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  • A CŒUR OUVERT : une prémonition

     

     

     

     

     

    Je relis ce roman écrit en 2013... Je découvre que j'avais déjà imaginé notre prochaine destination et la vie qui nous appelle. Une "retraite" dans un coin perdu du Massif central, un amour à vivre jusqu'au bout, la quête intérieure, la simplicité volontaire.

    Coeurouvertwhite

    A COEUR OUVERT

     

    « La quête est une illusion. Une tromperie du moi qui se joue de tout. Je n'ai rien à chercher. Tout est déjà là mais en le cherchant, je m'en éloigne. Le moi, je le reconnais et je connais la complexité de ses errances et je n'ai pas à le craindre. Il n’est pas ce que je suis, il n’est qu’une interprétation. »

    Il pensa que c’était ça, sans doute, le lâcher-prise. Cette douceur de l’acceptation. L’apaisement des interrogations, tout comme leur accueil. Tant que les émotions ne venaient pas créer un conflit, un objectif, une peur, une euphorie. Rester inerte pour vivre pleinement. C’était la voie. Et pourtant, il sentait bien cette chaleur dans son ventre quand Diane venait se blottir contre lui, quand il posait ses mains sur son corps dénudé, quand il percevait dans ses yeux l’amour qui vibrait en elle, quand ils partageaient leurs paroles comme des parfums qui embaument. Il n’était pas question de chercher à en maîtriser les effets. Il fallait s’y abandonner pour que l’énergie se consume et ne se transforme pas en tensions délétères. S’y abandonner sans aucune pensée, ne rien ajouter, comme on saisirait un parfum sans vouloir connaître le nom de la fleur, sans vouloir la cueillir, sans vouloir l’autopsier ou chercher à la multiplier. Oui, c’était ça la beauté du monde. Juste saisir. Sans aucune autre intention. C’est cela qu’il aimait dans les paysages de cette terre. Il pouvait les regarder mais il ne les emportait pas, il ne les transformait pas, il ne cherchait même pas à en connaître les détails, les savoirs des hommes ne l’intéressaient pas. Il n’était qu’un spectateur.

    Le vent, dehors, s’était calmé, une suspension brutale qu’il n’avait pas encore remarquée. C’est le tumulte éteint de sa tête qui le plongea dans le silence retrouvé.

    Il entendait des résidus de souffles retardés dans le sillage de la tempête, comme des traînées d’écume dans les grands courants du large, il imaginait des soldats fatigués titubant derrière le gros de l’armée, quelques coups affaiblis sur la toiture, quelques grognements poussifs, la lutte n’était plus l’objectif, rien à prouver.

    Juste passer et disparaître.

    Il remonta la couverture, éteignit la lumière, se roula en boule et écouta longuement les murmures s’éteindre.

    « Allo, Monsieur Laskin, c’est le secrétariat du Professeur Cartier. Le Professeur m’a demandé de vous communiquer l’adresse d’un cardiologue qui a suivi la formation pour le suivi de votre prothèse. Il est sur Clermont-Ferrand. Vous n’aurez plus besoin de monter à Paris. »

    Il nota l’adresse et téléphona pour prendre rendez-vous.

    Pour le 15 décembre à 14h00 heures.

    Il pensa qu’il avait eu raison d’acheter un 4X4. Une Volvo break blanche, intérieur bleu en tissu épais, sièges chauffants et climatisation. Un condensé d’électronique. Diane s’était gentiment moquée de lui.

    « Il te reste quand même des relents de luxe ! »

    La neige avait déjà habillé les monts d’une pelure cristallisée. La première fois, la remontée des températures avait balayé le fin tissu. À la deuxième tentative, le saupoudrage s’était amplifié.

    Un sucre glacé qui lissa les reliefs les plus hauts, figea les forêts, étouffa les babillages des ruisseaux.

    Il découvrit avec Diane le silence de la neige. Juste le crissement des pas dans le tapis givré, cette mélodie hypnotique qui comble les failles intérieures, endort les pensées insoumises, comme une berceuse infinie, un leitmotiv infatigable ; il s’amusait parfois à suivre des yeux un flocon virevoltant, cette descente légère, tourbillonnante, cette danse imprévisible, les souffles créateurs guidant les arabesques ; il imaginait la quantité de silence insérée dans l’architecture fragile, comme une mission à finir : déposer sur le monde le calme des cieux et niveler les rumeurs. Il aimait infiniment les matins bleus et gelés, quand la couverture nuageuse s’est retirée pendant la nuit et que la Terre s’est glacée. Cette immobilité de l’hiver. Ce silence inégalable du froid qui absorbe les bruits, jusqu’au moindre souffle d’air. Un instant suspendu, pétrifié.

    Sam et Lisa les invitèrent un soir. Une crémaillère joyeuse. Des discussions singulières, des partages enthousiastes, des intérêts communs. Ils ne voulaient pas de ces mouvements contestataires, de ces mouvements de masse qui critiquaient « le système. » Non pas qu’ils n’aient aucune utilité mais parce qu’ils représentaient de nouveau un courant commun. Ils ne pouvaient s’y résoudre. Comme un enchaînement volontaire.

    « En même temps, c’est sans doute le seul moyen d’établir un contre-pouvoir, non ?

    -Oui, Paul, c’est certain mais il faut supporter les décisions communes. Personnellement, Lisa et moi, on a choisi d’œuvrer à notre propre pouvoir. Celui que l’on peut porter sur les choses qui nous concernent, celles de notre vie quotidienne, une implication constante, sans aucun rejet si ça n’est qu’un mot d’ordre imposé. Juste des choix raisonnés. Le minimum de technologie par exemple, juste pour éviter d’appartenir à des richesses inertes et provisoires.

    -Ce n’est pas moi, pourtant, qui vais aller critiquer la technologie. La médecine qui sauve les hommes ne peut pas être condamnée, précisa Paul.

    -C’est certain, ajouta Lisa. Et c’est très impressionnant ce que vous vivez. Nous, ici, on a besoin d’une connexion internet pour faire connaître notre gîte et c’est fabuleusement pratique pour passer les commandes aux fournisseurs. Le téléphone devient secondaire. Nous serions ridicules de rejeter ce progrès-là.

    -Une question d’équilibre, intervint Diane. Parvenir à établir les besoins réels et à repousser les désirs. Il faut une certaine maturité finalement. Et beaucoup de personnes ne la cherchent pas. »

    Jusqu’au bout de la nuit. Le feu de cheminée qui dessinait sur les murs lambrissés des sarabandes de derviches tourneurs, des chaleurs diffusées jusque dans les âmes, des brillances au fond des yeux, le crépitement du bois qui nourrissait les rêves de douceur, comme un enfant câliné, un doudou retrouvé."

  • Voiture électrique et terres rares

    Tout est prouvé, certifié. Ce ne sont pas des arguments fallacieux ni un état des lieux catastrophistes. C'est juste factuel.

    La solution n'est pas dans l'élaboration de nouveaux véhicules mais dans un changement d'existence. Mais quand je vois, le matin, sur la route de l'école, le nombre hallucinant de véhicules et dans lesquels il n'y a la plupart du temps que le conducteur, j'ai bien conscience que ce changement d'existence est impensable... 

    Une solution ? Non, je n'en ai aucune. Je me contente de relayer une information. Oui, je sais, c'est pitoyable et j'ai bien conscience que ça ne résoud pas le problème. Et je roule avec un vieux 4X4 diesel en plus. Par besoin, pas par plaisir. Un vieux "tracteur" tout en métal, très peu de plastique (pétrole) et peu de terres rares puisqu'il n'y a guère d'électronique. J'essaie de trouver des pièces à la casse pour ne pas en faire venir de nouvelles. Je me demande par contre si nos 2CV, 4L et R12, n'étaient pas bien plus écologiques que tout ce qui roule aujourd'hui...

    Dans une mine d'extraction de terres rares de la province chinoise du Jiangxi, en octobre 2010. Photo stringer. Reuters

     

    https://www.liberation.fr/planete/2018/02/01/metaux-rares-un-vehicule-electrique-genere-presque-autant-de-carbone-qu-un-diesel_1625375

    Dans son dernier ouvrage, «La Guerre des métaux rares», Guillaume Pitron dénonce «la face cachée de la transition énergétique et numérique». Pour le journaliste, éoliennes, panneaux solaires et voitures électriques se contentent de déplacer la pollution à l’autre bout du monde.

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       Métaux rares : «Un véhicule électrique génère presque autant de carbone qu’un diesel»

    Iridium, indium, platine, terres rares : ces métaux aux noms parfois méconnus sont essentiels pour les industries de pointe. Sans eux, pas de batteries électriques, d’éoliennes, de téléphones portables ou de fibre optique. Le journaliste Guillaume Pitron s’est intéressé aux conséquences environnementales et géopolitiques de l’extraction de ces métaux rares. A l’occasion de la sortie de son livre la Guerre des métaux rares, il revient sur six ans d’enquête à travers une douzaine de pays.

    Les métaux rares, qu’est-ce que c’est ?

    L’Union européenne fournit une liste de 27 matières premières rares (phosphore, cobalt, hélium, etc.), dont de nombreux métaux. Ce sont des minerais présents en quantité infime dans la croûte terrestre. Ils sont naturellement mélangés à d’autres métaux plus abondants (fer, aluminium, etc.). Pour en obtenir quelques kilos, il faut extraire des tonnes de terre. Les scientifiques parlent de rareté géologique mais aussi industrielle. Certains métaux abondants peuvent devenir rares si la demande explose.

    A quoi servent-ils ?

    Grâce à leurs propriétés chimiques uniques, ce sont les vitamines de la transition énergétique et numérique, le pétrole du XXIe siècle. Sans métaux rares, nos téléphones portables feraient la taille d’une brique, n’auraient ni écran tactile ni vibreur. Sans eux, impossible de propulser un TGV à 500 km/h. C’est hallucinant, ils nous ont envahis. Notre futur high-tech sera toujours plus tributaire de ces minerais dont la production ne cesse de croître.

    Quel est le principal pays producteur de métaux rares ?

    La Chine a le leadership sur la production d’une ribambelle d’entre eux. Elle contrôle notamment 95% de la production mondiale de terres rares. En 1992, Deng Xiaoping (numéro un de la Chine de 1978 à 1992) aurait dit de façon prémonitoire, «le Moyen-Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares». Historiquement, les Etats-Unis étaient leader sur le marché. Mais avec la prise de conscience écologique des années 80, les Occidentaux ne veulent plus de mines chez eux. Extraire des métaux rares est trop sale et coûteux en énergie.

    Les Chinois, dans une quête de croissance effrénée, récupèrent le job. Pendant des décennies, au prix d’un dumping social et environnemental sans précédent, l’Empire du milieu inonde l’Occident de métaux rares très peu chers. Cette situation arrange tout le monde, d’un côté les pays occidentaux développent leurs nouvelles technologies à faible coût, de l’autre les Chinois s’enrichissent.

    Tout va bien dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que la Chine prenne conscience des leviers économiques et géopolitiques qu’elle peut actionner avec ces ressources. Au tournant des années 2000, sa croissance et ses besoins en métaux rares explosent. Pour satisfaire sa demande intérieure et développer ses propres technologies, Pékin décide de fermer le robinet. Après avoir gavé l’Occident de métaux rares, le pays restreint ses exportations. C’est la fameuse politique des quotas qui chauffe les oreilles de l’Organisation mondiale du commerce.

    A LIRE AUSSILa Chine, receleuse de terres rares…

    La Chine en a profité pour développer sa propre transition énergétique…

    Exactement, au détriment de la nôtre. Le mot innovation est devenu un mantra en Chine. Les technologies vertes et le numérique sont les nouveaux moteurs de la croissance chinoise, indispensable à la survie du Parti communiste. Pour assurer son avance industrielle, Pékin n’a pas hésité à s’approprier les technologies occidentales. En échange d’un accès direct et illimité aux métaux rares, de nombreux industriels ont migré vers l’Empire du milieu. Les Chinois ont accédé à leurs laboratoires de recherche. Sous couvert de co-innovation, ils ont sinisé les brevets européens et américains. Grâce à ce chantage aux métaux, la Chine est devenue le leader mondial de la transition énergétique. Le pays est sorti de l’âge de pierre auquel les Occidentaux voulaient le cantonner.

    Trouve-t-on des métaux rares dans d’autres pays ?

    Il y en a partout, du lithium en Bolivie et en Argentine, du cuivre au Chili, du cobalt en république démocratique du Congo. L’Indonésie est également une grande puissance minière qui regorge d’étain. Tous ces pays veulent s’inspirer de l’exemple chinois et capter la valeur ajoutée des métaux rares. Plus aucun Etat ne veut reproduire le schéma néocolonialiste selon lequel les pays en développement produisent les minerais bruts, le vendent une poignée de dollars aux Occidentaux ; et ces derniers le valorisent avec quelques brevets pour le revendre dix fois plus cher.

    Au-delà des ambitions, c’est très dur à mettre en place car ça veut dire ouvrir des routes, installer des lignes électriques, faire venir des savoir-faire. En 2015, l’Indonésie a tenté un embargo sur l’exportation de minerais brut. Derrière, elle n’avait pas un tissu industriel suffisamment développé pour transformer la ressource. Elle a dû faire marche arrière deux ans plus tard. Seule certitude, les Occidentaux doivent accepter de partager le gâteau technologique auquel toutes les nations aspirent.

    Quelles sont les conséquences écologiques de cette course aux métaux rares ?

    Qui dit mine, dit dégâts environnementaux. C’est le revers de la croissance verte à tous crins. En Mongolie intérieure, la principale région minière chinoise, c’est un enfer de Dante. Aucune réglementation n’est appliquée. Les usines rejettent leurs effluents toxiques directement dans les sols. La population paye un lourd tribut avec un taux de cancer très élevé. Le problème c’est que le recyclage coûte plus cher que l’extraction. Piégés par une logique du moindre coût, les industriels préfèrent renvoyer leurs déchets en Chine et s’approvisionner directement en nouveaux minerais.

    La transition énergétique ne fait donc que déplacer la pollution ?

    Cette transition est un leurre. Un fabuleux marketing nourrit l’illusion que les énergies renouvelables sont vertes. Nous oublions sciemment qu’elles sont tributaires de l’extraction de métaux sales. Nous avons juste délocalisé la pollution et faisons semblant de faire du propre. Prenez l’exemple des voitures électriques. Le terme «zéro émission» est délirant. Sur l’ensemble de son cycle de vie, un véhicule électrique génère presque autant de carbone qu’un diesel. Comment peut-on qualifier cette technologie de durable ?

    La révolution numérique, essentielle au développement de nouvelles sources d’énergie, entretient aussi le mirage d’un monde moins physique. En réalité, derrière un courriel se cachent des milliers de kilomètres de câbles de cuivre. Nous oublions que la quantité de matière est finie. Les experts connaissent déjà le jour exact où on extraira le dernier minerai rentable. Les technologies pourront toujours évoluer et repousser la date butoir, mais à quel prix ? C’est une course de vitesse qui épuise la terre.

    Au nom de la sobriété, du moindre impact de l’homme sur l’environnement, nous creusons toujours plus. Nous vivons en plein paradoxe. Les plus productivistes pensent déjà aux océans et aux astéroïdes où le potentiel minier serait gigantesque. Les grandes puissances sont en train de s’approprier des endroits que la communauté internationale s’était juré de laisser à l’abri des appétits industriels. En 2015, Barack Obama a ouvert la danse. Il a autorisé les citoyens américains à devenir propriétaires d’astéroïdes pour exploiter des gisements de métaux rares. C’est en rupture totale avec l’idée que l’espace est un bien commun de l’humanité.

    A LIRE AUSSIDes terres de moins en moins rares

    Pour susciter une prise de conscience, vous plaidez pour la réouverture des mines françaises…

    Je ne le propose pas de gaieté de cœur mais c’est indispensable. Si les Français ont sous leur fenêtre la tonne de minerais qui a servi à la construction de leur voiture électrique, ils seront obligés d’ouvrir les yeux. Je plaide pour ce choc visuel, psychologique et physique. Nous sortirons peut-être de cette transition au rabais et rationaliserons notre utilisation de métaux rares. Nous devons partager le fardeau écologique de la transition énergétique. En France, nous avons la chance d’avoir de bonnes réglementations environnementales, la transition serait un peu moins sale.

    Je suis conscient que la réouverture des mines nécessite un immense courage politique et beaucoup de pédagogie. La transition énergétique a besoin de sauts de conscience et pas seulement de sauts technologiques. Nous nous sommes enfermés dans l’idée qu’avec quelques technologies de plus nous allons tout résoudre.

    Marine Ernoult

  • La Barkley

    La Barkley, une course d'une difficulté extrême de 160 km et 18 000 m de dénivelé sans balisage, se déroule chaque année dans le Tennessee.

    L'édition 2019 s'est achevée sans finisher sur la ligne d'arrivée, pour la deuxième année consécutive....Une course que la plupart ne finisse pas et qui attire les meilleurs...Le film qui a été tiré de cette course est à mes yeux absolument magique...Avec un scénario particulièrement "rude"...Jusqu'à la dernière seconde. 


    Je suis surpris qu'Hollywood ne se soit pas encore emparé du sujet...Si j'avais été cinéaste, j'aurais tout donné pour faire un film là-dessus. Il faudra un jour que je mette en roman le scénario que j'ai en tête...

     

    Je remonte un ancien article du blog.

     

    "La Barclay sans pitié"

      

    Ce film est magnifique, époustouflant et le scénario est diabolique... Un remarquable documentaire visuel et émotionnel. Du grand art cinématographique pour une épreuve extrême.

    Voyage au bout de soi-même.

    "La Barclay sans pitié"

    La Barclay

    La Barkley : L'Ultra Trail le plus difficile du monde

    Depuis sa création en 1986, douze participants seulement ont terminé les cinq boucles de 32km (soit 160km au total) du tracé, avec un dénivelé total correspondant à une double ascension de l’Everest...

    Par Mirko Hominal le 26/04/2015

    ...

    La "Barkley : L'Ultra Trail le plus difficile du monde 

    Patrick Montel, pour l'émission Stade 2, s’est rendu dans la forêt du Tennessee où se déroule cette course hors-norme : il a rencontré son organisateur, l’atypique Laz, et a suivi les souffrances d’un des participants tricolores de l’édition 2015.

    Aucun Trailer n'est parvenu au bout de l'édition 2015.

    L’idée de cette course est venue de l’évasion de la prison nichée au coeur des montagnes, le 10 juin 1977, de James Earl Ray, le meurtrier de Martin Luther King, repris après 54 heures de cavale et seulement huit miles (12,8 km) parcourus. 

    Près de 130 Miles en 5 boucles de jour comme de nuit (le parcours change chaque année et est seulement connu des concurrents quelques minutes avant le départ) et près de 16000m de dénivelé positif avec seulement une carte et une boussole.

    https://www.lequipe.fr/explore-video/020-la-barkley-sans-pitie/

    La Barkley: il y a ceux qui la finissent, et tous les autres

    Par Didier Arnaud — 

    160 kilomètres à couvrir en 60 heures dans une forêt du Tennessee: c'est la course à pieds la plus dure du monde. Rares sont ceux invités à y participer. Plus rares encore ceux qui la domptent.

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       La Barkley: il y a ceux qui la finissent, et tous les autres

    C’est une course qui laisse des traces. Ceux qui y ont participé disent «on est toujours à la limite de ce qui est humainement possible» ou «il faut lutter contre ses démons parce qu’il y aura toujours en soi une bonne raison d’arrêter» ou enfin, un de ses vainqueurs, «tout le corps fait extrêmement mal mais il faut surmonter si tu veux finir».

    Le programme de la Barkley, cet ultratrail dont la trentième édition partira ce vendredi est chargé: 100 miles (160 kilomètres) et 18 000 mètres de dénivellé à parcourir en moins de soixante heures, sur cinq tours, à travers une forêt dense et très escarpée, dans le Tennessee, au départ de Frozen Head. Pour prouver qu’il est bien passé au bon endroit, chaque concurrent doit trouver des livres cachés le long du parcours et arracher la page correspondant à son numéro de dossard. Le ravitaillement aussi est limité à son strict minimum: deux points d’eau seulement. L’organisateur, «Laz» (Lazarus Jake), en a eu l’idée après l’évasion de James Earl Ray, l’assassin de Martin Luther King, en 1977. Le fugitif avait été arrêté par la police après cinquante quatre heures de cavale: il n’avait réussi à parcourir qu’une douzaine de kilomètres. «Moi, en 54 heures, j’aurais pu faire 100 miles», fanfaronne Laz à l’époque. Neuf ans plus tard, il crée la Barkley dans cette même forêt (1).

    Rémy Jegard, journaliste sportif pour le site Running Mag, grand habitué des trails, a eu la chance de compter parmi les inscrits pour cette édition 2015 (il n’y a que 35 participants, cooptés sur lettre de motivation par l’organisateur). Rémy parle «très mal l’anglais» et il pense que ce sont ses erreurs qui ont fait sourire l’organisateur et ont fait pencher la balance pour qu’il soit pris. Comme les quelque 40 autres élus, il a été averti de sa sélection par un courrier aux allures de lettre de condoléances style désolé, vous avez été retenu pour participer. Ambiance.

    Le départ de la course est fixé «entre minuit et 11 heures du matin». A un moment, Laz souffle dans une conque: une heure après, tous les participants doivent être fins prêts. «L’épreuve est très longue et très dure, dit Rémy, Jegard, contacté par LibérationMais l’organisateur ne prendra pas forcément les meilleurs coureurs du monde. Personnellement j’ai travaillé l’orientation, les cartes.» Il faut savoir qu’après le premier tour, une vingtaine de coureurs abandonnent, ils ne sont plus que 7 ou 8 sur après le troisième, et seulement 2 ou 3 à accomplir l’ensemble du parcours. Depuis sa création, en 1986, seuls 14 coureurs ont réussi à achever la Barkley dans le temps limite de soixante heures. Et un seul a réussi cet exploit deux fois.

    Pour sa part, Rémy tentera de se caler avec ceux qui connaissent (les vétérans contrairement aux «vierges», ceux qui participent pour la première fois). «Ensuite, [je vais tenter de] réaliser trois tours, c’est l’objectif que je me fixe.» Même si peu sont choisis, la Barkley est à la portée de toutes les bourses: 1,6 dollar l’inscription pour les virgins, et une plaque d'immatriculation de l'endroit d'où l'on vient. «Les gens ne viennent pas pour la gloire ou pour un prix, dit le vainqueur de l'an dernier. Ils viennent ici pour apprendre des choses sur eux-mêmes, savoir de quoi ils sont faits.» 

    (1) Histoire à retrouver dans le documentaire de Canal+ sur l'édition 2014: «Les Rescapés».

    Intérieur Sport - La Barkley

     

  • JUSQU'AU BOUT : Plogoff

    La centrale nucléaire de Plogoff, à quelques kilomètres de la pointe du Raz. Un projet qui avait mis le feu aux poudres. J'ai participé à quelques journées mémorables.

    Première confrontation avec les CRS. Il y en a eu d'autres par la suite. 

    J'avais vraiment été bouleversé par la puissance des foules, l'attachement à la terre, la détermination des gens, la résistance des maires et des habitants de la presqu'île, tous ces Bretons qui s'ajoutaient sans cesse, puis ceux du Larzac, puis les antinucléaires de tous bords. Impressionné aussi par la furie des "forces armées"...

    Les matraquages des gilets jaunes ne me surprennent aucunement...

    J'ai vu des Polius de 14-18 se faire piétiner à Plogoff. 

     

    Image 3

    Les vacances de février débutèrent le samedi 1 mars ! Mystère des calendriers scolaires.

    Aucune nouvelle d’Anne.

    Il décida d’aller se balader sur la presqu’île de Camaret. Il prit son matériel d’escalade et fixa son VTT sur le porte vélo. Il voulait repérer des promenades à effectuer avec les enfants et remercier le maire pour son accueil.

    En écoutant France Inter, il s’aperçut que, depuis une dizaine de jours, il s’était complètement coupé du monde. Aucune information ne lui était parvenue. Il n’avait éprouvé aucun manque.

    « …manifestation anti nucléaire à Plogoff… »

    Ces quelques mots captèrent son attention.

    « …Depuis une semaine, les CRS s’opposent aux manifestants sur le site de construction de la future centrale. La violence est encore montée d’un cran et on craint… »

    À Châteaulin, il prit la direction de Douarnenez et abandonna l’idée de la presqu’île de Camaret.

    « Si enfin les gens se révoltent en masse contre une autorité destructrice, je dois en être. »

    Depuis 1976, on parlait de cette centrale en Bretagne. Il avait lu quelques articles sur les premières manifestations. Aux informations régionales, il avait vu ces milliers de personnes, allongées dans les rues de Brest à la lecture du plan « Orsec Rad » qui serait déclenché en cas d’accident.

    En 1978, il avait failli participer à une marche sur le site mais, ce jour-là, il avait fait du vélo. Aujourd’hui, il n’était plus le même. Il savait faire la part des choses entre l’indispensable et le secondaire.

    Une étrange excitation.

    Il dépassa Audierne. Dernier poste avancé. L’impression de franchir une frontière. Une enclave étroite pointée sur l’Océan. Etrange paysage momifié sous le joug d’une menace. Ici, le vent imposait sa loi. Les arbustes dépouillés, les maisons trapues, les arbres tordus, les tapis d’herbes rases, les visages tannés. Comme une appartenance. Les marques de la lutte, fierté de la résistance.

    Des inscriptions hostiles à la centrale fleurirent sur la route, sur les poteaux EDF, les châteaux d’eau et quelques bâtiments.

    Il croisa deux véhicules blindés.

    En passant le pont du Loch, il ralentit et contempla l’océan. Un rideau de brume flottait au-dessus de l’anse. Les rochers gris, les vagues sombres et sans écume, la terre aride, juste habillée d’une herbe rase, les nuages lourds retenant leurs menaces et le vent d’est, glacé et piquant. Il fallait avoir les pieds plantés dans la terre pour rester vivre ici. Plantés avec ceux des ancêtres.

    « Un jour, mon fils, cette terre accueillera mes os. Ne vends jamais les os de ton père. »

    Il pensa à cette phrase d’un sage indien, inquiet de l’invasion de l’homme blanc. Les Bretons tentaient encore de l’appliquer.

    A deux kilomètres de Plogoff, il fut arrêté par un barrage. Cinq cars bleus, grillagés, vingt ou trente camions de troupes. Devant les véhicules, un cordon de gendarmes, alignés, casqués, boucliers et matraques à la main. Des centaines de voitures garées sur les bas côtés, dans les champs, sur les chemins. Il fit demi-tour et rangea le fourgon.

    Par les sentiers côtiers, entraînés par les flots de manifestants, il rejoignit la pointe de Feunten Aod.

    Saisissement total. Communion indicible, comme une aimantation infaillible, une force tellurique, un courant irrésistible.

    Et lui, engagé dans son combat solitaire, sentit gonfler dans ses entrailles l’énergie puissante de cette masse. Un bonheur immense, une révélation sublime.

    Il passa de groupe en groupe, recueillit en quelques minutes les informations qui lui manquaient : un nouveau contingent de CRS arrivait, ils devaient « nettoyer » le site, les manifestants avaient construit une bergerie sur place, on pouvait acheter des parcelles de terrain pour cent francs, la multiplication des propriétaires compliquait l’expropriation, le comité de défense s’opposait farouchement au gouvernement et à EDF qui, sous couvert d’une fausse enquête d’utilité publique, s’octroyaient le droit de saisir les terrains.

    Tout le Cap Sizun s’était levé. La Bretagne se dressait contre Paris. Ceux du Larzac et de Creys Malville soutenaient la lutte.

    Il s’en voulut de ne pas être venu plus tôt.

    De violents combats la nuit dernière. Les CRS et l’armée avaient chargé les barrages avec des tanks. Les manifestants avaient dressé des barricades de voitures enflammées, ils avaient vidé des citernes d’huile de vidange sur la route, scié les poteaux EDF, entassé des pierres et des gravats.

    Des combats jusqu’au matin. De nombreux blessés. La violence des soldats. La détermination farouche de la résistance.

    Des paroles enflammées, la solidarité, la fierté du défi, les générations portées par le même idéal. Des artistes chantaient sur des scènes improvisées. Les chants folkloriques comme des racines entremêlées. Les anciens parlaient Bretons et les autres s’en voulaient de n’y rien comprendre. Un groupe de « poilus » arriva : drapeau breton porté bien haut, médailles au veston, casquette vissée sur le crâne.

    Quelques mots d’ordre fusèrent dans les micros et la foule se mit en marche vers la route.

    Le « Bro Goz Ma Zadou » l’hymne breton, comme un étendard.

    Se laisser porter par la masse, marée montante à l’assaut du pouvoir. Tellement d’amour. Un choc, une bourrasque en lui, sa solitude évanouie, les hommes luttaient, les hommes résistaient, tous ensemble, portés par le même idéal, ne pas se soumettre.

    Il s’était trompé, il n’était pas seul.

    Face à la foule se dressèrent les rangs serrés des soldats : uniformes verts, bottes de cuir, boucliers portant des inscriptions « bretons têtes de cons, bougnouls de Plogoff », matraques, fusils à grenades  chaînes de mousquetons, menottes…

    Les anciens de 14-18 avancèrent jusqu’à les toucher.

    Les casqués frappèrent leurs boucliers avec leurs matraques en scandant un chant de combat.

    Les insultes fusèrent.

    Un porte-voix braillait l’ordre de dispersion.

    Il s’efforça d’arriver au premier rang.

    Derrière les visières, des gueules tendues à l’extrême. Ça puait l’alcool.

    Les CRS commencèrent à pousser avec leurs boucliers.

    L’un d’entre eux souleva sa visière et cracha sur une petite vieille. Un « poilu » lui sauta à la gorge et ce fut l’hallali.

    Coups de matraque, de pieds, de boucliers, la furie, les cris.

    Ceux de 14 et leurs femmes furent piétinés.

    Les grenades lacrymogènes, tirées au ras des têtes, crachèrent leur poison. Dispersion, débandade, bousculades.

    Deux CRS le traînaient vers un camion bâché. Plié en deux, le souffle coupé. Deux coups, frappés sans aucune retenue, avaient suffi à le faire tomber. Les côtes en feu. Ils le firent monter.

    « Maintenant tu signes là, ça prouve que t’étais dans la manif ! » gueula un colosse.

    Il pensa à son poste. Renvoyé peut-être. Il perdrait les enfants. Le fourgon puait la transpiration et la bière.

    « Dépêche-toi ! » hurla l’abruti.

    Un chef de section beuglait des ordres à ses hommes regroupés.

    « Pétez-leur la gueule. C’est tous des gauchistes de merde, allez-y, vous êtes couverts. Tapez dedans ! »

    Deux CRS poussèrent violemment un autre manifestant. Il criait et tapait des pieds, insultait, se rejetait en arrière, résistait rageusement. Le colosse se leva, saisit une matraque, attrapa la main du jeune gars, posa de force les doigts sur le bord de la table, pendant que les deux autres le maintenaient et frappa. Hurlements. Le corps qui s’affale.

    Pierre bondit, bouscula un CRS, sauta du fourgon et fonça droit devant lui. À travers champs, vers un pâté de maisons. Deux hommes à ses trousses. Les fumées des grenades, les cris, les appels, les ordres, des bouteilles incendiaires. Le chaos. Il rejoignit la route de Cléden. Une pointe rougie entre les côtes. Les deux CRS gagnaient du terrain. Une voiture déboucha d’un chemin, elle pila à ses côtés, la portière s’ouvrit. Il s’y engouffra. Une jeune femme. Elle démarra en trombe.

    « Ces types-là sont fous, dit la conductrice. Ça fait une semaine qu’ils sont là. Ils en ont marre, alors maintenant ils cognent. Les parachutistes de Mont de Marsan sont avec eux. Les CRS sont incapables d’organiser une telle rafle. Il faut des militaires pour ça et les paras sont les pires, tous des brutes.

    - Comment vous savez ça ? demanda-t-il, intrigué, reprenant difficilement son souffle.

    - Je suis journaliste à Ouest France.

    - Et bien vous avez un sacré papier à écrire.

    - Faudrait encore que mon patron le passe.

    - Et il le fera ?

    - Oui, cette fois, je pense qu’il marchera. Qui pourrait soutenir ce que fait le gouvernement ?

    - Faut que j’aille récupérer mon fourgon. Je suis garé après le pont du Loch.

    - Maintenant c’est trop risqué. Par là-bas, ils arrêtent tous les véhicules. Faut attendre que ça se calme. Je connais bien le coin, je sais par où passer pour leur échapper. Y a rien d’autre à faire.»

    Détermination, pas l’ombre d’une hésitation. Il ne contesta pas.

    « Ça vous fait mal ? demanda-t-elle, en le voyant grimacer.

    - J’ai un peu de mal à respirer. J’ai pris un coup dans les côtes et un autre dans le dos. »

    Elle l’invita à attendre chez elle. Elle se présenta. Nolwenn Le Bihan. Elle habitait à Plouhinec. Originaire de la presqu’île, elle était engagée dans la lutte depuis juin 1976, début des premières barricades.

    Il fut gêné par sa méconnaissance du dossier. Il ne s’était jamais vraiment intéressé au problème et convenait intérieurement que c’était une erreur.

    Ses certitudes sur la mollesse et la médiocrité des adultes volaient en éclats.

    Il s’était glorifié de ses combats comme si les autres n’en menaient pas. Prétention aveuglante."

     

  • Pollution aérienne

    Les émissions de CO2 de Ryanair ont augmenté de 6,9 % en 2018.

    Les émissions de CO2 de Ryanair ont augmenté de 6,9 % en 2018. Andreas Solaro, AFP

    Texte par :Françoise MARMOUYET

    Ryanair figure désormais au classement des dix plus importants pollueurs européens. Une première pour une compagnie aérienne, symptomatique des dommages croissants que ce type de transport, de plus en plus populaire, inflige à l'environnement.

    C'est une donnée révélatrice de la pollution émise par les transports aériens, qui croît à mesure que les vols, de plus en plus accessibles, se démocratisent. La compagnie low cost Ryanair intègre le top 10 des plus gros pollueurs européens, une première pour un transporteur aérien, le classement étant jusqu'ici occupé par des entreprises exploitant des centrales à charbon.

    Ces données ont été publiées lundi 1er avril par la Commission européenne et relayées par l'ONG bruxelloise Transport & Environment, à l'origine de ce classement annuel.

    Avec une augmentation de 6,9 % de ses émissions de CO2 en 2018, l'entreprise irlandaise occupe désormais la 10e place.

    Pire : depuis 2013, selon des chiffres émanant de la Commission européenne, ces mêmes émissions ont augmenté de 26,3 % pour le transport aérien dans son ensemble.

    Comment l'expliquer ? En quelques décennies, le secteur a tout simplement explosé. Rien qu'entre 2013 et 2017, le nombre de passagers transportés dans l'Union européenne est passé de 840 millions à plus d'un milliard. Et la tendance va s'amplifiant. En octobre 2018, l'association des compagnies aériennes internationales (Iata) tablait de son côté sur un doublement du trafic mondial sur les vingt prochaines années, pour atteindre 8,2 milliards de passagers en 2037 – contre 4,1 milliards en 2017.

    Ryanair, qui propose des vols à prix cassés, n'est pas en reste : en 2017, la compagnie enregistrait un nombre record de 120 millions de passagers transportés.

    Moins de contraintes et moins de taxes

    "Cette augmentation est notamment due à la promotion du transport aérien par les compagnies et les pouvoirs publics. Les low cost et les petits aéroports bénéficient par ailleurs de subventions publiques directes qui permettent d'afficher des prix bas", fustige Lorelei Limousin, spécialiste des transports de l'ONG Réseau Action Climat, contactée par France 24.

    Surtout, les compagnies aériennes ne sont pas soumises aux mêmes contraintes en ce qui concerne la réduction de gaz à effet de serre, contrairement au secteur automobile, ultra-réglementé. Ainsi, le projet Corsia, récemment adopté par l'Organisation de l'aviation civile internationale, ne vise pas la réduction des gaz à effets de serre, mais met en place un système de compensation du carbone émis. Une sorte de droit à polluer pour les compagnies, accordé si celles-ci financent des projets écologiques.

    L'ONG Réseau action climat incrimine également la taxation extrêmement favorable dont bénéficient les compagnies européennes au sein de l'Union européenne.

    "Contrairement aux autres carburants polluants, le kérosène utilisé pour les avions est totalement exonéré de taxes dans presque tous les pays européens. Les billets de vols européens et mondiaux sont aussi exemptés de TVA", regrette Lorelei Limousin. Pour la France, le manque à gagner en termes de recettes fiscales est de 3,6 milliards d'euros annuels, selon les estimations de Réseau action climat. Dans l'Hexagone, une TVA de 10 % est cependant appliquée sur les billets de vols nationaux – contre 20 % en vigueur pour la majorité des autres produits commercialisés.

    "Développer des lignes ferroviaires grandes distances"

    À l'origine de ces avantages, la convention de Chicago sur l'aviation civile internationale, adoptée en 1944. Il s'agissait à l'époque d'encourager le transport aérien balbutiant, bien des années avant une prise de conscience écologique.

    "Cette tendance [à la pollution] se poursuivra jusqu'à ce que l'Europe se rende compte que ce secteur sous-taxé et sous-réglementé doit être mis en conformité, en commençant par une taxe sur le kérosène et l'introduction de mandats qui obligent les compagnies aériennes à passer aux carburants d'aviation zéro émission", a déclaré lundi dans un communiqué Andrew Murphy, directeur de l'ONG Transport & Environment.

    Les choses bougent cependant. Certains pays taxent le kérosène : le Japon, les États-Unis, ou le Brésil. Les Pays-Bas et la Belgique, soutenus par la France, ont récemment proposé une taxation européenne de l'aviation au nom de la lutte contre le réchauffement climatique.

    Mais au-delà de la taxation, plaide Réseau Action Climat, ce sont des alternatives pour le transport sur de longues distances qu'il faut encourager pour enrayer cette augmentation de la pollution par le transport aérien. Et parmi elles, le transport ferroviaire : "Une politique volontariste est nécessaire au niveau européen pour développer des lignes grandes distances", avance Lorelei Limousin, qui regrette la suppression, il y quelques années, de trains de nuit reliant Paris aux Pays-Bas, au Danemark, ou encore à l'Autriche.

  • Orque en captivité

     

    Pétition : #UneViePourInouk !

    Suite à l'observation d'Inouk, nous avons commandé un rapport à la biologiste spécialiste des orques, Ingrid Visser. Ce rapport, co-écrit par trois scientifiques, est clair: Inouk souffre le martyr à force de ronger les parois du bassin où il est détenu. One Voice lance une campagne pour Inouk, et dépose plainte contre le Marineland d'Antibes pour actes de cruauté. Nous demandons qu'il soit placé dans un sanctuaire marin.

    Hr blog

    Une stéréotypie: premier mal-être visible

    Inouk est né en captivité le 23 février 1999 de parents capturés bébés dans le grand Nord islandais. Orphelin depuis l'enfance, cela fait vingt ans qu'il tourne en rond et se laisse flotter inerte dans le bassin. Ces mouvements répétitifs sont, comme les cent-pas pour les félins ou les balancements pour les éléphants, une autre expression du même mal : la folie due au stress de l'enfermement, typiques des animaux captifs en grand mal-être… des mouvements stéréotypés pathologiques. 

    Le jeune grand mâle est reconnaissable par sa nageoire dorsale totalement affaissée sur le côté droit. Ingrid Visser précise que chez les orques en liberté cela est rare, et "associé à une mauvaise santé et à des traumatismes". En captivité, en revanche...

    Automutilation : la captivité en cause

    Il n'y a rien dans les bassins d'Antibes. Ni à faire, ni à voir. Aucune échappatoire. Rien qu'un ennui profond. Pour lui qui fait partie d'une espèce si intelligente ayant une conscience de soi, un langage très complexe, des liens sociaux élaborés... cette piscine minuscule comparée à l'Océan, c'est une geôle infâme!  

    Entre ses tours de bassin maladifs, Inouk est dans un tel état de souffrance et de frustration, qu'il ronge les parois de béton. De nombreuses publications documentent le phénomène. En captivité, la majorité des orques rongent les murs des bassins. Mais Ingrid Visser, qui l'a observé sur site, est catégorique: ses collègues et elle n'ont jamais vu une mâchoire en si mauvais état. Inouk a fini par user toutes ses dents. Jusqu'à la pulpe. Or la douleur dentaire est la même pour les orques que pour les humains. Il en a développé des ulcères aux gencives, des régurgitations. L'acide stomacal ne venant qu'empirer la situation.

    « Inouk souffrait et souffre vraisemblablement encore d'un déchaussement des dents, de dents cassées, et de dents dont la pulpe est exposée. Inouk souffre de facteurs de stress aigus et chroniques manifestes, associés à un confinement non naturel. En somme, il a une qualité de vie amputée en raison de sa captivité. »

    Ingrid Visser, John Jett, Jeffrey Ventre

    Inouk a mal en permanence, chaque instant de chaque jour et de chaque nuit. 

    Comble de l'aveuglement sur sa propre responsabilité, le parc déclare dès 2010 : "Inouk est souvent malade, à cause des agressions des autres orques et de ses problèmes dentaires qui ont déjà provoqué de nombreuses infections à la gorge ainsi que des problèmes de candidose sur la langue. Il peut manifester un niveau d'énergie très faible et souffre s'il y a de la glace dans son poisson". 
    Comment Inouk peut-il s'alimenter sans douleur, puisque tout poisson donné aux orques du delphinarium est conservé dans la glace? De sa détresse découle des problèmes physiques d'une extrême gravité. Le rapport est sans appel, la captivité des orques fait chuter dramatiquement leurs défenses immunitaires, menant à des maladies en chaîne, et causant souvent leur mort.

    Pour toute réponse au problème, Inouk a été médicamenté. Enfin, à présent que sa nageoire dorsale effondrée montre des traces de morsure, le parc en fait porter la responsabilité sur les autres orques, pourtant elles aussi victimes de cette industrie. Quel cynisme, quand il suffirait de ne pas leur imposer une telle vie de misère!

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    L'inertie de l'Etat

    Cette situation intenable a déjà bien trop duré. Qu'attend le ministre de l’Ecologie pour agir?Nous l'avons attaqué au Conseil d'État, car il n'a toujours pas pris un nouvel arrêté "delphinarium" interdisant les échanges et la reproduction des cétacés captifs.

    Obtenons une vie pour Inouk !

    Nous portons plainte contre Marineland pour actes de cruauté sur Inouk! Sa place est dans un sanctuaire marin.  

    Inouk détenu dans un bassin d'eau chlorée et Jumbo dans un camion loin de la rivière, ont les mêmes ancêtres: les baleines. Nous cesserons de nous battre le jour où ils auront retrouvé une vraie vie. 


    Signez la pétition pour obtenir #UneViePourInouk !

     

    Source: Visser, Ingrid N; Jett, John; Ventre, Jeff (2019). INOUK – Captive 20-year-old male orca, with chronic and extensive tooth damage. 
    Report prepared for One Voice (www.one-voice.fr) March 2019. Pp25

    Jessica Lefèvre-Grav

  • A CŒUR OUVERT : à l'origine

    Résultat de recherche d'images pour "coeur brisé"

    Ce passage contient l'essentiel de ce que je souhaitais explorer. 

    Le coeur, l'amour, leurs liens. 

     

    Coeurouvertwhite

     

    "Il souriait intérieurement. Un bonheur à s’accorder, une confiance à sauver.

    « On ne voit bien qu’avec le cœur. » Saint-Exupéry n’aurait jamais imaginé qu’un homme puisse vivre sans le sien, sans même un cœur humain. Diane parlait d’un émetteur plus vaste. Quoi ? Le corps entier ? Le cerveau ? Non, pas le cerveau. D’autres organes n’auraient pas été munis de neurones si tout avait été concentré là-haut. Il y avait autre chose. Pas le cœur, ça au moins, il en était certain. Et si on lui enlevait les intestins ? Qu’en serait-il ? Tout ça était trop limité. Les systèmes scientifiques avaient une vue étroite. Mais alors quoi ? Et si nous n’étions qu’un récepteur ? Et si nous n’émettions rien du tout ?

    Il se redressa soudainement et eut un vertige. Il s’adossa, la main sur le front, les yeux fermés.

    La force de ce flash. Nous n’étions que des récepteurs. Tout venait de l’extérieur. Sa transformation n’était pas dû au fait que son cœur n’émettait plus rien mais juste que le mental avait perdu une partie de ses repères, que l’identification avait été entamée, partiellement brisée. Les émotions venaient de l’extérieur. Aussi folle qu'elle soit, l'idée lui plaisait. Les émotions nous saisissaient parce que nous étions disponibles et ensuite, le cerveau les interprétait. Il se les attribuait parce que nous avions été éduqués ainsi. L’ego, le maître, une entité fabriquée de toutes pièces, la prétention humaine, l’identification. Oui, c’était ça… « Je suis en colère » était une affirmation totalement erronée. La colère est en moi parce que je l’ai laissée entrer. « Je me suis laissé envahir par la colère. » Voilà la réalité. Et je ne suis pas amoureux, par moi-même. L’amour est entré en moi. Il tient juste à moi de lui offrir une place durable. Rien n’est à moi, tout m’est donné. Je possède le choix de l’exploitation ou de la perdition mais pas de ce qui est.

    Un bonheur immense. Un embrasement. Des bouffées d’amour qui l’envahissaient.

    Des grésillements. L’accélération de son cœur.

    Non, c’était impossible. Il n’avait pas bougé, les microprocesseurs n’avaient aucune raison de faire varier le rythme cardiaque. C’était inconcevable. Un trouble gigantesque. L’impression qu’il était utopique de vouloir élaborer une explication rationnelle et fiable, définitive, tangible, incontournable.

    Cette impression incompréhensible d’être envahi par une entité extérieure.

    Il aurait voulu que Diane soit là, il se sentait partir, un malaise, un chaos trop puissant. Il s’allongea de nouveau et ferma les yeux.

    « Calme-toi, calme-toi. Respire. »

    Les grésillements s’effacèrent peu à peu.

    L’amour n’est pas dans notre cœur, ni dans notre cerveau, il n’a pas de coffre réservé, pas d’antre secret, pas plus de centre émetteur interne. Il n’émane pas de nous. Nous n’en sommes pas les concepteurs. L’amour est partout. Et si nous restons ouverts, il s’invite. Personne n'est apte à générer de l'amour. Il ne s'agit que de s'ouvrir à lui.  

    Il tentait de remonter à la source, de trouver le nœud originel qui libérerait toutes les révélations. Son cœur avait participé à ce conditionnement épouvantable de l’homme intégré et du Soi désintégré, son cœur avait été un ouvrier attelé à sa destruction. Saint-Exupéry s’était trompé. On ne voit bien qu’avec le cœur relevait d’un monde idyllique, d’un monde qui n’aurait aucune influence, qui ne chercherait pas à s’octroyer les raisons d’aimer. En perdant son cœur, les fondements même de son enfermement avaient été supprimés, non seulement la masse infinie de toutes les données enregistrées dans la boîte noire des émotions vécues mais le récepteur lui-même. Tout n’avait pas disparu puisqu’un seul organe avait été retiré mais il représentait le cœur du système. Bien évidemment.

    L’homme avait fait de l’homme son propre prédateur. Nul besoin de guerre. Il suffisait d’éduquer le cœur et tout le reste suivrait, il suffisait d’inculquer les raisons d’aimer, il suffisait de canaliser les émotions, d’identifier les cibles, de laisser croire à la clientèle qu’elle était libre de ses choix. Personne n’irait accuser le cœur d’être un traître. Le cœur n’était qu’un disque dur formaté.

    Les tenants de la spiritualité et de la libération des esprits seraient sans doute décontenancés d’apprendre qu’il convenait d’enlever le cœur des hommes avant de s’engager sur une voie d’éveil.

    Il pensa à tous les implantés qui l’avaient précédé. Il serait intéressant de les retrouver. Une nouvelle espèce humaine. Des hommes sans cœur. Des hommes libres. Défragmentation du disque dur.

    Il se sentit fatigué, comme un voyage trop long, un manque de condition spirituelle en quelque sorte.

    Il se laissa partir, respiration lente et profonde, visualisation du flux d’oxygène, jusqu’à l’effacement des dernières pensées…"

  • Nature writing

     

    J'aime beaucoup ce genre littéraire et finalement, au regard de ses caractères propres, je me dis que "JUSQU'AU BOUT" en fait partie. Loin de moi l'idée prétentieuse de me ranger aux côtés des maîtres mais sur le fond, ce que je cherche à traduire, rejoint les éléments incontournables de ces romans. 

     

    Nature writing

    Walden ou La vie dans les bois de Henry David Thoreau, ni roman, ni autobiographie, éloge de la nature et critique de la technologie, ouvrage fondateur du genre.

    Le genre littéraire du nature writing1,2,3 (littéralement « écrire sur la nature » ou « écriture de la nature ») est né aux États-Unis dans une certaine tradition politico-philosophique remontant à Henry David Thoreau, mêlant observation de la nature et considérations autobiographiques.

     

    Définition et historique

    Les éditions Gallmeister, fondées en 2005, ont fait connaître ce genre en France, s’en faisant une spécialité éditoriale4,5. Mais on trouve des ouvrages se rattachant au genre depuis des années chez divers éditeurs.

    Pour la Revue française d’études américaines, c’est d’abord « écrire la nature »6. Le fondateur du genre serait le philosophe Henry David Thoreau, également considéré comme le père de l'écologie politique.

    Bien que la catégorie soit américaine, on peut y rattacher d’autres écrivains comme le Polonais Mariusz Wilk, avec La Maison au bord de l'Oniégo (Éditions Noir sur Blanc, 2007), ou le Suisse Blaise Hofmann avec Estive (Zoé, 2007).

    Les Américains considèrent ce genre littéraire comme de la non-fiction mais en France les œuvres, romanesques ou non, se côtoient : Prairie, fiction de James Galvinparue chez Albin Michel 2004, et Les Bisons du Cœur-Brisé (Au diable vauvert, 2007), récit de Dan O'Brien, en sont de parfaits exemples. Pour ce dernier, romancier, fauconnier et éleveur de bisons, « L'avenir du monde est dans la beauté sauvage »7.

    Pouvant s’apparenter à l’écologie, le récit de voyage ou la littérature des grands espaces (Légendes d'automne, de Jim Harrison), ce genre s’accommode aussi du thriller (comme la série de William G. Tapply) ou du roman historique (Danse avec les loups de Michael Blake).

    Le genre nature writing comporte suffisamment de caractères propres pour qu’il soit considéré dans le monde francophone comme un genre littéraire à part entière, cf. l’étude très influente de Lawrence Buell, The Environmental Imagination. Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture. Ainsi, pour lui, les quatre éléments-clés, qui constitueraient le « texte environnemental » et qui seraient rassemblés dans certains classiques du genre et notamment dans Walden ou La vie dans les bois, sont, pour l’essentiel, les suivants :

    • l’environnement non-humain est évoqué comme acteur à part entière et non seulement comme cadre de l’expérience humaine ;
    • les préoccupations environnementales se rangent légitimement à côté des préoccupations humaines ;
    • la responsabilité environnementale fait partie de l’orientation éthique du texte ;
    • le texte suggère l’idée de la nature comme processus et non pas seulement comme cadre fixe de l’activité humaine8.
    •  

     

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Nature_writing