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  • JUSQU'AU BOUT : l'impuissance apprise

     

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    Pierre, jeune instituteur, est nommé dans un petit village des Côtes-d’Armor, en Bretagne. C’est son premier poste, une classe unique avec 8 enfants.

    Tourmenté, cherchant à donner un sens à sa vie, il s’engage dans cette tâche avec une folle énergie. Mais il se heurte rapidement à l’autorité et à la violence de Miossec, un des parents d’élèves qui semble entraîner tous les autres derrière lui.

    La relation privilégiée qu’il développe avec les enfants le stimule, mais une angoisse tenace le submerge rapidement. Il accepte mal la dictature imposée par les programmes scolaires, celle qui le prive trop souvent d’un lien affectif essentiel.

    Malmené par les événements qui vont s’enchaîner, et qui vont réveiller ses instincts les plus dangereux, Pierre ira jusqu’au bout de sa quête existentielle, entraînant avec lui les enfants.

     

     

    "Dans la soirée, il se plongea dans la lecture. Il était consterné de voir le retard général que l’école avait accumulé dans ses méthodes alors que depuis 1920, une femme avait découvert qu’il était tout à fait possible de travailler différemment. Pour les auteurs de ces ouvrages, notre système scolaire était le plus efficace pourvoyeur de cas « d’impuissance apprise. »

    L’expérience du brochet l’effraya au plus haut point : Un chercheur avait plongé un brochet dans un aquarium divisé en deux parties par une vitre invisible pour le prédateur. De l’autre côté de la vitre, il avait placé un petit poisson. Lorsque le prédateur eut faim, il se précipita sur la petite proie et se heurta violemment à l’obstacle. Il revint à la charge et s’assomma de nouveau. Toutes ses tentatives s’avérèrent évidemment infructueuses. Il finit par abandonner et resta prostré, piteusement, dans son coin. Lorsque le chercheur retira la vitre, le brochet ne fit aucun essai pour manger le petit poisson. Il avait appris l’impuissance.

    Le chercheur, après d’autres expériences du même type, avait défini exactement ce que ces termes impliquaient chez l’enfant. Lorsqu’il subissait plusieurs échecs consécutifs dans une matière ou dans plusieurs, l’enfant finissait par ne plus manifester le moindre désir de maîtriser la situation, il devenait incapable d’établir un lien entre ses actions et ses résultats et il pouvait même tomber dans un état dépressif.

    Revoyant son comportement dans la classe, face à des programmes dictatoriaux, il eut beaucoup de mal à s’endormir, rongé par les doutes, assailli par des idées contradictoires, incapable de cerner la vérité et d’établir une attitude stable, construite, positive. Ce mot surtout lui tourna longtemps dans la tête. Donner à la classe une image essentiellement positive. Faire en sorte qu’aucun exercice ne soit perçu comme un échec certain."

     

     

  • A CŒUR OUVERT : Les Kogis

    Je relis encore une fois ce roman avant de l'envoyer à l'éditrice. 

    Je ne m'en souvenais plus mais les Indiens Kogis y sont de nouveau mentionnés. 

    A quel point ils m'ont marqué. Sans jamais les avoir rencontrés. Juste par les livres et des documentaires. 

    Ils sont l'humanité à laquelle je crois. 

     

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    "Les jours suivants, Diane confia l’épicerie à Madame Boulard et à son mari.

    Elle emmena Paul visiter tous les lieux qu’elle aimait. Toujours cette solitude adorée et ce silence des hauts lieux.

    Col de la Chaumoune. Ils avaient laissé la voiture au début de la piste et ils avaient marché deux heures avant d’atteindre la crête.

    « Plénitude de l’unité », ton livre, tu en as un exemplaire ?

    - Oui, bien sûr et « Le voyage intérieur » aussi mais je ne les mets pas dans ma bibliothèque. Je n’arrive pas à les ranger près de Krishnamurti, Prajnanpad ou Harding. Rien de comparable. Je ne suis qu’une béotienne qui tente d’éclaircir ce qu’elle porte. Ces gens-là éclairent le monde entier.

    - De quoi parlent tes deux autres livres ?

    - C’est toujours la démarche spirituelle. « Plénitude de l’unité » est une tentative d’identification de tout ce qui nous perturbe et qui pourtant nous appartient, tout ce qui vient entraver le bien être intérieur et qui demanderait une haute vigilance pour s’en libérer. Beaucoup de gens se plaignent de la difficulté de leur existence mais ils oublient d’observer les prisons qu’ils se fabriquent. « Le voyage intérieur » parle de l’exploration du soi lorsque les prisons sont identifiées et que l’individu s’en est extrait, pas nécessairement dans les faits mais au moins par l’entremise de la conscience. Là encore, beaucoup de gens refusent cet état de plénitude parce que ça leur semble totalement vide. Personne ne nous a enseigné à avancer dans ces horizons gigantesques. Ne serait-ce que le silence intérieur, lorsque les pensées se taisent et qu’il reste à découvrir la présence de l’énergie vitale. La clameur matérielle est un étouffoir du silence existentiel. Et ce monde moderne adore le bruit. J’ai beaucoup lu sur les Peuples premiers, ceux que les Occidentaux traitent encore de sauvages ou de primitifs. Le silence, l’immobilité, l’arrêt de toute activité inutile, ce sont des attitudes essentielles chez ces Peuples. Je te passerai un livre sur les Indiens Kogis, tu verras à quel point leur vie est éloignée de la nôtre.

    -Où vivent-ils ?

    -En Colombie, dans une chaîne de montagnes qui dominent l’Océan, la plus haute chaîne côtière de la planète. Le gouvernement colombien leur avait proposé de cultiver du café mais lorsqu’ils se sont aperçus que l’argent gagné par certains créaient des envies chez les autres, ils ont tout abandonné. La Terre est leur Mère, le clan est leur Père. Nous sommes très loin de cette vision de la vie.

    - Tu es allée là-bas ?

    - Non. »

    Un voile dans ses yeux. Il décela une douleur.

    « Tyler et moi, on devait y aller à son retour de Grèce. On avait prévu d’y rester six mois, de faire un film, on avait pris contact avec un guide là-bas, il connaissait le Mamu d’un clan, un chef spirituel.

    - Je suis désolé Diane.

    - Tu n’y peux rien Paul. Je vivrai avec tout ça jusqu’à la fin de mes jours, même si je sais que ce passé est une prison.

    - Les prisons qu’on se fabrique.

    - Oui, et qu’on connaît très bien en plus sans pour autant parvenir à en détruire les murs.

    - Tu n’imagines pas l’épaisseur des murs de la geôle dans laquelle je vivais. Et toutes ces décorations artificielles que j’avais élaborées pour ne rien voir, c’est bien pire que tout.

    - Je ne sais pas si c’est pire, Paul. Parfois, je me demande si les gens insouciants n’ont pas raison.

    - Regarde ce qui m’est arrivé. Le retour de bâton est violent quand on ne comprend rien.

    - Si c’est peut-être vrai pour toi, quelle explication peut-on donner à la mort de Tyler ? Il n’y en a pas. Il vivait dans une lucidité totale. »

    Tout l’amour qu’elle lui portait encore. Comme un cri en elle. Il entendait le rugissement de douleur dans ses yeux figés.

    « Je ne sais pas, Diane. Juste une épouvantable malchance.

    - Je ne crois ni au hasard, ni à la chance, ni à son opposé. Je n’ai aucun espoir et je ne suis donc jamais désespérée. Tout ça, ce sont des illusions humaines. La vie n’en a pas besoin. Elle a son projet, son intention, son objectif. »

    Une voix âpre, presque dure, comme une colère à peine contenue.

    Elle croisa son regard. Perdu.

    Elle s’approcha, le força à s’arrêter et l’enlaça.

    « Je m’excuse, Paul, je n’ai aucune raison de te parler comme ça. Tu n’y es pour rien. Ce sont mes combats.

    - Je le sais bien, Diane. Ne t’inquiète pas pour moi. »

    Ils arrivèrent sur la crête dénudée, juste un parterre d’herbes rases. Ils s’assirent, silencieux, les regards lointains, une plongée au plus profond, symétrie des voyages, les horizons infinis de la terre et les explorations intimes.

    Contemplation.

    Paul glissa sa main dans celle de Diane.

    « Je n’aurais jamais imaginé ça.

    - Quoi donc, Paul ?

    - Une telle rencontre. Toi et la terre. Le même amour en fait, c’est ça que je réalise.

    - Explique-moi.

    - T’expliquer ? Je n’ai jamais rien su expliquer en dehors des chiffres de ma société.

    - Tu n’en es plus là. Tu es devenu ce que tu portais en toi. »

    Il la regarda. Oh, ces yeux.

    Il n’avait jamais vu les yeux d’Alice. Des filtres trop épais. Ils reflétaient uniquement les possessions dont elle rêvait.

    Les yeux de Diane s’ouvraient sur un univers d’étoiles.

    « Je pense que l’amour réel pour une personne contient le même amour que pour cette terre, la nature épargnée, celle des êtres et celle du monde. J'ai compris ça ici.  Lorsque je montais seul sur une colline, j’éprouvais une telle paix, une telle sérénité, un silence intérieur aussi vaste que celui de l’altitude. J’aurais aimé monter à quatre mille mètres. Aujourd’hui, je comprends les alpinistes. Eh bien, je ressens la même paix avec toi. Comme un détachement, une absence de trouble, une ouverture spirituelle, le saisissement de l’instant, rien, aucune pensée, aucune inquiétude, aucun remord, aucune attente. Comme lorsque je suis assis ici. La même paix. L’amour. Peut-être que les gens ne savent plus aimer parce qu’ils sont loin de la terre. Juste une supposition. L’euphorie des villes, l’agitation, le bruit, le commerce des désirs, la multiplication des manques inventés, même les relations amoureuses sont à l’image de ce chaos. Une surenchère permanente. Cette impression maintenant qu’on ne peut aimer que dans l’abandon de tout, jusqu’au vide, jusqu’à cette absence de soi, se laisser envahir par l’inertie. C’est sûr que ça va à l’opposé de ce monde moderne. Pas assez rentable. Rien à vendre, la perte des consommateurs, un cauchemar. »

    Il s’aperçut qu’il parlait en fixant un point lointain, un mont arrondi qui se découpait sur le ciel, comme des paroles lancées dans l’azur.

    « Saint-Exupéry disait que les gens qui s’aiment ne passent pas leur temps à se regarder. Ils regardent le même horizon, intervint-elle.

    - Et bien, je suis d’accord avec lui puisque tu es dans cet horizon. Puisque l’amour que je porte à cette terre est le même que celui que j’ai pour toi. Je te regarde en contemplant ce monde.

    - Et tu oses dire que tu ne sais pas parler ? »

    Un rire bref, presque gêné.

    « D’où ça vient tout ça ? demanda-t-il.

    - Et à quoi ça te servirait de le savoir ? Ce qui importe, c’est que ça soit là.

    - Oui, c’est vrai, Diane, mais c’est tout de même effrayant de réaliser qu’on peut passer à côté de soi à ce point. J’ai cinquante-trois ans.

    - Cinquante-trois ans d’apprentissage tout simplement.

    - Tu veux dire que tout était déjà là ? Qu’il fallait que la croissance se termine ?

    - Elle n’est pas terminée.

    - Et pourquoi est-ce que ça passe par une telle rupture, pourquoi les choses ne se font-elles pas en douceur, en toute conscience ?

    - Parce qu’il n’y a plus de conscience. Parce que l’ego a pris le dessus. Alors, il faut une révolte.

    - Il faut que tu m’expliques ce que tu entends par ego. »

    Elle s’allongea, les yeux tournés vers le ciel. Il l’imita.

    « L’ego, c’est quand tu ne vois plus le ciel. Non pas le voir avec tes yeux, non pas l’identifier avec des noms de nuages mais le voir comme s’il était en toi et comme si tu y étais évanoui, liquéfié, comme si tu n’étais même pas une particule de vapeur d’eau, rien, le vide immense en toi. Si tu ne peux plus ressentir cette disparition et que tu vois le ciel comme un beau paysage, alors, c’est que tu es identifié à ton ego, c’est que tu n’existes que pour toi-même et que tout ce que tu vois, c’est pour valider ton existence. Tu ne regardes pas le ciel, tu prends juste forme à travers le plaisir que tu éprouves en regardant le ciel. Pour aimer le ciel, il faut oublier que tu regardes l'idée que tu te fais du ciel. Il en est de même d’ailleurs pour la plupart des humains dans la relation amoureuse. Ils aiment l’autre pour le sentiment d’exister à travers cet amour. Et si l’amour s’étiole, chacun en voudra à l’autre de ne plus lui permettre d’exister à travers l'image qu'il a de l'amour. Combien sont-ils les humains qui aiment ? Pas ceux qui pensent aimer mais ceux qui aiment. Les Kogis, par exemple, ne regardent pas le ciel, ils le vivent. Comme toi maintenant. »

    Une idée folle. Aller là-bas. Partir.

    « Il faut que tu me passes des livres sur ces Indiens.

    - Ce soir, promis.

    - Et tes deux autres livres aussi.

    - Tu ne vas pas lire toute la soirée et toute la nuit tout de même ? »

    Il roula sur le côté et glissa une main sous sa chemise de lin.

    « Non, aucun risque, répondit-il. J’aime infiniment vivre l’amour avec toi. Tout autant que de vivre sur cette Terre. »

     

  • La normalité

     

    En dehors des collègues de travail, je ne vois personne. Je suis soit tout seul, soit avec Nathalie.

    Il y a des gens que j'aime autour de moi mais je sais que si je ne les voyais plus, il ne me manquerait pas. Sans chercher à les blesser aucunement. C'est un fait.

     
    J'ai vu s'éloigner puis disparaître des gens que j'aimais et avec lesquels j'avais vécu des choses très fortes. Je suis autant qu'eux responsable de cet éloignement. C'est ainsi. 


    Je ne crois qu'en l'amour et j'aime Nathalie. 


    Je passe des milliers d'heures à écrire ou à lire, assis devant mon ordinateur. 
    Je vais en montagne uniquement avec Nathalie. Je fais du vélo tout seul. 
    Je pourrais rester sans dire un mot pendant des jours si Nathalie n'était pas là.
    Ecrire m'est bien plus nécessaire que de parler.

    L’image contient peut-être : texte

  • "Jean Willot, un suicide qui secoue l'école."

     

    https://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2019/03/30/jean-willot-un-suicide-qui-secoue-lecole.html?fbclid=IwAR0N_hGHG0HkojfdlCJ5ZyQJcN4anZKaKiG3_VW_XwchTyACIxUmEmTsM2Y

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    Mardi 12 mars, dans la cour de récréation de l’école Flammarion d’Eaubonne (95), Jean Willot, enseignant, 57 ans, s’approche d’un élève de CP qui se trouve sur les marches d’un escalier et lui demande de descendre. L’élève lui répond, refuse. Jean Willot renouvelle sa demande et devant l’opposition de l’élève, le saisit par le bras pour le faire descendre – ou se contente d’une punition verbale, sans aucune violence, comme il le dira à ses proches.

    Le soir même, la mère de l’élève cherche à joindre la direction de l’école, sans y parvenir.

    Le lendemain, mercredi, elle porte plainte pour « violence aggravée sur mineur ».

    Jeudi 14 mars, à son arrivée à l’école, Jean Willot apprend le dépôt de plainte. Il tombe des nues. La mère de l’élève ne lui a même pas parlé. Jean Willot apprend aussi qu’il est convoqué par l’Inspection Académique. Sonné, incapable d’enseigner, il rentre chez lui, son médecin le met en arrêt.

    Vendredi 15 mars, au matin, Jean Willot amène sa femme à la gare, dit qu’il va courir en forêt de Montmorency, pour « s’aérer la tête ». Il ne rentrera pas. Son corps est découvert pendu à un arbre à 16 heures. Sur lui, une lettre, dans laquelle il dit ne pas supporter les accusations et affirme son innocence.

    Unanimité

    Le lundi suivant, un groupe d’officiels venus de l’inspection débarque à l’école. On dit aux collègues de Jean Willot, tous abasourdis, qu’ils ne doivent pas parler de l’affaire aux parents, aux médias ou à qui que ce soit. Sur ce, l’équipe en état de choc est priée de reprendre le travail à 8 h 30, comme si de rien n’était. Le lendemain mardi, l’inspection leur signifie que seuls 3 enseignants sur 12 pourront aller aux obsèques. Devant l’indignation de l’équipe, l’inspection autorise finalement l’ensemble des collègues à s’absenter de l’école, entre 10 h et 12 heures.

    Jean Willot était un enseignant irréprochable, apprécié de ses collègues, souriant, connu pour sa gentillesse, son calme, sa générosité. Il était juste, bienveillant, toujours à l’écoute de ses élèves. C’était quelqu’un de bien, de passionné, dit un parent d’élève, un prof en or, un prof unique, ajoutent d’autres. Une mère d’élève raconte, elle parle d’un homme bon, bon professeur, respectable, poli, attentionné, qui chaque jour traversait la route pour venir les saluer, qui avait toujours un petit mot gentil pour eux, pour leurs enfants.

    Jean Willot est décrit comme incapable de la moindre violence.

    Il n’était pas dépressif.

    Au Parisien, le premier média à parler de l’affaire le jour des obsèques, jeudi 21 mars, la représentante des parents d’élèves de l’école dira : « Cette maman est venue nous voir pour parler de cet incident et nous demander conseil, explique-t-elle. On lui a dit d’aller en parler avec la direction de l’école et avec M. Willot. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ensuite… C’est un incident tellement banal. Chaque famille réagit différemment, elle dit qu’elle protégeait son enfant, mais je ne comprends vraiment pas. » Et de préciser. « On compatit avec la douleur de sa famille. C’était un enseignant vraiment génial. Il aimait transmettre son savoir, il était à l’écoute des enfants, mais aussi des parents. L’école a perdu un enseignant en or. C’était quelqu’un de formidable. Personne ne pourra vous dire le contraire. » On lira aussi ce message sur les réseaux sociaux, qui dit que des mères d’élèves ont appelé Jean Willot sur son téléphone personnel le jeudi soir, la veille de son suicide.

    Emotion, colère

    Si les médias vont petit à petit s’intéresser à cette affaire, c’est parce que le monde enseignant s’en empare très rapidement. L’émotion est forte, l’empathie profonde, pour chacun d’entre nous. Mieux que les mots, qui seuls ont toujours du mal à dire les choses dans ce type de situation, ce sont les images qui vont parler au plus grand nombre. Le dessinateur et enseignant Remedium, alias Christophe Tardieux, couche 18 cases d’une bande-dessinée partagée 83 000 fois sur Facebook, une planche qui dit tout et se suffit à elle-même.

    Sur les réseaux sociaux, les témoignages se multiplient, on découvre ici ou là des histoires similaires, qui heureusement ne se sont pas conclues de manière aussi dramatique. On lit surtout beaucoup de tristesse, de colère. Un hashtag demande bientôt une #uneminutedesilencepourjeanwillot. Mardi 26 mars, dans de nombreuses écoles, une minute de silence a lieu, parfois en salle des maitres en petit comité, à 10 h 00. L’heure de la récré.

    Demain, dimanche 31 mars, une marche blanche est prévue à 14 h 00 dans la ville d’Eaubonne, avec l’accord de la famille de Jean Willot.

    Devant la montée médiatique et réseau-sociale de l’affaire, le rectorat de Versailles, 10 jours après la mort de Jean Willot, se fend d’un communiqué, dans lequel la rectrice « tient à assurer l’ensemble des proches et des personnels de son profond soutien dans cette épreuve ». On y lit que dès le 21 mars « la décision a été prise d’engager une enquête du comité d’hygiène santé sécurité et conditions de travail [CHSCT] ». En réalité, ce sont les syndicats qui ont officiellement fait la demande d’enquête, la veille, au sein du CHSCT.

    Le ministre, totalement muet depuis le début de l’affaire, finit par communiquer du bout de la souris en retwittant le tweet du rectorat de Versailles.

    On pourra lire, parmi les commentaires :

    Seuls

    L’impression est forte, chez les enseignants, que ni la rectrice de Versailles, ni le ministre ne se seraient exprimés si l’émotion enseignante n’avait pas été aussi vive sur les réseaux sociaux, si elle ne s’était fait entendre et si les médias, alertés par cet écho, ne s’étaient pas peu à peu emparés de l’affaire. 6 mois après #pasdevague, rien n’a changé : il est toujours bien vu de se taire, de ne pas provoquer de remous, de ne pas communiquer. 6 mois plus tard, alors même qu’est censée se construire l’école de la confiance, il faut 10 jours à l’institution scolaire pour reconnaitre le suicide de Jean Willot et apporter son soutien à la famille et aux proches.

    Lors d’un rassemblement à Eaubonne, lundi 25 mars, un intervenant a eu cette idée, relatée par le Parisien : « Il faut passer par la médiation, c’est la base de tout. Et pourquoi pas avec des médiateurs professionnels ? Il faut faire en sorte qu’avant un dépôt de plainte, il faudrait obligatoirement que les familles passent par là ». Une mesure peu couteuse, surement pas si difficile que cela à mettre en place et qui permettrait sans doute d’éviter quelques drames. Accessoirement, qui donnerait aux enseignants le sentiment qu’on se préoccupe d’eux, que l’institution ne les abandonne pas à la première plainte venue.

    Car, au fond, c’est cela qui nous a tous profondément bouleversés : on a beau faire notre métier avec passion, être investi, se donner sans compter, être reconnu professionnellement, être bienveillant avec les élèves comme avec les parents, chacun de nous n’est jamais qu’à une accusation abusive d’une carrière foutue en l’air, du pilori et de la déchéance. Peu importe qu’on n’ait pas le moindre problème avec les élèves, jamais une anicroche avec un parent d’élève, il suffit d’une fois, il suffit de rien, et personne n’est plus à l’abri, personne ne peut plus se prévaloir d’une carrière sans tache. Et qu’importe au fond que Jean Willot ait pris cet enfant par le bras ou non : à sa place, devant un enfant de 6 ans qui oserait me répondre et refuserait de m’obéir, c’est sans doute ce que je ferais – ce que j’ai déjà fait – je le prendrais par le paletot, sans brutalité mais fermement, je le mettrais sur le côté durant 10 minutes, dans la cour, histoire de marquer le coup. Voilà qui fait certainement de moi, et de nombres de mes collègues, un coupable de « violences aggravées sur mineur ».

    Je sais désormais que tout ne tient qu’à un fil.

    Dans la loi pour l’école de la confiance récemment votée par les députés, on a beaucoup parlé du devoir de réserve renforcé par l’article 1. Dans ce fameux article, il y a aussi ceci (article L. 111-3-1) : « Ce lien implique également le respect mutuel entre les membres de la communauté éducative, notamment le respect des élèves et de leur famille à l’égard de l’institution scolaire et de l’ensemble de ses personnels. » Voilà une bonne occasion de construire la confiance, monsieur le Ministre.

    Exceptionnellement, j’ai souhaité qu’aucun lien ne figure dans ce billet (la BD de remedium mise à part). Néanmoins je me dois de citer toutes mes sources, les voici : les articles du Parisien, (1)(2) et (3), de France Info, de France 3, de France Bleu, de l'Obs, du Huffpost,   #uneminutedesilencepourjeanwillot sur twitter, le témoignage cité sur Facebook, la demande d'enquête au CHSCT, le communiqué de l'Académie de Versailles.

    Je termine avec quelques autres planches de BD, celles de Jacques Risso, qui dit notre engagement et notre fragilité. La totalité est visible ici.

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    37 Commentaires

    Il y a 6 heures

    Bill

    J'espère que les conclusions du CHSCT rendrons justice à cet enseignant et déboucheront sur de larges compensations. 

    • Réponse

    Il y a 9 heures

    Colecolette

     36 ans d'Education Nationale ,dont 23 en ZEP /REP /REP+ou autre "quartier sensible" selon les appellations du moment,directrice d'école maternelle pendant des années à assurer des rôles d'assistantes sociale,psychologue,conseillère ,auprès de jeunes parents d'élèves dont c'était le premier rapport avec l'école,en plus des tâches administratives de plus en plus incohérentes ,et en plus de l'enseignement bien sûr (le truc pour lequel les programmes changent tous les 2 à 4 ans et que tu dois faire tout le contraire des précédents ou presque,sur les conseils de technopédagogues qui n'ont pas vu une classe d'enfants de 3 ans depuis qu'ils allaient chercher le leur à l'école -enfin,s'ils avaient le temps de le faire-),un métier choisi et aimé,pas dupe des manœuvres,brimades et injustices sévissant dans cette "grande famille" ,bref ,pas tombée de la dernière pluie....Et bien je n'ai pas tenu jusqu'au bout : tous les matins en arrivant je cherchais sur l'arbre de la cour la meilleure branche pour m'y pendre,un week end pour ne pas faire peur aux enfants,j'y réfléchissais toutes les nuits....après avoir cherché pendant des heures comment faire pour compenser l absence de médecin scolaire ,le retard de la psychologue overbookée, les consultations de pédopsychiatre à 6 mois ,les cabinets d’orthophonie complets,pour digérer les insultes et menaces de parents qui sont à côté de la plaque et les crises de nerfs des collègues qui ont disjoncté,pour avaler encore et encore les brimades d'une administration présente seulement pour te culpabiliser....

    Donc je suis partie à la retraite,avant de me pendre, à temps si l'on peut dire et avec la chance d'être assez âgée pour ça,puisqu'il n'y a pas de reconversions prévues,ni de préretraite,...ni de parachute doré dans l'éducation nationale ,juste un mail :"vous serez rayée des cadre le 1° septembre " Du coup,avec la décote,je ne passerai pas ma retraite dans les îles,mais ça,ça ne me donne pas envie de me pendre...enfin,je savais que de toutes façons,pour être à l'aise financièrement,il ne faut pas faire instit -pardon,professeur des écoles-

    • Réponse

    Il y a 10 heures

    Did

    Les parents de cet enfant vont avoir des nuits difficiles. Que cela les hante jusqu’à leur mort. 

    • Réponse

    Il y a 11 heures

    Floredunet

    Chère Sophie 

    En pareil cas on doit avant tout se garder de jugement à l' emporte pièce comme vous l' avez fait en parlant d' une eventuelle grande sensibilité de cet enseignant.

    Un suicide n est pas lié à une grande sensibilité ! C est TELLEMENT plus complexe - comme tout être humain - même si le passage à l' acte est rapide. 

    Cherchez documentez vous et lisez car il y a plus de 160 000 tentatives de suicide chaque année en France et entre 10 et 16 000 " réussites " hélas.

    J' entends votre argumentaire / au ministre mais exprimer une compassion pour la famille face à un tel drame, ne demande pas de réflexion.

    Ne le faisons nous pas lorsque nous apprenons un décès en écrivant ou allant aux funérailles ? Et pas besoin de délai de réflexion...

    Personnellement je suis ancienne professeur d EPS et très très contente de m' être reconvertie face à la déliquescence de l' E.N.

    Actuellement je connais le cas de 2 jeunes enseignants professeurs des ecoles, en burn out pour harcèlement de collègues ou parents et non soutien de l' inspectrice et supérieurs hiérarchiques. L un d entre eux pourtant, a été filmé par France 5 il y a qq années pour sa pédagogie innovante c est dire !!!

    Il vient d être contacté par une fondation privée qui veut ouvrir une école pilote.

    Il n' y a pas de hasard... Et l' E.N. va perdre encore un élément moteur. Car combien quittent le navire sans que cela se sache ...

    Savez vous que l' E.N. sait parfaitement que désormais un enseignant fera en moyenne 15 ans ? 

    Cherchez, fouinez, lisez tout est déjà connu de l E.N. 

    Bien sincèrement 

    Florence

    • Réponse

    Il y a 20 heures

    FAG

    Excellente BD, mais le vrai problème n'est pas abordé!

    • Réponse

    Il y a 20 heures

    FAG

    Qui me dit Bonjour?

    • Réponse

    Il y a 21 heures

    Asperger

    On sait que la gendarmerie (et l'armée) sont un service public mais il devrait y avoir des restructurations au niveau de la reception de 'plaintes' en tous genres, pour tout et n'importe quoi !

    - on enregistre une plainte pour 'violence' (sans preuves) contre un enseignant (casier judiciaire vierge)

    - on refuse le depot de plainte d'une femme violenté (preuves souvent visibles à l'oeil nu) par son concubin (avec souvent un casier judiciaire...) sous prétexte que ce sont des 'problémes' privés internes au couple 

    Les gendarmes eux mêmes sont en droit de se poser des questions sur le fonctionnement de leurs services  

    • Réponse

    Il y a 23 heures

    Mic

    Bonjour,

    Avez-vous le nom et les coordonnées de la mère d'élève qui a porté plainte SVP ?

    A bientôt

    Michel Petit / 33700 Mérignac

    • Réponse
    • 2 réponses

    Il y a 7 heures

    Luigi

    Oui, j'aimerais savoir qui est cette personne

    • Réponse
    • 1 réponse

    Il y a 6 heures

    mario

    pour la harceler à votre tour ? ça semble une très bonne idée

    • Réponse

    Il y a 23 heures

    Wand

    Je lis la réaction de la hiérarchie sur votre excellent récit....

    Que dire de ces établissements où règnent la délation, la flatterie, l’espionnage et un autoritarisme stupéfiant usant de misérables procédés? Pas tous, bien sûr...

    • Réponse

    Il y a 1 jour

    jérôme

    Jérôme

    Le mal être de l’Éducation Nationale, c'est l'abandon des enseignants par leur hiérarchie, qui ne sait faire que deux choses : étouffer les affaires embarrassantes et se couvrir !!!

    J'ai été PE2 (entendre Professeur des Écoles Stagiaires) il y a une dizaine d'années dans l'Indre et Loire. Je n'ai pas été titularisé. L'inspectrice qui a scellé mon sort en tant que futur qu’enseignant était balloté d’une inspection à ,une autre d'année en année (on se demande bien pourquoi ??), et n'était pas autorisé a réaliser des inspections seules. Elle devait être accompagné d'une Conseillère Pédagogique !!!

    Le jour de mon inspection de fin de PE2, elle était seule... Bref.

    On imagine facilement les dégâts que peuvent faire ce genre de personnes auprès des enseignants qu'elles inspectent. en cherchant bien, vous trouverez de nombreux cas édifiants d'abus de pouvoirs, et autres dysfonctionnement ... 

    J'ai aussi été, avant d'être PE2, en  emploi Jeune en école élémentaire dans l'Indre pendant 7 ans, le constat est le même. 

    Bien sur, tout cela sous la discrétion de l'Inspection Académique et du Rectorat pour qui le maitre mot est "chut, pas de vagues..."

  • Economie ou pillage ?

    L''extraction mondiale de matériaux atteint... 70 millliards de tonnes par an

    Le terme "économie" est vraiment contradictoire. Quand j'étais enfant, mes parents m'ont appris à faire des "économies", c'est à dire à ne pas piller ma tirelire impunément sur un coup de folie et me retrouver démuni.

    L'économie, telle qu'elle est considérée dans cet article, parle d'un système qui conduit à un véritable pillage. Il arrivera un jour où les suivants n'auront plus rien. Et tout le problème est là : ces individus ne sont que les "suivants" et ils n'ont pas d'importance réelle aux yeux des économistes et des financiers. Pas assez en tout cas pour que des décisions radicales soient prises...De la même façon, en dehors de la sphère financière, combien sommes-nous à avoir changé autant que possible notre façon de vivre ? Est-il moralement possible de continuer à ignorer tout cela ? Que les "suivants" ne soient pas encore là nous laissera-t-il encore longtemps indifférents à ce qu'ils sont en droit de trouver en arrivant ?

    https://reporterre.net/L-extraction-mondiale-de-materiaux-atteint-70-millliards-de-tonnes-par-an?fbclid=IwAR32EoSMRxpRfpR40BEyeyEh0IBDY4ppVcSnmjSGLqHbccCpLMCCSMnQK3k

    Selon un rapport de l’ONU, le développement rapide de l’extraction de matériaux est le principal responsable des changements climatiques et de la pression sur la biodiversité. L’utilisation des ressources naturelles a plus que triplé depuis 1970. La situation va s’aggraver si le monde n’engage pas une réforme systémique de grande ampleur.

    « Perspectives des ressources mondiales 2019 », un rapport élaboré par le Groupe international d’experts sur les ressources, passe en revue les tendances de l’utilisation des ressources naturelles et les modes de consommation correspondants depuis les années 1970 afin d’aider les décideurs à prendre des décisions stratégiques et à opter pour une transition vers une économie durable.

    Au cours des cinq dernières décennies, la population a été multipliée par deux et le produit intérieur mondial a été multiplié par quatre. Le rapport constate que, pendant la même période, l’extraction mondiale annuelle de matériaux est passée de 27 milliards de tonnes à 92 milliards de tonnes en 2017. Selon les tendances actuelles, ce chiffre sera encore amené à doubler d’ici 2060.

    Selon le rapport, « l’extraction et le traitement des matériaux, des combustibles et des aliments représentent environ la moitié des émissions totales de gaz à effet de serre et sont responsables de plus de 90 % du stress hydrique et des impacts sur la biodiversité ». En 2010, les changements dans l’utilisation des sols avaient entraîné une perte d’espèces globales d’environ 11 %.

    « Il n’y aura pas de lendemain pour beaucoup d’entre nous si l’on ne met pas fin à ces pratiques » 

    « L’avenir des ressources mondiales montre que nous exploitons les ressources limitées de cette planète comme s’il n’y avait pas de lendemain, entraînant dans le même temps des changements climatiques et une perte de biodiversité », a déclaré Joyce Msuya, directrice générale par intérim d’ONU Environnement. « Je le dis franchement, il n’y aura pas de lendemain pour beaucoup d’entre nous à moins de mettre fin à ces pratiques. »

    Depuis 2000, la croissance des taux d’extraction s’est accélérée pour atteindre 3,2 % par an, principalement en raison d’investissements importants dans les infrastructures et de niveaux de vie plus élevés dans les pays en développement et en transition, notamment en Asie.

    Plus spécifiquement, l’utilisation de minerais métalliques a augmenté de 2,7 % par an et les effets connexes sur la santé humaine et les changements climatiques ont été multipliés par deux entre 2000 et 2015. L’utilisation de combustibles fossiles est passée de 6 milliards de tonnes en 1970 à 15 milliards en 2017. La quantité de la biomasse est passée de 9 milliards de tonnes à 24 milliards, principalement pour l’alimentation humaine et animale et l’énergie.

    Evolution 1970-2015 du commerce mondial des produits de la biomasse, des combustibles fossiles, des métaux, et des minéraux.

    En ayant recours à des données tirées de tendances historiques, le rapport prévoit d’atteindre l’horizon 2060. L’utilisation des ressources naturelles devrait augmenter de 110 % d’ici 2015-2060, ce qui entraînerait une réduction de plus de 10 % des forêts et d’autres habitats tels que les prairies à hauteur d’environ 20 %. Les conséquences sur les changements climatiques sont graves, car les émissions de gaz à effet de serre augmenteraient de 43 %.

    « Avec des politiques efficaces, l’utilisation mondiale des ressources pourrait ralentir de 25 % » 

    Le rapport indique que si la croissance économique et la consommation se maintiennent aux taux actuels, des efforts beaucoup plus importants seront nécessaires pour garantir qu’une croissance économique positive ne provoque pas d’impact négatif sur l’environnement.

    Le rapport démontre que l’utilisation efficace des ressources est essentielle, mais pas suffisante en soi. « Nous avons besoin de passer de flux linéaires à circulaires en combinant des cycles de vie prolongés et une conception de produits intelligente, ainsi que la réutilisation, le recyclage et la re-fabrication », indique le rapport.

    Si les mesures recommandées sont appliquées, la croissance économique pourrait accélérer, dépassant les coûts économiques initiaux du passage à des modèles économiques compatibles avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C au cours de ce siècle.

    « La modélisation entreprise par le Groupe international d’experts sur les ressources montre qu’avec des politiques efficaces en matière d’utilisation rationnelle des ressources et de consommation et de production durables, l’utilisation mondiale des ressources pourrait ralentir de 25 %, le produit national mondial pourrait progresser de 8 %, en particulier pour les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire, et les émissions de gaz à effet de serre pourraient être réduites de 90 % par rapport aux prévisions concernant la poursuite des tendances historiques à l’horizon 2060 », ont écrit les coprésidents du Groupe d’experts, Isabella Teixeira et Janez Potocnik, dans la préface commune du rapport .

    Compléments d’information :

    . le résumé en français du rapport :

    « Perspectives des ressources mondiales 2019 », le rapport élaboré par le Groupe international d’experts sur les ressources.

  • Hugh Herr, amputé et grimpeur.

     

    Image associée Résultat de recherche d'images pour "climber hugh herr"

    Lorsque j'ai décidé de me lancer dans l'écriture de "LÀ-HAUT", je connaissais l'histoire de ce grimpeur. Il était considéré, avant sa double amputation, comme un grimpeur d'exception. On peut lui attribuer également un mental d'exception...

     

     

    Hugh Herr, né le 25 octobre 1964 à Lancaster (Pennsylvanie), est un grimpeuringénieur et biophysicien américain.

    Grimpeur de haut niveau, il doit être amputé de ses deux jambes au niveau du genou à la suite d'une ascension. Il cherche malgré tout à continuer à escalader et crée des jambes prothétiques lui permettant d'escalader à nouveau au plus haut niveau. Il travaille toujours dans la recherche dans le secteur de la biophysique au sein du MIT Media Lab.

     

    Biographie

    Benjamin de cinq frères et sœurs d'une famille mennonite de Lancaster (Pennsylvanie), Hugh Herr est un prodige de l'escalade : à huit ans, il gravit une des faces du mont Temple (3 544 m) dans les Rocheuses canadiennes, et à dix-sept ans, il est reconnu comme étant l'un des meilleurs grimpeurs des États-Unis1.

    En janvier 1982, après avoir fait l'ascension d'une paroi de glace techniquement difficile à Huntington Ravine sur le Mont Washington (New Hampshire), Hugh Herr et son compagnon d'escalade Jeff Batzer sont pris dans un blizzard et sont désorientés. Ils finissent par descendre dans le cirque glaciaire du Great Gulf (en), où ils passent trois nuits à −29 °C. Quand ils sont secourus, ils souffrent d'une gelure sévère, et les deux jambes de Herr doivent être amputées sous les genoux, tandis que Batzer perd la moitié de sa jambe gauche, les orteils de son pied droit et les doigts de sa main droite. Lors de l'opération de sauvetage, le volontaire Albert Dow est tué par une avalanche1.

    Quelques mois après ses opérations et sa réhabilitation, Hugh Herr fait ce que ses docteurs lui avaient annoncé comme impossible : escalader à nouveau. Utilisant des prothèses qu'il a lui-même élaborées, il crée des pieds prothétiques avec un gros orteil suffisamment rigide pour faire qu'il soit possible de rester debout sur les bords d'une petite pierre, ainsi que des pieds en titane qui l'aident à escalader des murs de glace escarpés. Il utilise ces prothèses pour ajuster sa taille — de 1,5 à 2,4 m— et éviter des positions étranges du corps où il ne pourrait d'ordinaire pas atteindre ses pieds avec les mains.

    Grâce à ces prothèses, Hugh Herr parvient à escalader des parois de plus haut niveau que celles qu'il escaladait avant son accident, faisant de lui la première personne ayant une amputation importante à être aussi performant dans un sport que des personnes non-handicapées au plus haut niveau.

  • Le glyphosate et la SNCF

    Un sacré problème et qui doit être résolu. Entre sécurité, économie et écologie, le dilemme est de taille. Et où on voit, encore une fois, combien la technologie supplante l'idée même de créations d'emploi...Former des équipes chargées de l'entretien des voies au regard de la végétation...Non, impossible ? Pas les finances... Bon, alors, on va mettre des robots...

    https://www.sudouest.fr/2018/09/14/38-tonnes-par-an-la-sncf-est-le-plus-gros-consommateur-de-glyphosate-5390968-706.php?fbclid=IwAR14oAHYwir9NIyyrcOFus7GS0KluxqtIRjqMo3h5655Y_YlhRsCPAQ8gE4

    38 tonnes par an : la SNCF est le plus gros consommateur de glyphosate
    La SNCF pourrait faire appel à Vitirover, un petit robot venu de Saint-Emilion, pour désherber ses voies. 

    PHILIPPE HUGUEN AFP

    La SNCF utilise beaucoup de glyphosate pour désherber ses voies, et espère trouver des alternatives avant que ce puissant herbicide ne soit interdit en France. 

    Grande utilisatrice de glyphosate pour désherber ses voies et leurs abords immédiats, la SNCF espère trouver des alternatives avant que ce puissant herbicide ne soit interdit en France, faute de quoi la facture risque d’être très salée. "On a un standard aujourd’hui, qui est zéro végétation sur les voies et sur les pistes", explique Michel Morin, le responsable des voies ferrées chez SNCF Réseau.

    C’est un impératif de sécurité pour la circulation des trains : la végétation pourrait retenir l’eau et déformer la plateforme (et donc les rails). Les touffes d’herbe pourraient en outre gêner les rayons laser vérifiant l’écartement des voies ou perturber les tournées d’inspection des cheminots. Quant aux pistes longeant les voies, elles doivent impérativement être dégagées pour que les agents puissent se déplacer rapidement et le cas échéant évacuer les voyageurs en cas de problème.

    "Pour l’instant, on n’a pas encore trouvé la solution"

    Pour occire cette végétation indésirable, des "trains désherbeurs" passent au printemps. Ils aspergent les voies et les pistes d’une solution à base de glyphosate, produit accusé de provoquer des cancers. La SNCF en utilise entre 35 à 38 tonnes par an. "Cela représente 0,4% de la consommation française", relativise Michel Morin. Mais cela fait aussi de la SNCF le premier consommateur du pays, selon une étude de la Fondation Concorde.

    Que faire si le glyphosate est bien interdit en France d’ici 2021, comme l’a annoncé l’exécutif ? "Pour l’instant, on n’a pas encore trouvé la solution, donc on fait plein d’expérimentations", répond brièvement le patron de SNCF Réseau, Patrick Jeantet. "D’ici là, on espère trouver des choses ! " 

    Le groupe public s’est vraiment lancé dans la recherche d’alternatives au glyphosate quand la Commission européenne a provisoirement prolongé son autorisation pour dix-huit mois, en juin 2016 (ladite autorisation a depuis été prolongée pour cinq ans, délai que le président Emmanuel Macron s’est engagé à réduire à trois ans en France).

    Robots et ondes électromagnétiques

    Il y a urgence, car le coût du traitement des voies et des pistes sans glyphosate atteindrait environ 500 millions d’euros par an, avec les moyens actuellement à disposition. Certes, cette facture pourrait, selon Michel Morin, être réduite à 350 millions "si on dégradait (les) standards", mais la note serait particulièrement douloureuse par rapport aux 30 millions actuels… La perspective est peu enthousiasmante alors que SNCF Réseau, déjà lourdement endetté, manque de moyens pour entretenir le réseau.

    L’entreprise étudie actuellement la faisabilité de toute une série de solutions après avoir lancé l’an dernier un "marathon de l’innovation" et consulté tous azimuts, y compris dans les pays voisins qui ont le même problème. Le groupe teste notamment des herbicides alternatifs, et en particulier des produits de biocontrôle (des désherbants naturels), qui n’ont pas encore fait leurs preuves… et ne sont pas homologués. Idem pour d’autres produits de synthèseproposés par les fournisseurs, qui pourraient au final être plus dangereux que le glyphosate.

    Vitirover est désormais une véritable machine agricole autonome et tout-terrain.
    Vitirover est désormais une véritable machine agricole autonome et tout-terrain. 

    CRÉDIT PHOTO : KLEIN STÉPHANE

    Un certain nombre de robots ont aussi été mis à contribution, comme Vitirover, un petit coupeur d’herbe autonome venu de Saint-Emilion essayé sur les pistes qui longent le TGV Nord. Les premiers tests sont "prometteurs", juge Michel Morin. Toujours pour les pistes, la pose de géotextiles (des matériaux synthétiques) pourrait aussi être une solution, ajoute-t-il.

  • La zone de confort

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    En classe, aujourd'hui, j'ai longuement expliqué ce que signifie la "zone de confort" et l'importance considérable d'en connaître l'étendue et ses limites. Bien entendu, l'expression appelle une réflexion sur la peur. Il s'agissait au départ de la difficulté d'une élève dans l'exercice de lecture des grands nombres. Entre la semaine passée et ce matin, l'évolution est très favorable et à ma demande, cette élève a essayé d'observer ce qui se passait en elle.

    "Je n'ai plus peur, je suis calme et quand je suis un peu coincée par un nombre, je ne laisse pas la peur me mettre en panique."

     

    J'invite très souvent les enfants à observer en eux les effets du travail. Je leur dis également que c'est cette observation qui importe et non l'exercice en lui-même.

    "Vous êtes avant tout en apprentissage de vous-même et non dans l'apprentissage unique des mathématiques et de tout le reste. Ce qui compte, c'est que vous acceptiez de sortir de votre zone de confort, celle dans laquelle vous aimez être car elle est rassurante et nullement ouverte à l'intrusion des peurs. Imaginez un escalier sur lequel vous devez monter, marche après marche. L'obstacle, devant vous, génère une inquiétude et même la peur de l'échec. Mais cette peur n'est pas incluse dans l'exercice lui-même. Elle vient de vous. Les mathématiques ou le reste ne diffusent pas de peur. C'est pour ça que vous ne pouvez pas dire que vous n'aimez pas les mathématiques ou d'autres matières. Elles n'y sont pour rien. Le problème vient de vous. Ce que vous n'aimez pas, en réalité, ce sont toutes les émotions qui jaillisent devant le travail. Il faut accepter cette inquiétude et même la peur. Il ne faut rien rejeter. Même pas la peur. C'est elle qui vous permettra d'apprendre à vous observer. C'est elle que vous devez amadouer, domestiquer, comme si vous étiez montés sur un cheval sauvage. C'est passionnant comme épreuve. Apprivoiser sa peur. Et plus cette peur sera sauvage, plus vous serez fier de vous lorsque vous la tiendrez fermement, comme les rènes d'un cheval. Peu importe le temps que ça prendra. "La chute n'est pas un échec ; l'échec, c'est de rester là où on est tombé." Vous vous souvenez de Socrate. Et le plus extraordinaire, lorsque vous aurez réussi à calmer votre peur, c'est de sentir ce bonheur immense d'être monté sur la marche qui était au-dessus de vous. Vous avez réussi l'exercice mais ça n'est pas ça qui vous a fait grimper : votre réussite, c'est d'avoir observé votre peur et d'en avoir fait une force. C'est elle que vous pouvez remercier. Elle était l'occasion magnifique de vous prouver à vous-même la force que vous possédez pour avancer. Maintenant que vous avez élargi votre zone de confort à travers cette connaissance de vous-mêmes, vous pouvez y rester, en apprécier la douceur, profiter des bienfaits du travail réussi. Mais il arrivera nécessairement un moment où le travail de classe vous mènera au pied de la marche suivante. Alors, vous devrez penser à toutes les marches que vous avez déjà franchies. Vous irez chercher en vous tous ces bonheurs et ce sentiment de force quand vous avancez. Imaginez que vous soyez un aventurier, un alpiniste ou un explorateur. Jamais, ces gens-là ne se sont contentés de ce qui était déjà connu, atteint ou exploré. Ils sont toujours allés voir plus haut ou ailleurs. Vous êtes des aventuriers. Dans votre aventure intérieure. La marche suivante n'est pas un obstacle infranchissable. Elle n'est rien d'autre que l'occasion de montrer votre persévérance, votre détermination. Observez tout ça, essayez de regarder ce qui se passe en vous quand vous êtes dans la joie du travail. C'est joyeux le travail quand on se sert de lui pour regarder en soi."