu par un million de personnes à l’époque." À cette époque, il a cru devenir fou. Alors qu’il tente de relancer Le Transperceneige au début des années 2000, il se refait une santé en collaborant avec René Pétillon, "un maître du gag" qui "avait le gag dans le sang": "Grâce à lui, j’ai appris qu’il fallait un sujet que les gens puissent identifier, une attaque très drôle ou très affective." Ce qu’il a appliqué dans Ailefroide et Le Loup.
Sa renaissance artistique n’intervient que bien plus tard, à la fin de la décennie, lorsqu’il quitte la France pour Berlin, pour prendre un nouveau départ. "Quand je suis arrivé en Allemagne, je n’arrivais pas à peindre, je n’arrivais plus à rien faire", se souvient-il. Sur place, il apprend l’allemand avec des Syriens. "J’ai l’impression que le fait d’apprendre une nouvelle langue a eu un effet salvateur. Un blocage a sauté. Depuis que je suis parti en Allemagne, je remonte."
Wikimedia Commons - Les Etages - Jean-Marc Rochette "Je n’ai jamais eu une période aussi créatrice de ma vie"
Depuis la sortie du quatrième tome du Transperceneige, qui "a été bouffé par [le succès du] Loup", Rochette planche sur la suite, prévue pour mars. En attendant l’ultime tome, il réfléchit à un nouveau livre de montagnes, intitulé La Dernière reine, et à un autre sur son grand-père paternel, qui fut résistant. Il a déjà le titre et la première scène. Rochette fourmille d’idées. Un sentiment nouveau: "Je n’ai jamais eu une période aussi créatrice de ma vie", s’enthousiasme-t-il, avant d’ajouter: "J’ai toujours eu comme une mobylette bridée. J’en avais sous le capot, mais je n’avais pas encore tout donné. Le déclic, c’est l’Allemagne, Bong Joon-ho, la synergie du succès. J’ai senti que le public était là, ça donne de l’énergie, des idées. Je pense que la France a le même problème. On est un pays très créatif, et là elle est complètement bridée, ça ronfle. On arrive à un moment, où il faut qu’il y ait un changement de paradigme total, à tous les niveaux."
Rochette, qui partage aujourd'hui sa vie entre Paris et Grenoble, est à un carrefour de sa carrière. D’un côté se trouve Le Transperceneige, dont le public peine à se renouveler malgré un récit politique qui fait écho aux grands mouvements contestataires contemporains. De l’autre se trouvent les récits montagnards qui jaillissent sous sa plume et séduisent un large public. Tout se passe comme s’il vivait en parallèle sa vie d’avant et sa nouvelle carrière d’auteur à succès, comme s’il devait mettre un point final à l’aventure du Transperceneige avant de pouvoir pleinement profiter du succès: "Je laisse tomber un public qui me soutient et me porte en triomphe pour un autre public qui lui me déserte", déplore-t-il, avant de conclure: "Les gens veulent voir de la beauté, de la montagne, de la nature, des beaux sentiments. Ils ne veulent pas voir la fin du monde. Peut-être parce qu’ils la voient au quotidien."
Jérôme Lachasse
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Implant contraceptif féminin : les dangers
- Par Thierry LEDRU
- Le 09/12/2019
Au cas où certaines lectrices de ce blog seraient concernées par ce genre d'implant et n'auraient pas vu passer cet article.
On est dans un risque mortel...
Personnellement, pour que Nathalie n'ait plus à subir les effets de la contraception et les risques à long terme, j'ai demandé une vasectomie. J'avais 37 ans, on avait trois enfants et une certitude qu'il n'y en aurait pas d'autre. Pas simple d'obtenir les feux verts du corps médical. Mais j'ai fini par trouver un chirurgien. Affaire réglée.
Je ne vois pas pourquoi, après que les enfants désirés soient au monde, la femme continuerait à souffrir des effets secondaires d'une contraception chimique alors qu'il existe un moyen radical pour l'homme de mettre un terme à ce que la nature a mis en place.
Sabrina, une biterroise de 39 ans, vit dans l'angoisse depuis qu'elle a découvert que son implant contraceptif, posé dans son bras, a migré vers son poumon. Elle risque un œdème pulmonaire. Elle a décidé de témoigner pour alerter les femmes porteuses de ce type d'implant.
Par JM avec C.Fabre
Sabrina fait partie de la trentaine de femmes dont l’implant contraceptif Nexplanon, initialement inséré dans le bras a migré. Dans son cas il a été retrouvé dans son artère pulmonaire côté droit. Depuis, elle vit un cauchemar.
Rendez-vous médicaux et examens
Depuis quelques semaines, la vie de Sabrina a basculé.
Tout commence en février 2018 lorsque cette maman de trois enfants, décide de se faire poser un implant contraceptif dans le bras. Un bâtonnet souple de la taille d’une allumette qui diffuse pendant trois ans des hormones.
L'implant contraceptif fait la taille d'une allumette et se met dans le bras / © MAXPPP - N.FALCO
Très vite, elle vit avec et n’y pense plus. Mais cet automne, de vives douleurs apparaissent et perdurent. Elle se rend chez son médecin et lui demande de lui retirer l’implant qu’elle a dans le bras.Il commence à me palper le bras gauche, et là il ne trouve pas l’implant. Il m’a alors fait une échographie du bras, il ne l’a pas trouvé, on a fait une IRM il ne l’a pas trouvé, puis la radio des poumons il ne l’a pas trouvé. On a fini par le trouver grâce à un scanner. Il était dans mon poumon droit.
La crainte d'un oedème pulmonaire
Son implant a migré pour venir se loger entre une artère et le poumon droit évitant de justesse le cœur. Aujourd’hui, placé à cet endroit, il peut à tout moment provoquer un œdème pulmonaire.Je vis dans une crainte permanente, à chaque geste que je fais j’ai peur, je me demande toujours si le mouvement que je fais va le faire se déplacer. J’ai du mal à dormir la nuit parce que j’ai peur qu’il se déplace où qu’il se passe quelque chose.
Opération risquée
Pour y mettre fin, il faudrait retirer l'implant. Mais l'opération est risquée, elle doit se faire à Paris et nécessite 6 mois de rééducation. Sabrina nous affirme que le laboratoire fabriquant l'implant lui a proposé de prendre en charge le coût de cette opération, en échange de son silence. Elle, s'y refuse. L'autre solution, garder l'implant dans son poumon, mais une infirmière doit venir tous les jours pour lui injecter des anticoagulants.
On m’a mise en danger sans que moi je puisse être informée, je n’ai d’autres choix que d’accepter ça. Mais je ne veux pas moi. C’est votre erreur, ce n’est pas la mienne, clame-t-elle.
Car au moment de la pose de l’implant, personne ne l’a informée des risques.
Sa colère va prendre la forme d'une action en justice contre le laboratoire et son médecin. Si elle témoigne aujourd'hui, c'est pour alerter les femmes porteuses de cet implant. Elles sont 200 000 en France.30 cas en France
Le cas de Sabrina a été signalé à l'agence de sécurité du médicament, il y en a 30 recensés pour l'heure. L'ANSM a annoncé ce vendredi matin qu'elle enverrait dans les prochaines semaines un courrier aux professionnels de santé pour rappeler la procédure d'insertion et de retrait du Nexplanon. Elle invite, par ailleurs, les femmes porteuses de cet implant à vérifier sa présence en palpant régulièrement leur bras et à consulter rapidement si elles ne le repèrent plus.
Le reportage de Chloé Fabre et Christelle Chabaud
http://www.contraceptionmasculine.fr/les-methodes/la-vasectomie/
La vasectomie
Stérilisation ou contraception permanente ?
Il est habituel d’identifier stérilisations féminine (occlusion tubaire) et masculine (vasectomie). Il est difficile d’admettre cette confusion.
La vasectomie, contrairement aux stérilisations tubaires, est réversible à un double titre : avant l’intervention, les spermatozoïdes peuvent être conservés pour être utilisés en AMP ; la réparation chirurgicale est facile et effective dans 80% des cas et suivie de grossesse dans 50% des cas (A Jardin et V Izard, p.131 de l’ouvrage « La contraception masculine » chez Springer-Verlag France 2013).
Pour la vasectomie, le terme de contraception permanente paraît donc plus adapté que celui de stérilisation masculine.
Aspects juridiques et financiers:
Légale en France depuis 2001. Son coût de 67€ est bien inférieur à celui la ligature des trompes, même dans sa version « Essure® ». Depuis octobre 2012, la contraception « définitive » est de nouveau remboursée par la sécurité sociale pour les femmes et les hommes sans restriction d’âge.
Le retard français:
50 millions d’hommes dans le monde utilisent la vasectomie comme contraception : 14% en Chine, 13% aux Etats-Unis, 21% en Grande Bretagne, 9% en Espagne. Mais ils ne sont que quelques milliers en France et on ne compte que 200 conservations de sperme/an avant vasectomie (Fédération française des CECOS).
Ce retard français demande à être expliqué : tabous, guerre des sexes, atteinte des profits de l’industrie pharmaceutique ? (A.Jardin et V.Izard p.132-35)Réflexions sur la vasectomie contraceptive (Alain JARDIN, professeur d’urologie):
La loi Neuwirth, presque cinquantenaire, stipulait que les individus peuvent, à bon escient, réclamer et obtenir de leur médecin les moyens de limiter leur fécondité.
Nous savons que la stérilisation est la première méthode contraceptive utilisée dans le monde que 26 % des américains du nord de 50 à 70 ans sont vasectomisés, qu’aux USA il se pratique, chaque année, environ 500 000 vasectomies dans un but contraceptif, alors qu’en France, quelques centaines.
En France, la pratique de la vasectomie contraceptive avant 1974 était quasi inexistante. Avec la création des CECOS qui permettait de conserver le sperme dans les meilleures conditions la vasectomie a commencé à être pratiquée. L’état d’esprit devant cette technique paraissait évoluer et en 1978 nous rapportions avec Pierre Jouannet l’étude de nos 100 premiers cas.En fait la vasectomie ne s’est jamais imposée. La vasectomie échappe à la mondialisation, et pourtant la vasectomie est
– une contraception et on sait que, en France, 70% des couples utilisent un moyen contraceptif.
– un moyen simple de contraception. La vasectomie est une intervention chirurgicale simple, faite en ambulatoire sous anesthésie locale. Les complications sont très rares .Le nombre d’échecs, pratiquement toujours dus à un problème technique est inférieur à 1%. La stérilité peut être réversible par un geste chirurgical dans plus de la moitié des cas. La conservation du sperme, avant vasectomie permet de ne plus considérer cette intervention comme entraînant une stérilité définitive.
– la plus économique des contraceptions
– n’entraîne pas de conséquences néfastes pour la santé : les complications immédiates sont mineures mais émaillent environ 10% des suites de vasectomie (ecchymose, hématome, déférentite voir épididymite, douleur persistant plus de 24 heures). Une littérature assez abondante concerne des complications à distance de la vasectomie : athérome-cancer du testicule-cancer de la prostate. En fait les méta-analyses pratiquées ont montré l’absence de corrélation entre la vasectomie et l’incidence de ces pathologies. Enfin la santé sexuelle est perçue dans les enquêtes comme inchangée ou meilleure, exceptionnellement altérée.
– un moyen licite et légal de contraception : la Direction générale de la Santé a édité une plaquette de 26 pages pour éclairer la population sur la stérilisation dans un but contraceptif.Pour trouver des urologues ou des services d’urologie pratiquant la vasectomie, se renseigner auprès de l’Association Française d’Urologie (urofrance.org) et des CECOS (cecos.org).
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Vie privée et réseaux sociaux.
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/12/2019
Dans une discussion sur un groupe philo, il y avait un texte qui mettait en avant la contradiction entre les contestations de la population au regard de l'atteinte à la vie privée sous diverses mesures de surveillance et les pratiques de masse qui consistent à étaler sa vie sur les réseaux sociaux alors que ceux-ci représentent une mine d'informations pour les instances gouvernementales. On sait combien facebook est devenue une bibliothèque ouverte sur les gens, des archives exploitables. Il n'est qu'à voir les publicités ciblées qui y sont affichées. Une des raisons pour lesquelles je n'y vais quasiment plus.
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"La société de masse détruit non seulement le domaine public mais aussi le privé : elle prive les hommes non seulement de leur place dans le monde mais encore de leur foyer où ils se sentaient jadis protégés du monde. (…) Une vie passée entièrement en public, en présence d’autrui, devient superficielle. Tout en restant visible, elle perd la qualité de le devenir à partir d’un fond sombre qui doit demeurer caché à moins de perdre sa profondeur en un sens non subjectif et très réel. La seule manière efficace de garantir contre le grand jour de la publicité l’ombre des choses qui ont besoin du secret, c’est la propriété privée, un lieu que l’on possède pour s’y cacher."
Hannah ArrendtLe "paradoxe de la vie privée" :
"Les gens se plaignent d'être surveillés, mais ils s'exposent de plus en plus".
Emmanuel Kessous, sociologue"Nous savons bien que nos échanges ne sont qu'un jeu de rôle dont nous créons les personnages."
Denis Humbert, romancierAu-delà de ce constat, il conviendrait de chercher les raisons profondes de ce besoin de s'ouvrir à l'autre, la plupart du temps à un inconnu, puisque le virtuel ne saurait remplacer la présence réelle ? Facebook, Twitter, Instagram, ne sont pas des lieux de rencontres. Ce sont des écrans. Au sens plein du terme. L'écran entre l'autre et moi et entre moi et moi-même. Comme une perdition de soi ou en tout cas, une forme d'éparpillement. Combien d'échanges importants sur les réseaux sociaux, combien de réflexions suivies par de réels échanges, combien de temps passé pour un effet délétère ?
Je suis toujours effaré quand il m'arrive de me retrouver dans une salle d'attente de voir le nombre de gens les yeux rivés sur leurs téléphones...Personne ne se parle, personne ne croise même un regard...Personne ne lit un livre...Ou très peu. Ce monde connecté est rempli de solitude et de négation de l'autre. Tout le monde sait ce qui se passe en Australie, au Brésil, au Chli ou à Remblai-le-gravier mais personne ne sait ce que vit son voisin de chaise...
Et si quelqu'un en venait à le demander, il passerait pour un malotru. Puisqu'il empêche l'adepte du smartphone de raconter sa vie sur l'écran...
Il convient donc de se demander quelle est la part de vérité dans cet éclairage de la vitrine connectée ? Qu'y a-t-il de réel au fond du magasin et qui n'apparaît pas dans la lumière des projecteurs ?
Ne s'agit-il pas d'une forme de solitude qui aurait besoin d'être atténuée quitte à considérer que les réseaux sociaux puissent combler ce vide intérieur ?
Il est clair pour moi que ce monde moderne souffre d'une dichotomie profonde entre cette passion des réseaux sociaux et la raison réelle de ces pratiques. Aujourd'hui, quelqu'un qui vit seul et n'est pas connecté au monde virtuel passe pour un marginal. Quelqu'un qui vit en couple ou en famille et qui est connecté 20 heures par jour passe pour quelqu'un de "normal"... La dernière fois que j'ai pris le TGV, je me souviens avoir vu un couple avec deux jeunes enfants, assis face à face. Aucun d'entre eux ne se parlait. Les parents avaient chacun leur smartphone et les enfants chacun une tablette... Effrayant...
C'est ce que j'appelle l'état de solitude connectée.
Il m'est arrivé de penser que le SDF avec son chien a un comportement plus aimant et plus humain. Et pourtant, il est exclu du groupe. Evidemment, puisqu'il n'a aucun pouvoir d'achat... Il ne peut pas faire partie du même monde que tous ceux qui sont appareillés et connectés.
C'est là que se pose la problématique de la solitude et de l'isolement.
Notre solitude sociale, à Nathalie et moi, est un choix. Réfléchi et volontaire. Déterminé.
Cette solitude n'a rien à voir avec l'isolement.
Les philosophes ont beaucoup écrit et parlé des bienfaits de la solitude. Mais cette solitude n'est pas acceptable pour une société marchande. Elle ne rapporte rien. Ou alors, il convient d'aller faire une retraite dans un monastère new age et débourser un mois de salaire pour apprendre par la méditation à se détacher des biens matériels...D'ailleurs tous les centres de "retraite méditative" ou autres appellations sont connectés au réseau... (En fait, je n'en sais rien, je n'y ai jamais mis les pieds). Je me moque.
Ce monde connecté offre donc aux gens la possibilité de ne pas être seuls et, pourtant, en se connectant frénétiquement, ils s'isolent. Et j'utilise sciemment le terme "d'isolement" et non de "solitude"car il s'agit bien d'une forme de pression sociétale.
Il "faut" être connecté, en tous lieux, le plus vite possible, sinon on est isolé, on est marginalisé.
On est un SCF (sans connexion fixe), un cauchemar. Mais où ce cauchemar prend-il son énergie, dans quel antre émotionnel trouve-t-il cette force constante ?
J'ai déjà pas mal écrit là-dessus. Et dans mes romans notamment :
La nature... Là, il est encore possible d'être seul. C'est d'ailleurs bien pour ça qu'elle intéresse si peu de monde.
Je ne parle pas de la nature urbaine des parcs de jeux ou des pelouses à pesticides, des forêts bien "entretenues "et des chemins balisés, du lac avec son grand parking et la baraque à frites, des stations de ski avec leurs HLM de luxe, des plages bondées où on n'entend même plus la mer...
Je parle de la nature où il n'y a personne. Celle où on peut se perdre, celle où il n'y a aucun bruit, celle où les traces animales sont plus nombreuses que les traces humaines. Cette nature-là n'est pas protégée parce que dans l'inconscient collectif, elle reste un espace dangereux. Non domestiquée.
Proposer à un "urbain" de partir à pied en montagne, pendant une semaine, avec très peu de nourriture, juste une bâche et un duvet pour dormir, l'eau des torrents, le caca derrière un rocher ou au fond de la forêt, là où il y des loups féroces ou des assassins pervers... Aucune chance.
Et c'est ce même "urbain" qui mourra en ville, poignardé, écrasé, intoxiqué, cramé, empoisonné, violée (j'ai mis un e...).
Lire les statistiques d'accidents mortels est une lecture très enrichissante.
Non, la nature n'est vraiment pas dangereuse.
Personnellement, je vais en ville avec un poignard dans ma veste.
Je le prends aussi en montagne, pour couper du bois et faire un feu si jamais on venait à devoir passer une nuit dehors. On n'en mourra pas.