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Facebook : enfumage
- Par Thierry LEDRU
- Le 29/03/2018
Pas d'annonces révolutionnaires dans le communiqué publié par Facebook mercredi 28 mars 2018. (ERIC BARADAT / AFP) Après l'affaire Cambridge Analytica, Facebook tente de regagner la confiance de ses utilisateurs. Pour apaiser les critiques, l'entreprise a présenté, mercredi 28 mars, trois grandes mesures pour permettre aux internautes de mieux protéger leurs données.
"Nous allons tout faire pour protéger les informations de nos utilisateurs et limiter les abus sur la plateforme", écrit Facebook dans la note de blog présentant ces dispositions. Mais ces nouvelles règles ont suscité un certain scepticisme auprès des internautes, résumé par ce tweet du rédacteur en chef du Monde.fr. On vous explique pourquoi les annonces de Facebook sont plutôt décevantes au regard de l'enjeu.
Les dernières annonces de Facebook sur la vie privée :
— Michaël Szadkowski (@szadkowski_m) 28 mars 2018
- en partie déjà annoncées
- obligatoires au regard du droit européen #RGPD
- aucune ne changera l'utilisation des données personnelles par FB
- aucune n’aurait empêché l'affaire Cambridge Analytica https://t.co/bVvq6ZMoG7Parce qu'il n'y a pas de vraie nouveauté
La première mesure présentée dans cette note consiste à centraliser les paramètres de confidentialité, actuellement répartis sur une vingtaine d'écrans différents, "en un seul et même menu". Ces outils existent déjà, comme les réglages liés aux préférences publicitaires ou la visibilité des posts publiés sur son compte. Il s'agit donc juste de les rendre plus visibles.
Les paramètres de confidentialité de Facebook vont être réorganisés en un seul et même menu (Communiqué de Facebook) L'association américaine Public Knowledge ne cache pas sa déception face à ces annonces qui ne présentent, selon elle, que des "changements mineurs, peu à même de remédier à un problème systémique plus large".
Rien de révolutionnaire donc, d'autant qu'une refonte des paramètres de confidentialité avait déjà été annoncée le 28 janvier par Erin Egan, responsable de la vie privée chez Facebook, dans un communiqué (en anglais). Dans sa note publiée mercredi, le réseau social ne fait nullement référence à cette précédente annonce.
Parce que Facebook ne fait que se conformer au droit européen
Les mesures communiquées par Facebook se contentent d'être en accord avec le droit européen, ce que le groupe omet de mentionner. Elles sont "un moyen de se conformer au règlement général sur la protection des données (RGPD), un texte européen très contraignant en la matière qui va s’appliquer sur tout le continent dès le 25 mai" explique Le Monde. Ce règlement repose sur le droit fondamental que constitue, pour toute personne se trouvant sur le territoire européen, la protection de sa vie privée et de ses données personnelles.
Même chose pour sa troisième promesse, mettre en place "des outils pour trouver, télécharger et supprimer toutes vos données Facebook : 'Accès à vos informations'". Cette nouvelle rubrique devrait permettre aux utilisateurs de supprimer d'anciennes publications mais également de transférer leurs données sur un autre service que Facebook. Là, encore, c'est une exigence du RGPD, qui prévoit, rappellent Les Echos, qu'"un citoyen pourra récupérer les données le concernant auprès d'une entreprise ou d'une administration pour les transférer à un service concurrent sans devoir construire un nouveau profil de zéro".
Parce que ça ne règle pas le problème
"En fin de compte, la seule façon pour les utilisateurs de limiter l’utilisation de leurs données personnelles par les réseaux sociaux est d’éviter tout simplement d’utiliser ces plateformes", résumait l'universitaire australien David Glance sur le site The Conversation. Autrement dit, ne comptez pas trop sur Facebook pour les protéger.
"Facebook n'a aucune motivation économique pour s'engager" dans des pratiques "responsables", note également l'association Public Knowledge, puisque "les annonceurs mécontents n'ont pas de plateforme alternative aussi performante que le réseau social".
Ainsi, Facebook ne facilite toujours pas la possibilité de supprimer purement et simplement son compte, constate le Guardian (en anglais). Pour l'instant, l'option est cachée au fin fond du site. Le groupe met plutôt en avant la possibilité de désactiver son compte, laissant ainsi "toutes les informations présentes sur les serveurs de Facebook accessibles aux outils d'explorations de données de la plateforme", pointe le quotidien britannique.
Dans leur communiqué, Erin Egan et Ashlie Beringer, responsable juridique adjointe, promettent tout de même de "nouvelles mesures" dans les prochaines semaines afin d'offrir "aux utilisateurs un contrôle simplifié et maximal de leurs paramètres de confidentialité".
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Facebook et les annonceurs
- Par Thierry LEDRU
- Le 29/03/2018
AFP29/03/2018 à 07:20
"Facebook n'a aucune motivation économique pour s'engager" dans des pratiques "responsables" puisque les annonceurs mécontents n'ont pas de plateforme alternative aussi efficace, ajoute l'organisation.
"Mark Zuckerberg a promis de meilleurs contrôles des données privées +ces prochaines semaines+ il y a huit ans", a ironisé un professeur de l'université de Caroline du Nord, Zeynep Tufekci, sur Twitter.
Une image de Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, attaqué de toute part à cause de la gestion des données personnelles des utilisateurs. ( AFP/Archives / Mladen ANTONOV )
Facebook, qui tente toujours de se relever de l'affaire Cambridge Analytica, a promis mercredi des "mesures supplémentaires" pour mieux protéger les données personnelles de ses usagers mais les dispositions, qui étaient déjà largement prévues avant le scandale, ont suscité un certain scepticisme.
"Nous devons rendre nos paramètres de confidentialité plus faciles à comprendre, à trouver et à utiliser", a admis Facebook, qui revendique plus de deux milliards d'utilisateurs.
"En plus des annonces faites la semaine dernière par (le PDG) Mark Zuckerberg", "nous prendrons des mesures supplémentaires dans les prochaines semaines pour donner plus de contrôle aux gens sur leurs données personnelles", poursuit le réseau.
"La plupart de ces mises à jour sont prévues depuis un certain temps et les événements de ces derniers jours ne font que souligner leur importance", ajoute Facebook, qui avait en effet déjà promis fin janvier de "donner (aux usagers) un meilleur contrôle de (leurs) informations personnelles".
Parmi ces modifications, qui consistent essentiellement à rendre plus visibles des outils qui existent déjà, Facebook promet "un menu unique pour trouver et gérer l'ensemble de vos paramètres de confidentialité" et "des outils simples pour trouver, télécharger et supprimer vos données".
Quelques heures plus tard, Facebook a annoncé bien plus discrètement une autre mesure, destinée cette fois à limiter l'utilisation de données personnelles à des fins publicitaires.
Précisément, Facebook "va fermer" un outil baptisé "Catégories de partenaires", qui permet aux annonceurs de cibler au plus près les usagers grâce aux données personnelles compilées par des agrégateurs de données, a-t-il annoncé.
Facebook travaille avec plusieurs de ces "fournisseurs de données relatives à l'audience", notamment Acxiom ou Experian, selon le site du réseau social.
"Même si c'est une pratique habituelle du secteur, nous pensons que cette mesure, qui va être mise en œuvre sur les six prochains mois, aidera à améliorer la confidentialité sur Facebook", a écrit Graham Mudd, un responsable marketing du groupe.
La société Cambridge Analytica (CA) est accusée d'avoir récupéré à leur insu les données personnelles de 50 millions d'utilisateurs de Facebook, pour les utiliser à des fins politiques, notamment lors de la campagne du Brexit au Royaume-Uni ou celle de Donald Trump, élu président des Etats-Unis fin 2016.
Ces données auraient été récupérées via une application de tests psychologiques accessible sur Facebook et créée notamment par un psychologue, qui, selon Facebook, les a ensuite fournies indûment à CA.
- Playboy s'en va -
Malgré des excuses réitérées le week-end dernier, la tempête ne s'apaise pas et l'action Facebook a perdu près de 18% en Bourse depuis que le scandale a éclaté, faisant partir en fumée des dizaines de milliards de dollars de capitalisation boursière. L'action a regagné un peu de terrain mercredi, finissant en hausse de 0,53%.
Des magazines Playboy dans un kiosque de Bethesda, dans le Maryland, le 13 octobre 2015 ( AFP/Archives / Mandel NGAN )
De nombreux utilisateurs se sont penchés sur leurs données personnelles stockées par Facebook, certains découvrant avec stupéfaction l'étendue d'informations détaillées gardées en mémoire par le réseau: photos, mais aussi messages privés et contacts.
Refusant d'être "complice" des fuites de données privées, le pionnier de la presse érotique grand public, Playboy, a annoncé mercredi qu'il quittait Facebook.
- Promesses -
Puisque les outils de Facebook permettant de protéger les données "sont d'évidence si importants pour les utilisateurs, on peut se demander pourquoi cela n'avait pas été fait plus tôt", a réagi Jennifer Grygiel, professeur à l'université américaine de Syracuse.
Les mesures promises sont "bienvenues" mais "ces changements mineurs sont peu à même de remédier à un problème systémique plus large", selon l'association de consommateurs Public Knowledge, qui regrette l'absence de contrainte juridique pour obliger les groupes internet à protéger les données.
Et "Facebook n'a aucune motivation économique pour s'engager" dans des pratiques "responsables" puisque les annonceurs mécontents n'ont pas de plateforme alternative aussi efficace, ajoute l'organisation.
"Mark Zuckerberg a promis de meilleurs contrôles des données privées +ces prochaines semaines+ il y a huit ans", a ironisé un professeur de l'université de Caroline du Nord, Zeynep Tufekci, sur Twitter.
La Commission européenne et une commission parlementaire britannique ont sommé mardi Mark Zuckerberg de s'expliquer mais il compte déléguer un de ses adjoints pour témoigner à Londres.
Aux Etats-Unis, il est en revanche décidé à se présenter devant le Congrès pour une audition prochainement, d'après plusieurs médias américains.
Autre boulet au pied de Facebook: un juge américain lui a ordonné mardi de lui fournir des documents internes sur le transfert en 2010 de son siège européen à Dublin, en Irlande. Le fisc américain estime qu'il avait alors sous-évalué ses actifs.
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Un demi siècle en prison.
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/03/2018
Le plus ancien prisonnier de France, aujourd'hui incarcéré à La Réunion, a déposé sa 23e demande de libération conditionnelle, après quarante-huit années passées derrière les barreaux. Ses proches espèrent qu'elle sera enfin acceptée.
Casanova Agamemnon, 68 ans, a passé l'essentiel de sa vie en prison et a déposé sa 23e demande de libération conditionnelle. (DR/ FRANCEINFO) Elle n'a pas voulu de blanc et a préféré revêtir une robe bustier bleu électrique. La couleur préférée de Casanova Agamemnon. Le 27 novembre 2017, Nadège, 46 ans, a dit "oui" à celui qu'on surnomme "Cajo", 68 ans. Le couple est entouré de neuf invités, des membres de la famille, des amis et de Marie-Claire, une religieuse proche de Nadège. La cérémonie débute à 14 heures puis s'achève vers 16h30, autour d'une pièce montée. "C'était (trop) magnifique", confie la mariée à franceinfo. A un détail près : l'échange des consentements ne s'est pas fait dans une mairie ou une salle des fêtes, mais au parloir du centre de détention du Port, sur l'île de La Réunion.
Casanova Agamemnon a épousé Nadège Lhomond, le 27 novembre 2017, au centre de détention du Port, à La Réunion. (DR) C'est ici, dans le nord-ouest de l'île française, que Casanova Agamemnon – jugé pour le meurtre de deux personnes, son frère et son patron – est enfermé. Il y a été transféré en 2014, après avoir écumé un grand nombre de prisons en métropole, et purge une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Il y a quelques semaines, il a déposé une nouvelle demande de libération conditionnelle, sa 23e depuis les années 1990. "Si aujourd'hui, il ne sort pas, c'est que personne ne veut qu'il sorte", soupire son avocat, maître Benoît David. Après 48 années de détention, son conseil estime qu'"il a bien fait son temps". Le Réunionnais hérite même du titre du plus ancien détenu de France, car un autre prisonnier, Maurice Gateaux, incarcéré depuis 1965, a, lui, bénéficié d'un aménagement de peine pour raisons de santé et se trouve maintenant dans un Ehpad.
Mais le dossier de Casanova Agamemnon, malgré le poids des années, continue de déchaîner les passions. La légende est encore bien vivace sur l'île de La Réunion. Le mystère aussi.
"Vous abusez de quelqu'un qui est plus faible que vous"
Dans son bureau parisien, Benoît David tente une description physique de son client : "Il est grand, balèze, a des yeux bleu acier, une belle tête et une grosse voix. Il a beaucoup de charme". Une carrure impressionnante, qu'il a façonnée en prison à coups de séances de musculation et de longues promenades.
A 15 ans, Casanova, s'il n'a pas encore la même musculature, ne s'en laisse déjà pas compter. Claude Najède le rencontre adolescent, alors que la famille Agamemnon, qui compte quatre enfants – trois garçons et une fille – quitte le quartier de La Confiance à Saint-Benoît pour un lotissement à Bras-Fusil, dans la même commune. Nous sommes dans les années 1960. Le père est planteur puis ouvrier communal, la mère ne travaille pas. "C'était un gentil garçon, il était tranquille et nous aimait beaucoup", assure la cousine de Casanova, Micheline Lhomond. "C'était un garçon comme n'importe quel jeune, il n'avait pas d'animosité, n'était pas vulgaire", raconte Claude Najède. Un signe le distingue cependant des autres, selon son ami : son refus de l'injustice.
Depuis très jeune, il n'aime pas l'injustice. Il ne pouvait pas encaisser.Claude Najède, ami d'enfance de Casanova Agamemnonà franceinfo
Claude Najède se souvient en particulier d'une anecdote. "C'était un dimanche, un jour de fête foraine. On est tombés sur un monsieur, un gros bras, qui se bagarrait avec quelqu'un de moins costaud que lui. On est intervenus pour les séparer". Le "gros bras" propose alors à Casanova de prendre la place de son adversaire. "Et là, Casanova a dit : 'Je vais prendre sa place parce que vous abusez de quelqu'un qui est plus faible que vous'", poursuit Claude Najède. "Le gros bras a pris une raclée", en rigole-t-il encore.
A 19 ans, la perpétuité
Celui qui habite aujourd'hui encore à Saint-Benoît part à l'époque au lycée à Saint-Denis. Son ami, lui, devient apprenti cuisinier au restaurant Le Cheval Blanc, également situé à Saint-Denis. "Le jeudi, on n'avait pas cours alors j'allais le voir. Il était content", se souvient Claude Najède. En 1969, Casanova a 19 ans et son destin bascule. Un jour, son patron, Paul Pothin, l'accuse de vol. Le jeune homme lui tend un guet-apens et le poignarde à mort. Le 10 mai 1969, il est placé en détention provisoire. Quelques mois plus tard, le 16 octobre 1970, a lieu son procès. "Il a toujours expliqué qu'il était persuadé que, lors de son altercation avec son patron, celui-ci détenait une arme. Et il l'aurait poignardé car il se sentait en danger", raconte le site Clicanoo. Les assises de La Réunion le condamnent à la réclusion criminelle à perpétuité.
Il était mineur à l'époque et il a pris perpétuité. Il lui a mis juste un ou deux coups de couteau. C'est pas accompagné de torture, d'actes de barbarie. C'est terrible, il l'a tué. Mais on est sur quelque chose qui est assez simple.Benoît David, avocat de Casanova Agamemnonà franceinfo
"De toute façon, le dossier a été bidonné, falsifié", grommelle Claude Najède, qui refuse d'en dire plus par téléphone mais fait clairement comprendre qu'il reste, selon lui, des zones d'ombre dans ce dossier. Détenu à La Réunion, Casanova est transféré en 1973 en métropole, après avoir été condamné en mai 1972 pour des faits d'évasion. "Il profite d'une évasion d'une bande de détenus qui durera sept jours", raconte RTL dans une émission consacrée au prisonnier. Il fera le tour des QHS, les quartiers de haute sécurité. Le 5 mai 1985, à 35 ans, Casanova Agamemnon obtient une libération conditionnelle et revient sur son île natale dans la foulée.
Photo non datée de Casanova Agamemnon remise par sa famille. (FAMILY HANDOUT / AFP) "On fouillait les maisons, on montait des planques"
C'est le choc. Son île a changé, ses parents sont morts entre-temps. "Il ne savait pas compter les francs, il ne maniait pas l'argent, alors je lui faisais ses courses", se rappelle Claude Najède. "On l'aidait. J'ai essayé de le faire bosser, il voulait passer son permis". Le 26 février 1986, une dispute éclate avec sa compagne de l'époque. Un coup de feu part, accidentel selon Casanova. Il informe qu'il part chercher les secours. En réalité, il la laisse, grièvement blessée, et s'en va trouver son frère Joseph sur le chantier où ce dernier travaille puis l'abat. Pour une histoire d'héritage de terres. "Moi, je n'y crois pas, à cette histoire d'héritage. On n'en parlait pas avec lui. Ça a été monté par d'autres membres de la famille", veut croire Claude Najède. "Son frère voulait que Casanova n'ait rien et avait aussi l'intention de le tuer. Donc, il m'a dit : 'J'ai un peu pris les devants'", avance, de son côté, son avocat. Après avoir tué son frère, Casanova s'enfuit et disparaît des radars de la police.
Claude Najède apprend la nouvelle au volant. "Je me dis : 'Mais qu'est-ce qui se passe encore ?'" L'homme arrive chez lui et prend son courrier. "Je vois une enveloppe. Il y a 10 000 francs dedans et il y a écrit : 'Cajo pour Claude'". Le lendemain, sa femme part à la banque ouvrir un compte pour y déposer la somme. Quelques jours après, un jeune homme vient le voir et l'informe que "Cajo a demandé de l'argent". Il lui en donnera, avant que la même scène se reproduise trois jours plus tard. "Je lui ai dit : 'il y a un souci et je n'ai pas donné'", assure-t-il. Pendant ce temps, tous les policiers de l'île traquent Casanova, qui bénéficie de plusieurs complicités. Sa cavale va durer trois mois.
C'est à ce moment-là qu'est née la légende.maître Benoît Davidà franceinfo
Les forces de l'ordre ne laissent rien passer et organisent des barrages partout sur l'île. "On fouillait les maisons, on montait des planques", raconte le commissaire divisionnaire Daniel Thirel, ancien chef de la Sûreté départementale de l'île. Le 27 mars, une femme de policier vient se plaindre qu'elle a été violée par un homme qu'elle a reconnu comme étant Casanova Agamemnon.
Ce n'est que quelques semaines plus tard que l'étau se resserre. "On a eu un renseignement comme quoi il était logé à Saint-Benoît. Quelqu'un nous a dit qu'il avait remarqué qu'un petit jeune achetait plus que pour lui seul, il prenait par exemple deux pains", se rappelle Daniel Thirel. Une surveillance s'organise autour de la maison et, le 18 mai, Casanova est interpellé non sans mal. Un policier lui tire deux balles dans les jambes pour le neutraliser mais le fugitif parvient à rentrer dans la maison, prendre son arme et tente de se suicider. Conduit à l'hôpital, il est jugé le 22 juillet 1988 et condamné à dix ans de réclusion pour le meurtre de son frère. Il est en revanche acquitté du viol dont on l'accusait. "C'est une bête féroce", lâche dans son réquisitoire l'avocat général.
La lettre d'un "oublié"
Le 8 novembre 1988, Casanova embarque pour la métropole pour y purger sa peine. En 1991, il peut à nouveau déposer des demandes de libération conditionnelle, qui sont systématiquement refusées. Le détenu sombre dans l'oubli. Son histoire resurgit dans l'actualité à la faveur d'une lettre. Des proches de Casanova contactent en 2012 Jérôme Talpin, rédacteur en chef du Journal de l'île de La Réunion, et lui font comprendre qu'il cherche à revenir sur son île natale. "Agamemnon à La Réunion, c'est une figure qui fait peur. J'ai commencé à m'y intéresser", raconte le journaliste. En réalité, Casanova cherche à rentrer depuis un bout de temps sur son île mais tout est bloqué. "On lui dit que pour une libération conditionnelle, il faut un projet de réinsertion à La Réunion mais le parquet de l'île refuse qu'il revienne pour risque de trouble à l'ordre public", se souvient Benoît David.
En novembre 2012, Jérôme Talpin reçoit les réponses aux questions qu'il a envoyées par courrier à Casanova. Ce dernier s'estime "oublié" et se dit "victime d'une justice parallèle et discriminatoire".
Le Journal de La Réunion publié le 9 novembre 2012 une lettre de Casanova Agamemnon. (DR) Malgré les années en prison, Casanova ne sombre pas. "Il est parfaitement lucide, il est tout à fait au clair dans sa tête. Lorsque je l'ai rencontré la première fois, j'ai eu l'impression qu'il venait de rentrer en taule", note son ancien avocat, Etienne Noël.
C'est un homme debout qui a même un sacré humour. Le contact avec lui était facile, les entretiens agréables.maître Etienne Noëlà franceinfo
Le 25 mars 2014, Casanova gagne une première bataille en obtenant son transfert à La Réunion.
"Il était tellement beau"
C'est quelques semaines plus tard que le détenu fait la rencontre, au parloir, de Nadège Lhomond, la fille de sa cousine Micheline. "La première fois que je l'ai vu, il était tellement beau", raconte Nadège. "Comment quelqu'un peut-il être enfermé aussi longtemps et être comme il est ?", s'interroge-t-elle. Elle assure avoir discuté avec lui de ses actes passés. "Il me dit qu'il a beaucoup de regrets, que ce n'est pas parce qu'il ne parle pas qu'il ne souffre pas. Je l'ai vu pleurer une fois devant mes enfants", raconte-t-elle, persuadée que jouer avec eux remue "des choses qu'il n'a pas pu connaître". Nadège lui avoue ses sentiments le 24 septembre 2014, elle a encore la date en mémoire. Casanova demande à réfléchir. "Il m'a dit : 'Tu sais, je suis enfermé, je n'ai pas de vie, je ne voudrais pas te faire du mal'". Finalement, c'est en février 2015 qu'a lieu "le premier baiser", puis le mariage donc en novembre 2017.
Nadège Lhomond signe les registres d'état civil le jour de son mariage avec Casanova Agamemnon, le 27 novembre 2017, au centre de détention du Port, à La Réunion. (DR) Malgré cet heureux événement, le quotidien en prison reste inchangé pour Casanova, qui fait essentiellement du sport et lit aussi beaucoup, "des magazines d'actualité mais aussi de nature", confie un surveillant pénitentiaire. Le maton loue "son comportement exemplaire". "Il s'entend bien avec tout le monde. Il a même incité les autres détenus à jouer aux échecs. Si on avait 507 détenus comme lui, ce serait beaucoup plus facile de travailler", raconte un autre gardien. Lui aussi a du mal à comprendre comment Casanova n'est pas devenu fou après quarante-huit ans de détention. "Il doit être très fort dans sa tête".
Il est très bien conservé. Peut-être que personne ne veut le mettre dehors à cause de ça, peut-être que s'il était plus grabataire...Un surveillant pénitentiaireà franceinfo
"Il a envie de vivre, il a envie de sortir, de connaître la liberté", ajoute ce surveillant de prison. Si Casanova Agamemnon est libéré, sa femme, restauratrice à Saint-Benoît, s'est engagée à le faire travailler bénévolement dans son établissement. Mais que se passera-t-il si sa dernière demande de libération conditionnelle, dont on n'attend pas les résultats avant plusieurs mois, n'aboutit pas ? "Il faudra convoquer la presse et puis on fera une demande de grâce, c'est aussi une option", explique Benoît David. "J'ai peur, je crains le pire, même si j'ai dans la tête qu'ils ne pourront pas le garder éternellement", analyse Claude Najède. "On ne demande qu'à vivre", soupire Nadège Agamemnon, qui refuse de dormir dans le lit conjugal tant que son mari n'est pas libéré. "Il me dit souvent : 'Si je meurs, je ne veux pas être enterré, enfermé dans la terre, je veux que l'on brûle mon corps et après tu feras ce que tu veux des cendres'".
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Effacé ou pas ?
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/03/2018
Voilà justement ce que je tiens à vérifier en ayant demandé la suppression intégrale de mon compte : est-ce que Facebook fait véritablement le nettoyage ou pas ?
Là, avec cet exemple, on est en droit de se poser la question puisque le compte réapparaît un an après avec des données historiques et sous un autre nom.
Que veut dire "compte inactif" finalement ? Si c'est juste un compte "dormant" avec un historique qui reste enregistré et qui n'est donc jamais effacé, je n'en veux pas.
Je veux pouvoir contrôler l'intégralité de mon compte.
Et je ne veux surtout pas que mes données historiques se retrouvent sur un autre compte...
"Malgré les demandes multipliées auprès de Facebook, pas de soucis pour eux, ça ne pose aucun problème", raconte le youtubeur Julien Ménielle à franceinfo
Robin PrudentFrance Télévisions
Le 8 janvier 2018, Julien Ménielle a une drôle de surprise sur Facebook. Le youtubeur santé reçoit une notification de la part d'une inconnue. Une fois sur son profil, il s'apperçoit que celle-ci est amie avec tous ses proches et que des photos de famille sont visibles sur son mur. "En fait, je réalise que c'est le compte de ma maman [dont le nom et la photo de profil ont été modifiés], sauf que le souci c'est que le compte de ma mère on l'avait fait supprimer avec mon frère, juste après son décès", explique-t-il à franceinfo.
Sur le coup, grosse claque. Sensation très bizarre et très gênante.
Julien Ménielleà franceinfo
Quand il essaie de se reconnecter sur le compte de sa mère, impossible. Le mot de passe a été changé. Il n'a plus le contrôle sur ce profil, alors qu'il pensait l'avoir définitivement supprimé. "Vite fait, je me reprends, je fais des signalements à Facebook : 'Cette personne usurpe l’identité de quelqu'un que je connais.' Rejetés. Facebook, à chaque fois, adresse des fins de non recevoir, donc le profil est toujours en ligne", ajoute-t-il.
Tristesse, malaise... et colère
"A la tristesse et au malaise, il y a une colère qui prend la place. Parce qu'on est complètement impuissants, raconte Julien Ménielle. Il y a des comptes qui sont supprimés tous les jours parce que ce n’est pas exactement le bon nom de famille, etc. Mais par contre, aller hacker le compte d’une personne décédée, ça ne pose pas de soucis."
Contacté par franceinfo, Facebook a finalement rendu le compte inactif.
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"La Barclay sans pitié"
- Par Thierry LEDRU
- Le 27/03/2018
Ce film est magnifique, époustouflant et le scénario est diabolique... Un remarquable documentaire visuel et émotionnel. Du grand art cinématographique pour une épreuve extrême.
Voyage au bout de soi-même.
"La Barclay sans pitié"
La Barkley : L'Ultra Trail le plus difficile du monde
Depuis sa création en 1986, douze participants seulement ont terminé les cinq boucles de 32km (soit 160km au total) du tracé, avec un dénivelé total correspondant à une double ascension de l’Everest...
Par Mirko Hominal le 26/04/2015
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La "Barkley : L'Ultra Trail le plus difficile du monde
Patrick Montel, pour l'émission Stade 2, s’est rendu dans la forêt du Tennessee où se déroule cette course hors-norme : il a rencontré son organisateur, l’atypique Laz, et a suivi les souffrances d’un des participants tricolores de l’édition 2015.
Aucun Trailer n'est parvenu au bout de l'édition 2015.
L’idée de cette course est venue de l’évasion de la prison nichée au coeur des montagnes, le 10 juin 1977, de James Earl Ray, le meurtrier de Martin Luther King, repris après 54 heures de cavale et seulement huit miles (12,8 km) parcourus.
Près de 130 Miles en 5 boucles de jour comme de nuit (le parcours change chaque année et est seulement connu des concurrents quelques minutes avant le départ) et près de 16000m de dénivelé positif avec seulement une carte et une boussole.
https://www.lequipe.fr/explore-video/020-la-barkley-sans-pitie/
La Barkley: il y a ceux qui la finissent, et tous les autres
Par Didier Arnaud —
160 kilomètres à couvrir en 60 heures dans une forêt du Tennessee: c'est la course à pieds la plus dure du monde. Rares sont ceux invités à y participer. Plus rares encore ceux qui la domptent.
C’est une course qui laisse des traces. Ceux qui y ont participé disent «on est toujours à la limite de ce qui est humainement possible» ou «il faut lutter contre ses démons parce qu’il y aura toujours en soi une bonne raison d’arrêter» ou enfin, un de ses vainqueurs, «tout le corps fait extrêmement mal mais il faut surmonter si tu veux finir».
Le programme de la Barkley, cet ultratrail dont la trentième édition partira ce vendredi est chargé: 100 miles (160 kilomètres) et 18 000 mètres de dénivellé à parcourir en moins de soixante heures, sur cinq tours, à travers une forêt dense et très escarpée, dans le Tennessee, au départ de Frozen Head. Pour prouver qu’il est bien passé au bon endroit, chaque concurrent doit trouver des livres cachés le long du parcours et arracher la page correspondant à son numéro de dossard. Le ravitaillement aussi est limité à son strict minimum: deux points d’eau seulement. L’organisateur, «Laz» (Lazarus Jake), en a eu l’idée après l’évasion de James Earl Ray, l’assassin de Martin Luther King, en 1977. Le fugitif avait été arrêté par la police après cinquante quatre heures de cavale: il n’avait réussi à parcourir qu’une douzaine de kilomètres. «Moi, en 54 heures, j’aurais pu faire 100 miles», fanfaronne Laz à l’époque. Neuf ans plus tard, il crée la Barkley dans cette même forêt (1).
Rémy Jegard, journaliste sportif pour le site Running Mag, grand habitué des trails, a eu la chance de compter parmi les inscrits pour cette édition 2015 (il n’y a que 35 participants, cooptés sur lettre de motivation par l’organisateur). Rémy parle «très mal l’anglais» et il pense que ce sont ses erreurs qui ont fait sourire l’organisateur et ont fait pencher la balance pour qu’il soit pris. Comme les quelque 40 autres élus, il a été averti de sa sélection par un courrier aux allures de lettre de condoléances style désolé, vous avez été retenu pour participer. Ambiance.
Le départ de la course est fixé «entre minuit et 11 heures du matin». A un moment, Laz souffle dans une conque: une heure après, tous les participants doivent être fins prêts. «L’épreuve est très longue et très dure, dit Rémy, Jegard, contacté par Libération. Mais l’organisateur ne prendra pas forcément les meilleurs coureurs du monde. Personnellement j’ai travaillé l’orientation, les cartes.» Il faut savoir qu’après le premier tour, une vingtaine de coureurs abandonnent, ils ne sont plus que 7 ou 8 sur après le troisième, et seulement 2 ou 3 à accomplir l’ensemble du parcours. Depuis sa création, en 1986, seuls 14 coureurs ont réussi à achever la Barkley dans le temps limite de soixante heures. Et un seul a réussi cet exploit deux fois.
Pour sa part, Rémy tentera de se caler avec ceux qui connaissent (les vétérans contrairement aux «vierges», ceux qui participent pour la première fois). «Ensuite, [je vais tenter de] réaliser trois tours, c’est l’objectif que je me fixe.» Même si peu sont choisis, la Barkley est à la portée de toutes les bourses: 1,6 dollar l’inscription pour les virgins, et une plaque d'immatriculation de l'endroit d'où l'on vient. «Les gens ne viennent pas pour la gloire ou pour un prix, dit le vainqueur de l'an dernier. Ils viennent ici pour apprendre des choses sur eux-mêmes, savoir de quoi ils sont faits.»
(1) Histoire à retrouver dans le documentaire de Canal+ sur l'édition 2014: «Les Rescapés».
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Qui ou quoi ?
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/03/2018
Il y a quelques années déjà, j'avais écrit ce texte à la suite d'une leçon de grammaire sur le COD et je viens de revivre la même situation...Des enfants qui disent avoir du mal à utiliser le "QUI" quand il parle d'un arbre ou d'une chenille...
C'est à mes yeux un travail linguisitique fondamental parce qu'il induit la nécéssité naturelle de se comporter identiquement avec tout ce qui est vivant.
Ce qui n'est pas le cas actuellement sur Terre.
Et j'emploie le terme "naturelle" volontairement, dans le sens où ce comportement devrait être inscrit en chacun, de génération en génération. Il ne devrait même pas être nécessaire de l'enseigner...
"L'homme saccage la Nature
-L'homme saccage "quoi" ou "qui" ?...
Une leçon aujourd'hui sur l'analyse de la phrase et du groupe verbal.
Je propose une phrase simple et les enfants doivent chercher le COD en utilisant une question précise.
"L'enfant range ses crayons.
-L'enfant range quoi ? Ses crayons.
-L'enfant caresse son chien.
-L'enfant caresse quoi ? Son chien.
-Non, je ne suis pas d'accord. L'enfant caresse QUI ? Pourquoi Qui ?
Silence...
-Le jardinier entretient ses plantations.
-Le jardinier entretient quoi ? Ses plantations.
-Non, je ne suis pas d'accord. Le jardinier entretient QUI ? Ses plantations. Pourquoi Qui ?
Silence...
-Papa range la vaisselle.
-Papa range quoi ? la vaisselle.
-Oui, là je suis d'accord. Pourquoi ?
-Ah, oui, je sais ! parce que c'est un objet ! Et les autres, c'était vivant.
-Oui, voilà, c'est exactement ça. Développe s'il te plaît.
-Et bien, il faut dire QUI quand c'est quelque chose de vivant.
-Ah, mais alors, ça n'est pas une chose justement.
-Oui, je voulais dire quand c'est...
-Oui, alors, comment le définir ?
Silence...
-Quel est le point commun entre le chien, les plantes, un animal, un homme, un enfant, une fleur ?
-C'est quelque chose de vivant !
-Mais alors, on ne doit pas dire quelque chose ! Comment les définir ?
-Ce sont des êtres vivants ? C'est ça ? Mais une plante, c'est pas vivant comme nous !
-Ah bon, et pourquoi ? Comment définir ce qui est vivant ? Si tu penses qu'une plante n'est pas un être vivant, elle est donc dans le même état que ce crayon. C'est ça ?
-Ah, ben non, c'est pas comme un crayon.
-Alors quelles sont les différences ?
-Ben, le crayon, il n'est pas vivant.
-Oui, d'accord, mais comment définir ce qui est vivant ?
-Ça parle.
-Mais une fleur, ça ne parle pas comme nous. Mais est-ce que ça communique ? Les oiseaux, par exemple, ils chantent. Est-ce que c'est une communication ? Est-ce que les plantes communiquent à leur façon ?
-On ne peut pas le savoir.
-Pourquoi ?
-On ne les comprend pas.
-Alors, on ne peut pas limiter ce qui est vivant à ce qui communique. Il faut trouver une définition plus juste.
-Ça change. Ça meurt.
-Est-ce qu'une plante change, est-ce qu'elle meurt ?
-Ben, oui.
-Est-ce que tout ce que vous connaissez et que vous jugez comme étant vivant va changer et mourir un jour ?
-Ben, oui.
-Bon, alors cette définition-là, on peut la garder. Tout ce qui est vivant se transforme et finit par mourir. Mais si tout finit par mourir, comment expliquer que ça existe encore ? Tout ce qui est vivant aurait dû disparaître depuis le temps que ça existe.
-C'est la reproduction !
-Tout ce qui est vivant se reproduit ? Même les plantes ?
-Ben oui, elles ont des graines et les fleurs, elles ont du pollen. Et les animaux, ils font des petits.
-Et les humains aussi ?
-Ben oui, sinon, on ne serait pas là.
-Bon, alors, tout ce qui est vivant se reproduit avant de mourir. Il reste encore un élément. Vous avez parlé de transformation. Qu'est-ce qui permet aux éléments vivants de se transformer ?
-La nourriture !!
-Bien, mais est-ce que les plantes se nourrissent ?
-Ben oui, elles ont des racines.
-C'est plus compliqué que ça mais c'est vrai que les plantes se nourrissent. Donc, tout ce qui est vivant se transforme en se nourrissant, se reproduit et finit par mourir. Est-ce que les plantes, les animaux et les êtres humains répondent à ces critères ?
-Ben, oui.
-Alors, vous comprenez pourquoi j'insiste pour dire QUI et non QUOI quand on pose la question ? Est-ce que vous allez utiliser QUI pour parler d'un crayon ou de la vaisselle ?
-Ben, non, c'est pas vivant.
-Alors pourquoi est-ce qu'on n'a pas ce réflexe de considérer une plante comme un être vivant ou même certains animaux ? Lisez ce texte et dites-moi ce que vous en pensez ?
"Tu as écrasé cette chenille. Bien, c'était facile. Maintenant, refais-la. " Lanza Del Vasto.
-On ne peut pas la refaire !!
-Alors pourquoi l'avoir écrasée ?
Silence...
-Moi, je sais, c'est parce qu'on ne l'entend pas se plaindre.
-Et oui. Voilà. On en revient à ce fameux langage dont on parlait tout à l'heure. On n'entend pas la chenille nous parler. De la même façon qu'on n'entend pas les arbres se plaindre des feuilles qu'on leur arrache en passant devant la haie. Ils ne disent rien qu'on ne peut comprendre. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne disent rien, c'est juste qu'on n'entend rien. Mais on ne sait pas ce qui se passe en eux. On peut imaginer qu'ils souffrent en tout cas puisqu'ils sont vivants. Si on m'écrase le pied ou qu'on m'arrache les cheveux, j'aurai mal. Pourquoi ?
-Parce que tu es vivant.
-Mais on vient bien de dire que les animaux et les plantes sont eux aussi des êtres vivants. Est-ce qu'on a le droit de penser et de croire qu'ils n'ont pas mal ?
-Ben, non. Ils sont comme nous.
-Ils ne sont pas comme nous mais ils sont en tout cas des êtres vivants. Ce qui nous rapproche, c'est cette vie en nous. Quelle que soit la forme qu'elle prend. Alors, je tiens à parler d'eux avec les termes qui concernent les êtres vivants. Donc, je dis QUI et pas QUOI. Et que pensez-vous de la Terre en général alors ? Si je dis : Certains hommes abîment la Terre. Est-ce que je dois dire : Certains hommes abîment quoi ? La Terre. Ou bien est-ce que je dois dire : Certains hommes abîment qui ? La Terre ?
-Qui !!
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Facebook : Une enquête est ouverte
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/03/2018
Ce qui me plaît dans cette histoire, c'est de voir la puissance financière d'un boycott... On n'en est pas encore là mais la suppression très importante de comptes a un impact gigantesque sur les revenus publicitaires.
C'est là qu'on peut juger de la force de frappe de la masse populaire. Les sociétés médiatiques s'enrichissent par les contrats publicitaires mais si par "accident" le nombre d'adhérents chutent, les annonceurs ne veulent plus payer aussi cher et donc les revenus baissent. Et là, on parle de milliards.
C'est nous qui agissons sur ces milliards déversés ou retirés.
Fermer son compte Facebook pour refuser de cautionner des pratiques frauduleuses ou en tout cas une gestion négligente des protections individuelles, c'est retirer une pièce du cochon rose.
Ces jours-ci, la tirelire a pris un régime sévère.
Personnellement, j'attends de voir le cadre sécurisé qui sera mis en place. Ou pas.
(Reuters) - Facebook chute de plus de 5% à Wall Street lundi après que le Bureau de protection des consommateurs de la Commission fédérale américaine du Commerce (FTC) a confirmé enquêter sur l'utilisation des données personnelles de ses abonnés.
L'annonce de la FTC accentue la pression sur les parlementaires américains et européens pour demander au patron de Facebook, Mark Zuckerberg, d'expliquer comment la société Cambridge Analytica a pu collecter des informations relatives à 50 millions d'utilisateurs du réseau social.
L'action Facebook est brièvement tombée sous les 150 dollars pour la première fois depuis juillet 2017, reculant jusqu'à 149,02 dollars. A ce niveau, le réseau social a perdu plus de 100 milliards de dollars (80 milliards d'euros) de capitalisation boursière en dix jours.
Le titre qui avait vainement tenté de rebondir en tout début de séance vaut 155,13 dollars vers 16h15 GMT, en baisse de -2,68% sur la journée, après avoir déjà dégringolé de près de 14% sur l'ensemble de la semaine dernière.
La société est également confrontée au mécontentement croissant de ses fournisseurs de publicité et utilisateurs. Le distributeur de pièces détachées automobiles Prep Boys a suspendu ses publicités sur Facebook lundi, rejoignant ainsi le groupe Mozilla qui a pris la même décision la semaine dernière.
Malgré les excuses de Zuckerberg, des enquêtes d'opinion aux Etats-Unis et en Allemagne ont montré dimanche qu'une majorité de la population perdait confiance dans Facebook sur la question de la protection des données personnelles.
Moins de la moitié des Américains sont convaincus que Facebook respecte la loi américaine sur la protection de la vie privée, selon une enquête Reuters/Ipsos publiée dimanche, tandis qu'une enquête publiée par le journal allemand Bild am Sonntag montre que 60% des Allemands craignent que Facebook et d'autres réseaux sociaux aient un impact négatif sur la démocratie.
La FTC confirme rarement ses enquêtes avant de déposer une plainte, sauf dans les affaires particulièrement suivies.
"La FTC prend très au sérieux les récentes informations de presse qui soulèvent des interrogations substantielles sur les pratiques de Facebook en matière de protection des données. La FTC confirme qu'elle a ouvert une enquête (...) sur ces pratiques", lit-on dans un communiqué.
Facebook est sur la sellette depuis que l'hebdomadaire britannique The Observer et le New York Times ont révélé que le cabinet d'études londonien Cambridge Analytica, très impliqué dans la campagne électorale de Donald Trump en 2016, avait siphonné les donneés de 50 millions d'utilisateurs de Facebook.
L'enquête de la FTC vise à déterminer si le réseau social a autorisé Cambridge Analytica à recevoir certaines données d'utilisateurs en violation de ses règles, rapportait mardi dernier l'agence Bloomberg en citant une source au fait du dossier.
(Bill Rigby, Véronique Tison et Juliette Rouillon pour le service français)
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Facebook et la publicité ciblée
- Par Thierry LEDRU
- Le 25/03/2018
Publicité, propagande... A quoi servent les données personnelles que vous confiez à Facebook ?
Empêtré dans le scandale Cambridge Analytica, Mark Zuckerberg a promis de permettre aux utilisateurs de Facebook de mieux contrôler l'usage de leurs données personnelles. Mais que fait le réseau social de toutes les informations que vous lui donnez ? Franceinfo s'est penché sur la question.
Un utilisateur se connecte à Facebook sur son téléphone, le 24 octobre 2017, à Ankara (Turquie). (AYTAC UNAL / ANADOLU AGENCY / AFP) Le lieu de vos dernières vacances, votre âge, vos goûts musicaux, vos opinions politiques, la paire de chaussures sur laquelle vous lorgnez... Facebook sait presque tout de vous. Le patron du réseau social, Mark Zukerberg, a promis, mardi 21 mars, de permettre aux internautes de mieux contrôler l'usage de ces informations. Le géant du web est embourbé dans une vaste polémique depuis la révélation de l'utilisation indue de données personnelles de millions d'utilisateurs par l'entreprise britannique Cambridge Analytica. Franceinfo vous explique pourquoi ces informations intéressent autant le réseau social (et pas que lui).
La publicité ciblée, fond de commerce de Facebook
Vos données personnelles constituent une véritable mine d'or pour Facebook. Le réseau social "ne fait pas payer ses utilisateurs mais il engrange des milliards de dollars de revenus", note Michael Bazzell, un expert en cybersécurité, interrogé par Gizmodo (en anglais). Il a ainsi réalisé presque 16 milliards de dollars de profit en 2017, un chiffre en hausse de 56% sur un an, selon Challenges. Comment ? "Les utilisateurs sont le produit [qu'il vend]", explique Michael Bazzell.
Plus précisément, Facebook vend sa connaissance des internautes. Grâce aux données fournies par ses deux milliards d'usagers, le réseau social est capable de déterminer quels produits peuvent les intéresser. Et il en profite pour vendre de la publicité "ciblée". Les annonceurs peuvent ainsi choisir de diffuser leur réclame auprès des consommateurs les plus adaptés, en fonction de leur âge, de leur lieu de résidence ou de leurs activités favorites.
Facebook vend aux entreprises la garantie de toucher le public qu'elles recherchent.Arthur Messaud, juriste de La Quadrature du netà franceinfo
"Il est difficile de savoir à quel point ces publicités ciblées sont efficaces, mais pour l'instant cette promesse suffit à convaincre les annonceurs", poursuit le juriste. Au quatrième trimestre 2017, les recettes publicitaires représentaient ainsi 98,5% du chiffre d'affaires total de la firme, avance encore Challenges.
Facebook vous observe partout, tout le temps
Pour tenir cette promesse, Facebook collecte toutes les informations que vous postez, mais aussi vos réactions à diverses publications, vos "likes", vos recherches... "Les comportements des internautes en révèlent beaucoup plus qu'ils ne le pensent", souligne Arthur Messaud. Facebook affirmait ainsi en 2014 être capable de déterminer si un utilisateur était en couple même s'il ne l'indiquait pas sur le réseau social, en analysant ses interactions avec ses contacts. L'entreprise rappelle toutefois que les usagers divulguent volontairement ces éléments. "Les utilisateurs choisissent d’ajouter leurs opinions politiques ou leurs préférences sexuelles sur Facebook, nous n’exigeons pas d’eux qu’ils le fassent", indique Facebook France, contacté par franceinfo.
Vos likes ne sont pas la seule source d'information du réseau social. Il continue de vous observer même lorsque vous êtes sur d'autres pages web, que vous ayez un compte sur Facebook ou non. Des "traceurs" invisibles, les cookies, sont installés sur plus de 10 000 sites, précise ainsi le Daily Mail(en anglais). Ils enregistrent votre adresse IP (qui permet notamment de vous géolocaliser), les pages qui vous intéressent ou encore le temps que vous passez dessus. Facebook affirme avoir le droit de récolter ces informations grâce à sa "bannière cookie" : une fois que vous avez cliqué "oui", le géant du web considère que vous l'autorisez à exploiter ces données.
Un cookie espion pour "protéger les données"
"Nous utilisons le cookie datr afin de protéger les données des internautes sur [le réseau social], assure Facebook France à franceinfo. Dans le détail, ce cookie nous aide à stopper environ 400 000 tentatives non autorisées visant à prendre le contrôle de comptes personnels chaque jour." Il permettrait par exemple au réseau social de voir si un internaute visite des milliers de sites en quelques secondes et donc d'empêcher le spam. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) a pourtant condamné l'entreprise à 150 000 euros d'amende, en mars 2017, pour avoir "tracé à leur insu les internautes, avec ou sans compte, sur des sites tiers", rapporte Numerama.
Vous scannez différents sites d'ameublement en quête d'une nouvelle table basse ? Ne vous étonnez pas de voir apparaître des publicités pour ce genre de meuble sur votre page Facebook. L'entreprise vous connaît assez bien pour déterminer si vous êtes intéressé par une nouvelle paire de baskets, une voiture hybride ou un joli cadeau pour votre conjoint, dont l'anniversaire tombe justement la semaine prochaine. "L'outil Ad Preferences donne la possibilité à l’utilisateur d’éditer ses choix publicitaires en fonction de ses centres d’intérêt, ce qui inclut la possibilité de bloquer un type précis de publicité, s’il le considère peu pertinent", se défend Facebook France, contacté par franceinfo.
Nous avons considérablement renforcé le contrôle des utilisateurs sur les publicités.Facebook Franceà franceinfo
De la publicité à la propagande, il n'y a qu'une app
Les annonceurs ne sont toutefois pas les seuls à s'intéresser à ces données personnelles. Facebook se targue ainsi de pouvoir dresser des profils précis des électeurs, en isolant "ceux qui s'intéressent activement aux contenus politiques et ont une forte tendance à partager des contenus", note leGuardian (en anglais). Les partis politiques y voient une opportunité sans précédent pour mieux calibrer et diffuser leurs idées auprès du public. Et cela marche, selon Facebook. Le réseau social explique la victoire d'Andrzej Duda à la présidentielle en Pologne, en 2015, et celle du Parti national écossais aux législatives britanniques, la même année, par leurs excellentes campagnes sur le réseau social.
La possibilité de cibler les électeurs comme on cible les consommateurs n'a pas échappé à Cambridge Analytica. L'entreprise est accusée d'avoir récupéré les données personnelles de 50 millions d'utilisateurs de Facebook pour peser dans la campagne présidentielle de Donald Trump aux États-Unis ou lors de la campagne pour le Brexit. Grâce à une application, Cambridge Analytica a pu accéder aux messages de ces usagers sur le réseau social et à leurs goûts.
"Lorsque les internautes utilisent une application tierce, Facebook transmet un certain nombre de données personnelles : le nom, les informations publiques, la liste de contacts, etc., détaille Arthur Messaud. Mais les utilisateurs ne sont pas informés clairement qu'ils vont transmettre ces éléments." Même si vous n'avez pas autorisé ce genre d'applications à se connecter à votre compte, il est possible qu'elles aient obtenu vos données personnelles... à cause de vos amis. Lorsque vos contacts installent une application, ils l'autorisent en effet à accéder à certaines de vos informations, comme votre ville d'origine, votre orientation sexuelle ou vos likes.
"Influencer massivement les internautes"
Vous pouvez bien sûr contrôler les données que vous partagez avec vos applications et celles de vos amis sur Facebook. "Dans la plupart des cas, ce contrôle se fait a posteriori et les usagers n'ont pas conscience des données qu'ils partagent, s'insurge Arthur Messaud. Refuser de communiquer même certaines de ces données signifie par ailleurs souvent que l'application fonctionnera mal, ou pas du tout."
Facebook ne peut plus contrôler l'usage des données une fois qu'elles ont été transmises à une tierce partie. Or, les révélations sur Cambridge Analytica montrent qu'elles peuvent être utilisées pour influencer massivement les internautes.Arthur Messaudà franceinfo
Pour l'association, Facebook devrait obtenir le consentement direct de ses usagers avant de transmettre leurs données personnelles à des applications tierces. Le fait de mentionner quelles informations sont communiquées dans les conditions d'utilisation, que peu d'internautes lisent, est insuffisant. Ce problème se pose également concernant les autres réseaux sociaux rachetés par le groupe Facebook. En décembre 2017, la Cnil a mis en demeure WhatsApp pour transfert illégal de données vers sa maison mère."Les données de ses utilisateurs sont transmises à la société Facebook [depuis son rachat] pour trois finalités : le ciblage publicitaire, la sécurité et l'évaluation et l'amélioration des services", dénonce la Cnil. "Ces données ne sont pourtant pas utiles au bon fonctionnement de WhatsApp", ajoute Arthur Messaud.
Un règlement européen pour protéger les données
Facebook a déjà été épinglé dans plusieurs pays européens pour l'utilisation opaque des données de ses utilisateurs. En février, un tribunal allemand a jugé illégaux certains réglages par défaut de Facebook, rappelle le Guardian (en anglais) : sur l'application mobile Messenger, la géolocalisation était préactivée ; dans les paramètres de confidentialité, les profils des utilisateurs pouvaient par défaut apparaître dans les moteurs de recherche. La justice allemande a estimé que l'utilisateur aurait dû consentir activement à ces réglages avant qu'ils ne soient mis en place. L'utilisation des cookies pour traquer l'activité des internautes sur des sites tiers, sanctionnée par la Cnil, a également été condamnée en Belgique en 2015, rappelle Le Monde.
Un nouveau règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD) doit toutefois mieux encadrer ces pratiques à partir du 25 mai prochain. Il impose plus de transparence sur les données collectées, un consentement explicite à leur utilisation ou encore le droit à l'oubli. Il oblige également les entreprises à assurer la protection des données qu'elles collectent et à avertir rapidement la Cnil en cas de perte, de vol ou de divulgation, sous peine d'amendes qui pourront aller jusqu'à 4% du chiffre d'affaires mondial, précise RTL.
"Il sera désormais possible d'attaquer Facebook avec des actions de groupe et lui imposer de véritables sanctions", assure Arthur Messaud, qui précise que La Quadrature du net est "en train d'élaborer un plan d'action". "Nous sommes dans une nouvelle ère, où la population se sent enfin légitime pour contester les géants du web, conclut le juriste. Cela devrait enfin nous permettre de mieux protéger les données personnelles des internautes."